Je commence à être familier du travail du duo Brubaker/Phillips. Et ça n’est pas avec cet album que je recommanderais de le découvrir. Car il m’a globalement laissé sur ma faim.
Le dessin de Sean Phillips est très bon (comme d’habitude), du réaliste classique fluide et plaisant. C’est la colorisation de son fils que j’ai parfois trouvée un peu trop flashy. Mais bon, ça passe bien.
Mais l’histoire ne m’a pas passionné plus que ça. D’abord parce que certains passages m’ont paru trop obscurs, pas assez clairs (même à la fin de ma lecture), ensuite parce que le personnage principal manque de charisme, est ballotté par une histoire un peu abracadabrantesque. Ça me parait un peu tiré par les cheveux. Et je n’ai pas saisi l’intérêt du rêve du héros, qu’il retrouve dans le roman d’un autre personnage (on insiste pourtant dessus, mais ça m’a échappé).
Bref, c’est une histoire que je n’ai pas trouvée au niveau des autres productions du duo (même la couverture ne m’a pas trop plu).
Note réelle 2,5/5/5.
Jolie BD de Davodeau, faisant penser dans le postulat de son scénario au roman de Sylvain Prudhomme "Par les routes".
L'histoire de non-retrouvailles avec un amour de jeunesse est agréable à souhait : la tranche de vie est touchante, intrigante, amusante, anecdotique aussi. Après le beau et engagé Le Droit du sol, la chute est rude, l'ambition bien faible.
Mais la réussite de cette tendre BD réside peut-être justement dans la modestie du projet. L'auteur maîtrise admirablement le rythme de son intrigue, la délicatesse des illustrations imprègne de sa lenteur les rebondissements de l'histoire, la saisie du temps qui passe est d'une grande sensibilité et d'une agréable justesse.
Une œuvre de Davodeau certes mineure, mais qui se parcourt avec un agréable sourire aux lèvres.
A la fois classique et original, ce petit polar aura réussi à me surprendre tout en m’entrainant sur de rassurants sentiers balisés. Et c’est justement de cette association de style, entre réel hommage aux polars des années 50 et volonté de surprendre le lecteur via quelques développements inattendus qui est la cause de mon enthousiasme… Enfin, ça et la qualité du dessin d’Eric Stalner… et sa qualité d’écriture aussi ! Bons, soyons clairs, en fait même si je ne trouve rien d’absolument exceptionnel, j’estime que tout est bien voire franchement bien. Le rythme est bon, le découpage est soigné, la mise en page est maîtrisée, l’intrigue est régulièrement relancée, les personnages sont bien choisis, le début du récit est accrocheur et la fin est satisfaisante. Je ne sais pas quoi dire de plus : c’est bien ! Pas un chef-d’œuvre, pas un immanquable mais un récit qui comble toutes mes attentes dans le registre dans lequel je l’attendais.
Portrait sensible d’un adolescent en pleine période « gros con », ce récit a réussi à me toucher grâce à la justesse de l’analyse. Le personnage central, Raoul, a tout de l’ado détestable. On le sent sur le point de faire la connerie de trop, celle qui gâchera définitivement ses chances d’un avenir stable, solide, construit en respect avec les autres comme avec lui-même. Et puis survient un rival, une confrontation et enfin un déclic.
Le récit est bien construit. La mise en page très aérée, les dialogues peu envahissants et un dessin qui va à l’essentiel garantissent une lecture très rapide. Il faut bien admettre que le scénario se résume à peu mais c’est sa justesse qui en fait tout le charme. Justesse de l’analyse, justesse dans les dialogues, justesse dans l’enchainement des événements (même si ce genre de happy end doit être l’exception à la règle dans la vraie vie).
Franchement pas mal bien. Un peu trop vite lu à mon goût pour que je monte à 4 étoiles mais c’est un livre que je ne regrette pas d’avoir lu.
Dans ce recueil, plusieurs auteurs plus ou moins reconnus illustrent des poèmes érotiques, majoritairement du XIXème siècle mais aussi des XVIIIème, XVIIème et XVIème siècles. Enfin quand je dis illustrent, certains se lâchent et s’écartent franchement des propos du poème quand d’autres se mettent en scène.
A ce petit jeu-là, Georges Bess et Moebius sont les auteurs qui prennent le plus de liberté par rapport au texte choisi. Et si Bess, à défaut d’illustrer le poème en question, nous livre des planches très travaillées sur lesquelles il est manifeste qu’il s’est fait plaisir, Moebius, lui, me laisse une fois de plus à quai. J’ai trouvé son récit comme son dessin d’une platitude débandante.
Chauzy, lui, opte pour une mise en abyme dans laquelle il se dessine circonspect devant le texte à illustrer, cherchant une solution pour l’illustrer sans tomber dans la vulgarité ni dans l’évasif. Le résultat est très moyen.
Varenne opte pour le classicisme. De grandes illustrations pleine page qui donnent clairement vie aux deux poèmes de Verlaine dont il a hérité (ou qu’il a choisi). J’aime bien son trait froid et précis et même si les textes de Verlaine sont simples, ce sont les deux courts récits que j’ai préférés.
Loustal fait de même avec une succession de dessins pleine page mais intègre le texte à ses planches. Le lien est donc immédiat et le mariage est harmonieux. Le trait de Loustal n’est pas mon préféré (trop cubique à mon goût, avec des couleurs fauves que je trouve agressives) mais je trouve qu’il s’en sort plutôt bien.
Liberatore nous propose lui aussi des illustrations pleines page mais qui m’ont semblé plus passe-partout. Il a un beau coup de crayon mais dans le cas présent, pour moi, on est plus sur une succession de dessins sans queue ni tête que sur l’illustration d’un récit.
Jeff Rey modernise le poème imposé. C’est peut-être la réinterprétation que j’ai trouvé la plus judicieuse même si, en soi, elle m’a laissé assez froid. Le format ne permet pas vraiment de faire passer des émotions.
Beb-Deum, enfin, opte lui aussi pour des illustrations pleines pages. Le dessin est épuré mais là encore j’ai beaucoup de mal à faire le lien entre les illustrations et le poème sélectionné.
En moyenne, ça va du pas mal au gros bof… avec une majorité de gros bof.
3.5
On peut compter sur le Japon pour trouver les concepts les plus débiles et faire en sorte que ça marche !
L'histoire est simple: durant un combat avec le Joker, Batman est tombé dans des produits chimiques qui l'ont fait rajeunir et il est redevenu un bébé. Le Joker est désemparé, comment il peut s'amuser maintenant que son ennemi est un bébé ? Il décide alors de l'élever pour en faire un super-héros comme ça lorsque Batman va redevenir un adulte dans genre 20 ans il va pourvoir de nouveaux affronter le Joker !
Le récit est simple et efficace. L'humour fonctionne bien et ça fait du bien de revoir un Joker imprévisible et qui est capable d'être drôle. C'est vraiment que des situations semblent êtres du déjà vu si on connait des fictions mettant en vedette un ou plusieurs hommes qui ont de la difficulté à élever un bébé, mais cela ne m'a pas trop dérangé. Ce que j'ai moins aimé est ça se lit tout de même un peu trop rapidement, surtout que le manga contient moins de pages que dans la plupart des tomes de mangas (144 pages alors qu'habituellement il y a en 180-200 pages).
Le dessin est réussi. Le trait réaliste fait en sorte que le décalage entre le dessin et les situations loufoques rendent la série encore plus marrante !
Sarbacane est un éditeur que j’ai tendance à suivre aveuglément, avec le risque de parfois tomber sur un album qui me laisse indifférent. C’est le cas de cette Madeleine dont la trajectoire sort pourtant du commun mais pour qui je n’ai finalement ressenti que très peu d’empathie.
Les raisons de ma relative indifférence viennent de deux points. Le premier est la réalisation technique de l’album. La narration manque de fluidité à mes yeux, les cases semblant plus souvent juxtaposées que liées par la narration. Le dessin, raide d’aspect et porté par des couleurs très brutes, ne fait que renforcer ce relatif manque de fluidité.
Le deuxième vient de la personnalité même de Madeleine. Femme libre, certes, mais peu attachante à mes yeux. Peut-être parce qu’il lui manquait cette fragilité qui m’aurait attendri. Pourtant, comme je le disais, sa trajectoire est assez extraordinaire et j’ai lu l’album d’une seule traite (autant parce que j’étais convaincu que si je m’arrêtais en cours de route, je risquais de ne jamais y revenir que parce que j’avais quand même envie de suivre le personnage jusqu’au bout).
En fait, je suis resté tellement indifférent devant la destinée des personnages que je n’ai pas grand-chose à dire de cet album, qui n’est pas un mauvais album mais que je ne relirai pas et que je crains de vite oublier.
La série m’avait été vendue comme « un genre de shojo mais destiné à un public plus adulte ». En fait, c’est un shojo dans lequel l’idée de relations sexuelles est évoquée. Et donc, en gros, ça ne diffère pas d’un autre shojo. On retrouve donc tous les principes du genre avec beaucoup de bons sentiments des beaux mâles ténébreux, une héroïne toute mimi dans ses hésitations, des phrases étirées sur trois pages, un dessin centré sur les personnages et une fin que l’on voit venir de loin (voire de très très très très très très très très loin).
L'histoire ? Une jeune veuve hérite d'un café un peu particulier puisqu'il n'emploie que des jeunes hommes et vise une clientèle féminine. Bien entendu, une idylle va se former entre elle et un de ses employés (dans lequel elle a reconnu une ancienne étoile montante du tennis international, qui avait mystérieusement fui les courts). Le fil du récit bascule ainsi entre cette histoire d'amour et la découverte du passé des différents personnages. Le ton est léger avec quelques petites pointes d'humour mais surtout romantique avec les tergiversations de l'héroïne, tiraillée entre son envie de rester fidèle à son défunt mari et son attirance pour ce beau et ténébreux serveur.
Ce n’est pas déplaisant à lire. Ce n’est juste pas novateur ni spécialement ma tasse de thé. Le seul point que j’en retiens est ce concept de cafés destinés à une clientèle féminine dont le personnel est composé de beaux jeunes hommes, un concept qui semble réellement exister au Japon, pays dans lequel existe aussi sa version « pour homme » avec un personnel uniquement composé de jeunes et jolie femmes.
Sinon, bein bof, quoi.
Voilà un travail que j’ai trouvé excellent sur le fond et sur la forme. Certes, c’est parfois un peu ardu, c’est très dense et il faut s’enfiler un certain nombre de termes techniques, de connaissances économiques et d’organisation des marchés financiers et bancaires. Mais la narration est très fluide et claire.
C’est d’abord dû au dessin de Jérémy Van Houtte, qui aère la démonstration tout en la rendant agréable et lire.
C’est aussi dû bien sûr au très gros travail en amont (c’est du blindé en matière de connaissances exposées, et l’imposante bibliographie de fin de volume confirme ce travail préparatoire, et surtout confirme que les auteurs souhaitent que leurs lecteurs aillent plus loin).
Les rouages du système financier libéral – et plus largement du capitalisme financier actuel – sont bien mis en avant, avec les mécanismes qui font transiter l’argent – y compris public – jusqu’au actionnaires, dans un « ruissellement » inversé, mais aussi bien plus réel que celui annoncé par nos dirigeants depuis des décennies.
C’est à la fois limpide et écœurant. Mais on ne se contente pas de constater, puisque les dernières pages énumèrent un certain nombre de pistes pour remédier à ce creusement des inégalités au profit d’une minorité (qui plus est responsable d’autres maux, comme la pollution, le réchauffement climatique et quelques conflits). Avec une présentation intéressante de la convergence des luttes.
L’action des lobbies, des institutions européennes, le fonctionnement des banques, l’hypocrisie des « décideurs » (voir « mon ennemi c’est la finance » de Hollande !), tout ceci n’est certes pas réjouissant. Et les auteurs montrent bien comment toutes les luttes tendant à remettre en cause cet ordre établi par et pour un petit nombre sont dénigrées dans les médias, et sévèrement réprimées (voir les dernières années en France, avec les Gilets jaunes en particulier). Mais il se dégage à la fin un sentiment qu’il est possible de faire changer la donne.
Une lecture exigeante, mais instructive, jamais rébarbative ni sentencieuse, avec un ton léger. Bref, un documentaire à lire, pour nourrir réflexion, et éventuellement action.
BD sur la sexualité féminine, écrite par une jeune femme, sans le voyeurisme hypersexualisé qu'aurait pu ajouter bien des auteurs masculins et dont sont coutumiers des pans entiers de l'édition contemporaine. Ce bon point noté, le chaleureux style rond des illustrations (à la Larcenet) goûté, demeure une BD excessivement ethnocentrée (revers des récits autobiographiques) décrivant une tranche de vie d'une grande banalité hormis sur cet aspect du vaginisme.
Pour qu'une tranche de vie plaise, plus encore que l'originalité des situations, il importe que les personnages soient sympathiques au lecteur ; ce qui ne fut dans mon cas pas constaté : l'égoïsme de la plupart des protagonistes et la laideur sentimentale de quelques situations racontées, m'ont empêché d'apprécier ce récit à la sincérité incarnée mais non touchante.
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Night Fever
Je commence à être familier du travail du duo Brubaker/Phillips. Et ça n’est pas avec cet album que je recommanderais de le découvrir. Car il m’a globalement laissé sur ma faim. Le dessin de Sean Phillips est très bon (comme d’habitude), du réaliste classique fluide et plaisant. C’est la colorisation de son fils que j’ai parfois trouvée un peu trop flashy. Mais bon, ça passe bien. Mais l’histoire ne m’a pas passionné plus que ça. D’abord parce que certains passages m’ont paru trop obscurs, pas assez clairs (même à la fin de ma lecture), ensuite parce que le personnage principal manque de charisme, est ballotté par une histoire un peu abracadabrantesque. Ça me parait un peu tiré par les cheveux. Et je n’ai pas saisi l’intérêt du rêve du héros, qu’il retrouve dans le roman d’un autre personnage (on insiste pourtant dessus, mais ça m’a échappé). Bref, c’est une histoire que je n’ai pas trouvée au niveau des autres productions du duo (même la couverture ne m’a pas trop plu). Note réelle 2,5/5/5.
Loire
Jolie BD de Davodeau, faisant penser dans le postulat de son scénario au roman de Sylvain Prudhomme "Par les routes". L'histoire de non-retrouvailles avec un amour de jeunesse est agréable à souhait : la tranche de vie est touchante, intrigante, amusante, anecdotique aussi. Après le beau et engagé Le Droit du sol, la chute est rude, l'ambition bien faible. Mais la réussite de cette tendre BD réside peut-être justement dans la modestie du projet. L'auteur maîtrise admirablement le rythme de son intrigue, la délicatesse des illustrations imprègne de sa lenteur les rebondissements de l'histoire, la saisie du temps qui passe est d'une grande sensibilité et d'une agréable justesse. Une œuvre de Davodeau certes mineure, mais qui se parcourt avec un agréable sourire aux lèvres.
13h17 dans la vie de Jonathan Lassiter
A la fois classique et original, ce petit polar aura réussi à me surprendre tout en m’entrainant sur de rassurants sentiers balisés. Et c’est justement de cette association de style, entre réel hommage aux polars des années 50 et volonté de surprendre le lecteur via quelques développements inattendus qui est la cause de mon enthousiasme… Enfin, ça et la qualité du dessin d’Eric Stalner… et sa qualité d’écriture aussi ! Bons, soyons clairs, en fait même si je ne trouve rien d’absolument exceptionnel, j’estime que tout est bien voire franchement bien. Le rythme est bon, le découpage est soigné, la mise en page est maîtrisée, l’intrigue est régulièrement relancée, les personnages sont bien choisis, le début du récit est accrocheur et la fin est satisfaisante. Je ne sais pas quoi dire de plus : c’est bien ! Pas un chef-d’œuvre, pas un immanquable mais un récit qui comble toutes mes attentes dans le registre dans lequel je l’attendais.
À 4 mètres du sol
Portrait sensible d’un adolescent en pleine période « gros con », ce récit a réussi à me toucher grâce à la justesse de l’analyse. Le personnage central, Raoul, a tout de l’ado détestable. On le sent sur le point de faire la connerie de trop, celle qui gâchera définitivement ses chances d’un avenir stable, solide, construit en respect avec les autres comme avec lui-même. Et puis survient un rival, une confrontation et enfin un déclic. Le récit est bien construit. La mise en page très aérée, les dialogues peu envahissants et un dessin qui va à l’essentiel garantissent une lecture très rapide. Il faut bien admettre que le scénario se résume à peu mais c’est sa justesse qui en fait tout le charme. Justesse de l’analyse, justesse dans les dialogues, justesse dans l’enchainement des événements (même si ce genre de happy end doit être l’exception à la règle dans la vraie vie). Franchement pas mal bien. Un peu trop vite lu à mon goût pour que je monte à 4 étoiles mais c’est un livre que je ne regrette pas d’avoir lu.
Ode à l'X
Dans ce recueil, plusieurs auteurs plus ou moins reconnus illustrent des poèmes érotiques, majoritairement du XIXème siècle mais aussi des XVIIIème, XVIIème et XVIème siècles. Enfin quand je dis illustrent, certains se lâchent et s’écartent franchement des propos du poème quand d’autres se mettent en scène. A ce petit jeu-là, Georges Bess et Moebius sont les auteurs qui prennent le plus de liberté par rapport au texte choisi. Et si Bess, à défaut d’illustrer le poème en question, nous livre des planches très travaillées sur lesquelles il est manifeste qu’il s’est fait plaisir, Moebius, lui, me laisse une fois de plus à quai. J’ai trouvé son récit comme son dessin d’une platitude débandante. Chauzy, lui, opte pour une mise en abyme dans laquelle il se dessine circonspect devant le texte à illustrer, cherchant une solution pour l’illustrer sans tomber dans la vulgarité ni dans l’évasif. Le résultat est très moyen. Varenne opte pour le classicisme. De grandes illustrations pleine page qui donnent clairement vie aux deux poèmes de Verlaine dont il a hérité (ou qu’il a choisi). J’aime bien son trait froid et précis et même si les textes de Verlaine sont simples, ce sont les deux courts récits que j’ai préférés. Loustal fait de même avec une succession de dessins pleine page mais intègre le texte à ses planches. Le lien est donc immédiat et le mariage est harmonieux. Le trait de Loustal n’est pas mon préféré (trop cubique à mon goût, avec des couleurs fauves que je trouve agressives) mais je trouve qu’il s’en sort plutôt bien. Liberatore nous propose lui aussi des illustrations pleines page mais qui m’ont semblé plus passe-partout. Il a un beau coup de crayon mais dans le cas présent, pour moi, on est plus sur une succession de dessins sans queue ni tête que sur l’illustration d’un récit. Jeff Rey modernise le poème imposé. C’est peut-être la réinterprétation que j’ai trouvé la plus judicieuse même si, en soi, elle m’a laissé assez froid. Le format ne permet pas vraiment de faire passer des émotions. Beb-Deum, enfin, opte lui aussi pour des illustrations pleines pages. Le dessin est épuré mais là encore j’ai beaucoup de mal à faire le lien entre les illustrations et le poème sélectionné. En moyenne, ça va du pas mal au gros bof… avec une majorité de gros bof.
One Operation Joker
3.5 On peut compter sur le Japon pour trouver les concepts les plus débiles et faire en sorte que ça marche ! L'histoire est simple: durant un combat avec le Joker, Batman est tombé dans des produits chimiques qui l'ont fait rajeunir et il est redevenu un bébé. Le Joker est désemparé, comment il peut s'amuser maintenant que son ennemi est un bébé ? Il décide alors de l'élever pour en faire un super-héros comme ça lorsque Batman va redevenir un adulte dans genre 20 ans il va pourvoir de nouveaux affronter le Joker ! Le récit est simple et efficace. L'humour fonctionne bien et ça fait du bien de revoir un Joker imprévisible et qui est capable d'être drôle. C'est vraiment que des situations semblent êtres du déjà vu si on connait des fictions mettant en vedette un ou plusieurs hommes qui ont de la difficulté à élever un bébé, mais cela ne m'a pas trop dérangé. Ce que j'ai moins aimé est ça se lit tout de même un peu trop rapidement, surtout que le manga contient moins de pages que dans la plupart des tomes de mangas (144 pages alors qu'habituellement il y a en 180-200 pages). Le dessin est réussi. Le trait réaliste fait en sorte que le décalage entre le dessin et les situations loufoques rendent la série encore plus marrante !
Madeleine - Une femme libre
Sarbacane est un éditeur que j’ai tendance à suivre aveuglément, avec le risque de parfois tomber sur un album qui me laisse indifférent. C’est le cas de cette Madeleine dont la trajectoire sort pourtant du commun mais pour qui je n’ai finalement ressenti que très peu d’empathie. Les raisons de ma relative indifférence viennent de deux points. Le premier est la réalisation technique de l’album. La narration manque de fluidité à mes yeux, les cases semblant plus souvent juxtaposées que liées par la narration. Le dessin, raide d’aspect et porté par des couleurs très brutes, ne fait que renforcer ce relatif manque de fluidité. Le deuxième vient de la personnalité même de Madeleine. Femme libre, certes, mais peu attachante à mes yeux. Peut-être parce qu’il lui manquait cette fragilité qui m’aurait attendri. Pourtant, comme je le disais, sa trajectoire est assez extraordinaire et j’ai lu l’album d’une seule traite (autant parce que j’étais convaincu que si je m’arrêtais en cours de route, je risquais de ne jamais y revenir que parce que j’avais quand même envie de suivre le personnage jusqu’au bout). En fait, je suis resté tellement indifférent devant la destinée des personnages que je n’ai pas grand-chose à dire de cet album, qui n’est pas un mauvais album mais que je ne relirai pas et que je crains de vite oublier.
Night Café - My sweet knights
La série m’avait été vendue comme « un genre de shojo mais destiné à un public plus adulte ». En fait, c’est un shojo dans lequel l’idée de relations sexuelles est évoquée. Et donc, en gros, ça ne diffère pas d’un autre shojo. On retrouve donc tous les principes du genre avec beaucoup de bons sentiments des beaux mâles ténébreux, une héroïne toute mimi dans ses hésitations, des phrases étirées sur trois pages, un dessin centré sur les personnages et une fin que l’on voit venir de loin (voire de très très très très très très très très loin). L'histoire ? Une jeune veuve hérite d'un café un peu particulier puisqu'il n'emploie que des jeunes hommes et vise une clientèle féminine. Bien entendu, une idylle va se former entre elle et un de ses employés (dans lequel elle a reconnu une ancienne étoile montante du tennis international, qui avait mystérieusement fui les courts). Le fil du récit bascule ainsi entre cette histoire d'amour et la découverte du passé des différents personnages. Le ton est léger avec quelques petites pointes d'humour mais surtout romantique avec les tergiversations de l'héroïne, tiraillée entre son envie de rester fidèle à son défunt mari et son attirance pour ce beau et ténébreux serveur. Ce n’est pas déplaisant à lire. Ce n’est juste pas novateur ni spécialement ma tasse de thé. Le seul point que j’en retiens est ce concept de cafés destinés à une clientèle féminine dont le personnel est composé de beaux jeunes hommes, un concept qui semble réellement exister au Japon, pays dans lequel existe aussi sa version « pour homme » avec un personnel uniquement composé de jeunes et jolie femmes. Sinon, bein bof, quoi.
La Machine à détruire - Pourquoi il faut en finir avec la finance
Voilà un travail que j’ai trouvé excellent sur le fond et sur la forme. Certes, c’est parfois un peu ardu, c’est très dense et il faut s’enfiler un certain nombre de termes techniques, de connaissances économiques et d’organisation des marchés financiers et bancaires. Mais la narration est très fluide et claire. C’est d’abord dû au dessin de Jérémy Van Houtte, qui aère la démonstration tout en la rendant agréable et lire. C’est aussi dû bien sûr au très gros travail en amont (c’est du blindé en matière de connaissances exposées, et l’imposante bibliographie de fin de volume confirme ce travail préparatoire, et surtout confirme que les auteurs souhaitent que leurs lecteurs aillent plus loin). Les rouages du système financier libéral – et plus largement du capitalisme financier actuel – sont bien mis en avant, avec les mécanismes qui font transiter l’argent – y compris public – jusqu’au actionnaires, dans un « ruissellement » inversé, mais aussi bien plus réel que celui annoncé par nos dirigeants depuis des décennies. C’est à la fois limpide et écœurant. Mais on ne se contente pas de constater, puisque les dernières pages énumèrent un certain nombre de pistes pour remédier à ce creusement des inégalités au profit d’une minorité (qui plus est responsable d’autres maux, comme la pollution, le réchauffement climatique et quelques conflits). Avec une présentation intéressante de la convergence des luttes. L’action des lobbies, des institutions européennes, le fonctionnement des banques, l’hypocrisie des « décideurs » (voir « mon ennemi c’est la finance » de Hollande !), tout ceci n’est certes pas réjouissant. Et les auteurs montrent bien comment toutes les luttes tendant à remettre en cause cet ordre établi par et pour un petit nombre sont dénigrées dans les médias, et sévèrement réprimées (voir les dernières années en France, avec les Gilets jaunes en particulier). Mais il se dégage à la fin un sentiment qu’il est possible de faire changer la donne. Une lecture exigeante, mais instructive, jamais rébarbative ni sentencieuse, avec un ton léger. Bref, un documentaire à lire, pour nourrir réflexion, et éventuellement action.
Impénétrable
BD sur la sexualité féminine, écrite par une jeune femme, sans le voyeurisme hypersexualisé qu'aurait pu ajouter bien des auteurs masculins et dont sont coutumiers des pans entiers de l'édition contemporaine. Ce bon point noté, le chaleureux style rond des illustrations (à la Larcenet) goûté, demeure une BD excessivement ethnocentrée (revers des récits autobiographiques) décrivant une tranche de vie d'une grande banalité hormis sur cet aspect du vaginisme. Pour qu'une tranche de vie plaise, plus encore que l'originalité des situations, il importe que les personnages soient sympathiques au lecteur ; ce qui ne fut dans mon cas pas constaté : l'égoïsme de la plupart des protagonistes et la laideur sentimentale de quelques situations racontées, m'ont empêché d'apprécier ce récit à la sincérité incarnée mais non touchante. La froideur s'est propagée au lecteur.