Mouais. Je n’ai pas été aussi convaincu que Canarde par cette lecture.
Disons que le point fort est le dessin, que j’ai bien aimé. Un noir et blanc réaliste très agréable, avec un rendu charbonneux pour les contours, ça me plait.
Pour ce qui est de l’histoire, toute la partie vaguement polar/thriller dans la deuxième moitié de l’album m’a moyennement captivé. Des passages loufoques et peu crédibles (voir la course-poursuite avec les flics, ou le hasard de l’Américain descendant du train avant qu’il ne déraille) et une intrigue peu emballante.
Car c’est très mollasson dans l’ensemble. En fait ça plaira surtout aux gros amateurs de vin, aux puristes, ceux qui se passionnent pour les cépages, la biodynamie, etc.
Car il y a une profusion de termes très précis, qui peuvent lasser (bien plus que dans « Les ignorants » par exemple). Au départ, avec cet argot de bistrot parisien, je pensais lire quelque chose mixant Boudard, Clébert, mais en fait non – hélas. On est plutôt là dans une version snob et bobo de la dégustation, moins dans ses aspects populaires.
J’ai lu l’album rapidement, sans réellement m’ennuyer, mais je pense l’oublier presque aussi rapidement.
Note réelle 2,5/5.
Une lecture pas désagréable, mais clairement moins amusante que je l'espérais. J'avais bien apprécié récemment Happy Girls (Les Filles Electriques), et je m'attendais à y retrouver le même niveau.
Mais ici j'ai trouvé l'ensemble plus inégal et convenu. Les gags sont souvent moins surprenants, moins percutants - et donc globalement moins drôles.
Ça reste néanmoins un album sympathique, qui apporte un certain nombre de sourires, une petite lecture d'emprunt.
Le dessin de Zep est dans sa veine Titeuf, avec des gags qui visent un lectorat plus adulte.
Je ne connais pas ce roman de Teulé, mais, si l’adaptation est fidèle, ça n’est ni le meilleur sujet ni son meilleur roman. Même si je comprends ce qui a pu le séduire, lui qui s’est fait une spécialité de puiser dans l’Histoire des histoires à décaler.
Le récit est très linéaire. Nous suivons Hélène Jegado (je ne connaissais pas du tout cette tueuse en série au tableau de chasse exceptionnelle) de son enfance à sa montée sur l’échafaud. Traumatisée par une famille (sa mère surtout) cul béni et superstitieuse, appelant à craindre Dieu et l’Ankou à tout moment, Hélène va se transformer en ange exterminateur, va finir par incarner l’Ankou, en tuant à peu près tous ceux et toutes celles qu’elle approche, avec sa bonne mine serviable (elle « cuisine bien », et empoisonne à tout va, et il faut plusieurs dizaines d’années pour que certaines personnes fassent le rapprochement entre tous ces morts et qu’Hélène soit arrêtée).
Comme je l’ai dit, c’est un peu lassant et répétitif. Surtout, j’ai trouvé que Teulé (ou alors Cornette dans son adaptation) mettait moins d’ironie, d’humour noir dans les dialogues et les situations. Même s’il y a quelques touches d’humour (les deux colporteurs progressivement détruit et « bretonnisés », les bonnes sœurs et leurs habits découpés et transformés en tenues de cabaret olé-olé). Mais c’est insuffisant pour dynamiser une intrigue qui manque un peu de surprises.
Je n’ai pas trop compris les animaux parlant par contre.
J’aime bien par contre le dessin de Jürg (quelques accointances avec celui de Dumontheuil parfois), comme à chaque fois que je croise son travail.
Note réelle 2,5/5.
Je ne pense pas être le cœur de cible, que ce soit pour l’histoire elle-même (que j’ai trouvée parfois un peu trop « romantique-guimauve ») ou pour le dessin (en particulier les expressions du visage et de la bouche d’Ella, proche du manga auquel je n’accroche pas).
Mais disons que ça se laisse lire, et que d’autres (affaire de goût donc) peuvent largement y trouver leur compte.
C’est une histoire d’amour de grandes adolescentes (entre Ella et Madeleine). Là que du classique. Mais elles vont se découvrir des expériences cleptomanes, et vouloir remettre à leur place les objets volés, refaire à l’envers l’incruste chez leurs victimes pour « annuler le vol ».
C’est assez vif, mais ça m’a un peu laissé de côté (c’est parfois un peu trop convenu et « gentil »). Je ne me suis pas passionné pour ces deux jeunes femmes et leurs potes, leurs aventures d’Arsène Lupin à rebours. Mais, comme je l’ai dit, les amateurs de ce type de romantisme y verrons sans doute des réflexions sur l’amitié (en particulier lorsqu’Ella néglige un peu sa meilleure amie après avoir rencontré et fusionné avec Madeleine) ou sur la transparence que l’on doit à celle qu’on aime.
Un Webtoon bien typique de Corée qui s'adresse aux geeks et intègre dans la réalité des éléments issus du jeu vidéo et du RPG.
Le jeune héros se découvre du jour au lendemain des capacités de gaming dans le monde réel : il a soudain accès à sa fiche de stats, à son inventaire dématérialisé et il découvre qu'en s'entrainant et en absorbant des livres de compétences, il peut pexer et gagner des niveaux et de nouvelles compétences. En parallèle, il découvre aussi que d'autres personnes sont dotées de pouvoirs surnaturels et qu'elles s'affrontent dans des bulles les séparant de la réalité pour ne pas endommager le monde réel. Son pouvoir très particulier va lui permettre de se faire une place bien particulière dans ce nouveau monde qu'il découvre.
Le graphisme est celui de la majorité des webtoon, un graphisme manga réalisé sur ordinateur avec des décors réduits au strict nécessaire. Le trait est très moyen, les couleurs sont basiques et manquent d'élégance, les scènes nocturnes sont trop sombres car initialement prévues pour être affichées sur un écran et pas sur du papier, mais cela va à l'essentiel et la lecture est fluide donc ça passe.
L'histoire accroche comme le font les shonen nekketsu. On découvre avec le héros ses pouvoirs et le monde nouveau qui l'entoure, on est aussi curieux que lui de découvrir ses nombreux mystères, et on a hâte de le voir gagner en expérience et en puissance pour pouvoir affronter les dangers pour le moment trop élevés pour lui. Et effectivement, ses capacités spéciales différentes de celles des autres combattants lui permettent une évolution à part et on a hâte de voir comment il va pouvoir les utiliser pour se confronter aux autres.
Et c'est là que le bât blesse : on a hâte mais le webtoon, lui, prend énormément de temps à se mettre en place. Au bout de près de 500 pages, nous sommes toujours dans le pur apprentissage et la découverte pas à pas : le héros se contente de s'entrainer sans aucun réel affrontement ni sans qu'une intrigue globale plus concrète ne se mette en place. C'est frustrant et on comprend que certains lecteurs puissent commencer à s'ennuyer.
Mais comme je suis à la fois un geek et amateur de nekketsu, je reste plutôt bien accroché et j'ai envie d'en savoir plus, et de lire cette série comme un divertissement relativement proche dans son idée d'un isekai par les pouvoirs que le héros se découvre soudain et ce monde parallèle, masqué aux yeux des simples humains, qu'il doit découvrir.
Note : 2,5/5
J'ai bien aimé l'idée de base, mais l'exécution m'a vraiment laissée sur ma faim.
L'histoire est celle de Taomeh, jeune orpheline vivant au sein d'une communauté régulièrement attaquée par des créatures mystérieuses, et qui va un jour tomber sur une épée magique lui permettant de contrôler les morts. Enfin, plus précisément un mort, étrangement gentil par ailleurs, qui va l'accompagner dans sa quête : sauver la forêt.
Le récit est simple mais intéressant : de la spiritualité, de la nécromancie, un propos filé sur la peur, un dessin très joli, ...
Vraiment, sur le papier, l'histoire est bonne. Mais voilà, j'ai trouvé que tout allait trop vite, que le récit ne respirait pas beaucoup et ne se permettait pas vraiment d'être "plus". Je n'arriverais sans doute pas à mieux m'exprimer là-dessus, mais je ressens vraiment qu'il y avait un grand potentiel qui aurait pu être libéré même en n'ajoutant qu'un tout petit rien.
Le résultat reste bon, il aurait simplement pu être très bon.
Même si elle m'a déçue par sa rapidité, la fin m'a tout de même plu sur un détail, à savoir le fait que le mort ne soit finalement que ça : un mort tout ce qu'il y a de plus banal. Pas un héros du passé ou quelqu'un de lié directement à Taomeh ou quelque chose comme ça, juste un mort lambda qui s'est sincèrement attaché à cette enfant. Cela appui la grande bonté du personnage.
Cet aspect est sans doute naïf mais je l'apprécie.
Vous avez le Sans contact ?
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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. La première édition date de 2023. Il a été réalisé par André Derainne pour le scénario, les dessins et les couleurs. Il comprend soixante-six pages de bande dessinée. Cet auteur a également réalisé Un orage par jour paru en 2021.
À l’aéroport Charles de Gaulle, les avions sont bien alignés, connectés chacun à leur passerelle, attendant les passagers. Une jeune femme parcourt une circulation dans la file de nombreuses personnes anonymes, l’esprit préoccupé. Les fourmis qui grimpent le long de ses jambes l’empêchent de marcher. Elle aimerait qu’elles s’en aillent. Elle aimerait accélérer le pas, répondre au téléphone qui vibre dans son sac, et aller aux toilettes. Pas nécessairement dans cet ordre. Ainsi troublée, elle éprouve l’impression de se déplacer dans une autre direction que le flux de passagers dont elle fait partie. C’est comme si elle est en décalage par rapport au flux bien ordonné, comme si les autres êtres humains se déplacent à dans un espace-temps qui n’est pas le sien. Elle s’extirpe de ce mouvement pour passer aux toilettes, puis se laver les mains, les passer dans un sèche-mains électrique à flux d’air. En sortant, elle active ses oreillettes sans fil et elle appelle son ami. Celui-ci lui l’informe que le jardin a un peu perdu de son charme, en espérant qu’elle n’est pas trop déçue : des sangliers ont mangé toutes les iris. La jeune femme répond qu’on dirait que les sangliers attendaient qu’elle s’en aille. Elle continue : il faudrait construire des barrières, inventer des pièges, elle ne se sait pas. Elle s’interroge : Pourquoi viennent-ils chez eux ? Le potager des voisins est très bien. Son compagnon indique que ce n’est pas tout : il a vu des petits aussi, il y en a sept. La jeune femme éprouve des difficultés à y croire : Sept marcassins, c’est une blague ? Elle se lamente sur son pauvre jardin.
Tout en discutant, elle a continué à marcher dans les couloirs sans fin, avec des individus qui passent autour d’elle, dans le même sens ou en sens contraire. Parmi eux, un père avec sa fille assise sur la valise à roulettes, une famille de trois personnes avec le jeune enfant tenant la main de ses parents de chaque côté. Elle s’arrête devant un panneau indicateur dont les logos signalent que les avions se trouvent vers la droite et les bagages vers la gauche. Elle se dit pour elle-même que ça se tente : à elle la France ! Elle change donc de destination et elle rappelle son compagnon. Chemin faisant d’un bon pas, elle lui fait observer qu’il a une drôle de voix depuis tout à l’heure… Il explique qu’il est resté au lit toute la journée, c’est pour ça. Elle le rassure en lui disant que ça passe vite six mois, et puis il viendra la voir. Il la détrompe : Ce n’est pas ça, lorsqu’il s’est levé, il a été pris de vertige, et depuis il a mal au ventre. Il trouve que le soleil est méchant en ce moment. Elle trouve ça inquiétant, il devrait peut-être appeler quelqu’un. Il la rassure : si demain il ne va pas mieux, il annulera le shooting et il prendra rendez-vous chez le médecin.
Mais qu’est-ce que c’est que ça ? De prime abord, ce n’est pas bien compliqué : une jeune femme qui est entre deux avions dans les couloirs impersonnels de l’aéroport Charles de Gaulle. Elle discute avec son compagnon, se promène dans cet environnement si particulier, saisissant une occasion de sortir pour humer l’air de Paris, pour s’échapper de ce lieu de transit, pour pénétrer dans un endroit identifié, un lieu avec de la personnalité. La narration visuelle repose sur des dessins aux formes simples, voire simplistes, colorées, avec des fonds de case régulièrement d’une couleur unie, et un jeu sur le positionnement des personnages, en particulier les anonymes qui se trouvent en décalage par rapport à la jeune femme, pouvant marcher aussi bien un ou deux mètres sur le côté, ou même à la verticale le long d’une bordure de case, voire dans ses cheveux en étant représentés comme minuscule. Le lecteur se rend compte que cette histoire prend fin au milieu de l’ouvrage : la seconde partie s’attache à suivre une autre jeune femme, pas nommée non plus, également en transit dans un aéroport, probablement le même. Celle-ci part d’une chambre d’hôtel, se rend à l’aéroport, et y constate que son avion est retardé de trois heures, un temps qu’elle va essayer d’occuper. Elle converse également avec un interlocuteur. Cette fois-ci, ce ne sont pas les autres passagers en transit ou en attente qui forment son environnement, mais les différents lieux de l’aéroport.
La couverture annonce explicitement les partis pris visuels de la narration : un avion représenté de manière très simplifié, une quantité de points lumineux composant une figure géométrique abstraite, tout en évoquant la complexité de la signalétique lumineuse des pistes de décollage et d’atterrissage. En effet, chacune des deux femmes est représentée de manière simple et douce : des traits de contour délicats pour la forme de leur silhouette, la seconde semblant un peu plus longiligne que la première. Les traits de visage se limitent aux yeux et sourcils, nez et lèvres, sans modelé du visage, sans ride ou grain de peau. Les chevelures sont différentes : une teinte blonde avec des reflets de gris pour la première, des cheveux noirs de jais pour la seconde. Les autres êtres humains de passage commencent par de simples silhouettes de profil avec des tenues vestimentaires différenciées, des coupes de cheveux particulières. Puis les individus marchent en parallèle de la protagoniste, éloignés de plusieurs mètres, représentés comme plaqués sur le mur, mélangeant la perspective du dessin, et la distance dans l’esprit de la jeune femme. Une poignée d’individus passent plus près d’elle et disposent de traits de visage a minima comme elle, et il en va également de même pour ceux qui croisent la deuxième protagoniste. Le lecteur ressent cette distanciation comme étant la perception et le ressenti qu’en ont l’une et l’autre.
L’autre aspect singulier de la narration visuelle apparaît également dès la première page. Celle-ci contient deux cases de la largeur de la page, et celle du dessous constitue un fond uniformément gris traversé par un tube vert en coupe, avec une petite pente dans le premier quart, puis plat, emprunté par les voyageurs, une passerelle aéroportuaire fermée, déjà de couleur verte dans la première case. Cette représentation tient à la fois de l’épure simplifiée, du schéma basique, tirant vers le pictogramme ou l’idéogramme des panneaux de signalisation et de direction. L’artiste joue également avec des associations visuelles : par exemple le reflet du disque solaire sur un mur est similaire à celui des plafonniers dans certains couloirs. Par la suite ce disque jaune peut apparaître dans une case, dissocié de tout contexte rappelant aussi bien l’un que l’autre. Devant un ascenseur, le signal lumineux indiquant une cabine arrivant à la montée devient assez flou pour être identique à l’une des balises lumineuses sur la piste. Dans la seconde partie, cette similitude visuelle fait se rapprocher les étoiles dans le ciel des points d’éclairage diffus dans certains couloirs. Cela induit, chez le lecteur, un automatisme d’association conscient ou inconscient entre différents éléments hétérogènes dont l’apparence de la représentation devient très proche.
Dans la seconde partie, l’artiste se focalise plus sur la transformation des lieux, par simplification, par rapprochement, ou encore par paréidolie. Page trente-quatre un avion part ; page trente-cinq un avion arrive. Dans les deux pages suivantes, des cases disposées en trois bandes de deux, des cases noires avec des taches de couleur et une mince ligne continue de couleur, ou discontinue en pointillés irréguliers. Le contexte permet de comprendre qu’il s’agit de l’impression visuelle des pistes de décollage la nuit. Pour les deux pages suivantes, même disposition de cases et des points blancs, d’abord un seul sur la troisième case, puis de plus en plus : il neige, sans aucun texte ou mot. En soi, rien de d’extraordinaire, à ceci près que cela installe ces motifs visuels dans l’esprit du lecteur qui va immédiatement les identifier par la suite, même si le contexte ou l’objet est différent, comprenant que ce motif est également rémanent dans l’esprit de la jeune femme, provoquant des associations d’idées ou de sensations par automatisme. Elle n’arrive pas à dormir et va déambuler dans les allées, vestibules et halls, où elle ne croise que quelques rares êtres humains. L’artiste isole un élément de décor ou un autre sur un fond vide, créant ainsi une sensation de détachement, d’irréalité, de perte de sens pour ces morceaux isolés de leur contexte.
L’intrigue passe au second plan dans l’esprit du lecteur captivé par l’expérience visuelle, quasiment hypnotique. Pour autant, la première femme découvre qu’elle a quelque chose à dire à son compagnon, et la seconde se retrouve coupée de tout contact et se parle à elle-même. L’une et l’autre font l’expérience de cette coupure du monde normal, dans cet endroit dont la seule fonction est de passer d’un avion à un autre, et d’attendre. La narration visuelle donne à voir la déréalisation que les lieux provoquent en ces deux êtres humains, l’impersonnalité et l’impermanence, deux forces destructurantes annihilant l’intime et la continuité. Dans un premier temps, il semble au lecteur que le seul point commun entre les deux parties soient les lieux. Après coup, il compare ce qui s’est opéré en chacune des deux femmes. La première a appris une information très personnelle dans ces lieux impersonnels, ce qui a changé sa vie de manière significative. La seconde est arrivée en état d’agitation irrépressible et l’étrangeté irréelle de l’aéroport en période nocturne a eu un effet inattendu sur elle. L’une et l’autre se sont adaptées chacune à leur manière à ce lieu de passage, leur propre situation les amenant à un comportement différent.
Une bande dessinée singulière. Par son intrigue très simple et très linéaire, scindée en deux parties dont le seul point commun est l’aéroport et le fait qu’il s’agisse de deux femmes. Par sa narration visuelle : des effets impressionnistes et expressionnistes, des éléments abstraits, des structures conceptuelles, vingt-et-une pages silencieuses, des pictogrammes, autant de composants qui participent à la fois à la déréalisation et à une expérience sensorielle extraordinaire. Un voyage singulier.
L'ensemble n'est pas mauvais en soit bien que je ne sois pas spécialement fan que nos protagonistes soient des enfants dans chacun des albums. Les enfants bien qu'ils soient généralement très matures pour leurs âges restent des enfants avec des traits de caractères propres et j'ai parfois l'impression de lire de la bd jeunesse. Cela reste assez bien écrit et on se laisse prendre mais au bout du cinquième album, on aimerait que l'arc change, du moins c'est mon avis.
Je ne vous apprend rien si je vous dis que cette série est une énième déclinaison du monde d'aquilon, nonobstant celui qui lit ces albums a probablement lu les séries mères, à savoir : Elfes , Nains , Orcs & Gobelins , etc... Il me parait donc, comme précédemment pointé du doigt, indécent de faire appel à la nécromancie, qui foisonne dans les séries citées précédemment. Pourtant l'art de redonner vie aux défunts est encore utilisé dans deux albums de cette série. C'est redondant et fatiguant ce recyclage permanent, les ficelles utilisés sont toujours les même et l'intérêt des albums décroit. Et c'est bien dommage car il y a bon nombre de bonnes idées.
Les enfants & la nécromancie ne sont pas les seules tares de cette série. J'ai notamment trouvé le scénario du cinquième tome très prévisible, sans surprise avec un final insensé, voir pathétique. Très grosse déception de cette fin d'année 2024.
Petite note positive tout de même, les dessins et la colorisation assez bons réussissent à élever le niveau global de cette série.
J’ai le même ressenti que Ro, qui résume bien l’évolution malheureuse de l’intrigue. La première partie est originale et intrigante, que ce soit pour l’histoire elle-même, étrange, avec des pincées de malsain dérangeant. Ou pour l'arrière-plan, la menace d’une pollution maousse.
Colorisation et dessin (en nettement moins bon et abouti pour ce dernier), font aussi un peu penser à Burns (une belle référence me concernant).
Et puis peu à peu ça bascule vers quelque chose de moins intéressant. Ça tombe effectivement dans la série Z avec invasion de bestioles géantes qui massacrent tous ceux qu’elles croisent. On oublie et la pollution et tout ce qui ne jouait que sur des allusions, quelques images furtives. Fond et forme sont alors décevants. Là où un certain mystère et une angoisse lancinante permettait de faire gober pas mal de choses, ça n’est plus le cas dès lors que tout devient plus « réaliste » et linéaire.
L’impression d’un matériau intéressant mal exploité prédomine.
Décidément, cela semble être une mode ces dernières années, un auteur qui raconte une opération médicale qu'il a subit.
L'album m'a attiré parce que j'ai vu le nom de Keramidas et que j'aime bien son dessin dynamique. De ce côté-là je n'ai pas été déçu parce que le résultat est encore une fois très bon. J'aime aussi les couleurs qu'il utilise. On voit qu'il a travaillé dans l'animation parce qu'on dirait vraiment un dessin animé mis en papier.
Quant au scénario, il y a les forces et les faiblesses de ce genre d'autobiographie. Il y a des passages intéressants, mais à force de lire de l'autobio qui se passe dans le milieu médical, je commence à voir les mêmes éléments et cela devient blasant, mais il faut dire que la vie après une opération grave se ressemble (passer plusieurs jours/semaines à l'hôpital, visite de la famille et des proches, les séquelles sur le corps....). C'est aussi un récit un peu trop autocentré par moment qui donne l'impression que l'auteur produit une BD pour lui tout seul ou à la limite pour ceux qui ont eu le même problème que lui. Tant mieux si faire une BD sur son expérience aide l'auteur, mais cela ne veut pas dire que je vais trouver cela automatique passionnant à lire.
Cela reste sympathique à lire, mais ce n'est pas un indispensable.
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La Quille du siècle
Mouais. Je n’ai pas été aussi convaincu que Canarde par cette lecture. Disons que le point fort est le dessin, que j’ai bien aimé. Un noir et blanc réaliste très agréable, avec un rendu charbonneux pour les contours, ça me plait. Pour ce qui est de l’histoire, toute la partie vaguement polar/thriller dans la deuxième moitié de l’album m’a moyennement captivé. Des passages loufoques et peu crédibles (voir la course-poursuite avec les flics, ou le hasard de l’Américain descendant du train avant qu’il ne déraille) et une intrigue peu emballante. Car c’est très mollasson dans l’ensemble. En fait ça plaira surtout aux gros amateurs de vin, aux puristes, ceux qui se passionnent pour les cépages, la biodynamie, etc. Car il y a une profusion de termes très précis, qui peuvent lasser (bien plus que dans « Les ignorants » par exemple). Au départ, avec cet argot de bistrot parisien, je pensais lire quelque chose mixant Boudard, Clébert, mais en fait non – hélas. On est plutôt là dans une version snob et bobo de la dégustation, moins dans ses aspects populaires. J’ai lu l’album rapidement, sans réellement m’ennuyer, mais je pense l’oublier presque aussi rapidement. Note réelle 2,5/5.
Happy parents
Une lecture pas désagréable, mais clairement moins amusante que je l'espérais. J'avais bien apprécié récemment Happy Girls (Les Filles Electriques), et je m'attendais à y retrouver le même niveau. Mais ici j'ai trouvé l'ensemble plus inégal et convenu. Les gags sont souvent moins surprenants, moins percutants - et donc globalement moins drôles. Ça reste néanmoins un album sympathique, qui apporte un certain nombre de sourires, une petite lecture d'emprunt. Le dessin de Zep est dans sa veine Titeuf, avec des gags qui visent un lectorat plus adulte.
Fleur de Tonnerre
Je ne connais pas ce roman de Teulé, mais, si l’adaptation est fidèle, ça n’est ni le meilleur sujet ni son meilleur roman. Même si je comprends ce qui a pu le séduire, lui qui s’est fait une spécialité de puiser dans l’Histoire des histoires à décaler. Le récit est très linéaire. Nous suivons Hélène Jegado (je ne connaissais pas du tout cette tueuse en série au tableau de chasse exceptionnelle) de son enfance à sa montée sur l’échafaud. Traumatisée par une famille (sa mère surtout) cul béni et superstitieuse, appelant à craindre Dieu et l’Ankou à tout moment, Hélène va se transformer en ange exterminateur, va finir par incarner l’Ankou, en tuant à peu près tous ceux et toutes celles qu’elle approche, avec sa bonne mine serviable (elle « cuisine bien », et empoisonne à tout va, et il faut plusieurs dizaines d’années pour que certaines personnes fassent le rapprochement entre tous ces morts et qu’Hélène soit arrêtée). Comme je l’ai dit, c’est un peu lassant et répétitif. Surtout, j’ai trouvé que Teulé (ou alors Cornette dans son adaptation) mettait moins d’ironie, d’humour noir dans les dialogues et les situations. Même s’il y a quelques touches d’humour (les deux colporteurs progressivement détruit et « bretonnisés », les bonnes sœurs et leurs habits découpés et transformés en tenues de cabaret olé-olé). Mais c’est insuffisant pour dynamiser une intrigue qui manque un peu de surprises. Je n’ai pas trop compris les animaux parlant par contre. J’aime bien par contre le dessin de Jürg (quelques accointances avec celui de Dumontheuil parfois), comme à chaque fois que je croise son travail. Note réelle 2,5/5.
Voleuse
Je ne pense pas être le cœur de cible, que ce soit pour l’histoire elle-même (que j’ai trouvée parfois un peu trop « romantique-guimauve ») ou pour le dessin (en particulier les expressions du visage et de la bouche d’Ella, proche du manga auquel je n’accroche pas). Mais disons que ça se laisse lire, et que d’autres (affaire de goût donc) peuvent largement y trouver leur compte. C’est une histoire d’amour de grandes adolescentes (entre Ella et Madeleine). Là que du classique. Mais elles vont se découvrir des expériences cleptomanes, et vouloir remettre à leur place les objets volés, refaire à l’envers l’incruste chez leurs victimes pour « annuler le vol ». C’est assez vif, mais ça m’a un peu laissé de côté (c’est parfois un peu trop convenu et « gentil »). Je ne me suis pas passionné pour ces deux jeunes femmes et leurs potes, leurs aventures d’Arsène Lupin à rebours. Mais, comme je l’ai dit, les amateurs de ce type de romantisme y verrons sans doute des réflexions sur l’amitié (en particulier lorsqu’Ella néglige un peu sa meilleure amie après avoir rencontré et fusionné avec Madeleine) ou sur la transparence que l’on doit à celle qu’on aime.
The Gamer
Un Webtoon bien typique de Corée qui s'adresse aux geeks et intègre dans la réalité des éléments issus du jeu vidéo et du RPG. Le jeune héros se découvre du jour au lendemain des capacités de gaming dans le monde réel : il a soudain accès à sa fiche de stats, à son inventaire dématérialisé et il découvre qu'en s'entrainant et en absorbant des livres de compétences, il peut pexer et gagner des niveaux et de nouvelles compétences. En parallèle, il découvre aussi que d'autres personnes sont dotées de pouvoirs surnaturels et qu'elles s'affrontent dans des bulles les séparant de la réalité pour ne pas endommager le monde réel. Son pouvoir très particulier va lui permettre de se faire une place bien particulière dans ce nouveau monde qu'il découvre. Le graphisme est celui de la majorité des webtoon, un graphisme manga réalisé sur ordinateur avec des décors réduits au strict nécessaire. Le trait est très moyen, les couleurs sont basiques et manquent d'élégance, les scènes nocturnes sont trop sombres car initialement prévues pour être affichées sur un écran et pas sur du papier, mais cela va à l'essentiel et la lecture est fluide donc ça passe. L'histoire accroche comme le font les shonen nekketsu. On découvre avec le héros ses pouvoirs et le monde nouveau qui l'entoure, on est aussi curieux que lui de découvrir ses nombreux mystères, et on a hâte de le voir gagner en expérience et en puissance pour pouvoir affronter les dangers pour le moment trop élevés pour lui. Et effectivement, ses capacités spéciales différentes de celles des autres combattants lui permettent une évolution à part et on a hâte de voir comment il va pouvoir les utiliser pour se confronter aux autres. Et c'est là que le bât blesse : on a hâte mais le webtoon, lui, prend énormément de temps à se mettre en place. Au bout de près de 500 pages, nous sommes toujours dans le pur apprentissage et la découverte pas à pas : le héros se contente de s'entrainer sans aucun réel affrontement ni sans qu'une intrigue globale plus concrète ne se mette en place. C'est frustrant et on comprend que certains lecteurs puissent commencer à s'ennuyer. Mais comme je suis à la fois un geek et amateur de nekketsu, je reste plutôt bien accroché et j'ai envie d'en savoir plus, et de lire cette série comme un divertissement relativement proche dans son idée d'un isekai par les pouvoirs que le héros se découvre soudain et ce monde parallèle, masqué aux yeux des simples humains, qu'il doit découvrir. Note : 2,5/5
Taomeh et le mort immortel
J'ai bien aimé l'idée de base, mais l'exécution m'a vraiment laissée sur ma faim. L'histoire est celle de Taomeh, jeune orpheline vivant au sein d'une communauté régulièrement attaquée par des créatures mystérieuses, et qui va un jour tomber sur une épée magique lui permettant de contrôler les morts. Enfin, plus précisément un mort, étrangement gentil par ailleurs, qui va l'accompagner dans sa quête : sauver la forêt. Le récit est simple mais intéressant : de la spiritualité, de la nécromancie, un propos filé sur la peur, un dessin très joli, ... Vraiment, sur le papier, l'histoire est bonne. Mais voilà, j'ai trouvé que tout allait trop vite, que le récit ne respirait pas beaucoup et ne se permettait pas vraiment d'être "plus". Je n'arriverais sans doute pas à mieux m'exprimer là-dessus, mais je ressens vraiment qu'il y avait un grand potentiel qui aurait pu être libéré même en n'ajoutant qu'un tout petit rien. Le résultat reste bon, il aurait simplement pu être très bon. Même si elle m'a déçue par sa rapidité, la fin m'a tout de même plu sur un détail, à savoir le fait que le mort ne soit finalement que ça : un mort tout ce qu'il y a de plus banal. Pas un héros du passé ou quelqu'un de lié directement à Taomeh ou quelque chose comme ça, juste un mort lambda qui s'est sincèrement attaché à cette enfant. Cela appui la grande bonté du personnage. Cet aspect est sans doute naïf mais je l'apprécie.
Des fourmis dans les jambes (André Derainne)
Vous avez le Sans contact ? - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. La première édition date de 2023. Il a été réalisé par André Derainne pour le scénario, les dessins et les couleurs. Il comprend soixante-six pages de bande dessinée. Cet auteur a également réalisé Un orage par jour paru en 2021. À l’aéroport Charles de Gaulle, les avions sont bien alignés, connectés chacun à leur passerelle, attendant les passagers. Une jeune femme parcourt une circulation dans la file de nombreuses personnes anonymes, l’esprit préoccupé. Les fourmis qui grimpent le long de ses jambes l’empêchent de marcher. Elle aimerait qu’elles s’en aillent. Elle aimerait accélérer le pas, répondre au téléphone qui vibre dans son sac, et aller aux toilettes. Pas nécessairement dans cet ordre. Ainsi troublée, elle éprouve l’impression de se déplacer dans une autre direction que le flux de passagers dont elle fait partie. C’est comme si elle est en décalage par rapport au flux bien ordonné, comme si les autres êtres humains se déplacent à dans un espace-temps qui n’est pas le sien. Elle s’extirpe de ce mouvement pour passer aux toilettes, puis se laver les mains, les passer dans un sèche-mains électrique à flux d’air. En sortant, elle active ses oreillettes sans fil et elle appelle son ami. Celui-ci lui l’informe que le jardin a un peu perdu de son charme, en espérant qu’elle n’est pas trop déçue : des sangliers ont mangé toutes les iris. La jeune femme répond qu’on dirait que les sangliers attendaient qu’elle s’en aille. Elle continue : il faudrait construire des barrières, inventer des pièges, elle ne se sait pas. Elle s’interroge : Pourquoi viennent-ils chez eux ? Le potager des voisins est très bien. Son compagnon indique que ce n’est pas tout : il a vu des petits aussi, il y en a sept. La jeune femme éprouve des difficultés à y croire : Sept marcassins, c’est une blague ? Elle se lamente sur son pauvre jardin. Tout en discutant, elle a continué à marcher dans les couloirs sans fin, avec des individus qui passent autour d’elle, dans le même sens ou en sens contraire. Parmi eux, un père avec sa fille assise sur la valise à roulettes, une famille de trois personnes avec le jeune enfant tenant la main de ses parents de chaque côté. Elle s’arrête devant un panneau indicateur dont les logos signalent que les avions se trouvent vers la droite et les bagages vers la gauche. Elle se dit pour elle-même que ça se tente : à elle la France ! Elle change donc de destination et elle rappelle son compagnon. Chemin faisant d’un bon pas, elle lui fait observer qu’il a une drôle de voix depuis tout à l’heure… Il explique qu’il est resté au lit toute la journée, c’est pour ça. Elle le rassure en lui disant que ça passe vite six mois, et puis il viendra la voir. Il la détrompe : Ce n’est pas ça, lorsqu’il s’est levé, il a été pris de vertige, et depuis il a mal au ventre. Il trouve que le soleil est méchant en ce moment. Elle trouve ça inquiétant, il devrait peut-être appeler quelqu’un. Il la rassure : si demain il ne va pas mieux, il annulera le shooting et il prendra rendez-vous chez le médecin. Mais qu’est-ce que c’est que ça ? De prime abord, ce n’est pas bien compliqué : une jeune femme qui est entre deux avions dans les couloirs impersonnels de l’aéroport Charles de Gaulle. Elle discute avec son compagnon, se promène dans cet environnement si particulier, saisissant une occasion de sortir pour humer l’air de Paris, pour s’échapper de ce lieu de transit, pour pénétrer dans un endroit identifié, un lieu avec de la personnalité. La narration visuelle repose sur des dessins aux formes simples, voire simplistes, colorées, avec des fonds de case régulièrement d’une couleur unie, et un jeu sur le positionnement des personnages, en particulier les anonymes qui se trouvent en décalage par rapport à la jeune femme, pouvant marcher aussi bien un ou deux mètres sur le côté, ou même à la verticale le long d’une bordure de case, voire dans ses cheveux en étant représentés comme minuscule. Le lecteur se rend compte que cette histoire prend fin au milieu de l’ouvrage : la seconde partie s’attache à suivre une autre jeune femme, pas nommée non plus, également en transit dans un aéroport, probablement le même. Celle-ci part d’une chambre d’hôtel, se rend à l’aéroport, et y constate que son avion est retardé de trois heures, un temps qu’elle va essayer d’occuper. Elle converse également avec un interlocuteur. Cette fois-ci, ce ne sont pas les autres passagers en transit ou en attente qui forment son environnement, mais les différents lieux de l’aéroport. La couverture annonce explicitement les partis pris visuels de la narration : un avion représenté de manière très simplifié, une quantité de points lumineux composant une figure géométrique abstraite, tout en évoquant la complexité de la signalétique lumineuse des pistes de décollage et d’atterrissage. En effet, chacune des deux femmes est représentée de manière simple et douce : des traits de contour délicats pour la forme de leur silhouette, la seconde semblant un peu plus longiligne que la première. Les traits de visage se limitent aux yeux et sourcils, nez et lèvres, sans modelé du visage, sans ride ou grain de peau. Les chevelures sont différentes : une teinte blonde avec des reflets de gris pour la première, des cheveux noirs de jais pour la seconde. Les autres êtres humains de passage commencent par de simples silhouettes de profil avec des tenues vestimentaires différenciées, des coupes de cheveux particulières. Puis les individus marchent en parallèle de la protagoniste, éloignés de plusieurs mètres, représentés comme plaqués sur le mur, mélangeant la perspective du dessin, et la distance dans l’esprit de la jeune femme. Une poignée d’individus passent plus près d’elle et disposent de traits de visage a minima comme elle, et il en va également de même pour ceux qui croisent la deuxième protagoniste. Le lecteur ressent cette distanciation comme étant la perception et le ressenti qu’en ont l’une et l’autre. L’autre aspect singulier de la narration visuelle apparaît également dès la première page. Celle-ci contient deux cases de la largeur de la page, et celle du dessous constitue un fond uniformément gris traversé par un tube vert en coupe, avec une petite pente dans le premier quart, puis plat, emprunté par les voyageurs, une passerelle aéroportuaire fermée, déjà de couleur verte dans la première case. Cette représentation tient à la fois de l’épure simplifiée, du schéma basique, tirant vers le pictogramme ou l’idéogramme des panneaux de signalisation et de direction. L’artiste joue également avec des associations visuelles : par exemple le reflet du disque solaire sur un mur est similaire à celui des plafonniers dans certains couloirs. Par la suite ce disque jaune peut apparaître dans une case, dissocié de tout contexte rappelant aussi bien l’un que l’autre. Devant un ascenseur, le signal lumineux indiquant une cabine arrivant à la montée devient assez flou pour être identique à l’une des balises lumineuses sur la piste. Dans la seconde partie, cette similitude visuelle fait se rapprocher les étoiles dans le ciel des points d’éclairage diffus dans certains couloirs. Cela induit, chez le lecteur, un automatisme d’association conscient ou inconscient entre différents éléments hétérogènes dont l’apparence de la représentation devient très proche. Dans la seconde partie, l’artiste se focalise plus sur la transformation des lieux, par simplification, par rapprochement, ou encore par paréidolie. Page trente-quatre un avion part ; page trente-cinq un avion arrive. Dans les deux pages suivantes, des cases disposées en trois bandes de deux, des cases noires avec des taches de couleur et une mince ligne continue de couleur, ou discontinue en pointillés irréguliers. Le contexte permet de comprendre qu’il s’agit de l’impression visuelle des pistes de décollage la nuit. Pour les deux pages suivantes, même disposition de cases et des points blancs, d’abord un seul sur la troisième case, puis de plus en plus : il neige, sans aucun texte ou mot. En soi, rien de d’extraordinaire, à ceci près que cela installe ces motifs visuels dans l’esprit du lecteur qui va immédiatement les identifier par la suite, même si le contexte ou l’objet est différent, comprenant que ce motif est également rémanent dans l’esprit de la jeune femme, provoquant des associations d’idées ou de sensations par automatisme. Elle n’arrive pas à dormir et va déambuler dans les allées, vestibules et halls, où elle ne croise que quelques rares êtres humains. L’artiste isole un élément de décor ou un autre sur un fond vide, créant ainsi une sensation de détachement, d’irréalité, de perte de sens pour ces morceaux isolés de leur contexte. L’intrigue passe au second plan dans l’esprit du lecteur captivé par l’expérience visuelle, quasiment hypnotique. Pour autant, la première femme découvre qu’elle a quelque chose à dire à son compagnon, et la seconde se retrouve coupée de tout contact et se parle à elle-même. L’une et l’autre font l’expérience de cette coupure du monde normal, dans cet endroit dont la seule fonction est de passer d’un avion à un autre, et d’attendre. La narration visuelle donne à voir la déréalisation que les lieux provoquent en ces deux êtres humains, l’impersonnalité et l’impermanence, deux forces destructurantes annihilant l’intime et la continuité. Dans un premier temps, il semble au lecteur que le seul point commun entre les deux parties soient les lieux. Après coup, il compare ce qui s’est opéré en chacune des deux femmes. La première a appris une information très personnelle dans ces lieux impersonnels, ce qui a changé sa vie de manière significative. La seconde est arrivée en état d’agitation irrépressible et l’étrangeté irréelle de l’aéroport en période nocturne a eu un effet inattendu sur elle. L’une et l’autre se sont adaptées chacune à leur manière à ce lieu de passage, leur propre situation les amenant à un comportement différent. Une bande dessinée singulière. Par son intrigue très simple et très linéaire, scindée en deux parties dont le seul point commun est l’aéroport et le fait qu’il s’agisse de deux femmes. Par sa narration visuelle : des effets impressionnistes et expressionnistes, des éléments abstraits, des structures conceptuelles, vingt-et-une pages silencieuses, des pictogrammes, autant de composants qui participent à la fois à la déréalisation et à une expérience sensorielle extraordinaire. Un voyage singulier.
Terres d’Ogon
L'ensemble n'est pas mauvais en soit bien que je ne sois pas spécialement fan que nos protagonistes soient des enfants dans chacun des albums. Les enfants bien qu'ils soient généralement très matures pour leurs âges restent des enfants avec des traits de caractères propres et j'ai parfois l'impression de lire de la bd jeunesse. Cela reste assez bien écrit et on se laisse prendre mais au bout du cinquième album, on aimerait que l'arc change, du moins c'est mon avis. Je ne vous apprend rien si je vous dis que cette série est une énième déclinaison du monde d'aquilon, nonobstant celui qui lit ces albums a probablement lu les séries mères, à savoir : Elfes , Nains , Orcs & Gobelins , etc... Il me parait donc, comme précédemment pointé du doigt, indécent de faire appel à la nécromancie, qui foisonne dans les séries citées précédemment. Pourtant l'art de redonner vie aux défunts est encore utilisé dans deux albums de cette série. C'est redondant et fatiguant ce recyclage permanent, les ficelles utilisés sont toujours les même et l'intérêt des albums décroit. Et c'est bien dommage car il y a bon nombre de bonnes idées. Les enfants & la nécromancie ne sont pas les seules tares de cette série. J'ai notamment trouvé le scénario du cinquième tome très prévisible, sans surprise avec un final insensé, voir pathétique. Très grosse déception de cette fin d'année 2024. Petite note positive tout de même, les dessins et la colorisation assez bons réussissent à élever le niveau global de cette série.
Immonde !
J’ai le même ressenti que Ro, qui résume bien l’évolution malheureuse de l’intrigue. La première partie est originale et intrigante, que ce soit pour l’histoire elle-même, étrange, avec des pincées de malsain dérangeant. Ou pour l'arrière-plan, la menace d’une pollution maousse. Colorisation et dessin (en nettement moins bon et abouti pour ce dernier), font aussi un peu penser à Burns (une belle référence me concernant). Et puis peu à peu ça bascule vers quelque chose de moins intéressant. Ça tombe effectivement dans la série Z avec invasion de bestioles géantes qui massacrent tous ceux qu’elles croisent. On oublie et la pollution et tout ce qui ne jouait que sur des allusions, quelques images furtives. Fond et forme sont alors décevants. Là où un certain mystère et une angoisse lancinante permettait de faire gober pas mal de choses, ça n’est plus le cas dès lors que tout devient plus « réaliste » et linéaire. L’impression d’un matériau intéressant mal exploité prédomine.
À cœur ouvert
Décidément, cela semble être une mode ces dernières années, un auteur qui raconte une opération médicale qu'il a subit. L'album m'a attiré parce que j'ai vu le nom de Keramidas et que j'aime bien son dessin dynamique. De ce côté-là je n'ai pas été déçu parce que le résultat est encore une fois très bon. J'aime aussi les couleurs qu'il utilise. On voit qu'il a travaillé dans l'animation parce qu'on dirait vraiment un dessin animé mis en papier. Quant au scénario, il y a les forces et les faiblesses de ce genre d'autobiographie. Il y a des passages intéressants, mais à force de lire de l'autobio qui se passe dans le milieu médical, je commence à voir les mêmes éléments et cela devient blasant, mais il faut dire que la vie après une opération grave se ressemble (passer plusieurs jours/semaines à l'hôpital, visite de la famille et des proches, les séquelles sur le corps....). C'est aussi un récit un peu trop autocentré par moment qui donne l'impression que l'auteur produit une BD pour lui tout seul ou à la limite pour ceux qui ont eu le même problème que lui. Tant mieux si faire une BD sur son expérience aide l'auteur, mais cela ne veut pas dire que je vais trouver cela automatique passionnant à lire. Cela reste sympathique à lire, mais ce n'est pas un indispensable.