Bon, de l'érotisme hétérosexuel, sur le papier ça ne devrait pas m'attirer. Pourtant l'album possède quand-même quelques atouts qui m'avait donné envie de le lire : une mise en avant du désir féminin, une narration jouant sur un flou entre rêve et réalité, une utilisation de la figure de la sorcière pour parler de l'ostracisation et de la diabolisation des femmes, et deux graphismes magnifiques s'alternant pour illustrer les changements de perception de la protagoniste
Ouais, l'album a de bonnes qualités.
Et, grande surprise, même si je lui trouve un petit défaut (parfaitement personnel et sur lequel je reviendrai après), j'ai trouvé l'album très bon. Ce petit défaut n'est pas vraiment l'érotisme hétérosexuel, bien que la figure fantasmée masculine ne me fasse pas vibrer le cœur (ni frémir le pantalon d'ailleurs) je trouve tout de même les sujets du désir féminin, des désirs refoulés et des fantasmes assez joliment traités. En fait, le seul défaut que je trouve à cet album est qu'il m'apparaît dommage de ne pas avoir profité davantage du sujet de la figure de la sorcière. Oui, je suis sans doute un peu vache dans cet avis, le sujet reste central à l'album, mais la figure de la sorcière, ses symboliques et ses réappropriations me tiennent énormément à cœur. Ici, cette figure est bien utilisée pour illustrer la peur de l'inconnu, la personnification de ce que nous jugeons de mal dans une société, un outil de contrôle pour éliminer les gens que nous n'apprécions pas. C'est juste que je n'aurais pas boudé voir tout cela un peu plus... un peu plus présent, un peu plus développé. Tout cela fait trop sage, trop convenu.
Oui, ce n'est sans doute pas très clair, mais j'ai tout de même un petit sentiment d'occasion manquée à la fin de cet album.
Après, quand je dis défaut, je le trouve moi-même minime. Honnêtement, l'album reste bon, ne serait-ce que pour les très beaux graphismes et le jeu très intéressant sur leur alternance de plus en plus chaotique pour illustrer le sentiment de perdition de la protagoniste.
Je déplore simplement le fait que l'album aurait pu davantage étoffer son propos sur la figure de la sorcière.
(Note réelle 3,5)
Une série ambitieuse et originale, servie par un univers riche et un bon scénario, mais desservie par un ton hésitant entre jeunesse et maturité.
L’idée de départ, un monde où la mort a disparu, est originale, puissante, et permet une vraie réflexion sur la condition humaine, le deuil, la liberté de mourir. L’univers est riche, le scénario globalement bien construit, et certains passages sont très touchants, notamment dans les relations familiales.
De même, le dessin est de très bonne qualité, notamment concernant les décors qui sont non seulement beaux mais aussi originaux.
Mais la série souffre d’un déséquilibre de ton. Le mélange entre légèreté “jeunesse” (dans le dessin comme dans certains dialogues ou gags) et violence macabre fonctionne par moments, mais dérange souvent. Déjà au niveau du dessin, ces personnages avec des grands yeux presque larmoyants, de grands sourires, des joues bien rondes : ça fait un peu trop à la fois manga et cartoon à mes yeux. Et de même, malgré le côté macabre du scénario, le tout est contrebalancé par un esprit jeune en permanence. En outre, plusieurs personnages, en particulier Dirna, peinent à évoluer ou deviennent irritants sur la durée. C'est cette oscillation entre le sérieux d'une histoire fantasy adulte et le côté enfantin ou du moins adolescent que l'auteur et le dessinateur veulent conserver qui ne me permet pas d'apprécier cette série autant que j'aimerais le faire.
Malgré quelques longueurs au milieu, la série se conclut de manière satisfaisante, avec un dernier tome un peu trop intense mais cohérent. Au final, même si tout n’est pas réussi, Zorn & Dirna reste une série marquante et ambitieuse, qui a la mérité de former un tout cohérent malgré son étrange oscillation de ton.
Il y a plus de 15 ans, j'avais plutôt été emballé par cette série. Force est de constater qu'en vieillissant et après avoir lu pas mal de bandes dessinées, je suis de moins en moins fan de ce genre de Bd de chez Soleil.
En effet, bien que le scénario et l'idée de départ soit très originaux (la mort a été enfermée dans un psyché, ce qui n'empêche pas les corps de se décrépir et de pourrir...), je trouve à présent que les personnages sont un peu trop tranchés et caricaturaux et l'enchainement des événements peu crédible. Splata et Seldnör se remettent ainsi beaucoup trop rapidement des horreurs qu'ils ont subies et certains dialogues sont vraiment trop décalés par rapport au contexte et au thème de l'Héroïc-Fantasy. A cela s'ajoute un côté plutôt énervant de nos deux petits héros que sont Zorn et Dirna et certains gags un peu lourds (le retour répétitif du gitan qui zozote au fil des tomes, les changements de corps masculins/féminins, etc.). Enfin, était-il vraiment nécessaire de dédier 5 pages du tome 5 à une scène de sexe entre Splata et Seldnör/Kerozinn ? Personnellement, je n'en ai pas perçu la plus-value...
Concernant le graphisme, le côté enfantin et très rond du dessin, notamment au niveau des visages de Zorn & Dirna, et la mise en couleur très prononcée avec des couleurs très vives et contrastées, tranchent avec la noirceur et la violence des scènes rencontrées. Dommage que l'ensemble reste trop informatisé et lisse à mon goût.
Une série à réserver aux amateurs du genre dont je ne conseillerais à présent plus l'achat. Note réelle : 2,5
SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 5/10
GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 6/10
NOTE GLOBALE : 11/20
Nous sommes en Angleterre au XVIIeme siècle (même si rien ne précise le lieu, et si les noms des personnages sont plutôt "nordiques "). Une atmosphère puritaine étouffante. L'arrière-plan est très classique, et l'intrigue très - trop - linéaire. Elle manque aussi de densité, et avec quelque chose de plus étoffé, avec des intrigues parallèles et des personnages secondaires plus développés, j'aurais volontiers arrondi au niveau supérieur.
Mais ça reste quand même une histoire plaisante à lire. Qui montre bien la peur des femmes, l'instrumentation du diable et de l'idée de sorcellerie pour les dominer et accessoirement cadenasser une société en pleine effervescence. Ainsi l'héroïne, délaissée par son mari (inquisiteur obnubilé par sa chasse aux sorcières - avec des méthodes discutables !), est assaillie de rêves érotiques, qui vont la mener à sa perte.
La narration est fluide.
Mais c'est l'aspect graphique qui est le plus original et le plus réussi.
Chacune des deux autrices se charge, avec son style propre, d'une partie du récit. Un style comics classique (et réussi) avec un trait gras pour tout ce qui est de la vie "ordinaire ", et un style hyper réaliste au rendu proche de la photo pour les parties rêvées (ou sensualité et érotisme s'invitent avec le "malin").
J'ai bien aimé ce double travail graphique.
Note réelle 3,5/5.
Aïe, aïe, aïe... 4, c'est trop ; 3, c'est trop peu. Et je ne peux tempérer ma note par un coup de cœur qui n'est pas venu.
Pour autant, on est loin de l'échec, Ayroles signe à nouveau une bande dessinée qui se lit très agréablement et où l'on retrouve le verbe haut si caractéristique de l'auteur. Et pourtant, j'ai ressenti moins de passion à lire cet album que l'ensemble des autres d'Ayroles... Après réflexion, je crois que le problème, c'est la redite.
Pourquoi avoir choisi de poursuivre l'histoire de Richard III dans sa version shakespearienne ? Ce lien encombre finalement plus le récit qu'autre chose. Car, quand on connaît la pièce de Shakespeare (ou la fidèle adaptation cinématographique qu'en tira Laurence Olivier en 1955), il est difficile de concéder à Ayroles le même génie que son très illustre prédécesseur. Et si l'auteur de De Cape et de Crocs, Garulfo et D a déjà allègrement brillé par le passé, la lutte qu'il livre pour se montrer au niveau de Shakespeare est trop ardue pour qu'il en sorte la tête haute.
On peut au moins reconnaître à Alain Ayroles de s'en sortir sans ridicule. Son pastiche de Shakespeare fonctionne par moments, et les dialogues sont ponctués de ces étincelles de génie qu'on lui connaît. Certaines répliques deviennent cultes aussitôt qu'on les lit !
Mais voilà, quand on a lu Sept Missionnaires et Les Indes fourbes, on a un peu l'impression que leur auteur tourne en rond. Que nous apporte de neuf La Terre verte ? Finalement pas grand-chose...
D'autant que La Terre verte n'a pas la somptuosité visuelle des Indes fourbes. Hervé Tanquerelle est loin d'être mauvais au dessin, bien évidemment, mais quand on songe au génie de Guarnido ou à la fluidité du trait de Guérineau (pour rester sur le Ayroles récent), ce récit n'en a pas l'ampleur. Le Groenland n'apparaît le plus souvent que sous l'apparence d'un village de pêcheurs modeste, on ne voit et on n'imagine que peu les grandes étendues glacées balayées par le vent et la neige.
Et puis, surtout, je ne m'attarde jamais dessus, mais ici, la police d'écriture des textes m'a sorti du récit. Je me rends compte que c'est important, parfois, le lettrage. S'il n'a pas l'élégance qui convient à l'époque choisie, cela crée un étrange décalage, pas forcément de bon aloi.
Bref, rien de catastrophique. La Terre verte est une histoire qui se lit très agréablement et où l'on retrouve la patte typique d'Ayroles. Mais justement, c'est trop typique. C'est fait avec beaucoup de talent, mais le génie commence à disparaître sous l'effet de la répétition... Et finalement, après Les Indes fourbes, L'Ombre des Lumières et maintenant "La Terre verte", c'est-à-dire trois récits historiques de colonisation, de chute/rédemption (ou rédemption/chute) et de chocs des cultures, me vient une question à l'esprit : où est passé le Alain Ayroles qui était capable tour à tour (voire simultanément) de nous emmener écouter des poésies sur la lune en se battant à l'épée, trembler face au baiser mortel du vampire de l'époque victorienne, et pleurer sur le sort d'un ogre de contes de fées plus occupé à collectionner les porcelaines qu'à manger des humains ?
Cet Ayroles-là me manque. On va tout miser sur le tome 3 de sa trilogie Les Chimères de Vénus...
Très similaire à un autre album de la collection "Patte de mouche", à savoir Imbroglio, en ça que tous deux parodient les fins de whodunit en enchaînant et en sur-exagérant les révélations.
Ici, on est même plus précisément sur une fin à la Scooby-Doo. Oui, les deux enquêteurs ressemblent à s'y méprendre à Sherlock Holmes et au docteur Watson, mais il n'empêche que la scène très connue et ultra-codifiée du retirage de masque avec l'explication abracadabrantesque qui justifie pourquoi quelqu'un se serait déguisé en monstre ça tient quand-même plus du Scooby-Doo.
Ici, donc, préparez-vous à enchaîner les masques, les mobiles et les révélations (toujours accompagnées du tonnerre dramatique, pour faire plus vrai).
C'est con, c'est court, c'est efficace.
En tout cas, l'album m'est resté en tête plusieurs années après lecture et parvient encore à me faire sourire.
J'ai lu la série dans la première intégrale. Sur ce genre d'album hommage collectif, c'est une honnête production.
Même si je ne suis pas fan de l'éclectisme qu'impose l'assemblage hétéroclite d'auteurs. Pas forcément pour les thèmes ou intrigues, ici toutes adaptées des chansons de Renaud, mais plutôt au niveau graphique.
Pas mal de noms connus donc, qui s'en tirent plus ou moins bien. En particulier j'ai été surpris de retrouver Juillard. Et de fait son trait léché ne convient pas je trouve (surtout que, contrairement à beaucoup d'autres il se contente d'illustrer le texte de la chanson).
Les auteurs des Humanos de la grande époque sont plus à leur aise (Renaud les côtoyait à l'époque). Comme Boucq aussi.
Sinon, au niveau des textes, je préfère les plus anciens ( j'étais amateur des premiers albums, ou du live "Un Olympia pour moi tout seul "), ce qui a sans doute joué pour mon ressenti.
Les fans du chanteur y trouveront leur compte.
Note réelle 2,5/5.
Si certains ne doutaient encore de l'antimilitarisme de Tardi cette série aura vite fait de l'éclairer. Tardi positionne son récit à hauteur d'un simple fantassin parigot du XXème transbahuté sans logique d'un point à un autre du conflit. C'est une excellente mise en image de la synthèse très fine de l'historien Verney et grand spécialiste qui accompagne et guide cet ouvrage. Pour moi les deux récits se répondent pour apporter une intelligence globale sur les événements. Les explications de Verney prennent de la hauteur pour donner une vue d'ensemble politique, militaire, industrielle ou sociale du conflit. Le détails des opérations militaires est survolé mais donne du sens aux différents ordres donnés par les belligérants en fonctions d'informations inaccessibles à la troupe. Tardi lui colle son soldat à la boue ou la poussière des tranchées dans un maelstrom d'hommes et de bêtes en mouvements et de contre mouvements qui confinent à une absurdité mortelle. Pas ou peu de dialogue puisque l'on a pas le temps d'établir une relation que le camarade se retrouve les tripes à l'air. Il ne reste alors que cette voix off obsédante par sa lucidité muette.
Les deux récits se rejoignent sur le nombre de morts, cette saignée de toute une génération que les pays mettront des décennies à panser. Un "massacre des innocents" de tous les pays que les auteurs attribuent avec lucidité à des vieillards peu avare du sang de leurs jeunes compatriotes/sujets. Force sénile bien nommée chez Verney, invisible chez Tardi dont l'empreinte s'est fait sentir une bonne partie du XXème siècle.
C'est l'originalité de la lecture qui propose une synthèse historique globale qui va marquer le futur et une analyse pertinente du ressenti des hommes qui va influencer leurs comportements ultérieurs.
Une approche différente sur le conflit très intéressante si on connait déjà le déroulement des opérations.
Pour un manga destiné aux ados, j'ai trouvé cette lecture assez exigeante. C'est assez condensée puisque l'autrice boucle sa série en quatre opus. Les dialogues sont recherchés et parfois compliqués dans un monde futuriste de SF. L'autrice crée une fratrie étrange avec ce couple Pino et Chico qui sont frère et sœur d'un genre surprenant puisque Pino est un robot alors que Chico est une sorte de docteur pour humains et robots.
A la recherche de leur mère, les deux personnages voyagent de colonie en colonie dans un monde hybride robots/humains ravagé par la dernière grande guerre et dont le temps est compté par faute d'énergie disponible. Cela permet à Yuna Hirasawa de travailler sur la thématique de la finitude avec plusieurs pistes intéressantes et la relation entre robots et humains qui m'a moins passionné.
Le graphisme est classique avec des personnages humains stéréotypés par les codes mangas. Cela donne encore une héroïne principale au look de collégienne de 14 ans dans un monde hostile où elle agit comme une vieille pro pleine d'expérience. Par contre l'autrice n'abuse pas des super déformations pour créer de l'expressivité fictive. Les extérieurs sont bien travaillés avec un trait fin et délicat et une profusion de détails. J'ai une préférence pour le T2 au sein de la Rainforest qui donne une ambiance plus organique que le reste de la série.
Les scènes de combats sont peu nombreuses ce qui montre que l'autrice a privilégié la pensée à l'action.
Une lecture avec des qualités même si je ne suis pas le lecteur idéal.
Je pense que la foultitude de détails techniques et la description plutôt complète et minutieuse d'une expérience de course au large va surtout plaire aux amateurs et/ou amoureux du genre.
Mais je dois dire que, même si les immensités océaniques et la voile ne m'attirent pas forcément, ma lecture de cet album s'est quand même révélée agréable.
Un peu à la façon d'une Marion Montaigne (autour du voyage de Thomas Pesquet dans l'espace par exemple), Maud Bénézit produit un récit dynamique, qui s'affranchit souvent du traditionnel gaufrier, avec un dessin simple et plaisant.
L'autodérision dont fait preuve Clarisse Crémer joue aussi pour intéresser les lecteurs à ses angoisses, ses questionnements, ses réflexions. Sa fraîcheur est communicative.
Un album sur lequel je ne reviendrai sans doute pas, mais que je recommande à tous ceux que le sujet passionne, et même au-delà.
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Somna
Bon, de l'érotisme hétérosexuel, sur le papier ça ne devrait pas m'attirer. Pourtant l'album possède quand-même quelques atouts qui m'avait donné envie de le lire : une mise en avant du désir féminin, une narration jouant sur un flou entre rêve et réalité, une utilisation de la figure de la sorcière pour parler de l'ostracisation et de la diabolisation des femmes, et deux graphismes magnifiques s'alternant pour illustrer les changements de perception de la protagoniste Ouais, l'album a de bonnes qualités. Et, grande surprise, même si je lui trouve un petit défaut (parfaitement personnel et sur lequel je reviendrai après), j'ai trouvé l'album très bon. Ce petit défaut n'est pas vraiment l'érotisme hétérosexuel, bien que la figure fantasmée masculine ne me fasse pas vibrer le cœur (ni frémir le pantalon d'ailleurs) je trouve tout de même les sujets du désir féminin, des désirs refoulés et des fantasmes assez joliment traités. En fait, le seul défaut que je trouve à cet album est qu'il m'apparaît dommage de ne pas avoir profité davantage du sujet de la figure de la sorcière. Oui, je suis sans doute un peu vache dans cet avis, le sujet reste central à l'album, mais la figure de la sorcière, ses symboliques et ses réappropriations me tiennent énormément à cœur. Ici, cette figure est bien utilisée pour illustrer la peur de l'inconnu, la personnification de ce que nous jugeons de mal dans une société, un outil de contrôle pour éliminer les gens que nous n'apprécions pas. C'est juste que je n'aurais pas boudé voir tout cela un peu plus... un peu plus présent, un peu plus développé. Tout cela fait trop sage, trop convenu. Oui, ce n'est sans doute pas très clair, mais j'ai tout de même un petit sentiment d'occasion manquée à la fin de cet album. Après, quand je dis défaut, je le trouve moi-même minime. Honnêtement, l'album reste bon, ne serait-ce que pour les très beaux graphismes et le jeu très intéressant sur leur alternance de plus en plus chaotique pour illustrer le sentiment de perdition de la protagoniste. Je déplore simplement le fait que l'album aurait pu davantage étoffer son propos sur la figure de la sorcière. (Note réelle 3,5)
Zorn & Dirna
Une série ambitieuse et originale, servie par un univers riche et un bon scénario, mais desservie par un ton hésitant entre jeunesse et maturité. L’idée de départ, un monde où la mort a disparu, est originale, puissante, et permet une vraie réflexion sur la condition humaine, le deuil, la liberté de mourir. L’univers est riche, le scénario globalement bien construit, et certains passages sont très touchants, notamment dans les relations familiales. De même, le dessin est de très bonne qualité, notamment concernant les décors qui sont non seulement beaux mais aussi originaux. Mais la série souffre d’un déséquilibre de ton. Le mélange entre légèreté “jeunesse” (dans le dessin comme dans certains dialogues ou gags) et violence macabre fonctionne par moments, mais dérange souvent. Déjà au niveau du dessin, ces personnages avec des grands yeux presque larmoyants, de grands sourires, des joues bien rondes : ça fait un peu trop à la fois manga et cartoon à mes yeux. Et de même, malgré le côté macabre du scénario, le tout est contrebalancé par un esprit jeune en permanence. En outre, plusieurs personnages, en particulier Dirna, peinent à évoluer ou deviennent irritants sur la durée. C'est cette oscillation entre le sérieux d'une histoire fantasy adulte et le côté enfantin ou du moins adolescent que l'auteur et le dessinateur veulent conserver qui ne me permet pas d'apprécier cette série autant que j'aimerais le faire. Malgré quelques longueurs au milieu, la série se conclut de manière satisfaisante, avec un dernier tome un peu trop intense mais cohérent. Au final, même si tout n’est pas réussi, Zorn & Dirna reste une série marquante et ambitieuse, qui a la mérité de former un tout cohérent malgré son étrange oscillation de ton.
Zorn & Dirna
Il y a plus de 15 ans, j'avais plutôt été emballé par cette série. Force est de constater qu'en vieillissant et après avoir lu pas mal de bandes dessinées, je suis de moins en moins fan de ce genre de Bd de chez Soleil. En effet, bien que le scénario et l'idée de départ soit très originaux (la mort a été enfermée dans un psyché, ce qui n'empêche pas les corps de se décrépir et de pourrir...), je trouve à présent que les personnages sont un peu trop tranchés et caricaturaux et l'enchainement des événements peu crédible. Splata et Seldnör se remettent ainsi beaucoup trop rapidement des horreurs qu'ils ont subies et certains dialogues sont vraiment trop décalés par rapport au contexte et au thème de l'Héroïc-Fantasy. A cela s'ajoute un côté plutôt énervant de nos deux petits héros que sont Zorn et Dirna et certains gags un peu lourds (le retour répétitif du gitan qui zozote au fil des tomes, les changements de corps masculins/féminins, etc.). Enfin, était-il vraiment nécessaire de dédier 5 pages du tome 5 à une scène de sexe entre Splata et Seldnör/Kerozinn ? Personnellement, je n'en ai pas perçu la plus-value... Concernant le graphisme, le côté enfantin et très rond du dessin, notamment au niveau des visages de Zorn & Dirna, et la mise en couleur très prononcée avec des couleurs très vives et contrastées, tranchent avec la noirceur et la violence des scènes rencontrées. Dommage que l'ensemble reste trop informatisé et lisse à mon goût. Une série à réserver aux amateurs du genre dont je ne conseillerais à présent plus l'achat. Note réelle : 2,5 SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 5/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 6/10 NOTE GLOBALE : 11/20
Somna
Nous sommes en Angleterre au XVIIeme siècle (même si rien ne précise le lieu, et si les noms des personnages sont plutôt "nordiques "). Une atmosphère puritaine étouffante. L'arrière-plan est très classique, et l'intrigue très - trop - linéaire. Elle manque aussi de densité, et avec quelque chose de plus étoffé, avec des intrigues parallèles et des personnages secondaires plus développés, j'aurais volontiers arrondi au niveau supérieur. Mais ça reste quand même une histoire plaisante à lire. Qui montre bien la peur des femmes, l'instrumentation du diable et de l'idée de sorcellerie pour les dominer et accessoirement cadenasser une société en pleine effervescence. Ainsi l'héroïne, délaissée par son mari (inquisiteur obnubilé par sa chasse aux sorcières - avec des méthodes discutables !), est assaillie de rêves érotiques, qui vont la mener à sa perte. La narration est fluide. Mais c'est l'aspect graphique qui est le plus original et le plus réussi. Chacune des deux autrices se charge, avec son style propre, d'une partie du récit. Un style comics classique (et réussi) avec un trait gras pour tout ce qui est de la vie "ordinaire ", et un style hyper réaliste au rendu proche de la photo pour les parties rêvées (ou sensualité et érotisme s'invitent avec le "malin"). J'ai bien aimé ce double travail graphique. Note réelle 3,5/5.
La Terre verte
Aïe, aïe, aïe... 4, c'est trop ; 3, c'est trop peu. Et je ne peux tempérer ma note par un coup de cœur qui n'est pas venu. Pour autant, on est loin de l'échec, Ayroles signe à nouveau une bande dessinée qui se lit très agréablement et où l'on retrouve le verbe haut si caractéristique de l'auteur. Et pourtant, j'ai ressenti moins de passion à lire cet album que l'ensemble des autres d'Ayroles... Après réflexion, je crois que le problème, c'est la redite. Pourquoi avoir choisi de poursuivre l'histoire de Richard III dans sa version shakespearienne ? Ce lien encombre finalement plus le récit qu'autre chose. Car, quand on connaît la pièce de Shakespeare (ou la fidèle adaptation cinématographique qu'en tira Laurence Olivier en 1955), il est difficile de concéder à Ayroles le même génie que son très illustre prédécesseur. Et si l'auteur de De Cape et de Crocs, Garulfo et D a déjà allègrement brillé par le passé, la lutte qu'il livre pour se montrer au niveau de Shakespeare est trop ardue pour qu'il en sorte la tête haute. On peut au moins reconnaître à Alain Ayroles de s'en sortir sans ridicule. Son pastiche de Shakespeare fonctionne par moments, et les dialogues sont ponctués de ces étincelles de génie qu'on lui connaît. Certaines répliques deviennent cultes aussitôt qu'on les lit ! Mais voilà, quand on a lu Sept Missionnaires et Les Indes fourbes, on a un peu l'impression que leur auteur tourne en rond. Que nous apporte de neuf La Terre verte ? Finalement pas grand-chose... D'autant que La Terre verte n'a pas la somptuosité visuelle des Indes fourbes. Hervé Tanquerelle est loin d'être mauvais au dessin, bien évidemment, mais quand on songe au génie de Guarnido ou à la fluidité du trait de Guérineau (pour rester sur le Ayroles récent), ce récit n'en a pas l'ampleur. Le Groenland n'apparaît le plus souvent que sous l'apparence d'un village de pêcheurs modeste, on ne voit et on n'imagine que peu les grandes étendues glacées balayées par le vent et la neige. Et puis, surtout, je ne m'attarde jamais dessus, mais ici, la police d'écriture des textes m'a sorti du récit. Je me rends compte que c'est important, parfois, le lettrage. S'il n'a pas l'élégance qui convient à l'époque choisie, cela crée un étrange décalage, pas forcément de bon aloi. Bref, rien de catastrophique. La Terre verte est une histoire qui se lit très agréablement et où l'on retrouve la patte typique d'Ayroles. Mais justement, c'est trop typique. C'est fait avec beaucoup de talent, mais le génie commence à disparaître sous l'effet de la répétition... Et finalement, après Les Indes fourbes, L'Ombre des Lumières et maintenant "La Terre verte", c'est-à-dire trois récits historiques de colonisation, de chute/rédemption (ou rédemption/chute) et de chocs des cultures, me vient une question à l'esprit : où est passé le Alain Ayroles qui était capable tour à tour (voire simultanément) de nous emmener écouter des poésies sur la lune en se battant à l'épée, trembler face au baiser mortel du vampire de l'époque victorienne, et pleurer sur le sort d'un ogre de contes de fées plus occupé à collectionner les porcelaines qu'à manger des humains ? Cet Ayroles-là me manque. On va tout miser sur le tome 3 de sa trilogie Les Chimères de Vénus...
Les Aventures de la Fin de l'épisode
Très similaire à un autre album de la collection "Patte de mouche", à savoir Imbroglio, en ça que tous deux parodient les fins de whodunit en enchaînant et en sur-exagérant les révélations. Ici, on est même plus précisément sur une fin à la Scooby-Doo. Oui, les deux enquêteurs ressemblent à s'y méprendre à Sherlock Holmes et au docteur Watson, mais il n'empêche que la scène très connue et ultra-codifiée du retirage de masque avec l'explication abracadabrantesque qui justifie pourquoi quelqu'un se serait déguisé en monstre ça tient quand-même plus du Scooby-Doo. Ici, donc, préparez-vous à enchaîner les masques, les mobiles et les révélations (toujours accompagnées du tonnerre dramatique, pour faire plus vrai). C'est con, c'est court, c'est efficace. En tout cas, l'album m'est resté en tête plusieurs années après lecture et parvient encore à me faire sourire.
La Bande à Renaud (Renaud - BD d'enfer)
J'ai lu la série dans la première intégrale. Sur ce genre d'album hommage collectif, c'est une honnête production. Même si je ne suis pas fan de l'éclectisme qu'impose l'assemblage hétéroclite d'auteurs. Pas forcément pour les thèmes ou intrigues, ici toutes adaptées des chansons de Renaud, mais plutôt au niveau graphique. Pas mal de noms connus donc, qui s'en tirent plus ou moins bien. En particulier j'ai été surpris de retrouver Juillard. Et de fait son trait léché ne convient pas je trouve (surtout que, contrairement à beaucoup d'autres il se contente d'illustrer le texte de la chanson). Les auteurs des Humanos de la grande époque sont plus à leur aise (Renaud les côtoyait à l'époque). Comme Boucq aussi. Sinon, au niveau des textes, je préfère les plus anciens ( j'étais amateur des premiers albums, ou du live "Un Olympia pour moi tout seul "), ce qui a sans doute joué pour mon ressenti. Les fans du chanteur y trouveront leur compte. Note réelle 2,5/5.
Putain de guerre !
Si certains ne doutaient encore de l'antimilitarisme de Tardi cette série aura vite fait de l'éclairer. Tardi positionne son récit à hauteur d'un simple fantassin parigot du XXème transbahuté sans logique d'un point à un autre du conflit. C'est une excellente mise en image de la synthèse très fine de l'historien Verney et grand spécialiste qui accompagne et guide cet ouvrage. Pour moi les deux récits se répondent pour apporter une intelligence globale sur les événements. Les explications de Verney prennent de la hauteur pour donner une vue d'ensemble politique, militaire, industrielle ou sociale du conflit. Le détails des opérations militaires est survolé mais donne du sens aux différents ordres donnés par les belligérants en fonctions d'informations inaccessibles à la troupe. Tardi lui colle son soldat à la boue ou la poussière des tranchées dans un maelstrom d'hommes et de bêtes en mouvements et de contre mouvements qui confinent à une absurdité mortelle. Pas ou peu de dialogue puisque l'on a pas le temps d'établir une relation que le camarade se retrouve les tripes à l'air. Il ne reste alors que cette voix off obsédante par sa lucidité muette. Les deux récits se rejoignent sur le nombre de morts, cette saignée de toute une génération que les pays mettront des décennies à panser. Un "massacre des innocents" de tous les pays que les auteurs attribuent avec lucidité à des vieillards peu avare du sang de leurs jeunes compatriotes/sujets. Force sénile bien nommée chez Verney, invisible chez Tardi dont l'empreinte s'est fait sentir une bonne partie du XXème siècle. C'est l'originalité de la lecture qui propose une synthèse historique globale qui va marquer le futur et une analyse pertinente du ressenti des hommes qui va influencer leurs comportements ultérieurs. Une approche différente sur le conflit très intéressante si on connait déjà le déroulement des opérations.
Terrarium
Pour un manga destiné aux ados, j'ai trouvé cette lecture assez exigeante. C'est assez condensée puisque l'autrice boucle sa série en quatre opus. Les dialogues sont recherchés et parfois compliqués dans un monde futuriste de SF. L'autrice crée une fratrie étrange avec ce couple Pino et Chico qui sont frère et sœur d'un genre surprenant puisque Pino est un robot alors que Chico est une sorte de docteur pour humains et robots. A la recherche de leur mère, les deux personnages voyagent de colonie en colonie dans un monde hybride robots/humains ravagé par la dernière grande guerre et dont le temps est compté par faute d'énergie disponible. Cela permet à Yuna Hirasawa de travailler sur la thématique de la finitude avec plusieurs pistes intéressantes et la relation entre robots et humains qui m'a moins passionné. Le graphisme est classique avec des personnages humains stéréotypés par les codes mangas. Cela donne encore une héroïne principale au look de collégienne de 14 ans dans un monde hostile où elle agit comme une vieille pro pleine d'expérience. Par contre l'autrice n'abuse pas des super déformations pour créer de l'expressivité fictive. Les extérieurs sont bien travaillés avec un trait fin et délicat et une profusion de détails. J'ai une préférence pour le T2 au sein de la Rainforest qui donne une ambiance plus organique que le reste de la série. Les scènes de combats sont peu nombreuses ce qui montre que l'autrice a privilégié la pensée à l'action. Une lecture avec des qualités même si je ne suis pas le lecteur idéal.
J'y vais mais j'ai peur
Je pense que la foultitude de détails techniques et la description plutôt complète et minutieuse d'une expérience de course au large va surtout plaire aux amateurs et/ou amoureux du genre. Mais je dois dire que, même si les immensités océaniques et la voile ne m'attirent pas forcément, ma lecture de cet album s'est quand même révélée agréable. Un peu à la façon d'une Marion Montaigne (autour du voyage de Thomas Pesquet dans l'espace par exemple), Maud Bénézit produit un récit dynamique, qui s'affranchit souvent du traditionnel gaufrier, avec un dessin simple et plaisant. L'autodérision dont fait preuve Clarisse Crémer joue aussi pour intéresser les lecteurs à ses angoisses, ses questionnements, ses réflexions. Sa fraîcheur est communicative. Un album sur lequel je ne reviendrai sans doute pas, mais que je recommande à tous ceux que le sujet passionne, et même au-delà.