No Body : une BD du français Christian de Metter qui s'était fait connaître en adaptant des romans à succès (Shutter Island, Au revoir là-haut, ...).
Avec No Body, le dessinateur crée son propre récit : la saison 1 comporte 4 albums qui nous plongent dans une ambiance rappelant la série Mindhunter.
Une psy se rend en prison pour tenter de percer la personnalité d'un tueur en série qui se déclare lui-même coupable.
[...]- Je sais ce que j'ai fait. Je m'en souviens parfaitement. Je mérite la peine de mort. Point.
Chaque album est l'occasion de découvrir un pan de l'histoire du prisonnier, une vue de son passé.
Un passé de biker, un passé d'agent infiltré du FBI, ... des histoires qui font revivre les années troubles des US, sixties et seventies.
Peu de mots échangés mais un sens aigu de la mise en scène avec un découpage très 'série télé'.
Un dessin sombre et inquiétant, une aquarelle aux eaux glauques, qui ne montre que ce que De Metter veut bien nous dévoiler avant les révélations finales.
[...] Quand tu mens, sers-toi le plus possible de la vérité et transforme quelques éléments. Juste ce qu’il faut pour convaincre.
Une saison 2 est également sortie qui ira explorer l'Italie des années de plomb.
Nicolas Petrimaux vient du monde du jeu vidéo et cela nous vaut un très beau dessin, nerveux et explosif ainsi qu'une mise en page très soignée (l'auteur parle même de mise en scène).
Le premier tome de "Il faut flinguer Ramirez" date de juste avant la pandémie et le second épisode, très attendu, est sorti peu après.
Grâce au bouche à oreille, la BD connait un beau succès bien mérité.
Un thriller au second degré, façon Tarantino, un look un peu ringard des années 80, avec dans le rôle principal, le fameux moustachu Ramirez, dépanneur d'aspirateurs, extrêmement taciturne ou bien carrément muet, et visiblement tueur à gage à ses moments perdus.
À ses trousses on trouve pêle-mêle : des flics obtus, des méchants truands et des jolies pépés.
Avec son flegme imperturbable, le silencieux Ramirez traverse une mise en page orangée où sont même insérés (c'est à la mode) de faux articles de journaux et de fausses pubs, tout cela avec un humour ravageur.
Walter Hill ? Que vient faire le producteur et réalisateur US dans cette BD française ?
Pour ceux qui, comme nous, ne savaient pas, la collaboration entre Walter Hill et le scénariste Matz ne date pas d'aujourd'hui : Du plomb dans la tête au cinéma, Balles perdues en BD.
Matz (aka Alexis Nolent) c'est le scénariste de la série fleuve Le tueur (déjà un de nos coups de cœur).
Et pour compléter le trio, ce sera Jef (aka Jean-François Martinez) le dessinateur de Balles perdues et de la série 9/11.
Une fine équipe aux commandes de cette BD (un seul volume one-shot, ouf !) : Corps et Âme.
Et donc encore une histoire de tueur :
[...] C'est ça c'est mon boulot. Assassiner des gens, les dessouder, les refroidir, les buter ou quelle que soit la manière dont voulez le dire ...
[...] Et je sais qu'à un moment ou un autre, il faut payer l'addition. Je l'ai toujours su.
[...] Cacher une balle sous mon talon ... c'est un vieux truc ... mais je le fais toujours, ça peut servir ...
Mais une histoire de tueur pas comme les autres (ni l'histoire, ni surtout le tueur) car Franck, le tueur, le mauvais garçon, va se transformer sous nos yeux et c'est rien de le dire ... donc on n'en dit pas beaucoup plus mais vous devinez peut-être déjà ce qui va lui arriver.
Le dessin de Jef est nerveux mais pas trop, les ambiances sont sombres mais pas trop : les planches sont superbes et certaines très sexy. Le texte est au rendez-vous (on connait Matz), le scénario qui combine plusieurs vengeances est riche, sans faille et particulièrement bien monté (la patte ciné de W. Hill peut-être ? qui prévoit d'adapter cela au grand écran l'an prochain) et tout cela donne un très bel objet.
Un scénario à la précision chirurgicale et des planches au dessin esthétique (ah, ah).
Un bel album très réussi, qui tombe vraiment à pic au moment où les obscurantismes de tous bords s'acharnent à réglementer les genres et les transgenres. À faire connaître d'urgence !
Si certaines planches n'étaient pas si sexy, cette BD aurait pu être au programme scolaire !
On avait découvert le trio aux commandes de cet album avec une autre BD (excellente, elle aussi) : c'était Corps et âme en 2016.
En 2015, l'album Balles perdues était le premier de leur collaboration et l'on y retrouve donc Walter Hill, le producteur et réalisateur US, le scénariste Matz (aka Alexis Nolent) celui de la série fleuve Le tueur et Jef (aka Jean-François Martinez) aux pinceaux.
Les dessins de Jef sont superbes, de véritables aquarelles.
L'histoire de Walter Hill est digne d'un bon vieux film de gangsters, on ne s'attendait pas à autre chose et l'adaptation BD de Matz fait mouche.
Bref, le trio marquait déjà quelques très bons points avant de récidiver avec Corps et âme l'année suivante.
Pour citer une petite interview de Walter Hill à la fin de l'album, voici : de l'argent, des flingues, des femmes, des flics et des corrompus. Un tueur de sang-froid lancé sur les traces d'un amour perdu.
Après Zulu Caryl Férey nous invite à nouveau en Afrique du Sud post-apartheid.
La nation construite dans la douleur peine encore à trouver ses couleurs "arc-en-ciel" pour sortir de l'antagonisme noir & blanc et pas sûr qu'un remède de Sangoma (un guérisseur, un sorcier) suffise à lui redonner des couleurs.
Férey et son dessinateur, Corentin Rouge, nous plongent au cœur des discussions sur la redistribution des terres accaparées.
Pendant les débats houleux au parlement, un meurtre est commis dans une exploitation vinicole.
C'est un flic blanc qui va mener l'enquête : Shane Shepperd traîne son look de Bob Morane entre les townships et une trop jolie maîtresse black.
Tout cela nous vaut de belles pages sur les vignobles du Cap ou ses townships.
[...] Personne ne veut faire un pas vers l'autre, comme si les positions s'étaient figées du temps de l'apartheid.
[...] C'est plus l'apartheid, mais on s'échine pareil pour gagner de moins en moins. La ferme est une exploitation, oui, et c'est nous qu'on exploite. La réforme agraire va changer les choses, je vous le promets !
[...] Le meurtre de cet ouvrier agricole est repris en boucle sur les réseaux sociaux pour raviver de vieux conflits.
Comme on pouvait s'en douter avec Férey, le texte est très explicatif mais l'album réussit à condenser dans ses quelques 150 pages, une intrigue complexe où tous les personnages sont reliés les uns aux autres : Bob Morane (!) aura bien du mal à démêler les mensonges, ceux d'aujourd'hui comme ceux du passé.
Une série clairement à réserver à un jeune public (c’est à cette aune que je les note). Mais les deux premiers albums que j’ai eu sous la main (les seuls possédés par ma médiathèque) se laissent lire plutôt agréablement.
C’est de l’aventure sympathique, dans laquelle nos trois gamins (qui font vivre une sorte de société secrète) se jettent éperdument, en lâchant la bride à leur imagination. Que ce soit dans un jardin public dans le premier tome, ou dans leur immeuble dans le suivant, les trois gamins ne se laissent pas de limites, et nous embarquent dans des aventures pleines de naïveté et d’une certaine poésie.
Comme les histoires que l’on se racontait entre copains, ou que l’on mettait en scène quand on avait leur âge (je suis d’une génération qui jouait dehors et non sur écrans étant gamin).
Alors, certes, il faut accepter naïveté et facilités scénaristiques. Mais pour le lectorat visé, c’est quand même une série sympathique. Et vite lue (une trentaine de pages peu denses à chaque fois).
Très chouette lecture !
Plaisante, agréable. D’abord grâce au superbe dessin d’Andreae. Remarque valable pour les personnages comme pour les décors. Tout y est lumineux (la colorisation est, elle aussi, très réussie !).
Le récit concocté par Vehlmann est du même très bon niveau. Une histoire qui part sur des touches très noires et sanglantes (voir le massacre, déchiquetage et autres joyeusetés lors de l’arrivée des captifs dans la « cuisine des ogres »), et qui, peu à peu bascule sur des tons et des idées bien plus apaisées.
C’est ce mélange réussi de noirceur et d’empathie qui donne une saveur particulière au récit. La fin ouverte laisse à penser que les auteurs se sont laissés la possibilité de poursuivre dans cet univers. Pourquoi pas ? Il faudra continuer à surprendre.
L’aspect graphique me fait en tout arrondir aux 4 étoiles (note réelle 3,5/5).
Un western qui se laisse lire, mais qui m’a un peu déçu dans sa seconde moitié.
Toute la première partie est intéressante et un peu originale, avec la constitution de ce couple, puis de ce groupe de chercheurs d'or, jusqu’au coup de folie de l’un d’eux, et cette forte montée de tension entre le couple survivant, enfermé dans l’immensité hivernale, enfermé dans un dilemme qui va briser peu à peu les liens qui les avaient auparavant soudés.
Ce huis-clos presque étouffant est ensuite rompu par leur fuite. Mais hélas, ce qui jusque là maintenait l’ambiance électrique, se transforme peu à peu en longueurs, avec une fuite devant une meute de loups qui aurait dû être écourtée – surtout que l’attitude stratégique quasi humaine de la louve cheffe de meute manque de crédibilité.
La dernière partie est plus convenue, et j’ai presque eu l’impression que la conclusion avait été expédiée.
Bon, cela dit, ça se laisse quand même lire agréablement (la première moitié surtout), et le dessin et la colorisation sont plutôt réussis.
Etienne Davodeau est un peu notre dessinateur fétiche et l'on ne pouvait manquer son dernier album : Le droit du sol, un journal de voyage où il raconte et dessine son périple (à pied) depuis la grotte préhistorique de Pech Merle dans le Lot jusqu'au site d'enfouissement des déchets nucléaires de Bure dans la Meuse.
On aime l'humilité de l'auteur, dans ses dessins comme dans ses textes, sa modestie, son autodérision, tout ce qui cache son humanité, sa généreuse culture et son engagement.
Son talent de scénariste et dessinateur.
Le voyage de Davodeau est le prétexte à quelques rencontres et à de nombreuses réflexions sur l'espèce Homo Sapiens.
Une sorte de chemin de Compostelle à rebours ...
[...] Les pèlerins qui descendent vers Saint-Jacques-de-Compostelle. [...] Que cherchent-ils sur ce chemin ? Pourquoi marche-t-on ? Sans doute est-il important de ne pas tenter de répondre à ces questions.
Les Sapiens du Paléolithique (dessinateurs eux aussi) ont laissé dans la grotte un magnifique héritage rupestre à leurs descendants.
Au fond du site de Bure, que vont léguer les Sapiens du XXI° siècle à leur descendance ?
Les curieux d'images animées pourront jeter un œil sur le premier épisode (le reste de la série n'est guère intéressant) de la série suédoise White Wall (le vrai site se trouve à Forsmark au nord de Stockholm) ; cela donne un aperçu de ces fameux sites d'enfouissement (et de leurs enjeux économiques).
Quelle idée saugrenue de dessiner un album à partir d'une marche depuis une grotte préhistorique jusqu'à la ZAD de Bure !! ??
[...] Et je me dis surtout que tout ça est peut-être une idée à la con.
Mais c'est compter sans les talents de dessinateur et de scénariste de l'auteur qui réussit là un de ses meilleurs albums et une histoire passionnante, oui.
L'astuce de Davodeau consiste à "convoquer" dans ses dessins, tout au long de sa randonnée, des professeurs, des chercheurs, qu'il a réellement rencontrés mais avant ou après son voyage : ces accompagnateurs virtuels sont l'occasion d'éclairer le chemin, un peu sur les Sapiens du Paléolithique mais surtout sur ce qui se prépare à Bure sous haute tension policière.
On remarquera entre autres le personnage édifiant de Bernard Laponche, ancien syndicaliste CFDT (vous avez dit syndicat ?) du CEA.
[...] Ce récit , au fond, c'est une tentative d'évoquer notre absolue dépendance à cette planète et à son sol.
Il nous aura donc fallu du temps pour céder aux sirènes et lire enfin Le monde sans fin, un des livres les plus lus en France, véritable phénomène de librairie, avec Christophe Blain aux dessins et Jean-Marc Jancovici à la vulgarisation scientifique.
Le travail soigné de vulgarisation : un véritable régal pour les yeux et l'esprit, un peu dans l'esprit de Davodeau, même si le style est bien différent.
Le courage de s'attaquer de manière simple et accessible à un sujet épineux, difficile et polémique : un sujet dérangeant que l'on se garde généralement bien de regarder en face. Que l'on soit d'accord ou pas avec les différentes thèses présentées, on est bien obligé de reconnaître que cet album a au moins le mérite de toucher le plus grand nombre.
L'album peut se découper en plusieurs grands chapitres.
Le premier est absolument passionnant et nous emmène revisiter quelques décennies de croissance outrancière et de surconsommation énergétique hyperbolique : les graphiques simplifiés de Blain, les explications vulgarisées de Jancovici sont autant de lumières allumées dans nos petites têtes. C'est bluffant, souvent surprenant et donc bigrement intéressant.
Le chapitre sur le réchauffement climatique fait froid dans le dos : les chiffres sont effarants et l'on voit mal, on ne veut pas voir, ce qui nous attend. Un sujet inquiétant, alors on tourne les pages un peu plus vite.
Le chapitre sur le nucléaire est bien sûr, plus douteux : c'est lui qui a suscité autant de polémiques depuis la sortie du bouquin. Sans aller jusqu'à soupçonner les auteurs d'être à la solde du puissant lobby nucléaire français, on se doute bien que le plaidoyer de Jancovici ne prend pas en compte tous les paramètres, dans sa hâte bienveillante de nous sortir de son chapeau une solution pour amortir la décroissance énergétique qui nous attend.
Et puis voilà c'est tout : on vient de réaliser un peu mieux que le monde n'est pas sans fin, que les citoyens de nos sociétés de croissance sont dans le déni le plus complet, bref, que c'est mal barré.
Et ce ne sont pas les dernières pages sur les "solutions" à envisager qui vont nous rassurer : on voit trop bien le temps qu'il faudrait pour changer les mentalités de terriens qui n'ont aucune envie de changer de mentalités et qui ne peuvent évidemment pas s'en remettre à leurs dirigeants élus pour les y aider. C'est bien sûr le chapitre le moins convaincant et donc ce n'est finalement pas très rassurant.
Alors on referme bien vite le gros album en regrettant finalement que Blain et Jancovici ne se soient pas contentés du premier chapitre : c'était quand même bien plus cool d'analyser le passé de notre Histoire énergétique plutôt que de chercher à ouvrir les yeux sur un avenir bien sombre.
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Nobody - saison 1
No Body : une BD du français Christian de Metter qui s'était fait connaître en adaptant des romans à succès (Shutter Island, Au revoir là-haut, ...). Avec No Body, le dessinateur crée son propre récit : la saison 1 comporte 4 albums qui nous plongent dans une ambiance rappelant la série Mindhunter. Une psy se rend en prison pour tenter de percer la personnalité d'un tueur en série qui se déclare lui-même coupable. [...]- Je sais ce que j'ai fait. Je m'en souviens parfaitement. Je mérite la peine de mort. Point. Chaque album est l'occasion de découvrir un pan de l'histoire du prisonnier, une vue de son passé. Un passé de biker, un passé d'agent infiltré du FBI, ... des histoires qui font revivre les années troubles des US, sixties et seventies. Peu de mots échangés mais un sens aigu de la mise en scène avec un découpage très 'série télé'. Un dessin sombre et inquiétant, une aquarelle aux eaux glauques, qui ne montre que ce que De Metter veut bien nous dévoiler avant les révélations finales. [...] Quand tu mens, sers-toi le plus possible de la vérité et transforme quelques éléments. Juste ce qu’il faut pour convaincre. Une saison 2 est également sortie qui ira explorer l'Italie des années de plomb.
Il faut flinguer Ramirez
Nicolas Petrimaux vient du monde du jeu vidéo et cela nous vaut un très beau dessin, nerveux et explosif ainsi qu'une mise en page très soignée (l'auteur parle même de mise en scène). Le premier tome de "Il faut flinguer Ramirez" date de juste avant la pandémie et le second épisode, très attendu, est sorti peu après. Grâce au bouche à oreille, la BD connait un beau succès bien mérité. Un thriller au second degré, façon Tarantino, un look un peu ringard des années 80, avec dans le rôle principal, le fameux moustachu Ramirez, dépanneur d'aspirateurs, extrêmement taciturne ou bien carrément muet, et visiblement tueur à gage à ses moments perdus. À ses trousses on trouve pêle-mêle : des flics obtus, des méchants truands et des jolies pépés. Avec son flegme imperturbable, le silencieux Ramirez traverse une mise en page orangée où sont même insérés (c'est à la mode) de faux articles de journaux et de fausses pubs, tout cela avec un humour ravageur.
Corps et Âme
Walter Hill ? Que vient faire le producteur et réalisateur US dans cette BD française ? Pour ceux qui, comme nous, ne savaient pas, la collaboration entre Walter Hill et le scénariste Matz ne date pas d'aujourd'hui : Du plomb dans la tête au cinéma, Balles perdues en BD. Matz (aka Alexis Nolent) c'est le scénariste de la série fleuve Le tueur (déjà un de nos coups de cœur). Et pour compléter le trio, ce sera Jef (aka Jean-François Martinez) le dessinateur de Balles perdues et de la série 9/11. Une fine équipe aux commandes de cette BD (un seul volume one-shot, ouf !) : Corps et Âme. Et donc encore une histoire de tueur : [...] C'est ça c'est mon boulot. Assassiner des gens, les dessouder, les refroidir, les buter ou quelle que soit la manière dont voulez le dire ... [...] Et je sais qu'à un moment ou un autre, il faut payer l'addition. Je l'ai toujours su. [...] Cacher une balle sous mon talon ... c'est un vieux truc ... mais je le fais toujours, ça peut servir ... Mais une histoire de tueur pas comme les autres (ni l'histoire, ni surtout le tueur) car Franck, le tueur, le mauvais garçon, va se transformer sous nos yeux et c'est rien de le dire ... donc on n'en dit pas beaucoup plus mais vous devinez peut-être déjà ce qui va lui arriver. Le dessin de Jef est nerveux mais pas trop, les ambiances sont sombres mais pas trop : les planches sont superbes et certaines très sexy. Le texte est au rendez-vous (on connait Matz), le scénario qui combine plusieurs vengeances est riche, sans faille et particulièrement bien monté (la patte ciné de W. Hill peut-être ? qui prévoit d'adapter cela au grand écran l'an prochain) et tout cela donne un très bel objet. Un scénario à la précision chirurgicale et des planches au dessin esthétique (ah, ah). Un bel album très réussi, qui tombe vraiment à pic au moment où les obscurantismes de tous bords s'acharnent à réglementer les genres et les transgenres. À faire connaître d'urgence ! Si certaines planches n'étaient pas si sexy, cette BD aurait pu être au programme scolaire !
Balles perdues (Walter Hill)
On avait découvert le trio aux commandes de cet album avec une autre BD (excellente, elle aussi) : c'était Corps et âme en 2016. En 2015, l'album Balles perdues était le premier de leur collaboration et l'on y retrouve donc Walter Hill, le producteur et réalisateur US, le scénariste Matz (aka Alexis Nolent) celui de la série fleuve Le tueur et Jef (aka Jean-François Martinez) aux pinceaux. Les dessins de Jef sont superbes, de véritables aquarelles. L'histoire de Walter Hill est digne d'un bon vieux film de gangsters, on ne s'attendait pas à autre chose et l'adaptation BD de Matz fait mouche. Bref, le trio marquait déjà quelques très bons points avant de récidiver avec Corps et âme l'année suivante. Pour citer une petite interview de Walter Hill à la fin de l'album, voici : de l'argent, des flingues, des femmes, des flics et des corrompus. Un tueur de sang-froid lancé sur les traces d'un amour perdu.
Sangoma - Les Damnés de Cape Town
Après Zulu Caryl Férey nous invite à nouveau en Afrique du Sud post-apartheid. La nation construite dans la douleur peine encore à trouver ses couleurs "arc-en-ciel" pour sortir de l'antagonisme noir & blanc et pas sûr qu'un remède de Sangoma (un guérisseur, un sorcier) suffise à lui redonner des couleurs. Férey et son dessinateur, Corentin Rouge, nous plongent au cœur des discussions sur la redistribution des terres accaparées. Pendant les débats houleux au parlement, un meurtre est commis dans une exploitation vinicole. C'est un flic blanc qui va mener l'enquête : Shane Shepperd traîne son look de Bob Morane entre les townships et une trop jolie maîtresse black. Tout cela nous vaut de belles pages sur les vignobles du Cap ou ses townships. [...] Personne ne veut faire un pas vers l'autre, comme si les positions s'étaient figées du temps de l'apartheid. [...] C'est plus l'apartheid, mais on s'échine pareil pour gagner de moins en moins. La ferme est une exploitation, oui, et c'est nous qu'on exploite. La réforme agraire va changer les choses, je vous le promets ! [...] Le meurtre de cet ouvrier agricole est repris en boucle sur les réseaux sociaux pour raviver de vieux conflits. Comme on pouvait s'en douter avec Férey, le texte est très explicatif mais l'album réussit à condenser dans ses quelques 150 pages, une intrigue complexe où tous les personnages sont reliés les uns aux autres : Bob Morane (!) aura bien du mal à démêler les mensonges, ceux d'aujourd'hui comme ceux du passé.
Le Trio Bonaventure
Une série clairement à réserver à un jeune public (c’est à cette aune que je les note). Mais les deux premiers albums que j’ai eu sous la main (les seuls possédés par ma médiathèque) se laissent lire plutôt agréablement. C’est de l’aventure sympathique, dans laquelle nos trois gamins (qui font vivre une sorte de société secrète) se jettent éperdument, en lâchant la bride à leur imagination. Que ce soit dans un jardin public dans le premier tome, ou dans leur immeuble dans le suivant, les trois gamins ne se laissent pas de limites, et nous embarquent dans des aventures pleines de naïveté et d’une certaine poésie. Comme les histoires que l’on se racontait entre copains, ou que l’on mettait en scène quand on avait leur âge (je suis d’une génération qui jouait dehors et non sur écrans étant gamin). Alors, certes, il faut accepter naïveté et facilités scénaristiques. Mais pour le lectorat visé, c’est quand même une série sympathique. Et vite lue (une trentaine de pages peu denses à chaque fois).
La Cuisine des ogres
Très chouette lecture ! Plaisante, agréable. D’abord grâce au superbe dessin d’Andreae. Remarque valable pour les personnages comme pour les décors. Tout y est lumineux (la colorisation est, elle aussi, très réussie !). Le récit concocté par Vehlmann est du même très bon niveau. Une histoire qui part sur des touches très noires et sanglantes (voir le massacre, déchiquetage et autres joyeusetés lors de l’arrivée des captifs dans la « cuisine des ogres »), et qui, peu à peu bascule sur des tons et des idées bien plus apaisées. C’est ce mélange réussi de noirceur et d’empathie qui donne une saveur particulière au récit. La fin ouverte laisse à penser que les auteurs se sont laissés la possibilité de poursuivre dans cet univers. Pourquoi pas ? Il faudra continuer à surprendre. L’aspect graphique me fait en tout arrondir aux 4 étoiles (note réelle 3,5/5).
Mortel Imprévu
Un western qui se laisse lire, mais qui m’a un peu déçu dans sa seconde moitié. Toute la première partie est intéressante et un peu originale, avec la constitution de ce couple, puis de ce groupe de chercheurs d'or, jusqu’au coup de folie de l’un d’eux, et cette forte montée de tension entre le couple survivant, enfermé dans l’immensité hivernale, enfermé dans un dilemme qui va briser peu à peu les liens qui les avaient auparavant soudés. Ce huis-clos presque étouffant est ensuite rompu par leur fuite. Mais hélas, ce qui jusque là maintenait l’ambiance électrique, se transforme peu à peu en longueurs, avec une fuite devant une meute de loups qui aurait dû être écourtée – surtout que l’attitude stratégique quasi humaine de la louve cheffe de meute manque de crédibilité. La dernière partie est plus convenue, et j’ai presque eu l’impression que la conclusion avait été expédiée. Bon, cela dit, ça se laisse quand même lire agréablement (la première moitié surtout), et le dessin et la colorisation sont plutôt réussis.
Le Droit du sol
Etienne Davodeau est un peu notre dessinateur fétiche et l'on ne pouvait manquer son dernier album : Le droit du sol, un journal de voyage où il raconte et dessine son périple (à pied) depuis la grotte préhistorique de Pech Merle dans le Lot jusqu'au site d'enfouissement des déchets nucléaires de Bure dans la Meuse. On aime l'humilité de l'auteur, dans ses dessins comme dans ses textes, sa modestie, son autodérision, tout ce qui cache son humanité, sa généreuse culture et son engagement. Son talent de scénariste et dessinateur. Le voyage de Davodeau est le prétexte à quelques rencontres et à de nombreuses réflexions sur l'espèce Homo Sapiens. Une sorte de chemin de Compostelle à rebours ... [...] Les pèlerins qui descendent vers Saint-Jacques-de-Compostelle. [...] Que cherchent-ils sur ce chemin ? Pourquoi marche-t-on ? Sans doute est-il important de ne pas tenter de répondre à ces questions. Les Sapiens du Paléolithique (dessinateurs eux aussi) ont laissé dans la grotte un magnifique héritage rupestre à leurs descendants. Au fond du site de Bure, que vont léguer les Sapiens du XXI° siècle à leur descendance ? Les curieux d'images animées pourront jeter un œil sur le premier épisode (le reste de la série n'est guère intéressant) de la série suédoise White Wall (le vrai site se trouve à Forsmark au nord de Stockholm) ; cela donne un aperçu de ces fameux sites d'enfouissement (et de leurs enjeux économiques). Quelle idée saugrenue de dessiner un album à partir d'une marche depuis une grotte préhistorique jusqu'à la ZAD de Bure !! ?? [...] Et je me dis surtout que tout ça est peut-être une idée à la con. Mais c'est compter sans les talents de dessinateur et de scénariste de l'auteur qui réussit là un de ses meilleurs albums et une histoire passionnante, oui. L'astuce de Davodeau consiste à "convoquer" dans ses dessins, tout au long de sa randonnée, des professeurs, des chercheurs, qu'il a réellement rencontrés mais avant ou après son voyage : ces accompagnateurs virtuels sont l'occasion d'éclairer le chemin, un peu sur les Sapiens du Paléolithique mais surtout sur ce qui se prépare à Bure sous haute tension policière. On remarquera entre autres le personnage édifiant de Bernard Laponche, ancien syndicaliste CFDT (vous avez dit syndicat ?) du CEA. [...] Ce récit , au fond, c'est une tentative d'évoquer notre absolue dépendance à cette planète et à son sol.
Le Monde sans fin
Il nous aura donc fallu du temps pour céder aux sirènes et lire enfin Le monde sans fin, un des livres les plus lus en France, véritable phénomène de librairie, avec Christophe Blain aux dessins et Jean-Marc Jancovici à la vulgarisation scientifique. Le travail soigné de vulgarisation : un véritable régal pour les yeux et l'esprit, un peu dans l'esprit de Davodeau, même si le style est bien différent. Le courage de s'attaquer de manière simple et accessible à un sujet épineux, difficile et polémique : un sujet dérangeant que l'on se garde généralement bien de regarder en face. Que l'on soit d'accord ou pas avec les différentes thèses présentées, on est bien obligé de reconnaître que cet album a au moins le mérite de toucher le plus grand nombre. L'album peut se découper en plusieurs grands chapitres. Le premier est absolument passionnant et nous emmène revisiter quelques décennies de croissance outrancière et de surconsommation énergétique hyperbolique : les graphiques simplifiés de Blain, les explications vulgarisées de Jancovici sont autant de lumières allumées dans nos petites têtes. C'est bluffant, souvent surprenant et donc bigrement intéressant. Le chapitre sur le réchauffement climatique fait froid dans le dos : les chiffres sont effarants et l'on voit mal, on ne veut pas voir, ce qui nous attend. Un sujet inquiétant, alors on tourne les pages un peu plus vite. Le chapitre sur le nucléaire est bien sûr, plus douteux : c'est lui qui a suscité autant de polémiques depuis la sortie du bouquin. Sans aller jusqu'à soupçonner les auteurs d'être à la solde du puissant lobby nucléaire français, on se doute bien que le plaidoyer de Jancovici ne prend pas en compte tous les paramètres, dans sa hâte bienveillante de nous sortir de son chapeau une solution pour amortir la décroissance énergétique qui nous attend. Et puis voilà c'est tout : on vient de réaliser un peu mieux que le monde n'est pas sans fin, que les citoyens de nos sociétés de croissance sont dans le déni le plus complet, bref, que c'est mal barré. Et ce ne sont pas les dernières pages sur les "solutions" à envisager qui vont nous rassurer : on voit trop bien le temps qu'il faudrait pour changer les mentalités de terriens qui n'ont aucune envie de changer de mentalités et qui ne peuvent évidemment pas s'en remettre à leurs dirigeants élus pour les y aider. C'est bien sûr le chapitre le moins convaincant et donc ce n'est finalement pas très rassurant. Alors on referme bien vite le gros album en regrettant finalement que Blain et Jancovici ne se soient pas contentés du premier chapitre : c'était quand même bien plus cool d'analyser le passé de notre Histoire énergétique plutôt que de chercher à ouvrir les yeux sur un avenir bien sombre.