Vraiment profondément déçu par cet album. Comme beaucoup de lecteurs de ma génération, je garde pour Dany une vraie affection depuis Olivier Rameau et Histoire sans Héros, deux séries qui démontraient toute l’étendue de son talent. Malheureusement, Dany a opté dans cet album pour un style bien plus proche de ses histoires coquines que pour celui utilisé dans l’une ou l’autre des deux séries susmentionnées. Du coup, nous avons droit à des femmes aux plastiques hypersexuées à chaque coin de page alors même que le scénario concocté par Yann ne l’exigeait pas vraiment. Le sexe, quand il est justifié, ne me dérange pas, mais quand c’est gratuit comme ici, il me donne toujours le sentiment d’avoir été usé pour compenser le manque d’attrait d’un scénario.
Pour rester dans le domaine du dessin, je n’ai pas non plus trop aimé la manière dont Dany croque Spip. Il y a dans la morphologie de ce dernier un truc qui cloche au niveau du corps et des épaules.
Sinon, oui, les planches sont riches et les couleurs sont soignées. Dany sait dessiner, mais j’attendais une plus grande audace, une meilleure appropriation graphique des personnages et de l’univers.
Mais là où ça coince vraiment pour moi, c’est au niveau du scénario et des valeurs qu’il véhicule. Sous couvert d’écologie, Yann nous pond quand même une histoire très machiste. Les femmes, qui ont pourtant des rôles d’importance, me sont apparues soit stupides (ou au mieux incompétentes) soit cupides, et leur hyper-sexualisation via le dessin ne fait encore qu’accentuer le côté frivole et immature de leurs actions. Même Seccotine m’est apparue mièvre voire soumise ! Quant aux sous-entendus que laisse planer l’auteur à propos de la sexualité de Seccotine, hormis le fait que cela lui permet de la mettre en scène avec un autre personnage féminin dans des situations équivoques, je ne vois absolument pas ce que ça apporte au personnage ou à l’intrigue. Là encore, j’ai l’impression que les auteurs ont mis de la connotation sexuelle sans aucune justification autre que le fantasme lambda des deux bombes qui baisent ensemble (pas besoin de les montrer, le lecteur fait le travail à leur place).
Spirou et Fantasio ne s’en sortent pas beaucoup mieux. Certains de leurs comportements sont totalement idiots et ne cadrent pas du tout avec l’idée que je me fais d’eux.
Enfin, les rebondissements m’ont souvent paru forcés. C’est à la fois exagéré et plat.
Je pourrais dire « bof » parce que cette bande dessinée est bien réalisée d’un point de vue technique mais, clairement, il y a trop de choses que je n’ai pas aimées (surtout venant de deux auteurs de la trempe de Dany et de Yann) pour accorder autre chose qu’un 1/5.
Une très, très grosse déception.
Déçu, c'est ainsi que je résumerai ma lecture de "L'Ange Noir"
L'histoire tout d'abord : une brillante avocate assassinée, un ex détenu avide de revanche et un flic sur la corde raide. Tous les éléments classiques du polar sont réunis. Certes il n'y a rien d'original mais ce n'est pas là que le bât blesse. Je n'ai tout simplement pas réussi à rentrer dans l'histoire. Je pense que cela est dû à plusieurs éléments. En premier lieu l'utilisation de trop nombreux clichés à l'américaine ( le flic limite alcoolique et brutal, la baston pas du tout réaliste entre les protagonistes,...) qui ne collent pas du tout avec le cadre choisi, Nantes.
Ensuite les différents personnages manquent cruellement de charisme, on n'éprouve aucun sentiment à leur égard (peut être la faute du dessin).
Enfin le dénouement qui tombe comme un cheveu sur la soupe. Ce n'est pas tant le(s) coupable(s) du meurtre qui est gênant car c'est du grand classique mais plutôt la façon dont il(s) est (sont) démasqué(s) qui est abrute, rapide et providentielle
Bref on arrive pas a se projeter dans l'histoire et on a l'impression d'être dans un polar de 2nde zone
Le dessin ensuite. si les "paysages" sont assez bien faits, ne connaissant pas Nantes je ne me prononcerai pas sur leurs réalisme, il en va tout autrement des personnages qui par moment sont complètement ratés, Mathé ayant semble t'il un vrai problème avec le dessin des nez, ce qui m'a laissé une impression de bâcler par moment.
J'avais été séduit par la couverture, le pitch , le cadre sortant de l'ordinaire et du coup j'espérais beaucoup (trop ?) de cette lecture. Le résultat a donc, vous l'avez compris, été franchement décevant pour moi.
Il y avait peut être mieux à faire de tous ces ingrédients.
Dommage, vraiment dommage
Je suis très déçu de voir le nom de Gallimard sur une oeuvre aussi insignifiante. Il m'a fallu les avis précédents pour me persuader que nous étions dans le domaine de la BD. En effet la construction se limite à une pleine planche par page avec un texte réduit au minimum.
5 minutes de lectures pour ce prix, c'est cher payé. L'autrice nous sert une soupe aux clichés les plus éculés : un couple de gamines qui se cherchent sexuellement, une Blanche et une Afro dans une bulle musicale pour unique horizon. Impossible de faire plus simpliste et convenu.
Pas du tout à mon goût.
J'ai essayé de trouver un fond, mais le seul que j'ai trouvé c'était celui du code pénal. C'est purement et simplement de la pédopornographie, illisible et passée sous silence parce que c'est un grand auteur. C'est non !
Donc si j'ai bien compris, on est sur une BD avec un personnage principal qui se sent émasculé parce qu'il doit dire je t'aime à sa femme, et sur une morale qui dit : " c'est normal d'avoir des massacres et des mercenaires au Katanga car cela a toujours été ainsi". Eh bien c'est un non !
J'ai vraiment eu du mal avec cette lecture. Probablement que les jeunes générations seront surprises de la facilité avec laquelle on pouvait traverser des pays aujourd'hui quasi interdits (Iran, Afghanistan).
La route Paris-Kaboul était un grand classique de mon époque. Elle me faisait rêver pour ses paysages et son côté aventure car je n'ai jamais aucune appétence pour fumer quoique ce soit.
Les autrices présentent avec un pseudo humour une somme de comportements délictueux qui ne me font pas du tout sourire. Il faut rappeler que l'image donnée par ces routards occidentaux souvent irrespectueux des coutumes locales a été capitalisée par les partis religieux de ces pays pour diaboliser l'occident.
J'ai eu l'impression de suivre une vieille séance diapo qui ennuyait tout le monde au bout de trois vues.
Le graphisme utilise un trait grossier et épais sans grande délicatesse. Les décors sont succincts et l'autobiographie qui se centre sur le nombril des personnages m'a laissé indifférent.
Un pavé inutile à mes yeux.
Le sujet est merveilleux : prendre le pouls de la société italienne en saisissant un instantané des événements se tenant dans une cité industrielle en décomposition, soit une grève au sein d'une usine en cours de délocalisation et plus loin un centre d'accueil de migrants en proie aux manifestations hostiles.
Plusieurs personnages se croisent et dialoguent, afin d'offrir supposément un juste panorama des points de vue. Et c'est là que le bât blesse, car le panorama est tout sauf juste ! Cette BD, à visage masqué, participe à la dédiabolisation de l'extrême droite : pas un personnage n'est pur de ce côté-là ! Le vieux syndicaliste communiste est un homophobe de première, nullement gêné que son fils soit devenu un p'tit militant anti-migrants (oui, je sais, ce dernier lui ment à chaque fois, prétextant une partie de foot, mais aucun signe ne transpirerait naturellement), l'éditeur de BD est un opportuniste réactionnaire, le carabinier est (comme il se doit) un bon facho qui ne dit pas son nom, l'ouvrier dessinateur de BD fantasy est un idéaliste qui réagit mal et fort peu lorsqu'on lui sert un pitoyable discours caricatural sur la sociologie des publics de BD, et enfin l'employée du centre d'accueil est bien peu impliquée dans son travail puisque capable d'en contredire l'esprit par ses horribles fréquentations (en couple avec un militaire, avant cela avec un jeune facho désœuvré). Ici, il est surtout intéressant de noter les absences. Pas un personnage appartenant à une ONG ou association tolérante, pas un militant antifa, pas un prolo gréviste non-réactionnaire, pas un habitant des lieux révolté par ces montées de l'intolérance ! Pourtant, ceux-ci sont toujours présents dans de telles situations, les mettre hors-champ voire nier leur existence relève alors d'une pure malhonnêteté intellectuelle.
Les auteurs nous tiennent finalement l'habituel discours sur les "œillères" (qu'ils ont eux-mêmes oublié d'enlever, au regard des absences mentionnées) : il serait normal d'être en colère ou au moins aigri face aux migrations et à la tournure du monde, normal de ne pas avoir d'amitiés/d'affinités sélectives en fonction des opinions politiques, de ridiculiser les intellectuels forcément hors-sol et leur bonne conscience "wokiste", etc. Bref le pathétique discours ambiant "l'extrême droite pose les bonnes questions, mais n'apporte pas forcément les bonnes réponses". La BD se conclut tristement sur deux événements donnant raison aux combats des fachos : l'un dramatique relevant du fait divers, l'autre (en découlant) intime et moral.
Détourner un sujet si beau, se présenter malhonnêtement sous les atours du camp idéologique opposé, cela met sérieusement en colère.
Nauséabond !
J’ai bien compris l’intention : se moquer de la futilité de la presse people.
Mais le moyen, alors là, non, je n’accroche pas du tout.
D’abord le dessin, je découvre l’auteur avec ça. Je ne poursuivrai pas dans la même direction. Il y a certes du boulot, mais perso, je le trouve assez rebutant sur les visages surtout. La mise en page peut avoir un certain intérêt, pourquoi pas.
L’ouvrage est court, j’irai jusqu’au bout. Du délire après la lecture d’un tabloïd ? mouais, pas compris l’intérêt. Décidément pas pour moi.
Je n'ai pas du tout goûté à l'humour trivial de cette série. Je n'ai pas du tout compris où voulait nous mener l'auteur ?
Est-ce une critique de l'importance de la publicité dans l'organisation du Tour ? C'est d'ailleurs assez déroutant car Boudier mélange les époques et choisit un produit emblématique mais interdit.
Cela donne des situations invraisemblables où les "héros" prennent le volant avec plusieurs grammes d'alcool dans le sang et enfreignent le protocole à longueur de planches. Cette répétition des gags à l'humour un brin lourdingue avec des dialogues de comptoirs m'a vite lassé.
Comme le graphisme m'a paru quelconque et pas abouti cela n'a pas augmenté mon plaisir de lecture.
C'est évidemment une image inversée de la réalité de la caravane mais je n'ai jamais trouvé cela drôle. Pas pour moi.
"N'achetez pas ce livre, vous le regretteriez !". C'est le conseil décalé et d’auto-dérision de la quatrième de couverture. C'est aussi probablement le seul moment où j'ai adhéré à ma lecture.
En effet je me suis vraiment ennuyé avec cette lecture lourde et sans intérêt. Je ne suis pas spécialement fan des intériorités et des portraits de tueurs. Ici on y ajoute un texte quelconque surabondant qui prend souvent une bonne moitié de la case. Comme les personnages sont présentés pleine face j'ai eu l'impression d'une mise en scène théâtrale très statique. Le fond du récit ne présente ni suspens ni trouvaille.
Je connais très bien ce quartier de Montparnasse derrière la gare où ce trouve la rue de la Gaîté puisque j'y ai fait une bonne partie de ma scolarité. Je n'ai absolument pas retrouvé l'ambiance de ce quartier très vivant même par temps froid et en toutes saisons.
Comme Tardi abuse des hachures pour le froid de la pluie le graphisme m'a paru monotone et terne. On se retrouve vite avec la galerie de personnages qui passent leur temps à discuter.
La fin ou les fins tiennent plus lieu d'un exercice de style que d'une réelle trouvaille scénaristique.
Pas à mon goût. Heureusement je n'ai pas acheté ce livre, donc aucun regret.
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Spirou et la Gorgone bleue
Vraiment profondément déçu par cet album. Comme beaucoup de lecteurs de ma génération, je garde pour Dany une vraie affection depuis Olivier Rameau et Histoire sans Héros, deux séries qui démontraient toute l’étendue de son talent. Malheureusement, Dany a opté dans cet album pour un style bien plus proche de ses histoires coquines que pour celui utilisé dans l’une ou l’autre des deux séries susmentionnées. Du coup, nous avons droit à des femmes aux plastiques hypersexuées à chaque coin de page alors même que le scénario concocté par Yann ne l’exigeait pas vraiment. Le sexe, quand il est justifié, ne me dérange pas, mais quand c’est gratuit comme ici, il me donne toujours le sentiment d’avoir été usé pour compenser le manque d’attrait d’un scénario. Pour rester dans le domaine du dessin, je n’ai pas non plus trop aimé la manière dont Dany croque Spip. Il y a dans la morphologie de ce dernier un truc qui cloche au niveau du corps et des épaules. Sinon, oui, les planches sont riches et les couleurs sont soignées. Dany sait dessiner, mais j’attendais une plus grande audace, une meilleure appropriation graphique des personnages et de l’univers. Mais là où ça coince vraiment pour moi, c’est au niveau du scénario et des valeurs qu’il véhicule. Sous couvert d’écologie, Yann nous pond quand même une histoire très machiste. Les femmes, qui ont pourtant des rôles d’importance, me sont apparues soit stupides (ou au mieux incompétentes) soit cupides, et leur hyper-sexualisation via le dessin ne fait encore qu’accentuer le côté frivole et immature de leurs actions. Même Seccotine m’est apparue mièvre voire soumise ! Quant aux sous-entendus que laisse planer l’auteur à propos de la sexualité de Seccotine, hormis le fait que cela lui permet de la mettre en scène avec un autre personnage féminin dans des situations équivoques, je ne vois absolument pas ce que ça apporte au personnage ou à l’intrigue. Là encore, j’ai l’impression que les auteurs ont mis de la connotation sexuelle sans aucune justification autre que le fantasme lambda des deux bombes qui baisent ensemble (pas besoin de les montrer, le lecteur fait le travail à leur place). Spirou et Fantasio ne s’en sortent pas beaucoup mieux. Certains de leurs comportements sont totalement idiots et ne cadrent pas du tout avec l’idée que je me fais d’eux. Enfin, les rebondissements m’ont souvent paru forcés. C’est à la fois exagéré et plat. Je pourrais dire « bof » parce que cette bande dessinée est bien réalisée d’un point de vue technique mais, clairement, il y a trop de choses que je n’ai pas aimées (surtout venant de deux auteurs de la trempe de Dany et de Yann) pour accorder autre chose qu’un 1/5. Une très, très grosse déception.
L'Ange noir
Déçu, c'est ainsi que je résumerai ma lecture de "L'Ange Noir" L'histoire tout d'abord : une brillante avocate assassinée, un ex détenu avide de revanche et un flic sur la corde raide. Tous les éléments classiques du polar sont réunis. Certes il n'y a rien d'original mais ce n'est pas là que le bât blesse. Je n'ai tout simplement pas réussi à rentrer dans l'histoire. Je pense que cela est dû à plusieurs éléments. En premier lieu l'utilisation de trop nombreux clichés à l'américaine ( le flic limite alcoolique et brutal, la baston pas du tout réaliste entre les protagonistes,...) qui ne collent pas du tout avec le cadre choisi, Nantes. Ensuite les différents personnages manquent cruellement de charisme, on n'éprouve aucun sentiment à leur égard (peut être la faute du dessin). Enfin le dénouement qui tombe comme un cheveu sur la soupe. Ce n'est pas tant le(s) coupable(s) du meurtre qui est gênant car c'est du grand classique mais plutôt la façon dont il(s) est (sont) démasqué(s) qui est abrute, rapide et providentielle Bref on arrive pas a se projeter dans l'histoire et on a l'impression d'être dans un polar de 2nde zone Le dessin ensuite. si les "paysages" sont assez bien faits, ne connaissant pas Nantes je ne me prononcerai pas sur leurs réalisme, il en va tout autrement des personnages qui par moment sont complètement ratés, Mathé ayant semble t'il un vrai problème avec le dessin des nez, ce qui m'a laissé une impression de bâcler par moment. J'avais été séduit par la couverture, le pitch , le cadre sortant de l'ordinaire et du coup j'espérais beaucoup (trop ?) de cette lecture. Le résultat a donc, vous l'avez compris, été franchement décevant pour moi. Il y avait peut être mieux à faire de tous ces ingrédients. Dommage, vraiment dommage
J’adore ce passage
Je suis très déçu de voir le nom de Gallimard sur une oeuvre aussi insignifiante. Il m'a fallu les avis précédents pour me persuader que nous étions dans le domaine de la BD. En effet la construction se limite à une pleine planche par page avec un texte réduit au minimum. 5 minutes de lectures pour ce prix, c'est cher payé. L'autrice nous sert une soupe aux clichés les plus éculés : un couple de gamines qui se cherchent sexuellement, une Blanche et une Afro dans une bulle musicale pour unique horizon. Impossible de faire plus simpliste et convenu. Pas du tout à mon goût.
La Fille de la plage
J'ai essayé de trouver un fond, mais le seul que j'ai trouvé c'était celui du code pénal. C'est purement et simplement de la pédopornographie, illisible et passée sous silence parce que c'est un grand auteur. C'est non !
Katanga
Donc si j'ai bien compris, on est sur une BD avec un personnage principal qui se sent émasculé parce qu'il doit dire je t'aime à sa femme, et sur une morale qui dit : " c'est normal d'avoir des massacres et des mercenaires au Katanga car cela a toujours été ainsi". Eh bien c'est un non !
Hippie Trail
J'ai vraiment eu du mal avec cette lecture. Probablement que les jeunes générations seront surprises de la facilité avec laquelle on pouvait traverser des pays aujourd'hui quasi interdits (Iran, Afghanistan). La route Paris-Kaboul était un grand classique de mon époque. Elle me faisait rêver pour ses paysages et son côté aventure car je n'ai jamais aucune appétence pour fumer quoique ce soit. Les autrices présentent avec un pseudo humour une somme de comportements délictueux qui ne me font pas du tout sourire. Il faut rappeler que l'image donnée par ces routards occidentaux souvent irrespectueux des coutumes locales a été capitalisée par les partis religieux de ces pays pour diaboliser l'occident. J'ai eu l'impression de suivre une vieille séance diapo qui ennuyait tout le monde au bout de trois vues. Le graphisme utilise un trait grossier et épais sans grande délicatesse. Les décors sont succincts et l'autobiographie qui se centre sur le nombril des personnages m'a laissé indifférent. Un pavé inutile à mes yeux.
Les Ennemis du peuple
Le sujet est merveilleux : prendre le pouls de la société italienne en saisissant un instantané des événements se tenant dans une cité industrielle en décomposition, soit une grève au sein d'une usine en cours de délocalisation et plus loin un centre d'accueil de migrants en proie aux manifestations hostiles. Plusieurs personnages se croisent et dialoguent, afin d'offrir supposément un juste panorama des points de vue. Et c'est là que le bât blesse, car le panorama est tout sauf juste ! Cette BD, à visage masqué, participe à la dédiabolisation de l'extrême droite : pas un personnage n'est pur de ce côté-là ! Le vieux syndicaliste communiste est un homophobe de première, nullement gêné que son fils soit devenu un p'tit militant anti-migrants (oui, je sais, ce dernier lui ment à chaque fois, prétextant une partie de foot, mais aucun signe ne transpirerait naturellement), l'éditeur de BD est un opportuniste réactionnaire, le carabinier est (comme il se doit) un bon facho qui ne dit pas son nom, l'ouvrier dessinateur de BD fantasy est un idéaliste qui réagit mal et fort peu lorsqu'on lui sert un pitoyable discours caricatural sur la sociologie des publics de BD, et enfin l'employée du centre d'accueil est bien peu impliquée dans son travail puisque capable d'en contredire l'esprit par ses horribles fréquentations (en couple avec un militaire, avant cela avec un jeune facho désœuvré). Ici, il est surtout intéressant de noter les absences. Pas un personnage appartenant à une ONG ou association tolérante, pas un militant antifa, pas un prolo gréviste non-réactionnaire, pas un habitant des lieux révolté par ces montées de l'intolérance ! Pourtant, ceux-ci sont toujours présents dans de telles situations, les mettre hors-champ voire nier leur existence relève alors d'une pure malhonnêteté intellectuelle. Les auteurs nous tiennent finalement l'habituel discours sur les "œillères" (qu'ils ont eux-mêmes oublié d'enlever, au regard des absences mentionnées) : il serait normal d'être en colère ou au moins aigri face aux migrations et à la tournure du monde, normal de ne pas avoir d'amitiés/d'affinités sélectives en fonction des opinions politiques, de ridiculiser les intellectuels forcément hors-sol et leur bonne conscience "wokiste", etc. Bref le pathétique discours ambiant "l'extrême droite pose les bonnes questions, mais n'apporte pas forcément les bonnes réponses". La BD se conclut tristement sur deux événements donnant raison aux combats des fachos : l'un dramatique relevant du fait divers, l'autre (en découlant) intime et moral. Détourner un sujet si beau, se présenter malhonnêtement sous les atours du camp idéologique opposé, cela met sérieusement en colère. Nauséabond !
Tabloid
J’ai bien compris l’intention : se moquer de la futilité de la presse people. Mais le moyen, alors là, non, je n’accroche pas du tout. D’abord le dessin, je découvre l’auteur avec ça. Je ne poursuivrai pas dans la même direction. Il y a certes du boulot, mais perso, je le trouve assez rebutant sur les visages surtout. La mise en page peut avoir un certain intérêt, pourquoi pas. L’ouvrage est court, j’irai jusqu’au bout. Du délire après la lecture d’un tabloïd ? mouais, pas compris l’intérêt. Décidément pas pour moi.
Le Tour en caravane
Je n'ai pas du tout goûté à l'humour trivial de cette série. Je n'ai pas du tout compris où voulait nous mener l'auteur ? Est-ce une critique de l'importance de la publicité dans l'organisation du Tour ? C'est d'ailleurs assez déroutant car Boudier mélange les époques et choisit un produit emblématique mais interdit. Cela donne des situations invraisemblables où les "héros" prennent le volant avec plusieurs grammes d'alcool dans le sang et enfreignent le protocole à longueur de planches. Cette répétition des gags à l'humour un brin lourdingue avec des dialogues de comptoirs m'a vite lassé. Comme le graphisme m'a paru quelconque et pas abouti cela n'a pas augmenté mon plaisir de lecture. C'est évidemment une image inversée de la réalité de la caravane mais je n'ai jamais trouvé cela drôle. Pas pour moi.
Le Secret de l'Étrangleur
"N'achetez pas ce livre, vous le regretteriez !". C'est le conseil décalé et d’auto-dérision de la quatrième de couverture. C'est aussi probablement le seul moment où j'ai adhéré à ma lecture. En effet je me suis vraiment ennuyé avec cette lecture lourde et sans intérêt. Je ne suis pas spécialement fan des intériorités et des portraits de tueurs. Ici on y ajoute un texte quelconque surabondant qui prend souvent une bonne moitié de la case. Comme les personnages sont présentés pleine face j'ai eu l'impression d'une mise en scène théâtrale très statique. Le fond du récit ne présente ni suspens ni trouvaille. Je connais très bien ce quartier de Montparnasse derrière la gare où ce trouve la rue de la Gaîté puisque j'y ai fait une bonne partie de ma scolarité. Je n'ai absolument pas retrouvé l'ambiance de ce quartier très vivant même par temps froid et en toutes saisons. Comme Tardi abuse des hachures pour le froid de la pluie le graphisme m'a paru monotone et terne. On se retrouve vite avec la galerie de personnages qui passent leur temps à discuter. La fin ou les fins tiennent plus lieu d'un exercice de style que d'une réelle trouvaille scénaristique. Pas à mon goût. Heureusement je n'ai pas acheté ce livre, donc aucun regret.