Des superpouvoirs pour quoi faire ?
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Il s'agit d'un récit complet, indépendant de tout autre, initialement paru sous la forme d'une minisérie en 6 épisodes en 2013, écrite par Brian Wood, dessinée et encrée par Ming Doyle et mise en couleurs par Jordie Bellaire.
Dans un futur relativement lointain, Mara Prince est une jeune femme de 17 ans championne de volleyball. Dans ce futur aux réalités économiques peu reluisantes, le sport a pris une importance capitale dans les relations entre les nations, les sommes en jeu sont colossales et les sportifs de haut niveau sont des stars, bénéficiant de contrats mirifiques avec des sponsors, de leur propre chaîne de télévision à leur gloire, etc. Mara Prince est une star parmi les stars, richissime à million, inégalée dans ses capacités. Mais un jour lors d'un match hors tournoi, elle éprouve une étrange sensation lui permettant de se déplacer à une vitesse surhumaine et de passer de l'autre côté du filet pour faire dévier la balle venant juste de quitter les mains de la joueuse au service. Les caméras ont tout enregistré et la notoriété de Mara augmente encore. Par contre son avenir de sportive est compromis. Cette société maudit les tricheurs et les déchoit. Bien vite l'armée s'intéresse à Mara. Il lui reste à décider quoi faire de sa vie avec ses superpouvoirs d'une ampleur incommensurable.
Brian Wood est un scénariste prolifique à la biographie impressionnante. On y trouve aussi bien des histoires pour des franchises comme X-Men (Alpha & Omega ou Primer), Star Wars (In the shadow of Yavin), ou encore Conan (Queen of the black coast). Il a déjà à son actif un grand nombre de séries originales ou d'histoires complètes : The New York Four, la série DMZ, la série de vikings Northlanders ou encore la série The massive (à commencer par Black Pacific). Il propose ici une histoire complète en 1 tome.
Ce récit se décompose en 3 actes distincts : (1) la présentation de Mara en championne exceptionnelle et la société dans laquelle elle évolue, (2) la réaction de cette société à la découverte des pouvoirs de Mara, et (3) le choix de vie de Mara. La première partie laisse une impression mitigée entre reprise d'éléments déjà existants dans notre société (à commencer par le vedettariat sans borne des athlètes de haut niveau, au hasard dans le football), et immersion totale aux côtés de cette jeune femme compétente, motivée et très sympathique, un pur produit de la société dans laquelle elle a grandi et de l'éducation qu'elle a reçu. Brian Wood réussit à faire exister cette Mara et la société qui l'entoure en quelques pages, en montrant à quel point Mara est d'une efficacité exemplaire, et en illustrant la maxime qui veut que l'on se sent seul quand on est au sommet. Il sait montrer en quelques cases l'attachement qui unit Mara à Ingrid Seven, sa seconde dans l'équipe, mais aussi sa meilleure amie et confidente. Il n'y a à aucun moment une trace d'infantilisme ou de mièvrerie dans la manière dont elles se comportent. Ingrid apprécie Mara, elles partagent entre elles leurs expériences (en particulier sur l'art et la manière de maximiser les profits dans leurs contrats avec les sponsors), et il n'y a aucun doute qu'Ingrid a intégré que tant que Mara sera présente, elle sera à jamais la seconde meilleure. Brian Wood sait à partir de quelques dialogues et de quelques pensées intérieures, appuyées par quelques nouvelles brèves donner l'impression au lecteur de connaître les personnages et l'environnement dans lequel ils évoluent.
Brian Wood n'est pas le premier scénariste à imaginer l'apparition de superpouvoirs dans un monde réel ou dans un futur proche (Warren Ellis avec sa trilogie Black Summer/ No hero / Supergod, ou encore John Arcudi avec A God somewhere). Il réussit à rendre la personnalité de Mara Prince très palpable et cohérente, et ses actions imprévisibles. Par contre la relative brièveté de l'histoire ne lui permet pas de développer pleinement les réactions de la société autour d'elle, ces dernières restent à l'état de ressort de l'intrigue, sans réelle épaisseur, sans servir de révélateur de cette société.
Ming Doyle avait déjà adapté 2 livres de Cynthia Leitich Smith : Tantalize: Kieren's Story et Eternal: Zachary's Story. Il approche les dessins avec une optique naturaliste qui donne une apparence très prosaïque à ce qu'il dessine, malgré la composante de science-fiction. D'un certain côté cette façon de dessiner peut décevoir les lecteurs avides de spectaculaire ou de sensationnel, de l'autre elle ancre bien le ton du récit dans une forme de normalité. En particulier il a pris soin de donner une physiologie d'athlète à Mara (pas de poitrine surdimensionnée), ce qui participe pour beaucoup à conférer de la crédibilité au personnage. Les éléments visuels de science fiction restent très discrets : un stade à l'architecture inattendue, un modèle de voiture inhabituel, des tenues vestimentaires sortant de l'ordinaire (en particulier l'uniforme militaire). Doyle s'attache surtout à créer une mise en scène vivante et plausible, transcrivant clairement les actions de chaque personnage. De temps à autre, le lecteur pourra regretter qu'un personnage sur deux ait la bouche entrouverte dans une expression du visage peu parlante et peu naturelle. Quelques scènes souffrent également de décors trop sommaires. Au fil des pages, il devient surprenant que les noms des sponsors n'apparaissent pas de manière plus proéminente dans les images, par exemple sur les tenues des joueuses ou sur les parois des stades.
Brian Wood et Ming Doyle proposent leur version de l'avènement d'un individu avec des superpouvoirs dans une société finalement proche de la nôtre. Ils réussissent à faire en sorte que Mara Prince s'incarne devant les yeux du lecteur ce qui génère son empathie et maintient son intérêt tout au long du récit. Le nombre de pages et les limites de Doyle ne permettent pas à l'environnement d'exister pleinement, ni de développer une approche plus étoffée de l'impact de Mara sur la société. L'histoire se termine de manière claire avec la décision de Mara quant à son avenir, il est possible d'y voir une allégorie sur le jeune adulte affirmant sa propre personnalité, achevant d'entrer dans l'âge adulte.
La Légende de Korra est la suite de la série animée éponyme. Les deux séries (animée comme comics) sont des suites à la série animée "Avatar le dernier maître de l'air" (elle aussi continuée en série de comics prenant donc place dans la même continuité).
Cette suite n'a duré que deux histoires, aux qualités variables.
La première joue, d'une certaine manière, un rôle extradiégétique, à savoir consolider la relation Korra/Asami jetée à la volée du dernier épisode de la série animée, le groupe Nickoledeon faisant visiblement pressions aux créateurs qui voulaient l'implémenter plus tôt. Ce besoin de consolider cette relation à tout prix, même si cela se fait sans subtilité ou que cela s'insère bizarrement, c'est l'erreur fatale de cet album selon moi. J'aime bien ce couple et j'avais sincèrement voulu le voir être développé dans une suite après la série animée, mais j'avoue que là c'est un peu maladroit. J'ai vraiment l'impression de lire la retranscription de post-its des scénaristes qui voulaient absolument que l'on soit bien sûr que l'on comprenne qu'elles sont en couple, qu'elles sont saphiques et tout et tout , ce qui est compréhensible si effectivement ils voulaient canoniser cette relation plus tôt et se lâchent enfin, mais là c'est vraiment surligné au feutre rouge et... bah j'ai pas vraiment l'impression de vivre cette relation avec ces personnages, plutôt de voir une liste de "raisons" pour laquelle elles sont bien ensemble. Alors que j'aime bien le couple !
Bon, la romance est bateau, mais quid du reste de l'album ? L'intrigue tourne autour de triades, d'une guerre de gangs au cœur de la ville. Cela sonne intéressant mais malheureusement je me suis profondément ennuyée. Pour tout dire, ma première lecture m'avait tellement ennuyée par le passé que j'ai redoutée ma relecture pour cet avis (j'ai même lu en diagonale vers la moitié, honte à moi). La romance mal gérée et rythmée c'est dommageable mais pardonnable, le scénario peu palpitant l'est moins. Bon, j'exagère un peu, c'est sans doute très personnel comme ressenti. Mais il n'empêche : je trouve l'histoire moyenne et peu passionnante, donc si je m'étais arrêtée à ce premier album, je ne sais pas si je serais allée jusqu' la troisième étoile.
Fort heureusement, le deuxième album rehausse le niveau. Celui-ci tourne autour du procès de Kuvira, une militaire ayant eu des envolées fascistes lors de la dernière saison et qui avait voulu unifier tous les territoires du Royaume de la Terre. Ici, on se centre sur le point de vue intéressant de cette ancienne antagoniste, pourtant intimement liée à des alliés de nos héros (enfant adoptée, pupille, …) qui doit faire face aux conséquences de ses actions et surtout l'impact sur les personnes auxquelles elle tient. L'antagoniste de l'album est un peu uni-dimensionnel mais marche dans sa représentation du spectre d'un coup d'état raté qui revient aujourd'hui hantée son ancienne instigatrice, et symbolise le fanatisme militaire refusant la défaite coûte que coûte. On apporte une conclusion à Kuvira et à sa relation avec Suyin et Baatar Jr, ce qui n'était pas nécessaire mais sincèrement bienvenu. Vraiment cet album est bien plus intéressant, pas révolutionnaire dans son scénario mais prenant.
(Et là, la relation Korra/Asami m'a parue plus naturelle !)
Je conseille volontiers la lecture de cette série d'albums aux personnes ayant aimé la série animée (avec une préférence pour le tome 2, d'autant qu'à part consolider la relation Korra/Asami le tome 1 reste assez anecdotique).
Je ne pense pas que quelqu'un ne connaissant pas déjà l'univers y trouvera un intérêt, cependant.
Je fais parti de cette génération qui a grandi avec la série animée "Avatar le dernier maître de l'air". Je ne manquais aucun épisode lorsque cela passait à la télé et, comme beaucoup, j'ai continué à grandement apprécier la série et son univers en grandissant. Alors, quand j'étais au collège et que l'on m'avait appris qu'il existait des comics étendant l'univers, j'avais sauté sur l'occasion. Bon, en vrai, je n'ai pas pu tout de suite sauté sur l'occasion, car lesdits comics n'ont rejoint "officiellement" nos vertes contrées que dernièrement. Je dis "officiellement", car j'ai tout de même eu recours au travail de traduction d'amateur-ice-s en lignes qui avaient justement décidé de partager les comics aux pays francophones. Cette première édition française est donc pour moi une relecture, ayant déjà lu les six tomes via scans il y a de cela des années.
Les six tomes en question reprennent juste après la fin de la série, il me paraît donc évident qu'il est préférable de connaître la série avant d'entamer la lecture. Chaque album est une histoire propre mais toutes se suivent et forment une narration filée. Le but de cette série est vraiment de proposer la suite d'Avatar (et de raconter les prémisses du monde de Korra, mais ça on en parlera plus tard).
Le premier tome est centré sur la problématique des colonies de la nation du feu sur le territoire du Royaume de la Terre et aborde des questions assez intéressantes, comme "que faire des populations désormais installées ici depuis plusieurs générations ?" et "que faire de son héritage culturel ?".
Le deuxième continue l'un des seuls fils narratifs directement nommés dans la série originale et qui n'avait pas encore reçu de conclusion : qu'est-il arrivé à la mère de Zuko et Azula ? Plus que cela, l'album va même chercher à répondre à une autre question, celle des origines. Les origines d'Ursa, leur mère, mais également de Zuko et d'Azula elleux-même. Sont-iels seulement frères et sœurs ? Sont-ce les liens du sang ou les choix qui forment une famille ? Bref, cet album est souvent considéré comme l'un des meilleurs de la série, je peux comprendre pourquoi.
Le troisième met en face en face les avancées scientifiques/technologiques et les habitudes passées. Le premier ne peut être empêché mais cela est-il pour autant forcément négatif ? Est-ce qu'être trop attaché aux rites anciens ne nous bloquerait pas ? Ou est-ce qu'au contraire les oublier trop vite ne nous mettrait-il pas potentiellement en danger ?
Le quatrième est plus terre à terre puisqu'il s'agit d'une histoire d'esprits démoniaques, d'enlèvements d'enfants et de complots. On s'interroge tout de même encore sur la famille, jusqu'où est-on prêt à aller pour les protéger ?
Le cinquième, comme le troisième, traite de l'avancée et de l'industrialisation contre les rites du passé, mais parvient tout de même à se démarquer en traitant également d'une lutte de pouvoir et d'une histoire d'amour.
Le sixième, lui, est beaucoup plus classique, m'a moins convaincue, mais sert surtout à préparer le terrain dans l'univers pour la série animée La Légende de Korra, qui fait suite à tout ceci (bon, suite après plusieurs années intra-diégétiques, hein, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit).
Mon résumé album par album était sans doute très (trop ?) fouillis et pas forcément très explicatif, mais je tenais vraiment à ne pas trop vous en révéler, si ce n'est sur les questionnements et réflexions développés dans ces histoires (l'univers a toujours aimé les réflexions poussées mais simples ramenées à des situations concrètes - concrètes dans un monde de fantasy ici, mais quand-même).
Les dessins ne m'ont pas forcément transcendée, je les trouve acceptables (à noter que le sixième album, bien qu'ayant été dessiné par la même personne ayant fait les autres, a un style assez différent - que je préfère, cela dit).
Conseillerais-je la lecture ? A des personnes ayant vu et apprécié la série d'origine, oui. On reste assez proche du type d'aventures que nos héros vivaient jusque là : des situations politiques et humaines complexes, une forme bon-enfant, des petits passages d'humour (principalement de répliques) et des questionnements moraux en veux-tu en voilà. La qualité est moindre que la série d'origine, la mise en scène différente (forcément, pas le même format), mais toujours de bonne facture.
Pour les personnes n'ayant pas aimé ou ne connaissant pas vraiment la série, non, je ne pense pas que la lecture soit ici très intéressante.
(Noté réelle 3,5)
2.5
J'ai mieux accroché à ce one-shot qu'à la relecture du mythe du minotaure par le même scénariste, mais cela ne m'a pas paru non plus comme un récit captivant.
Ça se laisse lire, mais j'aurais aimé être plus touché par ce récit parce que sur papier la fin est bien faite, mais je ne me suis pas attaché aux personnages alors je n'ai pas ressenti grand chose. Il faut dire que Pygmalion, du moins comment il est décrit ici (je ne me rappelle plus du mythe original), est un personnage trop égocentré pour être sympathique. J'ai aussi l'impression que le scénario ne faisait qu'effleurer les éléments du scénario parce qu'on saute rapidement d'une scène à l'autre alors qu'on aurait pu plus approfondir l'intrigue.
Encore une fois, je trouve que le dessin est meilleur qu'un scénario signé Le Tendre.
Plus de deux décennies après avoir scénarisés deux histoires utilisant la mythologie grec, Le Tendre refait le coup avec deux nouveaux one-shot.
Je n'ai pas été séduit par cette réinterprétation du mythe du minotaure. J'ai rien contre le fait d'humanisé des personnages de fictions connus uniquement pour des rôles de méchants, mais le traitement que fait le scénariste sur Astérios m'a semblé convenu et archi-prévisible. Ainsi le pauvre est persécuté depuis sa naissance et une des seules personnes gentilles avec lui est Ariane qui joue le rôle de la gentille fille qui est gentil avec le monstre et d'ailleurs toute sa personnalité tourne autour du fait qu'elle est gentille et puis c'est tout. Les personnages ne sont que des archétypes et en plus on ne voit le mythe d'Icare. J'aurais bien aimé voir comment allait être traité cette partie de la vie du Minotaure et ce n'est jamais arrivé.
Dommage parce que le dessin est pas mal et aurait pu servir une histoire plus passionnante à lire.
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Mara - Plus qu'humaine
Des superpouvoirs pour quoi faire ? - Il s'agit d'un récit complet, indépendant de tout autre, initialement paru sous la forme d'une minisérie en 6 épisodes en 2013, écrite par Brian Wood, dessinée et encrée par Ming Doyle et mise en couleurs par Jordie Bellaire. Dans un futur relativement lointain, Mara Prince est une jeune femme de 17 ans championne de volleyball. Dans ce futur aux réalités économiques peu reluisantes, le sport a pris une importance capitale dans les relations entre les nations, les sommes en jeu sont colossales et les sportifs de haut niveau sont des stars, bénéficiant de contrats mirifiques avec des sponsors, de leur propre chaîne de télévision à leur gloire, etc. Mara Prince est une star parmi les stars, richissime à million, inégalée dans ses capacités. Mais un jour lors d'un match hors tournoi, elle éprouve une étrange sensation lui permettant de se déplacer à une vitesse surhumaine et de passer de l'autre côté du filet pour faire dévier la balle venant juste de quitter les mains de la joueuse au service. Les caméras ont tout enregistré et la notoriété de Mara augmente encore. Par contre son avenir de sportive est compromis. Cette société maudit les tricheurs et les déchoit. Bien vite l'armée s'intéresse à Mara. Il lui reste à décider quoi faire de sa vie avec ses superpouvoirs d'une ampleur incommensurable. Brian Wood est un scénariste prolifique à la biographie impressionnante. On y trouve aussi bien des histoires pour des franchises comme X-Men (Alpha & Omega ou Primer), Star Wars (In the shadow of Yavin), ou encore Conan (Queen of the black coast). Il a déjà à son actif un grand nombre de séries originales ou d'histoires complètes : The New York Four, la série DMZ, la série de vikings Northlanders ou encore la série The massive (à commencer par Black Pacific). Il propose ici une histoire complète en 1 tome. Ce récit se décompose en 3 actes distincts : (1) la présentation de Mara en championne exceptionnelle et la société dans laquelle elle évolue, (2) la réaction de cette société à la découverte des pouvoirs de Mara, et (3) le choix de vie de Mara. La première partie laisse une impression mitigée entre reprise d'éléments déjà existants dans notre société (à commencer par le vedettariat sans borne des athlètes de haut niveau, au hasard dans le football), et immersion totale aux côtés de cette jeune femme compétente, motivée et très sympathique, un pur produit de la société dans laquelle elle a grandi et de l'éducation qu'elle a reçu. Brian Wood réussit à faire exister cette Mara et la société qui l'entoure en quelques pages, en montrant à quel point Mara est d'une efficacité exemplaire, et en illustrant la maxime qui veut que l'on se sent seul quand on est au sommet. Il sait montrer en quelques cases l'attachement qui unit Mara à Ingrid Seven, sa seconde dans l'équipe, mais aussi sa meilleure amie et confidente. Il n'y a à aucun moment une trace d'infantilisme ou de mièvrerie dans la manière dont elles se comportent. Ingrid apprécie Mara, elles partagent entre elles leurs expériences (en particulier sur l'art et la manière de maximiser les profits dans leurs contrats avec les sponsors), et il n'y a aucun doute qu'Ingrid a intégré que tant que Mara sera présente, elle sera à jamais la seconde meilleure. Brian Wood sait à partir de quelques dialogues et de quelques pensées intérieures, appuyées par quelques nouvelles brèves donner l'impression au lecteur de connaître les personnages et l'environnement dans lequel ils évoluent. Brian Wood n'est pas le premier scénariste à imaginer l'apparition de superpouvoirs dans un monde réel ou dans un futur proche (Warren Ellis avec sa trilogie Black Summer/ No hero / Supergod, ou encore John Arcudi avec A God somewhere). Il réussit à rendre la personnalité de Mara Prince très palpable et cohérente, et ses actions imprévisibles. Par contre la relative brièveté de l'histoire ne lui permet pas de développer pleinement les réactions de la société autour d'elle, ces dernières restent à l'état de ressort de l'intrigue, sans réelle épaisseur, sans servir de révélateur de cette société. Ming Doyle avait déjà adapté 2 livres de Cynthia Leitich Smith : Tantalize: Kieren's Story et Eternal: Zachary's Story. Il approche les dessins avec une optique naturaliste qui donne une apparence très prosaïque à ce qu'il dessine, malgré la composante de science-fiction. D'un certain côté cette façon de dessiner peut décevoir les lecteurs avides de spectaculaire ou de sensationnel, de l'autre elle ancre bien le ton du récit dans une forme de normalité. En particulier il a pris soin de donner une physiologie d'athlète à Mara (pas de poitrine surdimensionnée), ce qui participe pour beaucoup à conférer de la crédibilité au personnage. Les éléments visuels de science fiction restent très discrets : un stade à l'architecture inattendue, un modèle de voiture inhabituel, des tenues vestimentaires sortant de l'ordinaire (en particulier l'uniforme militaire). Doyle s'attache surtout à créer une mise en scène vivante et plausible, transcrivant clairement les actions de chaque personnage. De temps à autre, le lecteur pourra regretter qu'un personnage sur deux ait la bouche entrouverte dans une expression du visage peu parlante et peu naturelle. Quelques scènes souffrent également de décors trop sommaires. Au fil des pages, il devient surprenant que les noms des sponsors n'apparaissent pas de manière plus proéminente dans les images, par exemple sur les tenues des joueuses ou sur les parois des stades. Brian Wood et Ming Doyle proposent leur version de l'avènement d'un individu avec des superpouvoirs dans une société finalement proche de la nôtre. Ils réussissent à faire en sorte que Mara Prince s'incarne devant les yeux du lecteur ce qui génère son empathie et maintient son intérêt tout au long du récit. Le nombre de pages et les limites de Doyle ne permettent pas à l'environnement d'exister pleinement, ni de développer une approche plus étoffée de l'impact de Mara sur la société. L'histoire se termine de manière claire avec la décision de Mara quant à son avenir, il est possible d'y voir une allégorie sur le jeune adulte affirmant sa propre personnalité, achevant d'entrer dans l'âge adulte.
La Légende de Korra
La Légende de Korra est la suite de la série animée éponyme. Les deux séries (animée comme comics) sont des suites à la série animée "Avatar le dernier maître de l'air" (elle aussi continuée en série de comics prenant donc place dans la même continuité). Cette suite n'a duré que deux histoires, aux qualités variables. La première joue, d'une certaine manière, un rôle extradiégétique, à savoir consolider la relation Korra/Asami jetée à la volée du dernier épisode de la série animée, le groupe Nickoledeon faisant visiblement pressions aux créateurs qui voulaient l'implémenter plus tôt. Ce besoin de consolider cette relation à tout prix, même si cela se fait sans subtilité ou que cela s'insère bizarrement, c'est l'erreur fatale de cet album selon moi. J'aime bien ce couple et j'avais sincèrement voulu le voir être développé dans une suite après la série animée, mais j'avoue que là c'est un peu maladroit. J'ai vraiment l'impression de lire la retranscription de post-its des scénaristes qui voulaient absolument que l'on soit bien sûr que l'on comprenne qu'elles sont en couple, qu'elles sont saphiques et tout et tout , ce qui est compréhensible si effectivement ils voulaient canoniser cette relation plus tôt et se lâchent enfin, mais là c'est vraiment surligné au feutre rouge et... bah j'ai pas vraiment l'impression de vivre cette relation avec ces personnages, plutôt de voir une liste de "raisons" pour laquelle elles sont bien ensemble. Alors que j'aime bien le couple ! Bon, la romance est bateau, mais quid du reste de l'album ? L'intrigue tourne autour de triades, d'une guerre de gangs au cœur de la ville. Cela sonne intéressant mais malheureusement je me suis profondément ennuyée. Pour tout dire, ma première lecture m'avait tellement ennuyée par le passé que j'ai redoutée ma relecture pour cet avis (j'ai même lu en diagonale vers la moitié, honte à moi). La romance mal gérée et rythmée c'est dommageable mais pardonnable, le scénario peu palpitant l'est moins. Bon, j'exagère un peu, c'est sans doute très personnel comme ressenti. Mais il n'empêche : je trouve l'histoire moyenne et peu passionnante, donc si je m'étais arrêtée à ce premier album, je ne sais pas si je serais allée jusqu' la troisième étoile. Fort heureusement, le deuxième album rehausse le niveau. Celui-ci tourne autour du procès de Kuvira, une militaire ayant eu des envolées fascistes lors de la dernière saison et qui avait voulu unifier tous les territoires du Royaume de la Terre. Ici, on se centre sur le point de vue intéressant de cette ancienne antagoniste, pourtant intimement liée à des alliés de nos héros (enfant adoptée, pupille, …) qui doit faire face aux conséquences de ses actions et surtout l'impact sur les personnes auxquelles elle tient. L'antagoniste de l'album est un peu uni-dimensionnel mais marche dans sa représentation du spectre d'un coup d'état raté qui revient aujourd'hui hantée son ancienne instigatrice, et symbolise le fanatisme militaire refusant la défaite coûte que coûte. On apporte une conclusion à Kuvira et à sa relation avec Suyin et Baatar Jr, ce qui n'était pas nécessaire mais sincèrement bienvenu. Vraiment cet album est bien plus intéressant, pas révolutionnaire dans son scénario mais prenant. (Et là, la relation Korra/Asami m'a parue plus naturelle !) Je conseille volontiers la lecture de cette série d'albums aux personnes ayant aimé la série animée (avec une préférence pour le tome 2, d'autant qu'à part consolider la relation Korra/Asami le tome 1 reste assez anecdotique). Je ne pense pas que quelqu'un ne connaissant pas déjà l'univers y trouvera un intérêt, cependant.
Avatar - Le dernier maître de l'air
Je fais parti de cette génération qui a grandi avec la série animée "Avatar le dernier maître de l'air". Je ne manquais aucun épisode lorsque cela passait à la télé et, comme beaucoup, j'ai continué à grandement apprécier la série et son univers en grandissant. Alors, quand j'étais au collège et que l'on m'avait appris qu'il existait des comics étendant l'univers, j'avais sauté sur l'occasion. Bon, en vrai, je n'ai pas pu tout de suite sauté sur l'occasion, car lesdits comics n'ont rejoint "officiellement" nos vertes contrées que dernièrement. Je dis "officiellement", car j'ai tout de même eu recours au travail de traduction d'amateur-ice-s en lignes qui avaient justement décidé de partager les comics aux pays francophones. Cette première édition française est donc pour moi une relecture, ayant déjà lu les six tomes via scans il y a de cela des années. Les six tomes en question reprennent juste après la fin de la série, il me paraît donc évident qu'il est préférable de connaître la série avant d'entamer la lecture. Chaque album est une histoire propre mais toutes se suivent et forment une narration filée. Le but de cette série est vraiment de proposer la suite d'Avatar (et de raconter les prémisses du monde de Korra, mais ça on en parlera plus tard). Le premier tome est centré sur la problématique des colonies de la nation du feu sur le territoire du Royaume de la Terre et aborde des questions assez intéressantes, comme "que faire des populations désormais installées ici depuis plusieurs générations ?" et "que faire de son héritage culturel ?". Le deuxième continue l'un des seuls fils narratifs directement nommés dans la série originale et qui n'avait pas encore reçu de conclusion : qu'est-il arrivé à la mère de Zuko et Azula ? Plus que cela, l'album va même chercher à répondre à une autre question, celle des origines. Les origines d'Ursa, leur mère, mais également de Zuko et d'Azula elleux-même. Sont-iels seulement frères et sœurs ? Sont-ce les liens du sang ou les choix qui forment une famille ? Bref, cet album est souvent considéré comme l'un des meilleurs de la série, je peux comprendre pourquoi. Le troisième met en face en face les avancées scientifiques/technologiques et les habitudes passées. Le premier ne peut être empêché mais cela est-il pour autant forcément négatif ? Est-ce qu'être trop attaché aux rites anciens ne nous bloquerait pas ? Ou est-ce qu'au contraire les oublier trop vite ne nous mettrait-il pas potentiellement en danger ? Le quatrième est plus terre à terre puisqu'il s'agit d'une histoire d'esprits démoniaques, d'enlèvements d'enfants et de complots. On s'interroge tout de même encore sur la famille, jusqu'où est-on prêt à aller pour les protéger ? Le cinquième, comme le troisième, traite de l'avancée et de l'industrialisation contre les rites du passé, mais parvient tout de même à se démarquer en traitant également d'une lutte de pouvoir et d'une histoire d'amour. Le sixième, lui, est beaucoup plus classique, m'a moins convaincue, mais sert surtout à préparer le terrain dans l'univers pour la série animée La Légende de Korra, qui fait suite à tout ceci (bon, suite après plusieurs années intra-diégétiques, hein, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit). Mon résumé album par album était sans doute très (trop ?) fouillis et pas forcément très explicatif, mais je tenais vraiment à ne pas trop vous en révéler, si ce n'est sur les questionnements et réflexions développés dans ces histoires (l'univers a toujours aimé les réflexions poussées mais simples ramenées à des situations concrètes - concrètes dans un monde de fantasy ici, mais quand-même). Les dessins ne m'ont pas forcément transcendée, je les trouve acceptables (à noter que le sixième album, bien qu'ayant été dessiné par la même personne ayant fait les autres, a un style assez différent - que je préfère, cela dit). Conseillerais-je la lecture ? A des personnes ayant vu et apprécié la série d'origine, oui. On reste assez proche du type d'aventures que nos héros vivaient jusque là : des situations politiques et humaines complexes, une forme bon-enfant, des petits passages d'humour (principalement de répliques) et des questionnements moraux en veux-tu en voilà. La qualité est moindre que la série d'origine, la mise en scène différente (forcément, pas le même format), mais toujours de bonne facture. Pour les personnes n'ayant pas aimé ou ne connaissant pas vraiment la série, non, je ne pense pas que la lecture soit ici très intéressante. (Noté réelle 3,5)
Pygmalion et la vierge d'ivoire
2.5 J'ai mieux accroché à ce one-shot qu'à la relecture du mythe du minotaure par le même scénariste, mais cela ne m'a pas paru non plus comme un récit captivant. Ça se laisse lire, mais j'aurais aimé être plus touché par ce récit parce que sur papier la fin est bien faite, mais je ne me suis pas attaché aux personnages alors je n'ai pas ressenti grand chose. Il faut dire que Pygmalion, du moins comment il est décrit ici (je ne me rappelle plus du mythe original), est un personnage trop égocentré pour être sympathique. J'ai aussi l'impression que le scénario ne faisait qu'effleurer les éléments du scénario parce qu'on saute rapidement d'une scène à l'autre alors qu'on aurait pu plus approfondir l'intrigue. Encore une fois, je trouve que le dessin est meilleur qu'un scénario signé Le Tendre.
Astérios - Le Minotaure
Plus de deux décennies après avoir scénarisés deux histoires utilisant la mythologie grec, Le Tendre refait le coup avec deux nouveaux one-shot. Je n'ai pas été séduit par cette réinterprétation du mythe du minotaure. J'ai rien contre le fait d'humanisé des personnages de fictions connus uniquement pour des rôles de méchants, mais le traitement que fait le scénariste sur Astérios m'a semblé convenu et archi-prévisible. Ainsi le pauvre est persécuté depuis sa naissance et une des seules personnes gentilles avec lui est Ariane qui joue le rôle de la gentille fille qui est gentil avec le monstre et d'ailleurs toute sa personnalité tourne autour du fait qu'elle est gentille et puis c'est tout. Les personnages ne sont que des archétypes et en plus on ne voit le mythe d'Icare. J'aurais bien aimé voir comment allait être traité cette partie de la vie du Minotaure et ce n'est jamais arrivé. Dommage parce que le dessin est pas mal et aurait pu servir une histoire plus passionnante à lire.