Les derniers avis (339 avis)

Par Cacal69
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Versatile
Versatile

C'est la première BD des sœurs Chauvin, Hosanna au scénario et Clotilde au dessin et à la couleur. Le résultat est très bon. Hosanna a transporté la cour de Versailles dans le royaume imaginaire de Versatile, et celui-ci porte très bien son nom. Un royaume qui a une particularité, on peut gravir les échelons sociales suivant les actions réalisées (ou non réalisées), des piastres (la monnaie royale) tombent alors automatiquement dans une bourse et on peut voir où l'on se situe grâce à une sorte de montre à gousset (voir la deuxième image de la galerie), l'aiguille pointe sur la position sociale du moment. Une aiguille qui peut tout aussi bien grimper, que descendre. On va suivre le parcours de Célimène, elle est née chiffonnière et veut devenir reine. Pour monter les échelons, il n'y a pas 36 façons de le faire, soit on travaille dur et on est méritant, soit on écrase la concurrence et tous les coups sont permis. Célimène va choisir la deuxième option, et ce choix aurait dû me la rendre antipathique, car évidemment elle sera garce, mais elle a aussi un côté désespérée qui m'a touché. Un personnage complexe qui sera amené, le long de son ascension sociale, à côtoyer son contraire, Dorval. Un duo que tout oppose, deux visions différentes de la vie et de l'amour. Un rythme soutenu, des personnages fouillés, l'esprit XVIIIe siècle est bien rendu et le récit tient en haleine. La morale sera-t-elle sauve ? Je vous laisse le découvrir, mais vous aurez un peu votre mot à dire. Le dessin de Clotilde est racé, il me plaît beaucoup, je lui trouve un charme fou et une texture singulière qui dégage de l'émotion. Les couleurs sont superbes. J'en redemande. Un duo d'autrices que je vais suivre. Coup de cœur.

03/04/2025 (modifier)
Par Mashiro
Note: 4/5
Couverture de la série Deux Filles nues
Deux Filles nues

Cette oeuvre a grandi en moi au fil des pages à un point que je n’aurais pu imaginer! Tout commence avec des bribes d’images qui se complètent, Otto peint Mashka au milieu de la forêt puis nous suivons Otto dans les rues allemandes de 1919 avant d’arriver dans son atelier. C’est alors que j’ai compris le concept du livre, chaque case proposée par Luz est en faite le point de vue du tableau ! Et ce concept nous fais suivre toute une fresque historique de l’Allemagne du 20eme siècle du point de vue de ce tableau. Le concept est franchement bien amené. L’auteur en joue d’ailleurs beaucoup avec une certaine poésie et un certain mystère nait autour de ce tableau car, ce tableau que tout le monde juge et observe, cette oeuvre dans laquelle certains perdent leur regard et d’autres souhaitent la voir bruler, on ne peut l’apercevoir qu’à la fin, mis face au fait accompli de tout ce qu’elle a à donner, tout ce qu’elle représente mais aussi tout ce qu’elle a vu. Deux filles nues est une suite de bribes de vies, du peintre au collectionneur, du confiscateur à l’archiviste. C’est aussi un cours d’histoire détourné sur l’art dégénéré qui n’aura finalement jamais cessé d’être d’actualité. En terme de style, certains diront que le dessin est trop simple ou moche. C’est moins élaboré que Vernon Subites mais tout de même plus intelligent que Catharsis. Personnellement j’ai beaucoup aimé la manière dont Luz joue avec le cadre qui bouge, la profondeur des plans (dans certains cas, l’action est dans le second ou troisième plan tandis que le premier n’est que le décor) et la profondeur des personnages qui se penchent pour observer le tableau. Je ne pense pas avoir compris (ou essayé de comprendre) la symbolique des insectes mais Deux filles nues donne à interpréter beaucoup plus qu’au premier abord. Dans la postface, on peut aussi réaliser un parallèle sur le hasard de l’existence au milieu de la tragédie, pour ce tableau mais pour l’auteur lui-même qui était en retard le jours des attentats. Une chouette lecture !

03/04/2025 (modifier)
Par Mélusine
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Mélusine
Mélusine

Mélusine est un tout nouveau univers pour les jeunes comme les grands. Ce n'est pas trop une série, mais plutôt des gags qui se suivent. Mélusine est une femme forte, intelligente et débrouillarde, ce qui montre un regard nouveau sur les sorcières. Je trouve cela amusant, les illustrateurs ont mis du temps et de l'amour pour les dessins. Excellent.

03/04/2025 (modifier)
Par Spooky
Note: 3/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série La Dernière Rose de l'été
La Dernière Rose de l'été

Tiens, je ne connaissais pas le travail de Lucas Harari, et c'est un peu par hasard que je suis tombé sur cet album. L'objet est ma foi très joli, et quand on connaît le degré d'exigence des Editions Sarbacane, on se dit qu'un tel écrin doit renfermer un petit bijou. Pour le coup c'est un album vraiment intéressant, un thriller estival entre tueur en série et amours à peine esquissées. Harari a tissé une toile complexe, avec des éléments semés tout au long de son récit de manière à faire naître une conviction, des soupçons, lesquels peuvent aussi voler en éclats. C'est suffisamment bien foutu pour qu'on n'aie pas envie de lâcher l'album, qui compte tout de même 200 pages, jusqu'à la fin. Si celle-ci n'en est pas vraiment une, elle est par ailleurs assez frustrante, puisque seule une partie du pot-aux-roses nous est dévoilé. Si le côté passionnel permet quelque part de se satisfaire de la non-résolution de l'enquête (jusque-là du moins), il n'en demeure pas moins quelques zones d'ombre, concernant le Dr Klement notamment. Et c'est ce qui m'empêche de mettre une meilleure note à ce pourtant très bon album par ailleurs. Le dessin de Lucas Harari est plaisant, rappelant un peu la ligne claire des années 80, alliée à une belle occupation de l'espace. J'aime beaucoup ses paysages, notamment. Bref, un album vraiment sympa, qui aurait mérité un peu plus d'explications pour être totalement plaisant.

03/04/2025 (modifier)
Couverture de la série Champs de Bataille - L'histoire enfouie du remembrement
Champs de Bataille - L'histoire enfouie du remembrement

Dans le prolongement – au niveau de certains thèmes, mais aussi de la qualité du travail – de leur excellent documentaire Algues vertes - L'Histoire interdite, les auteurs remettent le couvert pour décrypter le sujet a priori secondaire du remembrement. Ils en tirent un documentaire qui présente bien les tenants et aboutissants, les méthodes – brutales et déloyales la plupart du temps – employées par les pouvoirs publics et les industriels pour « faire avancer le progrès ». Je connaissais les grandes lignes, et j’avais d’ailleurs pu mesurer le désastre lorsque j’étais revenu dans les années 1990 dans la campagne normande que j’avais connue de la fin des années 1960 aux années 1970, chemins et haies disparues, pommiers arrachés, vastes étendues sans âmes et sans oiseaux. Une fois m’avait suffi, je n’avais plus jamais voulu y revenir, préférant garder d’autres souvenirs. Mais cet album présente de façon très pédagogique les divers mécanismes qui se sont succédés et amplifiés (intéressant de voir que la FNSEA prend ici le relais d’un syndicat créé sous Vichy pour obtenir l’obéissance des paysans aux injonctions du « pouvoir »). Paysages massacrés, vies bousillées, villages divisés, écosystèmes anéantis, avec leur lot de conséquences (inondations, érosion des sols, mort de la vie villageoise, etc.). Il est aussi intéressant de voir certains promoteurs de ce remembrement regretter leur extrémisme, leur aveuglement, comme Pisani, ou René Dumont – qui basculera ensuite vers l’écologie politique. Et bien sûr, derrière tout ça, la recherche du productivisme, du profit. Les industriels (ceux qui vendent du matériel agricole – américain au départ, pour utiliser les fonds du plan Marshall – mais aussi tous ceux qui ont besoin de dépeupler les campagnes pour trouver une main d’œuvre dans leurs usines en ville !), les banquiers, etc. Et les vendeurs de « produits phytosanitaires », rendus nécessaires par la stérilité grandissante de ces champs désormais plus protégés par des haies, plus secs, etc. Derrière la « marche du progrès », il y a aussi toutes ces luttes passées sous silence, cette répression et cette propagande qui écrase toute opposition. Comme d’habitude avec ces auteurs, tout est étayés par de nombreuses citations, une foule de documents (certains placés en annexe), une imposante recherche, qui se sent. Du travail solide, qui mérite, comme leur précédent opus, une plus grande lisibilité, à l’heure où les conséquences (environnementales – mais pas que) de ce remembrement se font durement sentir. A lire évidemment !

03/04/2025 (modifier)
Par Mashiro
Note: 3/5
Couverture de la série En descendant le fleuve et autres histoires
En descendant le fleuve et autres histoires

Comme l’indique la quatrième de couverture, les personnages de Gipi sont souvent des adolescents en quête d’eux-mêmes. C’est valable pour la majorité de ces oeuvres, et cela l’est d’autant plus avec ce condensé de 12 histoires courtes On reconnait toujours le style de l’auteur avec son alternance de crayonné et belles aquarelles dans la majorité des histoires, mais c’est également rafraîchissant de voir certaines de ces anciennes histoires avec un style plus immature et sombre. Mes deux histoires préférées (qui sont finalement les deux premières) sont En descendant le fleuve qui transmet le mieux et en à peine quelques pages cette dose d’aventure, de non-dit, d’entrée à l’âge adulte, d’amours (toute une multitude de sujets dans laquelle l’auteur resplendit) et Le Chasseur de coeur que je trouve joliment écrit, presque poétique et qui accorde bellement le dessin à la mine et la peinture à l’aquarelle. Une chouette lecture pour compléter votre collection de Gipi !

03/04/2025 (modifier)
Couverture de la série Ceux qui me touchent
Ceux qui me touchent

La longue description des méthodes d’abattage de porcs au début nous plonge dans une histoire qui très longtemps va se maintenir dans une certaine noirceur – voire une noirceur certaine. Le récit mêle – plutôt bien – plusieurs thématiques. Des questionnements existentiels, la crise de la quarantaine, la maltraitance animale, etc. Autour d’un homme qui, sans perspective après des études artistiques, travaille dans un abattoir. Des finances à peine à l’équilibre, un couple en difficulté (en tout cas leurs horaires de travail rendent incompatibles une vraie vie commune), et leur fille, pleine de vie, avec laquelle il partage des histoires, qu’ils construisent à deux, et dans lesquelles il finit par trouver une clef de lecture de son existence, pour la changer. S’ensuit un long bouleversement de sa vie, présenté de façon crédible, par petites touches. Le scénario est bien fichu. Un rythme lent, mais jamais ennuyeux. La noirceur dont j’ai parlé n’étouffe pas le récit. Car celui-ci ménage quelques respirations. Les échanges entre le héros et sa fille, mais aussi la parenthèse enchantée et improbable avec les fermiers et leur fille autiste. Et aussi la galeriste et l’artiste qui interviennent dans le dernier tiers de l’album, incarnant la fatuité, l’énorme prétention ridicule de bobos à claquer. Un humour grotesque qui fait aussi changer de perspective : les femmes obèses grimées en cochons subissent autant la violence humaine que les cochons des abattoirs. La fin enchaîne sur ce grotesque, en glissant une sorte d’happy-end qui fait retomber quelque peu la tension. Un dernier mot sur le dessin et les choix de colorisation : tout est vraiment bon, beau, et parfaitement raccord avec le récit : les changements de colorisation illustrent les questionnements du héros. Une lecture que j’ai vraiment beaucoup appréciée.

03/04/2025 (modifier)
Par Spooky
Note: 2/5
Couverture de la série Retour
Retour

Très vite je me suis rendu compte, en lisant cet album, qu'on était plus proche de la farce que de la véritable aventure futuriste que son cadre temporel le laissait croire. Abuli et Bernet ne se sont encombrés d'aucune contingence à ce sujet, tout juste quelques designs rappellent-ils que nous sommes au 23ème siècle. C'est donc la cavale d'une poignée de prisonniers sortis d'une planète-prison qui nous est proposée, avec comme poursuivants principaux un groupe de nains (pourquoi ? mystère), et des destins très diversifiés pour ces prisonniers. Aucune dimension morale là-dedans, ce n'est pas le plus vertueux du groupe qui s'en sort le mieux, on sent que les auteurs voulaient faire quelques chose de trépidant, rigolo, déjanté sur les bords. C'est un peu léger à mon sens, même si le dessin est très bon, assez typique de la mouvance Métal Hurlant des années 1970-80.

03/04/2025 (modifier)
Par Spooky
Note: 3/5
Couverture de la série Alcyon
Alcyon

L'odyssée de deux, puis trois jeunes gens en quête d'un artefact divin afin de sauver leur ville du courroux des dieux. En chemin ils vont faire des rencontres bienveillantes ou malveillantes, et leur périple suivi par plusieurs groupes aux intentions diverses. Le récit est linéaire, ménageant également des petits instants d'humour qui allègent le cadre un peu sérieux de la Grèce antique et de son panthéon de dieux aux caractères difficiles. Le dessin de Christophe Ferreira est très agréable, lumineux et et dynamique. Voilà une bonne petite série sans prétention, qui permet de passer un bon moment de lecture.

03/04/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5
Couverture de la série Mamie n'a plus toute sa tête
Mamie n'a plus toute sa tête

Un polar humoristique. Romain Dutreix se met en scène dans cette BD, il en sera le personnage central avec sa grand-mère. Je n'oublie pas le congélateur. Une mémé qui perd la boule et qui dialogue avec son défunt mari. Elle se croit au temps de l'occupation, elle voit des nazis partout qu'elle n'a de cesse d'éliminer sur les conseils du papi fantôme. Romain sera le pompier de service et fera disparaître toutes les traces des méfaits de sa grand-mère. J'ai aimé ma lecture, son humour, ses seconds rôles truculents (en particulier cet inspecteur au faux air de Robert Mitchum) et son intrigue loufoque aux nombreux rebondissements. Ce premier tome pourrait se lire comme un one shot s'il n'y avait cette dernière planche, elle promet de passer un cap dans le nombre de cadavres. Serial killer en vue. Un dessin efficace et expressif qui tire sur la caricature. Il est en harmonie avec l'ambiance du récit. Curieux de découvrir la suite. Le titre est vraiment bien trouvé.

03/04/2025 (modifier)