Les interviews manga / Interview de Miya

Miya est une jeune auteure qui vient de publier son premier manga. Rencontre avec une passionnée.

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Miya Pourquoi as-tu choisi ce pseudo, Miya ?
J'ai choisi ce pseudonyme à l'âge de 15 ans quand j'ai créé mon fanzine. Dans le monde du fanzinat et de l'Internet que je commençais à découvrir, c'était chose usuelle. A l'époque, je lisais Fushigi Yugi dont l'héroïne s'appelle Miaka, je trouvais que ça sonnait bien, d'où m'est venu Miya. Mon tout premier fanzine était d'ailleurs sur le thème de Yuu Watase l'auteur de Fushigi Yugi.

Tu es une jeune mangaka et Vis-à-vis est ton tout premier album. Qu’est-ce que ça fait ?
Je me sens très investie dans cette publication car c’est la première fois qu’une de mes histoires est dévoilée à un large public. Quand on est enfant et qu’on commence derrière sa table à dessin, c’est souvent pour montrer ses dessins à sa famille ou à ses amis, là je vais toucher des gens que je ne connais pas personnellement… je suis très heureuse quand un lecteur vient me voir pour me dire qu’il a été touché par mon travail. C’est nouveau pour moi, cette relation invisible avec le public.

Comment devient-on mangaka en France ? Comment es-tu entrée en contact avec Pika Edition ?
Il n’y a pas de secret, il faut énormément dessiner. Depuis l’âge de 13 ans, je dessine du manga, je suis aussi passée par une école de dessin. J’y ai appris toutes les bases du dessin classique, en allant de l’anatomie à la perspective en passant par la peinture. Je n’ai pas toujours dessiné dans un style manga, mais c’est ma passion depuis enfant, j’en ai une grosse collection chez moi… Quand j’ai vu que Reno ("Dreamland" chez Pika) était édité en tant que mangaka français, j’ai sauté sur l’occasion pour présenter un projet. Je me suis donc pris un mois pour réaliser une dizaine de planches bien abouties que j’ai envoyé par mail à 4 éditeurs. Pika m’a répondu le lendemain. J’ai rencontré Pierre Valls, directeur de collection de Pika à l’occasion du salon du livre de Montreuil en 2005. Les dessins l’intéressaient vraiment mais pas l’histoire, trop fantastique. Du coup, j’ai travaillé de nouveaux scénarios et nous avons choisi en collaboration de partir sur celui de Vis-à-vis.

Accéder à la fiche de Vis-à-vis Vis-à-vis est ton premier shôjo et tu vis déjà de ton oeuvre. Ce doit être rassurant comme situation ? Explique-nous comment tu travailles ? Comptes-tu travailler comme un mangaka japonais, avec des assistants ? (Question volontairement ingénue)
C’est rassurant en effet, mais je garde toujours dans un coin de ma tête que si je ne rends pas de page, je ne suis pas payée et qu’une fois que ce manga sera fini, il faudra de nouveau proposer des projets et démarcher. Mais à 25 ans, vivre de la bd, c’est déjà une belle perspective. En devenant mangaka, j’ai réalisé mon rêve de toujours, je me suis donc forgé d’autres buts. Comme par exemple, un jour de créer un petit studio avec 2 assistants par exemple, ou encore enseigner ce que je sais aux nouvelles générations de dessinateurs… Je ne me vois pas travailler à la japonaise non plus, ils ne sortent pas beaucoup et travaillent énormément, certains ont des liens sociaux uniquement avec leurs assistants et leurs éditeurs. J’aime trop les vacances ou passer du temps avec ma famille pour être une mangaka japonaise ! (rires) J’avance doucement vers ces objectifs, car aujourd’hui je travaille sur le tome 2 en partenariat avec une assistante en télé-travail, Naï, qui m’aide à faire les trames.

Quelles sont tes références/inspirations en manga et en BD franco-belge ?
J’aime beaucoup de shojo évidemment tels que Paradise Kiss, "Parmi eux", "Global Garden", Basara …et j’en passe ! J’aime beaucoup la narration de Adachi (Touch, H2…), je la trouve apaisante, ou encore l’humour de "School Rumble". J’admire aussi certains auteurs de manhwa (manga coréen), tels Lee So Young qui a un trait vraiment classe. En BD, j’ai lu les classiques de l’enfance tel les Schtroumphs, Yakari, Lucky Luke… la dernière bd à laquelle j’ai bien accroché est "Les péchés mignons" d’Arthur de Pins. J’ai pu admirer aussi une exposition des planches originales de Lepage, devant lesquelles je suis tombée en admiration. Et j’aimerais faire un petit clin d’œil à deux amis lyonnais qui ont sorti leurs bd : Nanami de Nauriel et "Vacances à Saint Prix" de Julien Flamand.

Dans Vis-à-vis, Daniel est un futur styliste et Elodie a l’air de posséder des prédispositions à la création d’habits. La mode est un sujet qui te tient à coeur, non ?
Peut être qu’en lisant Vis-à-vis, certains lecteurs se diront que je dois être une ‘fashion victim’ dans la vie… mais pas du tout ! Je ne fais pas les magasins tous les quatre matins. La mode, pour moi elle se vit sur les gens que je croise dans la rue, il suffit d’observer. Et puis, j’ai voulu m’amuser en introduisant cet élément de mode, c’est un bon prétexte pour moi pour avoir une part de création en plus dans Vis-à-vis. Par exemple, quand je dessine une voiture, je prends une documentation et je la redessine, alors qu’avec les habits je peux complètement me lâcher.

Une image de Vis-à-vis Une petite révélation sur l’évolution du triangle amoureux Daniel-Elodie-Vincenzo ? En combien de tomes souhaites-tu développer ton histoire ?
Bah ! et Greg alors, vous en faites quoi ? hé hé…
Ce n’est pas fixe, mais je dirais peut être 6 ou 7.

Ton découpage est très dynamique pour un shôjo, ce qui est très agréable car cela donne un rythme assez soutenu à la narration. Penses-tu un jour aborder d’autres genres de manga ?
Oui je pense, et j’aimerais ! Pourquoi pas un shônen ou une histoire épique… je ne me donne aucune limite, je ne veux pas rester enfermée dans un style. Pourquoi pas une bd en couleur aussi… tout est à envisager.

Tu viens de participer à tes premiers festivals et à tes premières séances de dédicaces. Quelles sont tes impressions ?
J’adore ça, je me sens vraiment bien en salon. J’ai un passé dans le fanzinat qui fait aussi que je connais bien le milieu. Avec mon petit fanzine et mes amis nous avons participé à pas mal de conventions manga. Ce qui est plus inédit, ce sont les festivals presque purement BD en tant qu’auteur, c’est assez bizarre de se retrouver presque seulement avec des auteurs hommes en dédicace (rires). Sinon le public est adorable, il y a des gens qui ont lu Vis-à-vis et d’autres curieux.

Ton blog et tes participations à un (des) fanzine(s) ont l’air de tenir une place importante dans ton travail. Peux-tu nous en dire plus ?
J’avais un fanzine qui s’appelle Carte Blanche. Quand je suis passée professionnelle chez Pika, je savais que je ne pourrais plus faire les 2 par manque de temps. J’ai donc décidé d’arrêter d’un commun accord avec le reste de l’équipe. Nous étions un peu tristes mais nous avions aussi bien fait le tour de la question. Cette expérience reste très importante pour moi, de par les relations et surtout le soutien que m’ont apportés mes amis dans cette petite aventure, je les en remercie encore. Pour ce qui est du blog, c’est ce qui me permet d’avoir un contact direct avec le public en-dehors des salons. Je trouve ça sympa de les tenir au courant de mes avancées.

Et pour finir, en référence aux petits bonus rigolos du 1er tome de Vis-à-vis, as-tu trouvé le chat sine qua non pour être un super shôjo mangaka ?
Je n’ai pas récupéré de petit chat, je suis trop souvent en déplacement pour avoir une petite boule de poils en ce moment. Alors j’ai trouvé la solution, je vais embêter régulièrement celui de mes amis, c’est à dire Bambounette, celui des bonus. J’espère que le dieu chat des shojo mangaka ne m’en voudra pas trop…

As-tu d’autres projets ?
Pour l’instant, je me consacre à Vis-à-vis, chaque chose en son temps !

Miya-Chan, merci.
Interview réalisée le 14/04/2008, par biglolo, avec la participation de Spooky.