Là-haut, la neige a déjà commencé à tomber.
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Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Sa première publication date de 2024. Il a été réalisé par David Wautier pour le scénario, les dessins, les couleurs. Il comprend quatre-vingt-dix pages de bande dessinée.
Wyoming, avril 1876. Dans une petite ferme à l’écart de tout, le père Hatton s’apprête à partir avec sa carriole, pour se rendre en ville. Il est accompagné par sa grande fille Anna. Sur le porche, le jeune garçon Tom demande s’il peut venir avec eux. Le père estime qu’il risque de s’embêter pendant que sa sœur essaiera sa robe. Mary Hatton, la mère, suggère qu’ils l’emmènent car ça fera une sortie à l’enfant. Elle ajoute que, s’il trouve un livre qui lui plaît, il pourra l’acheter. Le père accepte, l’enfant serre sa mère dans les bras pour la remercier. Le père et ses deux enfants s’éloignent tranquillement dans la carriole, Tom agitant la main en signe d’au revoir, la mère les observant depuis le porche. Quelques temps plus tard, un groupe de trois hommes à cheval approche de la ferme. Le meneur fait observer aux autres la présence du ranch. Un des compagnons propose d’y aller, Jim Pickford ne le sent pas trop. Les deux autres font observer qu’ils ont faim : Pickford décide d’y aller.
Montana, novembre 1876. Dans les montagnes enneigés, Hatton et ses deux enfants progressent à cheval dans le froid. Le père demande à sa fille Anna ce qu’il reste comme nourriture. Elle répond : deux tranches de lard et un peu d’avoine. Il indique qu’il essaiera de chasser s’il le faut. Tom demande s’ils s’arrêtent bientôt, mais ils doivent encore avancer. Ils parviennent devant une rivière gelée : le père fait observer que la glace a l’air solide, et il décide qu’ils vont traverser ici. Ils s’engagent en file indienne pour rejoindre l’autre rive. La glace commence à se fendiller sous les sabots du cheval de Tom, qui est en dernière position. Le père et Anna ont rejoint la rive. Hatton ordonne à son fils de bien rester accroché au cheval. Ce dernier effectue des soubresauts pour reprendre pied sur des parties gelées encore intactes : il parvient à gagner l’autre rive. Le père prend son fils dans les bras pour le réconforter, le rassérénant pour qu’il retrouve son calme. Il prend la décision de s’arrêter pour aujourd’hui. Il fait un feu à l’abri des pins, et à la nuit tombée il regarde ses enfants dormir paisiblement. Quelques semaines auparavant, Hatton se tient devant le shérif, dans son bureau. Celui-ci lui montre une affiche, un avis de recherche pour Jim Pickford, mort ou vif. Le jour du drame, le vieux Bedler l’a vu passer avec sa bande, à proximité du ranch. Hatton lui demande de les attraper et de les pendre : il veut les voir crever, ces ordures, de ses propres yeux. Le shérif lui présente ses excuses : il va le décevoir, car cela est tout à fait irréalisable. Il est seul, voilà des mois qu’il attend des renforts, il est impensable qu’il quitte la ville. Il sait ce que Hatton ressent, la haine qui monte en lui, le désir de vengeance. Il continue : mais ça finira par passer, tout finit par passer, et puis les gens comme eux tombent toujours… tôt ou tard.
Un titre succinct et explicite, à l’image de l’histoire. La scène d’ouverture ne laisse aucun doute sur ce qu’il va advenir : la couverture annonce un périple de trois personnes que le lecteur identifie immédiatement comme étant le père avec ses deux enfants. Les premières pages les montrent quittant la mère de famille, et trois brigands arrivant devant cette ferme isolée. L’imagination du lecteur fait le reste : la suite logique s’impose, horrible, sans avoir besoin d’être racontée. Le lecteur a fait des suppositions : le massacre de la mère, un mari qui décide de partir la venger, emmenant ses deux enfants avec lui, obnubilé par le châtiment qu’il souhaite dispenser lui-même, par manque d’une intervention policière. Tom et Anna n’ont pas d’autre choix que de suivre leur père, avec une endurance physique moindre pour supporter le froid, pour tenir le choc lors de longues chevauchées, sans son expérience. La scène dans le bureau du shérif confirme la simplicité de l’intrigue : un banal manque de personnel, et les criminels ne seront pas inquiétés. Aussi Hatton n’a d’autre exutoire que de se faire justice lui-même. La poursuite semble avoir atteint un stade décisif : le trio familial est sur les traces des trois coupables, dans une zone sauvage, une montagne enneigée, un beau décor qui recèle des dangers, comme celui de la glace. L’intrigue semble basique : la vengeance s’accomplira-t-elle et comment ? Du sang sur la neige, d’autres vies brisées, peut-être un sursaut moral ?
Le lecteur part donc pour un western sous forme d’une poursuite dans une zone sauvage. Il commence par absorber les rayons du soleil du Wyoming, une douce chaleur. Les traits de contour sont délicats, presque fragiles, un peu secs et irréguliers, un degré de simplification dans les visages, une précision discrète dans la carriole et la maison. Une apparence qui semble minimaliste dans un premier temps pour le désert, en fait une complémentarité entre les petits traits secs pour la maigre végétation et la mise en couleurs évoquant l’aquarelle, évoquant les nuances de couleurs apportées par le soleil, le relief, les ombres portées chétives, pour un rendu global très immersif. Puis vient le périple dans la neige en novembre. Le mode de dessin reste similaire : des traits secs à l’apparence parfois esquissée, une mise en couleurs évoquant l’aquarelle apportant relief, texture et luminosité. En page dix, un dessin en pleine page : le petit groupe du père et de ses enfants à quelques dizaines de mètres de distance du lecteur sur la berge de gauche, une largeur de deux ou trois mètres du fleuve libre de glace et une grande étendue recouverte de neige ne permettant d’apprécier la distance à laquelle se trouve la berge de droite, un beau ciel bleu, une ligne de pins dans le lointain et une chaîne de montagne à l’horizon. Les deux tiers du récit se déroulent dans cette région montagneuse enneigée : chaque endroit présente des caractéristiques qui le distinguent d’un autre, que ce soit par le relief, la végétation ou la luminosité, et les conditions climatiques.
L’artiste rend compte de la diversité des zones traversées, des plaines et des pentes, des cavernes et des gorges, de l’épaisseur de la couche de neige sur le sol, sur les branches, sur les rochers. Ces informations visuelles se trouvent tout naturellement réparties dans les cases, dans les pages, intégrées organiquement dans le fil de la narration, au point que le lecteur puisse ne pas en avoir conscience. L’affrontement passe par une phase de combat à main nue dans une rivière peu profonde, un décor magnifique par la pureté de l’eau, le naturel du lit du cours d’eau, la belle luminosité d’un ciel sans nuage, l’air pur. Le lecteur peut ressentir le froid sec, le calme et le silence loin de toute agitation humaine, parfois le froid mordant lors de la tempête de neige. Bien équipé, il effectuerait volontiers une randonnée à ski ou à raquette, ou encore à cheval. Dans le même temps, il voit comment les conditions climatiques affectent le père et ses enfants, comment ces deux derniers sont éprouvés par le froid et le vent. Par comparaison, le père et les trois criminels font montre d’expérience, endurant le froid sans avoir l’air d’en souffrir. Ils se déplacent naturellement, comme des personnes habituées à ce genre d’environnement.
Dans ces paysages naturels, l’intrigue se déroule linéairement : le père Hatton (son prénom n’est jamais prononcé), avec ses deux enfants, mènent une traque contre le trio de tueurs ayant assassiné son épouse Mary, jusqu’à les rattraper et à la confrontation inéluctable, promise par le titre. La scène d’introduction montre la séparation, le lecteur ayant conscience qu’elle est définitive, les personnages ne le sachant pas. Trois scènes supplémentaires de deux pages reviennent sur l’impossibilité pour le shérif de poursuivre les criminels, sur l’arrivée des époux devant leur terrain encore nu, avec le projet de construction de leur ranch, la dernière montrant le début de l’agression de Mary Hatton. Puis une poignée de cases éparses intercalées dans le déroulement du duel final sur la suite de l’agression. Au premier degré, l’histoire se lit rapidement, de par sa simplicité, des séquences sans beaucoup de texte. Jusqu’au dénouement, qui peut surprendre par son immoralité. Dans le même temps, certaines juxtapositions suscitent des contrastes ou des oppositions inattendues.
Voilà un père aimant, qui est attentif aux besoins de ses enfants, et qui dans le même temps leur fait courir des risques inconsidérés car sa vengeance passe avant toute autre considération. À l’opposé d’un récit ou d’un conte moral, il ne se produit pas de prise de conscience chez le père que sa vengeance ne le contentera jamais, ou que ses enfants risquent d’y laisser leur vie à leur tour, que ce soit la glace qui cède sous les sabots du cheval de Tom, puis Tom perdu dans une tempête de neige, et Anna prise en otage par Jim Pickford. Rien n’atteint Hatton, rien n’initie un début de remise en question. Le lecteur rapproche ce comportement du conseil du shérif, issu de sa longue expérience, en parlant des criminels : Les gens comme eux tombent toujours, tôt ou tard. L’auteur pousse ce constat un peu plus loin quant à l’occasion d’un bivouac à la belle étoile, Jim Pickford s’adresse à ses deux acolytes leur confiant que des fois il croirait presque en l’existence de Dieu, une confidence sous-entendant qu’une possibilité de remise en question existe en lui. La vengeance aboutit à une confrontation jusqu’à ce que mort s’en suive, avec une conclusion immorale, provoquant une prise de position du lecteur, pour ou contre ce principe de vengeance, le bousculant dans ses propres convictions. Les cases d’agression de Mary viennent en contrepoint du fil narratif lors de l’affrontement final, rapprochant et confrontant une forme de violence avec une autre.
Un récit dans lequel le créateur se fait à l’évidence plaisir. Il montre les espaces naturels du Montana avec une simplicité et une sensibilité épatantes, le lecteur ayant l’impression d’accompagner Hatton et ses enfants dans leur chevauchée, à la poursuite des assassins de la mère de famille. Il raconte une histoire de vengeance simple et tranchée, jusqu’à son terme, sans jouer sur les hommages aux classiques du Western, plutôt en en donnant sa version personnelle, ce qui fait tout l’intérêt du récit. Le lecteur se trouve en position de témoin privilégié, prenant partie ce qui remet en cause ses principes, ce qui le conduit à remettre en question ses certitudes. Troublant.
J'adore 'L'Arabe du futur' et lorsque la série s'est terminée, j'étais à la fois content de savoir enfin toute l'histoire personnelle de Riad Sattouf et à la fois triste de voir une série que j'aimais se terminer. Je me disais que ça serait bien de voir au moins ce qui est arrivé à son frère kidnappé parce qu'on ne connaissait que les grandes lignes.
Je suis content de voir que l'auteur a exaucé mon vœu avec cette nouvelle série. Le premier tome est bon, quoiqu'il peut paraitre répétitif par rapport à la série originale, parce que pendant un moment on apprend au final peu de choses nouvelles en dehors de l'attachement de Fadi pour sa mère (ce qui va rendre leur séparation encore plus tragique) et le trajet qu'il a fait avec son père de la France jusqu'en Syrie lorsque ce dernier l'a kidnappé.
La partie en Syrie est la plus passionnante et on voit encore une fois le père Sattouf montré sous un jour peu sympathique. Le lecteur retrouve une atmosphère familière qui avait disparu dans les derniers tomes dans la série-mère qui se passait exclusivement en France.
On retrouve les qualités graphiques et scénaristiques de 'L'Arabe du Futur'. Le seul défaut de ce premier tome au final est que c'est un peu plus court que certains albums de L'Arabe du Futur. On dirait presque un apéritif pour la suite qui s'annonce passionnante.
Bon, je ne vais pas faire l’affront de présenter l’univers … la série mère est un classique.
Cette préquelle n’était pas nécessaire mais je m’y engouffre à chaque nouveauté.
Si le début était plus que prometteur (les 4 premiers albums méritent le 4*, un petit plaisir coupable), la suite tire en longueur je trouve.
La réalisation des tomes 5 à 7 ne m’a pas super convaincu, je n’y suis plus vraiment, le dessin est correct mais souffre de la comparaison avec ces prédécesseurs, je trouve qu’il y a beaucoup moins de planches flamboyantes. De plus, l’histoire avance peu et les moments forts/culminants sont un peu loupés dans leur mise en scène, ça manque de force/d’impact (attention c’est correct mais je suis exigeant). A titre d’exemple, dans le tome 7 on rencontre un célèbre personnage de la série originale, le fan service a moyennement fonctionné (à l’inverse du Rige).
Une série correcte mais qui traîne trop et modère mon enthousiasme, le prochain sera le dernier (ouf), je remonterai ma note si on a un final à la hauteur de celui du 1er cycle mais je n’y crois plus vraiment, d’autant que l’on connaît l’avenir des personnages.
MàJ après tome 8 :
Plus de 25 ans que cette série nous tient en haleine … voilà enfin la conclusion à ce préquel d’une série culte. Ceux qui sont attentifs auront noté une augmentation de ma note initiale.
Le final serait-il à la hauteur ? La question que tout le monde se pose …
Alors pour moi c’est pas un grand OUi mais c’est quand même assez classe comme finish. On atteint juste pas le sommet du 1er cycle.
Les auteurs nous pondent un bel album d’environ 100 planches, on sent le soin et l’envie de ne pas bâcler ou hâter leur récit. Un plaisir de retrouver Vincent Mallié aux pinceaux.
Honnêtement, j’en attendais pas mal de cette lecture. Les 20eres planches m’ont franchement fait peur, je n’ai pas été attrapé par le dessin ou les péripéties, me posant milles questions sur la qualité de la suite … Et puis une scène de pluie, un décor et l’amour des personnages vous attrape. L’alchimie s’installe, on retrouve la magie de ce qui nous a tant fait vibrer.
Pas vraiment la fin attendu mais plutôt bien chouette dans sa mise en scène, on aura tous le sourire en quittant la dernière page.
Ça s’est perdu un peu dans sa 2eme partie mais du bon boulot et une valeur sûre cette série.
Cela faisait longtemps que je voulais me plonger dans cette œuvre autobiographique. Ça n’est a priori pas un genre que j’apprécie particulièrement en BD, mais certaines œuvres du genre sont marquantes. « Journal » de Neaud se situe dans cette catégorie, comme L'Ascension du Haut Mal de David B, ou certaines œuvres de Mussat (je n’ai lu pour le moment que Carnation, mais Sainte Famille m’attire aussi).
Neaud se met totalement à nu, se livre sans concession, que ce soit pour parler de lui ou de ses proches. Il y a là une prise de risques et un naturel à saluer.
Il mêle réflexions sur la vie, les relations humaines, l’art, la construction d’une personnalité, de nombreux moments triviaux. Sa sexualité, son homosexualité (ses désirs, ses échecs, sa recherche de relations avec des inconnus, et surtout les quelques hommes dont il n’arrive pas à se détacher) occupent une grande partie de ce récit fleuve (avec une forte montée de rage, en particulier dans le troisième tome). Le tout accompagné de la lutte quotidienne contre une certaine précarité.
Rien n’est édulcoré ou mis de côté. Comme les agressions homophobes sauvages et traumatisantes qu’il subit. Mais aussi ce qu’il pense de tous ceux qu’il côtoie. Sa sincérité est louable, mais a dû faire grincer quelques dents (voir la réaction de celui qui est croqué dans son petit album « Le Doumé »), tout le monde n’étant pas prêt à tant de transparence.
Au travers de son expérience et de son récit, Neaud nous donne aussi à voir certains pans de l’éditions indépendante (ego comme X par exemple), des milieux artistiques, mais aussi de la façon dont été vue l’homosexualité dans les années 1990. L’autobiographie se pare de sociologie, sans que la partie BD et la fluidité de lecture n’en pâtisse.
Le dessin de Neaud, avec son trait réaliste et fin, usant d’un Noir et Blanc agréable, est aussi pour beaucoup dans le plaisir de lecture. Il ressemble un peu à celui de Frederik Peeters (lui aussi adepte de récits autobiographiques d’ailleurs). Se concentrant sur les personnages (les décors ne sont développés que lorsqu’ils sont au cœur du récit), Neaud use de styles différents parfois pour marquer un décalage (ou comme on utilise le signe « – » pour isoler une remarque de la phrase principale). L’effacement de certains traits de visage lui permet aussi de montrer sentiments et évolutions de relations bien mieux qu’avec des mots. Bref, le travail graphique aide à « digérer » un récit dense et parfois étouffant, mais jamais ennuyeux.
C’est une entreprise ambitieuse (que Neaud commence à prolonger avec « Le Dernier Sergent »), et exigeante envers ses lecteurs. Car c’est très dense, et ces trois albums (j’ai lu la série dans la réédition de Delcourt) nécessitent d’investir du temps (j’y ai consacré une bonne partie d’un week-end) tant le texte est abondant. Mais c’est une lecture que j’ai appréciée.
Le tome 3, de loin le plus épais (plus de 400 pages !) est aussi celui qui se révèle le plus étouffant, les frustrations de l’auteur à propos de sa relation (avortée) avec un certain Dominique occupant presque toute la place.
Le dernier album de la série est lui plus apaisé, on sent que Fabrice Neaud a passé un cap (singulièrement il commence par une longue introduction assez poétique, avec pas mal de très belles planches muettes représentant la nature du Pays Basque). Il y a certes encore des envolées assassines et sans concession sur les différences de traitement entre hétérosexualité et homosexualité, et quelques scories de l’incendie qui a brûlé son année précédente, mais on sent bien que l’auteur regarde désormais plus en avant qu’en arrière. Un déménagement, l’intégration de nouveaux cercles amicaux, la publication du premier tome du « Journal » lui donnent une assise plus stable. L’album se clôt d’ailleurs sur un départ en vacances, sur quelque chose de très positif. J’imagine que les difficultés d’Ego comme X ont interrompu la publication, et que Le Dernier Sergent reprend là où « Journal » s’était arrêté.
Enfin dans ce dernier tome (mais aussi déjà dans le précédent), les amateurs de BD découvriront un certain nombre d’auteurs que Neaud côtoyait (seuls les prénoms sont donnés) : Xavier Mussat, Denis Bajram (qui se lance dans une longue explication de l’univers Marvel avec un point de vue mystique) par exemple.
Une œuvre introspective mais accessible. Une série à découvrir.
Une série humoristique vraiment très bien faite.
Un jour, un yakuza trouve chez lui une mystérieuse fille qui a des pouvoirs psychiques et il est plus ou moins obligé de l'adopter. À partir de ce postulat, l'auteur raconte une série délirante comme je l'aime. Il y a une galerie de personnages intéressants et attachants et le fait de toujours voir de nouveaux visages permet de varier les histoires. C'est vraiment le genre de série où je ne sais jamais ce qui va se passer ensuite et cela la rend passionnante.
On retrouve un des types d'humour que j'aime le plus dans les mangas: le dessin est réaliste, mais les situations ne le sont pas du tout et c'est rempli de quiproquos qui me font bien rigoler. Il y aussi du drame par moment et là aussi c'est bien fait parce que le ton est juste et on ne tombe pas dans du mélodramatique chiant comme c'est souvent trop le cas avec les mangas.
Bon même si j'aime bien la série, je ne sais pas trop quoi écrire de plus hormis le fait que c'est marrant pour moi. En tout cas, c'est une série à essayer si vous voulez un manga qui sort de l'ordinaire.
Bon j’ai pas tout lu mais je n’irai pas au-delà de ma découverte.
Pourtant ça se lit très facilement, un graphisme facile et pas mal pour le genre. Il n’y a que sur la coiffure de notre héros que je tique, et aussi les couleurs de couvertures (mais ça s’explique).
L’histoire prend la tournure d’un classique Isekai mode Fantasy. Un terrien se voit réincarner dans un nouveau monde. Ici un homme de 25 ans dans un gamin de 6 ans, il se verra au passage confier le don de magie. Original n’est-ce pas ^^ (nota : on le suivra quand il sera ado).
Dans ce type d’œuvre, c’est le traitement apporté par l’auteur qui donne la saveur … et ici j’ai trouvé que ça manquait de pas mal de mordant.
Aucun passage/péripétie n’a retenu mon attention et les personnages ne me sont pas parus extrêmement attachants. En fait je n’ai pas accroché à la proposition, il m’a semblé que ça s’adressait vraiment aux plus jeunes (et on en revient à la coiffure et aux fameuses couleurs).
Notre héros atterrit donc dans un nouveau monde où il perfectionnera son don, il apparaîtra vite que sa maîtrise est bien supérieure au commun des mortels (pour ne pas dire cheatée). Voilà pour le fond.
Sur ce postulat, l’auteur développe son univers avec pas mal de politique/jeux de pouvoir/financiers, ça donne du corps généralement mais là ça a été soporifique, comme ce qui touche aux religions ou le machin des x fils. Restent les personnages, mais ces derniers sont trop jeunes et niais. Bref pas accroché.
Ah oui, l’auteur ajoute une couche de harem. Notre jeune héros étant surpuissant, son entourage féminin ne cessera de s’agrandir. On saupoudre le tout d’un peu d’ecchi prude, pas de cadrages osés mais on n’oublie pas de parler de petite culotte et tour de poitrine.
Je vais paraître inculte mais je ne connaissais pas du tout le roman de Golding. En effet il n'était pas au programme à mon époque. J'ai donc découvert ce récit avec des yeux de néophyte. Une lecture d'un pessimiste profond à laquelle j'ai eu du mal à accrocher une grande partie de l'adaptation de Aimée De Jongh. Je ne jugerais pas la qualité de l'adaptation mais plutôt la série en soi.
Il faut reconnaître que le travail de l'artiste n'était pas facile car elle était étroitement surveillée par les ayant droits et les fans du célèbre texte comme le prouvent certains commentaires sur ses choix d'édulcorer ou de réduire ( par la force des choses) certains passages de l'œuvre originale. Une fois l'œuvre entièrement lue d'une traite , je trouve que l'autrice s'en tire vraiment bien. Les 350 pages se lisent très vite. En effet l'autrice garde une partie du texte original en voix off pour le descriptif et dans les dialogues pour l'actif. Cela donne un texte d'un excellent niveau en off, et très incisif en bulles. On peut toujours contester certains choix mais la narration textuelle est fluide et très dynamique.
De Jongh s'approprie plus particulièrement la narration visuelle avec un graphisme particulier qui ressemble à de la jeunesse. C'est tout l'art de la construction visuelle de l'autrice de nous faire découvrir à travers cette montée en puissance de l'intensité dramatique la profondeur du message de Golding. Après un début dans un genre aventure de survie à la Defoe on passe très vite à une parabole philosophique traitant de thèmes fondamentaux comme le droit et la force, le raisonnable et le fantasmé, la nature fondamentale de l'homme, bon sauvage ou ontologiquement mauvais? Golding ne peut qu'introduire une interrogation théologique puisque ce qui vient du ciel est mort , Sa Majesté des mouches n'est pas sans rappeler les anciens rites païens.
On le voit le travail de l'autrice était d'autant moins facile qu'il ne lui appartient pas de donner SA lecture d'une œuvre aussi riche mais de l'ouvrir à un large public qui ne la connaissait pas ( comme moi).
Graphiquement une difficulté supplémentaire est que tous les personnages sont des enfants assez jeunes avec des visages très ressemblants. C'est aussi une façon de montrer qu'avec un physique quasi identique, Ralph et Jack renvoient à des concepts aux antipodes du bien et du mal, via des organisations sociétales très différentes.
Je termine par cette évolution de la mise en couleur qui accompagne la montée de la sauvagerie qui s'installe dans le récit.
Une lecture très intéressante qui conduit à une profonde méditation même si je ne suis pas raccord avec ce pessimiste extrême.
A la suite de la planche mystère que je ne connaissais pas j'ai emprunté deux albums de cette série pour me faire une idée. Je ne suis pas du tout familier de l'univers de Lanfeust et pas trop fan du travail de Arleston. Ma lecture me conforte dans mon ressenti. On a ici une vieille série commerciale qui surfe sur un succès et le genre "jeunesse de". Pourquoi pas puisque d'autres ont eu du succès.
Comme d'autres l'on souligné avant moi ce n'est pas drôle du tout et le dessin reste basique .
Par dessus tout ce que je n'apprécie pas , c'est cet humour bête et méchant qui s'adresse à un jeune public. C'est gratuitement sanglant, par moment limite pervers, et ça vise facilement en dessous de la ceinture en de nombreux gags.
Un esprit que je n'aime pas du tout.
Grand coup de coeur pour cette BD. Le formalisme très atypique (mélange de dessins et de photos d'époque) et le choix de l' esthétique des dessins m'ont beaucoup plu. C'est moderne, coloré, vif, beau...
Et l'aventure que représente ce château et ses occupants est tout simplement incroyable. Je suis heureux d'avoir découvert ce Michel Magne de cette manière là.
Et bien là, je n'ai pas accroché. Je comprends bien la valeur historique, culturelle de cette oeuvre. Mais pour moi le parti pris de demi page par lieu pour des actions simultanées est illisible. Pas moyen de rentrer dans une scène tellement elles s'enchaînent d'un lieu à un autre. Et au final, à part une succession de scènes, les auteurs nous offrent pas une psychologie profonde et subtile des personnages. Difficile alors d'être en empathie avec les protagonistes ou de garder de l'intérêt pour leurs histoires décousues.
Par contre, j'admets volontiers le talent du dessinateur.
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La Vengeance
Là-haut, la neige a déjà commencé à tomber. - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Sa première publication date de 2024. Il a été réalisé par David Wautier pour le scénario, les dessins, les couleurs. Il comprend quatre-vingt-dix pages de bande dessinée. Wyoming, avril 1876. Dans une petite ferme à l’écart de tout, le père Hatton s’apprête à partir avec sa carriole, pour se rendre en ville. Il est accompagné par sa grande fille Anna. Sur le porche, le jeune garçon Tom demande s’il peut venir avec eux. Le père estime qu’il risque de s’embêter pendant que sa sœur essaiera sa robe. Mary Hatton, la mère, suggère qu’ils l’emmènent car ça fera une sortie à l’enfant. Elle ajoute que, s’il trouve un livre qui lui plaît, il pourra l’acheter. Le père accepte, l’enfant serre sa mère dans les bras pour la remercier. Le père et ses deux enfants s’éloignent tranquillement dans la carriole, Tom agitant la main en signe d’au revoir, la mère les observant depuis le porche. Quelques temps plus tard, un groupe de trois hommes à cheval approche de la ferme. Le meneur fait observer aux autres la présence du ranch. Un des compagnons propose d’y aller, Jim Pickford ne le sent pas trop. Les deux autres font observer qu’ils ont faim : Pickford décide d’y aller. Montana, novembre 1876. Dans les montagnes enneigés, Hatton et ses deux enfants progressent à cheval dans le froid. Le père demande à sa fille Anna ce qu’il reste comme nourriture. Elle répond : deux tranches de lard et un peu d’avoine. Il indique qu’il essaiera de chasser s’il le faut. Tom demande s’ils s’arrêtent bientôt, mais ils doivent encore avancer. Ils parviennent devant une rivière gelée : le père fait observer que la glace a l’air solide, et il décide qu’ils vont traverser ici. Ils s’engagent en file indienne pour rejoindre l’autre rive. La glace commence à se fendiller sous les sabots du cheval de Tom, qui est en dernière position. Le père et Anna ont rejoint la rive. Hatton ordonne à son fils de bien rester accroché au cheval. Ce dernier effectue des soubresauts pour reprendre pied sur des parties gelées encore intactes : il parvient à gagner l’autre rive. Le père prend son fils dans les bras pour le réconforter, le rassérénant pour qu’il retrouve son calme. Il prend la décision de s’arrêter pour aujourd’hui. Il fait un feu à l’abri des pins, et à la nuit tombée il regarde ses enfants dormir paisiblement. Quelques semaines auparavant, Hatton se tient devant le shérif, dans son bureau. Celui-ci lui montre une affiche, un avis de recherche pour Jim Pickford, mort ou vif. Le jour du drame, le vieux Bedler l’a vu passer avec sa bande, à proximité du ranch. Hatton lui demande de les attraper et de les pendre : il veut les voir crever, ces ordures, de ses propres yeux. Le shérif lui présente ses excuses : il va le décevoir, car cela est tout à fait irréalisable. Il est seul, voilà des mois qu’il attend des renforts, il est impensable qu’il quitte la ville. Il sait ce que Hatton ressent, la haine qui monte en lui, le désir de vengeance. Il continue : mais ça finira par passer, tout finit par passer, et puis les gens comme eux tombent toujours… tôt ou tard. Un titre succinct et explicite, à l’image de l’histoire. La scène d’ouverture ne laisse aucun doute sur ce qu’il va advenir : la couverture annonce un périple de trois personnes que le lecteur identifie immédiatement comme étant le père avec ses deux enfants. Les premières pages les montrent quittant la mère de famille, et trois brigands arrivant devant cette ferme isolée. L’imagination du lecteur fait le reste : la suite logique s’impose, horrible, sans avoir besoin d’être racontée. Le lecteur a fait des suppositions : le massacre de la mère, un mari qui décide de partir la venger, emmenant ses deux enfants avec lui, obnubilé par le châtiment qu’il souhaite dispenser lui-même, par manque d’une intervention policière. Tom et Anna n’ont pas d’autre choix que de suivre leur père, avec une endurance physique moindre pour supporter le froid, pour tenir le choc lors de longues chevauchées, sans son expérience. La scène dans le bureau du shérif confirme la simplicité de l’intrigue : un banal manque de personnel, et les criminels ne seront pas inquiétés. Aussi Hatton n’a d’autre exutoire que de se faire justice lui-même. La poursuite semble avoir atteint un stade décisif : le trio familial est sur les traces des trois coupables, dans une zone sauvage, une montagne enneigée, un beau décor qui recèle des dangers, comme celui de la glace. L’intrigue semble basique : la vengeance s’accomplira-t-elle et comment ? Du sang sur la neige, d’autres vies brisées, peut-être un sursaut moral ? Le lecteur part donc pour un western sous forme d’une poursuite dans une zone sauvage. Il commence par absorber les rayons du soleil du Wyoming, une douce chaleur. Les traits de contour sont délicats, presque fragiles, un peu secs et irréguliers, un degré de simplification dans les visages, une précision discrète dans la carriole et la maison. Une apparence qui semble minimaliste dans un premier temps pour le désert, en fait une complémentarité entre les petits traits secs pour la maigre végétation et la mise en couleurs évoquant l’aquarelle, évoquant les nuances de couleurs apportées par le soleil, le relief, les ombres portées chétives, pour un rendu global très immersif. Puis vient le périple dans la neige en novembre. Le mode de dessin reste similaire : des traits secs à l’apparence parfois esquissée, une mise en couleurs évoquant l’aquarelle apportant relief, texture et luminosité. En page dix, un dessin en pleine page : le petit groupe du père et de ses enfants à quelques dizaines de mètres de distance du lecteur sur la berge de gauche, une largeur de deux ou trois mètres du fleuve libre de glace et une grande étendue recouverte de neige ne permettant d’apprécier la distance à laquelle se trouve la berge de droite, un beau ciel bleu, une ligne de pins dans le lointain et une chaîne de montagne à l’horizon. Les deux tiers du récit se déroulent dans cette région montagneuse enneigée : chaque endroit présente des caractéristiques qui le distinguent d’un autre, que ce soit par le relief, la végétation ou la luminosité, et les conditions climatiques. L’artiste rend compte de la diversité des zones traversées, des plaines et des pentes, des cavernes et des gorges, de l’épaisseur de la couche de neige sur le sol, sur les branches, sur les rochers. Ces informations visuelles se trouvent tout naturellement réparties dans les cases, dans les pages, intégrées organiquement dans le fil de la narration, au point que le lecteur puisse ne pas en avoir conscience. L’affrontement passe par une phase de combat à main nue dans une rivière peu profonde, un décor magnifique par la pureté de l’eau, le naturel du lit du cours d’eau, la belle luminosité d’un ciel sans nuage, l’air pur. Le lecteur peut ressentir le froid sec, le calme et le silence loin de toute agitation humaine, parfois le froid mordant lors de la tempête de neige. Bien équipé, il effectuerait volontiers une randonnée à ski ou à raquette, ou encore à cheval. Dans le même temps, il voit comment les conditions climatiques affectent le père et ses enfants, comment ces deux derniers sont éprouvés par le froid et le vent. Par comparaison, le père et les trois criminels font montre d’expérience, endurant le froid sans avoir l’air d’en souffrir. Ils se déplacent naturellement, comme des personnes habituées à ce genre d’environnement. Dans ces paysages naturels, l’intrigue se déroule linéairement : le père Hatton (son prénom n’est jamais prononcé), avec ses deux enfants, mènent une traque contre le trio de tueurs ayant assassiné son épouse Mary, jusqu’à les rattraper et à la confrontation inéluctable, promise par le titre. La scène d’introduction montre la séparation, le lecteur ayant conscience qu’elle est définitive, les personnages ne le sachant pas. Trois scènes supplémentaires de deux pages reviennent sur l’impossibilité pour le shérif de poursuivre les criminels, sur l’arrivée des époux devant leur terrain encore nu, avec le projet de construction de leur ranch, la dernière montrant le début de l’agression de Mary Hatton. Puis une poignée de cases éparses intercalées dans le déroulement du duel final sur la suite de l’agression. Au premier degré, l’histoire se lit rapidement, de par sa simplicité, des séquences sans beaucoup de texte. Jusqu’au dénouement, qui peut surprendre par son immoralité. Dans le même temps, certaines juxtapositions suscitent des contrastes ou des oppositions inattendues. Voilà un père aimant, qui est attentif aux besoins de ses enfants, et qui dans le même temps leur fait courir des risques inconsidérés car sa vengeance passe avant toute autre considération. À l’opposé d’un récit ou d’un conte moral, il ne se produit pas de prise de conscience chez le père que sa vengeance ne le contentera jamais, ou que ses enfants risquent d’y laisser leur vie à leur tour, que ce soit la glace qui cède sous les sabots du cheval de Tom, puis Tom perdu dans une tempête de neige, et Anna prise en otage par Jim Pickford. Rien n’atteint Hatton, rien n’initie un début de remise en question. Le lecteur rapproche ce comportement du conseil du shérif, issu de sa longue expérience, en parlant des criminels : Les gens comme eux tombent toujours, tôt ou tard. L’auteur pousse ce constat un peu plus loin quant à l’occasion d’un bivouac à la belle étoile, Jim Pickford s’adresse à ses deux acolytes leur confiant que des fois il croirait presque en l’existence de Dieu, une confidence sous-entendant qu’une possibilité de remise en question existe en lui. La vengeance aboutit à une confrontation jusqu’à ce que mort s’en suive, avec une conclusion immorale, provoquant une prise de position du lecteur, pour ou contre ce principe de vengeance, le bousculant dans ses propres convictions. Les cases d’agression de Mary viennent en contrepoint du fil narratif lors de l’affrontement final, rapprochant et confrontant une forme de violence avec une autre. Un récit dans lequel le créateur se fait à l’évidence plaisir. Il montre les espaces naturels du Montana avec une simplicité et une sensibilité épatantes, le lecteur ayant l’impression d’accompagner Hatton et ses enfants dans leur chevauchée, à la poursuite des assassins de la mère de famille. Il raconte une histoire de vengeance simple et tranchée, jusqu’à son terme, sans jouer sur les hommages aux classiques du Western, plutôt en en donnant sa version personnelle, ce qui fait tout l’intérêt du récit. Le lecteur se trouve en position de témoin privilégié, prenant partie ce qui remet en cause ses principes, ce qui le conduit à remettre en question ses certitudes. Troublant.
Moi, Fadi - Le Frère volé
J'adore 'L'Arabe du futur' et lorsque la série s'est terminée, j'étais à la fois content de savoir enfin toute l'histoire personnelle de Riad Sattouf et à la fois triste de voir une série que j'aimais se terminer. Je me disais que ça serait bien de voir au moins ce qui est arrivé à son frère kidnappé parce qu'on ne connaissait que les grandes lignes. Je suis content de voir que l'auteur a exaucé mon vœu avec cette nouvelle série. Le premier tome est bon, quoiqu'il peut paraitre répétitif par rapport à la série originale, parce que pendant un moment on apprend au final peu de choses nouvelles en dehors de l'attachement de Fadi pour sa mère (ce qui va rendre leur séparation encore plus tragique) et le trajet qu'il a fait avec son père de la France jusqu'en Syrie lorsque ce dernier l'a kidnappé. La partie en Syrie est la plus passionnante et on voit encore une fois le père Sattouf montré sous un jour peu sympathique. Le lecteur retrouve une atmosphère familière qui avait disparu dans les derniers tomes dans la série-mère qui se passait exclusivement en France. On retrouve les qualités graphiques et scénaristiques de 'L'Arabe du Futur'. Le seul défaut de ce premier tome au final est que c'est un peu plus court que certains albums de L'Arabe du Futur. On dirait presque un apéritif pour la suite qui s'annonce passionnante.
La Quête de l'Oiseau du Temps - Avant la Quête
Bon, je ne vais pas faire l’affront de présenter l’univers … la série mère est un classique. Cette préquelle n’était pas nécessaire mais je m’y engouffre à chaque nouveauté. Si le début était plus que prometteur (les 4 premiers albums méritent le 4*, un petit plaisir coupable), la suite tire en longueur je trouve. La réalisation des tomes 5 à 7 ne m’a pas super convaincu, je n’y suis plus vraiment, le dessin est correct mais souffre de la comparaison avec ces prédécesseurs, je trouve qu’il y a beaucoup moins de planches flamboyantes. De plus, l’histoire avance peu et les moments forts/culminants sont un peu loupés dans leur mise en scène, ça manque de force/d’impact (attention c’est correct mais je suis exigeant). A titre d’exemple, dans le tome 7 on rencontre un célèbre personnage de la série originale, le fan service a moyennement fonctionné (à l’inverse du Rige). Une série correcte mais qui traîne trop et modère mon enthousiasme, le prochain sera le dernier (ouf), je remonterai ma note si on a un final à la hauteur de celui du 1er cycle mais je n’y crois plus vraiment, d’autant que l’on connaît l’avenir des personnages. MàJ après tome 8 : Plus de 25 ans que cette série nous tient en haleine … voilà enfin la conclusion à ce préquel d’une série culte. Ceux qui sont attentifs auront noté une augmentation de ma note initiale. Le final serait-il à la hauteur ? La question que tout le monde se pose … Alors pour moi c’est pas un grand OUi mais c’est quand même assez classe comme finish. On atteint juste pas le sommet du 1er cycle. Les auteurs nous pondent un bel album d’environ 100 planches, on sent le soin et l’envie de ne pas bâcler ou hâter leur récit. Un plaisir de retrouver Vincent Mallié aux pinceaux. Honnêtement, j’en attendais pas mal de cette lecture. Les 20eres planches m’ont franchement fait peur, je n’ai pas été attrapé par le dessin ou les péripéties, me posant milles questions sur la qualité de la suite … Et puis une scène de pluie, un décor et l’amour des personnages vous attrape. L’alchimie s’installe, on retrouve la magie de ce qui nous a tant fait vibrer. Pas vraiment la fin attendu mais plutôt bien chouette dans sa mise en scène, on aura tous le sourire en quittant la dernière page. Ça s’est perdu un peu dans sa 2eme partie mais du bon boulot et une valeur sûre cette série.
Journal
Cela faisait longtemps que je voulais me plonger dans cette œuvre autobiographique. Ça n’est a priori pas un genre que j’apprécie particulièrement en BD, mais certaines œuvres du genre sont marquantes. « Journal » de Neaud se situe dans cette catégorie, comme L'Ascension du Haut Mal de David B, ou certaines œuvres de Mussat (je n’ai lu pour le moment que Carnation, mais Sainte Famille m’attire aussi). Neaud se met totalement à nu, se livre sans concession, que ce soit pour parler de lui ou de ses proches. Il y a là une prise de risques et un naturel à saluer. Il mêle réflexions sur la vie, les relations humaines, l’art, la construction d’une personnalité, de nombreux moments triviaux. Sa sexualité, son homosexualité (ses désirs, ses échecs, sa recherche de relations avec des inconnus, et surtout les quelques hommes dont il n’arrive pas à se détacher) occupent une grande partie de ce récit fleuve (avec une forte montée de rage, en particulier dans le troisième tome). Le tout accompagné de la lutte quotidienne contre une certaine précarité. Rien n’est édulcoré ou mis de côté. Comme les agressions homophobes sauvages et traumatisantes qu’il subit. Mais aussi ce qu’il pense de tous ceux qu’il côtoie. Sa sincérité est louable, mais a dû faire grincer quelques dents (voir la réaction de celui qui est croqué dans son petit album « Le Doumé »), tout le monde n’étant pas prêt à tant de transparence. Au travers de son expérience et de son récit, Neaud nous donne aussi à voir certains pans de l’éditions indépendante (ego comme X par exemple), des milieux artistiques, mais aussi de la façon dont été vue l’homosexualité dans les années 1990. L’autobiographie se pare de sociologie, sans que la partie BD et la fluidité de lecture n’en pâtisse. Le dessin de Neaud, avec son trait réaliste et fin, usant d’un Noir et Blanc agréable, est aussi pour beaucoup dans le plaisir de lecture. Il ressemble un peu à celui de Frederik Peeters (lui aussi adepte de récits autobiographiques d’ailleurs). Se concentrant sur les personnages (les décors ne sont développés que lorsqu’ils sont au cœur du récit), Neaud use de styles différents parfois pour marquer un décalage (ou comme on utilise le signe « – » pour isoler une remarque de la phrase principale). L’effacement de certains traits de visage lui permet aussi de montrer sentiments et évolutions de relations bien mieux qu’avec des mots. Bref, le travail graphique aide à « digérer » un récit dense et parfois étouffant, mais jamais ennuyeux. C’est une entreprise ambitieuse (que Neaud commence à prolonger avec « Le Dernier Sergent »), et exigeante envers ses lecteurs. Car c’est très dense, et ces trois albums (j’ai lu la série dans la réédition de Delcourt) nécessitent d’investir du temps (j’y ai consacré une bonne partie d’un week-end) tant le texte est abondant. Mais c’est une lecture que j’ai appréciée. Le tome 3, de loin le plus épais (plus de 400 pages !) est aussi celui qui se révèle le plus étouffant, les frustrations de l’auteur à propos de sa relation (avortée) avec un certain Dominique occupant presque toute la place. Le dernier album de la série est lui plus apaisé, on sent que Fabrice Neaud a passé un cap (singulièrement il commence par une longue introduction assez poétique, avec pas mal de très belles planches muettes représentant la nature du Pays Basque). Il y a certes encore des envolées assassines et sans concession sur les différences de traitement entre hétérosexualité et homosexualité, et quelques scories de l’incendie qui a brûlé son année précédente, mais on sent bien que l’auteur regarde désormais plus en avant qu’en arrière. Un déménagement, l’intégration de nouveaux cercles amicaux, la publication du premier tome du « Journal » lui donnent une assise plus stable. L’album se clôt d’ailleurs sur un départ en vacances, sur quelque chose de très positif. J’imagine que les difficultés d’Ego comme X ont interrompu la publication, et que Le Dernier Sergent reprend là où « Journal » s’était arrêté. Enfin dans ce dernier tome (mais aussi déjà dans le précédent), les amateurs de BD découvriront un certain nombre d’auteurs que Neaud côtoyait (seuls les prénoms sont donnés) : Xavier Mussat, Denis Bajram (qui se lance dans une longue explication de l’univers Marvel avec un point de vue mystique) par exemple. Une œuvre introspective mais accessible. Une série à découvrir.
Hinamatsuri
Une série humoristique vraiment très bien faite. Un jour, un yakuza trouve chez lui une mystérieuse fille qui a des pouvoirs psychiques et il est plus ou moins obligé de l'adopter. À partir de ce postulat, l'auteur raconte une série délirante comme je l'aime. Il y a une galerie de personnages intéressants et attachants et le fait de toujours voir de nouveaux visages permet de varier les histoires. C'est vraiment le genre de série où je ne sais jamais ce qui va se passer ensuite et cela la rend passionnante. On retrouve un des types d'humour que j'aime le plus dans les mangas: le dessin est réaliste, mais les situations ne le sont pas du tout et c'est rempli de quiproquos qui me font bien rigoler. Il y aussi du drame par moment et là aussi c'est bien fait parce que le ton est juste et on ne tombe pas dans du mélodramatique chiant comme c'est souvent trop le cas avec les mangas. Bon même si j'aime bien la série, je ne sais pas trop quoi écrire de plus hormis le fait que c'est marrant pour moi. En tout cas, c'est une série à essayer si vous voulez un manga qui sort de l'ordinaire.
Le Huitième Fils
Bon j’ai pas tout lu mais je n’irai pas au-delà de ma découverte. Pourtant ça se lit très facilement, un graphisme facile et pas mal pour le genre. Il n’y a que sur la coiffure de notre héros que je tique, et aussi les couleurs de couvertures (mais ça s’explique). L’histoire prend la tournure d’un classique Isekai mode Fantasy. Un terrien se voit réincarner dans un nouveau monde. Ici un homme de 25 ans dans un gamin de 6 ans, il se verra au passage confier le don de magie. Original n’est-ce pas ^^ (nota : on le suivra quand il sera ado). Dans ce type d’œuvre, c’est le traitement apporté par l’auteur qui donne la saveur … et ici j’ai trouvé que ça manquait de pas mal de mordant. Aucun passage/péripétie n’a retenu mon attention et les personnages ne me sont pas parus extrêmement attachants. En fait je n’ai pas accroché à la proposition, il m’a semblé que ça s’adressait vraiment aux plus jeunes (et on en revient à la coiffure et aux fameuses couleurs). Notre héros atterrit donc dans un nouveau monde où il perfectionnera son don, il apparaîtra vite que sa maîtrise est bien supérieure au commun des mortels (pour ne pas dire cheatée). Voilà pour le fond. Sur ce postulat, l’auteur développe son univers avec pas mal de politique/jeux de pouvoir/financiers, ça donne du corps généralement mais là ça a été soporifique, comme ce qui touche aux religions ou le machin des x fils. Restent les personnages, mais ces derniers sont trop jeunes et niais. Bref pas accroché. Ah oui, l’auteur ajoute une couche de harem. Notre jeune héros étant surpuissant, son entourage féminin ne cessera de s’agrandir. On saupoudre le tout d’un peu d’ecchi prude, pas de cadrages osés mais on n’oublie pas de parler de petite culotte et tour de poitrine.
Sa Majesté des Mouches
Je vais paraître inculte mais je ne connaissais pas du tout le roman de Golding. En effet il n'était pas au programme à mon époque. J'ai donc découvert ce récit avec des yeux de néophyte. Une lecture d'un pessimiste profond à laquelle j'ai eu du mal à accrocher une grande partie de l'adaptation de Aimée De Jongh. Je ne jugerais pas la qualité de l'adaptation mais plutôt la série en soi. Il faut reconnaître que le travail de l'artiste n'était pas facile car elle était étroitement surveillée par les ayant droits et les fans du célèbre texte comme le prouvent certains commentaires sur ses choix d'édulcorer ou de réduire ( par la force des choses) certains passages de l'œuvre originale. Une fois l'œuvre entièrement lue d'une traite , je trouve que l'autrice s'en tire vraiment bien. Les 350 pages se lisent très vite. En effet l'autrice garde une partie du texte original en voix off pour le descriptif et dans les dialogues pour l'actif. Cela donne un texte d'un excellent niveau en off, et très incisif en bulles. On peut toujours contester certains choix mais la narration textuelle est fluide et très dynamique. De Jongh s'approprie plus particulièrement la narration visuelle avec un graphisme particulier qui ressemble à de la jeunesse. C'est tout l'art de la construction visuelle de l'autrice de nous faire découvrir à travers cette montée en puissance de l'intensité dramatique la profondeur du message de Golding. Après un début dans un genre aventure de survie à la Defoe on passe très vite à une parabole philosophique traitant de thèmes fondamentaux comme le droit et la force, le raisonnable et le fantasmé, la nature fondamentale de l'homme, bon sauvage ou ontologiquement mauvais? Golding ne peut qu'introduire une interrogation théologique puisque ce qui vient du ciel est mort , Sa Majesté des mouches n'est pas sans rappeler les anciens rites païens. On le voit le travail de l'autrice était d'autant moins facile qu'il ne lui appartient pas de donner SA lecture d'une œuvre aussi riche mais de l'ouvrir à un large public qui ne la connaissait pas ( comme moi). Graphiquement une difficulté supplémentaire est que tous les personnages sont des enfants assez jeunes avec des visages très ressemblants. C'est aussi une façon de montrer qu'avec un physique quasi identique, Ralph et Jack renvoient à des concepts aux antipodes du bien et du mal, via des organisations sociétales très différentes. Je termine par cette évolution de la mise en couleur qui accompagne la montée de la sauvagerie qui s'installe dans le récit. Une lecture très intéressante qui conduit à une profonde méditation même si je ne suis pas raccord avec ce pessimiste extrême.
Gnomes de Troy
A la suite de la planche mystère que je ne connaissais pas j'ai emprunté deux albums de cette série pour me faire une idée. Je ne suis pas du tout familier de l'univers de Lanfeust et pas trop fan du travail de Arleston. Ma lecture me conforte dans mon ressenti. On a ici une vieille série commerciale qui surfe sur un succès et le genre "jeunesse de". Pourquoi pas puisque d'autres ont eu du succès. Comme d'autres l'on souligné avant moi ce n'est pas drôle du tout et le dessin reste basique . Par dessus tout ce que je n'apprécie pas , c'est cet humour bête et méchant qui s'adresse à un jeune public. C'est gratuitement sanglant, par moment limite pervers, et ça vise facilement en dessous de la ceinture en de nombreux gags. Un esprit que je n'aime pas du tout.
Les Amants d'Hérouville - Une histoire vraie
Grand coup de coeur pour cette BD. Le formalisme très atypique (mélange de dessins et de photos d'époque) et le choix de l' esthétique des dessins m'ont beaucoup plu. C'est moderne, coloré, vif, beau... Et l'aventure que représente ce château et ses occupants est tout simplement incroyable. Je suis heureux d'avoir découvert ce Michel Magne de cette manière là.
Les Illuminés
Et bien là, je n'ai pas accroché. Je comprends bien la valeur historique, culturelle de cette oeuvre. Mais pour moi le parti pris de demi page par lieu pour des actions simultanées est illisible. Pas moyen de rentrer dans une scène tellement elles s'enchaînent d'un lieu à un autre. Et au final, à part une succession de scènes, les auteurs nous offrent pas une psychologie profonde et subtile des personnages. Difficile alors d'être en empathie avec les protagonistes ou de garder de l'intérêt pour leurs histoires décousues. Par contre, j'admets volontiers le talent du dessinateur.