Les derniers avis (105405 avis)

Par gruizzli
Note: 3/5
Couverture de la série Le Voyage aux Ombres
Le Voyage aux Ombres

Je m'attendais à pire vu la pléthore de production du sieur Arleston dans l'univers de Troy, mais je dois avouer que pour une fois il s'en sort plutôt bien. L’adjonction d'une co-scénariste a peut-être aidé au renouvellement de la formule traditionnelle. Je dis renouvellement, mais n'attendez pas non plus une révolution. C'est une histoire assez standardisé dans sa forme (variation du mythe d'Orphée, entre inspiration asiatique et reprise de mythe grec) mais qui offre une réflexion sympathique à défaut d'être originale. Le début présageait plus banal dans la question de la place des femmes, mais au final c'est bien le mari qui apparait comme quelqu'un de complexe et nuancé. La fin le laisse apparaitre bien plus sympathique que le début et je trouve dommage que l'héroïne ne soit pas plus développée que ça. Dans cette histoire de l'après-vie, on retrouve quelques clichés du monde de Troy, comme ce diablotin libidineux qui semble presque nécessaire pour rappeler qu'on est dans un univers humoristique, mais le reste de l'intrigue essaye quelques petites choses pas désagréable. Je suis juste un peu déçu que l'ensemble ne soit pas mieux construit et amène à plus de questionnements ou de réflexions sur la question du rapport de genre, la place du théâtre, ou même la question de l'importance de vivre. Bref, à la fois intéressant dans son développement mais aussi trop peu dans son déroulé. Disons que c'est une BD qui ne m'a pas ennuyé, et pour le monde de Troy c'est déjà pas mal !

07/05/2024 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série Amazing Spider-Man (Nick Spencer)
Amazing Spider-Man (Nick Spencer)

J'ai laissé tomber les comics Marvel modernes depuis un certain temps, mais j'avais lu du bien du run de Nick Spencer sur la série Spider-Man et j'ai fini par emprunter les albums pour voir ce que cela donne. J'ai trouvé cela sympathique, mais avec des défauts. Un bon point est que la série est amusante comme le devrait être une série Spider-Man parce que même s'il arrive toujours des malheurs à Peter Parker, une des caractéristiques du personnage est l'humour. Cela change du ton de certains comics de super-héros où tout est hyper-sérieux et l'amusant est interdit. Toutefois, je trouve que Spencer va parfois un peu trop loin dans l'humour et par moment on dirait presque une parodie. Spencer est un connaisseur de l'univers Spider-Man et c'est à la fois une qualité et un défaut. Pour un vieux fan comme moi, c'est génial de voir autant de références et de revoir des personnages oubliés, mais cela risque de rendre compliqué la lecture pour un lecteur novice qui ne connait rien à Spider-Man. Heureusement, Spencer explique quand même bien le passé de Spider-Man et ce n'est pas aussi difficile à comprendre que d'autres comics modernes. En plus, il se passe des choses dans chaque numéros/chapitres, on ne fait pas du surplace pour que le récit tient dans un album au complet. Les différents arcs narratifs sont intéressants même si je ne suis pas fan de toutes les décisions de Spencer. Ce qui est bien avec son run est qu'il change des éléments apparus ses 20 dernières années dans Spider-Man que je n'aimais pas du tout sauf que rien ne va empêcher un futur auteur de faire lui même des changements. En fait, dans ce run on aperçoit très bien le problème principal des comics de super-héros Marvel et DC où chaque auteur fait des changements et cela fini avec des trucs inutilement compliqués du genre 'Machin qu'on pensait mort est revenu, mais en faites c'est un clone et voici le vrai Machin qui revient juste pour ce faire tuer encore une fois'. Lorsqu'on voit ça on comprendre pourquoi les lecteurs de nos jours préfèrent lire des comics qui possède un seul scénariste et qui ne va pas durer des décennies avec un million de changement. Comme c'est le cas avec les comics modernes, il y a un paquet de dessinateur (sympa lorsqu'il vient le temps de tous les rentrer dans la base) et leur styles varient. C'est correct même si j'aime mieux le style des meilleurs dessinateurs de super-héros des années 60-80. Au final, une série pour ceux qui sont déjà fan des histoires de super-héros.

07/05/2024 (modifier)
Couverture de la série Les Chroniques d'Ona
Les Chroniques d'Ona

Cet album semble être le premier d'une série mais sa présentation par l'éditeur m'a paru peu claire. Intitulé "les chroniques d'Ona" sur le site de l'éditeur, l'album en lui même est sobrement intitulé Ona sans autres mentions ni une quelconque numérotation. Du coup, je ne sais pas trop s'il s'agit d'une série que l'on doit considérer comme en cours ou s'il s'agit juste d'un coup d'essai qui ne connaitrait une suite que s'il devait rencontrer un certain succès. Ce manque de clarté est à mes yeux l'aveu d'un doute chez l'éditeur même, doute que je partage. Car, à la lecture, je dois bien avouer m'être souvent ennuyé, ne trouvant pas l'héroïne spécialement attachante ni le monde dans lequel elle mène sa quête spécialement intriguant. Tout m'est paru mou et sans peps. Au niveau du dessin, le style de Yohan Sacré dégage une poésie naïve qui plairait à coup sûr à certaines jeunes lectrices. Il est facile d'accès même si certains monstres manquent de précision à mes yeux. La mise en page est très aérée, ce qui rend l'album rapide à lire. Au niveau de l'histoire, celle-ci voit l'héroïne mener sa quête au gré des rencontres, parfois positives parfois néfastes. On sent bien que rien de vraiment tragique ne peut lui arriver tandis que l'on découvre progressivement ses origines. L'univers se réfère directement à nos angoisses concernant le réchauffement climatique et ses conséquences et il aurait pu être très sombre, très déprimant mais ici tout reste très gentil... trop gentil même, selon moi. Donc voilà, malgré de belles intentions des auteurs, je reste très dubitatif. Si suite il devait y avoir, celle-ci se fera sans moi.

07/05/2024 (modifier)
Couverture de la série Appels en absence
Appels en absence

Si autant la couverture que le style graphique étaient de nature à refroidir mon enthousiasme, le sujet de cet album, lui, a suffi à me pousser à passer outre mes a priori. Appels en absence a pour toile de fond un drame lié au terrorisme qui a eu lieu en Norvège en 2011, avec comme point culminant le massacre de 69 jeunes sur l’île d’Utøya par un militant d’extrême droite, ce dernier avait peu auparavant fait exploser une bombe à Oslo, tuant par la même occasion 8 autres personnes. Le grand intérêt d’Appels en absence est de nous montrer les conséquences psychiques que ce drame a eu sur les jeunes Norvégiens. Il n’est ici nullement question de revenir sur les événements mais bien de nous proposer le portrait d’une jeune lycéenne que ce drame ronge alors même qu’elle n’a pas été impactée directement (ni elle ni aucun membre de sa famille n’ont été touchés physiquement par ces attaques terroristes). L’auteure, Nora Dasnes, elle-même norvégienne, avait plus ou moins le même âge que son héroïne au moment des faits et on sent bien qu’elle a mis beaucoup d’elle dans ce récit. Le portrait est sensible et très humain. On a là une adolescente sensible et déstabilisée mais rationnelle, intelligente : elle voudrait comprendre et c’est cette absence de réponse qui la fait bugguer. Et alors que sa meilleure amie, musulmane, s’engage dans des mouvements politiques (histoire d’avoir l’impression de pouvoir agir, de pouvoir changer les choses), Rebekka, elle, ressasse, tourne en rond, s’enfonce, peu aidée par son environnement familial (surtout son grand frère dont le profil propose des similitudes inquiétantes avec Anders Behring Breivik, l’auteur des attentats). J’ai dévoré cet album, passant outre ce dessin que je trouve peu engageant pour vraiment m’attacher au personnage. Et rarement je me serai senti aussi proche d’une adolescente d’aujourd’hui, comprennant ses craintes, ses angoisses face au monde actuel, son incompréhension tant devant l’acte du terroriste que devant ce spectacle de fin d’année scolaire qu’il faut organiser alors que plus rien n’a de sens. Vraiment, un beau portrait, moderne et universel. Pas le plus engageant mais peut-être l’album qui m’a le plus parlé en cette première partie d’année 2024.

07/05/2024 (modifier)
Par gruizzli
Note: 2/5
Couverture de la série Crotales
Crotales

Bon, c'est pas franchement fou. Je ne connais pas la série Jessica Blandy et elle m'intéresse vaguement par l'idée de voir d'autre série de Dufaux, mais en dehors de ça je ne suis pas spécialement attiré. Et disons que cette série ne m'a pas spécialement envie de lire autre chose sur cette thématique. Si le trait de Renaud joue beaucoup sur un érotisme que j'ai trouvé parfois inséré au chausse-pied, il m'a semblé aussi imprécis par moment. Les visages, les proportions et surtout les attitudes m'ont parfois parues artificielles. Pour le reste, l'histoire ne m'a pas particulièrement intéressée. C'est assez classique dans le polar type Arizona ou Nouveau-Mexique. On a une équipe de tueurs implacables, un shérif qui veut s'imposer, une riche veuve à la sexualité gourmande, bref du classique vu et revu. Et autant je peux apprécier dans une série type Preacher qui développe autour de ces archétypes des métaphores de l'Amérique, là c'est ... ben c'est plat. Au final, j'ai eu l'impression d'une longue mise en situation jusqu'à un final pas forcément intéressant. C'est assez basique, à mon gout, ça incite plus à voir du côté de la série-mère, mais en l'état je trouve l'ensemble très racoleur pour pas grand-chose. Pas intéressé, je ne le relirais pas.

07/05/2024 (modifier)
Couverture de la série Habemus Bastard
Habemus Bastard

Il est certain que cette série ne renouvellera pas le genre. Elle se développe en effet sur un grand classique : un truand amené à se faire passer pour homme d'église le temps de se faire oublier. On retrouve ainsi le personnage typique de ce style de récit comme héros. Lucien (puisque c'est de lui qu'il s'agit) dispose de sa propre vision de la morale (plutôt élastique), n'est pas dénué de bon sens et même s'il n'hésite pas à sortir la grosse artillerie, on sent bien que le fond est bon. Rien de neuf, donc... mais j'ai vraiment bien aimé. Certes, certains passages m'ont semblés un peu forcés mais, la majeure partie du temps, l'humour passe bien et la tension est bien dosée. On se demande bel et bien comment notre héros va s'en sortir tout en s'amusant de ses manœuvres en sa qualité de curé de village pas spécialement emballé à l'idée de devoir tendre l'autre joue. Par ailleurs, outre le scénario, l'aspect visuel de l'album est parfaitement maitrisé. Faut-il encore présenter Sylvain Vallée ? Mise en page cinématographique, tronches variées et bien croquées, dynamisme du trait, clarté de lecture. c'est vraiment un style tout public d'une extrême qualité et ce style semi-réaliste s'accorde parfaitement avec le ton de la série. Donc voilà : rien de neuf mais si vous cherchez une série grand public de qualité, sans prise de tête avec de l'humour, de l'action, de bonnes réparties, un peu de tension, un bon dessin, une bonne colorisation, cet Habemus Bastard a de quoi vous séduire. Amen ! PS : la série est prévue en deux tomes, de quoi convaincre encore un peu plus les indécis.

07/05/2024 (modifier)
Par Bruno :)
Note: 4/5
Couverture de la série Swallow me whole
Swallow me whole

Dur. Mettre en scène -et en images !- les troubles psychologiques liés à la schizophrénie n'est pas une mince affaire, quand on s'attache à en faire partager les aspects les plus intimes et déstabilisants, loin des clichés spectaculairement meurtriers chers aux auteurs à sensation. Nate Powell s'y emploie en brouillant, dés le début de l'histoire, notre perception du quotidien des personnages, tant leur univers subit graphiquement l'influence de leurs déboires hallucinatoires. La représentation des corps comme des décors, obscurs et mouvants, n'obéit plus qu'aux lois de la perception ; et la subjectivité l'emporte (de loin !) sur la réalité. Il devient alors facile de s'égarer (... S'ennuyer ?!) à la lecture de ces pages où, parfois, même les mots dans les phylactères se désagrègent au point de n'être plus lisibles... L'absconse de la démonstration peut rebuter, car même les dernières pages forcent le lecteur à l'interprétation (peut-être même à une deuxième lecture ?) ; mais, du point de vue narratif, c'est très réussi et le glissement progressif vers les ténèbres de la maladie particulièrement bien rendu. Une certaine expérience de ce genre de récit aide certainement à en saisir plus rapidement les clés et, donc, pourrait contribuer à d'avantage apprécier la valeur de cet ouvrage, au delà de son traitement volontairement peu commercial car complètement partial au sujet. Scénaristiquement créatif et résolument courageux.

06/05/2024 (modifier)
Couverture de la série Luxley
Luxley

C’est une série que je voulais lire depuis très longtemps. La couverture du premier tome m’avait fait de l’œil (hélas lors de la « reprise » par la collection Quadrant Solaire elle a changé : si elle se rapproche davantage du contenu – j’ai trouvé la nouvelle couverture moche). Mais surtout je salivais à propos de cette uchronie, qui avait un réel potentiel. Relativement original, et permettant de « renverser » un certain cours de l’Histoire, à un moment où, peut-être, les « avancées » respectives des différentes civilisations pouvaient rendre crédible une lutte « d’égal à égal ». Accessoirement, je suis plutôt amateur des civilisations de Méso-Amérique et du moyen-âge central : le cadre général avait tout pour me plaire. Cette idée de rencontre a aussi été – mieux – traitée (après, mais j’ai lu le roman avant la série BD de Mangin) dans son roman « Civilizations » par Laurent Binet (sauf que lui situe l’arrivée des Incas – et des Incas seulement ! – trois siècles et demi plus tard, et cherche à respecter une certaine crédibilité historique). Et en fait c’est là que le bât blesse d’entrée. Une uchronie bien faite doit, malgré les contorsions qu’elle impose à l’Histoire, respecter certains cadres historiques pour rester crédible. Et dès le départ je n’y ai pas cru. En fait tout nous est amené – imposé – trop rapidement et brutalement. On ne saura rien des moyens employés par les Amérindiens pour se rendre maîtres des principaux royaumes chrétiens à la fin du XIIème siècle (eux qui ne connaissaient ni métal ni chevaux – je passe sur leurs connaissances et capacités à traverser l’océan Atlantique, par dizaines de milliers qui plus est !). Surtout d’emblée, là aussi sans explication ni réelle crédibilité, sont mélangés Incas, Mayas et Aztèques (alors qu’à cette époque les Aztèques sont un peuple mineur, pas encore installé dans le futur Mexique, en tout rien de l’Empire guerrier qu’il sera plusieurs siècles plus tard). Je passe sur l’adaptation visiblement express desdits Amérindiens aux chevaux, aux mœurs, langages européens, etc… Du coup, j’ai été d’entrée refroidi par ce salmigondis, et une bonne partie de ma curiosité s’est évanouie. D’autant plus que Mangin a aussi choisi d’insuffler du fantastique – à forte dose en plus – dans son histoire. Je n’en suis pas fan a priori, et là ça ne passe pas non plus. D’abord parce que ça déséquilibre le récit (l’aspect « historique » s’efface trop – ce qu’il en restait en tout cas), ensuite par ce que certains aspects sont un peu grotesques en l’état (la lévitation de l’Apu, de femmes soldats, voire de navires !, les boules incrustées dans le crâne permettant de lire l’avenir, etc.), rien n’étant réellement expliqué et/ou explicable (du coup on est dans le fantastique pur et je ne suis pas Mangin sur cette trajectoire). Mangin essaye par la suite d’arrimer son récit à une Histoire consistante (références à L’inquisition, aux relations entre chrétiens et musulmans, etc.) mais c’est trop tard pour moi, et si j’ai fini la série, c’est franchement sans enthousiasme et un peu à reculons, d’autant plus déçu que j’avais placé pas mal d’espoirs dans cette uchronie (avant de savoir la tournure qu’elle allait prendre). Les apparitions de Mangin elle-même dans le dernier album (et une bonne partie de cet album d’ailleurs) ont fini de me convaincre qu’elle avait navigué à vue après l’idée de départ. On n’est pas loin du n’importe quoi quand même. Seule chose qui trouve réellement grâce à mes yeux, le dessin de Ruizgé, agréable et bon (il s’améliore même au fil des tomes je trouve). Mais c’est loin de me suffire. Une grosse déception me concernant en tout cas.

06/05/2024 (modifier)
Par Pathy
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série The Beginning - After the End
The Beginning - After the End

Cette histoire possède, comparée à d'autres dans le même style, un univers et des personnages tous bien construits. La série est satisfaisante à lire. On se prend vite de curiosité pour l’histoire, on s’attache aux personnages. Cette série a tout pour plaire, je recommande.

06/05/2024 (modifier)
Par Présence
Note: 3/5
Couverture de la série We stand on guard
We stand on guard

Carcajou inclus - Ce tome comprend une histoire complète et indépendante de toute autre. Il contient les 6 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2015, écrits par Brian K. Vaughan, dessinés et encrés par Steve Skroce, et mis en couleurs par Matt Hollingsworth. le titre du récit est une phrase extraite de l'hymne national canadien. En 2112, des drones bombardent la Maison Blanche et les images sont retransmises de par le monde, en particulier dans la maison de la famille Roos, à Ottawa dans l'Ontario. le gouvernement des États-Unis détermine rapidement (à tort ou à raison) que l'attaque venait du Canada, et déclenche une riposte militaire immédiate par le biais de missiles. Les parents Roos sont tués dans les bombardements, mais leurs 2 enfants Amber et Tommy y survivent. En 2124, le sud du Canada est un territoire militairement occupé, sous domination des américains. Amber Roos a pris le maquis et survit toute seule dans le grand nord canadien. Alors qu'elle chasse un renne, elle tombe sous le feu d'un droïde américain. Elle doit sa survie à l'intervention d'un petit groupe armé de rebelles composé de 6 personnes : Oscar Booth (caucasien, blond), Chief McFadden (mi asiatique, mi caucasien), Dunn (avec une prothèse à a place du bras droit), Highway (un indien d'Amérique), Lee LesPage (afro-canadien québécois, s'exprimant en français non traduit) et Qabani (musulmane). Alors que Booth panse la blessure au bras d'Amber Roos, un énorme véhicule tout terrain, une sorte de mécha d'une dizaine de mètre de hauteur sur 4 pattes, surgit et s'attaque au groupe. Après avoir affronté le mécha terrestre, le petit groupe (appelé Two-Four) teste la loyauté d'Amber Roos, puis lui bande les yeux et l'emmène dans leur base secrète. de leur côté, la responsable militaire des forces américaines interroge un suspect qui détient peut-être des informations décisives sur les rebelles canadiens. En parallèle, des retours en arrière évoque succinctement la manière dont Amber et Tommy Roos ont pu gagner la zone libre et échapper à l'armée étatsunienne. L'étau se resserre autour du groupe Two-Four et leurs options diminuent d'heure en heure. En parallèle de sa série à succès Saga, le scénariste Brian K. Vaughan développe d'autres projets, avec d'autres artistes. le point de départ du présent récit repose sur une idée fortement enracinée dans l'inconscient collectif canadien : le risque d'une opération militaire américaine pour annexer leur pays (sous un prétexte fallacieux), afin de mettre la main sur leurs ressources naturelles. Vaughan joue à plein sur cette théorie du complot, en la transposant dans un environnement d'anticipation. Il laisse planer le doute sur la culpabilité réelle ou supposée des canadiens dans l'acte terroriste perpétré sur la Maison Blanche, et il enfonce le clou avec l'objectif militaire des américains, à savoir sécuriser les ressources en eau douce du Canada pour irriguer les territoires américains transformés en désert par la sécheresse. Sur cette trame légèrement teintée de paranoïa (les rebelles étant persuadés que le gouvernement américain n'a jamais eu de preuve de la culpabilité des canadiens, voire que tout a été inventé, les américains étant persuadé des intentions criminelles des canadiens), le scénario suit les actes de résistance d'une minuscule cellule de rebelles canadiens (moins d'une dizaine) contre la grosse machine de guerre américaine. Pour rétablir l'équilibre, le climat rude du nord du Canada joue en faveur des rebelles. Vaughan s'amuse d'ailleurs à parsemer son récit de références au Canada, à commencer par sa géographie et son climat, mais aussi aux noms de villes ou de régions construits sur les dialectes des tribus indiennes, ou sur le français, aux consonances aussi exotiques qu'imprononçables pour des américains. Bien sûr, il n'oublie pas d'intégrer une blague sur les carcajous (en anglais wolverine). Tout du long du récit, Les Lepage s'exprime en français châtié, dépourvu de tout anglicisme comme un québécois pur souche qui se respecte, avec juste 2 fautes de français dans ses dialogues (ce qui représente un exploit pour un comics américain). Cette histoire relève du récit d'anticipation, tendance politique-fiction, avec plus de fiction que de politique. le scénariste a fait plaisir au dessinateur en incluant des méchas (soit autonomes, soit pilotés par un humain à bord), une prothèse bionique en guise de bras, des forteresses volantes (assurant leur vol autonome stationnaire par le biais d'une technologie non précisée), des dérèglements climatiques ayant conduit à la désertification de grandes étendues en Amérique du Nord, des drones aux capacités et à la technologie largement supérieure à ce qui existe, un réseau de communication accessible depuis des implants cybernétiques sous-cutanés, et des armements futuristes. Il s'agit également d'un récit de guerre, avec à la base l'invasion d'un territoire par un gouvernement étranger. le lecteur suit donc un petit groupe de rebelles tentant de résister à l'envahisseur, s'interrogeant sur la confiance qu'ils peuvent accorder à un élément exogène. Il est question d'armes, d'exécution sommaire des prisonniers de guerre, d'interrogatoires avec recours à la torture, de stratégie à l'échelle d'une poignée de résistants, mais aussi à l'échelle d'une nation. Bien évidemment, le lecteur assiste à des affrontements, avec blessures, morts au champ de bataille et opérations commando. Dès le départ, il comprend bien que le petit groupe Two-Four mène un combat contre l'armée d'une nation, David contre Goliath. L'aspect spectaculaire et divertissant de ces affrontements repose donc sur les épaules de Steve Skroce. Celui-ci réalise des dessins très détaillés dans une veine descriptive appuyée. le lecteur commence par découvrir la pièce à vivre de la famille Roos, très haute de plafond, joliment décorée, avec une grande baie vitrée et un canapé confortable. D'une manière générale, le dessinateur s'investit pour inclure une vue générale de chaque prise de vue en intérieur, avec un aménagement adéquat (entre meubles fonctionnels et dépourvus de personnalité pour les locaux militaires, et intérieurs privés attestant du soin pris par leur propriétaire pour les personnaliser). L'histoire continue par la chute des missiles sur le territoire canadien et sur les centres urbains. Skroce ne se complaît pas dans le gore, mais il n'en détourne pas non plus pudiquement le regard. le lecteur voit donc les blessures, la peau déchirée, les os protubérants, la chair calcinée, les membres arrachés et même des intestins à l'air suite à une éventration. Les auteurs ont donc choisi de ne pas édulcorer les blessures, encore moins de les rendre romantiques. Les individus meurent, estropiés, en souffrance. Pire encore, l'utilisation de rayons laser découpe les individus, libérant la pression artérielle. Les blessures sont nettes et sans bavure, mais c'est une vraie boucherie car il ne cautérise pas les plaies. Cet aspect de la violence s'exerce avec d'autant plus d'impact émotionnel, que chaque personnage est aisément identifiable et dispose d'une morphologie réaliste, à l'opposé des superhéros, ou même des récits d'aventure avec héros musculeux. Le dessinateur a également l'occasion de représenter 2 animaux dont un chien bizarre (sa véritable nature provient d'un croisement génétique improbable) et un magnifique renne broutant dans un champ de neige. Les grands espaces naturels canadiens invitent au tourisme, mais le degré de réalisme reste relatif, car il n'y a par exemple qu'une seule essence d'arbres (des sapins). Cela n'empêche qu'une vue d'ensemble sur un champ ensemencé reste très convaincante. Le gros du spectacle réside donc dans les affrontements et dans les méchas. le lecteur suppose que Vaughan a dû demander à Skroce ce qu'il voulait dessiner au préalable et qu'il a aménagé son scénario en fonction de la réponse. Cela commence donc avec ce drone automatisé en forme de gros chien métallique de 2 mètres de haut. Ça continue avec espèce de forteresse à 4 pattes d'une dizaine de mètres de haut. Ça culmine avec un dessin en double page montrant une vingtaine de forteresses volantes en plein ciel. Les combats présentent une excellente visibilité, permettant de suivre les déplacements des différentes factions. le dessinateur n'abuse pas des explosions, et elles sont spectaculaires quand elles sont présentes, sans être démesurées. Il s'en suit un spectacle visuel de qualité qui se lit une fois et demi plus vite qu'un comics ordinaire de la même pagination. Dans le fond, Brian K. Vaughan n'a pas trop exagéré le point de départ, puisqu'effectivement les États-Unis avaient conçu et développé un plan d'invasion du Canada dans les années 1920/1930, appelé Plan de Guerre Rouge, et évoqué par l'un des personnages. Il s'investit dans la conception et la mise en place de la situation, avec des personnages dont la diversité reflète celle de la population canadienne, des références géographiques et une forme de patriotisme (jusqu'à l'un des résistants qui soutient que Superman est canadien). Néanmoins, le lecteur s'aperçoit que l'histoire revient vite vers un récit de confrontation entre 2 factions, avec des rebelles qui finalement ont quand même une sacrée chance face à l'armée de tout un pays (même si Vaughan fait tout ce qu'il fut pour rendre cette chance plausible). le spectacle est assuré par les dessins méticuleux, clairs et détaillés de Steve Skroce. Il s'agit avant tout d'un divertissement, sans regard personnel sur la guerre, encore moins sur le patriotisme ou la géopolitique.

06/05/2024 (modifier)