Les derniers avis (300 avis)

Par grogro
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Pour une fraction de seconde - La vie mouvementée d'Eadweard Muybridge
Pour une fraction de seconde - La vie mouvementée d'Eadweard Muybridge

Ça a été un vrai plaisir de lire cette BD. Pour tout un tas de raisons, à commencer par la découverte d'une personnalité essentielle de l'Histoire de la photographie : Eadwaerd Muybridge. En effet, parmi les qualités que compte cette histoire, il y a son sujet en lui même. Guy Delisle, que je ne connaissais que pour Pyongyang (c'est loin !), propose ici un scénario vif qui contient tous les éléments clefs de la vie de cet ingénieur/artiste. Il n'omet rien, et au contraire, on apprend beaucoup non seulement sur l'Histoire de la discipline, mais sur l'époque elle-même (l'origine de l'Université de Stanford/Palo Alto par exemple). Il nous offre une fresque vivante en parvenant à nous replonger dans ce que fut l'esprit de cette fin de XIXe siècle. Au passage, il dissémine un peu d'humour, léger, qui apporte un peu de fraicheur. Enfin, on a le droit à des reproduction des photos importantes citées dans le livre. On y croise les personnalités qui ont compté à l'époque, et pas seulement pour la photographie et le cinéma, mais pour l'Art en général, ou la science. Bref ! Guy Delisle est parvenu à établir une excellente contextualisation. Le scénario ne lasse pas, pas plus qu'il ne faiblit, tant au niveau du rythme que de sa construction. Le lecteur garde toujours le cap, ce qui n'empêche pas l'auteur de lui réserver des surprises. Les choses sont racontées et retranscrites de manière habile. Il suffit de voir la dernière page pour s'en convaincre où l'on voit (ATTENTION SPOIL) Muybridge frappé d'une crise cardiaque alors qu'il pelte dans son jardin. La scène est décomposée en plusieurs images à la manière de son zoopraxiscope. En outre, il y a (surtout vers la fin) quelques allers-retours avec le présent tout à fait judicieux qui permettent de saisir l'importance du travail de Muybridge. Quant au dessin, il est simple, sobre et efficace. Sans tambour ni trompette, Deslisle nous offre un des meilleurs titres de l'année !

14/12/2024 (modifier)
Par Présence
Note: 5/5
Couverture de la série La Route
La Route

C’est comme ça que font les gentils. Ils essaient. Ils ne laissent pas tomber. - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Il s’agit d’une adaptation en bande dessinée, du roman La route, paru en 2006, de l’écrivain Cormac McCarthy. Sa parution originale date de 2024. Il a été réalisé par Manu Larcenet pour l’adaptation en scénario et les dessins, et pour la mise en couleurs. Il compte cent cinquante-deux pages de bande dessinée. L’auteur a déjà réalisé une adaptation précédemment : Le Rapport de Brodeck (2 tomes) en 2015 & 2016, du roman de Philippe Claudel. Des nuages chargés de cendres, de particules qui tourbillonnent sans fin, qui vont en s’épaississant, jusqu’à saturer l’air. Sous une toile tendue pour faire un abri de fortune, Père et Fils dorment, sous plusieurs couches de vêtements. Père se lève et s’éloigne un peu jusqu’à un promontoire. Il porte les jumelles à ses yeux et regarde : des paysages désolés, des constructions délabrées s’effondrant progressivement, des arbres décharnés sans feuilles, des immeubles massifs sans aucune lumière, la route qui s’étend vide, dans le lointain un pont métallique. Il retourne au campement de fortune : Fils s’est réveillé et l’attend. Ensemble, ils enlèvent la toile et la plie, et récupèrent les piquets qu’ils chargent dans leur caddie. Ils reprennent la route, en silence, père poussant le caddie devant lui. À un moment, il fait le constat en deux phrases brèves qu’ils ne pourront pas survivre à un autre hiver par ici, il faut continuer vers le sud. Le fils répond laconiquement en deux mots : D’accord alors… Et ils continuent de marcher, les cendres et les particules continuant de voleter dans l’air. Ils atteignent le pont à hauban et le franchissent, toujours sans un mot. D’autres arbres décharnés, une côte à monter qui coupe le souffle à Père qui doit faire une pause. Fils demande s’il peut regarder, en désignant les jumelles ce que père accepte. Fils regarde alentour, et Père demande ce qu’il voit. La réponse est fonctionnelle : Rien, il va pleuvoir, c’est tout. Père ajoute que ça va encore faire une boue bien collante avec la cendre. Ils reprennent leur marche sur la route. La pluie commence à tomber assez drue. Père indique que c’est fichu pour aujourd’hui et il va faire nuit. Ils vont aller chercher un abri en forêt. Ils trouvent un endroit abrité, sous une avancée rocheuse, et ils s’installent. Père reprend les jumelles pour observer alentour : pas de feu, on dirait qu’il n’y a personne, c’est bon, Fils peut allumer un feu. Ce dernier prend la boîte d’allumettes et s’exécute. Il allume une petite lampe à pétrole, ils attendent en silence. Le lendemain, la luminosité a un peu changé : moins grise, avec une nuance verdâtre. Ils reprennent la route. Fils a repéré une station-service. Un drapeau à damier flotte encore au vent. Père décide qu’ils devraient aller voir. Ils fouillent méthodiquement le site : chaque recoin, chaque tiroir, chaque placard, chaque étagère. Il n’y a rien d’intéressant, le lieu a déjà été fouillé. Par acquis de conscience ou par réflexe, mais sans espoir, Père décroche le combiné téléphonique. Puis il découvre un bidon avec quelques gouttes d’essence. Un défi peu raisonnable, relevé par un bédéiste hors norme au vu de sa bibliographie. Une démarche affichée : raconter ce roman en images, avec le moins de mots possible. De fait, la narration visuelle semble de prime abord très simple et même très terre à terre. Des nuages de cendres, et hop ! deux pages de remplies. Un type qui se réveille et qui regarde à la jumelle. Père & Fils qui se mettent à marcher dans un environnement mangé par l’air chargé en particule qui ne permet pas de voir bien loi, et hop ! des fonds de case en ombre chinoise, pour une première séquence de cinq pages presque sans un mot. Le lecteur éprouve rapidement la sensation d’un monde silencieux, ce qui induit un vrai effort de la part des personnages pour parler, briser le silence. Il peut compter trente-quatre pages sans aucun mot, tout en ayant l’impression qu’il y en ait beaucoup plus. Ce choix narratif lui donne l’impression de se trouver aux côtés des deux principaux personnages et de regarder avec eux ce qui les entoure. Il scrute avec eux chaque centimètre carré de la station-service pour ne pas rater quelque chose qui pourrait être récupéré. Il observe avec la même inquiétude les silhouettes indistinctes et assez massives au loin, prêt à aller se planquer fissa lui aussi. Il reprend la route en poussant son chariot devant lui, par automatise, sans plus penser à autre chose. Dès la couverture, le lecteur est frappé par l’investissement de l’artiste pour donner à voir, pour représenter, pour faire exister ces lieux, le quotidien concret de Père et de Fils. Il peut voir chaque pli des vêtements, leur épaisseur lui donnant une indication du nombre de couches superposées, hypothèse confirmée quand ils en viennent à se baigner. Il prend la mesure du chargement du caddie, avec tous ces paquets soigneusement emballés, certainement également de plusieurs couches pour être certain que leur contenu ne soit ni endommagé, ni altéré. Il se retrouve littéralement projeté à leurs côtés en voyant ce qu’ils voient, en vision subjective, découvrant en temps réel un lieu par leurs yeux : en fonction des lieux, des bâtiments délabrés, des cadavres en état de décomposition avancée avec tout juste la peau sur les os, des restes calcinés d’ossements humains, des cadavres encore attachés ou des membres tranchés. L’imagination du lecteur tourne alors à plein régime, quant aux circonstances dans lesquelles des êtres humains ont pu infliger de tels traitements à d’autres êtres humains, puis dans un second temps quant aux conséquences sur le moral et l’état d’esprit de Père et de Fils. Le même mécanisme intellectuel se produit quand les deux voyageurs découvrent un abri enterré en parfait état, et que leurs regards parcourent les étagères chargées de tout ce qu’il faut pour survivre, à commencer par la nourriture. Il ressent physiquement le contentement qui vient avec les six premières cases de la page cent-trois : une ampoule qui brille, une goutte d’eau qui finit de se former à l’extrémité d’un robinet, des gélules de médicament en parfait été dans leur plaquette, une canette de soda qui vient d’être bue, un plat de coquillettes chacun, de l’eau à volonté pour tous les usages. La narration visuelle génère une immersion d’une rare qualité. Le lecteur peut se dire que telle case lui fait penser à André Franquin (1924-1997) période Idées noires (1977-1983), que telle autre évoque (merci Bruce d’avoir pointé du doigt les deux références suivantes) le célèbre tableau Christina’s World (1948) d’Andrew Wyeth (1917-2009), ou qu’il y a du Francisco de Goya (1746-1828) dans certains cadavres, une touche de Gustave Doré (1832-1883) par-ci, une touche d’Albrecht Dürer (1471-1528) par-là, etc. Autant d’influences plausibles, pleinement assimilées par l’artiste qui les a faites siennes consciemment ou inconsciemment pour les mettre à profit dans un tout personnel. Il joue admirablement bien avec les couleurs : le lecteur sort de ce tome persuadé que les pages sont en noir & blanc avec des nuances de gris à une ou deux exceptions près. Un feuilletage a posteriori met en évidence des ambiances discrètement différentes d’une séquence en l’autre, par l’usage d’une teinte très effacée. Le lecteur se fait l’observation que les pages sont variées, alors que pourtant la marche sur la route revient très régulièrement. Il voit que l’artiste utilise des cases sagement alignées en bande, avec un nombre variable en fonction de ce qui est raconté, pouvant aller d’un dessin en pleine pages, à treize cases dans une seule page. Il observe également que le dessinateur joue sur le niveau de détail : de descriptions très précises, à de simples ombres chinoises, de bâtiments avec chaque débris apparent, chaque poutrelle, chaque plateau, à de simples silhouettes en ombre chinoise pouvant évoquer les meilleurs dessinateurs de strips britanniques comme Jim Holdaway (1927-1970) dans Modesty Blaise. Le lecteur est donc de tout cœur avec ces deux personnages, dans un récit linéaire et simple : ils vont de l’avant vers le Sud en essayant d’atteindre l’océan. En fonction de sa sensibilité, le lecteur peut y voir un conte. L’auteur prend grand soin de représenter la désintégration progressive du monde : les immeubles qui s’effondrent, les véhicules abandonnés et immobiles, les ressources quasi inexistantes, l’air toujours chargé en particules diverses, le monde végétal à l’agonie, la faune brillant par son absence. Pour autant, ces visions ne se veulent pas être une projection scientifique ou technique sur le délabrement progressif du monde, à la suite d’une catastrophe planétaire et l’absence de toute maintenance humaine, de tout entretien, de la déliquescence progressive au fur et à mesure que l’entropie fait son œuvre. La question des médicaments est évoquée, toutefois le lecteur sent bien qu’avec cet air pollué, l’eau également polluée, l’absence de légumes et fruits frais, l’état des rares survivants devrait être beaucoup plus dégradé, ce qui ne retire rien de bouleversant, de dramatique, d’émouvant, d’oppressant, de pathétique, de tragique, au récit. Le périple de ce fils et de son père s’avère accablant pour le lecteur. Ils survivent. À peine. Aucun espoir d’assouvir leurs besoins de sécurité : leur situation n’est ni stable ni prévisible, elle est remise en cause à chaque risque de rencontre, à chaque fois que l’eau ou la nourriture vient à manquer, l’anxiété est permanente. Ils ne peuvent que penser à court terme. Ils trouvent juste assez de quoi assurer leurs besoins physiologiques comme boire et s’alimenter, pour tenir jusqu’au lendemain, tout en éprouvant continuellement un état de manque et d’inquiétude. À plusieurs reprises, ils se posent la question de savoir s’ils vont mourir. Le père prépare même son fils à se donner la mort, plutôt que de risquer d’être capturé, torturé, estropié, et finalement mangé. Outre la méfiance envers tout autre humain, le plus important savoir qu’il lui transmet est de lui apprendre comment se suicider efficacement avec leur revolver. Par ailleurs, chaque rencontre est un danger grave et imminent, mortel après des souffrances ignobles. Là encore, il s’agit d’une dynamique paradoxale : à deux, ils sont tout juste (à peine) capables de survivre, leur seule possibilité de faire un peu mieux serait de s’unir avec au moins un autre survivant. Paradoxalement, envisager d’établir un contact avec un autre revient à jouer à la roulette russe, avec cinq balles dans le barillet. Les individus isolés sont encore plus démunis qu’eux, plus proches de la mort, les petits groupes ne négocieront rien, s’accapareront les maigres possessions d’autrui et les réduiront en esclavage ou les tueront. D’une certaine manière, en termes d’intrigues, le lecteur peut aussi rapprocher ce récit de deux œuvres majeures de la bande dessinée. Lone Wolf & Cub (1970-1976) par Kazuo Koike (1936-2019) & Gôseki Kojima (1928-2000), pour le voyage sans espoir d’un père et de son fils. The walking dead (2003-2019) par Robert Kirkman & Charlie Adlard, pour le thème de la survie dans un monde dévasté où les autres survivants constituent majoritairement un danger fatal. En établissant cette comparaison, le lecteur voit également apparaître les différences. Contrairement à Itto Ogami et Daigoro, Père & Fils ne font pas preuve d’une sensibilité spirituelle, encore moins religieuse. Ils sont entre la résignation et l’acceptation de l’état du monde, sans espoir d’un futur, quasiment sans vie intérieure. Il ne semble pas y avoir d’autres enfants, et ils ne croisent pas de femmes. Contrairement à Rick Grimes, Père n’a pas de vocation pour la justice, et les deux vagabonds sont bloqués au stade de la survie animale, déjà bien avancés vers l’état de morts qui marchent. Pour autant, d’autres thèmes affleurent. Par exemple, Fils veut savoir si son père et lui font partie des gentils. La réponse : Les gentils, ils essaient, ils ne laissent pas tomber. Une réponse qui mêle pulsion de vie et valeur morale. À un autre moment, le père se montre catégorique : on ne tue pas les chiens. En outre, incidemment, Fils interroge son père à deux ou trois reprises sur leur comportement, ce qui constitue une remise en question sur leur relation à autrui, par exemple quand ils abandonnent un homme isolé après l’avoir dépouillé de ses vêtements. Le dénouement illustre également le fait que le père a pris leur situation comme un état de fait généralisé, cela fait ressortir sa conception personnelle du monde, comment il l’a projeté à tout jusqu’à en faire une vérité absolue, et comment il y a adapté son comportement. Avec cette adaptation, Manu Larcenet réalise une bande dessinée d’une qualité remarquable. Il met à profit tout son savoir-faire de bédéiste pour donner à voir un fils et son père continuant à aller de l’avant, ou du moins à marcher, dans un monde postapocalyptique dévasté, toute civilisation anéantie, toute rencontre un danger mortel. La narration visuelle génère une immersion sensorielle et émotionnelle grâce des dessins pouvant aussi bien être des descriptions concrètes quasi photoréalistes, que des évocations hantées et expressionnistes. Le périple ressemble à une marche sans espoir, des êtres humains continuant vaille que vaille, malgré l’absence de tout espoir, la pulsion de vie contrebalançant tout juste des conditions de survie fragile, une vie dépourvue de tout plaisir. Ils continuent de marcher presque comme des poulets sans tête, pris dans le paradoxe de ne pas pouvoir stabiliser leur situation tout seuls et de ne pas pouvoir courir le risque d’un contact avec autrui. Poignant.

14/12/2024 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Homicide - Une année dans les rues de Baltimore
Homicide - Une année dans les rues de Baltimore

Une série qui contient plusieurs choses qui me dérangent beaucoup habituellement : un dessin très froid qui ne donne pas envie de lire la BD, des personnages qui ont souvent la même tête et beaucoup de textes narratifs. Ce sont des éléments qui m'auraient embêté si on était dans une série de fiction et je pense que si cela avait été le cas j'aurais surement décroché avant d'avoir lu les 5 tomes. Comme cette série est un documentaire, cela a moins nuit à ma lecture parce que mon état d'esprit n'est pas le même et que le sujet de la série m'intéresse beaucoup vu que je suis un fan de true crime. Je pense toutefois que j'aurais fini par décrocher quand même si la série traitait d'un sujet qui me laisse indifférent alors pour moi c'est vraiment un documentaire de niche pour ceux qui aimeraient suivre le quotidien de la police, ce n'est pas un truc grand public comme ''Le monde sans fin'' qui est très accessibles même si on est pas fan de documentaire sur le nucléaire. C'est donc l'adaptation du livre d'un journaliste qui a côtoyé la police de Baltimore pendant un an à la fin des années 80. On peut donc dire que le décor est daté et qu'il s'en est passé des choses depuis aux États-Unis, mais cela ne m'a pas trop dérangé parce que j'ai trouvé que cette immersion dans le monde des flics captivants. On montre le quotidien des policiers affectés au homicides sans filtres et on aborde tout : l'inspection de la scène du crime, les techniques d'interrogation, le coté sombre de la police comme la racisme... Cela m'a semblé très complet. On peut regretter que le tout est un peu décousu parce que des affaires criminelles trainent des mois et entre temps il se passe autre chose, mais cela ne m'a pas dérangé et cela renforce le coté réel de l'œuvre.

14/12/2024 (modifier)
Couverture de la série Parker Girls
Parker Girls

Pas grand-chose à dire de cet album. Ça se laisse lire, c’est dynamique, on ne s’ennuie pas, mais c’est aussi vite oublié je pense, je n’y reviendrai sans doute pas. Disons que tout est bien fait, mais ça ne m’a pas emballé plus que ça. Cette sorte d’agence constituée uniquement de femmes, toutes sexy et super entrainées, capable de déjouer les molosses, les pièges les plus vicieux, et les méchants les plus haineux, je trouve que ça perd en crédibilité ce que ça a gagné en action. On a donc un produit de consommation qui répond à pas mal de cahiers des charges, mais ça n’est pas ma came. Je suis en tout cas moins enthousiaste que mes prédécesseurs. Même si je reconnais encore que Terry Moore (que j’avais quand même préféré sur Serial) connait son affaire, en nous proposant de l’action bien huilée (jusqu’au final avec les Chinois). Le dessin est sans fioriture, mais efficace. Une lecture d’emprunt, pour amateurs du genre ne recherchant pas trop de surprises.

13/12/2024 (modifier)
Couverture de la série Pétales
Pétales

Un album très vite lu, car quasiment muet (deux ou trois « ah » seulement ponctuent cette histoire). C’est d’ailleurs ce qui peut frustrer un lecteur adulte – ça a été un peu mon cas. Les plus jeunes apprécieront sans doute davantage ce conte, que j’ai cru un temps avoir une fin très triste. Mais en fait non, la dernière case dégage poésie et joie posthume et conclut de façon positive un récit un peu linéaire, mais agréable à suivre. Car dessin et colorisation sont simples et chouettes. Une lecture sympathique, mais à réserver je pense à un très jeune lectorat (c’est en fonction de ce lectorat cible que je lui attribue les trois étoiles – mon ressenti personnel étant 2,5/5.).

13/12/2024 (modifier)
Par Florent
Note: 5/5
Couverture de la série La Révolte sans précédent
La Révolte sans précédent

Enfin ! Les vérités qu'on pense sont dites de manière drôle et subtile. Une part de rêve dans cette révolte de celles et ceux qu'on n'entend pas crier lorsqu'ils et elles souffrent. Pas de fausses vérités non plus, on sent que la science a été consultée avant de faire dire n'importe quoi aux animaux, notamment l'exemple des interactions orques/bateaux. Cela fait du bien à lire, on rit et on sent que le récit va déranger ceux et celles qui "aiment" les animaux mais les mangent, ou les régulent.

13/12/2024 (modifier)
Par PAco
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Fannie la renoueuse
Fannie la renoueuse

Ahhhh !!! Quel bonheur de retrouver ce petit univers si singulier mais tellement attachant que celui de la Pieuvre ! Chaque nouveau tome vient compléter ce petit Paris de la fin XIXe développé par Gess de façon subtile et intelligente. Avec "Fanny la Renoueuse" c'est une grosse pièce du puzzle qui s'agence, même si chaque tome reste indépendant... J'aime cette période historique tellement riche en innovations politiques, artistiques, scientifiques. Et Gess s'empare de tout cela à merveille pour nous restituer un Paris transcendé par cette touche de fantastique où la Pieuvre règne en maîtresse depuis des lustres. Et c'est qu'on en apprend beaucoup dans ce tome sur les origines de cette entité mafieuse ! Et c'est par l'intermédiaire du passé de certains de ses protagonistes que la lumière se fait petit à petit ; et quel passé ! Et quelles révélations ! On a aussi le plaisir de retrouver la Bête que nous avions découvert dans le premier tome de cette série La Malédiction de Gustave Babel. Tout commence à s'interpénétrer en nous révélant l'étendue spectatentaculaire de la Pieuvre et de sa mainmise. C'était déjà riche et dense, cela en devient magnifique et hallucinant quand la mythologie vient en plus s'en mêler ! Du côté de l'objet et du dessin, la maquette est toujours aussi bien travaillée avec ce dos toilé, ces fonds de planche faussement jaunis, qui assoient cette ambiance fin XIXe tout en valorisant pleinement de dessin de Gess et sa colorisation si personnelle. Bref, avec ce 4e opus, je passe ma note à 5 (culte !), tant je suis conquis par l'univers qu'aura su nous proposer et développer l'auteur. J'en REVEUX ! A quand un prochain tome ???

13/12/2024 (modifier)
Couverture de la série Escroqueuse - Quand l'hypo frappe
Escroqueuse - Quand l'hypo frappe

Je classerais volontiers cette BD dans un genre style Utilité Publique. En effet si presque tout le monde connaît le diabète, peu de personnes ont entendu des informations sur le diabète de type 1 (DT1). L'ouvrage de Ana Waalder et Mikhaël Allouche répare cette ignorance pour qui le veut. Sur un fond de fiction autobiographique intimiste les auteurs ont construit un documentaire scientifique qui embrasse thérapie, compétences médicales en France, positionnement de la recherche ou celle des labos et surtout les immenses difficultés pour le malade de vivre avec cette pathologie souvent incomprise par son entourage. Le DT1 peut vous tomber dessus à tout âge et quelque soit votre hygiène de vie. En effet il est du à la disparition de certaines cellules pancréatiques qui produisent l'insuline. Sans insuline la régulation du sucre dans le sang devient impossible et conduit immanquablement à des hypoglycémies (possiblement mortelles) suivies d'hyperglycémies destructrices. Anna a trois ans quand son calvaire commence: tests, piqures, surveillance alimentaire draconienne, sociabilité compromise, angoisse des parents tous les jours, toute l'année sans il seul jour de répit. Heureusement son tonton lui offre une porte sur un imaginaire qui lui permet d'avancer en battante. En accompagnant Anna jusqu'à ses 20 ans, nous rencontrons les soignants, les faiblesses de la diabétologie française, les associations plus ou moins efficaces, les espoirs issus de la haute technologie , des héros de la science et des batailles pour un marché très lucratif. C'est une vraie prouesse des auteurs d'avoir su rendre toutes ces informations ( référencées et vérifiées) intelligibles pour le public. Tel un véritable document scientifique les sources sont explicitées en fin d'ouvrage, les scientifiques nommés et interviewés. C'est du solide et exigeant. Le graphisme ne fait pas non plus dans la facilité. Il me rappelle un peu le graphisme underground américain des années 70/80 un peu à l'image de ce que produit un Daniel Clowes. Pourtant c'est très moderne dans la construction avec des planches qui changent de présentation ou de colorisation continuellement. Je le lis comme un graphisme de combat et d'engagement face aux variations brusques et erratiques de la courbe de glycémie des pauvres malades. Allouche passe du monde hospitalier dans des planches docu assez classiques à une ambiance cauchemardesque des crises que vit l'enfant. C'est un graphisme très adulte qu'il faut s'approprier et qui peut freiner à la lecture d'un public novice mais en recherche d'infos sur le DT1. Une lecture exigeante mais très aboutie qui apporte au débat des soins en France.

13/12/2024 (modifier)
Couverture de la série Ayako
Ayako

C'est la première série d'Osamu Tezuka que je lis. C'est une œuvre intéressante car bâtie sur un scénario aux thématiques nombreuses (trop?) dans un espace assez resserré(3 tomes) et une temporalité assez longue (20 ans). L'avantage de cette construction est de proposer une narration très dynamique mais son inconvénient est de souvent survoler certain thèmes voire d'introduire une discontinuité qui laisse le lecteur seul face à la situation. J'ai beaucoup aimé le tome 1 centré sur la personnalité très sombre de Jiro. Dans un Tokyo de 1949 l'auteur, dans un registre de contre espionnage, charge la présence américaine en multipliant les scènes d'interrogatoire quasi gestapistes d'une armée d'occupation voulant anéantir la classe ouvrière cheminote japonaise. j'ai tiqué plusieurs fois à cette construction. En effet je ne crois avoir jamais lu l'équivalent sur la présence américaine en RFA. Cela m'a d'autant plus gêné que cela est introduit après un vide sur l'histoire antérieure de l'armée impériale en Corée ( armée d'occupation pas trop sympa) et ailleurs dans le Pacifique. La réforme agraire est expédiée en quelques cases. Cela donne un aspect documentaire historique pas déplaisant mais un peu juste pour y puiser une réelle connaissance approfondie de l'histoire socio-économique du Japon d'après guerre. Rien sur la reconstruction du pays, rien sur sa réorganisation politique, Tezuka se contente de mettre en scène des officiers sup américains de façon caricaturale et grotesque. Cette thématique se conclut sur une histoire assez rocambolesque de chemise ensanglantée qu'il aurait été si facile de faire disparaître. D'ailleurs il a été plus facile à Jiro de disparaître des griffes de la police , des services secrets américains voire des yeux des lecteurs en faisant de courtes réapparitions inexpliquées. La piste policière un peu entretenue en fin de T1 disparaissant totalement en T2 pendant 20 ans. Il reste donc la saga sur laquelle est centrée l'insupportable séquestration d'Ayako qui représente une véritable charge contre une société traditionnelle patriarcale de type médiévale. Tezuka s'enfonce à l'envie dans le glauque et le nauséeux, multipliant les viols, les incestes, les coups, les injustices pour chaque membre masculin de la famille Tengé. Si la fin du T1 porte son effet dramatique dans un ignominieux conseil de famille, les surcouches introduites par la suite virent à la lourdeur et au voyeurisme. Il a fallu le saut temporel de 1971 en fin de t2 pour que je ne lâche pas l'affaire en mi T2. Le graphisme est très surprenant. Je le vois comme le produit d'une équipe assez inégale tellement il y a des différences d'une case à l'autre. On passe d'extérieurs paysagés très ciselés et travaillés avec une grande précision à des décors urbains rectilignes corrects mais sans âme. Que dire des visages et des silhouettes? Des caricatures déformées au long cous de girafes, des visages mangas lisses et occidentalisés, des proportions aléatoires, des visages de soldats afro-américains aux stéréotypes douteux (T2 p70), des femmes typées poupées potiches ou des scènes traditionnelles de deuil ou de fêtes admirablement travaillées. Je n'ai toujours pas compris la volonté visuelle de l'auteur, C'est dire si une fois le choc émotionnel du T1 passé même le calvaire d'Ayako dans une pauvre idée du mythe de la caverne m'a de plus en plus laissé froid. Une lecture pas déplaisante mais sans plus. 2.5

13/12/2024 (modifier)
Par gruizzli
Note: 3/5
Couverture de la série Clapas
Clapas

J'avoue avoir été assez déçu de la lecture, surtout au vu des nombreux avis élogieux. Il faut dire que c'est une histoire dans laquelle certains détails sont assez gros et m'ont fait sortir du récit, malgré un rythme excellent. Et déjà j'en ai dit assez, puisque cette BD est un thriller qui prend place dans les montagnes du Vercors, où un bus se retrouve coincé par un éboulement. La suite n'est pas importante à connaitre, puisque le récit est à découvrir à chaque page. Et je suis assez triste d'avoir peu aimé puisque je le trouve très équilibré dans sa tension. C'est constant, sans relâchement, le tout porté par des personnages simples mais efficaces dans les archétypes. D'autre part le dessin est vraiment excellent, avec les décors vides d'humains et cette présence d'une nature qui cache le danger. Le dessin contribue jusqu'à la dernière page, accentuant les visages et les émotions, faisant comprendre sans avoir besoin d'exprimer. Maintenant, comme souligné au début, j'ai trouvé plusieurs passages quelque peu invraisemblables. Si chaque personnage a sa propre motivation, il y a pour autant des moments qui m'ont sorti du récit. Trop invraisemblable, trop spectaculaire aussi parfois (je préfère ne pas développer pour éviter de dévoiler). Et de fait, je me suis dit plusieurs fois devant le récit que c'était gros mais que "Allez, ça passe". Sauf que je me suis rendu compte lorsque j'ai refermé la BD que je n'avais pas envie de la relire et que son récit ne restait pas spécialement en mémoire. De fait, je ne suis pas plus emballé que ça et j'oublierai sans doute l'histoire d'ici quelques mois. Dommage !

13/12/2024 (modifier)