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Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Le Nom de la Rose
Le Nom de la Rose

Les images marginales prêtent souvent à sourire, mais à des fins d’édification. - Ce tome est le premier d’un diptyque formant l’adaptation en bande dessinée du roman du même nom, paru en 1980, d’Umberto Eco (1932-2016), ayant fait l’objet d’un film en 1986, réalisé par Jean-Jacques Annaud, avec Sean Connery (1930-2020) et Christian Slater dans les rôles principaux. Son édition originale date de 2024. Il a été réalisé par Milo Manara pour l’adaptation et les dessins, par Simona Manara pour les couleurs, avec une traduction de Jean-Noël Schifano conformée à la présente adaptation graphique par Aurore Schmid. Il comprend soixante-deux pages de bande dessinée. Il se termine par un cahier de recherches graphiques de sept pages. À pic sur une boucle du Danube, à proximité de Melk, se dresse le très beau Stift, un monastère plus d’une fois restauré au cours des siècles. L’écrivain s’y rend vers la fin août 1968 pour dénicher quelque trace d’un manuscrit ancien – naturellement. Il en avait trouvé mention dans un livre dû à la plume d’un certain abbé Vallet. Le livre s’intitulait Le manuscrit de Dom Adson de Melk, traduit en français d’après l’édition de Dom J. Mabillon, et on le lui mit dans les mains à Prague, le 16 août 1968. Dans l’attente d’une personne chère, il rédigeait presque d’un seul jet, une traduction sur ces grands cahiers de la papeterie Joseph Gibert, où il est si agréable d’écrire avec une plume douce. Six jours après, les troupes soviétiques envahissaient la malheureuse ville. En suivant un parcours hasardeux, il parvint à atteindre la frontière autrichienne à Linz. De là, il se dirigea vers Vienne, où il rejoignit la personne attendue, et ils remontèrent le cours du fleuve. Avant d’arriver à Salzbourg, une nuit tragique, dans un petit hôtel sur les rives du Mondsee. La personne avec qui il voyageait disparut en emportant dans son bagage le livre de l’abbé Vallet. Il ne lui resta ainsi qu’une série de cahiers écrits de sa propre main et un grand vide dans le cœur. Quelques mois plus tard à Paris, à la bibliothèque Sainte-Geneviève, il trouvait les Vetera Analecta auxquels faisait référence Vallet. Inutile de dire qu’ils ne contenaient aucun manuscrit d’Adso ou Adson de Melk. Il en serait probablement encore à se demander d’où pouvait bien venir l’histoire d’Adso de Melk si, en 1970, à Buenos Aires, ne lui était aussi tombé dans les mains un opuscule de Milo Temesvar, trouvé sur les étagères d’un petit libraire antiquaire dans la Corrientes. Il s’agissait de la traduction introuvable de l’original en langue géorgienne du De l’utilisation des miroirs dans le jeu des échecs, et, à sa grande surprise, il y lut de copieuses citations du manuscrit d’Adso, sauf que la source n’en était pas Vallet, mais bien le père Athanasus Kircher. Les épisodes auxquels il se référait étaient absolument analogues à ceux du manuscrit trouvé par Vallet. C’est ainsi que l’écrivain se sent libre de raconter par simple goût fabulateur, l’histoire d’Adso de Melk, si glorieusement éloignée du temps présent parce que c’est là une histoire de livres, non de misères quotidiennes, et sa lecture peut incliner à réciter avec le grand imitateur A. Kemois : In omnibus requiem quaesivi, et nusquam inveni nisi in angulo cim libro. (J’ai cherché le repos partout et ne l’ai trouvé que dans un coin avec un livre.) Adapter le roman le plus célèbre d’Umberto Eco en bande dessinée constitue un défi impressionnant, et le lecteur est fort aise de découvrir que c’est un bédéiste chevronné qui se donne ce défi. Cet écrivain sait conjuguer une intrigue en forme de polar médiéval, révélateur de facettes de la société de l’époque, avec des questionnements philosophiques, un regard d’historien et une savante contextualisation, encore enrichi par d’élégantes métaphores. Une seule certitude : l’adaptation d’une telle œuvre ne peut que perdre en densité du propos de l’auteur, tout en s’y heurtant. De fait, le lecteur voit bien deux ou trois passages au cours desquels l’adaptateur se trouve confronté à la nécessité de transmettre une énorme quantité d’informations en respectant le style de l’écrivain, à la fois dans sa langue et dans la forme, en l’occurrence quel personnage parle. Cela commence avec le prologue dans lequel l’écrivain évoque le processus par lequel il a mis la main sur les mémoires d’Adso de Melk : un texte courant d’un cartouche à l’autre, avec de magnifiques illustrations, le monastère se reflétant dans la rivière, l’écrivain s’adressant au lecteur, le même prenant des notes, un char dans les rues de Prague, puis un fac-similé d’une gravure ancienne dans laquelle un moine se tient à son scriptorium. Cette sensation réapparaît chroniquement face à un phylactère occupant plus de place que le dessin dans une case. Le principe de reprendre des portions du texte original revient en page cinquante-quatre le temps de trois pages, puis de deux autres un peu plus loin. L’artiste passe en mode illustration avec des traits de contour ténus et assurés. Il s’agit d’évoquer la vie du moine Salvatore : de son village natal où les champs pourrissaient tandis que l’atmosphère était viciée par miasmes mortifères, jusqu’à une vie de vagabondage au sein d’une bande de déshérités suivant frère Paul, un boiteux qui se vantait d’avoir eu directement du Saint-Esprit, la révélation que l’acte charnel n’était pas péché. Le lecteur ressent de l’empathie pour ce pauvre homme, ballotté par les circonstances de sa naissance, soumis à la réalité de grands mouvements sociaux, qu’il est incapable de discerner, encore moins de nommer. Puis vient l’histoire d’Ubertin de Casale qui se mêle aux personnes qui suivent le prédicateur Fra Dolcino. À nouveau, l’empathie fonctionne, et le lecteur perçoit l’histoire personnelle d’un individu défavorisé par les circonstances de la naissance. Les dessins apparaissent également d’une incroyable délicatesse, et d’une grande élégance, autant de miniatures permettant au récit de s’incarner, au lecteur de voir de vrais êtres humains qui souffrent tout en espérant un avenir meilleur. Avec un peu de recul, le lecteur perçoit les éléments historiques référencés, sans être toujours explicités. Durant ces deux séquences consacrées à la vie de deux moines, sont évoqués la pauvreté du peuple, les prédicateurs franciscains, le pape coupable de simonie, la croisade des Pastoureaux de 1320 (une insurrection populaire), le règne de Philippe V, une croisade contre des hérétiques, différentes hérésies religieuses. Au début du récit, Guillaume de Baskerville évoque son métier d’inquisiteur, et Adso évoque la chrétienté divisée entre l'autorité du pape Jean XXII et celle de l'empereur Louis IV du Saint-Empire. En fonction de sa familiarité avec cette époque, le lecteur peut éprouver le besoin de se renseigner plus avant, ou alors il soupire d’aise en voyant ce contexte clairement exposé et utilisé avec intelligence. De son côté, Milo Manara réalise des dessins d’une minutie exquise pour donner à voir cette époque, à la fois dans les tenues vestimentaires, et dans les ustensiles divers et variés, que ce soit dans la cuisine, dans la bibliothèque ou encore dans l’herboristerie. Le lecteur se régale de ces images délicates et précises, donnant à voir les lieux tels qu’ils sont perçus par le jeune Adso. Une fois passé les trois pages de prologue, le lecteur découvre une page dense de contexte historique, Louis IV et Jean XXIII, la position des Franciscains par rapport au pape, la pauvreté du Christ comme vérité de Foi. Puis la narration passe en mode direct, et le lecteur se retrouve à grimper la pente enneigée d’un chemin pour rallier l’abbaye, dans des teintes grisées, un temps de neige. Page onze : une vue en contrebas de la gigantesque abbaye, dans un dessin en pleine page à couper le souffle. Très conscient des décors exceptionnels, l’artiste s’investit dans leur représentation, dans des dessins en pleine page, ou occupant deux tiers d’une page, magnifiques. Le lecteur ralentit consciemment son rythme pour savourer une vue générale en plongée oblique sur le domaine de l’abbaye et son mur d’enceinte, la vision de l’église et de son tympan historié, un immense couloir avec une hauteur sous plafond de trois ou quatre étages, la cuisine avec tous les servants en activité, le scriptorium avec les moines au travail, l’herboristerie, etc. Comme dans le film de Jean-Jacques Annaud, l’abbaye devient un personnage à part entière, surprenant, écrasant par sa taille, tolérant l’activité des hommes en toute indifférence. L’adaptateur met en scène l’enquête en elle-même : le constat des décès, l’examen des cadavres, la recherche d’indices, les phases de déduction, dans un registre naturaliste, dont sourd une inquiétude générée par le caractère factuel des constats et l’incompréhension de ce qui motive le coupable, ainsi que l’absence d’explication rationnelle de la cause de la mort. Le lecteur ressent la mécanique du polar : à la fois la dimension ludique de comprendre comment les cadavres peuvent se retrouver à ces endroits, à la fois la dimension sociale et historique car le contexte est spécifique et les meurtres touchent aussi bien les simples moines que les responsables. Le lecteur sent bien au fond de lui-même que l’auteur se joue de lui, entre les indices insuffisants pour pouvoir anticiper les révélations, et ce mystère autour d’une bibliothèque. En effet, la présence de livres au sein d’une histoire produit automatiquement une mise en abîme. Il y a déjà ce nom très particulier de Baskerville qui fait penser à une enquête de Sherlock Holmes : Le chien des Baskerville (1902). Il y a également cette bibliothèque dont l’accès est réglementé, et une zone interdite, induisant un questionnement sur les effets produits par la lecture sur les moines. En sus du questionnement sur le rire dans la foi catholique, la contemplation des petits personnages dessinés par Adelme d’Otrante, la première victime, qui attire l’attention des moines. L’un d’eux en parle en les qualifiant d’images marginales, une formulation évoquant les Marginals de Sergio Aragonés, petits dessins fourmillant dans les marges du magazine MAD. Découvrir Le nom de la rose, par cette adaptation en bande dessinée : une bonne idée, car Milo Manara met tout son savoir-faire au service de ce récit, sans en occulter de facettes. Le lecteur commence par assimiler le contexte historique du récit, puis il se retrouve aux côtés d’Adso, jeune moine, accompagnant Guillaume de Baskerville, moine confirmé. Les pages sont magnifiques, faisant honneur tant à la reconstitution historique, qu’aux décors saisissants. Qu’il connaisse l’intrigue ou non, le lecteur prend rand plaisir à lire, bien au chaud, cette enquête dans cette abbaye sous la neige. Du grand art.

04/02/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série Pierre de Coubertin
Pierre de Coubertin

Une biographie sur l'inventeur des jeux olympiques modernes à savoir Pierre de Coubertin. On retrouve les défauts récurrents des biographies en BD, à savoir qu'on saute d'une année à l'autre et des éléments intéressants qui mériteraient d'être plus approfondis ne sont que survolés (je pense surtout au racisme de Coubertin qu'on voit au final peu contrairement à sa misogynie). Il y a tout de même des défauts que les auteurs évitent : ils ne mettent pas leur sujet sur un piédestal et montrent qu'il avait des défauts et qu'une partie de sa pensée a très mal vieilli, et aussi le dessin est agréable et dynamique, ce n'est pas un dessin réaliste froid et sans personnalité qui semble sortir d'un studio comme c'est le cas avec plusieurs biographies en BD. J'ai bien aimé découvrir les premières décennies des jeux olympiques qui étaient bien différents de ce qui se fait aujourd'hui et aussi qui n'avaient pas le même engouement de la part du public ou des autorités locales (les jeux de Paris en 1900 ont reçu peu de publicité...tout le contraire de ceux de 2024 !). C'est un album qui se lit agréablement à défaut d'être marquant.

03/02/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série Sissi - Une femme au-delà du conte de fées
Sissi - Une femme au-delà du conte de fées

2.5 J'ai connu le personnage historique de Sissi via le dessin animé français des années 90. J'aimais bien le regarder petit, mais en y pensant profondément, l'animation n'est pas terrible et le coté historique est un peu n'importe quoi. Je pense que je ne m'étais même pas rendu compte que Sissi avait réellement existé jusqu'à ce que ma mère me mentionne l'existence des films. J'étais bien content d'avoir une biographie qui montre la vraie vie tragique de Sissi, mais j'ai trouvé le résultat moyen. Il y a des scènes que j'ai bien aimées, surtout celles qui parlaient de politique et montraient bien la situation de l'époque. Malheureusement, il y a des passages qui ne m'ont pas du tout intéressé. La pauvre Sissi semble s'ennuyer souvent et moi aussi je me suis un peu ennuyé. Le dessin est bon, mais c'est plus un dessin que j'aime mieux en illustration parce qu'en art séquentiel cela donne une narration un peu lourde alors qu'il aurait du être plus dynamique. Un album à emprunter à la bibliothèque pour découvrir la vie de Sissi loin des clichés de contes de fées.

03/02/2025 (modifier)
Couverture de la série Fannie la renoueuse
Fannie la renoueuse

Quand c’est bon, il faut le dire !! Et ce tome est très très bon. Et l’univers des Contes de la Pieuvre c’est plus que bon, c’est magique !! Chaque tome apporte sa pierre à l’édifice et construit un monde de plus en plus fascinant dans lequel Gess m’emporte systématiquement. Je suis un grand admiratif de son travail, idées, talent déployés avec cette série (avant aussi mais celle ci a un goût particulier). J’ai dévoré ce dernier tome autour de Fannie qui sonne comme une quintessence des divers cailloux semés au préalable. La narration étrangement différente de d’habitude m’a vraiment bien plu avec ce p’tit côté puzzle. C’est toujours soigné, fait dans une grande cohérence. Bref un plaisir de s’y perdre. Le seul défaut descellé, c’est que si les histoires se veulent indépendantes (de la série j’entends), je ne démarrerais pas spécialement par ce tome pour la découvrir. J’ai été bien attristé quand mon libraire m’a appris que la série ne se vendait pas trop. C’est franchement une tuerie à mes yeux, un truc de haute volée. Si vous ne la connaissez pas encore je vous envie. Go vous y perdre ;)

03/02/2025 (modifier)
Couverture de la série Les Garnimos
Les Garnimos

J’ai lu les deux premiers tomes (seuls disponibles dans ma médiathèque). J’en ressors avec un sentiment mitigé, mais globalement satisfait. En tout cas concernant le public cible, plutôt jeune, c’est de l’humour adapté. Un peu cynique, un peu noir, avec de grosses couches d’humour lourdingue. Ces aventures pour de rire des animaux de la savane (pour le premier tome) ou de la jungle (pour le suivant), se laissent lire (le changement de cadre n’influe pas sur les protagonistes, toujours les mêmes). Le dessin de Dav est très simple, mais expressif et globalement efficace. Il participe de la réussite de certains gags. L’ensemble est inégal, et un peu répétitif au niveau des gags. En particulier celui du piaf un peu con qui essaye de becqueter un ver de terre, et qui se retrouve immanquablement choper et étranglé par un carnivore (souvent le croco). C’est d’ailleurs ce struggle for life qui est au cœur des histoires, chacun étant le prédateur de l’autre à un moment, et herbivores cohabitant parfois sans problème avec des carnivores. Certaines scènes – surtout dans le deuxième tome – m’ont fait penser à La Jungle en folie – en plus « jeune public », mais aussi, étrangement, en plus déjanté. Même si, public cible oblige – ça reste quand même assez gentil. Une lecture d’emprunt, à lire en famille. Rien d’inoubliable, mais il y a des gags qui peuvent fonctionner au-delà du jeune public.

03/02/2025 (modifier)
Couverture de la série Échecs
Échecs

Un récit choral bien mené. Dessin et narration sont agréables, fluides. J’ai bien aimé aussi la construction d’ensemble du récit. En effet, cette architecture donne du sel à des récits particuliers qui auraient pu être banals pris individuellement. Ici, la somme justifie les parties. Le cœur du récit est donné par plusieurs parties d’échecs jouées par une vieille dame et un visiteur bénévole de sa maison de retraite. Elle lui apprend à jouer, lui donne des leçons (dans tous les sens du terme d’ailleurs). Mais rapidement on se rend compte que la plupart de ses commentaires échiquéens illustrent ce qui arrive aux différents protagonistes, qu’ils ont un caractère métaphorique. Je connais bien ce jeu, et j’ai vraiment apprécié ces passages, intéressants en eux-mêmes, et qui finissent par parfaitement coller avec les mésaventures amoureuses vécues par tous les protagonistes de l’album (que nous voyons sur la couverture). Si les toutes premières pages nous submergent un peu de personnages, tout se clarifie assez rapidement, et leurs différentes interactions se complètent bien, jusqu’aux dernières pages, où tous les hasards (parfois « heureux », mais on est près à accepter certaines facilités) qui les unissent sont rappelés au lecteur. A part les quelques facilités évoquées, on peut éventuellement reprocher à Pinel d’avoir multiplié les happy-end, d’avoir choisi une version sucrée de la vie sentimentale de tous les personnages. Mais après tout pourquoi pas ? Ici ça passe. Surtout que le dernier pied de nez – de la seule personne qui ne cherchait pas de relation sentimentale en fait – est un poil amusant et cynique. J’ai d’ailleurs longtemps cru que cette dernière leçon, ce « secret » pour gagner aux échecs allait n’être qu’un mystère jamais révélé. Une lecture feel good sympathique.

03/02/2025 (modifier)
Couverture de la série Les 5 Terres - Demeus Lor
Les 5 Terres - Demeus Lor

Autant je suis tombé dans la marmite avec la série mère, autant ici je dis pas mieux que PAco avec cette première déclinaison. Demeus Lor n’est pas le personnage le plus charismatique du 1er cycle mais je n’étais pas non plus réfractaire à la suite de ses aventures. Why not j’ai envi de dire ? Ça partait bien avec un graphisme agréable (j’aime bien Sylvain Guinebaud) et dans la veine de ce que propose J. Lereculey. Par contre, un peu loin fan des couleurs que j’ai trouvé moins naturelles (étonnant puisqu’on retrouve le même coloriste ?!). L’action se situe sur une petite île du royaume d’Angleon pendant l’invasion des ours sur les félins (chronologiquement entre le 2eme et 3eme cycle pour ceux qui suivent). L’île sera vite sous la coupe des envahisseurs puis nous verrons comment s’organise la « cohabitation » entre belligérants, neutres et collabos. L’idée est intéressante et plutôt bien exploitée, il y a un petit côté Antigone dans le fond qui me plait bien. Sauf que je sais pas, il manque un truc pour rendre la lecture vraiment passionnante (je mets la barre haut) : pas désagréable mais un peu trop mou, les personnages vous laisseront froids, on ressent le côté étriqué du one-shot. Donc forcément ça souffre de la comparaison avec son aîné. Sympa, ça enrichit l’univers mais on peut faire l’impasse.

03/02/2025 (modifier)
Par pol
Note: 4/5
Couverture de la série Love Not Dead
Love Not Dead

Vous avez vu le film Jean-Philippe ? Quand Luchini se réveille dans un monde où plus personne ne connait Johnny Halliday. Bon ben, Love Not Dead c'est un peu pareil, un matin le héros se lève et plus personne ne sait ce qu'est l'Amour. Non seulement ce sentiment, a disparu mais en plus il n'a visiblement jamais existé. Voilà l'idée saugrenue qui donne le top départ à ce petit album humoristique, qui renferme un bon gros délire. Notre héros va essayer de comprendre ce qui c'est passé, et il va essayer d'expliquer à qui veut bien l'écouter comme l'amour c'était bien. Famille, amis, le gars du coin de la rue, son psy, tout le monde aura droit à son laïus. Qu'on se le dise, l'album n'est pas à mettre entre toutes les mains. Le ton est vite donné. Si les gens ne savent pas ce qu'est être amoureux, en revanche ils savent parfaitement ce que c'est que baiser à tout bout de champ. Avec pleins de partenaires. C'est comme ça. Du coup, l'humour est assez trash, mais il fonctionne vraiment bien. On se marre pas mal, si on n'est pas trop prude bien sur. En 4 cases par page, on enchaine les petits strips, qui vont tous tourner autour de cette histoire d'Amour disparu. C'est globalement bien décalé, et de temps en temps c'est donc assez vulgaire. Ce qui est bien, c'est que c'est pas tout le temps justement, et en général on le voit pas trop venir. Une réplique trash succédant à une réplique banale. Quand on commence un strip, on ne sait pas comment il va finir. C'est parce que c'est inattendu que ça marche bien. L'ensemble est plutôt décalé, et souvent drôle. Le dessin assez simple colle très bien à cette ambiance qui ne se prend pas au sérieux. Ca ne fera pas rire tout le monde, mais moi j'y reviendrais bien volontiers.

03/02/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 2/5
Couverture de la série Mon chien pour la vie
Mon chien pour la vie

Cet album manga inclut 5 histoires courtes et indépendantes qui ont toutes le même sujet : la mort d'un chien domestique et comment elle a impacté son maître ou sa maîtresse. Ce n'est pas gai mais c'est vrai que pour tous les propriétaires de chien qui ont eu à subir cela, c'est un sujet terriblement touchant. Comme ce fut le cas pour moi, la larme est facile à couler quand ces scènes de fin vous rappellent ce que vous avez vous-mêmes subi, ou craignez de subir. Et pourtant, je ne peux pas pour autant dire que c'est un bon manga. Le dessin est approximatif, avec des personnages humains tout juste corrects, des décors le plus souvent vides, et des chiens... plutôt ratés, ce qui est navrant pour un album dont c'est le sujet principal. Les cinq histoires se ressemblent énormément, avec l'impression de quasiment relire la même chose à chaque fois. Les chiens y sont majoritairement des petits chiens d'agrément, des animaux qui n'ont quasiment rien vu d'autre de leur vie que les petits appartements de leurs maîtres(ses) et qui se font volontiers pomponner et affublés de petits nœuds. Certes l'autrice met largement en avant leur amour, leur compassion et à quel point ces braves chiens se sont souciés de leurs maîtres et ont fait leur bonheur, amenant ces derniers à vouloir le leur rendre dans les derniers instants de leur vie. Mais elle le fait de manière assez cucul et sans subtilité. Oui, la larme est là pour ceux qui ont vécu ça, mais objectivement, tout dans la narration est cousu de fil blanc, fait pour amener l'émotion facile, prévisible... et surtout répétitive puisque c'est la même chose sur les cinq histoires. Que vous aimiez les chiens ou pas, ce n'est pas un grand manga.

03/02/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 2/5
Couverture de la série L'Aventurier
L'Aventurier

Cette BD m'a laissé perplexe car elle s'aventure vers des terrains auxquels je ne m'attendais pas. L'introduction m'avait en effet laissé penser qu'on était dans un cadre historique, celui de Ravenne et des cités italiennes du Quattrocento, avec un jeune aristocrate amoureux rappelant un peu la trame de Roméo et Juliette. Et puis arrive la peste qui ravage tout et le héros qui se retrouve à errer sur les routes de ce qu'on pense encore être l'Italie. Sauf que voilà, assez rapidement, l'histoire prend des allures de conte, avec un magicien et son palais merveilleux, le héros qui devient roi d'une puissante contrée juste parce qu'il a eu la chance de tuer l'ancien prince sans le faire exprès, et toute une intrigue autour d'un destin inéluctable qui plonge le personnage principal dans une intense dépression tandis que la femme qu'il a brièvement aimée part à sa recherche sans conviction. Les thèmes se mêlent sans qu'aucun ne ressorte vraiment, qu'il s'agisse de la fatalité, du sens de l'aventure et de la liberté, de l'amour contrarié, de la politique d'une cité, des ambitions futiles, du choix de vie ou de ce qui peut changer la nature d'un homme. Le dessin, parfois charmant, est inégal. Je lui reproche notamment certains choix de design, notamment le côté géométrique et anguleux de la couronne et de la ville dont le héros devient roi. Mais de manière générale, c'est le fait d'avoir été tenu à distance du récit en permanence qui fait que je n'ai pas apprécié ma lecture. Le héros n'a rien d'attachant et j'ai eu bien du mal à suivre ses schémas de pensée et à comprendre ses réactions souvent violentes. A aucun moment je ne me suis senti proche de lui et de ses tourments moraux. Il se rend même régulièrement antipathique. Je ne me suis pas senti beaucoup plus proche du personnage secondaire qu'est la fille de Géronte et de son parcours à elle. L'intrigue manque d'une consistance et d'une cohérence claire à même de me satisfaire. Elle prend trop des allures de conte où tout est possible au gré des envies artistiques de l'auteur et je n'ai pas su capter sa logique interne trop changeante. Tant et si bien que je n'ai pas su être touché par son message final.

03/02/2025 (modifier)