Donc on pique le pognon de ton daron et on part jouer les cantinières sur le vieux continent ?
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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Sa première publication date de 2024. Il a été réalisé par Damien Martinière pour le scénario, Paul Bona pour les dessins, et Muge Qi pour la mise en couleurs. Il comprend cent-vingt-deux pages de bande dessinée.
Des ambitions trop grandes : L’art est un mensonge qui permet de dévoiler la vérité, Pablo Picasso. Réveillon de la Saint-Sylvestre, au lac des Fauves, Québec : tous les habitants sont réunis autour du lac en train d’admirer le tir du feu d’artifice, avec une glacière pour les boissons. Un van passe tranquillement sur la route, à son bord Nick Williams, sa fille Fiona et un oncle muet. Alors que le feu d’artifice continue de battre son plein, ils s’arrêtent devant la demeure de Girard, le maire. Ils dérobent plusieurs des tableaux accrochés aux murs, et ils repartent dans leur van sans avoir été inquiétés. Fiona trouve que les cambriolages c’est super physique en fait, et elle prend une lampée de whisky dans sa flasque. Son père lui fait remarquer que ce serait moins dur si elle n’était pas bourrée du matin au soir. Il explique que les caisses sont vides et qu’ils doivent s’ouvrir à de nouveaux business. Elle continue à se plaindre : ils auraient pu profiter du réveillon comme une famille normale. La dispute continue : son père lui reproche de n’avoir volé qu’un seul tableau alors qu’il avait dit deux par personne, elle propose des cookies au miel qu’elle a fait avec une nouvelle recette à base de sirop d’érable, son père les jette par la fenêtre, en ajoutant qu’il ne voit vraiment pas ce qu’il va faire d’elle.
Le lendemain, Jade Delâge, jeune adulte, a fini de purger sa peine de prison et elle sort de l’établissement de détention de Tanguay. Elle prend l’autocar. À la première station-service, elle achète un cola et un téléphone prépayé. De retour à sa place, elle appelle ses anciens comparses, mais ils se sont tous refait une vie rangée des voitures. Finalement, son téléphone sonne : Fiona Williams a réussi à avoir son numéro par Chris et elle lui propose de la rejoindre, et de s’associer à sa famille car ils sont sur un gros coup. Faute d’autre option, Jade accepte. Le lendemain, Phil, un jeune policier et Otto le chef de police de Lac des Fauves sont à bord du véhicule de service pour se rendre sur le lieu du vol de tableau. Le premier dit au second son plaisir de travailler avec le chef. Phil est sorti major de promo de l’école de police de Montréal, puis il a été sur le terrain quelques années, mais son épouse Marie voulait absolument s’installer à la campagne, pour le bébé, car il va être papa. Otto lui répond sèchement que ça ne l’intéresse pas de faire la causette avec lui. Il ajoute : qu’il soit gentil, qu’il la ferme et qu’il le laisse finir son soda. Quand il aura envie d’écouter des histoires, Otto allumera la radio. Ils arrivent à destination, et Otto salue le maire Girard, qui est un ami.
Un titre intriguant, une couverture bien sympathique entre mise en abîme du récit par le biais de peintures et évocation d’une affaire bien juteuse par le biais de la valise bourrée à craquer de billets. Le récit est découpé en trois chapitres, chacun avec une citation de peintre en exergue. Celle de Pablo Picasso pour le chapitre un. Une d’Edward Hooper : Si vous pouviez le dire avec des mots, il n’y aurait aucune raison de le peindre. Et une de Mark Rothko : Quand on peint les grands tableaux, quoi qu’on fasse, on est dedans. Elles viennent ainsi confirmer le potentiel d’une lecture au second degré où l’art sert de révélateur et de mode d’expression de choses indicibles. Tout commence par un casse : un vol de tableaux sans grand risque dans une riche propriété dont le système d’alarme est hors service car il n’a pas pu être réparé. Puis la jeune Jade Delâge se retrouve à devoir payer une dette à ce gang, petit (deux membres plus la fille Fiona) mais dangereux. La distribution de personnages reste de dimension raisonnable : Jade Delâge et son père Glenn, Fiona Williams et son père Nick avec leur acolyte, Otto le chef de la police et le jeune policier Phil avec sa femme enceinte Marie, le maire Girard, la docteure Céline Saint-Pierre également collectionneuse de tableaux, et quelques rôles très secondaires et autres figurants. Les deux jeunes femmes essayent de s’en sortir comme elles peuvent, ainsi que le jeune policier, dans un vrai polar où l’appât du gain constitue un moyen pour atteindre une vie meilleure.
Dès la première page, l’œil du lecteur est attiré par le choix des couleurs : un beau violet pour les reflets allumés par le feu d’artifice, complété par des reflets verts au sein de l’habitacle du van du fait du parebrise. Lors de sa sortie de l’établissement de détention, Jade Delâge baigne une lumière verte venant de sa doudoune, renforcée par le bleu-vert des murs du bâtiment. La séquence dans la demeure du maire baigne dans des nuances de rouge, de capucine à carmin. L’atelier de peintre de Glenn Delâge baigne dans une ambiance à base de nuances de vert. En extérieur, la couleur de la neige est également influencée par la nature de ce qui se déroule : blanche et pure, violette et propre à dissimuler des actions condamnables, bleu clair pour le milieu urbain, virant vers le mauve quand la nuit commence à s’installer, etc. Cette manière d’utiliser les couleurs s’applique également à la peau des personnages, pour leur visage, leurs mains. Incidemment, cela conduit le lecteur à établir un lien conscient ou inconscient entre des scènes traitées avec les mêmes couleurs. Pour un personnage en particulier, l’artiste utilise l’aquarelle pour le représenter, mettant ainsi en avant son caractère fantomatique car il est décédé.
Dès la première page, la personnalité graphique de l’artiste ressort ainsi par les couleurs. Elle se perçoit également dans la façon de dessiner les personnages et les décors. Il utilise un trait fin assez souple avec des contours majoritairement arrondis pour les personnages, parfois contrecarrés par des petits traits secs apparaissant assez contrariants. D’un côté, les traits de visage sont assez marqués ; de l’autre, ils sont aussi simplifiés, juste de gros points noirs pour les yeux, des nez un peu grossiers, une bouche avec deux zones blanches indistinctes pour les dents. Les éléments de décors oscillent entre des objets et des paysages esquissés (comme les sapins, la route, des cookies, une table de billard, etc.) et des aménagements avec des accessoires beaucoup plus précis (l’atelier de Glenn Delâge, la galerie d’exposition, le poste de police). Ces deux caractéristiques (traits de contour, niveau de détails) font parfois penser que la représentation correspond à la perception subjective que Jade Delâge peut avoir de ce qui l’entoure. Du coup, la narration visuelle peut sembler fluctuante, tout en étant d’une lisibilité qui peut faire penser à de la simplicité. Pour peu qu’il y soit sensible, le lecteur observe que l’artiste met en œuvre des techniques nombreuses et diversifiées : des cases avec une bordure rectangulaire soigneusement alignées, une case en insert, un dessin en pleine page, un plan de prise de vue bien construit pour une discussion entre deux personnages, un découpage sophistiqué en double page 72 & 73 avec une colonne de cases sans bordure à gauche et à droite pour les boniments de Jade Delâge et des cases avec bordure en format paysage au milieu pour moitié sur la page de gauche et pour l’autre moitié sur la page de droite, des pages en aquarelle, des cases en trapèze lors d’une attaque de chiens, des onomatopées pour des coups de feu en page 114, un découpage très dynamique pour une course-poursuite, etc.
Le lecteur a tôt fait de s’adapter aux idiosyncrasies de la narration visuelle et de se prendre d’une forme d’affection pour ces individus qui sont bien en peine de penser plus loin que le bout de leur nez, que ce soit Jade Delâge et son coup pour doubler le clan Williams, Fiona Williams et sa crise de rébellion d’enfant gâté à deux balles contre son père, la docteure Céline Saint-Pierre trop contente de faire une bonne affaire, ou même Phil aveuglée par sa droiture. Pas de doute, on est bien dans un polar qui ne ferme pas les yeux devant la bassesse humaine. Les auteurs ne se placent pas en donneur de leçon : ils montrent des êtres humains avec leurs faiblesses, leurs limitations, leur tendance irrépressible à reproduire les mêmes schémas de pensée, et les mêmes schémas d’action. Le lecteur a gardé à l’esprit le titre : trompe-l’œil. Il voit bien comment ce principe de peinture qui donne l’illusion de la réalité, de la dimension de profondeur, s’applique aux faux réalisés par le père de Jade Delâge. Il réalise que cette illusion s’applique également à la manière dont chaque personnage se représente la réalité : Jade s’illusionne sur le fait qu’elle peut avoir le dessus sur des adultes avec plus d’expérience et sans appréhension d’utiliser la force physique, comment sa copine Fiona s’illusionne sur sa liberté de penser sans influence de l’emprise paternelle, comment Nick Williams et Otto s’illusionnent sur la maîtrise qu’ils pensent avoir des événements. En même temps chaque personnage du mauvais côté de la loi met en œuvre sa propre stratégie en trompe-l’œil vis-à-vis de ceux qui l’entourent pour donner le change sur la réalité de leurs magouilles.
Une couverture très intrigante, entre monde de l’art et arnaque qui rapporte. Une fois plongée dans la lecture, la forte personnalité de la narration visuelle commence par déstabiliser un peu, avant de devenir évidente, diversifiée, exprimant bien la personnalité de chacun, et montrant bien chaque lieu. Le lecteur passe un bon moment à côtoyer ces criminels, arnaqueurs de plus ou moins petite envergure, se faisant vite une idée sur chacun, tout en ressentant leur point de vue d’être humain. Les auteurs racontent un vrai polar, nourri par le contexte aussi bien géographique que social, attestant que la cupidité est une valeur partagée par le plus grand nombre, et que Cupidité rime avec Stupidité.
L'histoire est intéressante mais parfois difficile à suivre. Une civilisation avancée contrôle les humains depuis un vaisseau spatial. Le chef programmeur, Kiroutz, influence les vies humaines en manipulant leur cerveau. Cependant, les raccourcis dans le récit rendent la compréhension parfois compliquée.
Les thèmes principaux de cette bande dessinée sont la jalousie et le contrôle. Kiroutz, malgré son rôle important, suscite la jalousie de ses collègues. Cela montre comment même dans une civilisation avancée, les émotions humaines comme la jalousie peuvent causer des problèmes.
Les personnages sont bien développés, surtout Kiroutz. Il est un chef programmeur talentueux mais doit faire face à la jalousie de ses collègues. Les autres personnages ne sont pas aussi détaillés, ce qui rend difficile de s'attacher à eux.
Les dessins de Marie-Christine Demeure sont beaux et détaillés. Ils ajoutent beaucoup à l'histoire et aident à visualiser le monde complexe de la bande dessinée. Cependant, parfois, les illustrations peuvent être un peu confuses, ce qui n'aide pas à clarifier le scénario
Philippe Esnos est mort en 2020 mais c'était un vrai chasseur de trésors, épaves submergées et autres tombeaux disparus au fin fond de la jungle. C'est après l'avoir rencontré que Jérôme Félix a eu l'envie de raconter sa vie avant de se décider plutôt à bénéficier de ses conseils pour raconter une histoire fictive sur un trésor dont la légende est bien réelle et qu'Esnos a cherché pendant vingt ans : le trésor de l'Inca Athualpa, des centaines de tonnes d'or cachées à l'époque du conquistador Pizarro.
Ce récit se déroule en 1902 et s'entame quand la pauvre servante irlandaise reçoit en héritage un collier inca et une lettre indiquant la route à suivre pour atteindre le fameux trésor. Trahie par l'explorateur sans scrupule à qui elle confie cette formidable carte, elle décide de partir à sa poursuite jusqu'en Equateur. Là-bas on trouvera un autre personnage, aventurier vétéran et lui aussi sans guère de scrupule, qui va croiser la route des deux autres, pour le mal du premier et peut-être le bien de la seconde.
C'est un récit d'aventure à l'ancienne qui nous est offert, avec un grand soin apporté au réalisme et à la documentation historique et géographique. Les personnages sont originaux et intéressants, et l'absence de manichéisme est appréciable. C'est bigrement intéressant de voir comment les choses pouvaient se dérouler à cette époque pourtant pas si lointaine, avec ses bons et ses mauvais côtés, et comment un pauvre irlandaise pouvait aboutir à participer à une aventure digne d'un fameux archéologue aventurier.
Le graphisme est très académique. Des couleurs plus modernes masquent un peu cet aspect mais il se révèle parfois presque désuet dans son style, avec quelques poses un peu trop figées. J'apprécie son côté réaliste et plusieurs beaux paysages et vues d'ensemble qu'il nous offre, mais je ne suis pas vraiment tombé sous son charme.
Du fait de sa recherche de réalisme, le rythme de cette aventure au départ dense et plutôt intense se tasse dans le second tome. Et la fin parait même un peu décousue, avec un long épilogue où l'on finit par se perdre. Tout cela garde un belle crédibilité mais aussi une fin amère qui laisse sur une frustration, non pas parce que l'aventure n'y était pas mais parce qu'elle mène sur une impasse presque laborieuse qui tranche avec l'engouement du premier tome.
Je ne connaissais pas le nom de Nellie Bly mais l'acte raconté dans cette BD, si ! Et j'ai eu grand plaisir à lire cette BD parce qu'elle constitue une excellente adaptation biographique de cette dame assez incroyable.
Je n'ai découvert qu'elle était dessinée par Carole Maurel qu'après avoir commencé, mais j'ai immédiatement reconnu son dessin que j'affectionne tant (et que je trouve encore une fois parfaitement adapté au récit. J'ai souvent coutume de louer son dessin coloré, il est ici moins chargé niveau couleur chaude, mais les couleurs froides qui l'ont remplacés ne sont pas en reste. Et c'est tout aussi bien dessiné, retransmettant l'horreur d'un centre pour femme "folle".
Comme mentionné plus haut, l'histoire est biographique mais c'est loin d'être le truc lourd et didactique annoncé de façon chronologique. L'histoire se construit d'une part autour de sa plongée dans l'asile de Blackwell, d'autre part en remontant le fil de sa vie par des scènes, expliquant son parcours et justifiant de son engagement. En même temps, à 23 ans elle envoie déjà, la madame ! Le genre de femme pas trop dans la norme de son époque et qui se bat pour montrer les injustices au monde. C'est fascinant de voir comment elle se développe en caractère, mais c'est aussi édifiant de voir ce qu'elle découvre derrière la façade lisse et propre de la charité.
La BD est efficace dans son idée, puisqu'elle ne développe que cet épisode en journalisme d'immersion, donnant un aperçu de sa vie mais laissant la porte ouverte aux recherches. Nous ne voyons ici que le début de sa vie, et franchement un tome 2 pourrait être possible lorsqu'on voit la vie qu'elle eut par la suite ! (wikipedia est assez bien fait sur le sujet)
En tout cas, c'est le genre de BD inspirante qui donne envie d'être lue. J'ai beaucoup aimé, c'est très clair dans l'histoire et dans le message, et ça donne des modèles féminins à tous les enfants. Des modèles qui sortent de l'ordinaire et qui rappellent qu'on peut agir à bien des échelles !
J’ai plutôt aimé cette lecture. Mais sans doute pas autant que je l’espérais, au vu du sujet.
Le dessin de Lelis est original. Avec un Noir et Blanc rageur, nerveux, il se dégage de ces « ratures » quelque chose de plus lisible que ce que l’on ressent au premier abord. Mais j’ai aussi trouvé que ce style collait parfaitement à la fois au sujet, mais aussi au destin du héros, très très noir.
Parmi les choses intéressantes du récit, il y a bien sûr la condition ouvrière au tournant des XIXème et XXème siècles, que ce soient dans les mines (premier tiers de l’album) et parmi le lumpen prolétariat de Paris par la suite, puisque Marcel, notre héros ayant fui sa condition « héréditaire » de mineur pour tenter une émancipation sur Paris, tâte par la suite pour survivre de tous les boulots les plus durs.
L’autre intérêt pour moi, c’est de voir mêlée à cette histoire l’action de groupes anarchistes sur Paris, qui pratiquent la « reprise individuelle », avec pas mal de choses rappelant le très beau roman de Darien « Le voleur » (d’ailleurs cité dans la bibliographie finale – qui confirme au passage que les auteurs se sont bien documentés).
Plusieurs choses me font ne mettre « que » trois étoiles. D’abord j’aurais aimé voir plus développée cette action anarchiste, finalement rapidement mise de côté.
Ensuite le personnage de Marcel n’est pas suffisamment attachant. Il m’est apparu un peu trop « détaché » de tout, même lorsque pointent ses convictions politiques – à part quelques moments, comme lorsqu’il se veut pur parmi les purs en refusant de faire des « victimes » innocentes, prolétariennes, lorsque le groupe d’anarchistes qu’il a rejoint se lance dans des actions plus violentes que les simples cambriolages. Et la fin – pourtant pas improbable – renferme trop Marcel dans son destin, reste trop négative (mais là c’est affaire de goût personnel), même si elle reste finalement dans la noirceur et la réalité de l’époque.
Mais ça reste quand même une lecture agréable.
Note réelle 3,5/5.
L'Adaptation d'un roman de Yasmina Khadra.
Un postulat de départ intéressant, la guerre du golfe vue de l'intérieur, par un jeune bédouin. Il vit avec sa famille et ses amis dans un petit village rural de l'Irak.
Un récit intéressant qui pousse à la réflexion sur les conséquences de la guerre, la violence et la haine, mais surtout sur l'occupation étrangère, notamment lorsque celle-ci est d'une culture diamétralement opposée. Et le décalage entre ces deux civilisations va produire un sacrilège, notre jeune bédouin va voir la verge de son père lors d'une fouille musclée des soldats américains. Et chez les bédouins, ce crime doit être puni par le sang.
Notre jeune homme va partir pour Bagdad et doucement être endoctriné par une mouvance rebelle qui le prépare pour un attentat.
Une narration maîtrisée, elle prend son temps pour dépeindre le climat qui régnait à cette période, elle nous permet de cerner ces hommes fiers et humiliés, et de suivre le parcours de notre jeune homme, de le voir ainsi basculer dans le terrorisme.
L'album se termine sur une note d'optimisme d'une certaine façon.
Autant j'ai été convaincu par le scénario de Winoc, autant son dessin n'est pas ma tasse de thé. Un style réaliste un peu trop figé à mon goût, une mise en page un peu trop sage, par contre j'ai aimé le choix des couleurs.
Une lecture recommandable.
Tome 1
Comme certains ici, je n'ai pas vu venir cet album, et pourtant, je surveille constamment les sorties des bandes dessinées. Il a fallu que mon libraire attire mon attention sur ce titre pour titiller ma curiosité (merci au passage, pour le travail de ces libraires indépendants).
Avant tout, il faut souligner la qualité éditoriale de l'ouvrage : dos toilé, cahier graphique à un prix très abordable.
Et puis, après la forme, il y a le fond, l'histoire à proprement dite qui se révèle originale et prenante. Imaginez que New York soit devenue subitement désertée suite à l'incapacité de l'armée US à éliminer King Kong. Il fallait oser et Eric Hérenguel, à qui l'on doit déjà le très remarqué Lune d'argent sur Providence l'a fait.
En plaçant son histoire en 1947, il nous offre un scénario habile qui m'a fait songer à Mark Schultz ("Chroniques de l’ère xénozoïque", que j'avais adoré). L'album est truffé de références et se lit avec plaisir voire avec une certaine jubilation.
Sans se prendre au sérieux, Hérenguel régale le lecteur avec des plans audacieux, des dialogues qui font mouche et un dessin dynamique.
J'ai été tellement emballé par cet album (dessin et scénario) que je me suis empressé d’acquérir la version n&b, déclinée sous un format comics, en deux volumes et en anglais.
C'est, à mon avis, une des meilleures surprises inattendues de cette rentrée.
J'en conseille fortement la lecture.
tome 2 -Hudson Megalodon
Avec ce tome 2, d'une série qui en comptera 3, Eric Hérenguel continue à nous offrir sa vision délirante mais jubilatoire d'un New York dévasté par notamment un King Kong qui défie toute l'armée américaine. Cela peut paraître glauque dit comme cela, mais pas du tout. Le récit est drôle, les dialogues bien enlevés et Eric Hérenguel nous présente ici un certain nombre de personnages et de telles aventures qu'on se demande comment il va boucler son récit. C'est un véritable feu d'artifice : de Spit, le teckel à Virgil, en passant par Jonas et Irvin, Betty, la fille du colonel, les mystérieuses amazones, sans oublier King Kong, nous suivons avec intérêt leurs aventures.
Décomposé en 4 chapitres (dont les 2 premiers ont déjà été publiés en n&b et en anglais dans un format comics), cet album m'a enchanté.
Un récit drôle, surprenant et intriguant, le tout avec un superbe dessin, bref que demander de plus, à part... la suite.
Jubilatoire vous dis-je !
tome 3
Clap de fin avec ce troisième volume, enfin pas si sûr !
En effet, je doutais qu'Eric Hérenguel puisse boucler l'ensemble des intrigues développées dans les deux premiers albums à savoir
la recherche de de Spit,le teckel les mésaventures de Virgil, de Jonas et d'Irvin, de Betty, la fille du colonel, et les mystérieuses amazones, sans oublier King Kong,
Et bien si! non seulement Eric Hérenquel apporte une touche finale à ces différentes intrigues, mais nous il offre , en plus, un rebondissement à la dernière page qui pourrait relancer la série, bien que cette trilogie se suffise vraiment en elle-même.
Quel prodige!
J'ai adoré cette série, qui m'a fait passé un excellent moment.
Certains ont pu la qualifier de bd Pop corn mais elle est plus que cela, elle est jubilatoire!
A la manière d'Hergé avec "l'île Noire", l'auteur use de manière malicieuse de coupure de presse pour annoncer sa conclusion.
Une série réjouissante à plus d'un titre, et qui mérite toute votre attention.
Je ne suis vraiment pas le centre de la cible pour cette série. Joséphine pourrait être ma fille. Pourtant j'aime bien le travail de Pénélope Bagieu. J'aime surtout sa façon légère et piquante de manier l'autodérision. Il faut un certain talent pour traiter sur plusieurs albums d'un thème aussi futile que la culotte de cheval de son héroïne. Pour moi c'est typiquement la lecture de salle d'attente qui fait sourire et oublier la fraise du dentiste à venir. On commence et on laisse sans regret même si Bagieu donne une certaine cohérence et continuité dans les histoires de cœur de sa Joséphine.
Son dessin est souple et léger et convient très bien à des planches de magazines.
Un moment récréatif sans plus qui tourne un peu en rond mais que l'on pioche sans y prendre garde, un peu comme des cacahuètes. 2.5
J'ai beaucoup aimé cette lecture. Emmanuel Lepage a été mandaté par un collectif écolo et anti nucléaire pour nous faire frémir sur les conséquences de la catastrophe de 1986. Lepage ,dans ses documentaires, à la volonté d'être autant acteur que témoin. Cela explique à mes yeux cette première partie où il est au centre de la narration. J'ai trouvé cela un peu lourd dans d'autres séries mais pas ici. En effet une grande partie de la série m'a replongé dans l'ambiance Covid. Le choix que doit faire Lepage et ses compagnons face au Césium m'a rappelé le choix que certains professionnels ou bénévoles ont du faire au début de l'épidémie. Comment gérer une angoisse face à un ennemi invisible qui peut détruire votre relation aux autres et surtout peut dangereusement affecter votre environnement affectif. Prendre un risque pour soi c'est être courageux, ramener ce risque à la maison , c'est un autre questionnement.
La partie ukrainienne possède une construction très intelligente. On commence classiquement par une vision dystopique d'espaces vides, d'hommes en armes, de friches industrielles pleines de fantômes qui dansent sur la musique des crépitements des compteurs radioactifs. Mais en même temps que la neige fond un vent nouveau pousse l'auteur dans la rencontre avec les survivants qui ont décidé de rester sur place. Ces rencontres permettent à Lepage de rendre hommage à ces centaines de milliers de volontaires soviétiques devenus des "liquidateurs" pour minimiser les effets de la catastrophe au péril de leurs vies pour sauver les nôtres. Pas de cannibales à la Mc Carthy ici, mais des hommes simples et marqués à qui Lepage donnent un visage avec beaucoup de respect. Le récit prend alors une direction inattendue pour l'œil de l'artiste qui découvre une vie nouvelle colorée, riante et amicale dans cette zone bannie.
L'excellence du graphisme de Lepage n'est plus à démontrer. L'auteur abandonne le monde de la mer pour peindre avec le même bonheur trains, villages ou villes abandonnées. Il réussit à se mettre en scène d'une façon crédible comme personnage qui s'approprie petit à petit son environnement au milieu d'un danger invisible. Ses portraits nombreux donnent beaucoup de vie à un espace que l'on n'imagine pas ainsi. D'un témoignage descriptif et technique , Lepage passe petit à petit à un témoignage qui met l'humain au premier plan avec la multiplication des réunions enjouées de son groupe avec les habitants de la région.
Une lecture importante pour se faire une idée non fantasmée des conséquences d'un accident nucléaire de première importance. Lecture servie et soutenue par un très beau graphisme.
Tout tourne autour d’une adolescente, Mélinda, à la fois héroïne et narratrice d’une histoire triste et hélas encore et toujours d’actualité. La majeure partie de l’album nous la montre mutique sombrant dans une forme d’asociabilité, se mettant ou étant mise à l’écart, jusqu’à souffrir de harcèlement (alors même que sa « vie familiale » est atone, voire anxiogène).
Mais l’essentiel est ailleurs, car Mélinda a vécu un drame (je n’en dis pas plus, mais on devine de quoi il retourne très rapidement, même si ça n’est véritablement dit que dans les dernières pages) qui explique sa situation et son comportement. Il sous-tend aussi le titre et la fin du récit, lorsque les digues se rompent et que la victime « parle », hurle.
J’ai trouvé que le sujet était traité de façon pudique, sans exagérer le pathos, et que l’histoire pouvait avoir un rôle de détonateur pour ceux et celles qui ont souffert des mêmes crimes.
De plus – c’est évidemment secondaire, mais ça aide aussi à rendre fluide et agréable ce récit – Mélinda étant nauséeuse, aigrie, dépressive, elle voit tout en noir. Et du coup son regard sur le fonctionnement de son lycée est acerbe, avec quelques passages ironiques ou vitriol sur les « clubs » ‘comme celui des « Marthas »), les pompom girls, et plus généralement tous les phénomènes de cour. Refusant l’aveuglement général, refusant de rentrer dans « le moule », elle écorne le monde de bisounours : ne cherchant pas à plaire, elle dézingue ceux qui deviennent esclaves de leur image (sa « copine » Heather en particulier).
Une forte pagination, mais ça se lit très vite (pas beaucoup de texte finalement, et un sujet douloureux traité de façon fluide).
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Donc on pique le pognon de ton daron et on part jouer les cantinières sur le vieux continent ? - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Sa première publication date de 2024. Il a été réalisé par Damien Martinière pour le scénario, Paul Bona pour les dessins, et Muge Qi pour la mise en couleurs. Il comprend cent-vingt-deux pages de bande dessinée. Des ambitions trop grandes : L’art est un mensonge qui permet de dévoiler la vérité, Pablo Picasso. Réveillon de la Saint-Sylvestre, au lac des Fauves, Québec : tous les habitants sont réunis autour du lac en train d’admirer le tir du feu d’artifice, avec une glacière pour les boissons. Un van passe tranquillement sur la route, à son bord Nick Williams, sa fille Fiona et un oncle muet. Alors que le feu d’artifice continue de battre son plein, ils s’arrêtent devant la demeure de Girard, le maire. Ils dérobent plusieurs des tableaux accrochés aux murs, et ils repartent dans leur van sans avoir été inquiétés. Fiona trouve que les cambriolages c’est super physique en fait, et elle prend une lampée de whisky dans sa flasque. Son père lui fait remarquer que ce serait moins dur si elle n’était pas bourrée du matin au soir. Il explique que les caisses sont vides et qu’ils doivent s’ouvrir à de nouveaux business. Elle continue à se plaindre : ils auraient pu profiter du réveillon comme une famille normale. La dispute continue : son père lui reproche de n’avoir volé qu’un seul tableau alors qu’il avait dit deux par personne, elle propose des cookies au miel qu’elle a fait avec une nouvelle recette à base de sirop d’érable, son père les jette par la fenêtre, en ajoutant qu’il ne voit vraiment pas ce qu’il va faire d’elle. Le lendemain, Jade Delâge, jeune adulte, a fini de purger sa peine de prison et elle sort de l’établissement de détention de Tanguay. Elle prend l’autocar. À la première station-service, elle achète un cola et un téléphone prépayé. De retour à sa place, elle appelle ses anciens comparses, mais ils se sont tous refait une vie rangée des voitures. Finalement, son téléphone sonne : Fiona Williams a réussi à avoir son numéro par Chris et elle lui propose de la rejoindre, et de s’associer à sa famille car ils sont sur un gros coup. Faute d’autre option, Jade accepte. Le lendemain, Phil, un jeune policier et Otto le chef de police de Lac des Fauves sont à bord du véhicule de service pour se rendre sur le lieu du vol de tableau. Le premier dit au second son plaisir de travailler avec le chef. Phil est sorti major de promo de l’école de police de Montréal, puis il a été sur le terrain quelques années, mais son épouse Marie voulait absolument s’installer à la campagne, pour le bébé, car il va être papa. Otto lui répond sèchement que ça ne l’intéresse pas de faire la causette avec lui. Il ajoute : qu’il soit gentil, qu’il la ferme et qu’il le laisse finir son soda. Quand il aura envie d’écouter des histoires, Otto allumera la radio. Ils arrivent à destination, et Otto salue le maire Girard, qui est un ami. Un titre intriguant, une couverture bien sympathique entre mise en abîme du récit par le biais de peintures et évocation d’une affaire bien juteuse par le biais de la valise bourrée à craquer de billets. Le récit est découpé en trois chapitres, chacun avec une citation de peintre en exergue. Celle de Pablo Picasso pour le chapitre un. Une d’Edward Hooper : Si vous pouviez le dire avec des mots, il n’y aurait aucune raison de le peindre. Et une de Mark Rothko : Quand on peint les grands tableaux, quoi qu’on fasse, on est dedans. Elles viennent ainsi confirmer le potentiel d’une lecture au second degré où l’art sert de révélateur et de mode d’expression de choses indicibles. Tout commence par un casse : un vol de tableaux sans grand risque dans une riche propriété dont le système d’alarme est hors service car il n’a pas pu être réparé. Puis la jeune Jade Delâge se retrouve à devoir payer une dette à ce gang, petit (deux membres plus la fille Fiona) mais dangereux. La distribution de personnages reste de dimension raisonnable : Jade Delâge et son père Glenn, Fiona Williams et son père Nick avec leur acolyte, Otto le chef de la police et le jeune policier Phil avec sa femme enceinte Marie, le maire Girard, la docteure Céline Saint-Pierre également collectionneuse de tableaux, et quelques rôles très secondaires et autres figurants. Les deux jeunes femmes essayent de s’en sortir comme elles peuvent, ainsi que le jeune policier, dans un vrai polar où l’appât du gain constitue un moyen pour atteindre une vie meilleure. Dès la première page, l’œil du lecteur est attiré par le choix des couleurs : un beau violet pour les reflets allumés par le feu d’artifice, complété par des reflets verts au sein de l’habitacle du van du fait du parebrise. Lors de sa sortie de l’établissement de détention, Jade Delâge baigne une lumière verte venant de sa doudoune, renforcée par le bleu-vert des murs du bâtiment. La séquence dans la demeure du maire baigne dans des nuances de rouge, de capucine à carmin. L’atelier de peintre de Glenn Delâge baigne dans une ambiance à base de nuances de vert. En extérieur, la couleur de la neige est également influencée par la nature de ce qui se déroule : blanche et pure, violette et propre à dissimuler des actions condamnables, bleu clair pour le milieu urbain, virant vers le mauve quand la nuit commence à s’installer, etc. Cette manière d’utiliser les couleurs s’applique également à la peau des personnages, pour leur visage, leurs mains. Incidemment, cela conduit le lecteur à établir un lien conscient ou inconscient entre des scènes traitées avec les mêmes couleurs. Pour un personnage en particulier, l’artiste utilise l’aquarelle pour le représenter, mettant ainsi en avant son caractère fantomatique car il est décédé. Dès la première page, la personnalité graphique de l’artiste ressort ainsi par les couleurs. Elle se perçoit également dans la façon de dessiner les personnages et les décors. Il utilise un trait fin assez souple avec des contours majoritairement arrondis pour les personnages, parfois contrecarrés par des petits traits secs apparaissant assez contrariants. D’un côté, les traits de visage sont assez marqués ; de l’autre, ils sont aussi simplifiés, juste de gros points noirs pour les yeux, des nez un peu grossiers, une bouche avec deux zones blanches indistinctes pour les dents. Les éléments de décors oscillent entre des objets et des paysages esquissés (comme les sapins, la route, des cookies, une table de billard, etc.) et des aménagements avec des accessoires beaucoup plus précis (l’atelier de Glenn Delâge, la galerie d’exposition, le poste de police). Ces deux caractéristiques (traits de contour, niveau de détails) font parfois penser que la représentation correspond à la perception subjective que Jade Delâge peut avoir de ce qui l’entoure. Du coup, la narration visuelle peut sembler fluctuante, tout en étant d’une lisibilité qui peut faire penser à de la simplicité. Pour peu qu’il y soit sensible, le lecteur observe que l’artiste met en œuvre des techniques nombreuses et diversifiées : des cases avec une bordure rectangulaire soigneusement alignées, une case en insert, un dessin en pleine page, un plan de prise de vue bien construit pour une discussion entre deux personnages, un découpage sophistiqué en double page 72 & 73 avec une colonne de cases sans bordure à gauche et à droite pour les boniments de Jade Delâge et des cases avec bordure en format paysage au milieu pour moitié sur la page de gauche et pour l’autre moitié sur la page de droite, des pages en aquarelle, des cases en trapèze lors d’une attaque de chiens, des onomatopées pour des coups de feu en page 114, un découpage très dynamique pour une course-poursuite, etc. Le lecteur a tôt fait de s’adapter aux idiosyncrasies de la narration visuelle et de se prendre d’une forme d’affection pour ces individus qui sont bien en peine de penser plus loin que le bout de leur nez, que ce soit Jade Delâge et son coup pour doubler le clan Williams, Fiona Williams et sa crise de rébellion d’enfant gâté à deux balles contre son père, la docteure Céline Saint-Pierre trop contente de faire une bonne affaire, ou même Phil aveuglée par sa droiture. Pas de doute, on est bien dans un polar qui ne ferme pas les yeux devant la bassesse humaine. Les auteurs ne se placent pas en donneur de leçon : ils montrent des êtres humains avec leurs faiblesses, leurs limitations, leur tendance irrépressible à reproduire les mêmes schémas de pensée, et les mêmes schémas d’action. Le lecteur a gardé à l’esprit le titre : trompe-l’œil. Il voit bien comment ce principe de peinture qui donne l’illusion de la réalité, de la dimension de profondeur, s’applique aux faux réalisés par le père de Jade Delâge. Il réalise que cette illusion s’applique également à la manière dont chaque personnage se représente la réalité : Jade s’illusionne sur le fait qu’elle peut avoir le dessus sur des adultes avec plus d’expérience et sans appréhension d’utiliser la force physique, comment sa copine Fiona s’illusionne sur sa liberté de penser sans influence de l’emprise paternelle, comment Nick Williams et Otto s’illusionnent sur la maîtrise qu’ils pensent avoir des événements. En même temps chaque personnage du mauvais côté de la loi met en œuvre sa propre stratégie en trompe-l’œil vis-à-vis de ceux qui l’entourent pour donner le change sur la réalité de leurs magouilles. Une couverture très intrigante, entre monde de l’art et arnaque qui rapporte. Une fois plongée dans la lecture, la forte personnalité de la narration visuelle commence par déstabiliser un peu, avant de devenir évidente, diversifiée, exprimant bien la personnalité de chacun, et montrant bien chaque lieu. Le lecteur passe un bon moment à côtoyer ces criminels, arnaqueurs de plus ou moins petite envergure, se faisant vite une idée sur chacun, tout en ressentant leur point de vue d’être humain. Les auteurs racontent un vrai polar, nourri par le contexte aussi bien géographique que social, attestant que la cupidité est une valeur partagée par le plus grand nombre, et que Cupidité rime avec Stupidité.
Les sentinelles - Transfert
L'histoire est intéressante mais parfois difficile à suivre. Une civilisation avancée contrôle les humains depuis un vaisseau spatial. Le chef programmeur, Kiroutz, influence les vies humaines en manipulant leur cerveau. Cependant, les raccourcis dans le récit rendent la compréhension parfois compliquée. Les thèmes principaux de cette bande dessinée sont la jalousie et le contrôle. Kiroutz, malgré son rôle important, suscite la jalousie de ses collègues. Cela montre comment même dans une civilisation avancée, les émotions humaines comme la jalousie peuvent causer des problèmes. Les personnages sont bien développés, surtout Kiroutz. Il est un chef programmeur talentueux mais doit faire face à la jalousie de ses collègues. Les autres personnages ne sont pas aussi détaillés, ce qui rend difficile de s'attacher à eux. Les dessins de Marie-Christine Demeure sont beaux et détaillés. Ils ajoutent beaucoup à l'histoire et aident à visualiser le monde complexe de la bande dessinée. Cependant, parfois, les illustrations peuvent être un peu confuses, ce qui n'aide pas à clarifier le scénario
L'Or du bout du monde
Philippe Esnos est mort en 2020 mais c'était un vrai chasseur de trésors, épaves submergées et autres tombeaux disparus au fin fond de la jungle. C'est après l'avoir rencontré que Jérôme Félix a eu l'envie de raconter sa vie avant de se décider plutôt à bénéficier de ses conseils pour raconter une histoire fictive sur un trésor dont la légende est bien réelle et qu'Esnos a cherché pendant vingt ans : le trésor de l'Inca Athualpa, des centaines de tonnes d'or cachées à l'époque du conquistador Pizarro. Ce récit se déroule en 1902 et s'entame quand la pauvre servante irlandaise reçoit en héritage un collier inca et une lettre indiquant la route à suivre pour atteindre le fameux trésor. Trahie par l'explorateur sans scrupule à qui elle confie cette formidable carte, elle décide de partir à sa poursuite jusqu'en Equateur. Là-bas on trouvera un autre personnage, aventurier vétéran et lui aussi sans guère de scrupule, qui va croiser la route des deux autres, pour le mal du premier et peut-être le bien de la seconde. C'est un récit d'aventure à l'ancienne qui nous est offert, avec un grand soin apporté au réalisme et à la documentation historique et géographique. Les personnages sont originaux et intéressants, et l'absence de manichéisme est appréciable. C'est bigrement intéressant de voir comment les choses pouvaient se dérouler à cette époque pourtant pas si lointaine, avec ses bons et ses mauvais côtés, et comment un pauvre irlandaise pouvait aboutir à participer à une aventure digne d'un fameux archéologue aventurier. Le graphisme est très académique. Des couleurs plus modernes masquent un peu cet aspect mais il se révèle parfois presque désuet dans son style, avec quelques poses un peu trop figées. J'apprécie son côté réaliste et plusieurs beaux paysages et vues d'ensemble qu'il nous offre, mais je ne suis pas vraiment tombé sous son charme. Du fait de sa recherche de réalisme, le rythme de cette aventure au départ dense et plutôt intense se tasse dans le second tome. Et la fin parait même un peu décousue, avec un long épilogue où l'on finit par se perdre. Tout cela garde un belle crédibilité mais aussi une fin amère qui laisse sur une frustration, non pas parce que l'aventure n'y était pas mais parce qu'elle mène sur une impasse presque laborieuse qui tranche avec l'engouement du premier tome.
Nellie Bly - Dans l'antre de la folie
Je ne connaissais pas le nom de Nellie Bly mais l'acte raconté dans cette BD, si ! Et j'ai eu grand plaisir à lire cette BD parce qu'elle constitue une excellente adaptation biographique de cette dame assez incroyable. Je n'ai découvert qu'elle était dessinée par Carole Maurel qu'après avoir commencé, mais j'ai immédiatement reconnu son dessin que j'affectionne tant (et que je trouve encore une fois parfaitement adapté au récit. J'ai souvent coutume de louer son dessin coloré, il est ici moins chargé niveau couleur chaude, mais les couleurs froides qui l'ont remplacés ne sont pas en reste. Et c'est tout aussi bien dessiné, retransmettant l'horreur d'un centre pour femme "folle". Comme mentionné plus haut, l'histoire est biographique mais c'est loin d'être le truc lourd et didactique annoncé de façon chronologique. L'histoire se construit d'une part autour de sa plongée dans l'asile de Blackwell, d'autre part en remontant le fil de sa vie par des scènes, expliquant son parcours et justifiant de son engagement. En même temps, à 23 ans elle envoie déjà, la madame ! Le genre de femme pas trop dans la norme de son époque et qui se bat pour montrer les injustices au monde. C'est fascinant de voir comment elle se développe en caractère, mais c'est aussi édifiant de voir ce qu'elle découvre derrière la façade lisse et propre de la charité. La BD est efficace dans son idée, puisqu'elle ne développe que cet épisode en journalisme d'immersion, donnant un aperçu de sa vie mais laissant la porte ouverte aux recherches. Nous ne voyons ici que le début de sa vie, et franchement un tome 2 pourrait être possible lorsqu'on voit la vie qu'elle eut par la suite ! (wikipedia est assez bien fait sur le sujet) En tout cas, c'est le genre de BD inspirante qui donne envie d'être lue. J'ai beaucoup aimé, c'est très clair dans l'histoire et dans le message, et ça donne des modèles féminins à tous les enfants. Des modèles qui sortent de l'ordinaire et qui rappellent qu'on peut agir à bien des échelles !
Gueule noire
J’ai plutôt aimé cette lecture. Mais sans doute pas autant que je l’espérais, au vu du sujet. Le dessin de Lelis est original. Avec un Noir et Blanc rageur, nerveux, il se dégage de ces « ratures » quelque chose de plus lisible que ce que l’on ressent au premier abord. Mais j’ai aussi trouvé que ce style collait parfaitement à la fois au sujet, mais aussi au destin du héros, très très noir. Parmi les choses intéressantes du récit, il y a bien sûr la condition ouvrière au tournant des XIXème et XXème siècles, que ce soient dans les mines (premier tiers de l’album) et parmi le lumpen prolétariat de Paris par la suite, puisque Marcel, notre héros ayant fui sa condition « héréditaire » de mineur pour tenter une émancipation sur Paris, tâte par la suite pour survivre de tous les boulots les plus durs. L’autre intérêt pour moi, c’est de voir mêlée à cette histoire l’action de groupes anarchistes sur Paris, qui pratiquent la « reprise individuelle », avec pas mal de choses rappelant le très beau roman de Darien « Le voleur » (d’ailleurs cité dans la bibliographie finale – qui confirme au passage que les auteurs se sont bien documentés). Plusieurs choses me font ne mettre « que » trois étoiles. D’abord j’aurais aimé voir plus développée cette action anarchiste, finalement rapidement mise de côté. Ensuite le personnage de Marcel n’est pas suffisamment attachant. Il m’est apparu un peu trop « détaché » de tout, même lorsque pointent ses convictions politiques – à part quelques moments, comme lorsqu’il se veut pur parmi les purs en refusant de faire des « victimes » innocentes, prolétariennes, lorsque le groupe d’anarchistes qu’il a rejoint se lance dans des actions plus violentes que les simples cambriolages. Et la fin – pourtant pas improbable – renferme trop Marcel dans son destin, reste trop négative (mais là c’est affaire de goût personnel), même si elle reste finalement dans la noirceur et la réalité de l’époque. Mais ça reste quand même une lecture agréable. Note réelle 3,5/5.
Les Sirènes de Bagdad
L'Adaptation d'un roman de Yasmina Khadra. Un postulat de départ intéressant, la guerre du golfe vue de l'intérieur, par un jeune bédouin. Il vit avec sa famille et ses amis dans un petit village rural de l'Irak. Un récit intéressant qui pousse à la réflexion sur les conséquences de la guerre, la violence et la haine, mais surtout sur l'occupation étrangère, notamment lorsque celle-ci est d'une culture diamétralement opposée. Et le décalage entre ces deux civilisations va produire un sacrilège, notre jeune bédouin va voir la verge de son père lors d'une fouille musclée des soldats américains. Et chez les bédouins, ce crime doit être puni par le sang. Notre jeune homme va partir pour Bagdad et doucement être endoctriné par une mouvance rebelle qui le prépare pour un attentat. Une narration maîtrisée, elle prend son temps pour dépeindre le climat qui régnait à cette période, elle nous permet de cerner ces hommes fiers et humiliés, et de suivre le parcours de notre jeune homme, de le voir ainsi basculer dans le terrorisme. L'album se termine sur une note d'optimisme d'une certaine façon. Autant j'ai été convaincu par le scénario de Winoc, autant son dessin n'est pas ma tasse de thé. Un style réaliste un peu trop figé à mon goût, une mise en page un peu trop sage, par contre j'ai aimé le choix des couleurs. Une lecture recommandable.
The Kong Crew
Tome 1 Comme certains ici, je n'ai pas vu venir cet album, et pourtant, je surveille constamment les sorties des bandes dessinées. Il a fallu que mon libraire attire mon attention sur ce titre pour titiller ma curiosité (merci au passage, pour le travail de ces libraires indépendants). Avant tout, il faut souligner la qualité éditoriale de l'ouvrage : dos toilé, cahier graphique à un prix très abordable. Et puis, après la forme, il y a le fond, l'histoire à proprement dite qui se révèle originale et prenante. Imaginez que New York soit devenue subitement désertée suite à l'incapacité de l'armée US à éliminer King Kong. Il fallait oser et Eric Hérenguel, à qui l'on doit déjà le très remarqué Lune d'argent sur Providence l'a fait. En plaçant son histoire en 1947, il nous offre un scénario habile qui m'a fait songer à Mark Schultz ("Chroniques de l’ère xénozoïque", que j'avais adoré). L'album est truffé de références et se lit avec plaisir voire avec une certaine jubilation. Sans se prendre au sérieux, Hérenguel régale le lecteur avec des plans audacieux, des dialogues qui font mouche et un dessin dynamique. J'ai été tellement emballé par cet album (dessin et scénario) que je me suis empressé d’acquérir la version n&b, déclinée sous un format comics, en deux volumes et en anglais. C'est, à mon avis, une des meilleures surprises inattendues de cette rentrée. J'en conseille fortement la lecture. tome 2 -Hudson Megalodon Avec ce tome 2, d'une série qui en comptera 3, Eric Hérenguel continue à nous offrir sa vision délirante mais jubilatoire d'un New York dévasté par notamment un King Kong qui défie toute l'armée américaine. Cela peut paraître glauque dit comme cela, mais pas du tout. Le récit est drôle, les dialogues bien enlevés et Eric Hérenguel nous présente ici un certain nombre de personnages et de telles aventures qu'on se demande comment il va boucler son récit. C'est un véritable feu d'artifice : de Spit, le teckel à Virgil, en passant par Jonas et Irvin, Betty, la fille du colonel, les mystérieuses amazones, sans oublier King Kong, nous suivons avec intérêt leurs aventures. Décomposé en 4 chapitres (dont les 2 premiers ont déjà été publiés en n&b et en anglais dans un format comics), cet album m'a enchanté. Un récit drôle, surprenant et intriguant, le tout avec un superbe dessin, bref que demander de plus, à part... la suite. Jubilatoire vous dis-je ! tome 3 Clap de fin avec ce troisième volume, enfin pas si sûr ! En effet, je doutais qu'Eric Hérenguel puisse boucler l'ensemble des intrigues développées dans les deux premiers albums à savoir la recherche de de Spit,le teckel les mésaventures de Virgil, de Jonas et d'Irvin, de Betty, la fille du colonel, et les mystérieuses amazones, sans oublier King Kong, Et bien si! non seulement Eric Hérenquel apporte une touche finale à ces différentes intrigues, mais nous il offre , en plus, un rebondissement à la dernière page qui pourrait relancer la série, bien que cette trilogie se suffise vraiment en elle-même. Quel prodige! J'ai adoré cette série, qui m'a fait passé un excellent moment. Certains ont pu la qualifier de bd Pop corn mais elle est plus que cela, elle est jubilatoire! A la manière d'Hergé avec "l'île Noire", l'auteur use de manière malicieuse de coupure de presse pour annoncer sa conclusion. Une série réjouissante à plus d'un titre, et qui mérite toute votre attention.
Joséphine
Je ne suis vraiment pas le centre de la cible pour cette série. Joséphine pourrait être ma fille. Pourtant j'aime bien le travail de Pénélope Bagieu. J'aime surtout sa façon légère et piquante de manier l'autodérision. Il faut un certain talent pour traiter sur plusieurs albums d'un thème aussi futile que la culotte de cheval de son héroïne. Pour moi c'est typiquement la lecture de salle d'attente qui fait sourire et oublier la fraise du dentiste à venir. On commence et on laisse sans regret même si Bagieu donne une certaine cohérence et continuité dans les histoires de cœur de sa Joséphine. Son dessin est souple et léger et convient très bien à des planches de magazines. Un moment récréatif sans plus qui tourne un peu en rond mais que l'on pioche sans y prendre garde, un peu comme des cacahuètes. 2.5
Un printemps à Tchernobyl
J'ai beaucoup aimé cette lecture. Emmanuel Lepage a été mandaté par un collectif écolo et anti nucléaire pour nous faire frémir sur les conséquences de la catastrophe de 1986. Lepage ,dans ses documentaires, à la volonté d'être autant acteur que témoin. Cela explique à mes yeux cette première partie où il est au centre de la narration. J'ai trouvé cela un peu lourd dans d'autres séries mais pas ici. En effet une grande partie de la série m'a replongé dans l'ambiance Covid. Le choix que doit faire Lepage et ses compagnons face au Césium m'a rappelé le choix que certains professionnels ou bénévoles ont du faire au début de l'épidémie. Comment gérer une angoisse face à un ennemi invisible qui peut détruire votre relation aux autres et surtout peut dangereusement affecter votre environnement affectif. Prendre un risque pour soi c'est être courageux, ramener ce risque à la maison , c'est un autre questionnement. La partie ukrainienne possède une construction très intelligente. On commence classiquement par une vision dystopique d'espaces vides, d'hommes en armes, de friches industrielles pleines de fantômes qui dansent sur la musique des crépitements des compteurs radioactifs. Mais en même temps que la neige fond un vent nouveau pousse l'auteur dans la rencontre avec les survivants qui ont décidé de rester sur place. Ces rencontres permettent à Lepage de rendre hommage à ces centaines de milliers de volontaires soviétiques devenus des "liquidateurs" pour minimiser les effets de la catastrophe au péril de leurs vies pour sauver les nôtres. Pas de cannibales à la Mc Carthy ici, mais des hommes simples et marqués à qui Lepage donnent un visage avec beaucoup de respect. Le récit prend alors une direction inattendue pour l'œil de l'artiste qui découvre une vie nouvelle colorée, riante et amicale dans cette zone bannie. L'excellence du graphisme de Lepage n'est plus à démontrer. L'auteur abandonne le monde de la mer pour peindre avec le même bonheur trains, villages ou villes abandonnées. Il réussit à se mettre en scène d'une façon crédible comme personnage qui s'approprie petit à petit son environnement au milieu d'un danger invisible. Ses portraits nombreux donnent beaucoup de vie à un espace que l'on n'imagine pas ainsi. D'un témoignage descriptif et technique , Lepage passe petit à petit à un témoignage qui met l'humain au premier plan avec la multiplication des réunions enjouées de son groupe avec les habitants de la région. Une lecture importante pour se faire une idée non fantasmée des conséquences d'un accident nucléaire de première importance. Lecture servie et soutenue par un très beau graphisme.
Speak
Tout tourne autour d’une adolescente, Mélinda, à la fois héroïne et narratrice d’une histoire triste et hélas encore et toujours d’actualité. La majeure partie de l’album nous la montre mutique sombrant dans une forme d’asociabilité, se mettant ou étant mise à l’écart, jusqu’à souffrir de harcèlement (alors même que sa « vie familiale » est atone, voire anxiogène). Mais l’essentiel est ailleurs, car Mélinda a vécu un drame (je n’en dis pas plus, mais on devine de quoi il retourne très rapidement, même si ça n’est véritablement dit que dans les dernières pages) qui explique sa situation et son comportement. Il sous-tend aussi le titre et la fin du récit, lorsque les digues se rompent et que la victime « parle », hurle. J’ai trouvé que le sujet était traité de façon pudique, sans exagérer le pathos, et que l’histoire pouvait avoir un rôle de détonateur pour ceux et celles qui ont souffert des mêmes crimes. De plus – c’est évidemment secondaire, mais ça aide aussi à rendre fluide et agréable ce récit – Mélinda étant nauséeuse, aigrie, dépressive, elle voit tout en noir. Et du coup son regard sur le fonctionnement de son lycée est acerbe, avec quelques passages ironiques ou vitriol sur les « clubs » ‘comme celui des « Marthas »), les pompom girls, et plus généralement tous les phénomènes de cour. Refusant l’aveuglement général, refusant de rentrer dans « le moule », elle écorne le monde de bisounours : ne cherchant pas à plaire, elle dézingue ceux qui deviennent esclaves de leur image (sa « copine » Heather en particulier). Une forte pagination, mais ça se lit très vite (pas beaucoup de texte finalement, et un sujet douloureux traité de façon fluide).