Toute cette boue, cette haine… Remuer encore tout ça. Les mêmes questions, toujours…
-
Ce tome constitue une reconstitution de l’affaire du Petit Grégory, aussi appelée Affaire Villemin, réalisée avec l’assentiment et la participation de Jean-Marie Villemin. Sa première édition date de 2024. Il a été réalisé par Pat Perna pour le scénario, Christophe Gaultier pour les dessins et les couleurs, avec une préface de deux pages, écrite par Jean-Marie Villemin. Dans celle-ci, il revient sur le déroulement des faits, le rôle toxique de certains journalistes, les dysfonctionnements de la justice, la genèse du projet de bande dessinée. Il estime que malgré des raccourcis nécessaires à la narration, le fond demeure authentique, rien n’est inventé, et que cette bande dessinée honore la mémoire de Grégory, ce dont il est heureux. L’ouvrage se termine avec une postface de trois pages, rédigée par Jacques Expert, grand reporter à France Inter, un plan de Lépanges-sur-Vologne, et un de Docelles, et enfin un arbre généalogique de la famille Villemin et de la famille Laroche, ainsi que la liste des sources utilisées.
En 1984, Christine Villemin mout son café au son de Billie Jean qui sort de la radio. Elle va prévenir son fils Grégory, quatre ans, que c’est Mickael Jackson qui passe. Il se trouve dans la cour au pied de l’échelle sur laquelle est monté son père Jean-Marie pour refaire le bardage du mur. Ce dernier demande au petit de s’écarter car c’est dangereux. L’enfant s’éloigne contrarié, sa mère le sert dans ses bras et le réconforte. Il repart jouer dans le jardin et appelle sa mère car il a découvert un joli crapaud. Le père a fini ses travaux et il descend pour emmener son fils faire un tour. Un coup de vent emmène le chapeau de l’enfant. 16 octobre 1984, le chapeau de cowboy se trouve toujours dans la pelouse et des feuilles commencent à le recouvrir.
31 octobre 1993, à Évry, cité des Pyramides, Christine Villemin rejoint l’appartement qu’elle partage avec son époux, sous le nom de Dintinger. Celui-ci termine de préparer sa valise. Il la serre contre lui et la réconforte, puis il s’en va en lui disant qu’ils se retrouveront là-bas lundi. 2 novembre 1993, Jean-Marie est couché sur le lit de sa cellule qu’il partage avec deux autres détenus. Ils discutent ensemble, Jean-Marie a conscience qu’il y a un risque qu’il soit condamné. L’un des prisonniers le réconforte en lui disant que dans ce cas-là, il sera sorti au bout de cinq ans. La discussion continue et Villemin indique qu’il sait qui a tué son fils, il le sait depuis que Murielle Bolle a parlé, il suffit de se poser les bonnes questions. Qui pouvait avoir accumulé tant de haine, de jalousie, de rancœur pour assassiner un enfant de quatre ans et le jeter à la Vologne ? Il dispose de six semaines pour faire éclater la vérité, et aussi pour qu’on comprenne son geste. Il ne dit pas pardonner, mais comprendre. Le 3 novembre, le journaliste de RTL commente les événements. C’est aujourd’hui que s’est ouvert aux assises de Dijon le procès de Jean-Marie Villemin pour l’assassinat de son cousin Bernard Laroche.
C’est un peu délicat : une bande dessinée sur un drame atroce bien réel, dont les principaux intéressés sont vivants au moment de la parution, qui a donné lieu à de nombreux débordements médiatiques… Y a-t-il encore besoin d’en rajouter, de remuer la boue une nouvelle fois ? Certes, la participation et l’accord du père de l’enfant laissent à penser que cette version présente plusieurs intérêts. Et puis tout le monde n’a pas suivi les différentes phases de cette affaire, n’était pas né ou en âge de comprendre au moment des faits. La nature de ce meurtre ignoble, l’emballement médiatique et les errements de la justice, tout cela augure d’une lecture difficile. La préface donne l’assurance d’une version conforme aux souvenirs et au vécu du père. La postface vient attester du sérieux de l’ouvrage. Un feuilletage rapide montre que les auteurs se tiennent à l’écart du sensationnalisme : pas de scène de l’assassinat du petit garçon, pas de scène de l’assassinat de Bernard Laroche. En revanche, la mise en scène de la douleur des parents, de leur détresse face à l’acharnement, de la douleur d’autres personnes impliquées, en particulier Marie-Ange Laroche. La narration s’inscrit dans un registre réaliste et descriptif, avec des traits de contour un peu appuyés et comme griffés, des traits plus fins pour les textures et les ombrages, sans effet ou apparence photographique, ce qui crée une distance salutaire, sans impression de voyeurisme ou de pseudo reconstitution d’époque.
Entre la gêne du voyeurisme et l’inquiétude de la partialité, le lecteur entame cet album. Tout commence par une scène aussi intime que banale : un enfant joueur et curieux, des parents attentionnés. La narration visuelle se positionne sur un plan factuel : sans enjoliver ou romantiser les personnages, avec des traits encrés qui apportent la marque d’une réalité un peu rugueuse, présentant des aspérités et des traces de l’usure du temps. La page douze est occupée par un dessin en pleine page : le chapeau d’enfant abandonné, la maison en arrière-plan, les couleurs sont un peu ternes, engendrant un sentiment de tristesse. La tristesse s’accentue encore avec la page en vis-à-vis : une vue en élévation d’une zone de HLM, la banlieue dans ce qu’elle a de plus morne et d’habitat concentré. Le lecteur se fait la réflexion que le récit est passé de 1984 selon toute vraisemblance à 1993. S’il est familier de cette affaire criminelle, le lecteur replace tout suite ces deux séquences dans la chronologie, sinon il attend de découvrir ce qu’il en est, tout en se doutant de ce à quoi elles correspondent. Il comprend que les auteurs ont choisi une structure prenant comme point central la procédure de jugement de Jean-Marie Villemin, pour le meurtre de Bernard Laroche. Le père retourne donc en prison, puis il est emmené au tribunal de Dijon. Le récit se déroule à partir de là avec les témoignages successifs et des retours en arrière.
De ce fait, la trame temporelle du récit se cale sur celle des témoignages pouvant revenir à des dates différentes en fonction de qui est à la barre. Le lecteur s’adapte ainsi à chaque intervention pour suivre l’ordre chronologique, tout en voyant le développement d’un point de vue de différent. Ainsi les circonstances de l’assassinat de Bernard Laroche (29 mars 1985) sont exposées avant que les rétractations de Murielle Bolle (début novembre 1984). Le scénariste parvient à rendre compte des faits, des développements de l’enquête et de ses errements de sorte à ce que le lecteur néophyte puisse s’y retrouver, tout en montrant les conséquences sur les parents du petit Grégory. La narration visuelle se retrouve entièrement assujettie aux témoignages et aux déclarations. Le lecteur constate que scénariste et artiste ont travaillé en coordination pour éviter de longues dépositions avec uniquement une enfilade de têtes en train de parler. En particulier, le lecteur voit systématiquement où se déroule chaque déclaration, l’état émotionnel de la personne en train de parler, éventuellement la réaction d’autres personnes. Seules deux dépositions se limitent à une succession de têtes en train de parler le temps d’une page : celle du commandant Sesmat, et celle de la journaliste Laurence Lacour. Il garde à l’esprit qu’il s’agit d’une version du point de vue de Jean-Marie Villemin, et aussi qu’il existe des archives sur le déroulement des auditions, en particulier sur ce qui a été dit.
D’un côté, le lecteur a conscience qu’il s’agit d’une affaire criminelle non élucidée, avec des personnes encore vivantes accusées ou innocentées. D’un autre côté, il se rend compte qu’il est incapable de réprimer son empathie pour la mère ou pour le père de l’enfant. Ils sont montrés accablés par la douleur de leur deuil, des êtres humains en souffrance. Les autres acteurs du drame sont également représentés avec respect et dignité sans être diabolisés. Les dessins conservent une forme de distance, une façon de respecter l’intimité des uns et des autres, même lorsqu’une personne perd contenance et s’écroule en larmes. Il constate l’honnêteté de la démarche par exemple lors de la déposition de Murielle qui reste factuelle et conforme à la réalité, sans omettre le fait qu’elle a appris qu’elle était enceinte le jour de l’assassinat de son mari. Il ressort toutefois une personne dont la mise en scène du comportement constitue un jugement de valeur sans appel : le juge Jean-Michel Lambert. S’il prend l’envie au lecteur d’en savoir plus, par exemple en consultant une encyclopédie en ligne, il voit que l’ouvrage ne recherche pas l’exhaustivité, et que l’affaire criminelle se poursuit bien après 1993, ce tome se terminant d’ailleurs par un À suivre…
En fonction de son âge et de sa familiarité avec l’affaire, l’intérêt du lecteur peut s’avérer de différente nature. Une simple curiosité sur un fait divers : il découvre alors à quel point l’expression Fait divers est inappropriée. Une interrogation sur la réalité humaine d’une affaire judiciaire, de son instruction : il en perçoit alors différentes facettes, tout en ayant conscience que l’exposé n’est pas exhaustif. Un questionnement sur ce qui a abouti à un atroce imbroglio : là aussi, il en perçoit des éléments variés. Le caractère arbitraire d’un tel crime : il est le témoin de l’impact à vie du crime et de l’instruction sur le père de l’enfant, sur la mère de l’enfant, sur les personnes mises en cause, sur quelques personnes de manière incidente, telle la nounou de Grégory. Il se dit que la lecture de cette bande dessinée et sa réalisation ne s’apparentent pas au voyeurisme d’un accident de la route, mais à un témoignage humain d’un drame horrible et atterrant.
Une bande dessinée pour parler d’une des affaires criminelles françaises les plus médiatisées, avec un parti pris, celui du père de l’enfant. Les auteurs affichent explicitement ce choix dès la couverture, et le lecteur entame cet ouvrage en toute connaissance de cause. Il découvre une narration visuelle entièrement au service du témoignage et de la reconstitution, présentant la distance nécessaire pour éviter le voyeurisme malsain, la compassion attendue envers les personnes qui souffrent, un degré élevé de neutralité pour éviter toute sensation de vengeance ou de revanche. À partir des déclarations de Jean-Marie Villemin, le scénariste a dû opérer des choix pour rendre l’affaire intelligible au néophyte, et assez expliquée pour intéresser le lecteur qui en a entendu parler. Il parvient à l’objectif fixé, en contextualisant les faits, l’artiste montrant des êtres humains, en laissant de côté la majorité des reproches nominatifs relevant au mieux d’incompétence, au pire de malveillance. Poignant.
Une série qui s'amuse avec le concept des magical girls.
Déjà, le casting est composé d'adultes et non d'adolescentes (donc ça serait pas plutôt une série de magical women ?), mais aussi parce qu'on traite le fait d'être magical girl comme un boulot. En effet, il y a des monstres qui attaquent constamment, alors les compagnies de magical girls sont là pour sauver la situation ! Le point de départ est rigolo et c'est traité avec sérieux et réalisme. Bon, le traitement en lui-même n'est pas des plus originaux si on a déjà lu un manga qui met quelqu'un qui débute dans un métier et découvre le monde du travail, mais cela reste plaisant à lire. L'héroïne est attachante et c'est vraiment plaisant à lire du moment qu'on aime bien les magical girls.
Les deux premiers tomes posent surtout les bases de l'univers et les personnages. Pour l'instant, j'ai un certain plaisir à lire la série, mais en même temps ce n'est pas un truc extraordinaire et si après quelques tomes je trouve toujours que le résultat est divertissant sans plus, il y a des risques que j'abandonne la série, comme cela a été le cas avec d'autres mangas qui m'ont diverti, mais fait perdre de l'intérêt après avoir lu plusieurs tomes.
Un manga qui adapte un light novel qui met en vedette une héroïne terrienne qui s'est réincarnée dans un monde fantastique d'inspiration européenne, que c'est original !
Il y a quand même des trucs originaux: par exemple, l'héroïne ne possède pas un pouvoir surpuissant rien qu'en naissant et elle travaille pour maitriser une magie qui est différente des autres. Elle est aussi lesbienne et finit par déclarer son amour avec l'ancienne fiancée de son frère le prince après que celui-ci la répudie et l'humilie en public. La relation entre les deux peut faire un peu peur au début parce que l'héroïne est un peu trop directe et force les choses sur la fille qu'elle aime, et cela donne des moments un peu gênants, mais ça finit par se calmer et leur relation évolue graduellement de manière naturelle.
L'univers est assez intéressant et le scénario contient des retournements de situations que je n'avais pas vu venir. C'est plus original qu'on pourrait le penser au premier coup d'œil. Les personnages sont attachants, l'histoire se lit bien et le dessin est pas mal.
Bon, j’avais emprunté 6666 en même temps que 666 et, malgré la difficulté à finir « 666 », j’ai quand même lu ces deux albums, qui pourtant dès les couvertures nous promettent qu’ils ne sont qu’une suite. Pourquoi poursuivre ? Pourquoi artificiellement sur une autre série ? Pour faire croire qu’il y a du nouveau, qu’enfin on a une idée de scénario ?
L’idée ? Balancer l’intrigue plusieurs milliers d’années après 666, avec un Carmody cloné. On ne s’embarrasse donc pas de subtilités non plus.
Le dessin de Tacito est ici plus léché (le rendu de la colorisation accentue aussi cet aspect), et les planches sont un peu moins chargées et bordéliques (mais dès la fin du premier tome, une bataille spatiale multiplie durant plusieurs pages ces cases surchargées). C’est quand même l’aspect le moins attaquable de la série.
Mais les tenues sexy et les gros nichons (inévitable Lilith en tête, qui elle aussi réapparait, parfois encore moins vêtue qu’avant ! - si si, c’est possible) confirment que le climat est resté chaud pendant 4 000 ans, rien de nouveau à ce niveau !
Ça démarre dans une ambiance plus SF, avec quelque chose qui pourrait faire penser à un délire mystique à la Jodorowsky (je pense en effet que Froideval a lorgné sur le scénariste chilien…).
L’intrigue part moins dans tous les sens, dans le n’importe quoi de « 666 », en tout cas au début. Mais elle n’en reste pas moins absconse, et très très moyennement captivante.
Et le deuxième tome, accumulant les références au IIIème Reich, à Napoléon, en plus de Lilith et d’un pape Carmody cloné et marié à une papesse, sombre encore dans le n’importe quoi. Avec toujours une esthétique érotique SM appuyée.
Mais cette fois-ci, les auteurs (ou l’éditeur, je ne sais pas qui a eu le premier un éclair de lucidité), ont semble-t-il décidé d’arrêter le délire plus tôt qu’avec « 666 », puisque la série a été abandonnée après le coup d’état/cliffhanger de Lilith de la fin du second tome.
Bon, normalement, il ne devrait donc pas y avoir de « 66666 ».
Avec une compagne africaine et un fils métis cette série ado m'a immédiatement parlé. La thématique de la coiffure est vraiment importante pour des populations très métissées. C'est le cas de Marlène d'origine Dominicaine (13 ans) qui doit affronter un double challenge. Une chevelure frisée pleine de nœuds qui part dans tous les sens et la comparaison avec sa cousine Diana (15 ans) qui est blonde et lisse comme une Suédoise. Cette thématique peut paraître futile avec nos yeux d'Européen mais ce n'est pas le cas pour un grand nombre de familles immigrées comme celle de Marlène qui désire s'intégrer aux USA. Le discours sur les apparences qui divise la maman et Tia Ruby est aussi très présent dans les familles qui ont un long passé de stigmatisation due à leurs origines ( notamment Noire comme l'explique Tia). Avoir une chevelure impeccable, c'est déjà éviter des critiques et moqueries et porter haut le visuel de la famille.
Le scénario de Claribel Ortega traite ce sujet avec beaucoup de finesse et d'intelligence. Sur un sujet peu visité, l'autrice développe avec doigté une voie pour rester soi même tout en acceptant une "obligation" d'image au monde si omniprésente aujourd'hui avec la toute puissance du numérique.
Le graphisme de Rose Bousamra est particulièrement attractif pour un lectorat assez jeune. C'est très expressif et ses héroïnes sont toutes très touchantes. La mise en couleur vive apporte un bon confort de lecture qui égaye des passages sombres comme le harcèlement que subit Marlène.
Une belle lecture pour ado mais pas que pour comprendre une certaine intériorité de nombreuses personnes ( pas seulement filles).
Cela fait un petit moment que je lorgne sur les occasions de cette série vintage. En effet j'aime bien le style 80's et une pointe d'érotisme peut apporter du piquant si c'est bien amené. La présentation et le contexte renvoient à des séries phares de ces années comme Alix ou Jugurtha (que je n'ai pas aimé !). Une fois encore j'ai eu du mal à adhérer. Le scénario est très simpliste, piochant dans un imaginaire antique qui mêle Romains, Égyptiens et Africains fantasmés sans aucune crédibilité historique. C'est même déroutant la facilité avec laquelle Aryanne et Guise peuvent être approchés dans leur palais. En fait les divers rebondissements ne servent qu'à introduire une multitude de scènes de sexe soft au langage assez cru. C'est étonnant pour une série assez mainstream . Si les scènes ne sont pas explicites elles sont assez poussées façon Manara pour restreindre la lecture aux grands ados.
Le graphisme est assez réussi et détaillé pour les décors ou paysages mais malheureusement moins abouti pour les personnages un peu brouillon à mes yeux. Mais ma principale réserve reste pour les personnages féminins (presque toujours nus) qui se ressemblent tous, ce qui rend la lecture compliquée.
Une curiosité paradoxalement assez fade.
C'est par hasard que j'en suis venue à lire cet album qui, au premier abord, n'aurait pas spécialement attiré mon attention. Mais le hasard fait parfois bien les choses, et je dois dire que j'ai apprécié qu'il mette cet album entre mes mains, que j'ai lu d'une traite et avec beaucoup d'intérêt.
J'ai beaucoup aimé les différentes protagonistes, en particulier le duo formé par Alva et Mini que j'ai trouvé attachant. Il y a de quoi s'y perdre avec toutes les parties en présence (Alva et ses deux acolytes, l'espèce de sectes des artisans, les différentes créatures fantastiques...), mais si certains détails m'ont échappé, la narration est suffisamment bien menée pour permettre de suivre l'histoire dans son ensemble.
Graphiquement, j'ai apprécié le dynamisme du dessin, le trait parfois à la limite du croquis, ainsi que l'ambiance mystique qui se dégage des planches. J'ai cependant été gênée par certaines cases manquant de lisibilité.
Un album prenant dont la nomination pour le fauve polar SNCF 2023 me semble méritée (même si à mon sens il s'agit plus d'un récit fantastique que policier). Bien qu'il s'agisse a priori d'un one shot, la fin semble appeler une suite que je lirais volontiers si elle venait à voir le jour.
J'avais déjà été scotché par le talent de ces deux auteurs avec Sangoma - Les Damnés de Cape Town et voilà que Caryl Ferey et Corentin Rouge remettent cela avec le premier album de leur nouvelle trilogie.
Les deux auteurs surfent sur l'actualité avec ce nouveau récit, qui s'appuie sur les migrations de population, peut-être pour des raisons climatiques ou autres cataclysmes (guerre, épidémie...), on n'en saura pas plus dans ce premier volume.
Mais la politique n'est pas absente non plus, entre les nationalistes et les libéraux Islandais.
Mais le lecteur s'attachera surtout à suivre le destin de quelques personnages dont le professeur Zyzek, la fragile Livia, l’énigmatique Liam et une famille Islandaise déchirée par des choix politiques différents.
On ne sait pas trop où cela va nous mener mais c'est vraiment passionnant, et malgré ses 156 pages, on ne s'ennuie pas une seconde. Un véritable page-turner que cet album !
Mais c'est le dessin magnifique de Corentin Rouge qui captive le lecteur. Un dessin réaliste dans des décors somptueux. Les pleines pages ou les doubles pages sont d'une beauté à couper le souffle.
En tout cas, un de mes coups de cœur de ce début d'année.
Une intrigue passionnante.
A dévorer !
Je suis amateur de loufoque, de grotesque, de trash, éventuellement d’érotisme, et plus généralement de tout ce qui peut sortir des sentiers battus.
Les couvertures de la série m’avaient depuis longtemps intrigué. Il faut dire qu’elles sont franchement tape-à-l’œil. Du coup c’est tout ou rien. Et je dois dire qu’hélas, c’est plutôt rien. C’est quand même une forme de vide qui prédomine.
Côté intrigue, ça n’est pas trop la peine de développer. Je pense que Froideval – comment souvent chez lui (je pense à Chroniques de la lune noire par exemple) – a pas mal improvisé, et a sans doute aussi ajouté plus de tomes que prévus au départ. En effet, tout aurait pu (aurait dû !) tenir en un tome, tant l’histoire elle-même navigue à vue.
Alors oui, c’est totalement loufoque, complètement barré. Que ce soit pour « l’histoire » ou pour les dialogues ou le dessin. On joue la provoc’ à tout va, avec des dialogues souvent vulgaires, comme les postures de pas mal de personnages. Froideval se déchaîne pour se moquer du pape, des dirigeants mondiaux, avec une Lilith sadique, un Carmody en chevalier blanc impassible et sans état d’âme (les deux étant entourés de seconds rôles tout aussi déjantés).
Ça dégomme à tout va, mitrailleuses, bombes atomiques, carnages en tout genre, avec une foultitude de figurants (on croirait du Peter Jackson lorsqu’on voit les hordes de démons attaquer Rome ou d’autres endroits sur Terre).
L’aspect gloubiboulga est accentué par le dessin de Tacito. Des planches un peu déstructurées, parfois de pleines pages, avec des couleurs flashy, tapantes (du Druillet – en bien moins bien quand même !). Avec une érotisation forcenée des femmes – Lilith en tête, avec ses vêtements systématiquement typés SM, voir les couvertures racoleuses – et des scènes de sexe franchement n’apportant rien au récit.
Bon, c’est tellement grotesque que ça atteint parfois le kitsch. Mais ce n’importe quoi s’étire sans que l’humour ou je ne sais quoi d’autre ne permettent d’y trouver de l’intérêt, au-delà de quelques pages, c'est bourrin pour être bourrin. Ça ressemble à un défouloir d'ado sans idée pour des ados sans exigence. Alors, 6 tomes sur le même rythme, avec toujours du creux… ça se lit vite (peu de texte, pas d’intrigue), on passe du temps à détailler certaines planches (parfois hyper remplies), mais j’avoue avoir fini la série en survolant les deux derniers tomes.
Une série hautement dispensable, c’est certain !
Note réelle 1,5/5.
Cet album peut se révéler d’une lecture austère. Mais il est riche et vraiment très intéressant.
C’est l’adaptation d’un livre de Philippe Sands, grand avocat qui est amené à prononcer une conférence dans la ville ukrainienne de Lviv en 2010.
Alors que cette ville ne lui disait rien, il va découvrir de fils en aiguilles qu’elle a été le berceau d’une partie de sa famille, en particulier d’un grand-père. Et le lieu de vie et de formation de deux éminents juristes, qui ont été à l’origine de l’idée de génocide pour l’un, et d’une partie des idées ayant mené aux réquisitoires des procès de Nuremberg.
Son histoire personnelle rejoint donc la grande Histoire. Car Lemberg – dont le nom ne me disait rien non plus – a elle aussi connu un vingtième siècle mouvementé. En effet, sa situation géographique et les soubresauts de l’Histoire l’ont tour à tour faite Austro-hongroise, Polonaise, Soviétique, Allemande et Ukrainienne. Et elle a été durant la seconde guerre mondiale au cœur du génocide subi par les Juifs, avec la personne d’Otto Frank comme maître d’œuvre du crime.
Voilà un décor très riche, et très bien planté. Et je dois dire que le récit est passionnant à suivre. Car Sands mène, à partir de quelques documents épars, une véritable enquête policière pour reconstituer la vie et le destin de sa famille, en même temps qu’il retrace l’action de Frank et de ses sbires dans la région, jusqu’aux procès de Nuremberg. Le mélange des deux aspects fonctionne très bien.
On est autant intéressé par les destins variables (souvent tragiques) de ses lointains proches, que par les débats autour des notions de crime contre l’humanité ou de génocide.
Le dessin de Picaud – que je découvre ici – est très bon. Sans doute un peu froid, son trait fin et classique accompagne bien le récit lui aussi presque « clinique » d’une catastrophe.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Grégory
Toute cette boue, cette haine… Remuer encore tout ça. Les mêmes questions, toujours… - Ce tome constitue une reconstitution de l’affaire du Petit Grégory, aussi appelée Affaire Villemin, réalisée avec l’assentiment et la participation de Jean-Marie Villemin. Sa première édition date de 2024. Il a été réalisé par Pat Perna pour le scénario, Christophe Gaultier pour les dessins et les couleurs, avec une préface de deux pages, écrite par Jean-Marie Villemin. Dans celle-ci, il revient sur le déroulement des faits, le rôle toxique de certains journalistes, les dysfonctionnements de la justice, la genèse du projet de bande dessinée. Il estime que malgré des raccourcis nécessaires à la narration, le fond demeure authentique, rien n’est inventé, et que cette bande dessinée honore la mémoire de Grégory, ce dont il est heureux. L’ouvrage se termine avec une postface de trois pages, rédigée par Jacques Expert, grand reporter à France Inter, un plan de Lépanges-sur-Vologne, et un de Docelles, et enfin un arbre généalogique de la famille Villemin et de la famille Laroche, ainsi que la liste des sources utilisées. En 1984, Christine Villemin mout son café au son de Billie Jean qui sort de la radio. Elle va prévenir son fils Grégory, quatre ans, que c’est Mickael Jackson qui passe. Il se trouve dans la cour au pied de l’échelle sur laquelle est monté son père Jean-Marie pour refaire le bardage du mur. Ce dernier demande au petit de s’écarter car c’est dangereux. L’enfant s’éloigne contrarié, sa mère le sert dans ses bras et le réconforte. Il repart jouer dans le jardin et appelle sa mère car il a découvert un joli crapaud. Le père a fini ses travaux et il descend pour emmener son fils faire un tour. Un coup de vent emmène le chapeau de l’enfant. 16 octobre 1984, le chapeau de cowboy se trouve toujours dans la pelouse et des feuilles commencent à le recouvrir. 31 octobre 1993, à Évry, cité des Pyramides, Christine Villemin rejoint l’appartement qu’elle partage avec son époux, sous le nom de Dintinger. Celui-ci termine de préparer sa valise. Il la serre contre lui et la réconforte, puis il s’en va en lui disant qu’ils se retrouveront là-bas lundi. 2 novembre 1993, Jean-Marie est couché sur le lit de sa cellule qu’il partage avec deux autres détenus. Ils discutent ensemble, Jean-Marie a conscience qu’il y a un risque qu’il soit condamné. L’un des prisonniers le réconforte en lui disant que dans ce cas-là, il sera sorti au bout de cinq ans. La discussion continue et Villemin indique qu’il sait qui a tué son fils, il le sait depuis que Murielle Bolle a parlé, il suffit de se poser les bonnes questions. Qui pouvait avoir accumulé tant de haine, de jalousie, de rancœur pour assassiner un enfant de quatre ans et le jeter à la Vologne ? Il dispose de six semaines pour faire éclater la vérité, et aussi pour qu’on comprenne son geste. Il ne dit pas pardonner, mais comprendre. Le 3 novembre, le journaliste de RTL commente les événements. C’est aujourd’hui que s’est ouvert aux assises de Dijon le procès de Jean-Marie Villemin pour l’assassinat de son cousin Bernard Laroche. C’est un peu délicat : une bande dessinée sur un drame atroce bien réel, dont les principaux intéressés sont vivants au moment de la parution, qui a donné lieu à de nombreux débordements médiatiques… Y a-t-il encore besoin d’en rajouter, de remuer la boue une nouvelle fois ? Certes, la participation et l’accord du père de l’enfant laissent à penser que cette version présente plusieurs intérêts. Et puis tout le monde n’a pas suivi les différentes phases de cette affaire, n’était pas né ou en âge de comprendre au moment des faits. La nature de ce meurtre ignoble, l’emballement médiatique et les errements de la justice, tout cela augure d’une lecture difficile. La préface donne l’assurance d’une version conforme aux souvenirs et au vécu du père. La postface vient attester du sérieux de l’ouvrage. Un feuilletage rapide montre que les auteurs se tiennent à l’écart du sensationnalisme : pas de scène de l’assassinat du petit garçon, pas de scène de l’assassinat de Bernard Laroche. En revanche, la mise en scène de la douleur des parents, de leur détresse face à l’acharnement, de la douleur d’autres personnes impliquées, en particulier Marie-Ange Laroche. La narration s’inscrit dans un registre réaliste et descriptif, avec des traits de contour un peu appuyés et comme griffés, des traits plus fins pour les textures et les ombrages, sans effet ou apparence photographique, ce qui crée une distance salutaire, sans impression de voyeurisme ou de pseudo reconstitution d’époque. Entre la gêne du voyeurisme et l’inquiétude de la partialité, le lecteur entame cet album. Tout commence par une scène aussi intime que banale : un enfant joueur et curieux, des parents attentionnés. La narration visuelle se positionne sur un plan factuel : sans enjoliver ou romantiser les personnages, avec des traits encrés qui apportent la marque d’une réalité un peu rugueuse, présentant des aspérités et des traces de l’usure du temps. La page douze est occupée par un dessin en pleine page : le chapeau d’enfant abandonné, la maison en arrière-plan, les couleurs sont un peu ternes, engendrant un sentiment de tristesse. La tristesse s’accentue encore avec la page en vis-à-vis : une vue en élévation d’une zone de HLM, la banlieue dans ce qu’elle a de plus morne et d’habitat concentré. Le lecteur se fait la réflexion que le récit est passé de 1984 selon toute vraisemblance à 1993. S’il est familier de cette affaire criminelle, le lecteur replace tout suite ces deux séquences dans la chronologie, sinon il attend de découvrir ce qu’il en est, tout en se doutant de ce à quoi elles correspondent. Il comprend que les auteurs ont choisi une structure prenant comme point central la procédure de jugement de Jean-Marie Villemin, pour le meurtre de Bernard Laroche. Le père retourne donc en prison, puis il est emmené au tribunal de Dijon. Le récit se déroule à partir de là avec les témoignages successifs et des retours en arrière. De ce fait, la trame temporelle du récit se cale sur celle des témoignages pouvant revenir à des dates différentes en fonction de qui est à la barre. Le lecteur s’adapte ainsi à chaque intervention pour suivre l’ordre chronologique, tout en voyant le développement d’un point de vue de différent. Ainsi les circonstances de l’assassinat de Bernard Laroche (29 mars 1985) sont exposées avant que les rétractations de Murielle Bolle (début novembre 1984). Le scénariste parvient à rendre compte des faits, des développements de l’enquête et de ses errements de sorte à ce que le lecteur néophyte puisse s’y retrouver, tout en montrant les conséquences sur les parents du petit Grégory. La narration visuelle se retrouve entièrement assujettie aux témoignages et aux déclarations. Le lecteur constate que scénariste et artiste ont travaillé en coordination pour éviter de longues dépositions avec uniquement une enfilade de têtes en train de parler. En particulier, le lecteur voit systématiquement où se déroule chaque déclaration, l’état émotionnel de la personne en train de parler, éventuellement la réaction d’autres personnes. Seules deux dépositions se limitent à une succession de têtes en train de parler le temps d’une page : celle du commandant Sesmat, et celle de la journaliste Laurence Lacour. Il garde à l’esprit qu’il s’agit d’une version du point de vue de Jean-Marie Villemin, et aussi qu’il existe des archives sur le déroulement des auditions, en particulier sur ce qui a été dit. D’un côté, le lecteur a conscience qu’il s’agit d’une affaire criminelle non élucidée, avec des personnes encore vivantes accusées ou innocentées. D’un autre côté, il se rend compte qu’il est incapable de réprimer son empathie pour la mère ou pour le père de l’enfant. Ils sont montrés accablés par la douleur de leur deuil, des êtres humains en souffrance. Les autres acteurs du drame sont également représentés avec respect et dignité sans être diabolisés. Les dessins conservent une forme de distance, une façon de respecter l’intimité des uns et des autres, même lorsqu’une personne perd contenance et s’écroule en larmes. Il constate l’honnêteté de la démarche par exemple lors de la déposition de Murielle qui reste factuelle et conforme à la réalité, sans omettre le fait qu’elle a appris qu’elle était enceinte le jour de l’assassinat de son mari. Il ressort toutefois une personne dont la mise en scène du comportement constitue un jugement de valeur sans appel : le juge Jean-Michel Lambert. S’il prend l’envie au lecteur d’en savoir plus, par exemple en consultant une encyclopédie en ligne, il voit que l’ouvrage ne recherche pas l’exhaustivité, et que l’affaire criminelle se poursuit bien après 1993, ce tome se terminant d’ailleurs par un À suivre… En fonction de son âge et de sa familiarité avec l’affaire, l’intérêt du lecteur peut s’avérer de différente nature. Une simple curiosité sur un fait divers : il découvre alors à quel point l’expression Fait divers est inappropriée. Une interrogation sur la réalité humaine d’une affaire judiciaire, de son instruction : il en perçoit alors différentes facettes, tout en ayant conscience que l’exposé n’est pas exhaustif. Un questionnement sur ce qui a abouti à un atroce imbroglio : là aussi, il en perçoit des éléments variés. Le caractère arbitraire d’un tel crime : il est le témoin de l’impact à vie du crime et de l’instruction sur le père de l’enfant, sur la mère de l’enfant, sur les personnes mises en cause, sur quelques personnes de manière incidente, telle la nounou de Grégory. Il se dit que la lecture de cette bande dessinée et sa réalisation ne s’apparentent pas au voyeurisme d’un accident de la route, mais à un témoignage humain d’un drame horrible et atterrant. Une bande dessinée pour parler d’une des affaires criminelles françaises les plus médiatisées, avec un parti pris, celui du père de l’enfant. Les auteurs affichent explicitement ce choix dès la couverture, et le lecteur entame cet ouvrage en toute connaissance de cause. Il découvre une narration visuelle entièrement au service du témoignage et de la reconstitution, présentant la distance nécessaire pour éviter le voyeurisme malsain, la compassion attendue envers les personnes qui souffrent, un degré élevé de neutralité pour éviter toute sensation de vengeance ou de revanche. À partir des déclarations de Jean-Marie Villemin, le scénariste a dû opérer des choix pour rendre l’affaire intelligible au néophyte, et assez expliquée pour intéresser le lecteur qui en a entendu parler. Il parvient à l’objectif fixé, en contextualisant les faits, l’artiste montrant des êtres humains, en laissant de côté la majorité des reproches nominatifs relevant au mieux d’incompétence, au pire de malveillance. Poignant.
Magilumière Co. Ltd.
Une série qui s'amuse avec le concept des magical girls. Déjà, le casting est composé d'adultes et non d'adolescentes (donc ça serait pas plutôt une série de magical women ?), mais aussi parce qu'on traite le fait d'être magical girl comme un boulot. En effet, il y a des monstres qui attaquent constamment, alors les compagnies de magical girls sont là pour sauver la situation ! Le point de départ est rigolo et c'est traité avec sérieux et réalisme. Bon, le traitement en lui-même n'est pas des plus originaux si on a déjà lu un manga qui met quelqu'un qui débute dans un métier et découvre le monde du travail, mais cela reste plaisant à lire. L'héroïne est attachante et c'est vraiment plaisant à lire du moment qu'on aime bien les magical girls. Les deux premiers tomes posent surtout les bases de l'univers et les personnages. Pour l'instant, j'ai un certain plaisir à lire la série, mais en même temps ce n'est pas un truc extraordinaire et si après quelques tomes je trouve toujours que le résultat est divertissant sans plus, il y a des risques que j'abandonne la série, comme cela a été le cas avec d'autres mangas qui m'ont diverti, mais fait perdre de l'intérêt après avoir lu plusieurs tomes.
Magical Revolution - La Princesse Réincarnée et la Jeune Prodige
Un manga qui adapte un light novel qui met en vedette une héroïne terrienne qui s'est réincarnée dans un monde fantastique d'inspiration européenne, que c'est original ! Il y a quand même des trucs originaux: par exemple, l'héroïne ne possède pas un pouvoir surpuissant rien qu'en naissant et elle travaille pour maitriser une magie qui est différente des autres. Elle est aussi lesbienne et finit par déclarer son amour avec l'ancienne fiancée de son frère le prince après que celui-ci la répudie et l'humilie en public. La relation entre les deux peut faire un peu peur au début parce que l'héroïne est un peu trop directe et force les choses sur la fille qu'elle aime, et cela donne des moments un peu gênants, mais ça finit par se calmer et leur relation évolue graduellement de manière naturelle. L'univers est assez intéressant et le scénario contient des retournements de situations que je n'avais pas vu venir. C'est plus original qu'on pourrait le penser au premier coup d'œil. Les personnages sont attachants, l'histoire se lit bien et le dessin est pas mal.
6666
Bon, j’avais emprunté 6666 en même temps que 666 et, malgré la difficulté à finir « 666 », j’ai quand même lu ces deux albums, qui pourtant dès les couvertures nous promettent qu’ils ne sont qu’une suite. Pourquoi poursuivre ? Pourquoi artificiellement sur une autre série ? Pour faire croire qu’il y a du nouveau, qu’enfin on a une idée de scénario ? L’idée ? Balancer l’intrigue plusieurs milliers d’années après 666, avec un Carmody cloné. On ne s’embarrasse donc pas de subtilités non plus. Le dessin de Tacito est ici plus léché (le rendu de la colorisation accentue aussi cet aspect), et les planches sont un peu moins chargées et bordéliques (mais dès la fin du premier tome, une bataille spatiale multiplie durant plusieurs pages ces cases surchargées). C’est quand même l’aspect le moins attaquable de la série. Mais les tenues sexy et les gros nichons (inévitable Lilith en tête, qui elle aussi réapparait, parfois encore moins vêtue qu’avant ! - si si, c’est possible) confirment que le climat est resté chaud pendant 4 000 ans, rien de nouveau à ce niveau ! Ça démarre dans une ambiance plus SF, avec quelque chose qui pourrait faire penser à un délire mystique à la Jodorowsky (je pense en effet que Froideval a lorgné sur le scénariste chilien…). L’intrigue part moins dans tous les sens, dans le n’importe quoi de « 666 », en tout cas au début. Mais elle n’en reste pas moins absconse, et très très moyennement captivante. Et le deuxième tome, accumulant les références au IIIème Reich, à Napoléon, en plus de Lilith et d’un pape Carmody cloné et marié à une papesse, sombre encore dans le n’importe quoi. Avec toujours une esthétique érotique SM appuyée. Mais cette fois-ci, les auteurs (ou l’éditeur, je ne sais pas qui a eu le premier un éclair de lucidité), ont semble-t-il décidé d’arrêter le délire plus tôt qu’avec « 666 », puisque la série a été abandonnée après le coup d’état/cliffhanger de Lilith de la fin du second tome. Bon, normalement, il ne devrait donc pas y avoir de « 66666 ».
Frizzy
Avec une compagne africaine et un fils métis cette série ado m'a immédiatement parlé. La thématique de la coiffure est vraiment importante pour des populations très métissées. C'est le cas de Marlène d'origine Dominicaine (13 ans) qui doit affronter un double challenge. Une chevelure frisée pleine de nœuds qui part dans tous les sens et la comparaison avec sa cousine Diana (15 ans) qui est blonde et lisse comme une Suédoise. Cette thématique peut paraître futile avec nos yeux d'Européen mais ce n'est pas le cas pour un grand nombre de familles immigrées comme celle de Marlène qui désire s'intégrer aux USA. Le discours sur les apparences qui divise la maman et Tia Ruby est aussi très présent dans les familles qui ont un long passé de stigmatisation due à leurs origines ( notamment Noire comme l'explique Tia). Avoir une chevelure impeccable, c'est déjà éviter des critiques et moqueries et porter haut le visuel de la famille. Le scénario de Claribel Ortega traite ce sujet avec beaucoup de finesse et d'intelligence. Sur un sujet peu visité, l'autrice développe avec doigté une voie pour rester soi même tout en acceptant une "obligation" d'image au monde si omniprésente aujourd'hui avec la toute puissance du numérique. Le graphisme de Rose Bousamra est particulièrement attractif pour un lectorat assez jeune. C'est très expressif et ses héroïnes sont toutes très touchantes. La mise en couleur vive apporte un bon confort de lecture qui égaye des passages sombres comme le harcèlement que subit Marlène. Une belle lecture pour ado mais pas que pour comprendre une certaine intériorité de nombreuses personnes ( pas seulement filles).
Aryanne
Cela fait un petit moment que je lorgne sur les occasions de cette série vintage. En effet j'aime bien le style 80's et une pointe d'érotisme peut apporter du piquant si c'est bien amené. La présentation et le contexte renvoient à des séries phares de ces années comme Alix ou Jugurtha (que je n'ai pas aimé !). Une fois encore j'ai eu du mal à adhérer. Le scénario est très simpliste, piochant dans un imaginaire antique qui mêle Romains, Égyptiens et Africains fantasmés sans aucune crédibilité historique. C'est même déroutant la facilité avec laquelle Aryanne et Guise peuvent être approchés dans leur palais. En fait les divers rebondissements ne servent qu'à introduire une multitude de scènes de sexe soft au langage assez cru. C'est étonnant pour une série assez mainstream . Si les scènes ne sont pas explicites elles sont assez poussées façon Manara pour restreindre la lecture aux grands ados. Le graphisme est assez réussi et détaillé pour les décors ou paysages mais malheureusement moins abouti pour les personnages un peu brouillon à mes yeux. Mais ma principale réserve reste pour les personnages féminins (presque toujours nus) qui se ressemblent tous, ce qui rend la lecture compliquée. Une curiosité paradoxalement assez fade.
Alva dans la nuit
C'est par hasard que j'en suis venue à lire cet album qui, au premier abord, n'aurait pas spécialement attiré mon attention. Mais le hasard fait parfois bien les choses, et je dois dire que j'ai apprécié qu'il mette cet album entre mes mains, que j'ai lu d'une traite et avec beaucoup d'intérêt. J'ai beaucoup aimé les différentes protagonistes, en particulier le duo formé par Alva et Mini que j'ai trouvé attachant. Il y a de quoi s'y perdre avec toutes les parties en présence (Alva et ses deux acolytes, l'espèce de sectes des artisans, les différentes créatures fantastiques...), mais si certains détails m'ont échappé, la narration est suffisamment bien menée pour permettre de suivre l'histoire dans son ensemble. Graphiquement, j'ai apprécié le dynamisme du dessin, le trait parfois à la limite du croquis, ainsi que l'ambiance mystique qui se dégage des planches. J'ai cependant été gênée par certaines cases manquant de lisibilité. Un album prenant dont la nomination pour le fauve polar SNCF 2023 me semble méritée (même si à mon sens il s'agit plus d'un récit fantastique que policier). Bien qu'il s'agisse a priori d'un one shot, la fin semble appeler une suite que je lirais volontiers si elle venait à voir le jour.
Islander
J'avais déjà été scotché par le talent de ces deux auteurs avec Sangoma - Les Damnés de Cape Town et voilà que Caryl Ferey et Corentin Rouge remettent cela avec le premier album de leur nouvelle trilogie. Les deux auteurs surfent sur l'actualité avec ce nouveau récit, qui s'appuie sur les migrations de population, peut-être pour des raisons climatiques ou autres cataclysmes (guerre, épidémie...), on n'en saura pas plus dans ce premier volume. Mais la politique n'est pas absente non plus, entre les nationalistes et les libéraux Islandais. Mais le lecteur s'attachera surtout à suivre le destin de quelques personnages dont le professeur Zyzek, la fragile Livia, l’énigmatique Liam et une famille Islandaise déchirée par des choix politiques différents. On ne sait pas trop où cela va nous mener mais c'est vraiment passionnant, et malgré ses 156 pages, on ne s'ennuie pas une seconde. Un véritable page-turner que cet album ! Mais c'est le dessin magnifique de Corentin Rouge qui captive le lecteur. Un dessin réaliste dans des décors somptueux. Les pleines pages ou les doubles pages sont d'une beauté à couper le souffle. En tout cas, un de mes coups de cœur de ce début d'année. Une intrigue passionnante. A dévorer !
666
Je suis amateur de loufoque, de grotesque, de trash, éventuellement d’érotisme, et plus généralement de tout ce qui peut sortir des sentiers battus. Les couvertures de la série m’avaient depuis longtemps intrigué. Il faut dire qu’elles sont franchement tape-à-l’œil. Du coup c’est tout ou rien. Et je dois dire qu’hélas, c’est plutôt rien. C’est quand même une forme de vide qui prédomine. Côté intrigue, ça n’est pas trop la peine de développer. Je pense que Froideval – comment souvent chez lui (je pense à Chroniques de la lune noire par exemple) – a pas mal improvisé, et a sans doute aussi ajouté plus de tomes que prévus au départ. En effet, tout aurait pu (aurait dû !) tenir en un tome, tant l’histoire elle-même navigue à vue. Alors oui, c’est totalement loufoque, complètement barré. Que ce soit pour « l’histoire » ou pour les dialogues ou le dessin. On joue la provoc’ à tout va, avec des dialogues souvent vulgaires, comme les postures de pas mal de personnages. Froideval se déchaîne pour se moquer du pape, des dirigeants mondiaux, avec une Lilith sadique, un Carmody en chevalier blanc impassible et sans état d’âme (les deux étant entourés de seconds rôles tout aussi déjantés). Ça dégomme à tout va, mitrailleuses, bombes atomiques, carnages en tout genre, avec une foultitude de figurants (on croirait du Peter Jackson lorsqu’on voit les hordes de démons attaquer Rome ou d’autres endroits sur Terre). L’aspect gloubiboulga est accentué par le dessin de Tacito. Des planches un peu déstructurées, parfois de pleines pages, avec des couleurs flashy, tapantes (du Druillet – en bien moins bien quand même !). Avec une érotisation forcenée des femmes – Lilith en tête, avec ses vêtements systématiquement typés SM, voir les couvertures racoleuses – et des scènes de sexe franchement n’apportant rien au récit. Bon, c’est tellement grotesque que ça atteint parfois le kitsch. Mais ce n’importe quoi s’étire sans que l’humour ou je ne sais quoi d’autre ne permettent d’y trouver de l’intérêt, au-delà de quelques pages, c'est bourrin pour être bourrin. Ça ressemble à un défouloir d'ado sans idée pour des ados sans exigence. Alors, 6 tomes sur le même rythme, avec toujours du creux… ça se lit vite (peu de texte, pas d’intrigue), on passe du temps à détailler certaines planches (parfois hyper remplies), mais j’avoue avoir fini la série en survolant les deux derniers tomes. Une série hautement dispensable, c’est certain ! Note réelle 1,5/5.
Retour à Lemberg
Cet album peut se révéler d’une lecture austère. Mais il est riche et vraiment très intéressant. C’est l’adaptation d’un livre de Philippe Sands, grand avocat qui est amené à prononcer une conférence dans la ville ukrainienne de Lviv en 2010. Alors que cette ville ne lui disait rien, il va découvrir de fils en aiguilles qu’elle a été le berceau d’une partie de sa famille, en particulier d’un grand-père. Et le lieu de vie et de formation de deux éminents juristes, qui ont été à l’origine de l’idée de génocide pour l’un, et d’une partie des idées ayant mené aux réquisitoires des procès de Nuremberg. Son histoire personnelle rejoint donc la grande Histoire. Car Lemberg – dont le nom ne me disait rien non plus – a elle aussi connu un vingtième siècle mouvementé. En effet, sa situation géographique et les soubresauts de l’Histoire l’ont tour à tour faite Austro-hongroise, Polonaise, Soviétique, Allemande et Ukrainienne. Et elle a été durant la seconde guerre mondiale au cœur du génocide subi par les Juifs, avec la personne d’Otto Frank comme maître d’œuvre du crime. Voilà un décor très riche, et très bien planté. Et je dois dire que le récit est passionnant à suivre. Car Sands mène, à partir de quelques documents épars, une véritable enquête policière pour reconstituer la vie et le destin de sa famille, en même temps qu’il retrace l’action de Frank et de ses sbires dans la région, jusqu’aux procès de Nuremberg. Le mélange des deux aspects fonctionne très bien. On est autant intéressé par les destins variables (souvent tragiques) de ses lointains proches, que par les débats autour des notions de crime contre l’humanité ou de génocide. Le dessin de Picaud – que je découvre ici – est très bon. Sans doute un peu froid, son trait fin et classique accompagne bien le récit lui aussi presque « clinique » d’une catastrophe.