Les derniers avis (170 avis)

Couverture de la série No limits
No limits

Bon, Derib est un auteur qui a produit quelques séries vraiment sympas, mais essentiellement dans un univers western (pour jeunes ou pour adultes). Et, dès qu’il quitte ce cadre qu’il maîtrise à la perfection, j’ai vraiment du mal. Et c’est le cas avec cet album, que j’ai lu sans y trouver grand-chose à sauver. Si, le dessin, ce qui m’empêche d’être encore plus sévère dans mon appréciation. Dessin classique et agréable (même si la colorisation est un chouia trop criarde et datée parfois). Mais par contre, l’intrigue, et les dialogues, qu’est-ce qu’ils sont naïfs et cruche parfois. Tout est trop caricatural. J’ai eu l’impression de lire un truc du niveau du film « La boum » pour ce qui est de la psychologie des personnages. Et c’est moralisateur à souhait, édifiant, au point qu’on pourrait comparer ça avec une sorte de prêche contre les « mauvais comportements » de la jeunesse. Et, bien évidemment, tout est bien qui finit bien, de façon brutale et là aussi sans nuance. Franchement pas ma came ! Note réelle 1,5/5.

03/05/2025 (modifier)
Par Titanick
Note: 3/5
Couverture de la série Le Tengû Carré
Le Tengû Carré

J’ai plutôt bien aimé, moi, cette petite série japonisante. Délire de l’auteur ? Sans doute, mais j’ai trouvé ça plaisant à lire. Même si les caractères des personnages ne sont pas très développés, je les ai trouvés néanmoins sympathiques à suivre, surtout la Renarde, visiblement directement inspirée du panthéon nippon, que j’avoue connaître très mal. Elle m’a bien plu et même si elle est censée représenter la méchante, j’ai pris fait et cause pour elle. Il faut dire que ses ennemis sont fort peu engageants, c’est le moins que l’on puisse dire. De l’action, des rebondissements, des artifices divers et variés pour toujours s’en sortir, des démons grimaçants, et un beau dessin en noir et blanc, bien gras mais bien lisible. Il n’en fallait pas plus pour que je me fasse une petite lecture bien sympa et distrayante. Je n’irai pas jusqu’à l’acheter mais contente de l’avoir emprunté et d’avoir découvert le dessin de l’auteur.

03/05/2025 (modifier)
Par Spooky
Note: 3/5
Couverture de la série The Magic Fish
The Magic Fish

Tombé par hasard sur cet album, je me suis lancé dans sa lecture sans a priori, charmé par l'élégance du dessin. L'élégance visuelle est bien là, Trung Nguyen combinant les estampes japonaises avec un trait comics relativement classique, mais qui manque un peu de vie car les cases sont relativement vides. Il explicite son projet en postface de l'album : montrer les difficultés pour une famille d'immigrés de communiquer, mais surtout pour dire des choses simples, enfin en apparence. Mais là où la plupart des histoires à ce sujet nous montrent les difficultés en-dehors de la sphère familiale, Trung Nguyen (probablement inspiré par sa propre histoire ou celle de son entourage) a choisi de nous parler de ces difficultés à l'intérieur du cercle familial. En effet, si Hièn a gardé des liens forts avec sa famille et les traditions de son pays d'origine, le Vietnam, son fils lui est totalement intégré à la société américaine et parle à peine la langue de ses parents. la lecture de contes venus d'Asie est donc un moyen de garder le lien, de lui enseigner des choses de ce pays lointain. Si le dénouement de l'album permet de comprendre cet enjeu, j'avoue qu'il a fallu du temps pour y arriver. Seule la dernière histoire est claire à ce sujet, reflétant peut-être le cheminement de la pensée de la mère de Tièn. Je suis peut-être passé à côté de ma lecture, mais j'ai tout de même bien apprécié les parties relatives aux contes lus par l'adolescent, la grâce du trait de Nguyen reflétant bien la délicatesse des contes. C'est pour ça que j'ai mis l'album en "inclassable, car il s'agit en fait d'une suite de contes encapsulés dans un roman graphique relativement simple. J'espère que l'album a tout de même rencontré son public.

03/05/2025 (modifier)
Couverture de la série Zoulouland
Zoulouland

Ramaïoli a beaucoup publié de récits d’aventures historiques et guerrières. A chaque fois en se documentant et en cherchant à faire coller sa petite histoire avec la grande. C’est encore le cas avec cette série, qui nous plonge dans l’Afrique du Sud au moment de l’affrontement entre Anglais et Zoulous. J’ai lu le premier cycle de six albums. Si ma lecture a été plutôt plaisante, je pense m’arrêter là. En effet, ça commence un peu à s’étirer, et les batailles prennent quasiment toute la place, au détriment des personnages, et d’une intrigue plus développée. Après un premier tome introductif, mais au final déjà bien animé (la lourde défaite anglaise de l’Isandlwana, traitée dans le film « L’ultime attaque »), Ramaïoli nous présente un morceau de bravoure sur deux albums, autour de l’assaut par plusieurs milliers de Zoulous d’un peu moins de 200 Anglais à Rorke’s Drift. C’est un épisode que je connais bien, car il a été traité au cinéma (dans le film « Zoulou », que j’ai vu il y a longtemps), mais aussi en BD par D’Antonio dans L'Homme du Zoulouland. Ramaïoli délaye juste ce combat jusqu’au bout, pour en donner quelque chose d’épique et de désespéré, dans un rendu proche de ce que l’imaginaire a conservé de la résistance des Légionnaires à Camerone – mais là les défenseurs restent maîtres du terrain ! Les trois albums suivants suivent la campagne de 1879, les combats devenant de plus en plus omniprésents dans le récit. Au milieu des chefs militaires (Anglais et Zoulous), Ramaïoli a placé comme personnages principaux et fil rouge Dundee, un Anglais vivant au milieu des Zoulous et adopté par eux, qui va se trouver, à son corps défendant, obligé de lutter du côté des Anglais, mais aussi un jeune soldat écossais, Kevin, que Dundee va prendre sous son aile. Ces deux personnages se retrouvent au cœur de tous les combats. Le personnage de Dundee, entre deux cultures, et quelques aspects de l’histoire, m’ont fait penser à certains récits de Pratt (qui lui aussi a traité de la guerre de 1879 dans Cato Zoulou, album vraiment mineur dans son œuvre) se déroulant en Amérique du nord (Ticonderoga, mais aussi Fort Wheeling). Mais il manque ici une certaine force épique et poétique que savait insuffler Pratt à ces œuvres. Pour revenir au récit de Ramaïoli, c’est de l’aventure classique et old school, assez « hollywoodienne » dans son traitement (même si Hollywood aurait sans doute ajouté une jeune et belle anglaise que tous les officiers british auraient draguée et défendue, là où Ramaïoli a placé une jeune zouloue dont Kevin s’amourache – un personnage féminin qui n’apporte pas grand-chose ici je trouve). Un récit qui s’étire un peu trop, mais sur ce premier cycle, le lecteur ne s’ennuie pas. C’est très dynamique, et Ramaïoli utilise bien les termes zoulous, reconstitue très bien l’univers par son dessin réaliste et fort, pour que l’on se trouve immergé dans l’action du début à la fin. Les dispute entre un Dundee rebelle à toute autorité et quelques officiers et sous-officiers anglais rappellent quelques passages des westerns de Ford. Seul le personnage de Kevin m’est apparu parfois un peu trop falot et artificiel. Une série en tout cas très recommandable pour les amateurs de récits historiques, Ramaïoli a soigné son travail.

03/05/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 4/5
Couverture de la série Rendez-vous fatal
Rendez-vous fatal

Il est juste que les meilleurs commandent les masses, voilà le vrai darwinisme. - Ce tome contient une histoire complète. Son édition originale date de 1996. Il a été regroupé avec le récit Trois filles sur le net (1998, Le piège) dans le recueil Noirs desseins (2011 qui comprend également une introduction d’une page de l’auteur). Il a été réalisé par Milo Manara pour le scénario et les dessins. Il s’agit d’une histoire en noir & blanc. Elle compte quarante-quatre pages de bande dessinée. Dans l’introduction de Noirs desseins, l’auteur explique qu’il s’est inspiré de faits réels pour la première partie de son récit, et pour le personnage de Si Bémol qui est évoqué dans la dernière partie. À Rome, en fin de soirée, marchant dans la rue, un député déclare à Silvio et son épouse Valeria, que ce fut une belle soirée, et que pourtant il est temps de rentrer dormir, car ils prennent l’avion tôt le lendemain matin très tôt. Ils leur rappellent qu’ils les attendent chez eux à la Barbade, sans faute. Le sénateur suggère à Silvio de ne pas le prendre mal, car il est impatient de la voir elle, Valeria, pas lui. Tout le monde rit de bon cœur au bon mot. Il ajoute que Silvio fait du bon boulot, qu’il a parlé de lui au président et de la façon dont vont les choses. Ils prennent congés, et ils s’en vont de leur côté. Silvio et Valeria rejoignent leur propre berline et y prennent place. Elle est ravie à l’idée de se rendre à la Barbade. Son époux se montre moins enthousiaste : ils ne sont pas riches comme le député et son épouse, ils ont des soucis. Elle rétorque qu’elle pas envie de l’écouter. Il lui demande d’être raisonnable : tout n’est pas rose en ce moment, il a quelques problèmes. Elle lui rappelle qu’il avait promis à son père qu’en l’épousant il veillerait sur elle. Ils avaient un accord. Il explique que ce sont des difficultés passagères, il va se refaire, elle a bien entendu ce qu’a dit le député. Elle lui fait observer que le député pourvoie aux besoins de son épouse, lui. Silvio parvient à amadouer son épouse, et elle accepte de l’embrasser. Il s’enhardit et lui demande de baisser sa culotte. Elle lui fait observer qu’il ne pense qu’à ça, et qu’il ne le mérite pas car il l’a fâchée. Il promet de l’emmener à la Barbade et il finit par la convaincre. Elle baisse sa culotte, soulève sa jupe et ouvre les jambes. Il continue de l’embrasser et il la caresse intimement. Elle apprécie le plaisir que ça lui procure, et elle finit par lui demander de rentrer à la maison : certaines choses ne se font que là-bas. Il obtempère de bonne grâce. Le lendemain il se rend chez son usurier. Celui-ci lui refuse un prêt supplémentaire : il lui rappelle que Silvio savait pertinemment quels étaient les intérêts à rembourser pour son prêt. Si Silvio les avait payés plus vite, il ne serait pas dans la panade. L’usurier enfonce le clou : parce que là, oui, Silvio y est jusqu’au cou. Ce dernier lui rétorque qu’il pourrait aller trouver la police. L’usurier répond calmement que Silvio vient de faire une erreur, il n’aurait pas dû dire ça, cela va lui coûter très cher. Silvio argue du fait qu’il sera candidat aux prochaines élections et qu’il ne peut se permettre un scandale. L’usurier lui suggère de lui fournir une preuve. Silvio appelle son épouse pour qu’elle lui amène la lettre du député S.G. Milo Manara est l’un des auteurs de bande dessinée italien les plus célèbres, en particulier dans le registre érotique, avec la série Le Déclic (4 tomes, 1984, 1991, 1994, 2001) et des collaborations avec Federico Fellini (1920-1993), Hugo Pratt (1927-1995), Neil Gaiman, Chris Claremont. En particulier, il a séduit des générations de lecteurs avec ses jeunes femmes graciles, souples, élégantes, sensuelles. Le lecteur entame donc cette histoire avec cet a priori en tête. Dès la quatrième page, la belle épouse enlève sa culotte et le lecteur peut voir sa délicate toison, ainsi que la passion qui anime son époux. Par la suite, il peut admirer son corps : son élégance dans un tailleur tout simple d’apparence, certainement d’un coût très élevé. Elle marche avec des talons hauts qui mettent en valeur sa silhouette. Elle porte le pantalon avec la même prestance, une liane élancée. Elle porte les cheveux mi-longs, et ne change pas de coiffure malgré un passage chez le coiffeur. En fonction de sa tenue, elle porte un beau collier de perles, deux bracelets fins au poignet droit, ou bien pas de bijoux, une liquette en guise de chemise nuit, de grosses lunettes noires pour cacher sa détresse. Elle ne semble pas maquillée : sa beauté naturelle rayonne et se suffit à elle-même. Le lecteur se retrouve sous le charme physique de cette jeune femme. Il comprend bien qu’elle soit entretenue par son époux, et qu’elle vient d’une famille aisée : elle a conscience de son rôle d’épouse d’apparat, ce qui atteste d’une certaine force de caractère. Quand bien même la vie de Valeria et ses aspirations sont très éloignées des siennes, le lecteur éprouve une forme de respect pour elle. Lorsqu’elle subit son premier viol, il éprouve de l’empathie devant la violence atroce qui lui est faite, sa souffrance physique et psychique, et la torture mentale de savoir qu’il en ira de même le lendemain à la même heure jusqu’à ce que son époux ait remboursé ses dettes. Le lecteur ne s’attendait pas à un récit aussi atroce, peut-être uniquement parti pour un récit érotico-chic, une fantaisie avec une fibre cruelle pour les besoins du divertissement. Il assite aux tourments de Valeria, éprouvant une forme de honte à se trouver cantonné au rôle de voyeur impuissant comme l’époux. L’artiste ne se montre pas complaisant vis-à-vis de ce qu’il montre : il ne joue pas hypocritement sur les deux tableaux, de condamner tout en montrant. Le premier viol est raconté sur quatre pages : il montre la lâcheté des participants qui agissent en groupe contre une femme seule, une demi-douzaine de personnes, hommes et femmes, qui l’immobilisent sur une table, le commanditaire assis dans son fauteuil, le mari résigné à l’écart, le violeur impassible accomplissant une mission sans état d’âme. Rien n’est épargné au lecteur des viols quotidiens qui suivent pendant de nombreuses semaines, trois pages pour le second, cinq pour le troisième, trois pour celui d’après, jusqu’à passer à une bande de cases, ou même une simple case. L’érotisme potentiel est annihilé par l’usage d’une contrainte abjecte, par l’absence de plaisir du violeur, un acte mécanique indépendant de la personnalité de la victime, de ses émotions, de ses sentiments, le violeur semblant lui aussi totalement dépourvu d’émotions. Le lecteur découvre des dessins dans un registre descriptif et réaliste. L’artiste utilise des traits de contour très fins et secs, une attention délicate portée aux visages, aux tenues vestimentaires, aux accessoires, aux coupes de cheveux y compris avec un effet décoiffé pour Silvio, ou cheveux en bataille après une agression sexuelle. Comme le veut la convention graphique dans ce genre, le visage de Valeria est plus jeune et lisse, que celui des hommes, marqué par les plis et les rides. Le langage corporel appartient également à un registre naturel, ce qui fait ressortir les gestes plus étudiés de Valeria, et ses poses parfois alanguies. Mis à part le député, le reste de la distribution semble provenir d’une couche de l’humanité moins élégante, plus commune, même Silvio dans son beau costume. Alors que les personnages donnent une impression de réalisme poussé, le lecteur s’aperçoit que l’artiste déploie des techniques variées pour les décors et les environnements : presque une toile abstraite pour donner l’impression des façades de la rue avec un éclairage nocturne, l’usage de motifs non figuratifs pour le papier peint ou pour le décor d’un fauteuil, des aplats de noir irréguliers, striés ou piquetés, des franges irrégulières pour le parement d’un fauteuil bas, des traits nouilles pour le mouvement de l’eau de la mer, des entrelacs secs et fins pour des ombres projetées, des traits obliques drus pour la pluie, etc. Les images et le récit font voyager le lecteur : une avenue animée de nuit, l’habitacle d’une berline, le grand salon un peu vieillot de l’usurier, la chambre à coucher cossue des époux, le salon de coiffure chic, une route nationale peu fréquentée, un yacht à la Barbade, une chambre d’hôtel minable, etc. Potentiellement un peu décontenancé par rapport à ses attentes, le lecteur se laisse porter par l’intrigue, vite mal à l’aise dans sa position de voyeur, dans la souffrance physique et psychique de Valeria subissant un viol chaque jour à dix-huit heures, sans échappatoire possible quoi qu’elle fasse. Elle s’en fait la remarque : Elle faisait maintenant partie d’un autre monde, celui des perdants, celui des victimes. Et malgré tout, elle conserve sa santé mentale, assez de volonté de vivre pour tenir le coup. Il se rend compte que Silvio n’apparaît plus après la vingt-huitième planche. L’enjeu du récit semble être de savoir si Valeria pourra trouver une issue à cette torture quotidienne. De fait, le scénariste amène son intrigue à une conclusion claire et nette, tranchée même. Il intègre d’autres éléments. Deux retournements de situation sous la forme de deux révélations : il apparaît ainsi qu’il s’agit bien d’un récit de genre, entre policier et thriller. Il met également en scène cette femme surnommée Si Bémol, du nom de la corde dont elle se sert pour émasculer des prisonniers bosniaques, une séquence éprouvante même si elle n’est pas graphique. Par ailleurs, le député réapparaît dans une scène et il exprime son opinion sur la politique : tranquillement installé sur le pont de yacht à la Barbade, il déclare à son interlocutrice qu’il est juste que les meilleurs commandent les masses, voilà le vrai darwinisme. Plus loin, il insiste : quand on n’est pas assez fort, on ne fait pas de la politique, seuls les forts peuvent commander les masses. Du point de vue de l’intrigue, le lecteur peut estimer que certaines situations manquent de plausibilité, et il se souvient qu’il est dans un récit de genre, pas dans un reportage. Il prend un peu de recul pour identifier les forts du récit, ceux qui commandent. Silvio a voulu intégrer le cercle des forts et il a échoué, le darwinisme a tranché : il ne fait pas partie des meilleurs. Le lecteur considère alors ceux qui survivent et qui commandent. Il en déduit que les différentes révélations n’affecteront pas la position sociale du député, un individu véritablement fort, et en même temps abject. Il réfléchit alors à la position de Valeria : indubitablement forte pour avoir survécu à une telle série d’épreuves innommables, toutefois elle ne commande à personne. La morale de l’histoire apparaît dans toute son ambiguïté, bien noire, et bien révélatrice d’une façon dont marche le monde. C’est parti pour un divertissement de type érotico-chic avec une touche de cruauté… Que nenni ! C’est une plongée dans un récit très noir, mettant le lecteur dans une position de voyeur impuissant. La narration visuelle atteint le niveau d’élégance et de grâce propre à Manara. L’intrigue se montre cruelle et sadique, impitoyable et terrifiante. Traumatisant.

03/05/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série Sa Majesté des Mouches
Sa Majesté des Mouches

Je n'ai jamais lu le roman Sa majesté des mouches dont je ne connais que les grandes lignes. Je ne peux donc pas comparer, mais pendant une bonne partie de l'album j'avais l'impression de lire une version tout public tant le récit me semblait moins glauque que je l'imaginais et puis il y a le dernier tiers où le drame s'accentue et la plupart des personnages basculent totalement. Je ne sais pas si c'est aussi comme ça dans le roman, mais cela m'a un peu dérouté parce que je pensais que c'était noir du début jusqu'à la fin. J'ai trouvé la lecture agréable à défaut d'être mémorable sauf pour les moments les plus durs du récit qui je pense m'auraient traumatisé si j'avais vu ces images très jeune. C'est donc un peu dur de trouver passionnant un récit dont je n'ai ressenti de la tension que sur quelques pages. La fin est un peu trop abrupte, mais là je sais que ce coup-ci c'est 100 % la faute du roman et que l'autrice ne l'a fait que la reprendre. Le dessin d'Aimée De Jongh est toujours aussi bon, mais peut-être un peu trop propre la plupart du temps sauf lorsqu'il y a la fameuse tête de cochon présente. Peut-être que mon opinion aurait été différente si j'avais lu le roman. En tout cas, c'est une bonne BD, mais je la mettrais pas dans les indispensables de 2024.

03/05/2025 (modifier)
Couverture de la série Sylvia, Shakespeare & Co
Sylvia, Shakespeare & Co

Une biographie honnête, mais qui ne m’a pas emballé plus que ça. Je connais assez bien la période au cœur de l’album, à savoir le monde artistique et littéraire de l’entre-deux guerres parisien. Mais c’est surtout l’autre côté de la rue de l’Odéon qui m’avait intéressé, la librairie d’Adrienne Monnier ayant été un creuset et un lieu de rencontres pour beaucoup d’écrivains (Aragon, Breton, Apollinaire je crois). Il s’agit ici de suivre l’amie d’Adrienne qui, à sa suite, a ouvert une librairie originale portant son nom, Sylvia Beach. Il y a des parties intéressantes dans ce récit, autour des rencontres, du hasard, de l’effervescence du Paris de cette époque, de son cosmopolitisme. Et le casting est bien évidemment impressionnant pour qui s’intéresse à la littérature de l’époque (Française et anglo-saxonne). Mais j’ai trouvé le récit finalement un peu creux. Je n’ai pas trop aimé le tic – hélas répandu – de multiplier les apparitions de « noms célèbres », qui s’interpellent tous par leurs noms et prénoms. Ça n’est pas naturel et fait un peu trop « placement de produit ». Je ne connais pas Joyce, que Sylvia Beach a énormément aidé, en publiant son « Ulysse », mais les auteurs le présentent comme quelqu’un d’ingrat et peu estimable, même si Beach semble ne pas lui en vouloir de son manque de reconnaissance. Les dernières années de la librairie, du moins telle que rêvée et dirigée par Sylvia sont plus sombres – la seconde guerre mondiale est passée par là. Mais le reflux des auteurs américains dès la crise des années 1930 avait quelque peu sonné le glas d’une période d’euphorie pour cette femme qui a joué dans l’ombre un rôle majeure (comme Monnier). La librairie qui porte encore son nom – délocalisée sur les quais de Seine pas loin de Notre Dame – est un témoignage souvent oublié de celle qui fut une passeuse remarquable. Le sujet m’intéressait, et j’ai appris un certain nombre de choses. Mais il m’a manqué sans doute un souffle créateur, et j’ai été gêné par quelques facilités (évoquées plus hauts). Je ne regrette pas ma lecture, mais je n’y reviendrai pas.

02/05/2025 (modifier)
Couverture de la série Le Bal des folles
Le Bal des folles

Une lecture pas désagréable, même si elle m’a un chouia laissé sur ma faim. Le dessin d’Arianna Melone est original et intéressant, avec un beau travail à l’aquarelle. J’ai par contre parfois été surpris et gêné (et n’ai pas vraiment aimé ça) par les tâches rouges sur les visages, qui leur donnent parfois des airs de clowns incongrus. L’intrigue a un arrière-plan intéressant, autour d’Eugénie, une femme prétendant entendre des voix, être en contact avec des défunts, avoir des « visions ». Scandaleux pour son père, grand bourgeois coincé, qui la fait interner de force à la Salpêtrière, où elle rejoint la cohorte de femmes « soignées », mais aussi exhibées par Charcot. Au travers de l’exemple d’Eugénie, et de quelques femmes compagnes d’infortune internée, c’est la condition féminine qui est au cœur des débats, avec un parallèle à faire avec le traitement réservé à de nombreuses femmes trois ou quatre siècles plus tôt : l’asile et les accusations d’hystérie ayant remplacé le bûcher et les accusations de sorcellerie. Mais cet aspect est sous-employé selon moi. Et l’intrigue elle-même manque un peu de fond. Et je pense qu’elle aurait pu fonctionner sans faire d’Eugénie une interlocutrice des fantômes.

02/05/2025 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Dix Secondes
Dix Secondes

On ne sait trop quelle est la part autobiographique de ce récit, mais on peut penser que Max de Radiguès y a mis de lui-même. En effet, l’histoire se déroule vraisemblablement dans la Belgique des années 90 (parmi d’autres références à la pop-culture de cette période, les kids jouent à la console mais le téléphone portable n’existe pas encore), et l’auteur, né en 1982 en Wallonie, était alors un adolescent. Avec « Dix secondes », il dresse à travers Marco le portrait d’une génération dans cette tranche d’âge entre deux eaux, où l’on n’est plus tout à fait un enfant mais pas encore un adulte, dans le cadre en apparence paisible de ces zones résidentielles bien rangées où il ne se passe jamais rien… Max de Radiguès appartient à cette catégorie d’auteurs en retrait des codes traditionnels de la BD. Son talent à lui est de dévoiler, à l’aide de sa ligne claire un peu frêle, et néanmoins très stylée, agrémentée de couleurs vives et « innocentes », le malaise rampant d’une société bien trop lisse pour être honnête. Et ce malaise vient principalement de Marco, ce teenager déconcertant qui ne devrait pas avoir trop de raisons de se lamenter, si ce n’était ce manque patent de communication avec ses parents (un père qui semble toujours être de passage, accaparé dit-il par un boulot « prenant », et une mère aimante mais totalement « à l’ouest », peu disposée à affronter une situation familiale quelque peu problématique) et cet amour qu’il voue à Zoé, malheureusement à sens unique… Comme pour se venger de cet état de fait, Marco s’en prend à lui-même, car Marco, bonne pâte, ne ferait pas de mal à une mouche. Marco se fait donc du mal à lui-même, torture son corps et à sa tête en s’infligeant de grosses bitures, engloutissant les pires mixtures qui passent à sa portée pourvu qu’elles soient alcoolisées, et pour être sûr d’être suffisamment défoncé, renforce son alcoolémie à coup de spliffs bien dosés… et ça ne s’arrête pas là puisque lorsqu’il reprend son scooter en pleine nuit, il aime à tutoyer le danger en fermant les yeux pendant dix secondes… l’accident survient presque toujours, mais comme dans une bande dessinée de Tintin, notre « héros » semble se relever à chaque fois sans une égratignure malgré des vols planés impressionnants… un vrai jackass le Marco ! Alors n’allons pas dire que Marco est un modèle, c’est loin d’être le cas, et ce qu’il vit est plutôt assez glauque voire déprimant. Et pourtant, allez savoir pourquoi, Max de Radiguès réussit à produire un récit plein de fraîcheur et d’humour où les haleines alcoolisées sont tenues à distance, heureusement pour le lecteur d’ailleurs ! C’est très paradoxal mais ça doit être ça, le style Radiguès, et ça fonctionne à merveille, un peu comme si Quick (ou son copain Flupke…), avec quelques années de plus, avait croisé Charles Bukowski et Bob Marley sur sa route (mais sans jamais voir Jah). Il est malin, le Max, et sans avoir l’air d’y toucher, mais c’est une autre grille de lecture qu’on pourra éventuellement privilégier, s’efforce de montrer que le confort de nos sociétés modernes peut générer du mal-être, sur lequel ses victimes ne pourront pas forcément mettre des mots. Dans le cas de Marco, c’est un peu comme s’il était prisonnier de lui-même et de son image de gentil garçon, incapable d’exprimer le mal indicible qui le ronge et le pousse à commettre des actes suicidaires dans un contexte pourtant familier et rassurant. L’auteur ne nous livre pas de réponse mais se contente de montrer une réalité sous le prisme de son vécu, en évitant d’être démonstratif, sans jugement, d’où cette fraîcheur sans doute. Ainsi, il laisse le soin à chacun d’en tirer ses propres conclusions, notamment avec une fin qui peut laisser perplexe mais s’imprime sur nos rétines pendant longtemps. En cela, il fait confiance à ses lecteurs et c’est plus qu’appréciable. « Dix secondes », voilà un titre qui résume parfaitement cet album, évoquant la brièveté d’un coup de folie pouvant faire basculer une vie vers le néant absolu, reflétant par là même son absurdité. Max de Radiguès nous livre ici une étude sociologique sans prétention et qui sonne vrai, sous un angle original et faussement candide, assurément une bande dessinée à retenir pour cette année 2025.

02/05/2025 (modifier)
Par ethanos
Note: 4/5
Couverture de la série Légende
Légende

Je me dois de préciser avant toute chose que je ne connais que les 5 premiers tomes de la série, et n'ai pas lu la suite, en tout cas pour le moment. Mon rapide avis ne concerne donc que cette première 'période'. Je dois dire que la lecture d'un résumé de l'intrigue trouvé sur le net avait tout pour me faire bailler : un enfant qui grandit au milieu des loups, accompagné d'une sorte de 'maître-loup', dont la famille a été assassinée par un méchant, vraiment pas gentil, et qui va, prendre le temps de grandir avant de se venger dans un grand bouquet final, après avoir accepté sa propre animalité, et sa capacité à recourir à la violence. Ouais...........comme je le disais on sent vite l'ennui nous gagner. Sauf que, sauf que, y a rien à dire, Swolfs est un maître dessinateur, et... un grand conteur. Le bougre sait vraiment y faire. Les dessins sont d'une très grande qualité, à l'image de ce qu'il avait pu produire avec le Prince de la Nuit (ambiance châteaux, également), ou dans Durango, par exemple. (j'ai un souci avec les Black Hills, raison pour laquelle je ne les nomme pas). J'apprécie non seulement son travail sur le dessin, mais aussi sur les angles de vue, les perspectives, les inserts de personnages dans d'autres cases, bref, tout ça se déguste comme, on dégusterait, un vrai classique, alors que l'on s'était pourtant dit que ça n'avait guère d'intérêt au vu du côté 'déjà vu 100 fois du scénar'. Un bon 4/5 pour moi. J'attends vraiment le jour où sortira LA Bd de Swolfs, avec l'histoire véritablement à la hauteur du dessin, ce jour là, on touchera du doigt le chef-d'œuvre clairement.

02/05/2025 (modifier)