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Par grogro
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Ronson
Ronson

Vous êtes amatrices et teurs de récits d'enfance ? Alors voici Ronson, petite pépite signée par un jeune auteur espagnol de grand talent ! C'est la couverture qui a attiré mon regard. Malgré le noir et blanc, les effets d'ombrage sont incroyables. On devine au dessus de ce petit garçon un feuillage frais, et au dessus encore, un soleil de plomb. A peine ouverte, le soleil implacable de l'été espagnol m'a explosé au visage. L'effet bœuf de cette bichromie orange et noire, audacieuse, traduit à la perfection cette ambiance cagnarde, au point de faire fondre ma rétine. Le dessin, très expressif et dynamique, est entièrement imprégné de cette atmosphère. En retour, ce trait fin, ciselé, précis, anime ce voile coloré. Très vite, un dialogue s'établit entre dessin et couleur. Il y a là une force incroyable auquel l'auteur (dont c'est apparemment la première BD publiée) ajoute sa touche à la fois désuète et extrêmement moderne. Les case sont traversées par des ondes de chaleur, le silence de la campagne espagnole écrasé par le chant des cigales. L'effet est hypnotique. Le travail éditorial est à l'avenant. Si le dos jaune trompe son monde en laissant croire à un dos toilé, il annonce la couleur (si je puis dire), mais surtout la température. Les pages de garde à l'ancienne sont splendides avec leur motif marbré jaune et noir. Tout cela pour un prix tout à fait convenable. Quant à l'histoire, elle est bien narrée. Après un début très narratif que l'on feuillète comme un album photo, avec cette collection d'instantanés splendides où passé et présent se mêlent intimement, et cette voix off du papy qui raconte, on arrive dans le vif du sujet. Les souvenirs s'incarnent et s'animent, d'abord de manière échevelée, comme le sont généralement les enfances sauvages de la cambrousse. Puis les choses s'ordonnent par chapitres, autours de thèmes : les jeux, les animaux, la sexualité... Au-delà des souvenirs se tisse en filigrane un paysage de l'Espagne franquiste, et bien entendu, un portrait de l'enfance dans toute sa lumière, mais également dans toute sa cruauté brutale, presque innocente. On se laisse porter jusqu'à la fin, où la boucle se boucle, philosophiquement parlant. En effet, la narrateur est redevenu adulte et reprend le fil de sa réflexion sur le temps et les souvenirs, entamé avec les premières pages. Comme lui, le lecteur a la sensation d'avoir traversé des événements brumeux, mais terriblement réalistes. Le ton doux amer de cette histoire renforce encore cette impression de réalisme rêveur, ce qui pourrait paraitre paradoxal. Mais tout sonne juste, tout est à sa place, et contribue à dresser un tableau on-ne-peut-plus honnête d'une enfance pourtant inventée de toutes pièces puisque l'auteur est né à la fin des années 80. Mais sont-ils réellement inventés ? Ou bien s'est-il inspiré de souvenirs de son père ? De son grand-père ?... Quoiqu'il en soit, on y croit. Mais tout pourrait n'être que pure fiction, César Sebastian a totalement réussi à donner vie à ces tranches de vie. Ronson est un hommage à l'enfance touchant, tout comme à la foule anonyme qui nous précéda sur cette Terre. C'est un récit très mature et bouleversant qui mérite que l'on s'y attarde, car à coup sur, il saura titiller quelque chose en vous, et ranimer de vieux souvenirs qui, à leur tour, prendront cette texture bichrome flottant entre le rêve et la réalité.

10/05/2024 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
Couverture de la série Hmong
Hmong

3.5 L'autrice nous parle du peuple dont elle est origine que je n'avais jamais entendu parlé comme la majorité des gens. Ses pauvres hmongs font parties des minorités qu'on opprime dans une indifférence générale. L'autrice raconte à la fois l'histoire de son peuple ainsi que l'histoire personnelle de sa famille qui en a vécu des péripéties avant de finir en France. J'ai bien aimé cet album sympathique à lire qui décrit de façons précises ce peuple qui mérite d'être plus connu. Le dessin a un trait humoristique sympathique, mais il ne faut pas se fier au style parce que cet album contient surtout du drame. On peut regretter que vu le nombre de pages, il y a des aspects qui ne sont que rapidement survolé par l'autrice (un problème récurrent avec les documentaires en BD), mais à part ça je ne vois pas trop de défaut à l'album.

09/05/2024 (modifier)
Par Alix
Note: 3/5
Couverture de la série Briar, la rebelle au bois dormant
Briar, la rebelle au bois dormant

J’aime beaucoup les contes revisités en BD (à commencer par le superbe Fables), je me suis donc procuré ce tome 1, aguiché par la chouette couverture et la promesse d’un concept intéressant, presque uchronique, dans le résumé en quatrième de couverture : et si La Belle au Bois Dormant ne s’était jamais réveillée, car son Prince Charmant avait autre chose à faire ? Et si elle se réveillait des années plus tard alors que son royaume est en ruines ? Le ton est un peu trop trash pour moi (gore, jurons incessants dans la VO), et je ne suis pas non plus fan de l’utilisation de mots compliqués voire pompeux pour donner un style faussement littéraire à la narration. Ceci dit, l’histoire est prenante (mais classique et linéaire), et les personnages sont attachants. On retrouve une bande hétéroclite à la « gardiens de la galaxie », et je dois avouer que j’ai passé un bon moment de lecture malgré tout, et que j'ai envie de connaitre la suite de leurs aventures. Le dessin est très joli dans le genre, et est superbement mis en valeurs par les couleurs. Une aventure fun et remplie d’humour, un peu dans la lignée de ce que fait Soleil en France. Je lirai la suite à l’occasion.

09/05/2024 (modifier)
Couverture de la série L'Homme à la fenêtre
L'Homme à la fenêtre

Bon, Arzak semble avoir trouvé les clés pour apprécier cette histoire. Mais je vais plutôt me ranger derrière ceux qui ont eu du mal à y trouver leur compte (même si je suis un chouia moins sévère dans ma notation). En effet, il y a bien des qualités à ce récit. Un texte parfois littéraire, déroulant les questions existentielles, sur un ton souvent nostalgique, sur un rythme lent, évanescent. Pourquoi pas ? Il pourrait y avoir une certaine poésie de la dérive qui aurait pu m’embarquer. Mais il n’en a rien été, hélas. Sur ce type de récit, les moments morts, les longueurs font mal, et le décrochage menace. D’autant plus que le dessin, minimalistes, très froid et sec (Mattotti m’avait habitué ailleurs à des choses bien plus colorées et réussies) accentue le malaise du lecteur, et n’aide clairement pas à se passionner pour cette histoire, qui m’a en très grande partie laissé de côté.

09/05/2024 (modifier)
Couverture de la série Rain
Rain

Je suis sorti déçu de ma lecture, sans doute en attendais-je trop de la part de Joe Hill (même s’il n’est pas directement à la barre). J’ai bien aimé l’histoire mais pas spécialement l’adaptation, je ne suis jamais rentré dedans. La faute à un dessin qui ne m’a pas convaincu, il dégage quelque chose mais trop de maladresses à mes yeux, en fait c’est pas très dynamique, le trait est raide et des proportions que j’ai trouvé trop souvent hasardeuses. Du coup pas mal de scènes m’ont fait sortir de ma lecture, assez loupées dans leur représentation (le prisonnier qui tue le policier dans le dos), de même les personnages ne m’ont malheureusement pas intéressé. Et comme le pitch est sympa mais pas non plus fou dans le déroulé, je n’y reviendrai pas. Par contre, j’ai bien aimé le travail de l’autrice sur les couvertures, on trouve les versions N&b et couleurs en fin de tome. Je reconnais des qualités à l’ouvrage mais je suis bien passé à côté, surtout quand les critiques au dos de l’album parlent d’incontournable et de l’un des comics les plus émouvants ?! Affaire de goût.

09/05/2024 (modifier)
Couverture de la série Fatum Mundi
Fatum Mundi

"Fatum Mundi" du jeune auteur néerlandais Kaylan Saro offre une expérience visuelle et narrative complétement dingue... et il est parfois nécessaire de s'accrocher un peu ! Diplômé de la LUCA School of Arts, Bruxelles, en 2022, Saro s’était déjà fait remarqué en remportant le Plastieken Plunk avec "Every Day Gulag" la même année. Il est, depuis 2023, illustrateur pour la revue Humo avec ses strips TTT depuis l'automne 2023 Dans Fatum Mundi, l’auteur choisi délibérément de proposer un scénario très peu clair, voire inexistant. On y suit les délires d'un insomniaque durant littéralement huit minutes de sa nuit... qui semble interminable ! Saro utilise une multitude de styles, laissant éclater des univers complétement farfelus et absurdes à chaque page. En noir et blanc et au crayon, le dessin psychédélique et nerveux transporte les lecteurs dans un univers où chaque forme devient prétexte à une nouvelle saynète, tantôt cartoonesque, tantôt réaliste et détaillée, tantôt abstraite et fascinante. À travers ces moments de délire étalés sur plusieurs pages, le temps semble s'étirer, mais dès que le personnage ouvre les yeux, à peine une minute s'est écoulée. L'enfer !! Le manque de cohérence narrative de ce récit justifie mes deux étoiles sur quatre, mais je reste très, très, très curieux de découvir ce que l'auteur va proposer pour la suite et j'espère assister aux débuts d'un auteur psychédélique et délirant

09/05/2024 (modifier)
Couverture de la série Damoiselle Gorge
Damoiselle Gorge

Gorn possède des qualités, mais j’en étais quand même sorti déçu. Gorge était un des personnages – sans doute même celui qui le faisait le plus – qui permettait de dynamiser quelque peu une intrigue s’étirant trop. Mais ce personnage avait aussi fini par me lasser. On la retrouve ici dans un spin-off. Mais là pas grand-chose pour me contenter. Déjà, je pense que ça s’adresse avant tout à un autre public, beaucoup plus jeune – et pas très exigeant ! En effet, les intrigues de ces deux albums sont vraiment creuses, et tout m’est apparu bien trop naïf, quelconque, « gentil ». Sans grand intérêt en tout cas, et la série, qui aurait tout aussi bien se poursuivre, s’est « naturellement » arrêtée – faute de lecteurs je pense. Le dessin est correct, lisible, mais la colorisation souvent criarde ne m’a pas convenu. Une série facilement oubliable en tout cas.

09/05/2024 (modifier)
Couverture de la série Le Dieu-Fauve
Le Dieu-Fauve

"Le Dieu Fauve" est paru en mars 2024 aux éditions Dargaud. Cet ouvrage marque la seconde sortie ce mois-ci du prolifique scénariste Fabien Vehlman (Seuls, Green Manor…), après son précédent album La Cuisine des ogres publié chez Rue de Sévres. Pour "Le Dieu Fauve", Vehlman s'associe au talentueux dessinateur espagnol Roger, connu pour son travail remarquable dans le domaine de la bande dessinée. Ensemble, ils nous offrent un récit captivant et visuellement époustouflant, ainsi qu’une plongée dans une narration très particulière, dont je reparlerai un peu plus bas ! Cette bd nous transporte à l’époque imaginaire du Déluge : une ère lointaine évoquée dans les textes anciens de l'humanité. On débute en suivant Sans-Voix, un jeune singe orphelin, déterminé à prouver sa valeur à son clan en chassant le redoutable 'longue-gueule', un vieil alligator vicieux. Mais alors que Sans-Voix parvient à trouver sa place au sein du clan, il assiste, complétement impuissant au massacre de sa famille par les guerriers d’un Empire déchu, qui le capturent et le dressent à devenir un redoutable guerrier sacré, un 'Dieu-Fauve'. Animé par une obsession brûlante de vengeance, Sans-Voix se prépare à affronter ses bourreaux, quel qu'en soit le prix. Ce qui est passionnant avec la narration de "Dieu Fauve" c’est que l’histoire est découpée en chapitre et est conçue comme un récit choral. Chaque chapitre se concentre sur un personnage différent. L'histoire débute en suivant le singe Sans-Voix, dont le chapitre se clôt tragiquement avec le massacre de son clan. À partir de là, on suit les protagonistes humains : Athanael, le poète, la Grande Veneuse, guerrière impitoyable, et Awa, ancienne esclave qui est moins innocente qu’il n’y parait. Ce qui rend cette narration passionnante, c'est sa construction non linéaire. Les personnages secondaires d'un chapitre deviennent les principaux d'un autre, offrant des perspectives différentes sur une même histoire. L'intelligence de cette narration réside dans sa capacité à révéler les éléments de l'histoire au compte-gouttes. Chaque chapitre apporte de nouveaux éclairages, faisant évoluer notre compréhension de l'intrigue et des personnages. C'est un véritable jeu de puzzle où les pièces s'emboîtent progressivement pour former un tableau complexe et captivant. Le dessin de "Le Dieu Fauve" ne m'a pas réellement plu, pour être honnête. Le style semi-réaliste de Roger puise son inspiration dans la rudesse du graphisme propre à certains comics américains. Les traits sont nets, les personnages (surtout Sans-Voix, dans le début du récit), sont représentés avec une expressivité saisissante, soulignant ainsi l'intensité des émotions qu'ils traversent.... mais malgré tout, bon... il semblerait que ce ne soit pas ma tasse de thé ! Les couleurs, ternes et sombres, renforcent l'atmosphère oppressante et tragique qui imprègne l'ensemble de l'œuvre. Ce choix chromatique crée un parallèle frappant avec la dureté des situations vécues par les protagonistes, renforçant ainsi l'impact émotionnel sur le lecteur. Le découpage, bien que parfois un peu difficile à suivre sur certains plans, est soigneusement conçu pour ne pas égarer le lectorat. L'histoire est structurée de manière à ce que le lecteur retrouve rapidement ses repères, notamment lors des passages d'un protagoniste à un autre. Cette alternance de narrations permet de maintenir un rythme dynamique tout en offrant une perspective variée sur l'intrigue Cette histoire trahit certaines obsessions qu’on retrouve dans d’autres œuvres de Fabien Vehlman comme Jolies Ténèbres, Green Manor ou Seuls, dans une moindre mesure : la dureté du monde et des rapports humains, l’insignifiance des rapports de force, le fait qu’un simple événement peut tout faire basculer en un instant. Un peu comme dans un Game of Thrones, où personne n’est jamais réellement à l’abris, ’est une histoire sévère qui questionne notre humanité, notre rapport à la cruauté, la « justesse » de nos actions… Mais malgré tout, Fabien Vehlman n’oublie jamais de faire germer des graines de poésie de ci, de là, qui nous aident à supporter la violence de certains passages. Au final, on est face, ici, à un récit furieux, empreint d'une poésie sauvage, qui explore les thèmes de la violence de la nature, de la lutte pour la survie et de la frontière floue entre l'homme et l'animal.

09/05/2024 (modifier)
Couverture de la série American Parano
American Parano

"American Parano", première partie d'un dyptique signé par le duo Hervé Bourhis et Lucas Varela, fait suite à leur précédente collaboration, Le Labo, parue en 2021. Dans cette bande dessinée, l'atmosphère vibrante de la fin des années 60 est parfaitement retranscrite, rappelant l'ambiance de films cultes tels que "Rosermary's Baby" pour la thématique du satanisme, ainsi que les œuvres sombres de David Fincher, comme "Zodiac" et "Seven". L'histoire se déroule à San Francisco en 1967, où la jeune inspectrice Kim Tyler et le vétéran Ulysses Ford enquêtent sur le meurtre brutal d'une étudiante près du Golden Gate. Le cadavre porte un sinistre signe satanique gravé au couteau sur le ventre, menant les enquêteurs à se pencher sur Baron Yeval, leader de l'"Église de Satan". Intriguée par ce mystérieux gourou, Kim décide de poursuivre l'enquête seule, risquant ainsi de perdre son âme au contact de forces obscures. Hervé Bourhis, fin connaisseur de la société et de la musique des années 60, insuffle à ses récits une crédibilité historique saisissante, tandis que Lucas Varela apporte une élégance graphique à la fois rétro-pop et moderne. Cette combinaison réussie entre un scénario captivant et des illustrations saisissantes fait d'"American Parano" une bande dessinée envoûtante et passionnante, plongeant le lecteur au cœur d'une époque marquée par le mystère et la paranoïa.

09/05/2024 (modifier)
Couverture de la série Les Royaumes de Tiketone
Les Royaumes de Tiketone

"Les Royaumes de Tiketone" de Mélissa Morin, son troisième album en solo après une carrière de designer de mode, nous plonge dans une aventure jeunesse empreinte de mystère et de symbolisme. L'histoire suit Thomas, un jeune garçon miraculeusement épargné par un accident de voiture, qui rejoint un foyer. Visiblement traumatisé, il ne s’exprime qu’en rotant et garde, en permance, un casque sur la tête. Il fait la rencontre d’Eliott, Florian, Marianne, Robin et Virgile, 5 enfants qui vont l’oblige à sortir de sa coquille et à s’ouvrir à eux. Porteur du savoir de sa sœur disparue, Thomas guide la bande dans une quête pour retrouver cinq reliques, censées ouvrir les portes d'un monde invisible : le Royaume de Tiketone. C’est un récit très intriguant qui évoque des thèmes de passage à l'âge adulte, rappelant des histoires telles que "Stand By Me" ou Stranger things. À travers des défis et des épreuves, les enfants surmonter leurs peurs, leur souffrance et leur colère, tout en unissant leurs forces pour atteindre le mystérieux royaume de Tiketone. L'influence de Morin en tant que designer de mode se ressent tout particulièrement dans son dessin, coloré et chargé de symbolisme. Je dois toutefois dire être un peu resté sur ma fin. L'histoire m'a semble être une longue introduction et bien que pas inintéressante, elle ne décolle réellement que dans son dernier tiers... qui, par dessus le marché, se termine par un cliffhanger ! Bon... je suis toutefois très curieux de découvrir la suite, d’ores et déjà annoncée pour la rentrée 2024.

09/05/2024 (modifier)