Décrivez le monde où vous vivez en insistant sur ses aspects les plus pittoresques.
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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. La première édition date de 2013. Il a été réalisé par Rodolphe (scénario, de son vrai nom Rodolphe Daniel Jacquette), Vink (dessins et couleurs, de son vrai nom Vinh Khoa), et Cine (couleurs, l'épouse de Vink). Il comprend 56 pages de bande dessinée en couleurs. Il se termine par 12 pages d'études graphiques allant du croquis à l'illustration peinte en double page, et par un court texte de remerciements rédigé par Vink. Ce dernier est également l'auteur de la série Le Moine fou et de sa suite Les Voyages de He Pao.
Guillaume Romain est un auteur de bande dessinée, en train de revenir au volant de sa voiture, du Salon de Cursac, un festival de bande dessinée. En ce dimanche soir, la route lui semble encore trop longue pour terminer son voyage, et il décide de s'arrêter à une auberge appelée Le temps perdu. Il est accueilli par l'hôtelière Marie Brune, à qui il demande une chambre. Elle lui tend les clés de la numéro 11, avec douche et WC. Guillaume Romain monte à l'étage et ouvre la porte. Il éprouve une vague impression de déjà-vu. Il pose son sac et se dirige vers la salle de bain pour se laver les dents. Il passe devant une gravure intitulée La pays du temps perdu, qui montre un bûcheron tenant une hache levée et s'apprêtant à cogner un tronc, dans une forêt. En tant que dessinateur, Guillaume Romain apprécie la composition de la gravure et la touche du doigt. Il se retrouve aspiré à l'intérieur de la gravure, se tenant dans la forêt, à côté du bûcheron qui lui adresse la parole. Guillaume lui demande où il peut se diriger ; le bûcheron lui indique la direction du bourg et lui confirme qu'ils sont bien dans une gravure.
Le bûcheron est bien content de pouvoir poser sa hache ; Guillaume Romain se met en marche vers le bourg. Il croise un garçon assis sur une branche, essayant de trouver des éléments pittoresques dans ce qui l'entoure pour faire sa rédaction. Il s'appelle Yoyo. L'adulte et l'enfant décident de faire chemin ensemble vers le bourg. Le garçon demande à Guillaume de se taire car il a entendu un groupe de soldats devant eux. Le garde champêtre indique aux 4 soldats, 3 autres soldats qui sont en train de sortir de terre. Les quatre premiers aident les autres à s'extirper de la terre et à se nettoyer. Le sergent Plume prend leur tête et commence à marcher au pas, en levant bien haut la jambe. Guillaume et Yoyo sortent du bois et arrive à proximité du bourg. Ils entendent des notes de musique. Il s'agit du colporteur qui joue de la vielle, des notes vertes et bleues. Yoyo indique à Guillaume de se boucher les oreilles car ces notes ravissent et ensorcellent, ce qui lui permet de voler les enfants, de les emmener et de les revendre à l'autre bout du monde. Un garçon et une fillette qui jouent dans le jardin tombent sous le charme des notes, et suivent le colporteur en changeant de couleur, lui en bleu, elle en vert.
Le lecteur peut aussi bien être attiré par le scénariste à la carrière impressionnante, que par le dessinateur à la sensibilité remarquable, que par le programme du titre ou de la couverture. Dès le départ, les auteurs proposent une mise en abîme, avec la mise en scène d'un personnage principal, lui-même auteur de bandes dessinées. La situation banale de la nuit d'hôtel bascule dès la page 5 dans la situation fantastique où Guillaume Romain peut pénétrer dans le monde des gravures, demandant une suspension consentie d'incrédulité au lecteur. Sous réserve qu'il accepte d'y consentir, l'intrigue se révèle charmante, facile à suivre. Guillaume Romain est fasciné par ces gravures, et par ce qu'il découvre en accompagnant Yoyo. Ces séquences à l'intérieur des gravures se parent d'onirisme, qu'il s'agisse des soldats en train de pousser en terre, ou de l'arrachage d'une maison. Le lecteur y repère facilement des allusions à des contes, comme le joueur de flûte de Hamelin, ou la belle figure de proue d'un navire de pirates. Mais ces contes sont comme gauchis, avec un déroulement ou une fin bizarre et non-conforme à la forme classique. Certaines séquences reposent sur des caractéristiques macabres, telles les photographies de Ciao qui révèlent les individus dont la mort est proche, où le conteur dont la cervelle se vide et qui se creuse littéralement la tête pour chercher des traînées d'histoires, des lambeaux de rêves, dans une image littérale assez dérangeante.
Il est vraisemblable que le lecteur comprenne le fin mot de l'histoire assez rapidement, mais cela ne l'empêche pas d'apprécier cette bande dessinée. S'il est tombé amoureux des pages de Vink dans la série Le moine fou, il hâte de retrouver cet artiste. Si son regard a été arrêté par la couverture, il a feuilleté la BD et il a pu constater que les pages intérieures présentent un même niveau de qualité. Vink dessine dans un registre descriptif et réaliste, avec un détourage léger des différentes formes, un trait discret noir ou brun. Les formes ainsi détourées sont ensuite nourries par la peinture de Cine qui vient elle aussi représenter les éléments, comme une technique de couleur directe. Cette technique de représentation marie la précision des traits encrés, avec la richesse de la peinture. L'intégration des traits et de la peinture atteint un niveau fusionnel qui fait que le lecteur ne peut imaginer à quoi ressemblerait une case sans la peinture ou sans les traits.
Dans la postface, Vink précise qu'il a dessiné les personnages d'après des modèles et le lecteur peut constater la cohérence parfaite des traits de leur visage tout du long de la bande dessinée, ce qui leur donne une forte personnalité visuelle. L'artiste a choisi une approche naturaliste, avec des gestes posés pour les différents protagonistes, des expressions variées et nuancées, des tenues vestimentaires réalistes et différentes suivant les occupations. Certains des personnages dans le monde des gravures présentent des caractéristiques sortant plus de l'ordinaire, à commencer par les étranges soldats qui poussent comme des champignons, Beau qui semble souffrir de nanisme, la silhouette déformée du plus grand conteur de tout le pays et son habit de ménestrel, ou encore Rose et sa forte poitrine. Pour tous, le lecteur apprécie l'impression de vie qui se dégage d'eux, la manière dont la couleur directe apporte des reliefs à leurs vêtements, la texture de la peau, leur langage corporel.
La première page commence par une case de la largeur de la page, montrant un panoramique d'une grande zone herbue, avec un village dans le lointain, et quelques arbres. L'attention du lecteur est également retenue par les belles couleurs ciel. Il y a visiblement de longues bandes de nuages éthérés qui retiennent les derniers rayons du soleil, avec des teintes jaune, orangée, violette. Vink & Cine n'appliquent pas des teintes vives ou agressives, mas des teintes pastel, l'aquarelle s'avérant parfaite pour rendre compte des nuances délicates. Dans une case en dessous sur la même page, le ciel a viré vers des teintes plus violettes, attestant de la diminution de la luminosité. S'il y est sensible, le lecteur peut alors prêter attention aux différents rendus du ciel au fil des séquences : un beau ciel bleu de printemps en page 8, un ciel dans une nouvelle teinte de violet en page 13, un ciel bleu avec des nuages plus consistants dans un nouveau panorama en page 18, un ciel menaçant d'orage en page 24, un ciel étoilé en page 40, un ciel d'été en page 58.
Vink représente les différents environnements de manière réaliste. Le lecteur éprouve l'impression de repérer l'hôtel et d'y pénétrer avec Guillaume Romain, de regarder l'accueil, la chambre, les gravures, etc. Il regarde les différentes façades de maisons et de bâtiments, que ce soit l'alignement dans la rue où habite Romain, ou celles du village dans la première gravure. L'artiste sait aussi bien décrire une chambre d'hôtel, qu'une chambre noire, ou une salle aménagée pour un banquet de mariage. Vink & Cine sont encore meilleurs pour transcrire l'impression qui se dégage des environnements naturels. Guillaume Romain avance dans un sous-bois, avec de très belles couleurs pour les feuillages, le ruisseau, les feuilles tombées au sol, etc. Un peu plus loin (en page 18), il piquenique avec Yoyo et Beau, et le lecteur s'installerait bien à leurs côtés, sur l'herbe accueillante, à l'ombre d'un bel arbre, avec une vue dégagée sur le village. Vers la fin, Guillaume Romain est train de passer la débroussailleuse, et le lecteur peut identifier les différentes plantes formant la végétation. Il constate aussi que Vink n'a pas oublié d'équiper Guillaume avec ses équipements de protection individuelle.
Le lecteur se laisse gentiment emmener dans ce récit sur le temps perdu, celui que Guillaume Romain perd en voyageant dans les gravures, et bien sûr celui qu'il retrouve. Il se laisse prendre au jeu des contes un peu bizarres et décalés pour essayer de comprendre la métaphore. Il prend plaisir à côtoyer ces personnages bienveillants et constructifs. Il ne sait trop comment réagir quand l'auteur explicite chaque séquence onirique à la fin tome, partagé entre la découverte de la solution qui lui indique s'il avait bien deviné, et une pointe de regret à voir ainsi l'onirisme s'évanouir au profit du réel. En revanche, il a pu se plonger dans des endroits pleinement matérialisés, avec une sensibilité d'artiste pour les décrire, et assister à une forme de remémoration très plaisante.
Je voulais découvrir l'œuvre d'Alison Bechdel et je le fais avec sa série la mieux noté sur le site et qui est aussi la seule BD d'elle que possède ma bibliothèque municipale.
C'est une autobiographie où l'autrice parle d'elle, de son père autoritaire et distant et de ce qui les lies à savoir l'homosexualité. Alors que l'autrice a finit par affirmer ouvertement son orientation sexuelle, son père fait parti des nombreuses générations où on se taisait et on va vivre en public une vie d'hétéro conformiste (mariage, famille et tout ça) et on pratique l'homosexualité en cachette et dans le cas du père de Bechdel c'est pas trop légal vu que certains des gars avec qu'il a couché sont très jeunes.
Il y a du bon et du moins bon dans cet album. J'ai bien aimé le dessin que je trouve agréable. Il y a des passages intéressants, notamment lorsqu'on aperçoit comment des gens devaient vivre leur homosexualité dans la clandestinité à une époque où c'était un sujet tabou et souvent même un crime. J'ai trouvé que les meilleurs moments étaient lorsque Bechdel essayait de comprendre son père. D'un autre coté, il y aussi des passages que j'ai moins aimé et qui m'ont même un peu ennuyé. Je pense notamment lorsque l'autrice parle en détail de la toponymie de la ville où elle a grandit et j'en avais rien à foutre. Parfois on dirait que Bechdel parlait juste pour parler. J'ai eu aussi l'impression que l'autrice improvisait et dessinait ce qui lui passait par la tête parce que souvent on saute du coq à l'âne.
Cela reste une lecture globalement positif pour moi, mais j'étais bien content lorsque j'avais fini et je n'ai pas trop envie de lire plus d'ouvrages de l'autrice.
Cet album est un roman graphique fantastique dont le héros, Alan, cumule les soucis. Licencié de l'armée pour une faute ayant entrainé la mort de ses camarades, il revient du front avec un symptôme traumatique et une maladie incurable. Pour finir en beauté sa femme le plaque peu après. Tout ça sera l'occasion d'un mal être bien logique. Mais tout ça sera surtout l'occasion de proposer une réflexion sur le traumatisme, la maladie, l'amour, les croyances...
Le programme est vaste et le résultat n'est pas désagréable à lire. L'histoire est cohérente et plutôt bien construite... on fermera les yeux sur les quelques explications technico-scientifiques un peu improbable pour justifier la dimension fantastique du récit. Le personnage est relativement attachant, sa descente aux enfers est logique, on est désolé pour lui et curieux de voir où tout ça peut mener.
La relation qui se noue avec sa guérisseuse n'est pas hyper crédible. Elle n'amène pas la dimension censée amener le lecteur à un peu d'introspection. Ce n'est pas assez percutant et un peu trop superficiel par moment. On est d'accord pour dire que notre bonhomme souffre et que sa vie est d'une profonde tristesse. Mais malgré les traumatismes de notre héros, l'histoire n'est pas émouvante pour autant. Et au final on suit son histoire, sans déplaisir, mais plus comme une love story fantastique que comme un roman graphique poignant.
Je n'aime pas le personnage de Felix. Je le trouve arrogant et brutal dans son langage et son comportement. Je ne suis pas un grand lecteur de Tillieux et je n'ai jamais réussi à lire l'intégrale des Jourdan que j'ai offerte à mon fils comme classique de la BD. J'ai toujours trouvé cela suranné et naïf. J'ai les mêmes réserves en pire avec Felix. Je trouve les scénarii très naïfs avec un personnage qui a portes ouvertes dans les centres les plus gardés (centre nucléaire, base militaire, dépôt de la guillotine…) Lu aujourd'hui cela donne une impression de candeur digne d'une série pour enfants de 8 ans alors que le fond du récit s'adresse clairement à des adultes par son vocabulaire et la violence utilisée par Felix. Ce type de personnage qui se veut policier, juge et bourreau sans aucune légitimité et multipliant les délits en toute impunité m'agace au plus haut point. De plus je ne goute guère l'humour de Tillieux. Je trouve ses strips du "programme non stop" ni drôles ni intéressants. De plus comment oser proposer un tel dialogue sans frémir en conclusion de "Au pays du matin calme" : (soldat US : " je te paie pour 100 dollars de kimchi, plat national coréen" réponse d'Allume-gaz (avec un Felix mort de rire derrière) " Cré milliards!!! J'en ai pour dix ans à manger cette infection si je veux récupérer mon argent!" Impossible de faire plus délicat pour un peuple qui sort d'une occupation japonaise très dure et qui subit une disette continuelle sous les bombes.
Je serai plus indulgent pour le graphisme très daté ,vieillot et des extérieurs fantasmés et rudimentaires. Il présente un bon dynamisme ce qui fait que j'ai réussi à lire quatre albums malgré mon aversion à certaines scènes ( comme la chasse au caribou).
Pas du tout pour moi.
Mouais je n'ai pas été vraiment passionné par ce récit autobiographique même si c'est assez frais avec un bon esprit. Comme je suis très citadin, ce retour à la terre de la petite Jen qui suit sa maman divorcée ne m'a pas saisi. Le tome 2 m'a plus intéressé dans sa partie préparation de la fête d'Halloween. Toutefois j'aurais préféré que l'auteur nous montre comment elle a surmonté ses difficultés en maths plutôt que ce centrage sur les chicaneries sentimentales d'enfants de 11/12 ans. L'ambiance est très américaine ce qui donne parfois un côté documentaire des mœurs de l'Amérique des campagnes. Malgré une pagination importante les deux tomes se lisent très vite cela est surtout dû à des dialogues basiques et peu nombreux.
L'accent est donc mis sur la narration graphique avec un dessin moderne bien sympathique. C'est rond et dynamique. Les personnages sont attachants mais un peu lisses pour toucher un lecteur plus adulte.
Une production bien dans le style des comics jeunesse (plutôt filles) d'aujourd'hui mais sans trop de relief. Un moment de détente pour jeune ado.
Voilà bien un album qui casse pas trois pattes à un canard.
C’est léger et vite oublié, l’approche m’a fait penser à La Quête des réponses de Morvan et Buchet.
Nous aurons droit à de courts récits type médiéval fantastique à tendance humoristique (dans les chutes notamment), c’est ponctué de demoiselles girondes et de chevaliers pas très futés.
Bon les histoires et fins ne se valent pas toutes mais ça se lit sans réel déplaisir. L’entame d’album m’a plus amusé que la fin cependant ça se lit vite et j’ai aimé le fil rouge (le titre).
Le dessin est sympa alors que je ne suis pas un grand fan de l’école espagnole type Munuera, Del Rincon …
J'attends cette série de pied ferme depuis plusieurs semaines. Alain Brion est un auteur de grand talent, j'ai adoré son travail sur le tome 10 d'Androïdes et sur L'Epopée de Gilgamesh. Je suis toujours à la recherche d'Excalibur - Chroniques.
Nous sommes en 2544 et le monde a changé. Je vais te faire un petit topo succinct de la situation :
- 2055 _ Création de la station Mars-One.
- 2123 _ Mars-One devient une colonie de peuplement.
- 2138 _ Exploration de Vénus et Mercure.
- 2203 _ Exploration de Jupiter et rencontre avec les sphères.
- 2205 _ Découverte des axolotls sous la glace d'Europe.
- 2494 _ La "Pax Ultimata" de la religion de l'Ultime et du Consortium spatial s'impose.
L'album commence par une présentation des 8 personnages principaux et d'une chronologie de la conquête spaciale (plus complète que celle ci-dessus).
Alain Brion nous dépeint un monde sous l'emprise d'une religion et d'un consortium, deux entités qui font la pluie et le beau temps sur Terre et dans l'espace. Un pouvoir qui pourrait être mis à mal par un petit animal découvert sur un satellite de Jupiter : l'axolotl, aux propriétés surprenantes. En parallèle, on va suivre le retour du colonel Prax'x après 300 ans de cryogénisation, il n'a pas oublié les 3 sphères disparues dans la tache rouge de Jupiter et de la navigatrice Nell'o, une jeune femme mal dans sa peau qui trouve du réconfort dans une substance psychoactive.
Un récit qui démarre sur des bases qui ne sont pas novatrices, mais Brion a le savoir-faire pour rendre son récit captivant. Il impose un rythme lent qui permet de cerner les personnages et de poser les premières pierres aux fondations de l'intrigue, tout en nous faisant naviguer de la Terre à la station Mars-One en passant par le satellite Europe. Un scénario qui tient la route, la narration est maîtrisée et les protagonistes sont crédibles et charismatiques.
Un premier tome qui met l'eau à la bouche.
Le trait de Brion a un grain à nul autre pareil, une texture réaliste pour une immersion dans ce space opéra aux décors soignés, que ce soit la ville futuriste, les vaisseaux spatiaux ou la station orbitale. Les personnages ne sont pas en reste. Il faut prendre son temps, le moindre détail est un ravissement.
La mise en couleur est magnifique.
Une mise en page non académique.
Un rendu époustouflant !
Impatient de savoir ce qui se cache derrière ces 3 sphères.
Pas inintéressant comme premier tome : une société d'animaux anthropomorphes mettant en opposition la civilisation et les plus bas instincts naturels, le sexe pour le simple plaisir au delà du besoin reproductif y est plus que bien vu, la consommation de viande est l'ultime tabou, un réseau de trafiquant est mis en lumière, notre protagoniste est un enquêteur froid et méthodique, ... Du classique (en tout cas du déjà-vu) mais très intéressant tout de même, d'autant que les dessins de Yu Du donne vraiment une jolie forme à ce début de récit. Un premier tome bon et prometteur pour une suite. Mais voilà : suite il n'y a pas eu.
J'aurais pu mettre trois étoiles à cet avis (et ainsi faire que cette série rejoigne le thème des consensus), mais je ne le ferais pas pour la simple et bonne raison que la série a été abandonnée. Bien que défaut en soi, cela n'est pas forcément rédhibitoire, et une bonne série, même sans conclusion, peut avoir de grandes qualités et valoir le coup d'œil. Mais ici, ce premier album sert à peine d'introduction. On nous présente le protagoniste à la fin de sa précédente enquête, on nous montre la découvert du corps (du moins "des restes"), la présentation "suggérée" de ce qui semblait être l'antagoniste, et la conclusion du médecin légiste (comme cliffhanger de fin - d'ailleurs je pense que l'on peut deviner l'un des retournements prévus à l'origine par la suite lors de cette conclusion, mais l'album n'ayant vraiment pas trop de substance hors de son but d'exposition, je vous garde l'éventuelle surprise).
Je peux toujours conseiller la lecture, mais j'insiste sur le fait que cette simple introduction laisse sur sa faim et peut frustrer.
Un bonheur pour ado de fin de collège: un univers exotique, des bourrins sanguinaires, des seconds rôles comiques, des méchants vraiment méchants et des bombasses. Tout ce que le JDR proposait de mieux dans les années 90 est plaqué sur image. Le charadesign est sympa, les détails des vêtements, accessoires et bâtiments sont immersifs, rien à redire.
Mais avec le temps, on voit de plus en plus le côté mysogine et graveleux et. Alors forcément ça relativise la note pour une BD qui se lit et relit sinon sans ennui.
Edit: je viens de lire qu'il a remporté l'Alph-Art jeunesse des 9-12 ans. Franchement pour l'exemple et le côté gore de certains combats, je ne le conseillerai sûrement pas à un gamin ou une gamine de 9 ans.
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MàJ après relecture des 8 tomes:
Je passe la note de 3 à 4 car l'alchimie entre les personnages est exemplaire, chacun est bien fouillé mais ne prend pas la couverture vers lui. De temps à temps à autres, la scène sera dédiée à Hébus et ses mouches, à Cian et son plan mariage, à Nicolède gérant ce qu'il peut encore gérer, à Cixi et son tempérament qui ne demande qu'à s'enflammer et exploser, à Lanfeust tantôt valeureux tantôt neuneu.
Les contrées sont des clichés du jeu de rôle mais il fait bon s'y promener. Et il y a tous ces jeux de mots glissés par-ci par-là qui ne demandent qu'à être découverts.
Contrairement aux Chroniques de la lune noire, l'auteur évite la surenchère d'action (si l'on met de côté le tome final) et exploite bien chaque pouvoir ou capacité.
Malheureusement, les 2 derniers tomes tirent en longueur avec de très sérieuses affaires de cœur qui dénote avec le ton badin 2 pages avant et 2 pages plus tard et beaucoup trop de clins d'oeil bien appuyés (Astérix, Arzach, Zorro...) qui font rire puis soupirer. Lanfeust bâtissait sa propre légende, dommage qu'elle pencha vers le fan service, Gottferdom ! La fin expédiée laisse sur sa faim mais cette série nous aura tellement fait voyager qu'on passe l'éponge.
Cette série va être assez difficile à juger objectivement pour moi : je ne suis pas son public cible. Je n'ai jamais aimé les magazines et aventures "girlies" comme celui d'où semble provenir cette série, et j'ai depuis longtemps passé l'âge des histoires d'école primaire et de collège.
Pourtant, je sais reconnaitre qu'ici, même si je n'ai pas été transcendée, tout n'est pas à jeter (loin de là). L'humour ne m'a pas fait rire, mais j'avoue que quelques dialogues m'ont fait sourire et que les personnages, bien que pas très complexes, restent un minimum attachants. Pour les grands enfants et jeunes adolescentes, cette série peut-être une lecture honnêtement sympathique. Pour le public plus âgé, même si les récits parlent moins, on peut quand-même noter la présence de plusieurs références de culture générale, principalement au tout début de la série (j'avoue avoir apprécié la référence à un célèbre poème de Joachim du Bellay).
Le cadre mythologique est en réalité plus une excuse, un cadre mi-fantastique mi-quotidien choisi pour créer une série tranche de vie scolaire déjantée. Ici, les liens de parenté et les passés tragiques des personnages sont mélangés ou ignorés, quelques fois référencés pour le clin d'œil, mais on reste assez loin des versions les plus connus des mythes grecques (ou des autres mythologies visitées dans la série). Après, c'est sûr que devoir expliquer l'inceste et le viol a des enfants, surtout dans une série qui se veut ambiance sitcom et leçon de vie positive, ça aurait été probablement casse-gueule, c'est sûr.
Je peux conseiller la lecture à un jeune lectorat, les adultes (mêmes celleux appréciant les lectures enfantines) peuvent sans doute passer leur chemin.
(Note réelle 2,5)
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Le Temps perdu
Décrivez le monde où vous vivez en insistant sur ses aspects les plus pittoresques. - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. La première édition date de 2013. Il a été réalisé par Rodolphe (scénario, de son vrai nom Rodolphe Daniel Jacquette), Vink (dessins et couleurs, de son vrai nom Vinh Khoa), et Cine (couleurs, l'épouse de Vink). Il comprend 56 pages de bande dessinée en couleurs. Il se termine par 12 pages d'études graphiques allant du croquis à l'illustration peinte en double page, et par un court texte de remerciements rédigé par Vink. Ce dernier est également l'auteur de la série Le Moine fou et de sa suite Les Voyages de He Pao. Guillaume Romain est un auteur de bande dessinée, en train de revenir au volant de sa voiture, du Salon de Cursac, un festival de bande dessinée. En ce dimanche soir, la route lui semble encore trop longue pour terminer son voyage, et il décide de s'arrêter à une auberge appelée Le temps perdu. Il est accueilli par l'hôtelière Marie Brune, à qui il demande une chambre. Elle lui tend les clés de la numéro 11, avec douche et WC. Guillaume Romain monte à l'étage et ouvre la porte. Il éprouve une vague impression de déjà-vu. Il pose son sac et se dirige vers la salle de bain pour se laver les dents. Il passe devant une gravure intitulée La pays du temps perdu, qui montre un bûcheron tenant une hache levée et s'apprêtant à cogner un tronc, dans une forêt. En tant que dessinateur, Guillaume Romain apprécie la composition de la gravure et la touche du doigt. Il se retrouve aspiré à l'intérieur de la gravure, se tenant dans la forêt, à côté du bûcheron qui lui adresse la parole. Guillaume lui demande où il peut se diriger ; le bûcheron lui indique la direction du bourg et lui confirme qu'ils sont bien dans une gravure. Le bûcheron est bien content de pouvoir poser sa hache ; Guillaume Romain se met en marche vers le bourg. Il croise un garçon assis sur une branche, essayant de trouver des éléments pittoresques dans ce qui l'entoure pour faire sa rédaction. Il s'appelle Yoyo. L'adulte et l'enfant décident de faire chemin ensemble vers le bourg. Le garçon demande à Guillaume de se taire car il a entendu un groupe de soldats devant eux. Le garde champêtre indique aux 4 soldats, 3 autres soldats qui sont en train de sortir de terre. Les quatre premiers aident les autres à s'extirper de la terre et à se nettoyer. Le sergent Plume prend leur tête et commence à marcher au pas, en levant bien haut la jambe. Guillaume et Yoyo sortent du bois et arrive à proximité du bourg. Ils entendent des notes de musique. Il s'agit du colporteur qui joue de la vielle, des notes vertes et bleues. Yoyo indique à Guillaume de se boucher les oreilles car ces notes ravissent et ensorcellent, ce qui lui permet de voler les enfants, de les emmener et de les revendre à l'autre bout du monde. Un garçon et une fillette qui jouent dans le jardin tombent sous le charme des notes, et suivent le colporteur en changeant de couleur, lui en bleu, elle en vert. Le lecteur peut aussi bien être attiré par le scénariste à la carrière impressionnante, que par le dessinateur à la sensibilité remarquable, que par le programme du titre ou de la couverture. Dès le départ, les auteurs proposent une mise en abîme, avec la mise en scène d'un personnage principal, lui-même auteur de bandes dessinées. La situation banale de la nuit d'hôtel bascule dès la page 5 dans la situation fantastique où Guillaume Romain peut pénétrer dans le monde des gravures, demandant une suspension consentie d'incrédulité au lecteur. Sous réserve qu'il accepte d'y consentir, l'intrigue se révèle charmante, facile à suivre. Guillaume Romain est fasciné par ces gravures, et par ce qu'il découvre en accompagnant Yoyo. Ces séquences à l'intérieur des gravures se parent d'onirisme, qu'il s'agisse des soldats en train de pousser en terre, ou de l'arrachage d'une maison. Le lecteur y repère facilement des allusions à des contes, comme le joueur de flûte de Hamelin, ou la belle figure de proue d'un navire de pirates. Mais ces contes sont comme gauchis, avec un déroulement ou une fin bizarre et non-conforme à la forme classique. Certaines séquences reposent sur des caractéristiques macabres, telles les photographies de Ciao qui révèlent les individus dont la mort est proche, où le conteur dont la cervelle se vide et qui se creuse littéralement la tête pour chercher des traînées d'histoires, des lambeaux de rêves, dans une image littérale assez dérangeante. Il est vraisemblable que le lecteur comprenne le fin mot de l'histoire assez rapidement, mais cela ne l'empêche pas d'apprécier cette bande dessinée. S'il est tombé amoureux des pages de Vink dans la série Le moine fou, il hâte de retrouver cet artiste. Si son regard a été arrêté par la couverture, il a feuilleté la BD et il a pu constater que les pages intérieures présentent un même niveau de qualité. Vink dessine dans un registre descriptif et réaliste, avec un détourage léger des différentes formes, un trait discret noir ou brun. Les formes ainsi détourées sont ensuite nourries par la peinture de Cine qui vient elle aussi représenter les éléments, comme une technique de couleur directe. Cette technique de représentation marie la précision des traits encrés, avec la richesse de la peinture. L'intégration des traits et de la peinture atteint un niveau fusionnel qui fait que le lecteur ne peut imaginer à quoi ressemblerait une case sans la peinture ou sans les traits. Dans la postface, Vink précise qu'il a dessiné les personnages d'après des modèles et le lecteur peut constater la cohérence parfaite des traits de leur visage tout du long de la bande dessinée, ce qui leur donne une forte personnalité visuelle. L'artiste a choisi une approche naturaliste, avec des gestes posés pour les différents protagonistes, des expressions variées et nuancées, des tenues vestimentaires réalistes et différentes suivant les occupations. Certains des personnages dans le monde des gravures présentent des caractéristiques sortant plus de l'ordinaire, à commencer par les étranges soldats qui poussent comme des champignons, Beau qui semble souffrir de nanisme, la silhouette déformée du plus grand conteur de tout le pays et son habit de ménestrel, ou encore Rose et sa forte poitrine. Pour tous, le lecteur apprécie l'impression de vie qui se dégage d'eux, la manière dont la couleur directe apporte des reliefs à leurs vêtements, la texture de la peau, leur langage corporel. La première page commence par une case de la largeur de la page, montrant un panoramique d'une grande zone herbue, avec un village dans le lointain, et quelques arbres. L'attention du lecteur est également retenue par les belles couleurs ciel. Il y a visiblement de longues bandes de nuages éthérés qui retiennent les derniers rayons du soleil, avec des teintes jaune, orangée, violette. Vink & Cine n'appliquent pas des teintes vives ou agressives, mas des teintes pastel, l'aquarelle s'avérant parfaite pour rendre compte des nuances délicates. Dans une case en dessous sur la même page, le ciel a viré vers des teintes plus violettes, attestant de la diminution de la luminosité. S'il y est sensible, le lecteur peut alors prêter attention aux différents rendus du ciel au fil des séquences : un beau ciel bleu de printemps en page 8, un ciel dans une nouvelle teinte de violet en page 13, un ciel bleu avec des nuages plus consistants dans un nouveau panorama en page 18, un ciel menaçant d'orage en page 24, un ciel étoilé en page 40, un ciel d'été en page 58. Vink représente les différents environnements de manière réaliste. Le lecteur éprouve l'impression de repérer l'hôtel et d'y pénétrer avec Guillaume Romain, de regarder l'accueil, la chambre, les gravures, etc. Il regarde les différentes façades de maisons et de bâtiments, que ce soit l'alignement dans la rue où habite Romain, ou celles du village dans la première gravure. L'artiste sait aussi bien décrire une chambre d'hôtel, qu'une chambre noire, ou une salle aménagée pour un banquet de mariage. Vink & Cine sont encore meilleurs pour transcrire l'impression qui se dégage des environnements naturels. Guillaume Romain avance dans un sous-bois, avec de très belles couleurs pour les feuillages, le ruisseau, les feuilles tombées au sol, etc. Un peu plus loin (en page 18), il piquenique avec Yoyo et Beau, et le lecteur s'installerait bien à leurs côtés, sur l'herbe accueillante, à l'ombre d'un bel arbre, avec une vue dégagée sur le village. Vers la fin, Guillaume Romain est train de passer la débroussailleuse, et le lecteur peut identifier les différentes plantes formant la végétation. Il constate aussi que Vink n'a pas oublié d'équiper Guillaume avec ses équipements de protection individuelle. Le lecteur se laisse gentiment emmener dans ce récit sur le temps perdu, celui que Guillaume Romain perd en voyageant dans les gravures, et bien sûr celui qu'il retrouve. Il se laisse prendre au jeu des contes un peu bizarres et décalés pour essayer de comprendre la métaphore. Il prend plaisir à côtoyer ces personnages bienveillants et constructifs. Il ne sait trop comment réagir quand l'auteur explicite chaque séquence onirique à la fin tome, partagé entre la découverte de la solution qui lui indique s'il avait bien deviné, et une pointe de regret à voir ainsi l'onirisme s'évanouir au profit du réel. En revanche, il a pu se plonger dans des endroits pleinement matérialisés, avec une sensibilité d'artiste pour les décrire, et assister à une forme de remémoration très plaisante.
Fun Home - Une tragicomédie familiale
Je voulais découvrir l'œuvre d'Alison Bechdel et je le fais avec sa série la mieux noté sur le site et qui est aussi la seule BD d'elle que possède ma bibliothèque municipale. C'est une autobiographie où l'autrice parle d'elle, de son père autoritaire et distant et de ce qui les lies à savoir l'homosexualité. Alors que l'autrice a finit par affirmer ouvertement son orientation sexuelle, son père fait parti des nombreuses générations où on se taisait et on va vivre en public une vie d'hétéro conformiste (mariage, famille et tout ça) et on pratique l'homosexualité en cachette et dans le cas du père de Bechdel c'est pas trop légal vu que certains des gars avec qu'il a couché sont très jeunes. Il y a du bon et du moins bon dans cet album. J'ai bien aimé le dessin que je trouve agréable. Il y a des passages intéressants, notamment lorsqu'on aperçoit comment des gens devaient vivre leur homosexualité dans la clandestinité à une époque où c'était un sujet tabou et souvent même un crime. J'ai trouvé que les meilleurs moments étaient lorsque Bechdel essayait de comprendre son père. D'un autre coté, il y aussi des passages que j'ai moins aimé et qui m'ont même un peu ennuyé. Je pense notamment lorsque l'autrice parle en détail de la toponymie de la ville où elle a grandit et j'en avais rien à foutre. Parfois on dirait que Bechdel parlait juste pour parler. J'ai eu aussi l'impression que l'autrice improvisait et dessinait ce qui lui passait par la tête parce que souvent on saute du coq à l'âne. Cela reste une lecture globalement positif pour moi, mais j'étais bien content lorsque j'avais fini et je n'ai pas trop envie de lire plus d'ouvrages de l'autrice.
Le Chant de la femme parfaite
Cet album est un roman graphique fantastique dont le héros, Alan, cumule les soucis. Licencié de l'armée pour une faute ayant entrainé la mort de ses camarades, il revient du front avec un symptôme traumatique et une maladie incurable. Pour finir en beauté sa femme le plaque peu après. Tout ça sera l'occasion d'un mal être bien logique. Mais tout ça sera surtout l'occasion de proposer une réflexion sur le traumatisme, la maladie, l'amour, les croyances... Le programme est vaste et le résultat n'est pas désagréable à lire. L'histoire est cohérente et plutôt bien construite... on fermera les yeux sur les quelques explications technico-scientifiques un peu improbable pour justifier la dimension fantastique du récit. Le personnage est relativement attachant, sa descente aux enfers est logique, on est désolé pour lui et curieux de voir où tout ça peut mener. La relation qui se noue avec sa guérisseuse n'est pas hyper crédible. Elle n'amène pas la dimension censée amener le lecteur à un peu d'introspection. Ce n'est pas assez percutant et un peu trop superficiel par moment. On est d'accord pour dire que notre bonhomme souffre et que sa vie est d'une profonde tristesse. Mais malgré les traumatismes de notre héros, l'histoire n'est pas émouvante pour autant. Et au final on suit son histoire, sans déplaisir, mais plus comme une love story fantastique que comme un roman graphique poignant.
Félix (Tillieux)
Je n'aime pas le personnage de Felix. Je le trouve arrogant et brutal dans son langage et son comportement. Je ne suis pas un grand lecteur de Tillieux et je n'ai jamais réussi à lire l'intégrale des Jourdan que j'ai offerte à mon fils comme classique de la BD. J'ai toujours trouvé cela suranné et naïf. J'ai les mêmes réserves en pire avec Felix. Je trouve les scénarii très naïfs avec un personnage qui a portes ouvertes dans les centres les plus gardés (centre nucléaire, base militaire, dépôt de la guillotine…) Lu aujourd'hui cela donne une impression de candeur digne d'une série pour enfants de 8 ans alors que le fond du récit s'adresse clairement à des adultes par son vocabulaire et la violence utilisée par Felix. Ce type de personnage qui se veut policier, juge et bourreau sans aucune légitimité et multipliant les délits en toute impunité m'agace au plus haut point. De plus je ne goute guère l'humour de Tillieux. Je trouve ses strips du "programme non stop" ni drôles ni intéressants. De plus comment oser proposer un tel dialogue sans frémir en conclusion de "Au pays du matin calme" : (soldat US : " je te paie pour 100 dollars de kimchi, plat national coréen" réponse d'Allume-gaz (avec un Felix mort de rire derrière) " Cré milliards!!! J'en ai pour dix ans à manger cette infection si je veux récupérer mon argent!" Impossible de faire plus délicat pour un peuple qui sort d'une occupation japonaise très dure et qui subit une disette continuelle sous les bombes. Je serai plus indulgent pour le graphisme très daté ,vieillot et des extérieurs fantasmés et rudimentaires. Il présente un bon dynamisme ce qui fait que j'ai réussi à lire quatre albums malgré mon aversion à certaines scènes ( comme la chasse au caribou). Pas du tout pour moi.
La Ferme Petit Pois
Mouais je n'ai pas été vraiment passionné par ce récit autobiographique même si c'est assez frais avec un bon esprit. Comme je suis très citadin, ce retour à la terre de la petite Jen qui suit sa maman divorcée ne m'a pas saisi. Le tome 2 m'a plus intéressé dans sa partie préparation de la fête d'Halloween. Toutefois j'aurais préféré que l'auteur nous montre comment elle a surmonté ses difficultés en maths plutôt que ce centrage sur les chicaneries sentimentales d'enfants de 11/12 ans. L'ambiance est très américaine ce qui donne parfois un côté documentaire des mœurs de l'Amérique des campagnes. Malgré une pagination importante les deux tomes se lisent très vite cela est surtout dû à des dialogues basiques et peu nombreux. L'accent est donc mis sur la narration graphique avec un dessin moderne bien sympathique. C'est rond et dynamique. Les personnages sont attachants mais un peu lisses pour toucher un lecteur plus adulte. Une production bien dans le style des comics jeunesse (plutôt filles) d'aujourd'hui mais sans trop de relief. Un moment de détente pour jeune ado.
Pourquoi les chevaliers ont disparu
Voilà bien un album qui casse pas trois pattes à un canard. C’est léger et vite oublié, l’approche m’a fait penser à La Quête des réponses de Morvan et Buchet. Nous aurons droit à de courts récits type médiéval fantastique à tendance humoristique (dans les chutes notamment), c’est ponctué de demoiselles girondes et de chevaliers pas très futés. Bon les histoires et fins ne se valent pas toutes mais ça se lit sans réel déplaisir. L’entame d’album m’a plus amusé que la fin cependant ça se lit vite et j’ai aimé le fil rouge (le titre). Le dessin est sympa alors que je ne suis pas un grand fan de l’école espagnole type Munuera, Del Rincon …
Sphères
J'attends cette série de pied ferme depuis plusieurs semaines. Alain Brion est un auteur de grand talent, j'ai adoré son travail sur le tome 10 d'Androïdes et sur L'Epopée de Gilgamesh. Je suis toujours à la recherche d'Excalibur - Chroniques. Nous sommes en 2544 et le monde a changé. Je vais te faire un petit topo succinct de la situation : - 2055 _ Création de la station Mars-One. - 2123 _ Mars-One devient une colonie de peuplement. - 2138 _ Exploration de Vénus et Mercure. - 2203 _ Exploration de Jupiter et rencontre avec les sphères. - 2205 _ Découverte des axolotls sous la glace d'Europe. - 2494 _ La "Pax Ultimata" de la religion de l'Ultime et du Consortium spatial s'impose. L'album commence par une présentation des 8 personnages principaux et d'une chronologie de la conquête spaciale (plus complète que celle ci-dessus). Alain Brion nous dépeint un monde sous l'emprise d'une religion et d'un consortium, deux entités qui font la pluie et le beau temps sur Terre et dans l'espace. Un pouvoir qui pourrait être mis à mal par un petit animal découvert sur un satellite de Jupiter : l'axolotl, aux propriétés surprenantes. En parallèle, on va suivre le retour du colonel Prax'x après 300 ans de cryogénisation, il n'a pas oublié les 3 sphères disparues dans la tache rouge de Jupiter et de la navigatrice Nell'o, une jeune femme mal dans sa peau qui trouve du réconfort dans une substance psychoactive. Un récit qui démarre sur des bases qui ne sont pas novatrices, mais Brion a le savoir-faire pour rendre son récit captivant. Il impose un rythme lent qui permet de cerner les personnages et de poser les premières pierres aux fondations de l'intrigue, tout en nous faisant naviguer de la Terre à la station Mars-One en passant par le satellite Europe. Un scénario qui tient la route, la narration est maîtrisée et les protagonistes sont crédibles et charismatiques. Un premier tome qui met l'eau à la bouche. Le trait de Brion a un grain à nul autre pareil, une texture réaliste pour une immersion dans ce space opéra aux décors soignés, que ce soit la ville futuriste, les vaisseaux spatiaux ou la station orbitale. Les personnages ne sont pas en reste. Il faut prendre son temps, le moindre détail est un ravissement. La mise en couleur est magnifique. Une mise en page non académique. Un rendu époustouflant ! Impatient de savoir ce qui se cache derrière ces 3 sphères.
Sherlock Fox
Pas inintéressant comme premier tome : une société d'animaux anthropomorphes mettant en opposition la civilisation et les plus bas instincts naturels, le sexe pour le simple plaisir au delà du besoin reproductif y est plus que bien vu, la consommation de viande est l'ultime tabou, un réseau de trafiquant est mis en lumière, notre protagoniste est un enquêteur froid et méthodique, ... Du classique (en tout cas du déjà-vu) mais très intéressant tout de même, d'autant que les dessins de Yu Du donne vraiment une jolie forme à ce début de récit. Un premier tome bon et prometteur pour une suite. Mais voilà : suite il n'y a pas eu. J'aurais pu mettre trois étoiles à cet avis (et ainsi faire que cette série rejoigne le thème des consensus), mais je ne le ferais pas pour la simple et bonne raison que la série a été abandonnée. Bien que défaut en soi, cela n'est pas forcément rédhibitoire, et une bonne série, même sans conclusion, peut avoir de grandes qualités et valoir le coup d'œil. Mais ici, ce premier album sert à peine d'introduction. On nous présente le protagoniste à la fin de sa précédente enquête, on nous montre la découvert du corps (du moins "des restes"), la présentation "suggérée" de ce qui semblait être l'antagoniste, et la conclusion du médecin légiste (comme cliffhanger de fin - d'ailleurs je pense que l'on peut deviner l'un des retournements prévus à l'origine par la suite lors de cette conclusion, mais l'album n'ayant vraiment pas trop de substance hors de son but d'exposition, je vous garde l'éventuelle surprise). Je peux toujours conseiller la lecture, mais j'insiste sur le fait que cette simple introduction laisse sur sa faim et peut frustrer.
Lanfeust de Troy
Un bonheur pour ado de fin de collège: un univers exotique, des bourrins sanguinaires, des seconds rôles comiques, des méchants vraiment méchants et des bombasses. Tout ce que le JDR proposait de mieux dans les années 90 est plaqué sur image. Le charadesign est sympa, les détails des vêtements, accessoires et bâtiments sont immersifs, rien à redire. Mais avec le temps, on voit de plus en plus le côté mysogine et graveleux et. Alors forcément ça relativise la note pour une BD qui se lit et relit sinon sans ennui. Edit: je viens de lire qu'il a remporté l'Alph-Art jeunesse des 9-12 ans. Franchement pour l'exemple et le côté gore de certains combats, je ne le conseillerai sûrement pas à un gamin ou une gamine de 9 ans. ------------------------------------- MàJ après relecture des 8 tomes: Je passe la note de 3 à 4 car l'alchimie entre les personnages est exemplaire, chacun est bien fouillé mais ne prend pas la couverture vers lui. De temps à temps à autres, la scène sera dédiée à Hébus et ses mouches, à Cian et son plan mariage, à Nicolède gérant ce qu'il peut encore gérer, à Cixi et son tempérament qui ne demande qu'à s'enflammer et exploser, à Lanfeust tantôt valeureux tantôt neuneu. Les contrées sont des clichés du jeu de rôle mais il fait bon s'y promener. Et il y a tous ces jeux de mots glissés par-ci par-là qui ne demandent qu'à être découverts. Contrairement aux Chroniques de la lune noire, l'auteur évite la surenchère d'action (si l'on met de côté le tome final) et exploite bien chaque pouvoir ou capacité. Malheureusement, les 2 derniers tomes tirent en longueur avec de très sérieuses affaires de cœur qui dénote avec le ton badin 2 pages avant et 2 pages plus tard et beaucoup trop de clins d'oeil bien appuyés (Astérix, Arzach, Zorro...) qui font rire puis soupirer. Lanfeust bâtissait sa propre légende, dommage qu'elle pencha vers le fan service, Gottferdom ! La fin expédiée laisse sur sa faim mais cette série nous aura tellement fait voyager qu'on passe l'éponge.
Athéna (BD Kids)
Cette série va être assez difficile à juger objectivement pour moi : je ne suis pas son public cible. Je n'ai jamais aimé les magazines et aventures "girlies" comme celui d'où semble provenir cette série, et j'ai depuis longtemps passé l'âge des histoires d'école primaire et de collège. Pourtant, je sais reconnaitre qu'ici, même si je n'ai pas été transcendée, tout n'est pas à jeter (loin de là). L'humour ne m'a pas fait rire, mais j'avoue que quelques dialogues m'ont fait sourire et que les personnages, bien que pas très complexes, restent un minimum attachants. Pour les grands enfants et jeunes adolescentes, cette série peut-être une lecture honnêtement sympathique. Pour le public plus âgé, même si les récits parlent moins, on peut quand-même noter la présence de plusieurs références de culture générale, principalement au tout début de la série (j'avoue avoir apprécié la référence à un célèbre poème de Joachim du Bellay). Le cadre mythologique est en réalité plus une excuse, un cadre mi-fantastique mi-quotidien choisi pour créer une série tranche de vie scolaire déjantée. Ici, les liens de parenté et les passés tragiques des personnages sont mélangés ou ignorés, quelques fois référencés pour le clin d'œil, mais on reste assez loin des versions les plus connus des mythes grecques (ou des autres mythologies visitées dans la série). Après, c'est sûr que devoir expliquer l'inceste et le viol a des enfants, surtout dans une série qui se veut ambiance sitcom et leçon de vie positive, ça aurait été probablement casse-gueule, c'est sûr. Je peux conseiller la lecture à un jeune lectorat, les adultes (mêmes celleux appréciant les lectures enfantines) peuvent sans doute passer leur chemin. (Note réelle 2,5)