Je ne peux pas fourrer mon pied dans une pantoufle de verre.
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Ce tome contient une biographie de Lee Miller (1907-1977), modèle, photographe, reporter, égérie du surréalisme. La première édition date de 2013 pour la version originale en italien, et de 2024 pour la version française. Il a été réalisé par Eleonora Antonioni pour le scénario et les dessinés, et traduits par Laurent Lombard. Il comprend cent-cinquante-et-une pages de bande dessinée. Il se termine avec la présentation succincte de six des hommes de la vie de Lee (Theodore Miller, Man Ray, Erik Miller, Aziz Eloui Bey, David E. Scherman, Roland Penrose), et un lexique de toutes les autres personnes citées, chacune présentée avec ses dates de naissance et de mort, et un court paragraphe d’une phrase, au nombre de trente-cinq de George Antheil (1900-1959, pianiste, compositeur, écrivain) à Elizabeth Audrey Whithers (1905-2001, journaliste). Le tome s’achève avec une bibliographie minimale, des pages web intéressantes et des recherches iconographiques.
En 1928, l’atelier de Neysa McMein, à New York, Elizabeth Miller, vingt-et-un ans, rejoint une tablée qui l’accueille avec les honneurs. Un homme fait observer qu’il paraît que les hommes se souviennent toujours des blondes. Une jeune femme fait remarquer que le visage de Lee est l’un des plus connus des revues de M. Condé Nast. Un autre note qu’il lui manque juste un joli pseudonyme pour se lancer. Elle répond : Lee Miller. Enfance et adolescence. Originaire de Pennsylvanie, déterminé, curieux et tenance, Theodore Miller a fait carrière dans le domaine technique jusqu’à devenir directeur des établissements De Laval à Poughkeepsie dans l’état de New York. Productrice d’équipements pour traire et traiter le lait, De Laval était la plus grande et la plus importante entreprise de Poughkeepsie. Lors de son précédent emploi à Utica, Theodore fit la connaissance d’une jeune infirmière : Florence Mac Donald. Les fiançailles furent longues, car il ne voulait pas se marier avant d’avoir trouvé une stabilité financière et professionnelle. C’est donc après son recrutement chez De Laval que le couple se marie et que Florence s’installe à Poughkeepsie.
Florence Mac Donald, la jeune épouse, attire d’emblée l’attention des Daughters of the American Revolution qui l’invitent à faire partie de leur prestigieuse association patriotique. Invitation aussitôt retirée lorsqu’elles découvrent les origines canadiennes de Florence. En tout cas, cette anecdote n’empêche pas Florence de devenir une parfaite dame de la haute bourgeoisie comme l’exige la mode de l’époque. Outre sa passion pour la technologie, Theodore cultive un grand intérêt pour les arts, jusqu’à en faire un élément central de la vie familiale. Féru de photographie qu’il se plait à pratiquer en dilettante, il a recours à son épouse Florence comme modèle parmi ses sujets préférés, les nus féminins, selon lui, l’une des plus hautes expressions de l’art. Bien vite, Theodore et Florence ont des enfants : John naît en 1905, Ellizabeth en 1907, Erik en 1910. La petite et toute blonde Elizabeth, appelée Lili, conquiert Theodore au premier regard devenant, sans qu’il s’en cache trop, sa préférée.
Peut-être que le lecteur a une vague conscience de l’existence de Lee Miller et de ses œuvres, ou qu’il n’en a jamais entendu parler : cette bande dessinée constitue l’occasion d’en apprendre plus sur elle. De fait, l’autrice réalise une biographie chronologique, à l’exception de la scène d’introduction. Elle raconte les différentes phases de la vie de cette femme, en cinq chapitres : Enfance et adolescence d’Elizabeth Miller, Surréalisme, Nuage, Barbelés, Coupure. En fonction de sa familiarité avec ladite biographie, le lecteur peut parfois se retrouver décontenancé. Par exemple, le récit montre bien les rencontres entre Lee Miller et différents artistes de l’époque comme Man Ray (Emmanuel Radnitsky, 1890-1976) ou Pablo Picasso (1881-1973), sans pour autant la mettre en scène comme étant l’égérie du surréalisme. Pour autant, il retrouve bien sa carrière de modèle, puis son apprentissage de la photographie et ses fréquentations avec les surréalistes, son engagement comme photographe de guerre, et sa carrière d’autrice de recettes culinaires. La personnalité de la narration visuelle apparaît tout de suite : des traits encrés très fins et solides, un noir & blanc rehaussé de jaune, la plupart du temps en une seule nuance, parfois deux. Une approche réaliste avec un degré de simplification allant vers l’élégance, avec un sens très sûr de la gestion de densité d’information par case, soit un luxe de détails, ou une focalisation sur les personnages en train de parler, ou des effets de texture.
L’autrice insère son personnage dans le contexte historique à la fois par les événements évoqués, à la fois par les dessins. D’une certaine manière, le lecteur peut interpréter les caractéristiques graphiques comme une touche féminine délicate et élégante ; d’un autre côté, cela n’obère en rien l’investissement de la dessinatrice dans les représentations. La séquence introductive montre des jeunes gens de la haute bourgeoisie, bien habillés à l’occasion d’un rendez-vous mondain. Le lecteur remarque de suite l’attention portée aux tenues vestimentaires que ce soit la coupe des costumes pour les messieurs, ou les différentes robes avec leurs accessoires pour ces dames, y compris les bibis et les colliers. La présentation de Theodore Miller s’effectue par un dessin le représentant assis sur une chaise : belle veste avec un motif jaune, une paire de bottines à bouton. La présentation de Florence Mac Donald se déroule en deux temps : d’abord en robe simple avec tablier (et un petit chapeau), puis en robe habillée avec un chapeau plus sophistiqué et plus décoratif. L’artiste fait preuve du même degré d’implication tout du long de l’ouvrage pour les tenues vestimentaires : les habits plus simples des enfants, les robes de soirée ou pour faire la fête, les manteaux, les accessoires divers et variés, les uniformes militaires, jusqu’à la robe noire et simple avec tablier dans laquelle Lee Miller reçoit le journaliste à Farley’s Farm, à Chiddingly, Muddles Green, dans la dernière période de sa vie.
De la même manière, la reconstitution historique se trouve dans chaque lieu, chaque environnement. Les lampes avec leur abat-jour dans l’atelier de Neysa McMein, les meubles et les pots de fleurs chez les Miller, le modèle du landau, les différentes voitures, les évocations d’œuvres artistiques de l’époque (dont celles de Man Ray et de Picasso), l’appartement d’Adolf Hitler à Berlin, et bien d’autres encore. Progressivement, le lecteur prend conscience que la bédéiste utilise de nombreuses possibilités offertes par la bande dessinée : case avec bordure ou sans, éléments de décor devenant une ornementation pour les autres cases, cases en trapèze ou en losange pour accentuer un mouvement, cases de la hauteur ou de la largeur de la page, dessins en pleine page, cases en insert, carte de la région pour accompagner les voyages de la photographe, etc. Elle joue également avec les phylactères et la typographie : écriture blanche sur fond noir, titres en barbelés quand Miller accompagne l’armée libératrice vers l’Est, etc. Si dans un premier temps, les personnages peuvent apparaître un peu simplifiés, en particulier pour les traits de visage, le lecteur se rend vite compte que la direction d’acteurs et les expressions de visage relèvent d’adultes aux émotions complexes, certains silences ou certaines pauses fugaces attestant de l’impact d’une situation ou d’un constat.
Le lecteur mesure mieux les choix de l’autrice lorsqu’un médecin indique que : Elizabeth Lee a contracté une méchante maladie vénérienne, et que malheureusement le traitement sera long, que les parents devront surtout essayer de lui faire surmonter le traumatisme psychologique. Les deux pages suivantes montrent que la fillette se sent sale en permanence, puis elle se montre insupportable dans les différents établissements scolaires où elle est inscrite. En allant chercher plus d’informations, il apparaît qu’il s’agit d’un viol perpétré sur la fillette alors qu’elle avait sept ans, une façon déconcertante de présenter un tel crime et ses conséquences dévastatrices. Pour autant, lorsque Lee Miller accompagne l’armée américaine à Torgau, puis Dachau, puis Berlin, toute l’horreur de la guerre impacte de plein fouet la jeune femme. Le lecteur en déduit que cette biographie est racontée avec le point de vue de Lee Miller, en fonction de ce qu’elle ressent et de ce qu’elle peut exprimer, sa façon de se représenter le monde à chaque moment de sa vie. Il constate alors que l’autrice montre l’impact des événements, des expériences, des découvertes, de la manière dont l’artiste le ressent. Au fur et à mesure, le lecteur découvre la vie de cette femme, ou plutôt ses vies, de modèle pour photographes, à photographe de mode elle-même, photoreporter de guerre, autrice de recettes. En fonction de ses centres d’intérêt, il aurait pu souhaiter que telle ou telle facette de sa vie soit plus développée, tout en ayant conscience que cette biographie regorge d’informations et de moments sortant de l’ordinaire, qu’elle est riche et dense.
Réaliser une biographie constitue un exercice compliqué entre hagiographie et enfilade aride de faits avérés. Celle-ci combine les éléments factuels avec la vision que Lee Miller a pu en avoir au moment de leur survenance dans le contexte de sa vie, et dans celui historique. L’autrice se livre à une reconstitution extraordinaire de références et de détails pertinents et opportuns, en sachant montrer l’environnement correspondant. Le lecteur accompagne une jeune femme séduisante et libérée, menant sa vie comme elle l’entend, connectée au monde, réussissant aussi bien une carrière de modèle que de photoreporter de guerre (jusque dans la baignoire d’Hitler), tout en en faisant l’expérience de son point de vue, moments de plaisir comme traumatismes. Une réussite exemplaire.
Un très bon one-shot.
Les thèmes utilisés dans l'album sont du déjà vu, mais l'auteur les utilisent de manières intelligentes. Il faut dire que le récit est construit de manière originale. La réalité et la fiction sont mélangées, mais sans jamais perdre le lecteur qui comprends bien ce qui se passe. Je ne veux pas trop spoiler ce qui se passe dans le récit et tout ce que je peux dire c'est que c'est remplis d'émotions, le scénario est prenant même lorsque je devinais un peu ce qui se passait et le personnage principal est terriblement attachant.
J'ai vraiment aimé le dessin que je trouve très dynamique et les couleurs sont belles. La mise en scène est surprenante et audacieuse. Je trouve que jusqu'à présent c'est une des meilleurs bds de 2024 que j'ai lu. Elle a réussi à toucher mon âme d'enfant.
Un véritable OVNI qui m'a moyennement convaincu.
Au dessin, j'ai trouvé que le travail était absolument superbe et que la mise en scène était dynamique et bien maitrisé. Visuellement, c'est du plaisir pour les yeux ! Malheureusement, le scénario m'a semblé moyen. C'est assez décousu alors au début j'étais un peu perdu. De plus, les différents récits ne m'ont pas particulièrement marqué et les personnages ne m'ont pas intéressé.
Donc voilà le dessin est excellent, mais c'est pratiquement le seul élément que j'ai vraiment aimé. Cela reste tout de même une lecture pour les amateurs de bandes dessinées qui sortent de l'ordinaire, mais je recommande plus un emprunt.
Un spin-off de Dad que j'ai trouvé correct.
On retrouve le charme et l'humour de la série, mais cela m'a fait plutôt sourire alors que la série mère me fait souvent rigolée. Il faut dire qu'à la place de gags en une planche, on a droit à un petit dessin qui accompagne le texte et c'est un exercice très difficile. Il y a tout de même plusieurs gags un peu trop convenu à mon gout.
Il faut dire qu'une des qualités de Dad est que les personnages et leurs situations évoluent au fil des tomes alors qu'ici on est dans du basique 'père célibataire embarrassant qui a des filles difficiles'.
Cela reste correct et c'est mieux que la plupart des manuels/guides en BD que j'ai vu, mais c'est pas un indispensable si on est pas déjà fan de la série.
Je profite de la récente sortie de l’intégrale pour réécrire mon avis sur cette série, que j’ai globalement bien aimée, et qui se distingue de la grande majorité des productions du genre par une volonté évidente d’élaborer un réel scénario, et de ne pas se contenter d’enchainer les scènes de sexe.
Les scènes de sexe, justement, sont nombreuses et variées (positions, partenaires), avec une héroïne, Mara, franchement très ouverte en ce domaine. Mais il y a aussi des intrigues policières (et un complot qui « chapeaute » le tout), avec même quelques passages fantastiques (pas forcément toujours très heureux). Mara est une écrivaine, mais aussi enquêtrice, n’hésitant pas à payer de sa personne, mais aussi à sévir : justicière parfois sadique, elle peut être violente.
Le dessin est agréable (important pour ce genre d’œuvre). Il évolue à partir du deuxième tome – je ne suis pas forcément fan de cette évolution. La colorisation (apparemment à l’informatique) n’est pas ma préférée.
Cossimo Ferri et Master Tabou (le pseudo du directeur de collection) ont fait le pari d’un érotisme « haut de gamme », avec un dessin soigné et un vrai scénario, construit, et qui donne une certaine crédibilité aux personnages – même si ça n’est pas non plus le scénario le plus alambiqué que j’aie lu, hein…
J’ai été un peu moins convaincu par les derniers tomes, qui confirment une évolution qui ne m'a pas forcément plu. D'abord le dessin - et la colorisation surtout, que j'ai trouvés moins intéressants que sur les débuts de la série, cette colorisation informatique lissant trop à mon goût le trait de Ferri.
Ensuite l'intrigue elle-même : le fantastique et certaines situations (voir les scènes finales du tome 5) ont fait perdre en crédibilité un personnage et une série ancrés dans un certain réalisme.
Ces bémols mis à part, on a là une série qui sort du lot du genre et qui, malgré mes remarques (qui n’engagent que mes goûts personnels), ne peut que plaire aux amateurs d’histoire érotique qui ne recherchent pas que du cul bourrin. Avec cette série, Cosimo Ferri montrait son talent, ce que ses plus récentes productions ont confirmé.
Note réelle 3,5/5.
Cosimo Ferri livre là une nouvelle série embrassant le cœur de la mythologie grecque. Comme sa précédente série mythologique sur Achille, elle va s’étaler sur 3 tomes.
Ferri est avant tout connu pour ses productions « pour adultes », mais il ne faut pas le prendre ici de haut, on sent qu’il aime vraiment son sujet, et qu’il ne fait pas n’importe quoi avec ce matériau historico-mythologique : il a fait le choix du classicisme.
D’abord en ne s’écartant pas trop (quelques rares libertés ou inventions narratives) de ce que nous savons du texte du vieil aède : de nombreuses citations en grec ancien parsèment d’ailleurs l’album. Tout au plus construit-il son histoire un peu différemment, puisque nous commençons quasiment par la fin (Ulysse quitte Calypso), et c’est par bribes et flash-backs que nous apprenons quelques détails de la fin du siège de Troie et de quelques mésaventures d’Ulysse (le tout entrecoupé de passage à Ithaque, avec Pénélope luttant contre les menaces de prétendants opportunistes et Télémaque cherchant désespérément des nouvelles de son père). En fait l’essentiel nous sera narré dans les deux derniers albums. Ce qui promet une certaine densité, vu ce qu’il y a à raconter !
Du classique aussi au niveau du dessin, qui est très bon. Ferri a clairement choisi de s’inspirer – il le revendique – des maîtres anciens. Les personnages, masculins surtout, son ainsi proches des peintures de Rubens (pour les corps musculeux) ou de Le Brun. Bon, ses femmes sont elles davantage bombasses et là le seul classicisme que l’on pourrait invoquer aurait trait au porno.
Comme pour « Achille », Ferri a sorti en même temps deux versions, une pornographique chez Tabou, une purement aventure chez Graph Zeppelin. Je suis juste surpris du changement de titre (pour différencier les versions j’imagine), alors que l’histoire en elle-même est exactement la même.
Dans le version Tabou, les scènes de sexe sont plutôt bien amenées, variées, et souvent courtes (puisqu’elles sont censées disparaitre dans la version Graph Zeppelin). Dans le domaine érotique, Ferri est un vieux routier, et dessine très bien ce genre de chose. La lecture est globalement agréable (visuellement et au niveau de la narration).
A noter que j’ai d’abord lu la version Graph Zeppelin, expurgée de toutes les scènes de sexe (et donc d’une quinzaine de pages). En plus de la lecture proprement dite, je m’amusais à imaginer là où ces scènes allaient s’insérer dans la version Tabou (c’était facile à deviner), et comment elles allaient pouvoir passer sans alourdir ou casser la narration. En tout cas cette version expurgée et raccourcie passe très bien, il n’y a pas de sautes dans la narration, la lecture est agréable.
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MAJ après lecture du deuxième tome:
Cet album est dans la continuité du précédent. C'est à dire que Ferri reste très fidèle au texte d'Homère (qu'il cite abondamment), ce qui ne peut que plaire aux amateurs de cet univers, même si une certaine froideur des dialogues peut parfois surprendre (Ulysse en particulier ne déclenche pas forcément l'empathie: mais on n'est pas dans un péplum hollywoodien). En tout cas je reste toujours sur ma belle impression du tome inaugural.
Ma seule petite frustration (mais je l'avais pressenti en voyant ce qui restait à traiter en deux tomes), c'est que certains épisodes sont un peu vite expédiés.
Enfin, n'ayant pour le moment pas lu la version plus hard de Tabou, j'avoue être curieux de la découvrir, car à part vers la fin, je ne sais pas trop où Ferri va caser ses scènes de sexe.
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MAJ après lecture du troisième et dernier tome:
La lecture de ce dernier tome confirme la belle impression laissée par les précédents. Ferri réussit très bien à rendre le texte original (parfois cité directement), dont il ne s'écarte pas beaucoup. Les amateurs de l'épopée ne seront donc pas surpris, aucun "passage obligé" ne manque. Mais ils ne seront pas non plus déçus !
En effet, c'est vraiment du bel ouvrage. Peut-être trop classique et respectueux du texte original, je ne sais pas. C'est en tout cas une des rares réserves que l'on peut faire à cette adaptation: un chouia "coincée" dans un genre théâtral un peu statique. Et aussi (mais là c'est affaire de vision personnelle), j'aurais bien vu Ferri développer davantage cette épopée, en ne se contentant pas de trois albums. Mais ne boudons pas notre plaisir, les amateurs d'Histoire antique, de mythes et d'aventure y trouveront leur compte.
Quant au dessin, il reste efficace et agréable (avec des hommes musculeux et des femmes aux formes opulentes). Cette version "soft" est aussi réussie que la version plus "hot" de chez Tabou.
Note réelle 3,5/5.
Une série ambitieuse et qui n’est même pas encore à la moitié de ses tomes annoncés … et pourtant déjà culte pour moi.
Je m’emballe peut être un peu mais en 2-3 tomes, cette série m’a littéralement conquis et depuis la suite ne vient pas ternir cette excellente impression. Un peu comme avec Donjon, je suis complètement addict.
La partie graphique est agréable mais ce n’est pas sur ce point que l’œuvre marquera véritablement. Designs, couleurs et dessins sont efficaces, toujours fluides et lisibles. Cependant à mon goût, c’est limite un peu trop sobre parfois, mais il faut tenir la cadence de parution et ça accompagne sans fioriture le récit.
Amateur de GoT & co, j’ai retrouvé tout ce que j’aimais dans le genre et surtout le plaisir de découvrir un monde cohérent, intelligemment mis en œuvre. C’est faussement complexe avec les Très nombreux personnages et des intrigues à tiroirs, mais tout paraît cohérent et est passionnant à suivre.
J’aime le coté adulte, l’incertitude constante sur le destin des personnages et la façon d’explorer cet univers.
Chaque tome amène sa petite pierre et se termine systématiquement par une soif de découvrir la suite.
Chaque cycle dépeindra un continent et ses habitants avec en toile de fond le pouvoir sous toutes ses formes (Royal, politique, mafieux …).
Chaque parution, je fonce chez mon libraire.
Une parfaite et rare alchimie entre les auteurs, alors que je me méfiais un peu du côté « atelier ou artificiel », je suis vraiment ravi du résultat. Je suis archi confiant pour la suite. Bravo à eux.
Un roman graphique aux faux airs de documentaire, sur un drame dont les conséquences brise encore de nombreuses familles en Argentine : les enfants volés aux opposants de la dictature (les jeunes parents étaient exécutés, les enfants « placés » dans des familles proches du régime).
Nous suivons ici deux hommes, deux copains, dont l’un a des doutes sur ses origines, fait faire des tests ADN, que son pote fait aussi pour l’accompagner. La surprise scénaristique étant éventée, ne reste au final que la démonstration du crime, et la difficile reconstruction de ceux qui « découvrent » leur passé, le sort funeste de leur parents biologiques (et parfois la face cachée et très noire de leurs parents adoptifs).
La narration est fluide et agréable, et le dessin, fin et léger, accompagne bien ce récit, globalement intéressant et plaisant à lire.
Note réelle 3,5/5.
Sans fioriture, et sans rien d’extraordinaire en fait, Max de Radiguès réussit quand même ici à nous proposer un petit album sympathique, une lecture plaisante.
Tout tourne essentiellement autour de cinq personnages, enfermés dans un module spatial, une mission sur Mars. L’auteur ayant réalisé une grande partie du récit durant le confinement de 2020, il a pu y puiser quelques idées. Comment éviter l’ennui ? Faut-il maintenir la routine habituelle sans qu’elle soit justifier par les contingences sociales, du travail (car nos 5 « astronautes », suite à une alerte attentat – qui donne son titre à l’album – doivent abandonner leurs expériences, et juste rester coupés du monde en attendant la fin de l’alerte) ?
L’auteur, avec son dessin très simple habituel, et sans dynamiter trop l’histoire, parvient quand même à garder l’intérêt du lecteur en apportant quelques petites surprises amusantes dans la seconde partie.
Nous sommes ici dans la caricature de ce que peut proposer le scénariste Jim : de la romance sexy observée depuis un point de vue très masculin, jouant sur des fantasmes peu glorieux et gentiment racoleurs. C'est généralement conduit avec un certain sens du rythme et servi par des illustrations chaleureuses, dans leur rondeur tout autant que leurs couleurs. Bref du divertissement aisément accessible, à destination d'un public masculin.
Dans le cas présent, chaque héroïne se propose d'être une déclinaison plus ou moins assumée par le personnage, de la "perversité féminine". La romance emprunte alors des tournures noires du thriller et offre de plutôt habiles rebondissements.
Au bout du compte, la BD se lit un peu honteusement, avec la certitude qu'elle a cherché à séduire les pans sombres de notre personnalité, avec la satisfaction de constater qu'elle a largement échoué.
Mieux vaut garder en mémoire le beau roman graphique L'Étreinte que Jim a conçu avec Bonneau et oublier ce divertissement racoleur, certes plutôt habile et facile à lire.
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Les Cinq Vies de Lee Miller
Je ne peux pas fourrer mon pied dans une pantoufle de verre. - Ce tome contient une biographie de Lee Miller (1907-1977), modèle, photographe, reporter, égérie du surréalisme. La première édition date de 2013 pour la version originale en italien, et de 2024 pour la version française. Il a été réalisé par Eleonora Antonioni pour le scénario et les dessinés, et traduits par Laurent Lombard. Il comprend cent-cinquante-et-une pages de bande dessinée. Il se termine avec la présentation succincte de six des hommes de la vie de Lee (Theodore Miller, Man Ray, Erik Miller, Aziz Eloui Bey, David E. Scherman, Roland Penrose), et un lexique de toutes les autres personnes citées, chacune présentée avec ses dates de naissance et de mort, et un court paragraphe d’une phrase, au nombre de trente-cinq de George Antheil (1900-1959, pianiste, compositeur, écrivain) à Elizabeth Audrey Whithers (1905-2001, journaliste). Le tome s’achève avec une bibliographie minimale, des pages web intéressantes et des recherches iconographiques. En 1928, l’atelier de Neysa McMein, à New York, Elizabeth Miller, vingt-et-un ans, rejoint une tablée qui l’accueille avec les honneurs. Un homme fait observer qu’il paraît que les hommes se souviennent toujours des blondes. Une jeune femme fait remarquer que le visage de Lee est l’un des plus connus des revues de M. Condé Nast. Un autre note qu’il lui manque juste un joli pseudonyme pour se lancer. Elle répond : Lee Miller. Enfance et adolescence. Originaire de Pennsylvanie, déterminé, curieux et tenance, Theodore Miller a fait carrière dans le domaine technique jusqu’à devenir directeur des établissements De Laval à Poughkeepsie dans l’état de New York. Productrice d’équipements pour traire et traiter le lait, De Laval était la plus grande et la plus importante entreprise de Poughkeepsie. Lors de son précédent emploi à Utica, Theodore fit la connaissance d’une jeune infirmière : Florence Mac Donald. Les fiançailles furent longues, car il ne voulait pas se marier avant d’avoir trouvé une stabilité financière et professionnelle. C’est donc après son recrutement chez De Laval que le couple se marie et que Florence s’installe à Poughkeepsie. Florence Mac Donald, la jeune épouse, attire d’emblée l’attention des Daughters of the American Revolution qui l’invitent à faire partie de leur prestigieuse association patriotique. Invitation aussitôt retirée lorsqu’elles découvrent les origines canadiennes de Florence. En tout cas, cette anecdote n’empêche pas Florence de devenir une parfaite dame de la haute bourgeoisie comme l’exige la mode de l’époque. Outre sa passion pour la technologie, Theodore cultive un grand intérêt pour les arts, jusqu’à en faire un élément central de la vie familiale. Féru de photographie qu’il se plait à pratiquer en dilettante, il a recours à son épouse Florence comme modèle parmi ses sujets préférés, les nus féminins, selon lui, l’une des plus hautes expressions de l’art. Bien vite, Theodore et Florence ont des enfants : John naît en 1905, Ellizabeth en 1907, Erik en 1910. La petite et toute blonde Elizabeth, appelée Lili, conquiert Theodore au premier regard devenant, sans qu’il s’en cache trop, sa préférée. Peut-être que le lecteur a une vague conscience de l’existence de Lee Miller et de ses œuvres, ou qu’il n’en a jamais entendu parler : cette bande dessinée constitue l’occasion d’en apprendre plus sur elle. De fait, l’autrice réalise une biographie chronologique, à l’exception de la scène d’introduction. Elle raconte les différentes phases de la vie de cette femme, en cinq chapitres : Enfance et adolescence d’Elizabeth Miller, Surréalisme, Nuage, Barbelés, Coupure. En fonction de sa familiarité avec ladite biographie, le lecteur peut parfois se retrouver décontenancé. Par exemple, le récit montre bien les rencontres entre Lee Miller et différents artistes de l’époque comme Man Ray (Emmanuel Radnitsky, 1890-1976) ou Pablo Picasso (1881-1973), sans pour autant la mettre en scène comme étant l’égérie du surréalisme. Pour autant, il retrouve bien sa carrière de modèle, puis son apprentissage de la photographie et ses fréquentations avec les surréalistes, son engagement comme photographe de guerre, et sa carrière d’autrice de recettes culinaires. La personnalité de la narration visuelle apparaît tout de suite : des traits encrés très fins et solides, un noir & blanc rehaussé de jaune, la plupart du temps en une seule nuance, parfois deux. Une approche réaliste avec un degré de simplification allant vers l’élégance, avec un sens très sûr de la gestion de densité d’information par case, soit un luxe de détails, ou une focalisation sur les personnages en train de parler, ou des effets de texture. L’autrice insère son personnage dans le contexte historique à la fois par les événements évoqués, à la fois par les dessins. D’une certaine manière, le lecteur peut interpréter les caractéristiques graphiques comme une touche féminine délicate et élégante ; d’un autre côté, cela n’obère en rien l’investissement de la dessinatrice dans les représentations. La séquence introductive montre des jeunes gens de la haute bourgeoisie, bien habillés à l’occasion d’un rendez-vous mondain. Le lecteur remarque de suite l’attention portée aux tenues vestimentaires que ce soit la coupe des costumes pour les messieurs, ou les différentes robes avec leurs accessoires pour ces dames, y compris les bibis et les colliers. La présentation de Theodore Miller s’effectue par un dessin le représentant assis sur une chaise : belle veste avec un motif jaune, une paire de bottines à bouton. La présentation de Florence Mac Donald se déroule en deux temps : d’abord en robe simple avec tablier (et un petit chapeau), puis en robe habillée avec un chapeau plus sophistiqué et plus décoratif. L’artiste fait preuve du même degré d’implication tout du long de l’ouvrage pour les tenues vestimentaires : les habits plus simples des enfants, les robes de soirée ou pour faire la fête, les manteaux, les accessoires divers et variés, les uniformes militaires, jusqu’à la robe noire et simple avec tablier dans laquelle Lee Miller reçoit le journaliste à Farley’s Farm, à Chiddingly, Muddles Green, dans la dernière période de sa vie. De la même manière, la reconstitution historique se trouve dans chaque lieu, chaque environnement. Les lampes avec leur abat-jour dans l’atelier de Neysa McMein, les meubles et les pots de fleurs chez les Miller, le modèle du landau, les différentes voitures, les évocations d’œuvres artistiques de l’époque (dont celles de Man Ray et de Picasso), l’appartement d’Adolf Hitler à Berlin, et bien d’autres encore. Progressivement, le lecteur prend conscience que la bédéiste utilise de nombreuses possibilités offertes par la bande dessinée : case avec bordure ou sans, éléments de décor devenant une ornementation pour les autres cases, cases en trapèze ou en losange pour accentuer un mouvement, cases de la hauteur ou de la largeur de la page, dessins en pleine page, cases en insert, carte de la région pour accompagner les voyages de la photographe, etc. Elle joue également avec les phylactères et la typographie : écriture blanche sur fond noir, titres en barbelés quand Miller accompagne l’armée libératrice vers l’Est, etc. Si dans un premier temps, les personnages peuvent apparaître un peu simplifiés, en particulier pour les traits de visage, le lecteur se rend vite compte que la direction d’acteurs et les expressions de visage relèvent d’adultes aux émotions complexes, certains silences ou certaines pauses fugaces attestant de l’impact d’une situation ou d’un constat. Le lecteur mesure mieux les choix de l’autrice lorsqu’un médecin indique que : Elizabeth Lee a contracté une méchante maladie vénérienne, et que malheureusement le traitement sera long, que les parents devront surtout essayer de lui faire surmonter le traumatisme psychologique. Les deux pages suivantes montrent que la fillette se sent sale en permanence, puis elle se montre insupportable dans les différents établissements scolaires où elle est inscrite. En allant chercher plus d’informations, il apparaît qu’il s’agit d’un viol perpétré sur la fillette alors qu’elle avait sept ans, une façon déconcertante de présenter un tel crime et ses conséquences dévastatrices. Pour autant, lorsque Lee Miller accompagne l’armée américaine à Torgau, puis Dachau, puis Berlin, toute l’horreur de la guerre impacte de plein fouet la jeune femme. Le lecteur en déduit que cette biographie est racontée avec le point de vue de Lee Miller, en fonction de ce qu’elle ressent et de ce qu’elle peut exprimer, sa façon de se représenter le monde à chaque moment de sa vie. Il constate alors que l’autrice montre l’impact des événements, des expériences, des découvertes, de la manière dont l’artiste le ressent. Au fur et à mesure, le lecteur découvre la vie de cette femme, ou plutôt ses vies, de modèle pour photographes, à photographe de mode elle-même, photoreporter de guerre, autrice de recettes. En fonction de ses centres d’intérêt, il aurait pu souhaiter que telle ou telle facette de sa vie soit plus développée, tout en ayant conscience que cette biographie regorge d’informations et de moments sortant de l’ordinaire, qu’elle est riche et dense. Réaliser une biographie constitue un exercice compliqué entre hagiographie et enfilade aride de faits avérés. Celle-ci combine les éléments factuels avec la vision que Lee Miller a pu en avoir au moment de leur survenance dans le contexte de sa vie, et dans celui historique. L’autrice se livre à une reconstitution extraordinaire de références et de détails pertinents et opportuns, en sachant montrer l’environnement correspondant. Le lecteur accompagne une jeune femme séduisante et libérée, menant sa vie comme elle l’entend, connectée au monde, réussissant aussi bien une carrière de modèle que de photoreporter de guerre (jusque dans la baignoire d’Hitler), tout en en faisant l’expérience de son point de vue, moments de plaisir comme traumatismes. Une réussite exemplaire.
Anamnèse
Un très bon one-shot. Les thèmes utilisés dans l'album sont du déjà vu, mais l'auteur les utilisent de manières intelligentes. Il faut dire que le récit est construit de manière originale. La réalité et la fiction sont mélangées, mais sans jamais perdre le lecteur qui comprends bien ce qui se passe. Je ne veux pas trop spoiler ce qui se passe dans le récit et tout ce que je peux dire c'est que c'est remplis d'émotions, le scénario est prenant même lorsque je devinais un peu ce qui se passait et le personnage principal est terriblement attachant. J'ai vraiment aimé le dessin que je trouve très dynamique et les couleurs sont belles. La mise en scène est surprenante et audacieuse. Je trouve que jusqu'à présent c'est une des meilleurs bds de 2024 que j'ai lu. Elle a réussi à toucher mon âme d'enfant.
Monkey Meat
Un véritable OVNI qui m'a moyennement convaincu. Au dessin, j'ai trouvé que le travail était absolument superbe et que la mise en scène était dynamique et bien maitrisé. Visuellement, c'est du plaisir pour les yeux ! Malheureusement, le scénario m'a semblé moyen. C'est assez décousu alors au début j'étais un peu perdu. De plus, les différents récits ne m'ont pas particulièrement marqué et les personnages ne m'ont pas intéressé. Donc voilà le dessin est excellent, mais c'est pratiquement le seul élément que j'ai vraiment aimé. Cela reste tout de même une lecture pour les amateurs de bandes dessinées qui sortent de l'ordinaire, mais je recommande plus un emprunt.
Manuel du Dad (presque) parfait
Un spin-off de Dad que j'ai trouvé correct. On retrouve le charme et l'humour de la série, mais cela m'a fait plutôt sourire alors que la série mère me fait souvent rigolée. Il faut dire qu'à la place de gags en une planche, on a droit à un petit dessin qui accompagne le texte et c'est un exercice très difficile. Il y a tout de même plusieurs gags un peu trop convenu à mon gout. Il faut dire qu'une des qualités de Dad est que les personnages et leurs situations évoluent au fil des tomes alors qu'ici on est dans du basique 'père célibataire embarrassant qui a des filles difficiles'. Cela reste correct et c'est mieux que la plupart des manuels/guides en BD que j'ai vu, mais c'est pas un indispensable si on est pas déjà fan de la série.
Mara
Je profite de la récente sortie de l’intégrale pour réécrire mon avis sur cette série, que j’ai globalement bien aimée, et qui se distingue de la grande majorité des productions du genre par une volonté évidente d’élaborer un réel scénario, et de ne pas se contenter d’enchainer les scènes de sexe. Les scènes de sexe, justement, sont nombreuses et variées (positions, partenaires), avec une héroïne, Mara, franchement très ouverte en ce domaine. Mais il y a aussi des intrigues policières (et un complot qui « chapeaute » le tout), avec même quelques passages fantastiques (pas forcément toujours très heureux). Mara est une écrivaine, mais aussi enquêtrice, n’hésitant pas à payer de sa personne, mais aussi à sévir : justicière parfois sadique, elle peut être violente. Le dessin est agréable (important pour ce genre d’œuvre). Il évolue à partir du deuxième tome – je ne suis pas forcément fan de cette évolution. La colorisation (apparemment à l’informatique) n’est pas ma préférée. Cossimo Ferri et Master Tabou (le pseudo du directeur de collection) ont fait le pari d’un érotisme « haut de gamme », avec un dessin soigné et un vrai scénario, construit, et qui donne une certaine crédibilité aux personnages – même si ça n’est pas non plus le scénario le plus alambiqué que j’aie lu, hein… J’ai été un peu moins convaincu par les derniers tomes, qui confirment une évolution qui ne m'a pas forcément plu. D'abord le dessin - et la colorisation surtout, que j'ai trouvés moins intéressants que sur les débuts de la série, cette colorisation informatique lissant trop à mon goût le trait de Ferri. Ensuite l'intrigue elle-même : le fantastique et certaines situations (voir les scènes finales du tome 5) ont fait perdre en crédibilité un personnage et une série ancrés dans un certain réalisme. Ces bémols mis à part, on a là une série qui sort du lot du genre et qui, malgré mes remarques (qui n’engagent que mes goûts personnels), ne peut que plaire aux amateurs d’histoire érotique qui ne recherchent pas que du cul bourrin. Avec cette série, Cosimo Ferri montrait son talent, ce que ses plus récentes productions ont confirmé. Note réelle 3,5/5.
Ulysse (Graph Zeppelin)
Cosimo Ferri livre là une nouvelle série embrassant le cœur de la mythologie grecque. Comme sa précédente série mythologique sur Achille, elle va s’étaler sur 3 tomes. Ferri est avant tout connu pour ses productions « pour adultes », mais il ne faut pas le prendre ici de haut, on sent qu’il aime vraiment son sujet, et qu’il ne fait pas n’importe quoi avec ce matériau historico-mythologique : il a fait le choix du classicisme. D’abord en ne s’écartant pas trop (quelques rares libertés ou inventions narratives) de ce que nous savons du texte du vieil aède : de nombreuses citations en grec ancien parsèment d’ailleurs l’album. Tout au plus construit-il son histoire un peu différemment, puisque nous commençons quasiment par la fin (Ulysse quitte Calypso), et c’est par bribes et flash-backs que nous apprenons quelques détails de la fin du siège de Troie et de quelques mésaventures d’Ulysse (le tout entrecoupé de passage à Ithaque, avec Pénélope luttant contre les menaces de prétendants opportunistes et Télémaque cherchant désespérément des nouvelles de son père). En fait l’essentiel nous sera narré dans les deux derniers albums. Ce qui promet une certaine densité, vu ce qu’il y a à raconter ! Du classique aussi au niveau du dessin, qui est très bon. Ferri a clairement choisi de s’inspirer – il le revendique – des maîtres anciens. Les personnages, masculins surtout, son ainsi proches des peintures de Rubens (pour les corps musculeux) ou de Le Brun. Bon, ses femmes sont elles davantage bombasses et là le seul classicisme que l’on pourrait invoquer aurait trait au porno. Comme pour « Achille », Ferri a sorti en même temps deux versions, une pornographique chez Tabou, une purement aventure chez Graph Zeppelin. Je suis juste surpris du changement de titre (pour différencier les versions j’imagine), alors que l’histoire en elle-même est exactement la même. Dans le version Tabou, les scènes de sexe sont plutôt bien amenées, variées, et souvent courtes (puisqu’elles sont censées disparaitre dans la version Graph Zeppelin). Dans le domaine érotique, Ferri est un vieux routier, et dessine très bien ce genre de chose. La lecture est globalement agréable (visuellement et au niveau de la narration). A noter que j’ai d’abord lu la version Graph Zeppelin, expurgée de toutes les scènes de sexe (et donc d’une quinzaine de pages). En plus de la lecture proprement dite, je m’amusais à imaginer là où ces scènes allaient s’insérer dans la version Tabou (c’était facile à deviner), et comment elles allaient pouvoir passer sans alourdir ou casser la narration. En tout cas cette version expurgée et raccourcie passe très bien, il n’y a pas de sautes dans la narration, la lecture est agréable. ******************************** MAJ après lecture du deuxième tome: Cet album est dans la continuité du précédent. C'est à dire que Ferri reste très fidèle au texte d'Homère (qu'il cite abondamment), ce qui ne peut que plaire aux amateurs de cet univers, même si une certaine froideur des dialogues peut parfois surprendre (Ulysse en particulier ne déclenche pas forcément l'empathie: mais on n'est pas dans un péplum hollywoodien). En tout cas je reste toujours sur ma belle impression du tome inaugural. Ma seule petite frustration (mais je l'avais pressenti en voyant ce qui restait à traiter en deux tomes), c'est que certains épisodes sont un peu vite expédiés. Enfin, n'ayant pour le moment pas lu la version plus hard de Tabou, j'avoue être curieux de la découvrir, car à part vers la fin, je ne sais pas trop où Ferri va caser ses scènes de sexe. ******************************* MAJ après lecture du troisième et dernier tome: La lecture de ce dernier tome confirme la belle impression laissée par les précédents. Ferri réussit très bien à rendre le texte original (parfois cité directement), dont il ne s'écarte pas beaucoup. Les amateurs de l'épopée ne seront donc pas surpris, aucun "passage obligé" ne manque. Mais ils ne seront pas non plus déçus ! En effet, c'est vraiment du bel ouvrage. Peut-être trop classique et respectueux du texte original, je ne sais pas. C'est en tout cas une des rares réserves que l'on peut faire à cette adaptation: un chouia "coincée" dans un genre théâtral un peu statique. Et aussi (mais là c'est affaire de vision personnelle), j'aurais bien vu Ferri développer davantage cette épopée, en ne se contentant pas de trois albums. Mais ne boudons pas notre plaisir, les amateurs d'Histoire antique, de mythes et d'aventure y trouveront leur compte. Quant au dessin, il reste efficace et agréable (avec des hommes musculeux et des femmes aux formes opulentes). Cette version "soft" est aussi réussie que la version plus "hot" de chez Tabou. Note réelle 3,5/5.
Les 5 Terres
Une série ambitieuse et qui n’est même pas encore à la moitié de ses tomes annoncés … et pourtant déjà culte pour moi. Je m’emballe peut être un peu mais en 2-3 tomes, cette série m’a littéralement conquis et depuis la suite ne vient pas ternir cette excellente impression. Un peu comme avec Donjon, je suis complètement addict. La partie graphique est agréable mais ce n’est pas sur ce point que l’œuvre marquera véritablement. Designs, couleurs et dessins sont efficaces, toujours fluides et lisibles. Cependant à mon goût, c’est limite un peu trop sobre parfois, mais il faut tenir la cadence de parution et ça accompagne sans fioriture le récit. Amateur de GoT & co, j’ai retrouvé tout ce que j’aimais dans le genre et surtout le plaisir de découvrir un monde cohérent, intelligemment mis en œuvre. C’est faussement complexe avec les Très nombreux personnages et des intrigues à tiroirs, mais tout paraît cohérent et est passionnant à suivre. J’aime le coté adulte, l’incertitude constante sur le destin des personnages et la façon d’explorer cet univers. Chaque tome amène sa petite pierre et se termine systématiquement par une soif de découvrir la suite. Chaque cycle dépeindra un continent et ses habitants avec en toile de fond le pouvoir sous toutes ses formes (Royal, politique, mafieux …). Chaque parution, je fonce chez mon libraire. Une parfaite et rare alchimie entre les auteurs, alors que je me méfiais un peu du côté « atelier ou artificiel », je suis vraiment ravi du résultat. Je suis archi confiant pour la suite. Bravo à eux.
Vies volées (Matz)
Un roman graphique aux faux airs de documentaire, sur un drame dont les conséquences brise encore de nombreuses familles en Argentine : les enfants volés aux opposants de la dictature (les jeunes parents étaient exécutés, les enfants « placés » dans des familles proches du régime). Nous suivons ici deux hommes, deux copains, dont l’un a des doutes sur ses origines, fait faire des tests ADN, que son pote fait aussi pour l’accompagner. La surprise scénaristique étant éventée, ne reste au final que la démonstration du crime, et la difficile reconstruction de ceux qui « découvrent » leur passé, le sort funeste de leur parents biologiques (et parfois la face cachée et très noire de leurs parents adoptifs). La narration est fluide et agréable, et le dessin, fin et léger, accompagne bien ce récit, globalement intéressant et plaisant à lire. Note réelle 3,5/5.
Alerte 5
Sans fioriture, et sans rien d’extraordinaire en fait, Max de Radiguès réussit quand même ici à nous proposer un petit album sympathique, une lecture plaisante. Tout tourne essentiellement autour de cinq personnages, enfermés dans un module spatial, une mission sur Mars. L’auteur ayant réalisé une grande partie du récit durant le confinement de 2020, il a pu y puiser quelques idées. Comment éviter l’ennui ? Faut-il maintenir la routine habituelle sans qu’elle soit justifier par les contingences sociales, du travail (car nos 5 « astronautes », suite à une alerte attentat – qui donne son titre à l’album – doivent abandonner leurs expériences, et juste rester coupés du monde en attendant la fin de l’alerte) ? L’auteur, avec son dessin très simple habituel, et sans dynamiter trop l’histoire, parvient quand même à garder l’intérêt du lecteur en apportant quelques petites surprises amusantes dans la seconde partie.
Une petite tentation
Nous sommes ici dans la caricature de ce que peut proposer le scénariste Jim : de la romance sexy observée depuis un point de vue très masculin, jouant sur des fantasmes peu glorieux et gentiment racoleurs. C'est généralement conduit avec un certain sens du rythme et servi par des illustrations chaleureuses, dans leur rondeur tout autant que leurs couleurs. Bref du divertissement aisément accessible, à destination d'un public masculin. Dans le cas présent, chaque héroïne se propose d'être une déclinaison plus ou moins assumée par le personnage, de la "perversité féminine". La romance emprunte alors des tournures noires du thriller et offre de plutôt habiles rebondissements. Au bout du compte, la BD se lit un peu honteusement, avec la certitude qu'elle a cherché à séduire les pans sombres de notre personnalité, avec la satisfaction de constater qu'elle a largement échoué. Mieux vaut garder en mémoire le beau roman graphique L'Étreinte que Jim a conçu avec Bonneau et oublier ce divertissement racoleur, certes plutôt habile et facile à lire.