Les derniers avis (347 avis)

Couverture de la série La Belle Endormie
La Belle Endormie

Quelle belle... surprise ! Pourtant j'ai commencé ce triptyque avec le frein à main. Une série girly jeune ado, un dessin manga que je n'affectionne pas et un précédent avis très négatif auraient du me décourager assez vite. Que nenni, une œuvre centrée sur un ballet de Tchaïkovski cela mérite une certaine attention. Le conte de " La belle au bois dormant" étant par nature un conte fantastique on ne peut pas reprocher à l'autrice de reprendre les ressors fantastiques du récit. Ainsi j'ai tout de suite accroché à la fluidité et la vivacité du scénario de Karina. De plus l'autrice utilise un vocabulaire de très bonne facture avec des dialogues d'un bon niveau jeunesse. Karina modernise le conte en le positionnant dans l'ambiance d'une prestigieuse école de musique et danse classique. Là encore plusieurs scènes sonnent très juste et m'ont rappelé certains passages de la série tv "Un, Dos, Tres" très appréciée par mes enfants et aussi par moi-même). L'autrice fait progresser son récit de façon convaincante en augmentant la tension dramatique jusqu'à mi T3. Evidemment la règle du happy end est respectée mais c'est bien fait. Je le répète le graphisme Manga n'est pas ma tasse de thé. J'y retrouve toujours les mêmes réserves comme des visages trop lisses voire figés, ou des déformations abusives (assez peu utilisées ici). Toutefois cela n'a pas gêné ma lecture. Au contraire ce côté lisse convient plutôt bien à l'univers du ballet classique. De plus les nombreuses scènes de danse classique sont vraiment réussies avec beaucoup de grâce et d'élégance. Le vocabulaire et la construction des scènes de répétition montrent que l'autrice connait son sujet. En ce qui concerne les extérieurs, l'autrice à travaillé de nombreux détails dans une architecture haussmannienne assez froide. Finalement à mes yeux cela reste une très bonne série pour jeunes ados avec un support culturel très intéressant.

18/02/2025 (modifier)
Couverture de la série Au-delà des étoiles
Au-delà des étoiles

Même si les trois couvertures mettent le Hip hop et le Break en évidence ce n'est pas la thématique principale de la série à mes yeux. Cette construction d'un crew autour de six ados de 16 ans permet d'aborder de façon soft plusieurs autres sujets liés à la vie en banlieue. C'est classiquement les relations sentimentales entre les membres du groupe qui dominent. L'autrice y ajoute la problématique de la relation avec la police et des intrigues qui mixent gangs de dealers, promoteurs véreux, immigration plus ou moins clandestine. C'est traité d'une façon très soft et un brin superficielle avec pas mal de clichés mais le récit se laisse lire aisément car il est rempli de bons sentiments. Les bons et les méchants sont clairement identifiés sans trop de nuances ce qui renvoie à un lectorat d'ados assez jeune. Evidemment créer un crew hip hop avec deux débutants de seize ans qui n'ont pas du tout cette culture peut faire sourire. Pour ce qui concerne cette thématique je renvoie à la série Rosigny Zoo de Chloé Wary bien plus proche à mon avis de la réalité de cette pratique et de sa philosophie. Toutefois le récit reste fluide avec quelques flashback qui prennent le temps d'approfondir le passé des personnages tous bien gentils. Je ne suis pas fan de ce graphisme très numérique qui donne l'impression de regarder une animation TV pour la jeunesse. Cela manque de personnalité mais le dynamisme est bon. Une lecture pour ados qui s'appuie sur une positive attitude dans de nombreux sujets. Pourquoi pas.

18/02/2025 (modifier)
Couverture de la série Hild - Les Femmes des Nibelungen
Hild - Les Femmes des Nibelungen

Hild, c'est une adaptation d'un récit épique germanique (la Chanson des Nibelungen) centré sur deux de ses personnages féminins. Je n'ai jamais lu, vu ou écouté d'adaptation de cette épopée, je ne la connais que de très loin, pour tout dire j'ai acheté cet album sur un coup de tête, intriguée par sa couverture et sa promesse de récit épique féminin. Ne connaissant donc pas vraiment le récit de base, je ne pourrais vraisemblablement pas parler du travail d'adaptation voire même de tout simplement savoir ce qui tient de l'adaptation ou ce qui tient de l'invention pour cette histoire. Néanmoins, sans connaître l'œuvre originale, cet album reste intéressant à lire. On se centre sur Kriemhild, princesse burgonde enfermée bien malgré elle dans le rôle de la femme au foyer, et sur Brunehilde, reine d'Yslande mariée de force à Gunther, roi de Burgondie et frère de Kriemhild. Tout cet album cherche à mettre en lumière ces deux personnages qui, visiblement, dans le récit d'origine était réduites à leur beauté et leur caractère "hystérique" (que de profondeur, mes ami-e-s). Ici, Kriemhild est véritablement enfermée, ployée sous les attentes et les injonctions de la société patriarcale de l'époque, se retrouvant rapidement plus effacée (surtout comparée à la jeune fille fougueuse et désireuse d'aventure qu'elle semblait être plus jeune). Là où Brunehilde, femme à l'origine libre et refusant les règles des hommes (elle ne les porte pas dans son estime et ne cache pas qu'elle n'est pas attirée par eux, préférant la compagnie féminine), une fois mariée contre son gré, cherchera par tous les moyens à garder la tête haute et conserver un contrôle sur sa vie. Chacune d'entre elles est mise en face du machisme, du sexisme et de la violence masculine qui faisaient sans doute partie intégrante du récit d'origine (mais, là encore, je ne pourrais vraiment savoir à quel point). Les hommes ici sont lâches, cruels presque sans s'en rendre compte (par indifférence), violents, étouffants, contrôlants, des violeurs aussi. La figure du "grand héros de la chanson de geste et de l'épopée épique" en prend pour son grade. Pour autant, même si le récit remet en question la figure héroïque et le sexisme des récits médiévaux, sujets qui me parlent et m'intéressent, je n'ai pas autant accroché que ce que j'aurais voulu. Il manquait d'un je ne sais quoi pour m'attacher davantage à ces personnages. J'ai aimé l'idée derrière les personnages de Kriemhild et Brunehilde, vivant des situations similaires et cruelles mais réagissant et survivant de manière différente, mais j'aurais bien voulu en avoir davantage. J'ai plus eu l'impression de lire un résumé de leurs vies que de vraiment les vivre avec elles. Quoi que, j'ai surtout eu cette impression avec Kriemhild, Brunehilde s'écrasant moins (et vivant aussi deux/trois évènements plus violents et traumatisants) m'a semblée plus détaillée, plus vivante. Mais là, c'est aussi sans doute car Kriemhild joue malheureusement le rôle d'une personne s'effaçant et s'oubliant progressivement. Légère déception personnellement donc, mais l'album reste bon, la lecture agréable, le dessin est beau et je suis sûre qu'une personne connaissant le récit d'origine pourra être intéressée par cette réécriture.

18/02/2025 (modifier)
Par Simili
Note: 3/5
Couverture de la série Jusqu'au dernier
Jusqu'au dernier

Russel, un des derniers cowboys décide de raccrocher et de s'installer comme fermier avec le jeune Benett, qu'il a recueilli enfant, et Kirby son bras droit. Leur route s'arrêtera à Sundance, patelin paumé du Wyoming. Ce one shot me laisse une impression assez mitigée. D'un côté je trouve qu'il rend assez bien compte de la dureté du Far West, de sa violence et de son égoïsme. Graphiquement c'est superbe et les personnages sont intéressants. Mais de l'autre et c'est malheureusement ce côté qui l'emporte, la fin me laisse sur ma faim ... Il n'aurait pas fallu grand chose pour emporter complétement mon adhésion. Un fin un peu plus ''western'', un peu moins neutre. Reste ce joli message que l'on peut toujours sauver un enfant. Jusqu'au dernier est donc une belle BD qui vaut surtout par ses dessins.

18/02/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 3/5
Couverture de la série Aucune tombe assez profonde
Aucune tombe assez profonde

Un western fantastique qui ne restera pas dans les annales. Ryder est une ancienne bandite de grand chemin, elle s'est rangée des diligences depuis plusieurs années. Elle est mariée et a une fille, Ryder et son mari s'occupent de leur lopin de terre, ils coulent des jours heureux jusqu'à ce qu'elle découvre qu'elle est atteinte d'une maladie incurable. Elle décide alors de prendre le taureau par les cornes et d'aller défier la Mort. On va ainsi découvrir un monde fantastique, il est peuplé de fantômes et d'étranges créatures. Un périple qui sera semé d'embûches jusqu'à la fatidique rencontre avec la faucheuse. Un récit sans surprises, les rebondissements sont prévisibles, et notre personnage principal m'a laissé de marbre. On découvre rapidement que rien ne pourra lui arriver avant son dernier duel, c'est la reine du revolver et du couteau. J'ai suivi sa destiné sans déplaisir, la narration est alerte - un quatrième chapitre entièrement muet - elle est ponctuée de quelques planches sur son passé, mais une lecture qui ne me restera pas en mémoire, malgré sa petite morale sur la rédemption. Graphiquement, Jorge Corona nous gratifie d'un trait vif et anguleux avec une pointe de manga, il apporte du dynamisme au récit. Une colorisation différente, elle est lumineuse pour les jours heureux et plus sombre avec une dominante orangée pour le reste. Un rendu agréable à contempler. Sympathique, sans plus.

18/02/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Blake et Mortimer - Le Dernier Pharaon
Blake et Mortimer - Le Dernier Pharaon

Rien de plus effrayant que l'inconnu, rien de plus dangereux que l'ignorance. - Ce tome comprend une histoire complète mettant en scène Francis Blake et Philip Mortimer. La première édition date de 2019. Il a été réalisé par François Schuiten (scénario, dessins et encrage), Jaco van Dormael (scénario, réalisateur et metteur en scène belge), Thomas Gunzig (scénario, écrivain belge francophone) et Laurent Durieux (couleur). À l'intérieur de la pyramide de Kheops, au Caire en Égypte, Francis Blake et Philip Mortimer reprennent difficilement conscience. Ils ne se souviennent plus d'où ils se trouvent. Ils finissent par comprendre qu'ils se trouvent dans la Chambre du Roi de la pyramide. Quelques années plus tard, le professeur Mortimer pénètre dans la salle des pas perdus du Palais de Justice de Bruxelles. Il y retrouve son ami Henri qui évoque le taux élevé du rayonnement électromagnétique. Henri emmène Mortimer au sous-sol et lui montre une pièce récemment mise à jour : le bureau de travail de Joseph Poelaert (1817-1879), l'architecte du Palais de Justice. Il l'emmène jusqu'au fond de la pièce où il lui montre des hiéroglyphes et une représentation du dieu Seth. À la surprise de Mortimer, Henri se saisit d'une masse et en frappe le mur. de la fissure s'échappe une puissante lumière. Henri passe par la faille, mais le mur s'écroule derrière lui, empêchant Mortimer de le suivre. Mortimer remonte le plus vite possible et sort du Palais de Justice. le rayonnement s'échappe du bâtiment et irradie toute la ville. Trois semaines plus tard, Mortimer se réveille sur un lit d'hôpital où il est venu consulter à cause de terribles cauchemars dans lequel Seth lui apparaît. À l'extérieur, l'armée a commencé à évacuer les civils. Quelques temps plus tard, Mortimer retrouve Blake devant le Palais de Justice, autour duquel ont été élevés des échafaudages pour constituer une cage de Faraday afin de contenir le rayonnement. Des années plus tard, les bâtiments ont commencé à se dégrader et quelques animaux sauvages circulent dans la rue. Non loin du Palais de Justice, un groupe de personnes prépare un acte de destruction contre le bâtiment. Leur intervention a des conséquences néfastes et Philip Mortimer est contacté par Francis Blake pour une intervention de la dernière chance, en urgence. Mortimer doit se rendre à Bruxelles. En 1996, paraît une nouvelle aventure de Blake & Mortimer, réalisée par Jean van Hamme & Ted Benoît, 9 ans après la mort de leur créateur Edgar P. Jacobs. Entretemps, Média Participations a fait l'acquisition des Éditions Blake & Mortimer, et Jean van Hamme a défini les règles à respecter pour les albums de la reprise : rester dans les années 1950 et ne pas poursuivre après Les 3 formules du Pr Sato. Lors de l'annonce de ce tome, l'éditeur a clairement indiqué qu'il s'agit d'un projet à part, qui ne s'inscrit pas dans le cadre établi. D'une part Blake et Mortimer ont vieilli car l'aventure se déroule après Les 3 formules du Pr Sato ; d'autre part François Schuiten ne s'en tient pas aux caractéristiques graphiques de la ligne claire d'EP Jacobs. Du coup l'horizon d'attente du lecteur s'en trouve plus incertain, car il a conscience qu'il ne va pas retrouver les spécificités bien établies pour la reprise de la série. Avec la scène d'ouverture, l'amateur de Blake & Mortimer se retrouve en terrain connu, puisqu'il s'agit d'une scène tirée de Blake et Mortimer, tome 5 : le Mystère de la Grande Pyramide, Deuxième Partie (1955). Au fur et à mesure du récit, il retrouve les éléments classiques des personnages, ainsi que le ton de la narration, et le thème d'aventure. Il suit Mortimer (et un peu Blake) enquêtant sur un phénomène physique non théorisée scientifiquement, menaçant de causer des destructions à l'échelle planétaire, devant faire preuve de courage pour surmonter les obstacles tant physiques que scientifiques. Dans des interviews, Schuiten a indiqué qu'il a développé l'intrigue (avec Dormael et Gunzig) sur la base d'une idée présente dans les carnets de Jacobs. En termes de narration visuelle, le lecteur découvre une mise en couleurs très sophistiquée qui met en jeu des techniques autres que les simples aplats de couleurs. François Schuiten réalise des images d'une minutie exquise, évoquant les gravures du dix-neuvième siècle, et les illustrations de Gustave Doré, pas du tout dans un registre ligne claire. Le lecteur entame ce tome et se sent tout de suite en terrain familier, qu'il soit lecteur de Blake & Mortimer, ou de Schuiten. Outre la base de l'intrigue empruntée à Jacobs, il suit le professeur Mortimer dans sa difficile progression dans Bruxelles, jusqu'à atteindre la source du rayonnement électromagnétique, pour essayer de sauver le monde, pendant que Blake essaye de limiter les dégâts probables d'une intervention armée sans finesse. Les auteurs font référence à quelques éléments de la mythologie de la série, soit évidents comme la Grande Pyramide, soit plus à destination des connaisseurs comme l'apparition d'une Méganeura. Pour autant, l'histoire reste intelligible et satisfaisante, même si le lecteur n'a jamais ouvert un album de Blake & Mortimer. de la même manière, le lecteur retrouve les caractéristiques des dessins de François Schuiten : une incroyable précision, des touches romanesques et romantiques, un amour de l'architecture. Il peut aussi apprécier la narration visuelle s'il ne connaît pas cet artiste, pour la qualité de ses descriptions, l'utilisation de cadrages (gros plan sur une main en train d'agir, posture des personnages en mouvement) et de plans de prise de vue directement empruntés à Jacobs. Le lecteur familier des albums originaux retrouve ces cases très déconcertantes où la cellule de texte décrit ce que montre l'image. Par exemple page onze, le texte indique : Mais déjà le marteau s'abat contre la surface de pierre. C'est exactement ce que montre la petite case, faisant s'interroger le lecteur sur l'intérêt de doublonner ainsi l'information, si ce n'est pour un hommage. Arrivé à la fin de l'album, le lecteur a apprécié l'aventure, observé que Dormael, Gunzig et Schuiten ont imaginé un risque technologique de type anticipation plausible dans son concept, peu réaliste dans sa mise en œuvre, mais très cohérent avec les récits d'anticipation de Jacobs. Il a bénéficié d'une narration visuelle d'une grande richesse, respectant l'esprit un peu suranné des œuvres originelles, avec des techniques de dessins et de mise en couleurs différentes de celles d'Edgar P. Jacobs. Il en ressort un peu triste. le choix de situer l'histoire plus récemment amène à voir les personnages ayant vieilli, Mortimer indiquant qu'il est à la retraite. Ils ne sont pas diminués physiquement, mais leurs remarques contiennent une part de nostalgie, et de jugement de valeur négatif sur leur présent. Dans des interviews, Schuiten a déclaré qu'il souhaitait exprimer l'état d'esprit d'Edgar P. Jacobs qui se déclarait déconnecté de son époque à la fin de sa vie, ne comprenant plus le monde qui l'entourait. Cette sensation d'obsolescence de l'individu s'exprime en toile de fond, avec le jugement de valeur de Mortimer sur les conséquences du rayonnement électromagnétique, ramenant l'humanité dans un stade technologique qu'il estime plus humain. S'il a suivi la carrière de François Schuiten, le lecteur détecte plusieurs références à d'autres de ses œuvres. L'échafaudage englobant le Palais de Justice évoque le réseau Robick de Les Cités obscures, Tome 2 : La fièvre d'Urbicande (1985). La locomotive est un modèle 12.004 de la SNCB, celui qui figure dans La Douce (2012). le Palais de Justice de Bruxelles joue déjà un rôle central dans Les Cités obscures, Tome 6 : Brüsel (1992), et son architecte Joseph Poelaert y est évoqué. Le thème du temps qui passe, du décalage avec l'époque présente entre en résonance avec ces évocations d'une longue carrière, constituant un regard en arrière. Avec cette idée en tête, le lecteur considère d'une autre manière les références à la culture de l'Égypte antique, à la très ancienne confrérie évoquée par Henri, aux transformations induites par la technologie sur la société humaine. Dans cette optique, l'essaim de scarabées libéré par Bastet s'apparente à une plaie d'Égypte, une condamnation divine. Les cauchemars de Mortimer deviennent des signaux émanant du passé. L'utilisation d'un pigeon voyageur (Wittekop) pour communiquer est un symbole d'une communication indépendante de la technologie de pointe. Mortimer fait confiance aux chats pour le guider car l'instinct des animaux les pousse à éviter ce qui pourrait leur faire du mal : à nouveau la sagesse ne vient pas de la technologie, mais de la nature. Les soins prodigués par Lisa relèvent d'une forme de médecine alternative qui devient un savoir thérapeutique héritée de la sagesse ancienne, et plus efficace que les cachets et les pilules. Le fait que Mortimer se retrouve devant des statues égyptiennes sens dessus dessous finit par évoquer que c'est le monde moderne qui marche sur la tête. La nostalgie d'un monde plus simple, plus maîtrisé submerge alors le lecteur. Très habilement, deux personnages évoquent le syndrome chinois : hypothèse selon laquelle le matériel en fusion d'un réacteur nucléaire situé en Amérique du Nord pourrait traverser la croûte terrestre et progresser jusqu'en Chine. Là encore le lecteur peut y voir une angoisse d'applications scientifiques non maîtrisées, et qui en plus ne date pas d'hier. En ouvrant ce tome, le lecteur sait qu'il s'agit d'un album de Blake & Mortimer qui sort de l'ordinaire, à la fois parce que les personnages principaux ont vieilli, à la fois parce que l'artiste a bénéficié de plus de libertés créatrices que les autres équipes ayant repris la série. Il plonge dans une bande dessinée d'une rare intensité, non pas parce que la narration est dense ou l'intrigue labyrinthique, mais parce qu'il s'agit d'un projet ayant mûri pendant quatre ans de durée de réalisation, parce que les phrases prononcées par les personnages portent en elles des échos des préoccupations des auteurs, parce que la narration visuelle est d'une grande beauté plastique et d'une grande minutie, parce que la mise en couleurs semble avoir été réalisée par la même personne que les dessins. En refermant cet album, le lecteur reste sous le charme de ce récit pendant de longs moments, touché par une œuvre d'auteur jetant un regard d'incompréhension sur le monde qui l'entoure, comme s'il s'était trouvé dépassé par la modernité, finissant déconnecté de son époque.

18/02/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
Couverture de la série Tant pis pour l'amour, ou comment j'ai survécu à un manipulateur
Tant pis pour l'amour, ou comment j'ai survécu à un manipulateur

L'autrice raconte la relation toxique qu'elle a eu avec un manipulateur narcissique. C'est un ouvrage intéressant qui montre malheureusement une situation banale où une personne vulnérable finit en couple avec un manipulateur qui petit à petit détruit la confiance de sa victime et la contrôle totalement. Il y a des scènes assez dure à voir car c'est basé sur des faits réels qui sont arrivés à l'autrice, ce n'est pas de la fiction. Il y a un peu d'humour pour atténuer l'ambiance, mais les moments où son petit ami l'abuse en lui criant dessus ne sont pas très plaisants à voir. En plus de parler de ce qu'elle a vécu, l'autrice fait une partie documentaire pour prévenir les gens sur les manipulateurs narcissiques avec notamment un tableau sur les caractéristiques de ce type de personne et c'est très bien fait. Je ne sais pas trop quoi dire de plus que ce que les autres posteurs ont déjà écrit. Un one-shot à lire absolument si on est intéressé par les thèmes abordés par l'autrice.

17/02/2025 (modifier)
Couverture de la série Castaka
Castaka

Un petit 3* limite de connivence, c’est le dessin qui sauve ce diptyque car d’un point de vue récit, je trouve ça bien creux (même pour les fans de l’univers). Le premier tome passe encore mais le second est assez moyen, je ne trouve pas d’intérêt à cette fin (et donc finalement à la série). Jodo recycle de nombreux thèmes passés et à venir. Il nous avait déjà offert l’arbre généalogique du Méta-baron (cf : la série La caste), il nous offre maintenant les origines des origines … bah très franchement rien de nouveau. Alors certes, ça utilise bien ce monde « Space opéra » de créé mais j’espérais un peu autre chose, en plus les persos sont bien moins attachants ou travaillés que dans son aîné. Du coup, une lecture sans surprise mais surtout sans réel plaisir si ce n’est pour la partie graphique. Une série de faible intérêt. 2,5

17/02/2025 (modifier)
Par grogro
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série La Veuve
La Veuve

Ouh ! La pépite ! Houla la grosse affaire que voilà ! Alors là, je vais être sans retenue et sans réserve, ainsi que bref : cette BD est un chef d’œuvre. Pourquoi ? Parce que le dessin est merveilleux et qu'il parvient à tout dire et à tout exprimer, de la beauté des paysages au curriculum historique comme psychologique des personnages. Je découvre le trait de Glen Chapron qui se fait ici charbonneux (c’est une première apparemment), aussi fumant que les cendres d’un feu de camp après la nuit. Tout est splendide, et les ambiances sont fortes, particulièrement les scènes de nuit dont l’auteur parvient à rendre toute l’intimité créée avec la nature par cette vie sauvage. Il y a de très belles planches, muettes mais emplies du bruit de la cascade ou de l’hululement de la chouette dans la nuit profonde. Le scénario sur lequel Chapron vient s’appuyer n’est pas en reste. Ce western est une histoire de femmes fortes et ça nous change carrément des vieilles rengaines. La fin est belle et ouverte. Je l’ai lue deux fois de suite, chose rare. Le gros chef d’œuvre de ce début d’année en ce qui me concerne !

17/02/2025 (modifier)
Par Hervé
Note: 4/5
Couverture de la série Sibylline - Chroniques d'une escort girl
Sibylline - Chroniques d'une escort girl

C'est certainement la révélation de l'année. Son auteur,Sixtine Dano, nouvelle dans le monde de la bande dessinée, nous offre un one shot parfaitement maitrisé aussi bien au niveau scénario, qu'au niveau graphique. En abordant ce thème de la prostitution estudiantine, elle évite clichés et toute forme de voyeurisme. Dans sa postface, elle nous avoue s'être inspirée de témoignage de six jeunes femmes et d'un homme pour créer son personnage de Raphaëlle, Nous suivons donc les aventures de Raphaëlle, étudiante de 1ère année d'architecture qui va vite se retrouver sur des applications de rencontre, sous le pseudo de Sibylinne, pour des relations tarifées, pour pouvoir financer ses études. Entrecoupé de flashes back , qui m'ont un peu déstabilisé dans ma lecture, c'est presque le destin normal d'une jeune fille qui nous est relaté. Le côté très juvénile donnée à Raphaëlle apporte un sentiment de malaise dans son rôle d'escort girl. Mais c'est surtout le dessin à l'encre et au fusain de Sixtine Dano qui donne au récit une sensualité délicate et un côté réaliste. Un premier album réussi, auteur à suivre !

17/02/2025 (modifier)