Je pense que je n'avais jamais encore lu de BD chinoise. Je voulais un peu de voyage et j'ai bien été transporté dans un ailleurs. On est ici plongés dans une ruelle hors du temps, où les histoires se croisent et s’entrelacent avec une poésie qui oscille entre douceur et mélancolie.
Les dessins jouent un rôle clé, avec un trait fin et des couleurs douces, comme passées par le temps. On sent que tout est pensé pour créer une cohérence, une unité qui fait de cette ruelle un personnage à part entière.
Les contes, eux, sont inégaux. Certains marquent par leur poésie ou leur originalité, d’autres semblent plus rapides, presque anecdotiques. Mais l’ensemble fonctionne, porté par cette ambiance qui donne envie de ralentir, de prendre le temps de regarder les détails. Les pavés, les murs, les fenêtres racontent presque autant que les personnages eux-mêmes.
Un album qui m'a fait spontanément baisser le rythme pour l'appréhender sans précipitation, et qui laisse un sentiment de calme. Pas un chef-d’œuvre, mais une belle lecture qui sait capter l’attention sans en faire trop. Une ruelle qu’on aurait envie de retrouver, pour s’y perdre un peu plus longtemps. En tous cas je suis sûr que j'y reviendrai.
Ne boudons pas notre plaisir.
D'abord les points négatifs, histoire de les évacuer :
1) les scènes d'actions parfois durent à lire avec des mises en pages pas fluide (ça s'améliore à partir du tome 5)
2) on revient sur un pré-ado, une princesse à sauver-protéger et une fille ultra-sexy un peu poupée Barbie
3) des incohérences, ou des compromis, pour que l'histoire avance vite
4) des personnages pas assez travaillés psychologiquement, c'est souvent simplet
Les points positifs à présent :
1) Des dessins très beaux et des planches noir& blancs très réussies (le dessinateur excelle dans les squelettes !)
2) un univers un peu fourre-tout improbable qui pourtant fonctionne très bien (post apocalyptique, fantastique à la Lovecraft, avec une dose d'heroic-fantasy, western)
3) un rythme digne d'un bon page-turner
4) des personnages funs graphiquement (j'ai bien aimé le mercenaire emprunté à Durango de Swolfs, en version manga)
5) un côté dark fantasy très assumé avec des aspects très gores (parfois trop pour moi) qui donnent une épaisseur lugubre à l'univers. Le chapitre d'ouverture du manga donne le ton.
Un bon mélange de genres ! Allez je le redis : ne boudons pas notre plaisir !
Un road movie touchant et relativement atypique dans son déroulement.
Astucieusement les personnages croisés, et le voyage un peu erratique du héros, nous donne une certaine vision du Brésil.
Ca pourrait être une histoire scénarisée par Cosey : il y a beaucoup d'humanité qui se dégage dans les personnages ; la tendresse et la mélancolie n'étant jamais très loin. Ça m'a également fait penser a Portugal de Cyril Pedrosa, je trouve qu'il y a un lien, tant graphique que sur le fonctionnement de l'histoire.
Nous voilà vite embarqué dans ce voyage sur une partie du Brésil (que les distances sont grandes pour un français !) et les dessins, la mise en page et la colorisation y font beaucoup.
Je rejoins les 2 avis précédents dans leurs ressentis.
J'avais beaucoup d'appréhension avant de lire ce livre, et la curiosité a été plus forte. J’ai sincèrement voulu me laisser embarquer, mais non, ça n’a pas pris. L’idée de suivre ces échanges épistolaires entre deux artistes, entre deux âmes qui se cherchent et se révèlent à travers leurs mots et leurs dessins, ça a de quoi séduire. Je comprends que certains puissent être touchés, même bouleversés, par cette mise à nu, par cette sensibilité à fleur de peau. Mais pour moi, c’est resté à distance. Impossible de me connecter à ce qu’ils voulaient transmettre.
Le récit joue beaucoup sur l’émotion brute, sur cette envie de creuser les failles, de montrer que l’art peut naître là où ça fait mal. Mais à force d’être dans l’intime, dans une forme d’élan un peu désordonné, j’ai trouvé que ça manquait de structure, d’un fil conducteur qui m’aurait permis de m’accrocher. Les grandes envolées sur la création, la vie, les douleurs profondes… ça peut marcher si on y croit. Mais ici, ça m’a laissé froid.
Graphiquement, il y a de belles choses. Des dessins qui oscillent entre la douceur et l’intensité, des mises en page qui cherchent à surprendre. Mais là encore, je n’ai pas ressenti cette étincelle qui transforme une belle image en émotion pure. J’ai eu l’impression d’être un spectateur extérieur, face à un dialogue qui ne m’était pas destiné.
C’est le genre d’œuvre qui peut vibrer pour ceux qui partagent cette sensibilité-là, qui sont prêts à plonger dans cet univers introspectif et fragmenté. Personnellement, je suis complètement passé à côté. Pas faute d’avoir essayé, mais parfois, ça ne fonctionne tout simplement pas. Et c’est peut-être ça aussi, Perpendiculaire au soleil : une expérience qui ne se vit pas de la même manière selon qui on est.
Compliqué de devoir mettre une note quand on est passé aussi loin, mais oui, ce qui me reste à la fin est au mieux un "Bof, sans plus".
Ca y'est, c'est fait, j'ai lu L'incal. Une série absente de ma biblio municipale d'enfance et que je n'ai ensuite jamais eu l'occasion de trouver chez mes amis BDphiles. Aucune occasion mais aussi une sincère appréhension : j'avais vraiment peur d'être déçu. L’Incal, c’est tellement une référence qu’on arrive presque en terrain hostile, avec cette peur de ne pas y trouver ce que tout le monde semble y voir. Et puis, dès les premières pages, il se passe quelque chose. Ce n’est pas juste une histoire, c’est une explosion de créativité, un délire visuel et narratif qui déborde de partout. On est projeté dans un univers où rien n’a l’air d’avoir de limites, ni dans l’imaginaire, ni dans les thèmes abordés.
Le scénario de Jodorowsky, c’est un grand bazar organisé (comme souvent). On passe d’une intrigue métaphysique à des courses-poursuites délirantes, des réflexions sur le pouvoir, la religion, la technologie… et on a l’impression que tout ça pourrait s’écrouler sous son propre poids, mais non. Ça tient, parce que ça ose tout. Le héros, John Difool, est un anti-héros parfait, paumé, lâche, mais terriblement humain. À travers lui, on explore un monde qui ne cesse de surprendre. Tout semble surchargé, mais chaque détail compte.
Et puis il y a Moebius. Son dessin est juste incroyable, cette capacité à rendre palpable un univers aussi délirant. J'ai beaucoup aimé ce sens du détail qui donne de la profondeur à ce chaos organisé avec un trait en même temps si épuré. Les décors futuristes, les personnages improbables, les couleurs presque psychédéliques… c’est un vrai bonbon visuel, mais qui reste lisible et fluide. Je comprends aujourd'hui l’influence de cette œuvre sur beaucoup d’autres.
Il y a des moments où je me suis un peu perdu, où le récit devient presque trop dense, mais ce n’est pas grave. C'est plus une expérience qu'une histoire. En tous cas c'est comme cela que je l'ai lu et vécu. L’Incal ne cherche pas à plaire à tout le monde, et c’est précisément pour ça que ça fonctionne. Finalement, pas déçu du tout. Complètement embarqué, même. Une claque.
Ce qui est marquant avec cette série, c’est à quel point on est en terrain connu, et pourtant ça fonctionne. En tous cas pour moi. Du pur Heroic Fantasy, avec ses mercenaires cabossés, ses quêtes désespérées, et cette ambiance lourde où chaque décision ressemble à un ultime pari. Oui, ça respire les codes du genre, et on ne peut pas s’empêcher de penser à une certaine histoire d’anneaux et de destins tragiques. Un groupe hétéroclite, des tensions internes, une mission impossible dans un monde sombre… on a déjà vu ça. Le coup des cavaliers cagoulés et des gars planqués sous une souche en bord de route, là on est clairement dans la reprise assumée. Mais c'est là où ça marche je trouve, Wollodrïn ne prétend pas réinventer la roue mais assume de jouer complètement avec le genre. Ce classicisme assumé et revendiqué est ce que j'étais venu chercher et que j'ai effectivement trouvé.
L’univers est solide, cohérent, avec ce qu’il faut de créatures effrayantes, de paysages grandioses, et de batailles brutales. C’est du classique, oui, mais bien fait. On sent que les auteurs aiment le genre, et ça se voit dans les détails : les personnages ont de la profondeur, même les plus clichés, et les dialogues sonnent juste, sans en faire des caisses.
Ce que j’ai apprécié, c’est justement cette absence de prétention. On sait où on va, et pourtant, on prend plaisir à suivre cette troupe de condamnés qui se déchirent autant qu’ils se soutiennent. Les influences sont là, évidentes, mais ça ne tombe jamais dans la copie pure. Jérôme Lereculey apporte un vrai souffle graphique, avec un dessin précis et dynamique qui donne du relief aux scènes d’action et de tension. Les couleurs, souvent sombres et terreuses, renforcent cette atmosphère de fin du monde où chaque pas peut être le dernier.
Même si le scénario est parfois un peu prévisible, ça ne m'a pas vraiment dérangé. On n’est pas là pour être surpris, mais pour ressentir, pour s’immerger dans ce monde dur et impitoyable. Et là-dessus, Wollodrïn réussit son pari. C’est du Heroic Fantasy pur jus, classique jusqu’à l’os, mais c’est fait avec sincérité et respect pour le genre. Et franchement, ça fait du bien de se laisser emporter dans ce type d’histoire, même si on connaît déjà les grandes lignes. Parfois, le classique a du bon.
C’est toujours délicat de conclure une saga aussi marquante, surtout quand on parle d’un monument comme La Quête de l'Oiseau du Temps et que l'on conclut un cycle 20 ans après son début. Avec le dernier tome, le cycle Avant la quête réussit à boucler la boucle en se connectant parfaitement au cycle originel, tout en apportant sa propre identité. Le lien avec le début de la série des années 80 est évident, et la modernité de ce second cycle, tant dans le ton que dans le dessin, en fait une vraie réussite à mes yeux.
Avec ce préquel on a le temps de s'attarder un peu sur les origines des personnages et du monde qu’ils habitent. On a le temps d'approfondir durant les 8 tomes et on découvre des facettes nouvelles et des enjeux complexes qui donnent une profondeur supplémentaire à l’intrigue. Le ton est plus grave que dans le cycle originel. Ce n’est plus seulement une aventure épique, c’est un récit humain et politique, avec des moments de pause qui permettent de s’imprégner de l’ambiance et de vivre avec eux, même dans des planches où l’action se fait discrète.
Le défi du changement de dessinateurs entre les séries mais aussi entre les tomes de cette série était de taille, mais il a été relevé avec brio je trouve. Je suis toujours épaté de voir comment les dessinateurs peuvent reprendre l'esprit d'un autre en ajoutant leur patte avec parcimonie. Cette cohérence est certainement due à une direction artistique soignée. Vincent Mallié, en particulier, s’est illustré avec des planches somptueuses qui capturent l’essence de cet univers, même si elles s’éloignent de la patte brute et inimitable de Loisel.
On reste quand même dans une continuité qui ne trahit pas l’esprit de l’œuvre originale.
Certes, ce n’est pas le sommet du premier cycle, mais ce préquel parvient à enrichir l’œuvre originale tout en s’en démarquant par une approche plus moderne et nuancée. Ce n’est peut-être pas l’explosion narrative et émotionnelle du premier cycle, mais c’est une belle conclusion qui apporte une nouvelle lumière sur l’ensemble de la saga. Une extension incontournable pour les amateurs de cet univers, à la fois fidèle et audacieuse.
La couverture du tome 1 donnait plutôt envie, mais des critiques lues ailleurs m'invitaient déjà à la plus grande réserve.
La déception domine définitivement et pourtant l'horizon d'attente était fort modeste.
L'histoire policière autour du satanisme est assez laborieuse : les éléments s'imbriquent maladroitement (évolutions de l'enquête, relation au père, place de la religion et notamment de cette radio omniprésente...), la gestion du rythme est à revoir, surtout, les illustrations sont si figées que tout sonne faux.
Un joli ratage, fastidieux à lire et très oubliable ; surprenant au regard des ingrédients ouvrant la voie à un diptyque espéré efficace.
Assez jolie BD dystopique de Corbeyran et Colline.
L'idée principale est de poser une tonalité légère et décalée sur un scénario dystopique sombre très balisé "à la 1984".
Visuellement, Colline s'appuie sur une rondeur rétro davantage attendue du côté de la BD jeunesse, tandis que Corbeyran glisse des éléments à la naïveté poétique, généralement charmants (l'invisibilité, les romances, la surprise dans le quartier général du pouvoir...), parfois maladroits (l'apologie du tabac, le discours globalement misogyne).
Le revers de cette touche jeunesse est naturellement de manquer d'ambition et de subversion. Ainsi les propos sur le travail, la surveillance, l'écologie, le militantisme... n'offusqueront personne tant ils ne s'appliquent qu'à cet univers dystopique. La conclusion est sur ce point aussi géniale que décevante : charmante et inoffensive à souhait, aboutissant à la même conclusion que le nihilisme absolu de La Route, mais via un mécanisme inverse, à de la dystopie ne dénonçant plus rien à force de s'offrir comme purement dystopique, creuse et détachée du réel.
L'efficacité du récit et l'originalité de la vision permettent de passer un bon moment, qui font passer la colère sourde de voir détourné et relativisé tout contre-discours.
Comme souvent dans ces essais analysant les points de vue de figures célèbres, l'idée est de vulgariser un discours élitiste, pointu ou militant en développant son propos à partir de figures très grand public (Disney notamment, cela aurait pu être Star Wars ou Harry Potter comme il a été fait en philo).
Cette BD documentaire féministe fait ce que l'on attend d'elle, mais sans convaincre véritablement. Par manque d'humour, par militantisme trop édulcoré, du fait d'une construction en chapitres créant artificiellement une redondance contre-productive donnant à tort l'impression que le discours féministe est largement diffusé, également du fait de la relative faiblesse des textes prolongeant la réflexion (prolonger est un bien grand mot, paraphraser est plus approprié).
Bien que cela existe, mais vitesse et précipitation ont été confondues : paraître en plein #MeToo était pour sûr une belle idée éditoriale, mais prendre le temps de construire ces BD afin d'en améliorer la pertinence, travailler l'humour, servir la légitime colère eut été préférable. A quand un bon éditeur permettant d'éviter ces erreurs bien excusables ?
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Les Contes de la ruelle
Je pense que je n'avais jamais encore lu de BD chinoise. Je voulais un peu de voyage et j'ai bien été transporté dans un ailleurs. On est ici plongés dans une ruelle hors du temps, où les histoires se croisent et s’entrelacent avec une poésie qui oscille entre douceur et mélancolie. Les dessins jouent un rôle clé, avec un trait fin et des couleurs douces, comme passées par le temps. On sent que tout est pensé pour créer une cohérence, une unité qui fait de cette ruelle un personnage à part entière. Les contes, eux, sont inégaux. Certains marquent par leur poésie ou leur originalité, d’autres semblent plus rapides, presque anecdotiques. Mais l’ensemble fonctionne, porté par cette ambiance qui donne envie de ralentir, de prendre le temps de regarder les détails. Les pavés, les murs, les fenêtres racontent presque autant que les personnages eux-mêmes. Un album qui m'a fait spontanément baisser le rythme pour l'appréhender sans précipitation, et qui laisse un sentiment de calme. Pas un chef-d’œuvre, mais une belle lecture qui sait capter l’attention sans en faire trop. Une ruelle qu’on aurait envie de retrouver, pour s’y perdre un peu plus longtemps. En tous cas je suis sûr que j'y reviendrai.
The Arms Peddler
Ne boudons pas notre plaisir. D'abord les points négatifs, histoire de les évacuer : 1) les scènes d'actions parfois durent à lire avec des mises en pages pas fluide (ça s'améliore à partir du tome 5) 2) on revient sur un pré-ado, une princesse à sauver-protéger et une fille ultra-sexy un peu poupée Barbie 3) des incohérences, ou des compromis, pour que l'histoire avance vite 4) des personnages pas assez travaillés psychologiquement, c'est souvent simplet Les points positifs à présent : 1) Des dessins très beaux et des planches noir& blancs très réussies (le dessinateur excelle dans les squelettes !) 2) un univers un peu fourre-tout improbable qui pourtant fonctionne très bien (post apocalyptique, fantastique à la Lovecraft, avec une dose d'heroic-fantasy, western) 3) un rythme digne d'un bon page-turner 4) des personnages funs graphiquement (j'ai bien aimé le mercenaire emprunté à Durango de Swolfs, en version manga) 5) un côté dark fantasy très assumé avec des aspects très gores (parfois trop pour moi) qui donnent une épaisseur lugubre à l'univers. Le chapitre d'ouverture du manga donne le ton. Un bon mélange de genres ! Allez je le redis : ne boudons pas notre plaisir !
Ivo a mis les voiles
Un road movie touchant et relativement atypique dans son déroulement. Astucieusement les personnages croisés, et le voyage un peu erratique du héros, nous donne une certaine vision du Brésil. Ca pourrait être une histoire scénarisée par Cosey : il y a beaucoup d'humanité qui se dégage dans les personnages ; la tendresse et la mélancolie n'étant jamais très loin. Ça m'a également fait penser a Portugal de Cyril Pedrosa, je trouve qu'il y a un lien, tant graphique que sur le fonctionnement de l'histoire. Nous voilà vite embarqué dans ce voyage sur une partie du Brésil (que les distances sont grandes pour un français !) et les dessins, la mise en page et la colorisation y font beaucoup. Je rejoins les 2 avis précédents dans leurs ressentis.
Perpendiculaire au soleil
J'avais beaucoup d'appréhension avant de lire ce livre, et la curiosité a été plus forte. J’ai sincèrement voulu me laisser embarquer, mais non, ça n’a pas pris. L’idée de suivre ces échanges épistolaires entre deux artistes, entre deux âmes qui se cherchent et se révèlent à travers leurs mots et leurs dessins, ça a de quoi séduire. Je comprends que certains puissent être touchés, même bouleversés, par cette mise à nu, par cette sensibilité à fleur de peau. Mais pour moi, c’est resté à distance. Impossible de me connecter à ce qu’ils voulaient transmettre. Le récit joue beaucoup sur l’émotion brute, sur cette envie de creuser les failles, de montrer que l’art peut naître là où ça fait mal. Mais à force d’être dans l’intime, dans une forme d’élan un peu désordonné, j’ai trouvé que ça manquait de structure, d’un fil conducteur qui m’aurait permis de m’accrocher. Les grandes envolées sur la création, la vie, les douleurs profondes… ça peut marcher si on y croit. Mais ici, ça m’a laissé froid. Graphiquement, il y a de belles choses. Des dessins qui oscillent entre la douceur et l’intensité, des mises en page qui cherchent à surprendre. Mais là encore, je n’ai pas ressenti cette étincelle qui transforme une belle image en émotion pure. J’ai eu l’impression d’être un spectateur extérieur, face à un dialogue qui ne m’était pas destiné. C’est le genre d’œuvre qui peut vibrer pour ceux qui partagent cette sensibilité-là, qui sont prêts à plonger dans cet univers introspectif et fragmenté. Personnellement, je suis complètement passé à côté. Pas faute d’avoir essayé, mais parfois, ça ne fonctionne tout simplement pas. Et c’est peut-être ça aussi, Perpendiculaire au soleil : une expérience qui ne se vit pas de la même manière selon qui on est. Compliqué de devoir mettre une note quand on est passé aussi loin, mais oui, ce qui me reste à la fin est au mieux un "Bof, sans plus".
L'Incal
Ca y'est, c'est fait, j'ai lu L'incal. Une série absente de ma biblio municipale d'enfance et que je n'ai ensuite jamais eu l'occasion de trouver chez mes amis BDphiles. Aucune occasion mais aussi une sincère appréhension : j'avais vraiment peur d'être déçu. L’Incal, c’est tellement une référence qu’on arrive presque en terrain hostile, avec cette peur de ne pas y trouver ce que tout le monde semble y voir. Et puis, dès les premières pages, il se passe quelque chose. Ce n’est pas juste une histoire, c’est une explosion de créativité, un délire visuel et narratif qui déborde de partout. On est projeté dans un univers où rien n’a l’air d’avoir de limites, ni dans l’imaginaire, ni dans les thèmes abordés. Le scénario de Jodorowsky, c’est un grand bazar organisé (comme souvent). On passe d’une intrigue métaphysique à des courses-poursuites délirantes, des réflexions sur le pouvoir, la religion, la technologie… et on a l’impression que tout ça pourrait s’écrouler sous son propre poids, mais non. Ça tient, parce que ça ose tout. Le héros, John Difool, est un anti-héros parfait, paumé, lâche, mais terriblement humain. À travers lui, on explore un monde qui ne cesse de surprendre. Tout semble surchargé, mais chaque détail compte. Et puis il y a Moebius. Son dessin est juste incroyable, cette capacité à rendre palpable un univers aussi délirant. J'ai beaucoup aimé ce sens du détail qui donne de la profondeur à ce chaos organisé avec un trait en même temps si épuré. Les décors futuristes, les personnages improbables, les couleurs presque psychédéliques… c’est un vrai bonbon visuel, mais qui reste lisible et fluide. Je comprends aujourd'hui l’influence de cette œuvre sur beaucoup d’autres. Il y a des moments où je me suis un peu perdu, où le récit devient presque trop dense, mais ce n’est pas grave. C'est plus une expérience qu'une histoire. En tous cas c'est comme cela que je l'ai lu et vécu. L’Incal ne cherche pas à plaire à tout le monde, et c’est précisément pour ça que ça fonctionne. Finalement, pas déçu du tout. Complètement embarqué, même. Une claque.
Wollodrïn
Ce qui est marquant avec cette série, c’est à quel point on est en terrain connu, et pourtant ça fonctionne. En tous cas pour moi. Du pur Heroic Fantasy, avec ses mercenaires cabossés, ses quêtes désespérées, et cette ambiance lourde où chaque décision ressemble à un ultime pari. Oui, ça respire les codes du genre, et on ne peut pas s’empêcher de penser à une certaine histoire d’anneaux et de destins tragiques. Un groupe hétéroclite, des tensions internes, une mission impossible dans un monde sombre… on a déjà vu ça. Le coup des cavaliers cagoulés et des gars planqués sous une souche en bord de route, là on est clairement dans la reprise assumée. Mais c'est là où ça marche je trouve, Wollodrïn ne prétend pas réinventer la roue mais assume de jouer complètement avec le genre. Ce classicisme assumé et revendiqué est ce que j'étais venu chercher et que j'ai effectivement trouvé. L’univers est solide, cohérent, avec ce qu’il faut de créatures effrayantes, de paysages grandioses, et de batailles brutales. C’est du classique, oui, mais bien fait. On sent que les auteurs aiment le genre, et ça se voit dans les détails : les personnages ont de la profondeur, même les plus clichés, et les dialogues sonnent juste, sans en faire des caisses. Ce que j’ai apprécié, c’est justement cette absence de prétention. On sait où on va, et pourtant, on prend plaisir à suivre cette troupe de condamnés qui se déchirent autant qu’ils se soutiennent. Les influences sont là, évidentes, mais ça ne tombe jamais dans la copie pure. Jérôme Lereculey apporte un vrai souffle graphique, avec un dessin précis et dynamique qui donne du relief aux scènes d’action et de tension. Les couleurs, souvent sombres et terreuses, renforcent cette atmosphère de fin du monde où chaque pas peut être le dernier. Même si le scénario est parfois un peu prévisible, ça ne m'a pas vraiment dérangé. On n’est pas là pour être surpris, mais pour ressentir, pour s’immerger dans ce monde dur et impitoyable. Et là-dessus, Wollodrïn réussit son pari. C’est du Heroic Fantasy pur jus, classique jusqu’à l’os, mais c’est fait avec sincérité et respect pour le genre. Et franchement, ça fait du bien de se laisser emporter dans ce type d’histoire, même si on connaît déjà les grandes lignes. Parfois, le classique a du bon.
La Quête de l'Oiseau du Temps - Avant la Quête
C’est toujours délicat de conclure une saga aussi marquante, surtout quand on parle d’un monument comme La Quête de l'Oiseau du Temps et que l'on conclut un cycle 20 ans après son début. Avec le dernier tome, le cycle Avant la quête réussit à boucler la boucle en se connectant parfaitement au cycle originel, tout en apportant sa propre identité. Le lien avec le début de la série des années 80 est évident, et la modernité de ce second cycle, tant dans le ton que dans le dessin, en fait une vraie réussite à mes yeux. Avec ce préquel on a le temps de s'attarder un peu sur les origines des personnages et du monde qu’ils habitent. On a le temps d'approfondir durant les 8 tomes et on découvre des facettes nouvelles et des enjeux complexes qui donnent une profondeur supplémentaire à l’intrigue. Le ton est plus grave que dans le cycle originel. Ce n’est plus seulement une aventure épique, c’est un récit humain et politique, avec des moments de pause qui permettent de s’imprégner de l’ambiance et de vivre avec eux, même dans des planches où l’action se fait discrète. Le défi du changement de dessinateurs entre les séries mais aussi entre les tomes de cette série était de taille, mais il a été relevé avec brio je trouve. Je suis toujours épaté de voir comment les dessinateurs peuvent reprendre l'esprit d'un autre en ajoutant leur patte avec parcimonie. Cette cohérence est certainement due à une direction artistique soignée. Vincent Mallié, en particulier, s’est illustré avec des planches somptueuses qui capturent l’essence de cet univers, même si elles s’éloignent de la patte brute et inimitable de Loisel. On reste quand même dans une continuité qui ne trahit pas l’esprit de l’œuvre originale. Certes, ce n’est pas le sommet du premier cycle, mais ce préquel parvient à enrichir l’œuvre originale tout en s’en démarquant par une approche plus moderne et nuancée. Ce n’est peut-être pas l’explosion narrative et émotionnelle du premier cycle, mais c’est une belle conclusion qui apporte une nouvelle lumière sur l’ensemble de la saga. Une extension incontournable pour les amateurs de cet univers, à la fois fidèle et audacieuse.
American Parano
La couverture du tome 1 donnait plutôt envie, mais des critiques lues ailleurs m'invitaient déjà à la plus grande réserve. La déception domine définitivement et pourtant l'horizon d'attente était fort modeste. L'histoire policière autour du satanisme est assez laborieuse : les éléments s'imbriquent maladroitement (évolutions de l'enquête, relation au père, place de la religion et notamment de cette radio omniprésente...), la gestion du rythme est à revoir, surtout, les illustrations sont si figées que tout sonne faux. Un joli ratage, fastidieux à lire et très oubliable ; surprenant au regard des ingrédients ouvrant la voie à un diptyque espéré efficace.
Les Yeux doux
Assez jolie BD dystopique de Corbeyran et Colline. L'idée principale est de poser une tonalité légère et décalée sur un scénario dystopique sombre très balisé "à la 1984". Visuellement, Colline s'appuie sur une rondeur rétro davantage attendue du côté de la BD jeunesse, tandis que Corbeyran glisse des éléments à la naïveté poétique, généralement charmants (l'invisibilité, les romances, la surprise dans le quartier général du pouvoir...), parfois maladroits (l'apologie du tabac, le discours globalement misogyne). Le revers de cette touche jeunesse est naturellement de manquer d'ambition et de subversion. Ainsi les propos sur le travail, la surveillance, l'écologie, le militantisme... n'offusqueront personne tant ils ne s'appliquent qu'à cet univers dystopique. La conclusion est sur ce point aussi géniale que décevante : charmante et inoffensive à souhait, aboutissant à la même conclusion que le nihilisme absolu de La Route, mais via un mécanisme inverse, à de la dystopie ne dénonçant plus rien à force de s'offrir comme purement dystopique, creuse et détachée du réel. L'efficacité du récit et l'originalité de la vision permettent de passer un bon moment, qui font passer la colère sourde de voir détourné et relativisé tout contre-discours.
Mythes & meufs
Comme souvent dans ces essais analysant les points de vue de figures célèbres, l'idée est de vulgariser un discours élitiste, pointu ou militant en développant son propos à partir de figures très grand public (Disney notamment, cela aurait pu être Star Wars ou Harry Potter comme il a été fait en philo). Cette BD documentaire féministe fait ce que l'on attend d'elle, mais sans convaincre véritablement. Par manque d'humour, par militantisme trop édulcoré, du fait d'une construction en chapitres créant artificiellement une redondance contre-productive donnant à tort l'impression que le discours féministe est largement diffusé, également du fait de la relative faiblesse des textes prolongeant la réflexion (prolonger est un bien grand mot, paraphraser est plus approprié). Bien que cela existe, mais vitesse et précipitation ont été confondues : paraître en plein #MeToo était pour sûr une belle idée éditoriale, mais prendre le temps de construire ces BD afin d'en améliorer la pertinence, travailler l'humour, servir la légitime colère eut été préférable. A quand un bon éditeur permettant d'éviter ces erreurs bien excusables ?