Ca partait sur de bonnes bases mais je trouve qu’au final la série a du mal à se trouver un ton. La faute sans doute au grand nombre de personnages présents dans ces trois tomes. Je pense en effet que si l’auteur s’était contenté de se centrer sur ses deux personnages principaux, son intrigue y aurait gagné en impact.
L’histoire se déroule dans un univers post-apocalyptique. La Terre est devenue un désert et l’ensemble de la planète, à commencer par la végétation et les animaux, s'est adaptée à cette situation (en fait, seuls les humains semblent être restés inchangés). Le premier tome se résume à une longue cavale dans laquelle Gordon et Alisa semblent chercher à fuir un même ennemi alors même qu’ils ne se connaissaient pas. La fin de ce premier tome et sa suite voient l’auteur étoffer son récit. Cela lui permet d’un peu plus développer son univers mais, du coup, on perd un peu de vue ce duo central au profit d’autres personnages tandis que l’intrigue elle-même change de cap. C’est étrange et peu convaincant, comme si Rokurou Ogaki avait changé d’idée en cours de route.
Heureusement, le final est plutôt bon et relativement surprenant pour ce genre de série. Ce qui me laisse sur une impression positive même si la déception est bien réelle.
Au niveau du ton, c’est très dynamique avec un humour assez basique et une héroïne plus souvent à poil qu’à son tour. C’est très ‘gratuit’, ce qui n’aurait pas été un problème si je n’avais eu cette impression désagréable que l’auteur avait cherché à faire plus qu’un simple divertissement.
Du coup, j’ai un peu le cul entre deux chaises : trop court pour vraiment développer une intrigue complexe mais pas assez centré sur les personnages principaux pour que ceux-ci explosent l’écran.
Sinon, très clairement, la gastronomie n’est qu’un détail dans ce récit, et bien plus un prétexte pour des scènes humoristiques ou pour accentuer l’étrangeté de cet univers qu’une véritable thématique.
Entre le bof et le pas mal, mon cœur balance…
L'immigration clandestine est un gros problème, c'est donc normal de voir plusieurs BD portant sur ce sujet.
Sauf qu'à force de lire des histoires sur les mêmes sujets (l'immigration clandestine, la première guerre mondiale, la shoah, la guerre d'Algérie...), j'ai l'impression de devenir un peu blasé et de plus rien ressentir face à la détresse de personnages fictifs que vivent des situations que des milliers voire des millions de gens dans la vie réelle.
Il faut dire aussi qu'après avoir lu L'Odyssée d'Hakim qui est jusqu'à présent la BD la plus complète sur le sujet, toutes les autres séries sur l'immigration me semblent moyennes. Comme le dit Mac Arthur, tout va très vite dans cette BD au point où c'est un peu dur de ressentir quelque chose pour les personnages. Comme tout est montré de manière rapide et un peu simpliste, on dirait un album dont le public cible est les jeunes ou du moins quelqu'un qui n'aurait pas envie de lire plus qu'une centaine de pages en BD sur ce sujet.
Il reste quand même des passages intéressants, notamment en ce qui concerne la situation en Afghanistan au moment où la BD a été fait et malheureusement c'est devenu pire depuis. Mais la plupart du temps cela reste une suite de scènes montrant des situations que j'avais déjà vues avant dans des récits plus mémorables.
Je débute mon incursion dans cette collection par Gueule d’argile aka « Clayface » en VO, une collection intéressante dans son concept : un vilain, une équipe d’auteurs différents à chaque fois. Donc il y a à boire et à manger, autant le dire d’emblée certains albums ne m’intéressent pas du tout, j’ai été attiré par le dessin de Xermanico qui je trouve sort un peu des sentiers battus dans l’univers des comics, lui trouvant des aspects plus européens, ça ressemble davantage à une BD de chez nous je trouve.
Donc verdict : sans avoir trouvé cela époustouflant, j’ai passé un bon moment, c’est bien coloré, dynamique, avec certains dessins généreux en pleine page voir en double. Vraiment très sympa.
Un peu moins emballé par le scénario auquel je trouve néanmoins beaucoup de qualité. Ne connaissant le personnage qu’à travers la série animée de mon enfance, Batman the animated series (et le jouet également ^^ ), j’en gardais un souvenir assez semblable au portrait proposé ici : celui d’un psychopathe malade mental qui s’invente une vie tragique pour justifier ses crimes. Le ton ici est résolument plus glauque voir gore avec un Clayface qui élimine salement ceux qui lui barrent la route vers son ascension hollywoodienne qu’il pense être destiné. Donc c’est bien sympa mais les auteurs ne proposent rien de nouveau sur le personnage qui retombe bien vite dans ses travers. Aussi, l’apparition de Batman pile au bon moment fait un peu un effet deus ex machina, « oh bah ça alors ! Batman qui fait son apparition au moment où Clayface part en définitivement en vrille dans une soirée mondaine se déroulant dans une ville à des centaines de kilomètres de Gotham ! Bah dis-donc, le monde est petit ».
C'est difficile de noter un ouvrage comme celui-ci (et comme Catharsis d'ailleurs). C'est un ouvrage plein d'émotions, bien sur, dans lequel on se rend compte de l'impact et l'ampleur des attentats de 2015. Ce sont des BD chargées en émotions (et qui rappelle l'impact des attentats sur les victimes, comme dans Après le 13 novembre), mais qui sont aussi des comptes-rendus de la vie dans un journal satirique, son intégration dans la rédaction et les valeurs que celui-ci véhiculait.
Il est difficile de critiquer un tel ouvrage : c'est de l'ordre du ressenti, avec également une importance que chacun aura ou non de l'information sur Charlie Hebdo que la BD véhicule. Ainsi que l'autobiographie de l'autrice qui raconte la façon dont elle y est rentrée et comment cet évènement fut difficile à surmonter (on la comprend). Personnellement j'ai bien aimé, surtout lorsque Coco présente son premier reportage et le rappel de ce que fut Charlie Hebdo dans le paysage médiatique de ces années-là : une voix dissonante et méchante, contre une bêtise crasse.
La BD est un mélange du style visuel de Coco, avec des aquarelles et des ombres énormes qui parsèment les pages, métaphore de son étouffement et de ses angoisses. C'est visuel, comme l'a fait Luz d'ailleurs, mais c'est fluide et lisible. Pour ceux qui s'attendrait à des difficultés puisque le passage de la caricature à la BD n'est pas forcément simple, soyez rassuré, c'est bel et bien un objet de BD qui est là.
Je n'ai pas grand chose à en dire, et en fait j'aime mieux ne pas trop me prononcer. Cette BD est personnelle, violente et difficile, mais en même temps un rappel salutaire d'à quel point l'obscurantisme doit être combattu tout le temps. Et que tout les censeurs, tout les conservateurs, tout les rétrogrades n'ont pas de fusils dans les mains, juste des mots. Heureusement, on a le rire !
XOXO est une histoire relativement simple sur le thème de l'amour et de la mort, mais dans l'univers cyberpunk de Night City autrement dit une vision désincarnée, désespérée et dérisoire de l'amour.
Le héros est un membre du gang des Maelstrom, ces dégénérés complètement cybernétisés que l'on croise dans le jeu Cyberpunk 2077. Et ce comics a justement la bonne idée de lui donner une personnalité, un passé, et des sentiments. Suite à une déception amoureuse, il a fait le choix extrême de se faire chromer à outrance, c'est-à-dire découper plusieurs de ses membres, organes et tout son visage pour les remplacer par des implants cybernétiques effrayants, comme tous les Maelstrom. Et c'est avec eux qu'il va participer à l'attaque du convoi d'un gang adverse au cours duquel il va rencontrer une fille des Mox dont il va tomber amoureux et qui va l'amener à tuer tous ses camarades pour s'enfuir avec elle. Sauf qu'évidemment à Night City il n'y a pas de romance heureuse... surtout quand le principal amoureux est dérangé du cerveau.
La grande force et originalité de ce comics de l'univers Cyberpunk 2077 réside dans son graphisme. C'est un beau dessin en couleurs directes et intenses. Dès la première page, on constate qu'il alterne des séquences réalistes avec des séquences cartoon issues de l'imaginaire du héros, marqué dans son enfance par un dessin animé de type Tex Avery. Animaux de dessin animé et gangers cyberpsycho de Night City se côtoient donc dans des planches éclatantes de couleurs et souvent de boyaux sanglants aussi. Visuellement, c'est attirant.
Au niveau de l'histoire maintenant, hormis l'intérêt de découvrir une âme et une histoire derrière la façade inhumaine d'un membre du Maelstrom, l'intrigue n'est pas des plus passionnantes. Malgré son grand nombre de pages, elle se résume assez vite et amène à une fin sans surprise.
Ce comics vaut donc pour son graphisme mais ce n'est pas son scénario qui marquera le lecteur.
Note : 2,5/5
Le cerveau ne voit pas, n'entend pas ne parle pas, ni ne pense.
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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre, plutôt une réflexion sur le sujet. Sa publication originale date de 2023. Il a été réalisé conjointement par Miguel Benasayag pour le livre original Cerveau augmenté, homme diminué (2016) et pour la discussion, avec Thierry Murat bédéiste qui en a réalisé cette adaptation, ou plutôt cette lecture commentée. Il s'agit d'un ouvrage en noir & blanc avec une teinte marron. Il comprend cent-quatre-vingt-deux pages de bande dessinée.
Un courriel du 21 juillet 2021 à 15h32 : Thierry indique à Miguel qu'il est en possession de son adresse mail. Les éditions Delcourt via les éditions La Découverte la lui ont gentiment communiquée, à la demande du philosophe. Il le remercie pour cette délicate attention, et lui propose de se parler un peu au téléphone, un de ces jours d'été afin de faire connaissance. Miguel lui répond un peu plus tard : il est très content de la proposition et indique qu'ils peuvent aussi se parler par Skype, un de ces prochains jours. Cela désole le bédéiste car il déteste Skype, il déteste tous ces moyens de communication où l'on est obligé de regarder bouger virtuellement les lèvres de son interlocuteur. Ça le stresse et il déteste le stress. Malgré tout il lui répond que ça lui va, et que l'application est installée sur la tablette de sa fille dont il lui communique l'adresse. S'en suivent quelques échanges. Thierry se souvient que chez Paul Auster, dans Cité de verre, c'est un faux numéro de téléphone qui déclenche tout. Là, c'est une véritable lettre qui est à l'origine de cette bande dessinée, celle que Thierry a adressée au philosophe pour adapter son livre.
Après des échanges téléphoniques, l'artiste met son projet en suspens quelques semaines car il est invité par l'alliance française en Colombie. Dans l'avion, n'arrivant pas à choisir dans la multitude de films à regarder, il repense au dilemme de l'âne idiot de Buridan. Finalement il s'endort. Rêver que l'on est en train de dormir, ou rêver que l'on est en train de rêver, est un état de conscience tout aussi vertigineux que l'étude de l'objet par l'objet lui-même. Depuis la nuit des temps, le cerveau humain observe, connaît, étudie, s'explique des choses, comprend… Mais à partir du XXIe siècle, grâce aux récentes avancées en imagerie médicale, en biochimie, en neurosciences, le cerveau humain en est arrivé au stade où il est devenu… son propre sujet d'étude. Cette auto-rencontre est une rupture anthropologique sans précédent, certainement la quatrième blessure narcissique de l'humanité. Les trois premières blessures narcissiques, infligées par la science à l'homme dans l'histoire de l'Occident, on le sait, furent douloureuses et le sont peut-être encore. La première déclenchée par Copernic et Galilée : non seulement la Terre n'est pas au centre de l'univers, sous le regard de plein d'amour paternel de Dieu, mais elle n'est qu'un simple caillou parmi tant d'autres, perdu dans l'infini intersidéral. La deuxième, causée par Darwin…
Au cours de la bande dessinée, le bédéiste indique que les éditeurs qualifient ce genre d'ouvrage d'Essai graphique, terme repris dans le texte de la quatrième de couverture. S'il lui prend l'envie de feuilleter l'ouvrage pour s'en faire une première idée, le lecteur découvre des illustrations disposées en case, à raison en moyenne de trois par page, avec des cartouches de texte plus ou moins copieux, une forme de bande dessinée, mais pas de narration séquentielle. S'il n'est pas a priori attiré par le sujet ou par l'auteur, il est possible qu'il en reste là, craignant une lecture fastidieuse, et peut-être intellectuelle dans le mauvais sens du terme. Sinon, il franchit le pas en pleine connaissance de cause, et il éprouve la surprise de d'une lecture agréable, même s'il ne s'agit pas effectivement d'une narration traditionnelle en bande dessinée. Le bédéiste aborde explicitement cette question au cours de l'ouvrage en disant : On s'imagine souvent que la bande dessinée doit formellement et absolument mettre en scène des bonshommes à gros nez, bavardant frénétiquement à grands coups de phylactère ovoïde… Il continue : Certains lecteurs auront alors été un peu déstabilisés à la lecture des premières pages du présent ouvrage, où il s'essaie librement à ce genre nouveau que les éditeurs, les libraires et les journalistes de la modernité ont baptisé : l'essai graphique. Il s'agit surtout, là aussi, de créer un monde pour inventer une forme narrative. Ne pas prendre le lecteur pour un âne. Ne pas se contenter de penser que l'on a trouvé ce qu'on cherche en illustrant un catéchisme savant… Ne pas se faire croire que le lecteur doit systématiquement être en position confortable. Chercher. Essayer… Oser surestimer ce qui se passe entre les cases, et y explorer cette temporalité alternative de la lecture que permet le médium Bande dessinée. Les idées visuelles enfermées dans des cases ne sont rien avant de prendre corps entre les mains du lecteur. Libre à lui d'en faire des points d'exclamation, d'interrogation, ou de suspension.
Seconde originalité dans cet ouvrage, Thierry Murat fait plus que simplement mettre en image le livre du philosophe franco-argentin : il en reprend la structure, les thèmes, la logique, et il évoque son dialogue avec l'auteur sur différents passages, sur certains questionnements, évoquant également la résonnance avec son quotidien ou ses propres choix. Ce parti pris constitue effectivement un prolongement de l'ouvrage initial, et le lecteur peut faire l'expérience de la rencontre entre ces deux auteurs, de leurs idées communes, exprimées chacun à leur manière. Ce principe est affiché dès les première pages dans lesquelles le bédéiste alterne des images de circuits imprimés schématisés, avec les paysages des Landes en mode semi-nocturne, alors qu'il conduit sa voiture, opposant ainsi le minéral du silicone au paysage ouvert des silhouettes d'arbres et des oiseaux dans le ciel. Dans le même temps, il évoque le processus laborieux de prise de contact directe avec le philosophe, et sa réticence à utiliser un logiciel de visioconférence. Les auteurs mettent en scène l'opposition entre l'artificialité du monde numérique et le vivant organique du réel. Enfin une première conversation téléphonique peut avoir lieu, puis Murat doit différer la réalisation de ce projet du fait de son départ pour la Colombie. Puis le dessinateur évoque le paradoxe de l'âne de Buridan (Jean Buridan, 1292-1363, philosophe français) : cette question philosophique est reprise par la suite sous un angle de logique, en évoquant Deep Blue, développé par IBM au début des années 1990, le logiciel qui a battu Gary Kasparov aux échecs en 1997.
Le lecteur se prend rapidement au jeu de la lecture : les échanges entre les deux auteurs qui reprennent le processus de création de l'adaptation et de la bande dessinée, induisant à la fois une forme légère de mise en abîme, une lecture personnelle de l’œuvre, une invitation à la prise de recul de la part du lecteur. Le titre annonce clairement le positionnement des auteurs sur le sujet : le point d'interrogation étant quasiment superflu. En effet, Murat annonce qu'il a abandonné l'usage de tous les réseaux sociaux, Benasayag insistant dès le début sur la comparaison erronée entre le fonctionnement d'une intelligence artificielle et celle du cerveau. Le titre de ses ouvrages parle d'eux-mêmes : La singularité du vivant (2017), Fonctionner ou exister (2018), La tyrannie des algorithmes (2019). Conscient du parti pris des auteurs, le lecteur relève plus facilement que tous les arguments contre le monde du numérique sont à charge. Il se rend compte des omissions sciemment effectuées ou de l'absence de mention des apports du numérique au sens large dans la vie quotidienne, ce qui ne diminue en rien le point de vue des auteurs. Dans cette forme unique, ils évoquent aussi bien les spécificités du fonctionnement organique du cerveau humain, que les techniques de captation de l'attention, le circuit de récompense de la dopamine, ou encore les conséquences des fonctions déléguées aux machines informatiques et aux algorithmes. Il s'agit donc d'une lecture active, se faisant tout naturellement, sans avoir besoin de s'arrêter pour réfléchir sciemment aux liens entre textes et images, au pourquoi du choix de telles illustrations.
L'artiste impressionne par son usage de silhouettes, d'icônes, de paysages naturels, de rapprochements visuels, de métaphores imagées. Il couvre tout le spectre de la représentation du dessin descriptif réaliste au symbole visuel, en passant par l'image conceptuelle à en être parfois abstraite si elle est prise hors de contexte de celle d'avant ou celle d'après (ce qui illustre le travail du cerveau pour identifier les schémas et produire du sens, ce qui se passe entre les cases), le facsimilé de bande dessinée humoristique (Les aventures de Thierry & Miguel), des dessins reproduisant des artefacts culturels comme un écran de Pac-Man, le tableau La Joconde, des affiches de réclame, des logos d'entreprise, d'autres œuvres d'art (une sculpture d'Alberto Giacometti, 1901-1966), des écrans d'ordinateur d'avant l'interface graphique, des kanjis, etc., pour une grande diversité graphique que ne laisse pas supposer un simple feuilletage préalable.
Cet exposé graphique s'avère fort riche dans son ensemble. Il fait appel à de nombreux éléments cultures, par exemple : La cité de verre (1987) de Paul Auster, Moby Dick (1851) d'Herman Melville (1819-1891), la notion d'apercetion de Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716), La grande vague de Kanagawa (environ 1830) de Katsushika Hokusai (1760-1849), la qualité des pensées que l'on a en marchant d'après Friedrich Nietzsche (1844-1900), Blade Runner (1982) de Ridley Scott, l'invention de l'imprimerie par Johannes Gutenberg (1400-1468), la fable du scorpion et de la grenouille de Lev Nitoburg (1899-1937), le corps sans organe d'Antonin Artaud (1896-1948), l'utilité de l'inutile développé par Tchouang Tseu (-369 à -288), l'autobiographie de Corto Maltese (Le désir d'être inutile) par Hugo Pratt (1927-1995), lé dégénérescence des utopies par Claude Shannon (1916-2001, mathématicien, un des fondateurs de la théorie de l'information) & Norbert Wiener (1894-1964, père fondateur de la cybernétique), Bug (2017-2022) d'Enki Bilal, la notion de biopouvoir développée par Michel Foucault (1926-1984), le petit Prince (1943) d'Antoine Saint Exupéry (1900-1944), etc. Les auteurs savent apporter les informations nécessaires pour que tous les lecteurs puissent comprendre ces références et leur rapport avec l'exposé. Ainsi le lecteur saisit aisément la différence fondamentale entre le fonctionnement du cerveau et une intelligence informatique (Tout le corps pense… Pas seulement le cerveau.), la réalité déjà présente du transhumanisme (l'impact de l'omniprésence de l'information disponible en permanence par exemple), le problème avec le progrès (on voit ce qu'on gagne, mais on ignore ce qu'on perd), l'avènement de la société normative (ce qui fonctionne ou ne fonctionne pas), le principe de mariage parfait qui unit aujourd'hui les technosciences et la macroéconomie néolibérale (deux formes d'une même dérégulation), etc.
Le titre indique clairement que les auteurs adoptent un point de vue partial sur la question, certainement pour compenser la généralisation et l'enthousiasme pour les technologies numériques sous toutes leurs formes. Malgré une apparence éloignée d'une bande dessinée traditionnelle, le lecteur se rend vite compte du confort de lecture, de l'intelligence de la mise en images, conçue sur mesure pour cet exposé graphique. Il apprécie les points de vue du philosophe grâce à la richesse des références, la clarté du propos, sans pour autant perdre son propre esprit critique. du grand art, de la réflexion très humaine.
Une BD qui parle de la grossophobie, mais qui est surtout l'autobiographie de la scénariste qui a vécu toute sa vie avec du surpoids.
Elle a donc eu droit aux problèmes que rencontrent les gens gros: les régimes ne marchent pas, peu d'estime de soi, les docteurs qui pensent que ses problèmes de santé sont dus uniquement à son poids....C'est sympathique à lire, mais j'ai eu l'impression que les thèmes auraient pu être plus approfondis.
Il faut dire aussi que je pensais que c'était un documentaire. Il y a un peu de ça dans l'album, mais cela reste surtout de l'autobiographie. Ayant un peu de surpoids, je peux compatir avec la scénariste, surtout que c'est pire pour les femmes, mais cela ne suffit pas à faire une BD captivante à lire. Tout va vite et on dirait plus une introduction à la problématique de la grossophobie. J'imagine qu'il faudra que je trouve un autre livre qui parle plus en profondeur du sujet.
Un one-shot sympathique, mais qui ne m'a pas trop marqué.
Dans une région rurale du Québec, il y a une légende qui dit que si un lac est enflammé, le feu transforme tout en or. Lorsque le lac en question se retrouve enflammé, un groupe d'adolescents décide d'aller tester si la légende est vraie.
Le ton du récit est juste avec ses ados qui parlent exactement comme moi et mes amis parlaient durant l'adolescence. Les actions des personnages sont très réalistes avec notamment les deux gars un peu cons qui aiment faire les 400 coups, ce qui va finir par apporter une tragédie....C'est dangereux d'être un jeune casse-cou.
Malheureusement, le scénario est au final un peu trop convenu pour être mémorable. Ce qui n'aide pas est que le scénario se termine un peu abruptement. On dirait qu'on a juste vu la première moitié du récit et je ne suis pas certain des intentions de l'autrice.
Sinon, le dessin est bien maitrisé et j'espère que l'autrice va avoir une longue carrière parce qu'elle a un certain talent.
Si la série a subit re-formatage, passant du thriller noir aux aventures d'un choucas globe trotteur, le dessin de Lax n'en demeure pas moins authentique avec des couleurs moins funestes, en accord avec ce nouveau format. Malgré un décor qui change, notre principal protagoniste reste fidèle à lui même et le plaisir de le retrouver dans de nouvelles aventures est au rendez-vous.
Après la réussite, ou plutôt, l'immense succès de son dernier album (L'Aigle sans orteils) on dirait que Lax a voulu mélanger deux genres, deux bd qui ont très bien fonctionné indépendamment l'une de l'autre : L'Aigle sans orteils & Le Choucas, donnant lieu à cette petite série, qui n'a pas rencontré le succès de ses deux génitrices. Et pour cause, le scénario de ce premier opus ("trekking payant") est bien loin de ce à quoi il nous avait habitué, l'enquête n'est qu'un prétexte destinée à justifier un voyage et la découverte d'un pays et sa culture. Dés le début du récit le choucas n'y croit pas, la mission qu'on lui a confiée a peu de chance d'être résolue mais n'ayant rien d'autre de prévu il se lance tout de même dans cette aventure. Le récit est long, ponctué de rencontres diverses et variées lié à ce nouvel environnement mais n'aidant pas à la résolution de l'enquête. J'ai trouvé toutes ces "rencontres", du moins la plupart, hors sujet et irrationnel (notamment cet agent des services secret népalais qui veut se débarrasser froidement du choucas), desservant le récit ou ne lui apportant rien de concret, rien en lien avec notre enquête initiale.
Énormément de questions restent sans réponses, rien n'est téléphoné mais tout est tellement aléatoire et sans surprise, sans continuité que l'histoire est difficile à suivre. Je suis pourtant un grand amateur d'enquêtes ratées mais ça demande un minimum de réussite, que l'échec soit amère, certes, mais que l'on saisisse les tenants et aboutissants. Ici rien de tel, un tas de choses restent non élucidées et incomprises (voir même incompréhensible) à la fin de l'album.
Ma critique ne porte que sur le tome 1 : "trekking payant", j'actualiserai une fois le tome 2 lu.
Aaah… Alien le 8ème passager, Ghost of Mars, Dead Space, Event Horizon, Cryozone, Doom, etc. Je ne sais pas pourquoi, les histoires d’horreur spatiale m’ont toujours attiré, avec plus ou moins de succès, mais j’y prête un œil attentif à chaque fois que je vois ce poindre une nouvelle sortie de ce genre. Là sans être dans la grosse série B qui tâche, on reste dans le récit léger type pop-corn qui ne demandera pas plus d’une heure de notre temps. Cela se parcours vite et avec plaisir.
Bones je le connaissais déjà via sa trilogie militaro-horrifique lovecraftienne, Dessous, attiré que j’avais été par son trait à forte inspiration « mignolesque » (le créateur de Hellboy pour le néophyte). On est toujours dans la même veine ici : le trait est bien encré, bien épais, c’est du noir bien brut approprié pour un récit gore et sombre. Là-dessus l’auteur fait le café il ne déçoit pas.
Concernant l’histoire, cela m’a aussi beaucoup fait penser au Sanctuaire de Xavier Dorison et Christophe Bec, notamment dans sa conclusion. Bon… j’ai bien aimé mais ce n’est pas suffisamment marquant pour que je replonge un jour dedans. Il y a une série de meurtres à résoudre, le policier chargé de l’affaire est un alcoolique déglingué, tout le monde a l’air désabusé façon mauvais scénario d’une dystopie cyberpunk, le background est on ne peut plus bancal, les meurtres barbares n’ont aucun sens du point de vue de l’intrigue ; cette dernière est inutilement longue par rapport à ce que ça raconte, cela ne devient réellement intéressant que dans la révélation finale qui fait l’effet d’un pétard mouillé : « poum » on fait tout explosé, « hop hop hop » faut conclure le bouquin, et voilà, « sad ending » voyez comment elle est trop dark mon intrigue. Et au final, de quoi ça parle vraiment cette histoire ? Je ne sais pas, y avait-il un sens profond dans tout ça ?
Sympa, mais loin d’être convaincu.
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Crazy Food Truck
Ca partait sur de bonnes bases mais je trouve qu’au final la série a du mal à se trouver un ton. La faute sans doute au grand nombre de personnages présents dans ces trois tomes. Je pense en effet que si l’auteur s’était contenté de se centrer sur ses deux personnages principaux, son intrigue y aurait gagné en impact. L’histoire se déroule dans un univers post-apocalyptique. La Terre est devenue un désert et l’ensemble de la planète, à commencer par la végétation et les animaux, s'est adaptée à cette situation (en fait, seuls les humains semblent être restés inchangés). Le premier tome se résume à une longue cavale dans laquelle Gordon et Alisa semblent chercher à fuir un même ennemi alors même qu’ils ne se connaissaient pas. La fin de ce premier tome et sa suite voient l’auteur étoffer son récit. Cela lui permet d’un peu plus développer son univers mais, du coup, on perd un peu de vue ce duo central au profit d’autres personnages tandis que l’intrigue elle-même change de cap. C’est étrange et peu convaincant, comme si Rokurou Ogaki avait changé d’idée en cours de route. Heureusement, le final est plutôt bon et relativement surprenant pour ce genre de série. Ce qui me laisse sur une impression positive même si la déception est bien réelle. Au niveau du ton, c’est très dynamique avec un humour assez basique et une héroïne plus souvent à poil qu’à son tour. C’est très ‘gratuit’, ce qui n’aurait pas été un problème si je n’avais eu cette impression désagréable que l’auteur avait cherché à faire plus qu’un simple divertissement. Du coup, j’ai un peu le cul entre deux chaises : trop court pour vraiment développer une intrigue complexe mais pas assez centré sur les personnages principaux pour que ceux-ci explosent l’écran. Sinon, très clairement, la gastronomie n’est qu’un détail dans ce récit, et bien plus un prétexte pour des scènes humoristiques ou pour accentuer l’étrangeté de cet univers qu’une véritable thématique. Entre le bof et le pas mal, mon cœur balance…
9603 kilomètres - L'Odyssée de deux enfants
L'immigration clandestine est un gros problème, c'est donc normal de voir plusieurs BD portant sur ce sujet. Sauf qu'à force de lire des histoires sur les mêmes sujets (l'immigration clandestine, la première guerre mondiale, la shoah, la guerre d'Algérie...), j'ai l'impression de devenir un peu blasé et de plus rien ressentir face à la détresse de personnages fictifs que vivent des situations que des milliers voire des millions de gens dans la vie réelle. Il faut dire aussi qu'après avoir lu L'Odyssée d'Hakim qui est jusqu'à présent la BD la plus complète sur le sujet, toutes les autres séries sur l'immigration me semblent moyennes. Comme le dit Mac Arthur, tout va très vite dans cette BD au point où c'est un peu dur de ressentir quelque chose pour les personnages. Comme tout est montré de manière rapide et un peu simpliste, on dirait un album dont le public cible est les jeunes ou du moins quelqu'un qui n'aurait pas envie de lire plus qu'une centaine de pages en BD sur ce sujet. Il reste quand même des passages intéressants, notamment en ce qui concerne la situation en Afghanistan au moment où la BD a été fait et malheureusement c'est devenu pire depuis. Mais la plupart du temps cela reste une suite de scènes montrant des situations que j'avais déjà vues avant dans des récits plus mémorables.
Batman - One Bad Day - Gueule d'Argile
Je débute mon incursion dans cette collection par Gueule d’argile aka « Clayface » en VO, une collection intéressante dans son concept : un vilain, une équipe d’auteurs différents à chaque fois. Donc il y a à boire et à manger, autant le dire d’emblée certains albums ne m’intéressent pas du tout, j’ai été attiré par le dessin de Xermanico qui je trouve sort un peu des sentiers battus dans l’univers des comics, lui trouvant des aspects plus européens, ça ressemble davantage à une BD de chez nous je trouve. Donc verdict : sans avoir trouvé cela époustouflant, j’ai passé un bon moment, c’est bien coloré, dynamique, avec certains dessins généreux en pleine page voir en double. Vraiment très sympa. Un peu moins emballé par le scénario auquel je trouve néanmoins beaucoup de qualité. Ne connaissant le personnage qu’à travers la série animée de mon enfance, Batman the animated series (et le jouet également ^^ ), j’en gardais un souvenir assez semblable au portrait proposé ici : celui d’un psychopathe malade mental qui s’invente une vie tragique pour justifier ses crimes. Le ton ici est résolument plus glauque voir gore avec un Clayface qui élimine salement ceux qui lui barrent la route vers son ascension hollywoodienne qu’il pense être destiné. Donc c’est bien sympa mais les auteurs ne proposent rien de nouveau sur le personnage qui retombe bien vite dans ses travers. Aussi, l’apparition de Batman pile au bon moment fait un peu un effet deus ex machina, « oh bah ça alors ! Batman qui fait son apparition au moment où Clayface part en définitivement en vrille dans une soirée mondaine se déroulant dans une ville à des centaines de kilomètres de Gotham ! Bah dis-donc, le monde est petit ».
Dessiner encore
C'est difficile de noter un ouvrage comme celui-ci (et comme Catharsis d'ailleurs). C'est un ouvrage plein d'émotions, bien sur, dans lequel on se rend compte de l'impact et l'ampleur des attentats de 2015. Ce sont des BD chargées en émotions (et qui rappelle l'impact des attentats sur les victimes, comme dans Après le 13 novembre), mais qui sont aussi des comptes-rendus de la vie dans un journal satirique, son intégration dans la rédaction et les valeurs que celui-ci véhiculait. Il est difficile de critiquer un tel ouvrage : c'est de l'ordre du ressenti, avec également une importance que chacun aura ou non de l'information sur Charlie Hebdo que la BD véhicule. Ainsi que l'autobiographie de l'autrice qui raconte la façon dont elle y est rentrée et comment cet évènement fut difficile à surmonter (on la comprend). Personnellement j'ai bien aimé, surtout lorsque Coco présente son premier reportage et le rappel de ce que fut Charlie Hebdo dans le paysage médiatique de ces années-là : une voix dissonante et méchante, contre une bêtise crasse. La BD est un mélange du style visuel de Coco, avec des aquarelles et des ombres énormes qui parsèment les pages, métaphore de son étouffement et de ses angoisses. C'est visuel, comme l'a fait Luz d'ailleurs, mais c'est fluide et lisible. Pour ceux qui s'attendrait à des difficultés puisque le passage de la caricature à la BD n'est pas forcément simple, soyez rassuré, c'est bel et bien un objet de BD qui est là. Je n'ai pas grand chose à en dire, et en fait j'aime mieux ne pas trop me prononcer. Cette BD est personnelle, violente et difficile, mais en même temps un rappel salutaire d'à quel point l'obscurantisme doit être combattu tout le temps. Et que tout les censeurs, tout les conservateurs, tout les rétrogrades n'ont pas de fusils dans les mains, juste des mots. Heureusement, on a le rire !
Cyberpunk 2077 - XOXO
XOXO est une histoire relativement simple sur le thème de l'amour et de la mort, mais dans l'univers cyberpunk de Night City autrement dit une vision désincarnée, désespérée et dérisoire de l'amour. Le héros est un membre du gang des Maelstrom, ces dégénérés complètement cybernétisés que l'on croise dans le jeu Cyberpunk 2077. Et ce comics a justement la bonne idée de lui donner une personnalité, un passé, et des sentiments. Suite à une déception amoureuse, il a fait le choix extrême de se faire chromer à outrance, c'est-à-dire découper plusieurs de ses membres, organes et tout son visage pour les remplacer par des implants cybernétiques effrayants, comme tous les Maelstrom. Et c'est avec eux qu'il va participer à l'attaque du convoi d'un gang adverse au cours duquel il va rencontrer une fille des Mox dont il va tomber amoureux et qui va l'amener à tuer tous ses camarades pour s'enfuir avec elle. Sauf qu'évidemment à Night City il n'y a pas de romance heureuse... surtout quand le principal amoureux est dérangé du cerveau. La grande force et originalité de ce comics de l'univers Cyberpunk 2077 réside dans son graphisme. C'est un beau dessin en couleurs directes et intenses. Dès la première page, on constate qu'il alterne des séquences réalistes avec des séquences cartoon issues de l'imaginaire du héros, marqué dans son enfance par un dessin animé de type Tex Avery. Animaux de dessin animé et gangers cyberpsycho de Night City se côtoient donc dans des planches éclatantes de couleurs et souvent de boyaux sanglants aussi. Visuellement, c'est attirant. Au niveau de l'histoire maintenant, hormis l'intérêt de découvrir une âme et une histoire derrière la façade inhumaine d'un membre du Maelstrom, l'intrigue n'est pas des plus passionnantes. Malgré son grand nombre de pages, elle se résume assez vite et amène à une fin sans surprise. Ce comics vaut donc pour son graphisme mais ce n'est pas son scénario qui marquera le lecteur. Note : 2,5/5
Cerveaux augmentés (Humanité diminuée ?)
Le cerveau ne voit pas, n'entend pas ne parle pas, ni ne pense. - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre, plutôt une réflexion sur le sujet. Sa publication originale date de 2023. Il a été réalisé conjointement par Miguel Benasayag pour le livre original Cerveau augmenté, homme diminué (2016) et pour la discussion, avec Thierry Murat bédéiste qui en a réalisé cette adaptation, ou plutôt cette lecture commentée. Il s'agit d'un ouvrage en noir & blanc avec une teinte marron. Il comprend cent-quatre-vingt-deux pages de bande dessinée. Un courriel du 21 juillet 2021 à 15h32 : Thierry indique à Miguel qu'il est en possession de son adresse mail. Les éditions Delcourt via les éditions La Découverte la lui ont gentiment communiquée, à la demande du philosophe. Il le remercie pour cette délicate attention, et lui propose de se parler un peu au téléphone, un de ces jours d'été afin de faire connaissance. Miguel lui répond un peu plus tard : il est très content de la proposition et indique qu'ils peuvent aussi se parler par Skype, un de ces prochains jours. Cela désole le bédéiste car il déteste Skype, il déteste tous ces moyens de communication où l'on est obligé de regarder bouger virtuellement les lèvres de son interlocuteur. Ça le stresse et il déteste le stress. Malgré tout il lui répond que ça lui va, et que l'application est installée sur la tablette de sa fille dont il lui communique l'adresse. S'en suivent quelques échanges. Thierry se souvient que chez Paul Auster, dans Cité de verre, c'est un faux numéro de téléphone qui déclenche tout. Là, c'est une véritable lettre qui est à l'origine de cette bande dessinée, celle que Thierry a adressée au philosophe pour adapter son livre. Après des échanges téléphoniques, l'artiste met son projet en suspens quelques semaines car il est invité par l'alliance française en Colombie. Dans l'avion, n'arrivant pas à choisir dans la multitude de films à regarder, il repense au dilemme de l'âne idiot de Buridan. Finalement il s'endort. Rêver que l'on est en train de dormir, ou rêver que l'on est en train de rêver, est un état de conscience tout aussi vertigineux que l'étude de l'objet par l'objet lui-même. Depuis la nuit des temps, le cerveau humain observe, connaît, étudie, s'explique des choses, comprend… Mais à partir du XXIe siècle, grâce aux récentes avancées en imagerie médicale, en biochimie, en neurosciences, le cerveau humain en est arrivé au stade où il est devenu… son propre sujet d'étude. Cette auto-rencontre est une rupture anthropologique sans précédent, certainement la quatrième blessure narcissique de l'humanité. Les trois premières blessures narcissiques, infligées par la science à l'homme dans l'histoire de l'Occident, on le sait, furent douloureuses et le sont peut-être encore. La première déclenchée par Copernic et Galilée : non seulement la Terre n'est pas au centre de l'univers, sous le regard de plein d'amour paternel de Dieu, mais elle n'est qu'un simple caillou parmi tant d'autres, perdu dans l'infini intersidéral. La deuxième, causée par Darwin… Au cours de la bande dessinée, le bédéiste indique que les éditeurs qualifient ce genre d'ouvrage d'Essai graphique, terme repris dans le texte de la quatrième de couverture. S'il lui prend l'envie de feuilleter l'ouvrage pour s'en faire une première idée, le lecteur découvre des illustrations disposées en case, à raison en moyenne de trois par page, avec des cartouches de texte plus ou moins copieux, une forme de bande dessinée, mais pas de narration séquentielle. S'il n'est pas a priori attiré par le sujet ou par l'auteur, il est possible qu'il en reste là, craignant une lecture fastidieuse, et peut-être intellectuelle dans le mauvais sens du terme. Sinon, il franchit le pas en pleine connaissance de cause, et il éprouve la surprise de d'une lecture agréable, même s'il ne s'agit pas effectivement d'une narration traditionnelle en bande dessinée. Le bédéiste aborde explicitement cette question au cours de l'ouvrage en disant : On s'imagine souvent que la bande dessinée doit formellement et absolument mettre en scène des bonshommes à gros nez, bavardant frénétiquement à grands coups de phylactère ovoïde… Il continue : Certains lecteurs auront alors été un peu déstabilisés à la lecture des premières pages du présent ouvrage, où il s'essaie librement à ce genre nouveau que les éditeurs, les libraires et les journalistes de la modernité ont baptisé : l'essai graphique. Il s'agit surtout, là aussi, de créer un monde pour inventer une forme narrative. Ne pas prendre le lecteur pour un âne. Ne pas se contenter de penser que l'on a trouvé ce qu'on cherche en illustrant un catéchisme savant… Ne pas se faire croire que le lecteur doit systématiquement être en position confortable. Chercher. Essayer… Oser surestimer ce qui se passe entre les cases, et y explorer cette temporalité alternative de la lecture que permet le médium Bande dessinée. Les idées visuelles enfermées dans des cases ne sont rien avant de prendre corps entre les mains du lecteur. Libre à lui d'en faire des points d'exclamation, d'interrogation, ou de suspension. Seconde originalité dans cet ouvrage, Thierry Murat fait plus que simplement mettre en image le livre du philosophe franco-argentin : il en reprend la structure, les thèmes, la logique, et il évoque son dialogue avec l'auteur sur différents passages, sur certains questionnements, évoquant également la résonnance avec son quotidien ou ses propres choix. Ce parti pris constitue effectivement un prolongement de l'ouvrage initial, et le lecteur peut faire l'expérience de la rencontre entre ces deux auteurs, de leurs idées communes, exprimées chacun à leur manière. Ce principe est affiché dès les première pages dans lesquelles le bédéiste alterne des images de circuits imprimés schématisés, avec les paysages des Landes en mode semi-nocturne, alors qu'il conduit sa voiture, opposant ainsi le minéral du silicone au paysage ouvert des silhouettes d'arbres et des oiseaux dans le ciel. Dans le même temps, il évoque le processus laborieux de prise de contact directe avec le philosophe, et sa réticence à utiliser un logiciel de visioconférence. Les auteurs mettent en scène l'opposition entre l'artificialité du monde numérique et le vivant organique du réel. Enfin une première conversation téléphonique peut avoir lieu, puis Murat doit différer la réalisation de ce projet du fait de son départ pour la Colombie. Puis le dessinateur évoque le paradoxe de l'âne de Buridan (Jean Buridan, 1292-1363, philosophe français) : cette question philosophique est reprise par la suite sous un angle de logique, en évoquant Deep Blue, développé par IBM au début des années 1990, le logiciel qui a battu Gary Kasparov aux échecs en 1997. Le lecteur se prend rapidement au jeu de la lecture : les échanges entre les deux auteurs qui reprennent le processus de création de l'adaptation et de la bande dessinée, induisant à la fois une forme légère de mise en abîme, une lecture personnelle de l’œuvre, une invitation à la prise de recul de la part du lecteur. Le titre annonce clairement le positionnement des auteurs sur le sujet : le point d'interrogation étant quasiment superflu. En effet, Murat annonce qu'il a abandonné l'usage de tous les réseaux sociaux, Benasayag insistant dès le début sur la comparaison erronée entre le fonctionnement d'une intelligence artificielle et celle du cerveau. Le titre de ses ouvrages parle d'eux-mêmes : La singularité du vivant (2017), Fonctionner ou exister (2018), La tyrannie des algorithmes (2019). Conscient du parti pris des auteurs, le lecteur relève plus facilement que tous les arguments contre le monde du numérique sont à charge. Il se rend compte des omissions sciemment effectuées ou de l'absence de mention des apports du numérique au sens large dans la vie quotidienne, ce qui ne diminue en rien le point de vue des auteurs. Dans cette forme unique, ils évoquent aussi bien les spécificités du fonctionnement organique du cerveau humain, que les techniques de captation de l'attention, le circuit de récompense de la dopamine, ou encore les conséquences des fonctions déléguées aux machines informatiques et aux algorithmes. Il s'agit donc d'une lecture active, se faisant tout naturellement, sans avoir besoin de s'arrêter pour réfléchir sciemment aux liens entre textes et images, au pourquoi du choix de telles illustrations. L'artiste impressionne par son usage de silhouettes, d'icônes, de paysages naturels, de rapprochements visuels, de métaphores imagées. Il couvre tout le spectre de la représentation du dessin descriptif réaliste au symbole visuel, en passant par l'image conceptuelle à en être parfois abstraite si elle est prise hors de contexte de celle d'avant ou celle d'après (ce qui illustre le travail du cerveau pour identifier les schémas et produire du sens, ce qui se passe entre les cases), le facsimilé de bande dessinée humoristique (Les aventures de Thierry & Miguel), des dessins reproduisant des artefacts culturels comme un écran de Pac-Man, le tableau La Joconde, des affiches de réclame, des logos d'entreprise, d'autres œuvres d'art (une sculpture d'Alberto Giacometti, 1901-1966), des écrans d'ordinateur d'avant l'interface graphique, des kanjis, etc., pour une grande diversité graphique que ne laisse pas supposer un simple feuilletage préalable. Cet exposé graphique s'avère fort riche dans son ensemble. Il fait appel à de nombreux éléments cultures, par exemple : La cité de verre (1987) de Paul Auster, Moby Dick (1851) d'Herman Melville (1819-1891), la notion d'apercetion de Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716), La grande vague de Kanagawa (environ 1830) de Katsushika Hokusai (1760-1849), la qualité des pensées que l'on a en marchant d'après Friedrich Nietzsche (1844-1900), Blade Runner (1982) de Ridley Scott, l'invention de l'imprimerie par Johannes Gutenberg (1400-1468), la fable du scorpion et de la grenouille de Lev Nitoburg (1899-1937), le corps sans organe d'Antonin Artaud (1896-1948), l'utilité de l'inutile développé par Tchouang Tseu (-369 à -288), l'autobiographie de Corto Maltese (Le désir d'être inutile) par Hugo Pratt (1927-1995), lé dégénérescence des utopies par Claude Shannon (1916-2001, mathématicien, un des fondateurs de la théorie de l'information) & Norbert Wiener (1894-1964, père fondateur de la cybernétique), Bug (2017-2022) d'Enki Bilal, la notion de biopouvoir développée par Michel Foucault (1926-1984), le petit Prince (1943) d'Antoine Saint Exupéry (1900-1944), etc. Les auteurs savent apporter les informations nécessaires pour que tous les lecteurs puissent comprendre ces références et leur rapport avec l'exposé. Ainsi le lecteur saisit aisément la différence fondamentale entre le fonctionnement du cerveau et une intelligence informatique (Tout le corps pense… Pas seulement le cerveau.), la réalité déjà présente du transhumanisme (l'impact de l'omniprésence de l'information disponible en permanence par exemple), le problème avec le progrès (on voit ce qu'on gagne, mais on ignore ce qu'on perd), l'avènement de la société normative (ce qui fonctionne ou ne fonctionne pas), le principe de mariage parfait qui unit aujourd'hui les technosciences et la macroéconomie néolibérale (deux formes d'une même dérégulation), etc. Le titre indique clairement que les auteurs adoptent un point de vue partial sur la question, certainement pour compenser la généralisation et l'enthousiasme pour les technologies numériques sous toutes leurs formes. Malgré une apparence éloignée d'une bande dessinée traditionnelle, le lecteur se rend vite compte du confort de lecture, de l'intelligence de la mise en images, conçue sur mesure pour cet exposé graphique. Il apprécie les points de vue du philosophe grâce à la richesse des références, la clarté du propos, sans pour autant perdre son propre esprit critique. du grand art, de la réflexion très humaine.
Ne jamais couler
Une BD qui parle de la grossophobie, mais qui est surtout l'autobiographie de la scénariste qui a vécu toute sa vie avec du surpoids. Elle a donc eu droit aux problèmes que rencontrent les gens gros: les régimes ne marchent pas, peu d'estime de soi, les docteurs qui pensent que ses problèmes de santé sont dus uniquement à son poids....C'est sympathique à lire, mais j'ai eu l'impression que les thèmes auraient pu être plus approfondis. Il faut dire aussi que je pensais que c'était un documentaire. Il y a un peu de ça dans l'album, mais cela reste surtout de l'autobiographie. Ayant un peu de surpoids, je peux compatir avec la scénariste, surtout que c'est pire pour les femmes, mais cela ne suffit pas à faire une BD captivante à lire. Tout va vite et on dirait plus une introduction à la problématique de la grossophobie. J'imagine qu'il faudra que je trouve un autre livre qui parle plus en profondeur du sujet.
Parfois les lacs brûlent
Un one-shot sympathique, mais qui ne m'a pas trop marqué. Dans une région rurale du Québec, il y a une légende qui dit que si un lac est enflammé, le feu transforme tout en or. Lorsque le lac en question se retrouve enflammé, un groupe d'adolescents décide d'aller tester si la légende est vraie. Le ton du récit est juste avec ses ados qui parlent exactement comme moi et mes amis parlaient durant l'adolescence. Les actions des personnages sont très réalistes avec notamment les deux gars un peu cons qui aiment faire les 400 coups, ce qui va finir par apporter une tragédie....C'est dangereux d'être un jeune casse-cou. Malheureusement, le scénario est au final un peu trop convenu pour être mémorable. Ce qui n'aide pas est que le scénario se termine un peu abruptement. On dirait qu'on a juste vu la première moitié du récit et je ne suis pas certain des intentions de l'autrice. Sinon, le dessin est bien maitrisé et j'espère que l'autrice va avoir une longue carrière parce qu'elle a un certain talent.
Les Tribulations du Choucas
Si la série a subit re-formatage, passant du thriller noir aux aventures d'un choucas globe trotteur, le dessin de Lax n'en demeure pas moins authentique avec des couleurs moins funestes, en accord avec ce nouveau format. Malgré un décor qui change, notre principal protagoniste reste fidèle à lui même et le plaisir de le retrouver dans de nouvelles aventures est au rendez-vous. Après la réussite, ou plutôt, l'immense succès de son dernier album (L'Aigle sans orteils) on dirait que Lax a voulu mélanger deux genres, deux bd qui ont très bien fonctionné indépendamment l'une de l'autre : L'Aigle sans orteils & Le Choucas, donnant lieu à cette petite série, qui n'a pas rencontré le succès de ses deux génitrices. Et pour cause, le scénario de ce premier opus ("trekking payant") est bien loin de ce à quoi il nous avait habitué, l'enquête n'est qu'un prétexte destinée à justifier un voyage et la découverte d'un pays et sa culture. Dés le début du récit le choucas n'y croit pas, la mission qu'on lui a confiée a peu de chance d'être résolue mais n'ayant rien d'autre de prévu il se lance tout de même dans cette aventure. Le récit est long, ponctué de rencontres diverses et variées lié à ce nouvel environnement mais n'aidant pas à la résolution de l'enquête. J'ai trouvé toutes ces "rencontres", du moins la plupart, hors sujet et irrationnel (notamment cet agent des services secret népalais qui veut se débarrasser froidement du choucas), desservant le récit ou ne lui apportant rien de concret, rien en lien avec notre enquête initiale. Énormément de questions restent sans réponses, rien n'est téléphoné mais tout est tellement aléatoire et sans surprise, sans continuité que l'histoire est difficile à suivre. Je suis pourtant un grand amateur d'enquêtes ratées mais ça demande un minimum de réussite, que l'échec soit amère, certes, mais que l'on saisisse les tenants et aboutissants. Ici rien de tel, un tas de choses restent non élucidées et incomprises (voir même incompréhensible) à la fin de l'album. Ma critique ne porte que sur le tome 1 : "trekking payant", j'actualiserai une fois le tome 2 lu.
Blood Moon (Lowreader présente)
Aaah… Alien le 8ème passager, Ghost of Mars, Dead Space, Event Horizon, Cryozone, Doom, etc. Je ne sais pas pourquoi, les histoires d’horreur spatiale m’ont toujours attiré, avec plus ou moins de succès, mais j’y prête un œil attentif à chaque fois que je vois ce poindre une nouvelle sortie de ce genre. Là sans être dans la grosse série B qui tâche, on reste dans le récit léger type pop-corn qui ne demandera pas plus d’une heure de notre temps. Cela se parcours vite et avec plaisir. Bones je le connaissais déjà via sa trilogie militaro-horrifique lovecraftienne, Dessous, attiré que j’avais été par son trait à forte inspiration « mignolesque » (le créateur de Hellboy pour le néophyte). On est toujours dans la même veine ici : le trait est bien encré, bien épais, c’est du noir bien brut approprié pour un récit gore et sombre. Là-dessus l’auteur fait le café il ne déçoit pas. Concernant l’histoire, cela m’a aussi beaucoup fait penser au Sanctuaire de Xavier Dorison et Christophe Bec, notamment dans sa conclusion. Bon… j’ai bien aimé mais ce n’est pas suffisamment marquant pour que je replonge un jour dedans. Il y a une série de meurtres à résoudre, le policier chargé de l’affaire est un alcoolique déglingué, tout le monde a l’air désabusé façon mauvais scénario d’une dystopie cyberpunk, le background est on ne peut plus bancal, les meurtres barbares n’ont aucun sens du point de vue de l’intrigue ; cette dernière est inutilement longue par rapport à ce que ça raconte, cela ne devient réellement intéressant que dans la révélation finale qui fait l’effet d’un pétard mouillé : « poum » on fait tout explosé, « hop hop hop » faut conclure le bouquin, et voilà, « sad ending » voyez comment elle est trop dark mon intrigue. Et au final, de quoi ça parle vraiment cette histoire ? Je ne sais pas, y avait-il un sens profond dans tout ça ? Sympa, mais loin d’être convaincu.