Les derniers avis (346 avis)

Par Blue boy
Note: 4/5
Couverture de la série Les Météores
Les Météores

Malgré ce que pourrait laisser penser le résumé, « Les Météores » n’a rien du récit catastrophe, et c’est même tout l’inverse. Ici, on serait plutôt dans le registre intimiste, avec une galerie de personnages dont les vies ressemblent tellement aux nôtres… La météorite qui menace la Terre n’est là qu’en toile de fond, comme une métaphore de leurs trajectoires aussi brèves qu’imprévisibles… Dans cette glaciale atmosphère ouatée à la « Fargo » où la neige est omniprésente, évoluent des protagonistes aux prises avec la dure réalité du quotidien. Il y a d’abord Floyd, employé comme magasinier dans l’Aeki du coin (on aura facilement reconnu l’allusion à la multinationale suédoise de l’ameublement…). Ce doux géant atteint d’un trouble cérébral qui altère sa mémoire va croiser à un arrêt de bus la route de Hollie, une infirmière itinérante qui visite des particuliers âgés et invalides. Deux personnages qui représentent le point de départ de cette histoire où, à vrai dire, il ne se passe pas grand-chose — on n’aura même pas droit au crash de la météorite, et ce n’est guère spoiler que de le dire… Mais s’il ne se passe pas grand-chose, c’est en apparence uniquement, car l’histoire expose une diversité de portraits bien dessinés psychologiquement, des personnages qui nous semblent si familiers, confrontés à la solitude ou à l’incommunicabilité, avec des préoccupations et des réflexions qui jouent comme révélateurs de leur psyché. Au fil des pages se dessinent leurs cicatrices ou leurs blessures qui ne sont jamais vraiment refermées, peut-être si profondes qu’ils ont opté pour le déni, comme ce patient raciste, arc-bouté dans une posture de provocation vis-à-vis de Hollie, qui visiblement n’a pas la bonne couleur de peau... Rien de spectaculaire ici sur le plan de l’action, non, mais ces personnages sont si réalistes qu’ils nous touchent et nous bousculent, comme si Deveney avait voulu nous tendre une sorte de miroir, évitant toute caricature, pour mieux faire ressortir le monde dans lequel nous vivons, un monde impitoyable où l’empathie est une denrée rare, où les rapports humains, quand ils sont caractérisés par la bienveillance, s’avèrent la seule richesse de nos existences éphémères, a fortiori lorsqu’on se retrouve seul face à notre mort inéluctable. En filigrane, « Les Météores » est aussi une dénonciation d’un capitalisme insatiable, représenté par la chaîne de magasins Aeki. Celle-ci, sous couvert d’une gestion RH en mode « team building », qui n’est rien d’autre qu’une mise à jour condescendante du paternalisme d’autrefois, ne fait que calquer sa politique corporate sur de jolis graphiques excel visant à une croissance sans fin, en faisant passer au second plan le bien-être et la sécurité de ses salariés. Très en phase avec le propos, le trait délicat et élégant de Redolfi s’accompagne d’un cadrage qui souligne avec subtilité la posture des corps et l’expressivité des visages, faisant émerger sans pathos inutile l’émotion chez le lecteur. Les couleurs sont sobres, et si elles n’ont rien de chatoyant, collent parfaitement à l’ambiance hivernale et mélancolique du récit. Judicieusement récompensé par le prix spécial du jury à Angoulême, « Les Météores » est un récit choral de haute qualité, d’une grande profondeur, où chaque personnage n’est jamais là par hasard, où chacun a son importance. Et pour paraphraser Maggie, cette vieille dame au seuil de la mort, c’est un livre qui ne se contente pas « de vous raconter une histoire avec un début et une fin ». C’est un livre qui s’efforce de ressembler à la vie, où « il n’y a pas de personnages principaux et de personnages secondaires », où chaque existence, si insignifiante soit-elle en apparence, est riche de sens. En ce sens, la choralité est peut-être la forme de narration la plus moderne, car aujourd’hui — on devrait commencer à s’en rendre compte —, les héros n’existent pas et les sauveurs non plus, pas davantage que le Père Noël. La solution est en nous, dans l’effort que nous fournirons pour nous mettre dans la peau de l’autre et pour faire s’épanouir notre humanité, parce qu’assurément, la réponse à nos maux ne pourra être que collective. Et sans ça, on est foutus. A moins, bien sûr, que le ciel ait décidé de nous tomber sur la tête avant…

05/04/2025 (modifier)
Couverture de la série Les Filles des Marins Perdus
Les Filles des Marins Perdus

Je suis très circonspect après la lecture des deux premiers tomes. Je ne lirai probablement pas le t3 qui vient de sortir. En effet comme je le lis dans les autres avis l'ambiance est assez bisounours, feel good avec un dessin qui s'apparente à un public assez jeune. Cela déborde de sentimentalisme de type prince/roturière avec les couples June/Tane Lizzie/Gray ou Tess/Allali ou Cinnamon/Everett. Le début du récit est d'ailleurs peu fluide avec des récits disparates dont j'ai cherché la cohérence. Ce dessin et cette ambiance pourrait très bien convenir à une relecture d'un conte de Perrault si la thématique principale n'était pas la prostitution. Entre certains anachronismes faciles, des dialogues issus d'une pensée moderne, un bordel autogéré j'ai eu l'impression de lire une volonté de banalisation de la prostitution comme si c'était une gentille maison de villégiature. Pour en finir, les auteurs pensent faire du comique avec ce décalage mais personnellement ça ne m'a pas fait rire .

05/04/2025 (modifier)
Couverture de la série Alva dans la nuit
Alva dans la nuit

Même si cette série présente quelques défauts de jeunesse , elle m'a procuré une intéressante lecture. Les auteurs nous invitent dans un univers scandinave fantastique et glacial. Le schéma général est classique et parfois convenu. On retrouve la jeune Alva héroïne malgré elle qui va sauver son peuple ancestrale animiste des prétentions criminelles de la secte des artisans version chrétienne. Toutefois le personnage de Falk ( le méchant) semble avoir un passé plus complexe mais malheureusement pas approfondi dans cet opus. Ainsi malgré les 263 pages le final est un peu facile et expéditif voire manichéen utilisant un procédé pour finir en un happy end qui gâche l'effet dramatique du scénario et contredit le côté horreur loufoque de nombreuses scènes. A mes yeux le dessin de Hansen présente deux gros avantages. Premièrement il rend la narration très dynamique le texte étant assez succinct et peu explicatif. Ensuite il ne s'appesantit pas sur les scènes de carnages en y introduisant un effet comique avec des têtes qui sautent comme des bouchons de Champagne. Il y a bien quelques séquences qui arrivent un peu de nulle part ainsi que plusieurs situations brouillonnes mais dans l'ensemble le tracé se lit aisément avec un graphique original. Je cherche encore pourquoi la série est classée polar car dès le début le fantastique domine. Une lecture détente à découvrir. Un bon 3

05/04/2025 (modifier)
Couverture de la série Tomcat
Tomcat

Je n’ai jamais vu le film « Top Gun » (même si j’en connais forcément la trame), sans doute pour les mêmes raisons qui font que cet album n’est pas du tout ma came. Je ne suis pas du tout attiré par tout ce qui est mécanique, le militaria pur et dur, et tout ce qui ressemble à une glorification de l’armée. Ce sont ces préventions toutes personnelles qui expliquent mon ressenti, car les amateurs d’avions de guerre modernes y trouveront sans doute leur compte. En effet, ça n’est pas vraiment une intrigue fouillée. On est plutôt dans l’album hommage, quasi documentaire, réalisé par un fou d’avions : Hugault a déjà produit pas mal de séries sur ce thème, et son dessin est vraiment excellent pour tout ce qui touche les avions. Il n’est pas mauvais non plus pour les personnages, et, comme à son habitude, il arrive à donner une belle sensualité à Kara Hultgreen, la première femme à avoir eu le droit de piloter un avion de chasse, qui partage ici la vedette avec le « Tomcat « dont un spécimen sert en partie de narrateur – je ne suis pas non plus fan du procédé). Mais ce type de récit n’est pas ma came.

05/04/2025 (modifier)
Couverture de la série Tomié
Tomié

Junji Ito est un mangaka qui m’intéresse a priori, qui a su développer une œuvre personnelle originale, et quelques histoires d’horreur vraiment bien fichues. Tomié est semble-t-il sa première publication. Si déjà pointent quelques aspects de l’oeuvre future, on voit quand même dans les premiers chapitres que c’est un « début ». En effet, le trait d’Ito est un peu gras et hésitant, et ça n’est qu’au bout d’un moment (j’ai lu la série dans la récente intégrale Mangetsu) que ce trait s’affine, pour arriver à ce dessin fin, et agréable que je lui connais. Quant à l’intrigue, j’ai trouvé qu’elle se révélait quelque peu indigeste. En effet, les différents chapitres, censés nous permettre de suivre cette femme aux pouvoirs ensorcelants (ceux qui l’approchent perdent la raison, et elle entraine accès de folie et débordements monstrueux, tout en se révélant quasi immortelle) peinent à rendre crédible la continuité. De plus les péripéties sont parfois redondantes, la surprise (importante dans la mise en place d’une ambiance horrifique) joue moins. Quelques scènes saisissantes, mais globalement, je suis resté sur ma faim.

05/04/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Sara et les contes perdus
Sara et les contes perdus

Je me devrais d'être objectif dans ma note car je sais que ce manga à la française ne s'adresse pas à moi mais plutôt à de jeunes lectrices. Mais c'est trop girly, et un lecteur adulte tel que moi trouve aussi que c'est souvent nunuche et stéréotypé. Bref, moi ça m'ennuie. Mais c'est moins pire que je le craignais. Je pensais y être réfractaire mais en fait c'est du travail correct et il y a quelques idées sympathiques. Le dessin de Jenny est maîtrisé pour les personnages et même si beaucoup de décors sont vides, ceux qui ne le sont pas ne sont pas mauvais. L'intrigue emprunte fortement au genre Magical Girls, avec cette petite originalité de devoir partir en chasse de personnages de conte. Cependant, cette idée est un peu trop étirée en longueurs, et on perd beaucoup de temps en affrontement d'un même antagoniste : la méchante reine de Blanche-Neige ne me paraissait pas mériter plus de 2 tomes sur une série de 6 notamment. C'est aussi beaucoup l'occasion de parler de beauté, de fashion et de bal, ce qui accentue ce côté girly qui ne me parle vraiment pas. Donc pour moi, ce n'est pas une série qui m'a plu, mais elle reste de bonne facture et je pourrais comprendre qu'elles plaise à des pré-ados. Note : 2.5/5

05/04/2025 (modifier)
Par grogro
Note: 3/5
Couverture de la série Alyte
Alyte

Et oui, ce sont des choses qui arrivent. On peut tout à fait être déçu par quelqu'un dont on apprécie par ailleurs le travail. C'est le cas avec ce nouvel album de Jérémie Moreau. Alyte n'est pas un mauvais album. Mais lorsqu'on connait les précédents opus de l'auteur, on n'y trouvera rien de bien nourrissant. Pour moi, c'est presque une redite, certes toujours un peu naïve, à la manière de JM, mais cette naïveté est ici appliquée sans souffle. Avec les contes animaliers du Discours de la panthère, il avait trouvé une forme tout à fait adaptée au fond. Du coup, le discours justement, la morale pourrait-on dire, passait très bien, en douceur, un peu comme dans Kirikou. Puis, dans les Pizzlis, il fournissait à ce dessin aux couleurs surréalistes un scénario quand même bien barré qui sut séduire mon âme voyageuse. Mais là, une impression de redite se fait sentir. En tant que lecteur, j'ai tourné en rond tout au long du récit dont j'ai vu venir la fin dès la page 2. J'exagère, mais cette histoire installe assez vite une monotonie que ne la colorisation dynamique ne parvient pas à faire sortir de ses rails. En outre, les scènes sont répétitives sans apporter d'éléments nouveaux. Pour résumé : c'est attendu ! Peut-être à tenter avec un jeune public...

05/04/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 3/5
Couverture de la série Le Roi ensommeillé
Le Roi ensommeillé

Un conte jeunesse qui cible prioritairement les 10/13 ans. Lecture très sympathique qui va vous faire découvrir un monde sous la glace et la neige, une malédiction a frappé, l'hiver a remplacé définitivement les différentes saisons. Un monde où les humains sont dans un profond sommeil, sauf la petite Ena (vous découvrirez pourquoi vers la fin de la BD). Celle-ci va alors essayer de trouver le moyen de rompre cet ensorcellement. Une quête sans surprises qui suit le déroulement classiques du conte. Un récit sur le deuil, la tristesse et le pardon sur un ton léger et simple. Un dessin très informatisé, pas ma tasse de thé, mais il fait le boulot. Une colorisation dans la même veine. Une mise en page aérée. Je recommande pour le public visé.

05/04/2025 (modifier)
Par cac
Note: 3/5
Couverture de la série Alyte
Alyte

La couverture n'est pas spécialement jolie je trouve. C'est à lire cette histoire qu'on la comprend mieux. Il s'agit d'une route, de nuit, vue de la perspective d'un crapaud qui doit la franchir au péril de sa vie. C'est un livre de Jérémie Moreau sur la nature et la vie d'un crapaud, orphelin à cause de cette route, qui va faire toutes sortes de rencontres durant sa croissance. Il est tout d'abord en compagnie des saumons qui remontent la rivière. On y croise plus tard des ours, mais aussi des canards vus comme des dieux agressifs pour ceux qui sont sous l'eau. C'est un monde rempli de danger où la mort guette et la survie presque une chance. Le crapaud apprend aussi beaucoup de choses auprès des arbres centenaires. Bref une histoire bien montée quoique gentillette, voire pour jeune public, avec un soupçon de morale écologiste on l'aura compris, à l'échelle d'un crapaud qui va tenter de trouver un moyen sûr de traverser ce ruban de bitume.

05/04/2025 (modifier)
Par cac
Note: 2/5
Couverture de la série Sous les écorces
Sous les écorces

Dessin 4/5, intérêt de l'échange épistolaire 1,5/5. Edmond Baudoin, artiste accompli en bande dessinée ayant dépassé les 80 ans, et Aurore Bize, née dans les années 1970 et dont cela semble être la première bande dessinée publiée, dissertent sur la vie, le monde et sa finitude etc. sans réel fil conducteur. Les textes ne m'ont pas vraiment parlé, ils sont parfois abscons. Même si on distingue clairement leurs styles respectifs, plus charbonneux pour Baudoin et plus fin pour Bize, les 2 artistes se font écho à dessiner la nature en alternance. Sur le plan visuel l'oeil est flatté.

05/04/2025 (modifier)