Eric Corbeyran et Aurélien Morinière nous proposent avec cet album une "suite" à L'Homme Bouc qu'ils nous avaient proposée il y a 5 ans. Si je mets des guillemets à "suite", c'est qu'il peut très bien se lire indépendamment de L'Homme Bouc ; ce fut le cas pour moi. (Précision : si L'Homme Bouc était en noir et blanc, ce nouvel opus est colorisé.)
Le récit commence par l'étrange découverte d'un campement abandonné en pleine forêt par un jeune couple. Tout laisse à pensé qu'il était occupé très récemment, jusqu'au téléphone mobile qu'ils retrouvent près d'un feu de camp. Leur découverte tourne au cauchemar, quand, sur le retour, ils se font attaquer par une meute de bêtes sauvages. La jeune femme est quasi dévorée devant le yeux de son compagnon qui parviendra miraculeusement à s'enfuir... Gaëlle Démeter est chargée de l'enquête et va s'adjoindre les services d'une ancienne compagne, Blanche, qui est shamane.
L'ésotérisme pointe alors subrepticement son nez, pour s'imposer tambours battants au fil des chapitres.
Les amateurs du genre ne pourront bouder leur plaisir, c'est bien construit et raconté, servi par un dessin d'Aurélien Morinière qui jongle parfaitement entre réalisme et fantastique, lui laissant le loisir de nous en mettre plein la vue avec de magnifiques pleines pages et double page. Si c'est dans sa représentation de la nature qu'il excelle, décors et personnages ne sont pas en reste et nous donnent à lire un album très réussi.
Classique mais bien revisité, ce thriller fantastique fait plus que le job !
Avec cette BD, Nury et Brüno s'essaieraient presque à faire du Burns, ce qui n'est pas pour me déplaire. Mais ce ne sont que des promesses pour l'instant et il faudra attendre la suite pour véritablement juger de l'ensemble.
En tout cas, les bases sont là, le livre est très prenant, les dessins de Brüno sont toujours aussi superbes et le scénario, très solide, est ultra intriguant, à tiroirs et propose donc différentes grilles de lecture.
Malgré son imposante pagination, le livre se révèle assez frustrant car se résume à une profonde mise en place de l'intrigue, une mise en bouche donc qui attise notre appétit!
Le parallèle avec la vie et l'oeuvre de L. Ron Hubbard est évident.
Ou cela va-t-il emmener nos deux auteurs?
Je brule d'impatience!
Vite la suite!!!
L’Italie est décidément encore loin d’avoir livré tous ses secrets en matière de 9e Art. Chaque année apporte son lot de talent. Cette année, c’est donc au tour de Michele Peroncini de signer là, en même temps que sa toute première BD, un coup de maître. Ou peu s’en faut…
Le scénario est tranquille. Il s’étire, prend le temps du soleil d’Italie. Tout au long de ma lecture, on relève un parallèle flagrant avec le cinéma. On songe indistinctement à Visconti ou Antonioni pour l’aspect parfois très onirique où les scènes de rêves se mêlent étroitement à la réalité. L’ambiance générale rappelle celle des films de Risi, populaire. On songe aussi à Benigni ou Moretti pour l’humour et les dialogues aux petits oignons frais. Oui, c’est tout à fait ça : Les mouvements célestes est baigné dans la comédie italienne des sixties. Peroncini en outre, nous offre des personnages truculents à travers ce trio déjanté. Mais tous les personnages sont bons. Ajoutons que l’humour est bien présent (d’où la comédie italienne).
Et puis, n’est-ce pas l’auteur lui-même qui se représente sous les traits de Gian ?...
Mais c’est surtout le dessin qui m’a renversé. C’est un régal du début à la fin. Le trait est à la fois délié et très précis. Le travail sur la couleur se distingue de manière notable pour sa très grande qualité. Chaque page ou presque apporte sa petite surprise : effet de couleur, jeu de lumière…
J’ai lu cette BD d’une traite, est seules les vingt dernières pages m’ont un peu laissé perplexe, au moment où le récit part dans le fantastique hallucinatoire. Quant à la toute fin, j’avoue ne pas avoir tout compris. Mais qu’importe ! Cette lecture a été un tel plaisir que je ne peux que mettre un coup de cœur. J’ai éprouvé la même voracité que lors de ma découverte de Pierre-Oliver Gomont, à qui au passage Peroncini peut être comparé en ce qui concerne le dynamisme du récit. Une très bonne surprise !
Décidément, le dessin de Singelin a bien évolué depuis que je l’avais découvert sur King David. J’avais déjà remarqué ce nouveau style sur P.T.S.D.. Et, avec ce « Frontier », je me fais les mêmes remarques. A savoir que certains aspects de ce dessin ne sont pas mon truc, qu’a priori je n’en suis pas fan. Mais que rapidement je l’apprécie et le trouve globalement très agréable et fluide. C’est aussi que j’aime vraiment beaucoup la colorisation.
L’album est épais, et prend le temps de développer l’intrigue – même si finalement elle n’est pas si étoffée que ça – et surtout les personnages et tout ce qui peut les lier.
D’ailleurs, même si on est dans de la SF pure, que l’intrigue se déroule dans l’espace, sur des stations spatiales ou sur certaines planètes, tout est centré sur les personnages, tout le reste ne constituant que des décors autour de leurs relations, du cheminement de leurs personnalités.
La narration est fluide, et l’histoire plutôt agréable à suivre. Même si une nouvelle fois Singelin nous amène à un happy-end rassérénant, il prend le temps d’amener ça en douceur, sans que ce soit trop artificiel. On peut quand même trouver que l’évolution des personnages manque de soubresauts, que tout est peut-être un chouia trop « évident ». Mais les personnages sont attachants, et l’histoire plaisante. La lecture l’est tout autant.
Les Humanoïdes Associés publient en même temps deux BD muettes qui, très différentes l’une de l’autre, se révèlent toutes deux intrigantes et originales. Même si j’ai clairement été davantage touché par Cometa, j’ai quand même plutôt apprécié cet album.
J’ai toutefois été dérouté par la construction des planches, qui m’a parfois un peu gêné, ne sachant pas toujours comment lire ces multiples petites cases. Mais globalement ça passe, et je dirais même que ça donne un certain charme à l’ensemble.
L’histoire est à la fois simple et déroutante. J’ai en particulier bien aimé la fin, qui donne à l’intrigue un air de cycle qui recommence, mais aussi une sorte de parenthèse enchantée, dans un univers finalement post-apocalypse. La rencontre de cette astronaute envoyée en dernier recours – suite à un tirage au sort – vers l’espace lointain, pour trouver une hypothétique solution aux malheurs de la Terre, et d'un étrange Robot géant, reste énigmatique (avec sur la fin une explosion de fleurs – aux allures de boulons – inexpliquée), cela peut être un rêve ou la réalité, peu importe : seul importe le voyage, la rencontre.
Une histoire que les lecteurs peuvent interpréter diversement je pense, mais dont la lecture est plutôt agréable.
Je serais bien en peine de faire un résumé clair de cette histoire, entièrement muette et finalement très vite lue. Tout ceci peut évidemment dérouter certains lecteurs, peut-être en repousser d’autres, je ne sais pas.
Mais moi, c’est tout à fait le genre de choses qui me plaisent. Je rangerais cet album dans la même catégorie que le plutôt récent Tremen. Cometa est publié par les Humanos, et c’est comme une évidence, tant ce type de récit, certaines des péripéties, l’esthétique un peu aussi, rappellent ce qu’ils publiaient dans les années 1970/1980. Quelques images ou idées m’ont fait penser à Moebius, ou au Bilal de cette époque en tout cas.
Le dessin use d’un trait très réaliste et classique, assez fin, et le Noir et Blanc est impeccable. C’est à la fois épuré pour certains décors, et minutieux pour certains détails.
Un récit onirique, poétique, avec quelques touches violentes, inquiétantes, un peu d’absurde. Et un étrange merveilleux qui accompagne notre voyageur. Elie Huault (dont il semble que ce soit le premier album publié) possède un très grand talent graphique. Mais aussi une belle imagination.
Une chouette lecture en tout cas.
Bon, à première vue je ne serais jamais allée vers cette série, les couvertures me faisaient penser à une sorte d'ecchi visant clairement un public masculin (notamment à cause de la couverture du tome 4), mais à la vue du nom de l'autrice, Kuzushiro, qui a également écrit The Moon on a Rainy Night (que je me souviens avoir apprécié il y a plusieurs années), j'ai décidé de donner sa chance à cette histoire.
Bonne pioche ? Mauvaise pioche ? Hmm, mitigée mais malheureusement je pense dire que cela a été une mauvaise pioche pour moi.
L'histoire est prometteuse : on suit une mangaka durant sa vie de tous les jours, et plus précisément sa vie professionnelle (les délais à respecter, les cahiers des charges à suivre, les rencontre avec tous les représentant-e-s de la chaîne de production, l'entente avec ses assistantes, tout y passe). Le petit twist ? Notre mangaka a l'esprit mal placée et interprète presque toutes ses interactions professionnelles sous l'angle de la relation amoureuse (voire sexuelle), en particulier dans sa relation avec son éditrice. Le twist (bis) ? L'éditrice en question visualise également leur relation professionnelle comme étant intime et romantique (il semble même rapidement sous entendu qu'elle éprouve de réels sentiments amoureux).
Un mélange entre un documentaire sur le quotidien d'un-e mangaka et une histoire romantique dans un cadre de travail c'est prometteur. Le hic, c'est que j'ai malheureusement trouvé que le résultat n'était pas à la hauteur du potentiel.
Premier défaut, sans doute personnel : j'ai trouvé que la volonté de retranscrire de manière très précise et documentée le travail d'un-e mangaka professionel-le et l'histoire d'amour délirante se mélangent en réalité assez mal. Cela se joue sans doute à peu de choses, mais ici j'ai vraiment trouvé que les deux directions se nuisaient mutuellement : certains passages m'ont fait dire que le tout aurait mérité d'être plus sérieux, alors que d'autres m'ont fait dire qu'au contraire il aurait fallu pousser le délire plus loin. Après, avoir le cul entre deux chaises (pour citer ma mamie), ce n'est pas une faute impardonnable, c'est juste dommage.
Sur la romance, justement, je tenais à dire que je l'ai trouvé... décevante. Quasi-absente serait sans doute le mot qui conviendrait le mieux. C'est un yuri, donc même si l'album viserait un public masculin je m'attend tout de même à un traitement minimum des sentiments amoureux, mais ici le tout fait très... timide. En fait les allusions romantiques (et sexuelles...) répétées de la mangaka sont constamment traitées comme des blagues et mis à part les trop rares passages où l'on montre son éditrice éprouver un attachement pour elle nous ne voyons pas vraiment de sentiments forts entre elles deux (si ce n'est leur sincère attachement en tant que collègues qui se respectent). Un peu dommage quand je m'étais lancé dans cette série spécifiquement pour trouver une romance (j'ai pourtant souvenir que The Moon on a Rainy Night parlait clairement de romance...). Bon, la présentation détaillée de la chaîne de production d'un manga au Japon reste intéressant.
Défaut spécifique à la version française enfin : l'une des assistantes de la mangaka la vouvoie. Bon, jusque là rien de grave, mais la mangaka, elle, la tutoie. Cela ne semble rien, je sais que cela existe des gens qui ne se parlent pas sur un même registre, mais vu comme elles travaillent avec complicité et qu'on montre dès le début qu'elles se connaissent bien, cela m'a semblé bizarre dès le premier chapitre. Alors, quand on nous révèle plus tard que l'assistante est en fait la petite sœur d'une des amies de lycée de la mangaka (amie qu'elle tutoie et qui la tutoie, d'ailleurs), cela semble encore plus bizarre. Je ne sais pas, cela m'a semblé être un choix de traduction hasardeux, cela créé une distance entre deux personnages que la mise en scène montre clairement très complices.
Bon, malgré tous les reproches que j'ai à donner à cette série, je ne la rejette pas complètement non plus. Certes la romance mise en arrière plan m'a déçue, certes le design moe des personnages ne m'a absolument pas parlé, certes je ne me suis pas vraiment attachée aux personnages, ... Oui, bon, je lui reproche quand-même beaucoup de choses, mais je reconnais ne pas avoir été son public cible (en tout cas je n'ai pas été touchée par ce que voulait écrire Kuzushiro). Encore une fois, la présentation du quotidien d'un-e mangaka est intéressant à lire et il y a même quelques scènes qui arrivent à montrer un bon potentiel comique (je pense notamment aux répliques souvent absurdement sérieuses et emphatiques de la collègue/rivale/squatteuse alcoolique de notre mangaka principale). C'est juste dommage que ce potentiel comique ne parvienne pas à pleinement faire ses preuves et parasite quelques fois malgré lui les moments un peu plus sérieux.
L'autrice s'est très probablement inspirée d'anecdotes de sa vie pour écrire cette série, ce qui rend d'ailleurs certaines répliques amusantes comme celle où la mangaka réfléchi à un projet de nouvelle série et pense à un projet sur la langue des signes qui lui aurait été inspiré par un membre de sa famille atteint de surdité (comme dans The Moon on a Rainy Night).
Bref, une série pas inintéressante à proprement parler mais qui n'a pas réussie à m'atteindre.
(Note réelle 2,5)
Romance et gastronomie, émancipation et féminisme, amitié et famille trouvée, … Cette série mêle des thèmes très intéressants et le résultat final est bon (j'étais à ça de dire "savoureux", sachez-le).
C'est une histoire d'amour entre deux voisines, ayant toutes deux créé un lien un soir par hasard. L'une est passionnée de cuisine mais mange peu, l'autre est une grande mangeuse mais ne sait pas cuisiner, leur complémentarité parait évidente. Pourtant, les deux sont assez différentes : l'une est une petite personnalité sur les réseaux sociaux, est toujours vive et souriante, l'autre est une simple aide de magasin, est plus taciturne. Toutes deux se retrouvent tout de même sur certains points, l'amour de la nourriture déjà, mais également le sentiment d'ostracisation créé par les attentes familiales et le reste de la société japonaise extrêmement patriarcale.
Oui, contre toute attente, au milieu de cette ode à la romance simple et la gastronomie faite maison se cache également un propos très intéressants sur les conséquences des injonctions patriarcales sur les femmes. Une femme se doit d'être jolie pour les hommes, une femme se doit de savoir cuisiner pour son mari, une femme se doit de ne pas beaucoup manger pour rester mince et désirable, une femme se doit de trouver un petit-ami, et non une petite-amie. Or, problème, aucune de nos deux protagoniste ne parvient à rentrer dans les carcans que la société attend d'elles : l'une refuse de se priver (tant en ce qui concerne la nourriture que la liberté de choisir sa voie), l'autre ne peut pas trouver l'amour aussi facilement que les autres (non seulement elle est lesbienne mais elle découvre également qu'elle est asexuelle, or la société contemporaine est non-seulement hétéro-centrée mais également extrêmement portée sur la sexualité). Autour d'elles, d'ailleurs, deux autres personnages féminins vont également s'ajouter, et elles aussi ne rentrent pas non plus dans les carcan : l'une est elle aussi lesbienne et asexuelle (en plus d'être très engagée sur le féminisme), l'autre souffre de troubles alimentaires.
C'est une série adorable. Je ne m'attendais pas à autant l'apprécier, et pourtant plus ma lecture avançait et plus j'ai été charmée. Les personnages sont sincèrement attachants, leur romance est simple et crédible, son évolution est fluide. C'est du bon.
J'ai particulièrement apprécié ce sentiment de réalisme qui accompagne le récit. Les personnages ne sont pas parfait, on ne glisse pas sous le tapis des éléments de la vie de tous les jours par peur de perte de glamour, on nous parle donc de règles, de problèmes d'argents, de problèmes familiaux, des relations qui se créent, … Même le sujet de l'homosexualité est traité avec beaucoup de sérieux, on n'oublie pas les difficultés que cela cause dans une société comme celle du Japon et on traite même le sujet de la diversité au sein-même des minorités romantiques, sexuelles et de genre (en tant que concernée je suis toujours contente de voir ce sujet traité avec soin).
La série est belle et a réussi à me toucher le cœur en plus de l'estomac. Bien sûr que je la recommande.
Flavor Girls, c'est une recette classique faites avec beaucoup d'amour : des magicals girls sur le thème des fruits et des légumes, une invasion alien avec des designs façon Super Sentaï, une planète ravagée, un climat post-apocalyptique et des héroïnes qui n'oublient pas de déconner entre deux moments de tensions.
Le récit est exactement tel que ce résumé peut vous le laisser entendre, c'est un délire constant d'actions explosives et de couleurs bariolées. Le récit alterne entre les moments légers et les moments lourds (notamment dans les flashbacks de la catastrophe), on sent un grand amour pour les séries de Magical Girls (et autres histoires délirantes du même genre) tout du long et l'histoire est traitée avec tout le sérieux et la légèreté qu'on s'attendrait.
Les dessins de Loic Locatelli sont, comme à son habitude, très beaux. Il a un style très inspiré manga (parfait dans le contexte) et n'hésite pas à jouer sur les déformations pour souligner le mouvement, l'action et les effets comiques (choix artistique qui ne fait pas forcément l'unanimité mais pour lequel j'ai un faible). Ici, il met de la couleur, beaucoup de couleur, encore plus de couleur qu'à son habitude. Les cases sont de véritables bonbons visuels, je frôle l'hyperglycémie mais j'en redemande volontiers.
Pour l'instant il ne s'agit que d'un premier tome mais l'on aperçoit déjà beaucoup de qualité dans ce début. C'est une histoire simple dans sa forme, très agréable à lire, mais qui sait déjà nous montrer que son fond lui est sérieux. Délirant mais traité avec sérieux.
L'histoire est on ne peut plus prometteuse et je sais déjà que je suivrais cette série dès la sortie des prochains tomes. En tout cas, chose rare, j'ai un coup de cœur dès le premier tome.
(Note réelle 3,5)
Je découvre cette nouvelle collection avec cet opus. Le format est court, mais permet d’informer et d’entretenir un débat salutaire sur des sujets de société. Ici, le dessinateur de presse et « l’esprit Charlie » (né et « médiatisé » après les attentats ayant ensanglanté la rédaction de Charlie Hebdo en janvier 2015). C’est à l’occasion du dixième anniversaire de ces attentats qu’Aurel publie cet album.
Aurel est lui-même dessinateur de presse (je retrouve certains de ses dessins dans le Canard enchaîné par exemple) et il est donc rodé à la concision, au texte/dessin qui fait mouche, à la fois polysémique et coup de poing.
Ici, en 32 pages, je trouve qu’il réussit à bien montrer les causes de la précarité des dessinateurs de presse, mais aussi à dénoncer ceux qui, de l’extrême droite à une certaine gauche (il insiste surtout sur ces derniers) trahissent le prétendu esprit Charlie et menacent la liberté d’expression.
Ça se lit vite, mais très bien, c’est instructif et stimulant. Je lis cet album peu de temps après l’étude d’Erre et Terreur Graphique (Le Pouvoir de la satire), les deux lectures sont tout à fait complémentaires – et intéressantes.
Note réelle 3,5/5.
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L'Enfant démon
Eric Corbeyran et Aurélien Morinière nous proposent avec cet album une "suite" à L'Homme Bouc qu'ils nous avaient proposée il y a 5 ans. Si je mets des guillemets à "suite", c'est qu'il peut très bien se lire indépendamment de L'Homme Bouc ; ce fut le cas pour moi. (Précision : si L'Homme Bouc était en noir et blanc, ce nouvel opus est colorisé.) Le récit commence par l'étrange découverte d'un campement abandonné en pleine forêt par un jeune couple. Tout laisse à pensé qu'il était occupé très récemment, jusqu'au téléphone mobile qu'ils retrouvent près d'un feu de camp. Leur découverte tourne au cauchemar, quand, sur le retour, ils se font attaquer par une meute de bêtes sauvages. La jeune femme est quasi dévorée devant le yeux de son compagnon qui parviendra miraculeusement à s'enfuir... Gaëlle Démeter est chargée de l'enquête et va s'adjoindre les services d'une ancienne compagne, Blanche, qui est shamane. L'ésotérisme pointe alors subrepticement son nez, pour s'imposer tambours battants au fil des chapitres. Les amateurs du genre ne pourront bouder leur plaisir, c'est bien construit et raconté, servi par un dessin d'Aurélien Morinière qui jongle parfaitement entre réalisme et fantastique, lui laissant le loisir de nous en mettre plein la vue avec de magnifiques pleines pages et double page. Si c'est dans sa représentation de la nature qu'il excelle, décors et personnages ne sont pas en reste et nous donnent à lire un album très réussi. Classique mais bien revisité, ce thriller fantastique fait plus que le job !
Electric Miles
Avec cette BD, Nury et Brüno s'essaieraient presque à faire du Burns, ce qui n'est pas pour me déplaire. Mais ce ne sont que des promesses pour l'instant et il faudra attendre la suite pour véritablement juger de l'ensemble. En tout cas, les bases sont là, le livre est très prenant, les dessins de Brüno sont toujours aussi superbes et le scénario, très solide, est ultra intriguant, à tiroirs et propose donc différentes grilles de lecture. Malgré son imposante pagination, le livre se révèle assez frustrant car se résume à une profonde mise en place de l'intrigue, une mise en bouche donc qui attise notre appétit! Le parallèle avec la vie et l'oeuvre de L. Ron Hubbard est évident. Ou cela va-t-il emmener nos deux auteurs? Je brule d'impatience! Vite la suite!!!
Les Mouvements célestes
L’Italie est décidément encore loin d’avoir livré tous ses secrets en matière de 9e Art. Chaque année apporte son lot de talent. Cette année, c’est donc au tour de Michele Peroncini de signer là, en même temps que sa toute première BD, un coup de maître. Ou peu s’en faut… Le scénario est tranquille. Il s’étire, prend le temps du soleil d’Italie. Tout au long de ma lecture, on relève un parallèle flagrant avec le cinéma. On songe indistinctement à Visconti ou Antonioni pour l’aspect parfois très onirique où les scènes de rêves se mêlent étroitement à la réalité. L’ambiance générale rappelle celle des films de Risi, populaire. On songe aussi à Benigni ou Moretti pour l’humour et les dialogues aux petits oignons frais. Oui, c’est tout à fait ça : Les mouvements célestes est baigné dans la comédie italienne des sixties. Peroncini en outre, nous offre des personnages truculents à travers ce trio déjanté. Mais tous les personnages sont bons. Ajoutons que l’humour est bien présent (d’où la comédie italienne). Et puis, n’est-ce pas l’auteur lui-même qui se représente sous les traits de Gian ?... Mais c’est surtout le dessin qui m’a renversé. C’est un régal du début à la fin. Le trait est à la fois délié et très précis. Le travail sur la couleur se distingue de manière notable pour sa très grande qualité. Chaque page ou presque apporte sa petite surprise : effet de couleur, jeu de lumière… J’ai lu cette BD d’une traite, est seules les vingt dernières pages m’ont un peu laissé perplexe, au moment où le récit part dans le fantastique hallucinatoire. Quant à la toute fin, j’avoue ne pas avoir tout compris. Mais qu’importe ! Cette lecture a été un tel plaisir que je ne peux que mettre un coup de cœur. J’ai éprouvé la même voracité que lors de ma découverte de Pierre-Oliver Gomont, à qui au passage Peroncini peut être comparé en ce qui concerne le dynamisme du récit. Une très bonne surprise !
Frontier
Décidément, le dessin de Singelin a bien évolué depuis que je l’avais découvert sur King David. J’avais déjà remarqué ce nouveau style sur P.T.S.D.. Et, avec ce « Frontier », je me fais les mêmes remarques. A savoir que certains aspects de ce dessin ne sont pas mon truc, qu’a priori je n’en suis pas fan. Mais que rapidement je l’apprécie et le trouve globalement très agréable et fluide. C’est aussi que j’aime vraiment beaucoup la colorisation. L’album est épais, et prend le temps de développer l’intrigue – même si finalement elle n’est pas si étoffée que ça – et surtout les personnages et tout ce qui peut les lier. D’ailleurs, même si on est dans de la SF pure, que l’intrigue se déroule dans l’espace, sur des stations spatiales ou sur certaines planètes, tout est centré sur les personnages, tout le reste ne constituant que des décors autour de leurs relations, du cheminement de leurs personnalités. La narration est fluide, et l’histoire plutôt agréable à suivre. Même si une nouvelle fois Singelin nous amène à un happy-end rassérénant, il prend le temps d’amener ça en douceur, sans que ce soit trop artificiel. On peut quand même trouver que l’évolution des personnages manque de soubresauts, que tout est peut-être un chouia trop « évident ». Mais les personnages sont attachants, et l’histoire plaisante. La lecture l’est tout autant.
Hedra
Les Humanoïdes Associés publient en même temps deux BD muettes qui, très différentes l’une de l’autre, se révèlent toutes deux intrigantes et originales. Même si j’ai clairement été davantage touché par Cometa, j’ai quand même plutôt apprécié cet album. J’ai toutefois été dérouté par la construction des planches, qui m’a parfois un peu gêné, ne sachant pas toujours comment lire ces multiples petites cases. Mais globalement ça passe, et je dirais même que ça donne un certain charme à l’ensemble. L’histoire est à la fois simple et déroutante. J’ai en particulier bien aimé la fin, qui donne à l’intrigue un air de cycle qui recommence, mais aussi une sorte de parenthèse enchantée, dans un univers finalement post-apocalypse. La rencontre de cette astronaute envoyée en dernier recours – suite à un tirage au sort – vers l’espace lointain, pour trouver une hypothétique solution aux malheurs de la Terre, et d'un étrange Robot géant, reste énigmatique (avec sur la fin une explosion de fleurs – aux allures de boulons – inexpliquée), cela peut être un rêve ou la réalité, peu importe : seul importe le voyage, la rencontre. Une histoire que les lecteurs peuvent interpréter diversement je pense, mais dont la lecture est plutôt agréable.
Cometa
Je serais bien en peine de faire un résumé clair de cette histoire, entièrement muette et finalement très vite lue. Tout ceci peut évidemment dérouter certains lecteurs, peut-être en repousser d’autres, je ne sais pas. Mais moi, c’est tout à fait le genre de choses qui me plaisent. Je rangerais cet album dans la même catégorie que le plutôt récent Tremen. Cometa est publié par les Humanos, et c’est comme une évidence, tant ce type de récit, certaines des péripéties, l’esthétique un peu aussi, rappellent ce qu’ils publiaient dans les années 1970/1980. Quelques images ou idées m’ont fait penser à Moebius, ou au Bilal de cette époque en tout cas. Le dessin use d’un trait très réaliste et classique, assez fin, et le Noir et Blanc est impeccable. C’est à la fois épuré pour certains décors, et minutieux pour certains détails. Un récit onirique, poétique, avec quelques touches violentes, inquiétantes, un peu d’absurde. Et un étrange merveilleux qui accompagne notre voyageur. Elie Huault (dont il semble que ce soit le premier album publié) possède un très grand talent graphique. Mais aussi une belle imagination. Une chouette lecture en tout cas.
Ici, on a toujours une raison de sourire
Bon, à première vue je ne serais jamais allée vers cette série, les couvertures me faisaient penser à une sorte d'ecchi visant clairement un public masculin (notamment à cause de la couverture du tome 4), mais à la vue du nom de l'autrice, Kuzushiro, qui a également écrit The Moon on a Rainy Night (que je me souviens avoir apprécié il y a plusieurs années), j'ai décidé de donner sa chance à cette histoire. Bonne pioche ? Mauvaise pioche ? Hmm, mitigée mais malheureusement je pense dire que cela a été une mauvaise pioche pour moi. L'histoire est prometteuse : on suit une mangaka durant sa vie de tous les jours, et plus précisément sa vie professionnelle (les délais à respecter, les cahiers des charges à suivre, les rencontre avec tous les représentant-e-s de la chaîne de production, l'entente avec ses assistantes, tout y passe). Le petit twist ? Notre mangaka a l'esprit mal placée et interprète presque toutes ses interactions professionnelles sous l'angle de la relation amoureuse (voire sexuelle), en particulier dans sa relation avec son éditrice. Le twist (bis) ? L'éditrice en question visualise également leur relation professionnelle comme étant intime et romantique (il semble même rapidement sous entendu qu'elle éprouve de réels sentiments amoureux). Un mélange entre un documentaire sur le quotidien d'un-e mangaka et une histoire romantique dans un cadre de travail c'est prometteur. Le hic, c'est que j'ai malheureusement trouvé que le résultat n'était pas à la hauteur du potentiel. Premier défaut, sans doute personnel : j'ai trouvé que la volonté de retranscrire de manière très précise et documentée le travail d'un-e mangaka professionel-le et l'histoire d'amour délirante se mélangent en réalité assez mal. Cela se joue sans doute à peu de choses, mais ici j'ai vraiment trouvé que les deux directions se nuisaient mutuellement : certains passages m'ont fait dire que le tout aurait mérité d'être plus sérieux, alors que d'autres m'ont fait dire qu'au contraire il aurait fallu pousser le délire plus loin. Après, avoir le cul entre deux chaises (pour citer ma mamie), ce n'est pas une faute impardonnable, c'est juste dommage. Sur la romance, justement, je tenais à dire que je l'ai trouvé... décevante. Quasi-absente serait sans doute le mot qui conviendrait le mieux. C'est un yuri, donc même si l'album viserait un public masculin je m'attend tout de même à un traitement minimum des sentiments amoureux, mais ici le tout fait très... timide. En fait les allusions romantiques (et sexuelles...) répétées de la mangaka sont constamment traitées comme des blagues et mis à part les trop rares passages où l'on montre son éditrice éprouver un attachement pour elle nous ne voyons pas vraiment de sentiments forts entre elles deux (si ce n'est leur sincère attachement en tant que collègues qui se respectent). Un peu dommage quand je m'étais lancé dans cette série spécifiquement pour trouver une romance (j'ai pourtant souvenir que The Moon on a Rainy Night parlait clairement de romance...). Bon, la présentation détaillée de la chaîne de production d'un manga au Japon reste intéressant. Défaut spécifique à la version française enfin : l'une des assistantes de la mangaka la vouvoie. Bon, jusque là rien de grave, mais la mangaka, elle, la tutoie. Cela ne semble rien, je sais que cela existe des gens qui ne se parlent pas sur un même registre, mais vu comme elles travaillent avec complicité et qu'on montre dès le début qu'elles se connaissent bien, cela m'a semblé bizarre dès le premier chapitre. Alors, quand on nous révèle plus tard que l'assistante est en fait la petite sœur d'une des amies de lycée de la mangaka (amie qu'elle tutoie et qui la tutoie, d'ailleurs), cela semble encore plus bizarre. Je ne sais pas, cela m'a semblé être un choix de traduction hasardeux, cela créé une distance entre deux personnages que la mise en scène montre clairement très complices. Bon, malgré tous les reproches que j'ai à donner à cette série, je ne la rejette pas complètement non plus. Certes la romance mise en arrière plan m'a déçue, certes le design moe des personnages ne m'a absolument pas parlé, certes je ne me suis pas vraiment attachée aux personnages, ... Oui, bon, je lui reproche quand-même beaucoup de choses, mais je reconnais ne pas avoir été son public cible (en tout cas je n'ai pas été touchée par ce que voulait écrire Kuzushiro). Encore une fois, la présentation du quotidien d'un-e mangaka est intéressant à lire et il y a même quelques scènes qui arrivent à montrer un bon potentiel comique (je pense notamment aux répliques souvent absurdement sérieuses et emphatiques de la collègue/rivale/squatteuse alcoolique de notre mangaka principale). C'est juste dommage que ce potentiel comique ne parvienne pas à pleinement faire ses preuves et parasite quelques fois malgré lui les moments un peu plus sérieux. L'autrice s'est très probablement inspirée d'anecdotes de sa vie pour écrire cette série, ce qui rend d'ailleurs certaines répliques amusantes comme celle où la mangaka réfléchi à un projet de nouvelle série et pense à un projet sur la langue des signes qui lui aurait été inspiré par un membre de sa famille atteint de surdité (comme dans The Moon on a Rainy Night). Bref, une série pas inintéressante à proprement parler mais qui n'a pas réussie à m'atteindre. (Note réelle 2,5)
L'Amour est au menu
Romance et gastronomie, émancipation et féminisme, amitié et famille trouvée, … Cette série mêle des thèmes très intéressants et le résultat final est bon (j'étais à ça de dire "savoureux", sachez-le). C'est une histoire d'amour entre deux voisines, ayant toutes deux créé un lien un soir par hasard. L'une est passionnée de cuisine mais mange peu, l'autre est une grande mangeuse mais ne sait pas cuisiner, leur complémentarité parait évidente. Pourtant, les deux sont assez différentes : l'une est une petite personnalité sur les réseaux sociaux, est toujours vive et souriante, l'autre est une simple aide de magasin, est plus taciturne. Toutes deux se retrouvent tout de même sur certains points, l'amour de la nourriture déjà, mais également le sentiment d'ostracisation créé par les attentes familiales et le reste de la société japonaise extrêmement patriarcale. Oui, contre toute attente, au milieu de cette ode à la romance simple et la gastronomie faite maison se cache également un propos très intéressants sur les conséquences des injonctions patriarcales sur les femmes. Une femme se doit d'être jolie pour les hommes, une femme se doit de savoir cuisiner pour son mari, une femme se doit de ne pas beaucoup manger pour rester mince et désirable, une femme se doit de trouver un petit-ami, et non une petite-amie. Or, problème, aucune de nos deux protagoniste ne parvient à rentrer dans les carcans que la société attend d'elles : l'une refuse de se priver (tant en ce qui concerne la nourriture que la liberté de choisir sa voie), l'autre ne peut pas trouver l'amour aussi facilement que les autres (non seulement elle est lesbienne mais elle découvre également qu'elle est asexuelle, or la société contemporaine est non-seulement hétéro-centrée mais également extrêmement portée sur la sexualité). Autour d'elles, d'ailleurs, deux autres personnages féminins vont également s'ajouter, et elles aussi ne rentrent pas non plus dans les carcan : l'une est elle aussi lesbienne et asexuelle (en plus d'être très engagée sur le féminisme), l'autre souffre de troubles alimentaires. C'est une série adorable. Je ne m'attendais pas à autant l'apprécier, et pourtant plus ma lecture avançait et plus j'ai été charmée. Les personnages sont sincèrement attachants, leur romance est simple et crédible, son évolution est fluide. C'est du bon. J'ai particulièrement apprécié ce sentiment de réalisme qui accompagne le récit. Les personnages ne sont pas parfait, on ne glisse pas sous le tapis des éléments de la vie de tous les jours par peur de perte de glamour, on nous parle donc de règles, de problèmes d'argents, de problèmes familiaux, des relations qui se créent, … Même le sujet de l'homosexualité est traité avec beaucoup de sérieux, on n'oublie pas les difficultés que cela cause dans une société comme celle du Japon et on traite même le sujet de la diversité au sein-même des minorités romantiques, sexuelles et de genre (en tant que concernée je suis toujours contente de voir ce sujet traité avec soin). La série est belle et a réussi à me toucher le cœur en plus de l'estomac. Bien sûr que je la recommande.
Flavor Girls
Flavor Girls, c'est une recette classique faites avec beaucoup d'amour : des magicals girls sur le thème des fruits et des légumes, une invasion alien avec des designs façon Super Sentaï, une planète ravagée, un climat post-apocalyptique et des héroïnes qui n'oublient pas de déconner entre deux moments de tensions. Le récit est exactement tel que ce résumé peut vous le laisser entendre, c'est un délire constant d'actions explosives et de couleurs bariolées. Le récit alterne entre les moments légers et les moments lourds (notamment dans les flashbacks de la catastrophe), on sent un grand amour pour les séries de Magical Girls (et autres histoires délirantes du même genre) tout du long et l'histoire est traitée avec tout le sérieux et la légèreté qu'on s'attendrait. Les dessins de Loic Locatelli sont, comme à son habitude, très beaux. Il a un style très inspiré manga (parfait dans le contexte) et n'hésite pas à jouer sur les déformations pour souligner le mouvement, l'action et les effets comiques (choix artistique qui ne fait pas forcément l'unanimité mais pour lequel j'ai un faible). Ici, il met de la couleur, beaucoup de couleur, encore plus de couleur qu'à son habitude. Les cases sont de véritables bonbons visuels, je frôle l'hyperglycémie mais j'en redemande volontiers. Pour l'instant il ne s'agit que d'un premier tome mais l'on aperçoit déjà beaucoup de qualité dans ce début. C'est une histoire simple dans sa forme, très agréable à lire, mais qui sait déjà nous montrer que son fond lui est sérieux. Délirant mais traité avec sérieux. L'histoire est on ne peut plus prometteuse et je sais déjà que je suivrais cette série dès la sortie des prochains tomes. En tout cas, chose rare, j'ai un coup de cœur dès le premier tome. (Note réelle 3,5)
Charlie quand ça leur chante
Je découvre cette nouvelle collection avec cet opus. Le format est court, mais permet d’informer et d’entretenir un débat salutaire sur des sujets de société. Ici, le dessinateur de presse et « l’esprit Charlie » (né et « médiatisé » après les attentats ayant ensanglanté la rédaction de Charlie Hebdo en janvier 2015). C’est à l’occasion du dixième anniversaire de ces attentats qu’Aurel publie cet album. Aurel est lui-même dessinateur de presse (je retrouve certains de ses dessins dans le Canard enchaîné par exemple) et il est donc rodé à la concision, au texte/dessin qui fait mouche, à la fois polysémique et coup de poing. Ici, en 32 pages, je trouve qu’il réussit à bien montrer les causes de la précarité des dessinateurs de presse, mais aussi à dénoncer ceux qui, de l’extrême droite à une certaine gauche (il insiste surtout sur ces derniers) trahissent le prétendu esprit Charlie et menacent la liberté d’expression. Ça se lit vite, mais très bien, c’est instructif et stimulant. Je lis cet album peu de temps après l’étude d’Erre et Terreur Graphique (Le Pouvoir de la satire), les deux lectures sont tout à fait complémentaires – et intéressantes. Note réelle 3,5/5.