Un nouvel album traitant de l’occupation et de la collaboration durant la seconde guerre mondiale. Mais qui s’attarde sur aspect rarement au centre des histoire : le Service du Travail Obligatoire (ou STO).
Je suis resté en partie sur ma faim. Peut-être parce que personnages et intrigue ne m’ont pas autant captivé que je l’espérais ? Je ne sais pas, c’est juste un sentiment diffus.
Ce qui est clair en tout cas c’est que l’album possède de réelles qualités. A commencer par une bonne reconstitution de cette période des débuts de l’occupation, où tout se délite, où quelques opportunistes sans scrupules s’en donnent à cœur joie.
Le cas développé ici est un peu extrême (toutes les victimes du STO n’ont pas été traitées aussi durement) mais il montre en tout cas le cynisme de Vichy (et la violence du Reich), le contraste étant bien montré avec les actualités qui dépeignaient presque le STO comme un voyage linguistique d’agrément !
Le héros profite d’une permission en France pour s’y cacher jusqu’à la fin de la guerre (comme Brassens ou Cavanna avant lui). L’historien Joseph Spina présente bien en fin d’album le contexte, et montre bien l’évolution du STO (et surtout du nombre de réfractaire) au fil du temps. Comme le héros, nombreux ont été ceux qui ont été assimilés à des collaborateurs – à tort, mais ça les a souvent conduits au silence, ce qui arrangeait la France d’après-guerre, peu soucieuse de mettre en avant cet aspect de la collaboration.
Pas aussi captivant qu’espéré donc, cet album se révèle quand même intéressant et pas désagréable à lire (le dessin de Nadar, relativement épuré, étant fluide et plaisant).
"Innovation 67" fait partie d'une série dessinée de mains de Maître par un grand de la BD belge, Baudouin Deville. Ce très sympathique auteur, secondé par un superbe scénariste Patrick Weber, nous présente ici un quatrième Opus très bien ficelé. Un événement tragique, qui aurait très bien pu être oublié ou ne pas être connu à l'extérieur de la Belgique. Deville et Weber nous présentent ici le magnifique magasin "Innovation" à Bruxelles à une époque où ces grandes surfaces étaient des lieux de rencontre de toute une ville. Le travail de ce duo fantastique est tout simplement magnifique! Là où de nombreuses personnes ont perdu la vie, tous les détails qui ont mené à ce drame épouvantable sont décrits avec grande habileté tant par la ligne claire de Baudouin Deville que par le fil conducteur de Patrick Weber. Ce tome 4 de la série, dont Kathleen est la protagoniste, est un petit bijou à lire absolument!
Une lecture pas désagréable en soi, mais qui ne m’a jamais réellement captivé. Peut-être parce que je suis un « regard extérieur » (homme/père) ? Je ne sais pas. Mais c’est surtout je pense que ce genre de projet n’est pas ma came, sur la forme plus que sur le fond d’ailleurs.
Même si le format « alcooliques anonymes » du début se renouvelle au bout d’un moment, c’est quand même un peu statique, un format blog qui passe mieux par petites touches, et qui lasse un peu lu d’une traite.
Ceci dit les thèmes abordés sont intéressants (y compris et surtout peut-être pour les hommes), en balayant tous les sujets liés à la maternité, et plus généralement à une certaine condition féminine. Toutes les charges (mentales, mais pas que) que les préjugés et les choix sociétaux imposent aux femmes sont mis en avant. Cela mérité réflexion. Mais ici, bien que cela prêche le plus souvent un convaincu, je me suis parfois ennuyé.
Concernant le dessin, c’est du blog aéré, sans décor et détail, fluide et très lisible.
Note réelle 2,5/5.
C’est la troisième adaptation de Läckberg que je lis des mêmes auteurs. Après avoir été récemment quelque peu déçu par Le Tailleur de pierre, j’ai trouvé plus intéressant et plus réussi cet album.
Le démarrage est toujours identique, chaque protagoniste se présentant dans une case. Mais l’histoire est plus dense et se laisse lire agréablement. Certes, ça reste très classique, et ça n’est pas hyper original, mais on ne devine pas trop tôt les tenants et aboutissants, avec une petite surprise à la fin.
L’enquête semble se faire toute seule, le commissaire étant en retrait (ou aidé par sa nouvelle amoureuse), le rythme est lent. Il ne faut pas attendre du hard boiled ou du glauque à la Ellroy, ni du suspens classique. C’est un style pépère et sans fioriture. Pas mal. Mais sans plus me concernant, je pense que les romans de bases ne sont pas forcément ma came.
Le concept de la série tient sur la moitié d’un timbre et les combats sont souvent trop longs à mon goût, ces mêmes combats donnent par ailleurs lieu à bien des cases difficiles à déchiffrer. Voilà les gros points négatifs de cette série (même si le premier, par sa simplicité, peut être vu comme une force).
Chaque personnage est travaillé tant du point de vue graphique que du point de vue psychologique. Les notes d’humour viennent contrebalancer à point nommé l’aspect mélodramatique et emphatique de la série. Les noms des attaques sont tellement improbables que c’en devient jouissif. La fin a réussi à m’émouvoir malgré la mise en scène excessive, sur-jouée et simpliste.
Demon Slayer est un phénomène de mode, porté par son visuel dans un premier temps (il suffit de voir le nombre de figurines tirées de la série), destiné à un large public (mais de préférence jeune) et véhiculant des valeurs positives (sens du devoir et du sacrifice, solidarité, respect vis-à-vis des ainés, force du travail, etc…). J’ai lu l’intégralité de la série avec un réel plaisir même si je trouvais les combats trop longs. Les personnages sont tellement marquants, l’humour (souvent très crétin/enfantin) contrebalance tellement bien le caractère dramatique du récit, le concept est tellement efficace (et pourtant on ne peut plus basique) que c’en devient addictif.
Je recommande, pour les jeunes (mamie, n’ait pas peur d’offrir ces horreurs à tes petits-enfants, les valeurs que ce manga véhicule sont de ton temps) et pour les moins jeunes (essayez et si ça se trouve vous serez aussi positivement surpris que moi). Un phénomène de mode, mais surtout un manga très efficace.
Je ne doute pas des bonnes intentions des auteures mais mon appréciation de cet album a totalement été influencée par le début du récit dans lequel les membres du personnel d’un centre d’accueil pour personnes déficientes mentales sont montrés comme des imbéciles incompétents et irresponsables. Travaillant dans ce milieu, j’ai beaucoup de mal à accepter cette vision des choses qui à la fois discrédite ce type d’institution et facilite l’élaboration du scénario (c’est bien plus facile d’expliquer comment les deux héros peuvent disposer des médicaments nécessaires à l’un d’eux si lesdits médicaments sont laissés à disposition des patients dans leur propre chambre et en grande quantité. Quoi de plus logique avec une personne déficiente mentale ?). Franchement, toute cette partie du récit… je ne sais pas quelle institution les auteures ont visitée et je doute même qu’elles en aient visité une seule mais c’est tellement absurde que c’en devient horripilant (et si effectivement un centre d’accueil fonctionne de cette manière et si son personnel est aussi incompétent, il faut s’empresser de le fermer).
A partir de là, toute mon appréciation a été influencée et je n’ai plus vu que les lieux communs, les facilités, les incohérences et le caractère irresponsable, égoïste et détestable de l’héroïne. Du coup, d’une belle échappée d’une sœur se découvrant un demi-frère atteint d’un handicap mental avec lequel elle va entreprendre un improbable voyage vers la Laponie, ce récit n’est plus devenu qu’un enchainement de scènes qui sonnent faux porté par une héroïne à laquelle j’avais juste envie de foutre une bonne paire de baffes. Les mères des deux enfants sont tout aussi laxistes et n’ont pas présenté un comportement apte à me faire revoir mon impression d’ensemble. Ce récit parlera sans doute bien plus à un public féminin, ne fusse que pour ses revendications féministes, mais n'ayant vu que des personnages féminins irritants, je ne peux même pas dire que cette thématique féministe m'aura parlé.
Pour un peu atténuer ce début très négatif de mon avis, je dirai cependant que, d’un point de vue technique, cette bande dessinée est bien réalisée. La narration est fluide, les dialogues sonnent de manière naturelle (même si on est dans une vision très bienpensante du handicap mental, plus influencée par des films comme Rain Man que par la réalité de terrain), les bonnes intentions des auteures me semblent évidentes. C’est juste qu’elles m’ont donné l’impression de parler de quelque chose qu’elles ne connaissent pas (ou qu’elles ont une expérience du milieu totalement différente de la mienne). Enfin le dessin, dans son style faussement naïf (tronches en biais, décors de travers, perspectives faussées) est parfaitement adapté au sujet et renforce le caractère journal intime/récit authentique du livre.
Donc voilà… Parce que je pense que les intentions étaient louables et parce que d’un point de vue technique, cette bande dessinée est bien réalisée, je vais dire 2/5. Mais il y a trop d’aspects qui m’ont dérangé pour que je monte ma note d’un cran.
Même s’il ne s’agit pas vraiment du même contexte, Lethal Experiment peut s’apparenter aux séries de la thématique des jeux mortels. Pas de jeu ici mais un groupe d’anciens élèves, piégés par l’un d’entre eux, brillant manipulateur passablement dérangé, va se retrouver obligé de se soumettre à un ensemble d’épreuves destinées à éprouver leur loyauté, leur honnêteté, leur bonté.
Elément central du récit, Nezu est un de ces otages et une bonne partie de la série va reposer sur ses épaules. D’une part parce qu’il est le plus proche amis de Mikio, responsable de cette prise d’otages. D’autre part, parce qu’il est en couple avec Mirai, elle aussi victime de cette prise d’otage, et que leur couple demeure secret.
Autour de Nezu gravitent beaucoup de seconds couteaux, dont plusieurs vont se révéler très marquants par leur évolution. De la jeune idiote qui finit par montrer une force de caractère à laquelle on ne s’attendait pas au beau et vertueux jeune homme qui finit par complétement péter les plombs, tous font l’objet d’une attention toute particulière de l’auteur et, outre le caractère malsain et pervers des épreuves auxquelles ils sont soumis, c’est vraiment cette évolution dans les comportements de chacun qui fait tout le sel de la série.
Dans l’ensemble, je peux vraiment dire que Lethal Experiment m’a bien accroché. Le scénario a beau être grandement improbable, les épreuves créent une tension constante et les comportements des personnages m’ont semblé assez logiques. On tombe parfois dans de la psychologie de grande surface mais ce côté basique n’enlève rien à l’efficacité du concept.
Les derniers développements tombent malheureusement un peu trop dans la surenchère avec des rebondissements en cascade que j’ai trouvés un peu forcés, mais tout se tient et je suis content d’avoir lu la série jusqu’à son terme.
Côté dessin, rien de surprenant. C’est du manga dans un style réaliste soigné avec des cadrages centrés sur les personnages avant tout, avec un peu de fan service et des décors réduits au strict nécessaire.
Je m’attendais à plus de scènes à caractère sexuel mais, même s’il y en a, je trouve que l’auteur reste très raisonnable de ce point de vue, évitant de tomber dans le piège de l’exhibition malsaine gratuite. Ici, les agressions sexuelles découlent d’une certaine logique.
Bon, c’est quand même bien tordu et pas toujours très crédible mais vu l’efficacité du bazar, je ne peux dire que « vraiment pas mal du tout ». Efficace avant tout !
Cette série est un peu une pièce de musée pour les amateurs de Hugo Pratt. En effet Pratt et Milani adaptent les deux romans de Stevenson en 1965 pour le journal "Corriere dei Piccoli" sous la forme de feuilletons. Il y a donc un lien évident entre L'Ile au trésor de Stevenson et le Corto de Pratt qui apparaît deux ans plus tard. Le roman de Stevenson est de plus, une œuvre particulière pour Pratt puisque c'est le dernier cadeau que lui a fait son père avent de disparaître dans les tourments de la guerre.
J'ai lu la version format à l'italienne qui se rapproche bien plus de la création originale en strips de cinq à six cases et qui expliquent bien mieux la dynamique de la construction, de la mise en scène et du découpage feuilleton.
Les deux auteurs suivent fidèlement le déroulé du roman de Stevenson. Pouvait il en être autrement, même si certains passages sont réduits par nécessité. Je regrette par exemple que le personnage de Hands ne soit plus mis en valeur, la diversité de l'équipage étant réduite à la figure de Long John.
Le graphisme de Pratt semble ici en gestation. L'auteur , loin de la ligne claire, travaille surtout sur les expressions des visages qui sont très hachurés. Si l'ambiance initiale autour de l'auberge est bien rendue, il y a ensuite peu de scènes maritimes et les extérieurs de l'île sont très rudimentaires. Les auteurs ont semblé privilégier le côté initiatique au côté exotique du roman.
Je pousse un peu ma notation mais cela me semble une pièce importante dans la construction de l'univers de Corto/Pratt. 3.5
Je n'ai pas toujours été séduit par la lecture d'Emmanuel Moynot mais ici, je me suis bien amusé aux rebondissements des pérégrinations d'un livre de comptes compromettant. Charlie petite main d'un parrain new-yorkais se fait taxer son portefeuille et une mallette pleine de livres de comptes. En proba on dirait que les deux événements sont indépendants ce qui permet à l'auteur de multiplier les directions, les ambiances et les points de vue sur le déroulé de l'affaire. Moynot propose ainsi un scénario bien construit, sans temps mort qui se lit avec plaisir. L'ambiance de cet été 69 à NY mêle "Le Parrain" "West Side Story" voire de "Macadam Cowboy". En effet l'auteur en profite pour se rappeler les débuts de la lutte pour la reconnaissance homosexuelle. Evidemment nous immerger dans cette atmosphère nécessite d'accepter de retrouver le vocabulaire de l'époque souvent raciste et homophobe.
J'ai été moins séduit par le dessin où on passe de personnages semi réalistes à de la caricature aux proportions un peu bizarres. Par contre j'ai vraiment aimé la mise en couleur flashy avec cette population aux tenues et coiffures si libres et extravagantes. C'est une sorte de nostalgie des couleurs très flower qui ont imprégné cette époque.
Une lecture détente et amusante bien construite avec une pointe de rappel d'histoire sociétale. Un bon 3
Cette adaptation du roman de Jack London, est sans doute l’album le plus abouti de la trilogie maritime de Riff Reb’s. On embarque sur le Fantôme, goélette dirigée par le terrible capitaine Larsen, personnage charismatique et monstrueux à la fois. Larsen, c’est la force brute et la philosophie cynique mêlées, une présence écrasante qui fascine autant qu’elle terrifie. Face à lui, Humphrey Van Weyden, critique littéraire naufragé, découvre un monde où les idées n’ont plus de poids face à la survie et à la loi du plus fort. C’est une confrontation physique, morale et intellectuelle qui se joue là, et Riff Reb’s la restitue avec une intensité remarquable.
Le huis clos du navire, les tensions exacerbées entre les hommes, l’écrasante présence de la mer : tout est très bien maîtrisé. L’ambiance est lourde, oppressante, chaque scène semble contenir un orage prêt à éclater. La mer, toujours, s’impose comme un personnage à part entière, indifférente, et menaçante. Riff Reb’s excelle à la représenter : ses vagues monstrueuses, ses horizons plombés, ses tempêtes qui engloutissent tout. On ressent la solitude, l’isolement et la promiscuité du bateau.
Graphiquement, on est dans la ligne de la trilogie. Le trait précis, nerveux, donne vie à des gueules marquées, fatiguées, burinées par la mer et la violence. Le capitaine Larsen, massif et sculptural est rendu de manière effectivement charismatique. Les planches bichromiques, une teinte par chapitre, sont sublimes. Chaque couleur installe une ambiance : gris plombé pour la tension, bleu sombre pour la mer déchaînée, rouge pour la violence. Riff Reb’s joue avec les cadrages, tirant le meilleur de l’espace confiné du bateau et de l’immensité de l’océan. C’est dense, précis, mais jamais figé.
Mais ce qui donne toute sa force à l’album, c’est la relation entre Larsen et Van Weyden. Le capitaine est un prédateur, un philosophe nihiliste qui provoque, questionne, humilie pour mieux affirmer sa vision du monde. Van Weyden, d’abord fragile, devient le témoin – et le jouet – de cette lutte d’idéologies. Les dialogues sont ciselés, les échanges tendus, et l’ambiguïté des personnages les rend profondément humains. Larsen est terrifiant, presque mythologique. Sa présence irradie le récit, même lorsqu’il n’est pas là. La joute intellectuelle entre les deux hommes est aussi passionnante que brutale, portée par une écriture sèche et directe.
En s’appropriant la fin du roman, Riff Reb’s propose un regard encore plus sombre que celui de London. Là où l’auteur voyait une victoire de l’adaptation sur la force brute, l’album renvoie dos à dos les deux protagonistes. Ce n’est pas tant une morale qu’une impasse : l’homme moderne n’est pas plus armé pour survivre que le surhomme sans foi ni loi. C’est une vision pessimiste, mais d’une justesse implacable.
Un huis clos en pleine mer, tendu et implacable, qui interroge sur la nature humaine, la domination, et l’absurdité de nos luttes.
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L'Œil du STO
Un nouvel album traitant de l’occupation et de la collaboration durant la seconde guerre mondiale. Mais qui s’attarde sur aspect rarement au centre des histoire : le Service du Travail Obligatoire (ou STO). Je suis resté en partie sur ma faim. Peut-être parce que personnages et intrigue ne m’ont pas autant captivé que je l’espérais ? Je ne sais pas, c’est juste un sentiment diffus. Ce qui est clair en tout cas c’est que l’album possède de réelles qualités. A commencer par une bonne reconstitution de cette période des débuts de l’occupation, où tout se délite, où quelques opportunistes sans scrupules s’en donnent à cœur joie. Le cas développé ici est un peu extrême (toutes les victimes du STO n’ont pas été traitées aussi durement) mais il montre en tout cas le cynisme de Vichy (et la violence du Reich), le contraste étant bien montré avec les actualités qui dépeignaient presque le STO comme un voyage linguistique d’agrément ! Le héros profite d’une permission en France pour s’y cacher jusqu’à la fin de la guerre (comme Brassens ou Cavanna avant lui). L’historien Joseph Spina présente bien en fin d’album le contexte, et montre bien l’évolution du STO (et surtout du nombre de réfractaire) au fil du temps. Comme le héros, nombreux ont été ceux qui ont été assimilés à des collaborateurs – à tort, mais ça les a souvent conduits au silence, ce qui arrangeait la France d’après-guerre, peu soucieuse de mettre en avant cet aspect de la collaboration. Pas aussi captivant qu’espéré donc, cet album se révèle quand même intéressant et pas désagréable à lire (le dessin de Nadar, relativement épuré, étant fluide et plaisant).
Innovation 67
"Innovation 67" fait partie d'une série dessinée de mains de Maître par un grand de la BD belge, Baudouin Deville. Ce très sympathique auteur, secondé par un superbe scénariste Patrick Weber, nous présente ici un quatrième Opus très bien ficelé. Un événement tragique, qui aurait très bien pu être oublié ou ne pas être connu à l'extérieur de la Belgique. Deville et Weber nous présentent ici le magnifique magasin "Innovation" à Bruxelles à une époque où ces grandes surfaces étaient des lieux de rencontre de toute une ville. Le travail de ce duo fantastique est tout simplement magnifique! Là où de nombreuses personnes ont perdu la vie, tous les détails qui ont mené à ce drame épouvantable sont décrits avec grande habileté tant par la ligne claire de Baudouin Deville que par le fil conducteur de Patrick Weber. Ce tome 4 de la série, dont Kathleen est la protagoniste, est un petit bijou à lire absolument!
Mères anonymes
Une lecture pas désagréable en soi, mais qui ne m’a jamais réellement captivé. Peut-être parce que je suis un « regard extérieur » (homme/père) ? Je ne sais pas. Mais c’est surtout je pense que ce genre de projet n’est pas ma came, sur la forme plus que sur le fond d’ailleurs. Même si le format « alcooliques anonymes » du début se renouvelle au bout d’un moment, c’est quand même un peu statique, un format blog qui passe mieux par petites touches, et qui lasse un peu lu d’une traite. Ceci dit les thèmes abordés sont intéressants (y compris et surtout peut-être pour les hommes), en balayant tous les sujets liés à la maternité, et plus généralement à une certaine condition féminine. Toutes les charges (mentales, mais pas que) que les préjugés et les choix sociétaux imposent aux femmes sont mis en avant. Cela mérité réflexion. Mais ici, bien que cela prêche le plus souvent un convaincu, je me suis parfois ennuyé. Concernant le dessin, c’est du blog aéré, sans décor et détail, fluide et très lisible. Note réelle 2,5/5.
La Princesse des Glaces
C’est la troisième adaptation de Läckberg que je lis des mêmes auteurs. Après avoir été récemment quelque peu déçu par Le Tailleur de pierre, j’ai trouvé plus intéressant et plus réussi cet album. Le démarrage est toujours identique, chaque protagoniste se présentant dans une case. Mais l’histoire est plus dense et se laisse lire agréablement. Certes, ça reste très classique, et ça n’est pas hyper original, mais on ne devine pas trop tôt les tenants et aboutissants, avec une petite surprise à la fin. L’enquête semble se faire toute seule, le commissaire étant en retrait (ou aidé par sa nouvelle amoureuse), le rythme est lent. Il ne faut pas attendre du hard boiled ou du glauque à la Ellroy, ni du suspens classique. C’est un style pépère et sans fioriture. Pas mal. Mais sans plus me concernant, je pense que les romans de bases ne sont pas forcément ma came.
Demon Slayer (Les Rôdeurs de la nuit)
Le concept de la série tient sur la moitié d’un timbre et les combats sont souvent trop longs à mon goût, ces mêmes combats donnent par ailleurs lieu à bien des cases difficiles à déchiffrer. Voilà les gros points négatifs de cette série (même si le premier, par sa simplicité, peut être vu comme une force). Chaque personnage est travaillé tant du point de vue graphique que du point de vue psychologique. Les notes d’humour viennent contrebalancer à point nommé l’aspect mélodramatique et emphatique de la série. Les noms des attaques sont tellement improbables que c’en devient jouissif. La fin a réussi à m’émouvoir malgré la mise en scène excessive, sur-jouée et simpliste. Demon Slayer est un phénomène de mode, porté par son visuel dans un premier temps (il suffit de voir le nombre de figurines tirées de la série), destiné à un large public (mais de préférence jeune) et véhiculant des valeurs positives (sens du devoir et du sacrifice, solidarité, respect vis-à-vis des ainés, force du travail, etc…). J’ai lu l’intégralité de la série avec un réel plaisir même si je trouvais les combats trop longs. Les personnages sont tellement marquants, l’humour (souvent très crétin/enfantin) contrebalance tellement bien le caractère dramatique du récit, le concept est tellement efficace (et pourtant on ne peut plus basique) que c’en devient addictif. Je recommande, pour les jeunes (mamie, n’ait pas peur d’offrir ces horreurs à tes petits-enfants, les valeurs que ce manga véhicule sont de ton temps) et pour les moins jeunes (essayez et si ça se trouve vous serez aussi positivement surpris que moi). Un phénomène de mode, mais surtout un manga très efficace.
Soleil Glacé
Je ne doute pas des bonnes intentions des auteures mais mon appréciation de cet album a totalement été influencée par le début du récit dans lequel les membres du personnel d’un centre d’accueil pour personnes déficientes mentales sont montrés comme des imbéciles incompétents et irresponsables. Travaillant dans ce milieu, j’ai beaucoup de mal à accepter cette vision des choses qui à la fois discrédite ce type d’institution et facilite l’élaboration du scénario (c’est bien plus facile d’expliquer comment les deux héros peuvent disposer des médicaments nécessaires à l’un d’eux si lesdits médicaments sont laissés à disposition des patients dans leur propre chambre et en grande quantité. Quoi de plus logique avec une personne déficiente mentale ?). Franchement, toute cette partie du récit… je ne sais pas quelle institution les auteures ont visitée et je doute même qu’elles en aient visité une seule mais c’est tellement absurde que c’en devient horripilant (et si effectivement un centre d’accueil fonctionne de cette manière et si son personnel est aussi incompétent, il faut s’empresser de le fermer). A partir de là, toute mon appréciation a été influencée et je n’ai plus vu que les lieux communs, les facilités, les incohérences et le caractère irresponsable, égoïste et détestable de l’héroïne. Du coup, d’une belle échappée d’une sœur se découvrant un demi-frère atteint d’un handicap mental avec lequel elle va entreprendre un improbable voyage vers la Laponie, ce récit n’est plus devenu qu’un enchainement de scènes qui sonnent faux porté par une héroïne à laquelle j’avais juste envie de foutre une bonne paire de baffes. Les mères des deux enfants sont tout aussi laxistes et n’ont pas présenté un comportement apte à me faire revoir mon impression d’ensemble. Ce récit parlera sans doute bien plus à un public féminin, ne fusse que pour ses revendications féministes, mais n'ayant vu que des personnages féminins irritants, je ne peux même pas dire que cette thématique féministe m'aura parlé. Pour un peu atténuer ce début très négatif de mon avis, je dirai cependant que, d’un point de vue technique, cette bande dessinée est bien réalisée. La narration est fluide, les dialogues sonnent de manière naturelle (même si on est dans une vision très bienpensante du handicap mental, plus influencée par des films comme Rain Man que par la réalité de terrain), les bonnes intentions des auteures me semblent évidentes. C’est juste qu’elles m’ont donné l’impression de parler de quelque chose qu’elles ne connaissent pas (ou qu’elles ont une expérience du milieu totalement différente de la mienne). Enfin le dessin, dans son style faussement naïf (tronches en biais, décors de travers, perspectives faussées) est parfaitement adapté au sujet et renforce le caractère journal intime/récit authentique du livre. Donc voilà… Parce que je pense que les intentions étaient louables et parce que d’un point de vue technique, cette bande dessinée est bien réalisée, je vais dire 2/5. Mais il y a trop d’aspects qui m’ont dérangé pour que je monte ma note d’un cran.
Lethal Experiment
Même s’il ne s’agit pas vraiment du même contexte, Lethal Experiment peut s’apparenter aux séries de la thématique des jeux mortels. Pas de jeu ici mais un groupe d’anciens élèves, piégés par l’un d’entre eux, brillant manipulateur passablement dérangé, va se retrouver obligé de se soumettre à un ensemble d’épreuves destinées à éprouver leur loyauté, leur honnêteté, leur bonté. Elément central du récit, Nezu est un de ces otages et une bonne partie de la série va reposer sur ses épaules. D’une part parce qu’il est le plus proche amis de Mikio, responsable de cette prise d’otages. D’autre part, parce qu’il est en couple avec Mirai, elle aussi victime de cette prise d’otage, et que leur couple demeure secret. Autour de Nezu gravitent beaucoup de seconds couteaux, dont plusieurs vont se révéler très marquants par leur évolution. De la jeune idiote qui finit par montrer une force de caractère à laquelle on ne s’attendait pas au beau et vertueux jeune homme qui finit par complétement péter les plombs, tous font l’objet d’une attention toute particulière de l’auteur et, outre le caractère malsain et pervers des épreuves auxquelles ils sont soumis, c’est vraiment cette évolution dans les comportements de chacun qui fait tout le sel de la série. Dans l’ensemble, je peux vraiment dire que Lethal Experiment m’a bien accroché. Le scénario a beau être grandement improbable, les épreuves créent une tension constante et les comportements des personnages m’ont semblé assez logiques. On tombe parfois dans de la psychologie de grande surface mais ce côté basique n’enlève rien à l’efficacité du concept. Les derniers développements tombent malheureusement un peu trop dans la surenchère avec des rebondissements en cascade que j’ai trouvés un peu forcés, mais tout se tient et je suis content d’avoir lu la série jusqu’à son terme. Côté dessin, rien de surprenant. C’est du manga dans un style réaliste soigné avec des cadrages centrés sur les personnages avant tout, avec un peu de fan service et des décors réduits au strict nécessaire. Je m’attendais à plus de scènes à caractère sexuel mais, même s’il y en a, je trouve que l’auteur reste très raisonnable de ce point de vue, évitant de tomber dans le piège de l’exhibition malsaine gratuite. Ici, les agressions sexuelles découlent d’une certaine logique. Bon, c’est quand même bien tordu et pas toujours très crédible mais vu l’efficacité du bazar, je ne peux dire que « vraiment pas mal du tout ». Efficace avant tout !
L'Ile au trésor (Pratt)
Cette série est un peu une pièce de musée pour les amateurs de Hugo Pratt. En effet Pratt et Milani adaptent les deux romans de Stevenson en 1965 pour le journal "Corriere dei Piccoli" sous la forme de feuilletons. Il y a donc un lien évident entre L'Ile au trésor de Stevenson et le Corto de Pratt qui apparaît deux ans plus tard. Le roman de Stevenson est de plus, une œuvre particulière pour Pratt puisque c'est le dernier cadeau que lui a fait son père avent de disparaître dans les tourments de la guerre. J'ai lu la version format à l'italienne qui se rapproche bien plus de la création originale en strips de cinq à six cases et qui expliquent bien mieux la dynamique de la construction, de la mise en scène et du découpage feuilleton. Les deux auteurs suivent fidèlement le déroulé du roman de Stevenson. Pouvait il en être autrement, même si certains passages sont réduits par nécessité. Je regrette par exemple que le personnage de Hands ne soit plus mis en valeur, la diversité de l'équipage étant réduite à la figure de Long John. Le graphisme de Pratt semble ici en gestation. L'auteur , loin de la ligne claire, travaille surtout sur les expressions des visages qui sont très hachurés. Si l'ambiance initiale autour de l'auberge est bien rendue, il y a ensuite peu de scènes maritimes et les extérieurs de l'île sont très rudimentaires. Les auteurs ont semblé privilégier le côté initiatique au côté exotique du roman. Je pousse un peu ma notation mais cela me semble une pièce importante dans la construction de l'univers de Corto/Pratt. 3.5
Cherchez Charlie
Je n'ai pas toujours été séduit par la lecture d'Emmanuel Moynot mais ici, je me suis bien amusé aux rebondissements des pérégrinations d'un livre de comptes compromettant. Charlie petite main d'un parrain new-yorkais se fait taxer son portefeuille et une mallette pleine de livres de comptes. En proba on dirait que les deux événements sont indépendants ce qui permet à l'auteur de multiplier les directions, les ambiances et les points de vue sur le déroulé de l'affaire. Moynot propose ainsi un scénario bien construit, sans temps mort qui se lit avec plaisir. L'ambiance de cet été 69 à NY mêle "Le Parrain" "West Side Story" voire de "Macadam Cowboy". En effet l'auteur en profite pour se rappeler les débuts de la lutte pour la reconnaissance homosexuelle. Evidemment nous immerger dans cette atmosphère nécessite d'accepter de retrouver le vocabulaire de l'époque souvent raciste et homophobe. J'ai été moins séduit par le dessin où on passe de personnages semi réalistes à de la caricature aux proportions un peu bizarres. Par contre j'ai vraiment aimé la mise en couleur flashy avec cette population aux tenues et coiffures si libres et extravagantes. C'est une sorte de nostalgie des couleurs très flower qui ont imprégné cette époque. Une lecture détente et amusante bien construite avec une pointe de rappel d'histoire sociétale. Un bon 3
Le Loup des Mers
Cette adaptation du roman de Jack London, est sans doute l’album le plus abouti de la trilogie maritime de Riff Reb’s. On embarque sur le Fantôme, goélette dirigée par le terrible capitaine Larsen, personnage charismatique et monstrueux à la fois. Larsen, c’est la force brute et la philosophie cynique mêlées, une présence écrasante qui fascine autant qu’elle terrifie. Face à lui, Humphrey Van Weyden, critique littéraire naufragé, découvre un monde où les idées n’ont plus de poids face à la survie et à la loi du plus fort. C’est une confrontation physique, morale et intellectuelle qui se joue là, et Riff Reb’s la restitue avec une intensité remarquable. Le huis clos du navire, les tensions exacerbées entre les hommes, l’écrasante présence de la mer : tout est très bien maîtrisé. L’ambiance est lourde, oppressante, chaque scène semble contenir un orage prêt à éclater. La mer, toujours, s’impose comme un personnage à part entière, indifférente, et menaçante. Riff Reb’s excelle à la représenter : ses vagues monstrueuses, ses horizons plombés, ses tempêtes qui engloutissent tout. On ressent la solitude, l’isolement et la promiscuité du bateau. Graphiquement, on est dans la ligne de la trilogie. Le trait précis, nerveux, donne vie à des gueules marquées, fatiguées, burinées par la mer et la violence. Le capitaine Larsen, massif et sculptural est rendu de manière effectivement charismatique. Les planches bichromiques, une teinte par chapitre, sont sublimes. Chaque couleur installe une ambiance : gris plombé pour la tension, bleu sombre pour la mer déchaînée, rouge pour la violence. Riff Reb’s joue avec les cadrages, tirant le meilleur de l’espace confiné du bateau et de l’immensité de l’océan. C’est dense, précis, mais jamais figé. Mais ce qui donne toute sa force à l’album, c’est la relation entre Larsen et Van Weyden. Le capitaine est un prédateur, un philosophe nihiliste qui provoque, questionne, humilie pour mieux affirmer sa vision du monde. Van Weyden, d’abord fragile, devient le témoin – et le jouet – de cette lutte d’idéologies. Les dialogues sont ciselés, les échanges tendus, et l’ambiguïté des personnages les rend profondément humains. Larsen est terrifiant, presque mythologique. Sa présence irradie le récit, même lorsqu’il n’est pas là. La joute intellectuelle entre les deux hommes est aussi passionnante que brutale, portée par une écriture sèche et directe. En s’appropriant la fin du roman, Riff Reb’s propose un regard encore plus sombre que celui de London. Là où l’auteur voyait une victoire de l’adaptation sur la force brute, l’album renvoie dos à dos les deux protagonistes. Ce n’est pas tant une morale qu’une impasse : l’homme moderne n’est pas plus armé pour survivre que le surhomme sans foi ni loi. C’est une vision pessimiste, mais d’une justesse implacable. Un huis clos en pleine mer, tendu et implacable, qui interroge sur la nature humaine, la domination, et l’absurdité de nos luttes.