Les derniers avis (72 avis)

Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série Journal de 1985
Journal de 1985

2.5 J'avais bien aimé l'adaptation de 1984 de Xavier Coste, mais j'étais un peu sceptique à l'idée d'une suite parce que le roman se suffit à lui-même. Je n'ai donc pas été surpris parce le résultat. Le dessin de Coste est toujours aussi bon et il sait comment faire une mise en scène, mais au final le scénario est moyen. Il y a quelques scènes qui surnagent du lot, mais la plupart du temps on a surtout droit à des choses qu'il y avait déjà dans le roman de base donc cette suite n'apporte pas grand chose de nouveau et ne se distingue pas assez du matériel de base pour justifier vraiment son existence. Ça se laisse lire, mais ce n'est pas très passionnant à lire.

22/04/2025 (modifier)
Couverture de la série L'Héritage d'Emilie
L'Héritage d'Emilie

Je ressors de la lecture de cette série avec un avis mitigé, mais globalement positif. A part le début dans le Paris fripon des années folles, Mangin nous amène rapidement dans les landes irlandaises, ses brumes, ses vieux châteaux, et bien sûr ses légendes. Un cadre qu'elle exploite bien pour développer une intrigue jouant sur une certaine poésie, un merveilleux fantastique assez classique, mais agréable. Le rythme est longtemps lent, langoureux, accompagnant le lecteur dans une impression de rêverie. Ça s'accélère quelque peu sur la fin. Mais surtout Mangin ajoute de la SF à partir du début du troisième tome, compliquant un peu l'intrigue. Je n'ai pas été convaincu outre mesure par cet aspect. Le dessin de Mangin est assez statique, avec des personnages et surtout des décors "allongés " comme étirés. La colorisation est très adaptée au récit, et donne à l'ensemble un rendu fantastique-merveilleux proche de l'illustration pas désagréable. Une lecture inégale, mais globalement plaisante.

22/04/2025 (modifier)
Couverture de la série Pour une couleur de peau
Pour une couleur de peau

J'ai été un peu réticent à lire cet ouvrage. En effet dans Comme une comète - Une histoire de post-partum et d'albinisme son autrice, Aurélie Crop raconte les horreurs dont sont victimes les enfants albinos dans certains pays d'Afrique à cause de superstitions ou de sorcellerie. Heureusement mes craintes étaient injustifiées. Edimo , dont j'apprécie beaucoup le travail, propose un scénario optimiste tout en abordant avec réalisme les obstacles que rencontrent les enfants albinos et leurs parents. L'action se passe à Yaoudé mais pourrait probablement être déplacée dans de nombreux endroits. L'Occident n'étant pas en reste comme le montre Aurélie Crop avec les nombreuses images négatives et stigmatisantes que véhiculent le cinéma . Malgré trois dessinateurs différents le récit reste cohérent et fluide. Edimo evite une leçon de morale rébarbative mais introduit de façon pertinente les difficultés rencontrées: abandon de la mère, difficulté à se loger, risque d'enlèvement de l'enfant pour alimenter des pratiques de sorcellerie, risque de viol pour guérir du SIDA c'est malheureusement le quotidien pour des enfants albinos qui sont vus porteurs de la malchance ou de la malédiction. Le graphisme est proposé par trois dessinateurs qui prennent en charge trois étapes de la vie d'Agnès. Sa naissance à Yaoundé dans un style réaliste au stylo très maitrisé. Il lance magnifiquement l'album avec ce manque de couleur qui traduit l'isolement et le danger dans lequel se trouve Chantal et sa fille. Nyembi poursuit dans un style plus naïf la vie au village protecteur et Ejob conclut par un très bel épisode à Yaoudé autour de la journée mondiale de l'albinisme. Son style semi réaliste est très travaillé avec de beaux extérieurs de Yaoundé très bien travaillés. Ces trois épisodes permettent aussi de montrer l'évolution de la société Camerounaise qui doit trouver son équilibre entre tradition et modernité. Une belle lecture optimiste et dépaysante qui permet de sensibiliser à un handicap souvent mal connu.

22/04/2025 (modifier)
Couverture de la série Chroniques de la fruitière
Chroniques de la fruitière

Je pourrais faire très vite dans mon avis: le Comté c'est super bon, le Jura super beau et les agriculteurs du coins super sympas ( sans oublier les Montbéliardes super belles) . je résume en une ligne l'excellent reportage de Fred Bernard sur la fabrication du célèbre fromage. Le Comté n'est pas uniquement célèbre par son goût ou sa texture mais aussi par tout le processus coopératif qui entoure sa fabrication. Fred propose bien des pages explicatives et techniques sur les foins, la traite, le transport, l'affinage , le stockage et les contrôles . Toutefois cette "technique" de fabrication va de pair avec un savoir faire de haute qualité à tous les stades. C'est bien une chaîne de confiance qui existe entre les différents intervenants, paysans, fromagers, crémiers pour proposer un produit haut de gamme sans être luxueux. Une organisation humaine pensée autour des fruitières à taille humaine faite pour pérenniser la qualité loin des grands groupes alimentaires. Dans le contexte actuel d'une agriculture raisonnée, ce modèle est ausculté dans de nombreux rassemblements à l'étranger. A travers de nombreuses et intéressantes interviews Fred rend hommage au travail de ces femmes et hommes amoureux de leur terroir. L'auteur utilise un graphisme humoristique qui dynamise la narration en la rendant vive et plaisante. Cela fait du bien de lire un ouvrage positif sur l'agriculture où les vaches sont à l'honneur. Une très belle lecture documentaire où l'on apprend de nombreuses choses et qui donne envie d'aller se promener des les caves du Doubs ou du Jura pour une belle dégustation vin et Comté.

22/04/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 2/5
Couverture de la série L'Écho de la jungle
L'Écho de la jungle

Un autre album humoristique sortit chez Bamboo dont l'intérêt est limité. Pourtant, le sujet est tout de même original pour une BD humoristique: un canard qui débarque dans la jungle et propose un journal ce qui va chambouler la vie de la jungle. Sauf que le type de gags qu'on retrouve est souvent cliché et les chutes sont parfois emmenés de manière un peu laborieuse. Il y a quelques gags qui m'ont fait sourire et le reste est ennuyeux. Ce qui m'a déçu est le dessin de Pica que j'aime bien habituellement, mais qui m'a semblé moins élégant ici même si ses animaux sont bien croqués. Je pense que cela vient des couleurs qui ont clairement été fait par ordinateur et cela donne un résultat moins beau et plus artificiel.

21/04/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Sandman - Nuits Éternelles
Sandman - Nuits Éternelles

Ce "Sandman - Nuits Éternelles" est une bombe. Le plaisir de retrouver la plume de Neil Gaiman, il raconte des histoires comme personne. Toujours son phrasé si singulier empreint d'onirisme, de noirceur et de mysticisme qui transporte le lecteur dans une autre dimension. Le plaisir aussi de retrouver les Éternels, chacun aura droit à son petit récit. Mais c'est surtout le panel de dessinateurs qui vont se succéder qui m'a émerveillé. Death. Deux histoires sans lien apparent dans des espaces temps différents, dont une sur le principe d'un jour sans fin. Une île de la lagune de Venise comme décor. On ne peut pas tromper Death, un jour ou l'autre c'est elle qui gagne, quoi qu'on fasse. Le dessin de Philip Craig Russel me séduit toujours autant, j'aime son trait fin, doux et chaleureux. Les couleurs de Lovern Kindzierski sont dépaysantes. Très beau ! 4 étoiles. Desire. Il y a forcément un prix à payer pour contrôler le désir et l'amour. C'est Milo Manara qui s'occupe de la partie graphique et le résultat m'a laissé bouche bée, les femmes sont désirables, sensuelles et souvent dénudées (il est vrai qu'elles sortent toutes du même moule). Les chaudes couleurs sont superbes. Que c'est beau ! 4 étoiles. Dream. Dream vient présenter sa fiancée, Killalla de l'Éclat, à sa famille au cours d'un colloque réunissant toutes les galaxies. Débats et trahison seront au menu. Je découvre Miguelanxo Prado et là je prends un belle claque dans la tronche. Des planches magnifiques, les décors sont féeriques et les couleurs mates apportent une ambiance onirique. Magnifique ! 4,5 étoiles. Despair. 15 portraits du désespoir. Des récits singuliers, on n'est plus vraiment dans de la bande dessinée. Une succession de tableaux accompagnés de textes positionnés soit à côté, soit sur le tableau même. Dave McKean est à la conception graphique et Barron Storey au dessin et le résultat est surprenant. Une mise en page qui va d'une pleine page à 51 cases pour une planche. Je disais donc des tableaux parce qu'il s'agit d'œuvres d'art. Un mélange hétéroclite d'expressionnisme, de futurisme, de surréalisme... Je suis amateur de ce type d'expérimentations. 4,5 étoiles. Delirium. Plusieurs personnages mentalement déséquilibrés vont venir en aide à Délire. J'ai eu le bonheur de suivre l'évolution graphique de Bill Sienkiewicz, de ses débuts sur Moon Knight dans les années 80/81, puis sur The New Mutants - L'Intégrale et son Elektra (Delcourt) jusqu'à ce "Sandman - Nuits Éternelles". Je suis totalement sous le charme de son travail, il fait partie des rares artistes à élever le comics au rang d'art à part entière. La mise en page est un chaos ordonné. Grandiose ! 5 étoiles. Destruction. Au large de la Sardaigne, des fouilles archéologiques doivent dévoiler le futur. Le dessin de Glenn Fabry fait très classique lorsqu'on le compare à ses prédécesseurs, tout comme la colorisation de Chris Chuckry. Agréable. 3,5 étoiles. Destiny. Destiny et son livre. Frank Quitely propose de magnifiques planches, libres de cases, au trait fin et minutieux et aux couleurs dans des tons ternes et brumeux. Superbe ! 4 étoiles. Une alchimie parfaite entre texte et dessin pour une explosion des plaisirs. Culte et coup de cœur.

21/04/2025 (modifier)
Couverture de la série La Veuve
La Veuve

Ma notation sévère montre à quel point mon ressenti de lecture est différent de l'avis précédent. Tout d'abord je trouve que le récit est trop déséquilibré en faveur du visuel. Comme j'ai trouvé la plupart des dialogues d'une grande banalité, je me suis ennuyé ferme assez souvent. Pourtant la thématique de la légitimité de rendre justice par soi même dans le cadre des violences conjugales mérite un meilleur développement que ce qui est proposé par l'auteur. Car la gentille(?) et frêle Mary nous raconte ce qu'elle veut bien. En effet le paradoxe du récit est que les frères à sa poursuite (peints graphiquement par l auteur dès la première planche comme des probables méchants) ne cherchent pas la vengeance mais la justice. Je ne connais pas le roman d'origine mais je trouve que l'adaptation proposée fait très "conte de fée". En effet j'ai compté pas moins de six interventions miraculeuses dans le scénario pour sortir Mary d'une situation sans issue. De plus la notion de durée dans la difficulté et l'effort est totalement occultée de la narration ( ce qui est pourtant fondamental en montagne par grand froid). A cela s'ajoute les talents de la jeune femme pour le cross en robe et espadrilles, sa capacité à résister à la faim, à l'empoisonnement, à l'hypothermie, à la gangrène et le fair-play des deux frères qui poursuivent Mary à cheval seulement quand elle en a volé un. Le classique " Ils se marièrent, eurent beaucoup d'enfants et vécurent heureux" vient pimenter un récit sans surprise et d'une grande naïveté. Le graphisme de Chapron sauve la série à mes yeux. Son trait épais et courbe donne une grande impression de dynamisme et une forte expressivité. Malheureusement ce talent est , pour moi, mis exclusivement au service d'un émotionnel facile. Une grosse déception que j'oublierai vite.

21/04/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 4/5
Couverture de la série Le Père-Lachaise - Légendes, célébrités et sépultures insolites
Le Père-Lachaise - Légendes, célébrités et sépultures insolites

La tombe continue d'être très visitée. - Ce tome constitue une anthologie qui peut être lue pour elle-même, sans connaissance préalable du cimetière du Père-Lachaise. Son édition originale date de 2024. Il est l’œuvre de Sébastien Floc’h pour le scénario de chacune de ces entrées. Il évoque la vie de seize personnes différentes qui sont enterrées ou dont la sépulture se trouve au Père-Lachaise. Chaque entrée est illustrée par un dessinateur différent : David François, Fabio Mancini, Gaël Henry, Nancy Peña, Teddy Kristiansen, Alexis Vitrebert, Ricard Efa, Oriol, Eliot Baum, Facundo Percio, Sagar, Terkel Risbjerg, Enrique Corominas, Grazia La Padula, Florent Desanthèmes, Silvain Dorange. Il comprend cent-treize pages de bande dessinée. Il se termine avec deux pages de bibliographies sélectives pour les seize artistes (deux ou trois références chaque) et deux pages de sources biographiques. François d’Aix de la Chaize est né le 25 aout 1624 au château d’Aix, près de Saint-Martin-la-Sauveté, dans la Loire. Il est le fils de Renée de Rochefort et de Georges d’Aix, seigneur de la Chaize. Il est le deuxième des 12 enfants du couple. Du côté paternel, François est le petit-neveu de Pierre Coton, prêtre jésuite et confesseur du roi Henri IV, puis de son fils, le jeune Louis XIII. Enfant, il suit des études au collège jésuite de Roanne, fondé justement par Pierre Coton et son frère Jacques. En 1639, il entre dans l’ordre religieux de la compagnie de Jésus pour devenir à son tour jésuite. Ses études terminées, il est professeur d’humanités et de philosophie au collège de la trinité de Lyon. Puis en devient le recteur quelques années plus tard. À côté de ses activités, il se passionne pour les pièces de monnaie antiques et en fait collection. En 1675, François d’Aix de la Chaize devient confesseur de Louis XIV alors âgé de 37 ans. Réputé discret et pondéré, François essaye d’améliorer les relations tendues entre Louis XIV, le pape et les différents courants religieux. Présent à la cour pour le roi, il ne réside pas à Versailles, mais comme le veut son ordre, dans la maison professe des Jésuites, près de l’église Saint-Paul Saint-Louis à Paris. En dehors de la capitale, la compagnie de Jésus possède également une modeste maison où François va se reposer sur le Mont-Louis. À la mort de la reine en 1683, il marie en secret le souverain avec Madame de Maintenon. Apprécié par Louis XIV, le roi lui octroie des terres qui étendent le domaine autour de la maison de campagne des Jésuites. Une position privilégiée auprès du roi soleil qui est vue d’un mauvais œil par une partie de la cour, dont une ancienne favorite du roi, Madame de Montespan. Au fil du temps et de la volonté de François d’Aix de la Chaize, la simple maison se transforme en demeure distinguée. Des jardins à la française y sont établis, tout comme une orangerie. Le lieu gagne en réputation auprès de la population locale comme la maison du Père-Lachaise. Des fêtes y sont également organisées par le frère de François, le comte de la Chaize. Fidèle à Louis XIV et habile diplomate, il est son confesseur pendant 34 années. Le 20 janvier 1709, il décède à 84 ans, peu de temps après que le roi lui a permis de se retirer de ses fonctions. Une couverture splendide qui constitue une invitation irrésistible à se promener dans les allées du Père-Lachaise par une belle journée d’automne. Ce cimetière fut ouvert le 21 mai 1804 et il accueille chaque année plus de trois millions et demi de visiteurs. Pour lui rendre hommage, le scénariste a conçu une bande dessinée de forme anthologique, présentant seize personnalités qui y sont enterrées. Il évoque ainsi la vie puis la sépulture de François d’Aix de la Chaize (1624-1709) prêtre jésuite, Héloïse (1092-1164) & Pierre Abélard (1079-1142) religieux, Antoine Parmentier (1737-1813) agronome, Élisabeth Alexandrovna Stroganoff (1779-1818) comtesse, Théodore Géricault (1791-1824) peintre, Félix de Beaujour (1765-1836) diplomate, Honoré de Balzac (1799-1850) écrivain, Frédéric Chopin (1810-1849) musicien, Alfred de Musset (1810-1857) poète, Allan Kardec (1804-1869) fondateur de philosophie spirite, Victor Noir (1848-1870) journaliste, Georges Rodenbach (1855-1898) écrivain, Oscar Wilde (1854-1900) écrivain, Sarah Bernhardt (1844-1923) comédienne, Jane Avril (1868-1943) danseuse, Jim Morrison (1943-1971) chanteur. En fonction de ses inclinations, le lecteur reconnaîtra un plus ou moins grand nombre de ces personnages, voire sera peut-être déjà allé se recueillir sur leur sépulture. De même, il connaît peut-être déjà un ou plusieurs dessinateurs, et il guette le segment qu’il ou elle a illustré. Dès la première entrée, celle consacrée au confesseur du roi de France Louis XIV, le lecteur comprend que le scénariste a écrit des textes fournis, peut-être livrés clé en main à chaque artiste, avec une forte densité d’informations à faire tenir. Cela induit un narratif copieux qui court de cartouche de texte en cartouche de texte, et qui incite les dessinateurs à opter pour des planches en sept à neuf cases pour apporter tous les éléments visuels correspondants, scène par scène. Pour autant chacun d’entre eux conserve ses caractéristiques graphiques habituelles, ce qui fait que chaque personne évoquée dispose d’une narration visuelle différente, renforçant ainsi l’identité de l’entrée. Le lecteur passe ainsi des dessins réalistes aux contours encrés avec un degré de simplification de David François, aux dessins sans traits de contour, plus colorés et un peu plus dessin animé de Fabio Mancini. Chaque chapitre contient deux parties : la première relevant de la biographie dense et synthétique de la personne considérée, la seconde de la place de sa tombe et de ses caractéristiques, avec parfois un développement sur ses funérailles, sur l’artiste ayant créé le monument funéraire, sur la postérité de l’individu, et celle de sa tombe pour les visiteurs. En consultant les dates, le lecteur peut voir que l’auteur a retenu des personnages répartis du douzième au vingtième siècle, avec une forte concentration au dix-neuvième siècle (dix individus décédés au cours de ce siècle). Pour le reste : un couple décédé au douzième siècle, un prêtre jésuite au dix-huitième siècle, et quatre décédés au vingtième siècle. Il relève également que la majeure partie des défunts exerçait un métier artistique, neuf sur seize. Il peut éventuellement s’interroger sur les critères de choix de l’auteur qui l’ont conduit à retenir ces seize personnalités, et à écarter Guillaume Apollinaire (1880-1918), Alain Bashing (1947-2009), Pierre Bourdieu (1930-2002), Maria Callas (1923-1977), Sidonie-Gabrielle Colette (1873-1954), Max Ernst (1891-1976), Jacques Higelin (1940-2018), Georges Méliès (1861-1938), Malik Oussekine (1964-1986), Georges Seurat (1859-1891), et tant d’autres. Même s’il est vrai que le site internet du cimetière propose pas moins de six plans interactifs thématiques différents. Il pourrait d’ailleurs se poser une question similaire quant au choix des artistes, même s’ils s’avèrent tous impliqués et visuellement intéressants dans cet exercice de style très contraint. Chaque dessinateur se trouve confronté au défi d’apporter des informations visuelles qui ne soient pas déjà évoquées dans le texte, de réaliser une reconstitution historique consistante et fiable, de donner une saveur particulière à son chapitre. Le lecteur constate rapidement que chaque narration visuelle s’avère également dense en informations, comme le texte : le site du cimetière alors qu’il n’était encore qu’une vaste propriété de François d’Aix de la Chaise, montrer les tenues d’Héloïse & Pierre Abélard, les uniformes des militaires chargés de surveiller le champ de patates de Parmentier, le cercueil en cristal de roche de la comtesse Stroganoff, les croquis de Géricault, la tour chinoise à Munich, le château de Fougères, la place Vendôme avec sa colonne, Venise avec ses canaux, la rue principale d’un ville brésilienne, la ville d’Attigny dans les Vosges, des visions de Bruges aux rues vidées de toute présence humaine, la triste chambre de l’hôtel d’Alsace au 13 rue des Beaux-Arts où Oscar Wilde a rendu son dernier soupir, le paquebot transatlantique emmenant Sarah Bernhardt à New York, le Moulin Rouge accueillant la danseuse Jane Avril, la boîte de nuit Rock and Roll Circus à Paris. Et bien sûr, chaque artiste représente la sépulture du personnage dont il met la vie en scène, la statue ou la sculpture correspondante, et les allées alentours. En fonction de ses goûts personnels, le lecteur succombera plutôt au charme de tel artiste ou tel autre : le trait très évocateur de Kristiansen avec une mise en couleurs sombre, les cases majoritairement en couleur directe d’Oriol, les dessins plus charbonneux de Facundo Percio, les couleurs magnifiques d’Enrique Corominas, la narration très élégante de Grazia la Padula, etc. Au fil des différentes entrées, le scénariste aborde des thèmes variés : la place de la religion pour Héloïse & Pierre Abélard, la lutte contre la famine en France avec Antoine Parmentier, les impressionnistes avec Théodore Géricault, le trio amoureux formé par Chopin et Musset avec George Sand, l’engouement pour le spiritisme avec Allan Kardec, la poésie symboliste belge avec Georges Rodenbach, l’homosexualité dans la société avec Oscar Wilde, l’art de gérer sa carrière à l’international et les produits dérivés avec Sarah Bernhardt, le culte de la personnalité avec Jim Morrison, etc. Chaque chapitre se termine avec une petite balade dans le cimetière, généralement autour de la sépulture afférente, avec un chat comme guide : à la fois la présentation des caractéristiques architecturales ou artistiques du monument, à la fois une évocation des funérailles ou de la postérité, et de la gestion de certaines tombes. Impossible d’empêcher les visiteurs de toucher les protubérances du gisant de Victor Noir, ou d’organiser des manifestations diverses et variées autour de la tombe de Jim Morrison. Au vu de la richesse culturelle de ce lieu de repos final, le lecteur peut comprendre que le scénariste ait été obligé d’écarter d’autres dimensions du cimetière comme sa faune (une quarantaine d’espèces d’oiseaux) ou sa flore. Une anthologie présentant la vie et la sépulture de seize personnes célèbres enterrées au cimetière du Père-Lachaise, avec autant de dessinateurs différents. Les auteurs ont opté pour des chapitres courts abordant ces deux facettes de chaque individu et mettant en valeur leur sépulture dans la deuxième. Le lecteur déguste un chapitre à la fois, tous étant très riches en informations, et bénéficiant d’une mise en images soignée, adaptée au défunt, et consistante. Belle visite guidée, riches de nombreuses vies.

21/04/2025 (modifier)
Couverture de la série Du bout des doigts
Du bout des doigts

Rien d'extraordinaire dans cette histoire, qui frôle même la guimauve sur le happy end final, sans l'atteindre réellement. Mais c'est une lecture plaisante, agréable et fluide. D'abord grâce au dessin de Bonin. J'aime beaucoup son trait fin, presque stylisé. J'aime aussi beaucoup sa colorisation, qui convient parfaitement aux décors des années 1960. Il a d'ailleurs très bien su retranscrire cette époque. Je craignais que cette histoire de femme capable de rendre les gens heureux serait trop "facile " mais, comme pour le final déjà évoqué, Bonin à su déjouer ces écueils. Ça reste du romantique feel good, mais ça passe. Avec quelques réflexions intéressantes (même si pas approfondies) sur la création artistique. Une lecture sympathique.

21/04/2025 (modifier)
Par Simili
Note: 3/5
Couverture de la série Daytripper (au jour le jour)
Daytripper (au jour le jour)

Daytripper raconte les morts de Brás de Oliva Domingos, écrivain brésilien. Les morts car les auteurs ont imaginé leur héros mourir à plusieurs âge de la vie. L'idée est excellente car pour un livre qui traite de la mort, je trouve que cela donne une très belle ode à la vie. Finalement ils nous rappellent toute la fragilité de cette dernière, nous enjoignent à profiter d'elle car elle peut s'arrêter à n'importe quel moment. Les dialogues sont épurés et de nombreux sentiments passent par l'expression des yeux des protagonistes. Graphiquement le dessin n'est pas tout le temps remarquable mais il reste appréciable et globalement réussi. Les couleurs sont chaudes, très brésiliennes, ce qui tranche avec la froideur de la mort. Mon seul petit bémol pourrait venir du découpage des chapitres, les auteurs ayant décidé de ne pas les "ranger" dans l'ordre chronologique. J'ai trouvé que Daytripper changeait de ce que l'on pouvait voir d'habitude. Mais il n'a pas su complètement m'embarquer pour que je monte ma note. Cela reste un très bel ouvrage

21/04/2025 (modifier)