Les derniers avis (331 avis)

Couverture de la série Terrarium
Terrarium

Pour un manga destiné aux ados, j'ai trouvé cette lecture assez exigeante. C'est assez condensée puisque l'autrice boucle sa série en quatre opus. Les dialogues sont recherchés et parfois compliqués dans un monde futuriste de SF. L'autrice crée une fratrie étrange avec ce couple Pino et Chico qui sont frère et sœur d'un genre surprenant puisque Pino est un robot alors que Chico est une sorte de docteur pour humains et robots. A la recherche de leur mère, les deux personnages voyagent de colonie en colonie dans un monde hybride robots/humains ravagé par la dernière grande guerre et dont le temps est compté par faute d'énergie disponible. Cela permet à Yuna Hirasawa de travailler sur la thématique de la finitude avec plusieurs pistes intéressantes et la relation entre robots et humains qui m'a moins passionné. Le graphisme est classique avec des personnages humains stéréotypés par les codes mangas. Cela donne encore une héroïne principale au look de collégienne de 14 ans dans un monde hostile où elle agit comme une vieille pro pleine d'expérience. Par contre l'autrice n'abuse pas des super déformations pour créer de l'expressivité fictive. Les extérieurs sont bien travaillés avec un trait fin et délicat et une profusion de détails. J'ai une préférence pour le T2 au sein de la Rainforest qui donne une ambiance plus organique que le reste de la série. Les scènes de combats sont peu nombreuses ce qui montre que l'autrice a privilégié la pensée à l'action. Une lecture avec des qualités même si je ne suis pas le lecteur idéal.

18/04/2025 (modifier)
Couverture de la série J'y vais mais j'ai peur
J'y vais mais j'ai peur

Je pense que la foultitude de détails techniques et la description plutôt complète et minutieuse d'une expérience de course au large va surtout plaire aux amateurs et/ou amoureux du genre. Mais je dois dire que, même si les immensités océaniques et la voile ne m'attirent pas forcément, ma lecture de cet album s'est quand même révélée agréable. Un peu à la façon d'une Marion Montaigne (autour du voyage de Thomas Pesquet dans l'espace par exemple), Maud Bénézit produit un récit dynamique, qui s'affranchit souvent du traditionnel gaufrier, avec un dessin simple et plaisant. L'autodérision dont fait preuve Clarisse Crémer joue aussi pour intéresser les lecteurs à ses angoisses, ses questionnements, ses réflexions. Sa fraîcheur est communicative. Un album sur lequel je ne reviendrai sans doute pas, mais que je recommande à tous ceux que le sujet passionne, et même au-delà.

18/04/2025 (modifier)
Couverture de la série Seuls sont les indomptés
Seuls sont les indomptés

Bon, j'arrive après la bataille. Les cinq avis précédents oscillent entre 3/5 et 4/5. Je les ai lus, et j'ai compris ce que tous ont "aimé" et "pas aimé" dans cette BD. Alors oui le film avec Kirk Douglas, oui le livre d'Edward Abbey, oui tout ça. On a vu le film (un grand souvenir d'enfance pour moi), lu le livre (pas mon préféré d'Abbey, mais quand même), et, forcément, quand on a vu la couverture de la BD chez son libraire préféré, ben on s'est dit "banco". Résultat : je le dis en toute franchise, et c'est une première pour moi : voilà l'un des rarissime cas où la BD est supérieure au livre. Rien de moins. Et pourtant, j'adore Abbey, ses clefs à mollette, ses déserts perdus, ses héros fatigués du monde… Mais là, Max de Radiguès et Hugo Piette livrent non pas une adaptation, mais une réécriture de la trame du roman. Une version surexposée (merci les couleurs), aiguisée jusqu'au fil, une réduction au sens culinaire du mot : on chauffe, on chauffe, on élimine la flotte et le superflu pour garder le suc, l'ampleur de l'histoire, l'odeur du sable et des cailloux, le rat-rat-rat des pales d'hélico, le refus de la jument Whisky face à chaque obstacle. Bon sang, c'est virtuose… Alors oui, c'est pas Usual Suspect et la fin ne cueille pas le spectateur. Mais faudrait pas oublier que c'est le second roman d'Abbey, écrit à 29 ans. Oui, encore, il ne s'était pas foulé pour le titre. Se contentant d'un "The brave cowboy" qui ne risquait pas d'attiser la curiosité des lecteurs un peu exigeants. Mais cette version là, cette BD solaire et crépusculaire à la fois, moi je la veux sur mon étagère. Et je l'offre aux amis à qui je suis sûr de faire plaisir.

18/04/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 3/5
Couverture de la série Empereur Joker
Empereur Joker

Ça fait très longtemps que cette BD trainait à la maison et que je voulais la relire. C'est une étrange histoire concocté par Jeph Loeb et ses comparses, histoire qui va évoluer dans un monde crée par le Joker où sa folie s'impose au reste. L'idée permet de renverser pas mal de choses établies de l'univers des super-héros, notamment en les tournant en ridicule. C'est une riche idée, dans une histoire où le ton sombre se fait sentir. On a une petite vision de l'enfer avec ces tourments éternels que subit Batman par exemple. Maintenant, je dois dire que si la lecture est amusante parfois, elle est franchement alourdie pour un néophyte comme moi. On a des personnages qui apparaissent en permanence, la plupart m'étant parfaitement inconnu. Du coup c'est un peu confus dans l'ensemble lorsqu'on ne sait pas trop qui fait quoi et pourquoi. Et je dois dire que l'histoire reste globalement très proche de ce qu'on voit dans pas mal d'autres récits de super-héros. En fin de compte, le contexte assez sombre qui pourrait être l'intérêt central du récit est assez peu présent sauf au final. Globalement j'ai relu sans déplaisir. Il y a quelques gags qui marchent très bien, l'histoire aurait pu être plus sombre et profonde avec une réflexion sur la folie qui a trop de pouvoir. Maintenant ça reste aussi très classique dans la forme, et globalement je pense qu'il faut une meilleure connaissance des super-héros pour apprécier pleinement tout ce qui est présenté ici. Ni franchement excellent ni mauvais, un comics dans la moyenne je trouve.

18/04/2025 (modifier)
Par Spooky
Note: 1/5
Couverture de la série Dune (Macchio/Sienkiewicz)
Dune (Macchio/Sienkiewicz)

Je vais (encore) passer pour un hérétique (notez le jeu de mots), mais Dune et moi, ça n'a jamais fonctionné. J'ai voulu lire les romans à l'époque où je découvrais de nombreux classiques de la SF, et finir le premier volume a été presque douloureux tant je n'ai pas réussi à accrocher. La lecture du deuxième a été abandonnée en cours de route. Pas mieux avec le film de Lynch, où le seul intérêt pour moi réside dans les coiffures et les décors kitsch. Les deux films de Villeneuve m'ont permis de mieux comprendre l'univers, sans que je m'y intéresse beaucoup plus. Et c'est par hasard que je tombe sur cette adaptation. Je ne savais pas que Ralph Macchio avait œuvré en tant qu'adaptateur. J'ai l'impression qu'il s'est cantonné au minimum syndical, reprenant les dialogues et les plans du film de Lynch sans travailler plus que ça la mise en scène et le découpage. Et l'apport de Sienkiewicz, pourtant un grand nom du comics, ne m'a pas semblé un bon choix non plus. J'ai en effet beaucoup de mal avec son style, un faux réalisme surencré, accompagné de couleurs saturées, peut-être raccords avec le film, mais en bande dessinée ça pique les yeux. Ce pauvre Sting ressemble à un Sangoku avec une morphologie de blob sur certaines cases, et ça ne m'a pas aidé à progresser dans ma lecture. Et puis à un moment, comme pour le roman, et le film, je me suis rendu compte que je perdais mon temps. Que je n'en avais rien à faire de cet univers, que je n'avais aucune empathie pour les personnages, que l'histoire ne menait à rien. J'ai laissé tomber peu avant la fin, que je connaissais déjà de toute façon.

18/04/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Alma - Voyage initiatique d’un astronome en terre inca
Alma - Voyage initiatique d’un astronome en terre inca

À mi-chemin entre le roman graphique et le documentaire, cette bande dessinée nous entraîne dans le désert de l’Atacama, au Chili, sur les traces de son protagoniste, un astrophysicien venu solliciter quelques précieuses minutes d’observation à l’Atacama Large Millimeter Array, le plus grand radiotélescope combiné au monde. Si sa quête scientifique est au cœur du récit, c’est également une rencontre humaine qui s’opère, avec les Atacameños, population ancestrale ayant su s’adapter à cet environnement extrême, aujourd’hui menacée par la surexploitation des ressources en eau due à l’industrie minière du lithium et du cuivre, métaux pourtant cruciaux pour les moteurs électriques censés réduire notre dépendance au pétrole. La lecture s’avère donc doublement enrichissante. D’un côté, elle offre une plongée fascinante dans le fonctionnement de ce gigantesque instrument d’observation et dans les applications astronomiques qu’il permet. De l’autre, elle ouvre une fenêtre sur une région isolée, perchée à haute altitude où l’oxygène se fait rare, et sur la situation de la population locale. Les planches de Matthieu Fauré séduisent par leurs couleurs vibrantes, particulièrement efficaces pour traduire la majesté des paysages désertiques et, surtout, la splendeur des ciels nocturnes, où la Voie lactée et ses nébuleuses apparaissent avec une intensité remarquable. En revanche, le dessin des personnages peine à convaincre : visages variables, mains souvent maladroites et proportions bancales entachent quelque peu la lisibilité du récit. Au fil des pages, la dimension scientifique cède progressivement le pas à une réflexion plus existentielle. Le héros se confronte à des interrogations universelles, portées par des séquences halucinatoires un brin déroutantes, mais toujours ancrées dans une volonté de souligner la fascination commune des êtres humains pour les étoiles, quel que soit leur point d’ancrage sur la planète. Malgré ces qualités indéniables, l’ensemble ne m’a pas pleinement emporté. Le ton, parfois un peu mièvre, notamment à travers la répétition de la formule « Là-bas, il n’y a rien et en même temps… il y a tout », m’a laissé à distance. La conclusion, censée marquer l’aboutissement de la quête du personnage, m'a laissé scientifiquement circonspect : le sens et la portée de l’observation finale manquent de clarté, et je n'ai pas compris pourquoi il fallait viser spécifiquement à cet endroit précis pour obtenir ce résultat qui donne l'impression de pouvoir être obtenu presque partout et de ne pas être très surprenant. Le message n'a pas su correctement m'atteindre et je me suis légèrement ennuyé malgré tout l'intérêt que je peux porter à ce désert de l'Atacama que j'aimerais beaucoup visiter un jour et à l'astrophysique en général. Note : 2,5/5

18/04/2025 (modifier)
Par Romain
Note: 2/5
Couverture de la série Calle Málaga
Calle Málaga

Vite lu, vite oublié... et c’est peut-être pas plus mal. « Calle Malaga » commence comme un film d’auteur sous Lexomil : lent, long, et vide. On nous vend du contemplatif, mais avec des dessins aussi plats, on contemple pas grand-chose à part l’ennui. L’histoire somnole pendant 90% du temps, puis soudain, sur les cinq dernières pages, tout s’accélère... pour nous offrir une conclusion tellement perchée qu’on se demande si on a raté un chapitre ou si l’auteur s’est perdu en chemin. Bref, une BD qui veut jouer dans la cour des grandes, mais qui oublie d’être intéressante.

18/04/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Charlie quand ça leur chante
Charlie quand ça leur chante

Les dessins ont toujours déplu à plein de monde. Et c’est bien la moindre des choses. - Ce tome contient un exposé complet indépendant de toute autre. Son édition originale date de 2025. Il a été réalisé par Aurel (Aurélien Forment) pour le scénario, les dessins, les couleurs. Il comprend trente-deux pages de bande dessinée. L’auteur a réalisé des dessins de presse pour Le Monde et l'hebdomadaire Politis, Le Canard enchaîné, et par le passé pour Marianne (1) Un dessin réussi (comme une blague) est la combinaison de trois éléments fondamentaux : une émettrice – un émetteur (qui dessine), un récepteur – une réceptrice (qui lit) et un contexte. Si les trois éléments ne sont pas clairement identifiés et ne partagent pas les mêmes codes culturels, ça ne peut pas marcher. (2) L’humour est hautement culturel : un bon dessin français peut laisser de marbre un-e Allemand-e et vice-versa. Une blague populaire en Belgique peut choquer une Italienne. Sans parler du flop d’un gag breton à Marseille. (3) En France, les seules limites posées à la liberté d’expression sont celles de la loi. (4) Dans ce livre, la question de l’extrême droite et des extrémistes religieux n'est pas évoquée, car pour elle et eux, le dessin de presse est au mieux un effet secondaire indésirable de la vie politique, au pire, une hérésie à réprimer – voire buter. La discussion est vite close. - Dix ans après la déflagration qu’a représentée l‘attentat contre Charlie Hebdo et l’assassinat des dessinateurs parmi les meilleurs de la profession (déjà peu peuplée – quelques dizaines d’individus), le dessin de presse continue de tenter de survivre à une maladie qu’il avait contracté bien avant 2015. Au-delà de l’horreur de l’attentat, l’ignominie des frères Kouachi a été un facteur aggravant ; accélérant la sénescence d’un métier. Le dessin de presse – mais en fait l’humour d’actualité au sens large – se meurt. Le funambule constitue une bonne métaphore graphique de cette situation, dans les dessins de presse. C’est très pratique pour figurer la fragilité d’une position, la précarité d’un équilibre politique ou une inexorable chute qui pourtant tarde à venir… Et on peut adjoindre à l’allégorie en péril, tout un tas d’attributs exprimant ses contraintes. Dans une mise en abyme, on pourrait représenter le dessinateur de presse en funambule. Première des multiples affections dont souffre le dessin de presse : son principal support – la presse écrite – va mal, les ventes s’effondrent. Et lorsqu’ils prennent plus ou moins bien le virage du numérique, les journaux oublient bien souvent d’embarquer le dessin sur le web. Il suffirait de pas grand-chose et surtout d’un tout petit peu de bonne volonté pour le faire bouger, évoluer et le faire profiter des avantages qu’offre le numérique. Mais à quelques exceptions près, comme Charlie Hebdo ou Le Canard enchaîné, les journaux se sont bien accommodés d’oublier l’encombrant dessin au passage sur le web. Car oui, nous sommes encombrant-e-s ! En effet – seconde affection – un dessin d’actualité doit être percutant, irrévérencieux, sale gosse. Le sept janvier 2015, les frères Chérif et Saïd Kouachi perpètrent un attentat islamiste contre le journal satirique Charlie Hebdo faisant douze morts : Frédéric Boisseau, Cabu, Charb, Honoré, Tignous, Wolinski, Elsa Cayat, Bernard Maris, Mustapha Ourrad, Franck Brinsolaro, puis Ahmed Merabet à l’extérieur. Dans cet ouvrage, l’auteur indique quelle était sa relation avec le magazine Charlie Hebdo. Quelques semaines après l’attentat, un copain s’étonne de le voir arborer un badge Je suis Charlie, car il connaît ses différends politiques avec le journal. Aurel explicite : Primo, ça n’entre pas en compte pour lui à ce moment-là. Et secundo, il explique à son ami ce que signifie pour lui être Charlie : Pouvoir être libre de dire et de dessiner ce qu’on veut dans la limite de la loi. Il ajoute : Et dans les limites de la loi ou pas, un désaccord ne peut en aucun cas se résoudre par un assassinat. Une prise de position qui lui paraît simple et limpide, il ne sait pas s‘il a convaincu son interlocuteur mais i est assez content d’avoir pu le formuler simplement. Dix ans après l’attentat de Charlie Hebdo, Aurel a besoin de faire le point sur la situation, à la fois de l’héritage de ces crimes abjects, à la fois sur le fait que par la malédiction des Kouachi, Charlie s’est transformé en martyr de la liberté d’expression. Cela a eu pour conséquence qu’un petit groupe s’en est emparé pour de plus ou moins bonnes raisons, parfois (souvent) par simple calcul personnel ou politique, et a touché le gros lot. Le lecteur comprend dès la première page qu’il s’agit d’un essai, ce qui induit un mode narratif particulier, avec ses propres spécificités. L’auteur a choisi de mettre en scène un avatar de lui-même pour s’adresser directement au lecteur, avec un dessin descriptif et simplifié, sans pour autant s’embellir. Il apparaît comme un homme normal, avec les cheveux en bataille, une barbe hirsute un sweatshirt informe et un pantalon passe-partout. Il met à profit la possibilité d’accentuer et même d’exagérer les expressions de visage pour faire ressentir son état d’esprit en fonction des situations ; énervement, sidération, abattement, peur, indignation, inquiétude, lassitude, réflexion, entrain, etc. Il utilise des conventions graphiques telles que les étoiles au-dessus de la tête pour l’étourdissement après une chute, le nuage noir au-dessus de la tête pour la colère, etc. Il met en œuvre quelques métaphores visuelles comme son avatar en train de faire le funambule. Il joue sur l’encrage, ajoutant des traits secs pour faire ressentir le degré d’intensité d’une émotion. Lorsqu’il apprend la mort des dessinateurs de Charlie Hebdo, il se liquéfie, et le lecteur peut voir que les traits de contour de son personnage perdent toute leur tension, succombant à la gravité, comme s’il se liquéfiait littéralement. Un essai induit que le rôle de la bande dessinée induit que la narration visuelle est inféodée au texte, à sa construction et ses développements, qu’elle l’illustre plus qu’elle ne le raconte. Le choix de l’avatar de l’auteur, lui, induit également de le voir s’adresser au lecteur, étant régulièrement assis à sa table de travail, ou en train de dessiner. Pour autant, l’auteur va au-delà de l’alignement de cases en bande, avec uniquement des têtes en train de parler, ou de lui-même en plan poitrine en train de parler. Il fait usage de métaphores et de mises en situation diversifiées. Le lecteur croise d’autres personnages et se retrouve dans des environnements inattendus. Dans la première catégorie, il voit un patron de presse, un copain de l’auteur, des bras avec une chaussette au bout pour un théâtre de Guignol, le temps d’une case les six dessinateurs assassinés (Cabu, Choron, Cavanna, Reiser, Gébé, Wolinski), Nicolas Sarkozy, PhilippeVal (ex-rédacteur en chef de Charlie Hebdo, ex-directeur de France Inter, chroniqueur sur Europe 1)… et même des jeunes. Au cours de sa lecture, assiste à des événements aussi inattendus et divers qu’une chute à la verticale sur la hauteur de la page, une liquéfaction, l’intervention d’une citrouille grimée en tête de clown, une chute en chaîne de dominos, le passage de Charlie Brown (pour indiquer d’où vient le titre du magazine satirique), un bouclage du magazine à la grande époque historique (avec des prostituées), et les deux mâchoires de l’étau qui se resserre. Au cours de son essai, l’auteur développe les répercussions de l’attentat contre Charlie Hebdo sous différents points de vue. Il commence par donner sa définition du dessin de presse réussi, puis il évoque l’état de la profession, c’est-à-dire la frilosité des patrons de presse d’inclure ce type de rubrique dans leur périodique. Il effectue plusieurs constats auxquels le lecteur attribue une valeur certaine, ne serait-ce que parce qu’Aurel est lui-même un professionnel de ce métier. En fonction de sa familiarité avec ce domaine, il en apprend plus ou moins, ou il trouve la confirmation de ce qu’il a déjà pu lire ailleurs : la précarisation du métier par la diminution des journaux accueillant les dessins de presse, la mise en concurrence systématique et l’absence de contrat stable avec un journal, le questionnement de chaque production par les éditeurs avant toute publication. Il s’agit de réalités économiques et de conditions d’emploi que le lecteur connaît peut-être déjà, ayant été attiré par cette bande dessinée au propos ciblé. Cet essai va plus loin qu’un constat économique peu encourageant. L’auteur analyse également les forces systémiques en place s’appliquant sur la forme d’humour. Il développe la nature de ces deux mâchoires. D’un côté les néo-réacs : il explicite ce que recouvre ce terme dans le contexte du dessin de presse, comment ce groupe d’opinion s’est imposé après que Charlie Hebdo ait été érigé en martyr, comment il contraint les dessinateurs, et quelles sont ses limites, en particulier les limites de sa pertinence et de sa légitimité dans la définition de ce que serait le bon humour. De l’autre côté : la société évolue, et l’humour doit évoluer avec. Il évoque l’esprit Woke, avec ce que cette appellation peut avoir de flou, et l’associant à des prises de position, des exigences de la jeunesse, des lecteurs plus jeunes. Il détaille la pertinence de ces exigences, leur légitimité, le besoin de les prendre en compte, ce qui ne signifie pas les accepter les yeux fermés. Il voit les critiques Woke (retenant cette appellation faute d’un terme plus approprié) comme une incitation à ne pas se montrer fainéants. Après l’horreur du massacre de Charlie Hebdo du sept janvier 2015, après le mouvement de solidarité d’une ampleur formidable Je suis Charlie, un auteur de dessin de presse constate et analyse les évolutions survenues. Il présente un essai sous forme de bande dessinée en faisant usage de toute la diversité graphique d’expression de ce médium. Il expose la situation du dessin de presse comme pris dans un étau, entre les néo-réacs et les Wokes (faute d’un meilleur terme), avec des conditions d’emploi toujours aussi précaires. Une profession fragile et complexe, pour un humour évoluant avec la société.

18/04/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série Les Dossiers de Hellblazer
Les Dossiers de Hellblazer

2.5 Une série de deux albums dont chacun contient une mini-série mettant en vedette John Constantine et ce sont clairement pas des indispensables à moins de tout vouloir lire sur l'univers d'Hellblazer. Le premier tome contient la meilleure mini-série. On retrouve l'humour noir et le côté anarchique de la série que j'aime bien et le dessin de Murphy retranscrit bien le style d'ambiance que je veux retrouver lorsque je lis un récit mettant en vedette John Constantine. L'idée de départ est bien trouvée aussi. Le seul vrai défaut est que je trouve que le récit traine un peu trop en longueur et qu'au final le récit n'est pas assez percutant pour mériter d'être une mini-série. On aurait pu faire un récit en deux-trois chapitres dans la série-mère sans problème. Le second tome qui voit le retour du scénariste James Delano sur le personnage de Constantine est moins bon. Comme c'était le cas avec d'autres récits écrits dans les années 80-90, il y a un côté social avec une critique cinglante de l'Angleterre de Tony Blair qui a participé à la guerre en Irak. Seulement si le propos n'est pas dénué d'intérêt, je me suis vite un peu ennuyé. Le scénario est poussif avec quelques scènes un peu captivantes qui surnagent dans le lot. Je n'ai pas trop aimé le dessin de Jock sur ce récit, c'est trop froid et informatique pour moi. À noter que cet album contient comme bonus un récit tiré de la série régulière d'Hellblazer dessiné par Jock.

17/04/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série Hellblazer - Le Mystère de la Prof Sans Cœur
Hellblazer - Le Mystère de la Prof Sans Cœur

Un one-shot pour les jeunes qui met en vedette un personnage issu d'une des séries les plus adultes de DC Comics à savoir John Constantine ! Évidemment, Constantine dans ce récit est un jeune ado et les pires trucs qu'il fait sont des trucs comme être prétentieux et de faire les 400 coups sans penser aux conséquences. Le résultat est pas trop mal même si cela s'adresse d'abord à un public de 8-12 ans environ. Le récit est un peu convenu par moment, mais il y a tout de même quelques surprises dans le scénario. Évidemment, le lecteur adulte aura souvent l'impression d'avoir déjà vu ce genre de récit dans un dessin animé qu'il a vu jeune, mais j'ai trouvé que c'était tout de même un peu plus original que d'autres séries de la collection Urban Kids. Il y a des bonnes idées comme le fait que Constantine, habitué à la magie européenne va se retrouver un peu désorienté lorsqu'il va être confronté au monde du surnaturel américain. J'ai bien aimé le dessin et le scénario se lit agréablement bien. C'est pas un indispensable, mais ça fait bien passer le temps.

17/04/2025 (modifier)