Graphiquement, j’ai aimé le coup de crayon de Jean-Philippe Peyraud et la mise en couleurs simple et efficace de Laurence Croix : les tons sont choisis selon l’intensité dramatique du récit. Sur ce plan-là, ca marche bien pour moi.
J'ai moins apprécié le drama entre les principaux protagonistes et me suis posé des questions sur leur rapport avec le preneur d'otages. C'est un parti pris avec lequel j'ai du mal à accrocher ou que je n'ai pas bien compris... un peu comme le titre...
Au final je suis complètement passé à côté, j'ai trouvé cela vraiment mièvre au point que je me suis demandé si ce n'est pas du second degré, a priori non...
BD sans texte filant une allégorie sur le changement de vie.
Je me suis demandé où était le fond et où l'auteur voulait nous amener à enfiler autant de clichés les uns à la suite des autres... Je n'ai pas trouvé de réponse à cette question ...
Je suis clairement resté sur ma faim et me suis profondément ennuyé pendant cette lecture...
Assez déçu. On passe de brasserie en brasserie un peu partout en Europe mais on a plus l'impression de faire du tourisme en BD. Les échanges manquent beaucoup de profondeur je trouve sur la démarche des brasseurs, ce qui fait leur originalité, leurs convictions etc. La technique est rapidement évoquée sans évoquer les différents types de bières, ce qui les rend différentes dans le goût etc.
La baie des cochons : pas un Spirou classique mais... moisi, sans âme si ce n'est celle pillée, plagiée sur Franquin et les autres
Après le succès autant public que critique (chez Branchés Culture aussi) du Spirou chez les Soviets de Fred Neidhardt et Fabrice Tarrin, voilà le one-shot converti en une collection : Les aventures de Spirou et Fantasio - Classiques. La deuxième équipe à se mouiller, dans une baie des cochons survoltée en cette année 1961, est composée du dessinateur caméléon Elric (déjà repreneur d'Iznogoud, entre autres albums) et des quasi-inconnus Mickaël Baril et Clément Lemoine, spécialistes de Lucky Luke. Sans arriver à se séparer de l'ombre de Franquin avec une histoire resucée et grossière. Le vintage, c'était mieux avant. Et le lecteur de rêver à l'aventure cubaine avortée par Tome & Janry.
Changement total de latitude et de longitude. Après la Russie enneigée, retour sous des températures plus clémentes, d'autant plus que les esprits s'échauffent, à Cuba, pour Spirou et Fantasio. Qui ? Pas le Spirou et Fantasio de la série originelle, ni de la collection "vu par" (encore que cette nouvelle anthologie parallèle pourrait très bien être un spin-off du spin-off), mais ceux des "classiques". Soit ce que l'éditeur Dupuis identifie comme l'âge d'or. Celui de Franquin qui, après Rob-Vel et Jijé, inventa la mythologie et la bible du groom le plus célèbre du Neuvième Art. Avec ses amis, son bestiaire (le Marsu!), ses gadgets, son phrasé, sa dynamique. Puis, l'esthétique d'une maquette, pas de dos rond mais bleu avec son lettrage vertical et une quatrième de couverture grise. Le vintage à fond, dont on accommode les (excellents) restes soixante ans plus tard.
Tantôt du côté de Chaland, tantôt du côté de Bravo, s'amusant et parodiant ses aînés, Elric n'a jamais caché son intérêt pour Spirou. Il en partage des émanations et fulgurances régulièrement sur son mur Facebook. Si on lui avait dit, il y a près de 20 ans, que son rêve se réaliserait, il aurait sans aucun doute signé des deux mains. En 2024, le voilà à signer cette aventure inespérée d'une main de... Franquin et de l'autre de... Tarrin (qui a conseillé Elric sur son dessin). Dès les premières planches, et un premier attentat au cigare désamorcé par Fidel, Elric se fait fidèle à Franquin, dans le design des personnages et des décors dans lesquels ils vont se balader ou être jetés. Car, très vite, les reporters vont être pris pour des traîtres à la Revolución et le dépaysement va être total.
Bon, en bande dessinée, surtout européenne, on a l'habitude de voir des auteurs-repreneurs devoir surfer sur les codes initiés par les créateurs des héros perpétués. Astérix, Les Schtroumpfs, Alix et bien d'autres comme Lucky Luke (tiens, puisqu'on en parle, lui aussi apparaît dans cet album travesti en un autre personnage). Spirou est en fait un de ces cas à part qui ont pu s'affranchir de leur enveloppe originelle pour évoluer au fil des époques et du style, souvent tranché, de ses parrains successifs (Fournier, Chaland, Tome & Janry, Yoann et désormais Schwartz, sans parler de tous les auteurs de "vu par...").
Voilà, après Tarrin, dans une moindre mesure qui laissait tout de même parler sa particularité (comme dans les Astérix qu'il réalise), qu'Elric se force ou est forcé à faire du Franquin, sans s'en tirer aussi bien. Oh, il ne se débrouille pas trop mal, mais quand on compare avec le maître qu'il doit faire un peu plus que recopier, jamais il n'y a l'étincelle. N'en déplaise aux gardiens du temple qui attendent ce moment depuis cinquante-cinq ans (et ne se retiennent jamais de massacrer sur la place publique le travail de ceux qui tentent de nouvelles choses avec les personnages iconiques), ça ne tient pas la route. Encore moins 62 planches d'un album complètement vide et empilant les clichés. Voire les plagiats.
Bien sûr, on peut s'amuser à parodier la BD, et les séries rivales du groom-reporter, mais encore faut-il le faire de manière subtile. Ce n'est pas franchement la subtilité qui habite cet album. Visez la couverture. Elle vous rappelle quelque chose? Non, deux choses! Le célèbre cliché d'Alberto Korda immortalisant Che Guevara et qui deviendra viral (on n'utilisait pas encore cette expression à l'époque) à la mort de celui-ci. Il date de 1960, le photographe est décédé en 2001. Ça ne fait pas assez longtemps, j'ai l'impression, que pour que l'oeuvre soit tombée dans le domaine public et que le champ d'action de la propriété intellectuelle soit éteint. Deuxième élément, la couverture, le fond rouge, les personnages principaux en bas à droite dans un nuage blanc, et un personnage exotique en plus grand: c'est le concept de la couverture qu'avait donnée Franquin au 11e tome de la série-mère: Le gorille a bonne mine. Ce choix et cette mise en relation sont assez curieux, on crée une collection pour s'évader de la série phare pour y revenir avec une couverture plagiée...
Le tout en faisant référence à un autre album, le tome 14, Le prisonnier du bouddha (fond rouge aussi), dont La baie des cochons est une suite indirecte, incarnée par l'insaisissable Harold W. Longplaying et son invention, le générateur. Un petit bouton sur ce gadget révolutionnaire, le G.A.G., qui vous donne la force de Benoît Brisefer, déplaçant des montagnes. Le hic? Pas d'astérisque, pas de renvoi vers la vénérable oeuvre de Franquin (à part une allusion en quatrième de couverture), c'est comme si les auteurs s'appropriaient ce personnage, cet appareil... dont le lecteur qui aurait perdu de vue Le prisonnier du bouddha se demandera s'il n'a pas loupé un épisode? Quitte à chercher les pages manquantes dans ce nouvel album qui font que des éléments tombent comme des cheveux dans la soupe. Sans cohérence.
Déjà, le lecteur part un peu perdu, et les auteurs le semblent aussi. Et ce n'est pas fini. De gag à plat en gag à plat (même si on sous-emploie le rebondissant Marsupilami), on dirait que cette aventure sait qu'elle court à sa perte et ne vaut pas la chandelle allumée dans les yeux des afficionados du Spirou des premières heures. Alors, elle perd du temps. Ça blablate, ça blablate, oui mais en Espagnol, oui mais en Anglais, ou en espagnolisant le franchais. Quitte à ne plus rien comprendre à ce charabia - on demande la VOST -, encore moins quand, tout d'un coup, un peu plus loin, tous les personnages semblent enfin parler la même langue. Rien n'a de sens, et c'est surtout lourdingue.
Bon, on a parlé de ces bons vieux Longplaying et Marsupilami (ah oui, tiens, il y a Spip, en planche 20, qui se "demande quand il allait servir à quelque chose dans cette aventure", aveu d'oubli des scénaristes obligés au fourre-tout ?) mais quid des autres personnages ? Alors, il y a Fidel Castro et Che Guevara, plutôt bien campés dans leur idéalisme, leur grandiloquence et leur furie, puis Kennedy et, dans le reste de la galerie... on croise un Lucky Luke, une descendante de Bonnemine aux cheveux noirs, des ersatz d'Abdallah et des Dupondt. Ce n'est pas qu'ils sont cités, qu'on leur rend hommage, c'est qu'on les utilise facilement. Hop, un personnage gratuit et qui fonctionne. Tout le monde, il est là, tout le monde y fait pitié dans une histoire amenée au forceps, absolument pas passionnante, éculée, épuisante, déprimante et énervante.
Ne vous méprenez pas, cette baie des cochons est vraiment une cochonnerie. Un album en apparence bien fait, mais sans âme puisque pillant tout l'amour qu'a mis Franquin dans cette série. C'est de loin le pire album de Spirou qu'il m'ait été donné de lire. Ce n'est pas un Spirou classique, c'est un Spirou moisi, indigeste, indigne et indigent. N'y a-t-il pas de pilote dans ce missile éditorial, ce monstre de Franquinstein ?
Notons que cette collection va se poursuivre avec au moins deux tomes annoncés en 4e de couverture. Elric, Lemoine & Baril ont déjà manifestement signé pour Zorgrad tandis que Lewis Trondheim (qui a déjà goûté à du Spirou avec Panique en Atlantique) et Fabrice Tarrin (ce sera son troisième après Les géants pétrifiés et Spirou chez les Soviets, donc) signeront Le trésor de San Inferno. Je ne vous cache pas que je suis plus tenté par l'un que par l'autre.
Le dessin de Moebius est toujours aussi bon.
Maintenant, je dois être aussi sincère dans ma note : je me suis emmerdé, j'ai pas compris les métaphores (et j'ai pas envie de me forcer pour le comprendre), l'esthétique est pas à mon gout et je suis hermétique à la prose de Jodorowski.
La BD m'est tombée des mains, je me suis décidé à suivre la fin pour voir si quelque chose de différent allait se passer mais franchement, je m'en fichais. Et j'arrive vraiment pas avec les aspects incestueux que Jodorowski qui sont bien trop présents dans son œuvre. Je reste prude, mais moi ça ne m'intéresse pas.
Et niveau dessin, c'est du Moebius, OK, mais je suis là pour une BD. Là on a franchement de l'illustration surréaliste et finalement je suis plus écœuré lors des scènes SM. D'autant que j'ai l'impression que certains dessins sont repris (j'ai reconnu le dessin faisant l'ouverture de "La folle du Sacré-cœur"). Pour ma part, c'est du non et non, je rends la BD !
Cette série n'est vraiment pas pour moi. J'ai commencé par tourner des pages à allure accélérée pour essayer de trouver un texte qui donne du sens à cette pagination excessive (merci le papier).
Soyons rapide, si je veux un ouvrage un peu solide sur les notions de Justice et Droit, j'ai bien mieux à la maison et je relis Antigone. Ici je n'ai lu que des clichés superficiels, faciles ou très contestables.
Comme j'ai trouvé le graphisme grossier avec des proportions aléatoires, j'ai abandonné ma lecture au bout de quelques dizaines de planches
Pas du tout dans mes goûts de lecture.
Si vous pensez que ces ouvrages sont nuls, pour toutes sortes de motifs, vous avez raison. Le filon exploité par les auteurs est du même niveau que les pires idéologies, l'école c'est nul, les moches c'est leur faute, torturer des animaux et harceler des gens c'est cool. Les pauvres gamins sont volontairement tirés vers le bas, ou plutôt tout au fond du trou, parce que ça marche à grande échelle et donc que ça rapporte du fric. Et ils ne vont pas comprendre que c'est nul aussi du point de vue artistique (ou plutôt inexistant). Malheureusement, cette médiocrité est la norme partout. Comment les enfants feraient-ils la différence ? Mais ce n'est pas le pire.
Le pire, c'est qu'une fois que le cerveau des enfants sont pris au piège, on va les exploiter de tous les côtés via des "franchises". Il s'agit de vendre tous azimuts. Tout un tas de "produits dérivés" qu'ils vont exiger de leur parents, ces nazbroks. Tout ça avec l'appui de "chansons" dont certaines reprises que les gamins ne connaissent et ne comprennent pas qui ne servent qu'à laver leur cerveau et à graver bien profond l'idéologie pernicieuse et toxique des auteurs.
Les auteurs devraient avoir honte de leur mercantilisme prêt à toutes les bassesses intellectuelles pour faire encore plus de fric.
Il est frais, il est frais mon américanisme bon teint !
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Ce tome est le premier (et peut-être le dernier) d'une histoire indépendante de toute autre. Il contient les épisodes 1 à 6, initialement parus en 2015/2016, écrits par Mark Millar, dessinés et encrés par Rafael Albuquerque, et mis en couleurs par Dave McCaig.
Dans une petite bourgade rurale du Maine, vit un individu à la carrure imposante, à la figure angélique, prénommé Huck. Il exerce les fonctions de pompiste à la station-service du coin. Cet individu dispose d'une force colossale, surhumaine même et il est capable de tout retrouver. Les habitants de la petite ville font en sorte que son existence reste la plus discrète possible, secrète même. de son côté, Huck n'a jamais connu sa mère. le seul souvenir qu'il possède d'elle est le petit mot qui était dans son panier d'osier quand il a été abandonné encore nourrisson sur le porche d'un gentil couple : aimez-le. Huck est d'une bonne nature, la bonté même. Son credo est d'accomplir une bonne action par jour : arracher une souche qui résiste à un tracteur (lundi), collecter les poubelles de toute la ville (mardi), acheter un repas pour chaque habitant (mercredi), etc.
Un jour, Diane Davis (une nouvelle arrivée) est obligé de freiner d'un coup sec, alors que Huck court à toute vitesse sur la route de nuit. Elle subodore alors qu'il n'est pas comme tout le monde Madame Taylor, une voisine, finit par la mettre au parfum en lui faisant jurer le secret pour le bien de Huck et de la communauté. Mas en voyant un reportage sur l'enlèvement de femmes commandités par Boko Haram, il décide d'intervenir au Cameroun. de son côté, Diane Davis ne tient pas sa langue, poussée par l'intérêt pécuniaire. Cela n'empêchera pas Huck d'accomplir sa bonne action quotidienne (en fait si, ça va le mettre un peu en retard), mais ça va surtout le rendre visible aux yeux d'individus très intéressés, à commencer par son frère Tom.
Comme pour chaque nouvelle série écrite par Mark Millar, celle-ci a bénéficié d'une bonne campagne promotionnelle avant coureuse, puis d'un excellent bouche-à-oreille au vu des premières pages mises à disposition sur les sites spécialisés. Enfin, Mark Millar allait donner sa version de Superman, écrit de manière novatrice et respectueuse (refrain déjà entendu à l'occasion de la parution de Superior du même Mark Millar, mais c'est une autre histoire). En plus, il a encore réussi à s'adjoindre les services d'un dessinateur très en vue : Rafael Albuquerque, ayant acquis sa notoriété sur la série American Vampire de Scott Snyder. Effectivement les premières pages parues pour promouvoir le titre, montre ce beau jeune homme à la forte carrure, aux cheveux blonds coupés courts effectuer une course spectaculaire et débarrassée de tout dialogue encombrant, sautant du toit d'une voiture sur un autre, puis courant à fond dans les rues de la ville désertes de nuit, puis à travers champ, puis sur le sommet d'une falaise dénudée, pour effectuer un magnifique plongeon dans l'océan. La séquence est visuellement superbe, avec une lisibilité optimale, et un sens de la vitesse qui fait honneur au personnage.
La suite du premier épisode s'avère tout aussi convaincante et sympathique sur le plan visuel. le dessinateur fait le nécessaire pour planter les décors d'une petite ville américaine afin de lui donner une consistance et une patine intemporel. le passage au Cameroun reste très vague sur les arrière-plans, mais Daive McCaig fait un excellent travail d'habillage des cases par les couleurs pour donner l'impression d'une jungle verdoyante. La dernière page du premier épisode se présente sous la forme d'un dessin pleine page, évoquant l'Amérique florissante et accueillante de Norman Rockwell. Les pages du deuxième épisode sont construites sur le même principe. Les scènes d'action sont spectaculaires, et mettent Huck en valeur, avec sa force et sa grâce, sans jouer sur la brutalité ou la violence. le saut sur le toit d'un train en mouvement est l'occasion d'admirer une construction métallique, et l'intervention dans le désert d'Afghanistan montre une cascade d'une rare vivacité, avec un sens du mouvement exceptionnel
Du début jusqu'à la fin, Rafael Abuquerque assure un spectacle impressionnant, plutôt bon enfant. Il prend soin de planter le décor en début de chaque séquence, et Huck bénéficie d'une incroyable présence visuelle chaque fois qu'il apparaît. le dessinateur le représente souvent en train de sourire, d'un sourire franc, sans malice et sans arrière-pensée. Les autres personnages sont tout aussi vivants. L'aspect sinistre du professeur Orlov est un peu appuyé pour faire comprendre qu'il est le méchant de l'histoire. le sourire de Tom est presqu'aussi radieux que celui de son frère. Les dames sont menues et pleine d'allant, sans aucune exagération de leur sexualité. de page de page, le lecteur se dit qu'il voit le monde par les yeux de Huck, avec son émerveillement, sa simplicité et son plaisir de vivre et d'accomplir des bonnes actions. Il remarque aussi qu'Albuquerque a tendance à s'exonérer de dessiner les arrière-plans plus souvent au fur et à mesure des épisodes, ce qui rompt parfois le charme de l'immersion.
L'artiste a donc parfaitement su adapter sa façon de dessiner pour être en harmonie avec l'état d'esprit de ce jeune homme simple, voire un peu simplet au dire de certains personnages. Il représente sans difficulté toutes les choses les plus saugrenues prévues par le scénario : d'une pompe à essence vieux modèle semblant dater des années 1950, à un bleu de travail semblant provenir de la même époque, en passant une girafe, un méchant terroriste enturbanné voulant décapiter son prisonnier, ou un groupe de canards en train de traverser une autoroute. de fait, d'épisode en épisode, Mark Millar donne l'impression de brosser son lectorat américain dans le sens du poil. le récit permet de visiter quelques endroits des États-Unis : une ville du Maine, une maison un peu à l'écart dans le Vermont, ou encore un diner en Caroline du Nord. En listant les autres lieux visités, le lecteur note qu'il s'agit de pays ennemis des États-Unis ou de zones de conflits : l'Afghanistan, la Sibérie, le Cameroun. le scénariste semble tout faire pour flatter l'américain moyen en lui montrant son beau pays, et en faisant intervenir un beau jeune blond athlétique pour régler les problèmes dans des zones où les États-Unis se verraient bien en police mondiale, voire même en redresseur de torts.
D'un côté, il faut reconnaître à Mark Millar d'avoir imaginé un personnage irrésistible. Huck est un bon samaritain, sans rien de calculateur, dont les bonnes actions réchauffent le coeur : retrouver des personnes disparues, sauver des gens prisonniers d'une inondation, offrir des fleurs, retrouver un chaton disparu et le ramener à sa mère Anna Kozar. le récit est lui aussi en phase avec son protagoniste principal : bon enfant. L'auteur évoque une Amérique fantasmée, intemporelle, avec des individus prenant soin les uns des autres. Il proscrit ses provocations trash habituelles, et il reste premier degré du début jusqu'à la fin. D'un autre côté, le lecteur européen tique un peu devant cette apologie décomplexée d'une Amérique saine et vertueuse. Il tique encore plus quand, en toute mauvaise foi, Millar la fait paraître encore plus saine, en l'opposant à l'Afghanistan, à Boko Haram, ou encore aux pratiques d'emprisonnement en Sibérie. Comme souvent, Millar conçoit son récit sur mesure pour plaire à son lectorat cible par la flagornerie. Sans le dire explicitement, il vante les mérites d'un américain bon teint, sain de corps et d'esprit, qui célèbre les vertus de l'American Way of Life, voire qui présente sous son meilleur jour sa position de grand frère des autres nations de la planète. La narration premier degré du récit rend impossible d'y voir la moindre ironie, de soupçonner le moindre début de caricature.
La lecture de ce tome est très rapide, et très agréable, mais le point de vue sous-jacent la rend un peu aigre. L'intrigue est bien menée et rapide, avec une mise en place astucieuse. La deuxième partie oppose les bons aux méchants, d'une manière manichéenne, qui sous-entend que jamais les États-Unis ne se rendraient coupables des mêmes exactions que les russes (ça fait quand même un bout de temps que la Russie est entrée dans le capitalisme…). La méthode employée pour que Huck reprenne le dessus sur ses adversaires fait immédiatement penser aux personnages de Chris Claremont trouvant des ressources d'énergie insoupçonnables en eux, parce que quand on veut on peut, et parce que les héros ont le bon droit de leur côté. La fin permet de retrouver un statu quo douillet.
Cette histoire de superhéros sympathique et simple n'est pas pire qu'une histoire de superhéros Marvel ou DC et elle bénéficie d'une narration visuelle supérieure à la moyenne. Néanmoins un lecteur adulte a du mal à adhérer au produit qui lui est vendu. Pour commencer, Rafael Albuquerque prend quelques raccourcis graphiques pour terminer en temps et en heure (absence de décors de manière trop voyante). Ensuite, Mark Millar est malhonnête du début jusqu'à la fin. Il fait mine de proposer un héros au cœur pur, ayant grandi selon les principes d'une morale judéo-chrétienne, en individu désintéressé et altruiste. Mais dans le même temps, il fabrique de toute pièce un récit cousu main pour un lectorat, en flattant ses instincts patriotiques basiques, sans réflexion, sans recul, dans une démarche mercantile qui avance à visage découvert. La dissonance cognitive qui naît de ces deux dimensions ne permet pas au lecteur d'être satisfait de sa lecture psychotique.
Relâchement des mœurs
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Ben et son frère ainé Richie font leurs au-revoir à leurs parents ; ils se rendent à bord de la Ford Mustang de Richie à la résidence de vacances d'East Hampton (résidence de luxe) pour y travailler pour l'été. Dès cette scène, il apparaît que Richie a reçu tous les dons de la nature (stature physique, sportif accompli, et tout l'amour de son père) ce qui a une influence certaine sur le développement de sa personnalité. En parallèle, May et sa meilleure amie Mary font leurs au-revoir à leurs parents respectifs et voyagent par le bus pour se rendre à leur job d'été dans la même résidence hôtelière de luxe. Elles sont bien décidées à passer du bon temps. May (la rousse) a même chapardé une bouteille de bourbon dans la réserve de ses parents pour la descendre avec Mary pendant le voyage. Lors de la séance d'accueil de la nouvelle main d'oeuvre, Peter Howard Shelby (le propriétaire et patron) explique qu'il s'agit d'un établissement sérieux et mondialement réputé, et que sa femme et lui dispose de 30 années d'expérience qui leur permettent de juguler tout débordement. La première règle stipule que toute relation amoureuse entre employés est proscrite. Cela n'empêchera pas 2 couples de se former sous l'emprise d'hormones toutes puissantes. Et ces relations amoureuses se compliqueront par une tromperie franche et massive et un polichinelle dans le tiroir pour l'une des 2 demoiselles.
Avec cette histoire de 2003, Marvel et Millar frappent là où le lectorat ne les attendait pas. Marvel Comics (dans ses précédentes incarnations) avait régulièrement publié des histoires sentimentales à destination d'un public féminin. Cette tradition s'est perdue et la Maison des Idées (surnom donné à cet éditeur) avait évité ce genre pour ne pas brouiller son image. Elle avait ressuscité ledit genre pour une forme parodique dans Marvel Romance Redux (en VO). Et puis voilà que Marvel ressort l'appellation Epic comics (branche adulte des années 1980) pour ce projet très atypique. Pour corser le tout, Marvel suggère à Millar d'utiliser les prénoms des Parker (parents et oncles de Pater Parker), sans que leurs noms de famille ne soient mentionnés. Pour mémoire, à la même époque Mark Millar écrivait les douze premiers épisodes de la série Marvel Knights Spider-Man (Le dernier combat), essentiellement illustrés par Terry Dodson. Enfin la quatrième de couverture promet une bonne dose sexe, promesse tenue (mais sans aucune nudité frontale conformément à la politique puritaine et hypocrite de l'éditeur).
Au-delà de la polémique infantile sur l'identité réelle des protagonistes et l'impact sur la terre 616, Mark Millar se livre à un exercice de style très périlleux : une histoire sentimentale, sans aucun superpouvoir à l'horizon et à peine un ou deux coups poings très anecdotiques, dans un marché essentiellement destiné aux adolescents de sexe mâle.
L'histoire commence de manière sympathique avec les 4 jeunes gens (Ben, Richie, May et Mary) définis chacun par 2 traits de caractères. L'arrivée dans le site de rêve se fait sans encombre, l'alcoolisme des jeunes femmes n'ayant aucune conséquence. Les règles de bonne conduite édictées sont claires et nettes et ne posent finalement aucune difficulté pour être contournées dès le premier essai. La fille qui couche dès le premier soir se révèle être la plus fidèle, et la plus timorée s'avère inconstante au mépris des conséquences affectives. Millar insiste bien sur le fossé qui sépare les clients riches, des employés pauvres. La jeune femme victime d'une grossesse non désirée se retrouve à vivre avec un prolo pour s'assurer un toit, en payant de ses charmes.
Comme à son habitude, Mark Millar n'hésite pas à inclure de nombreux éléments de natures diverses pour maintenir l'intérêt du lecteur. Mais à la fin de ma lecture, j'ai eu un sentiment d'insatisfaction dérangeant. À mes yeux, l'histoire de ces 2 jeunes femmes ne dépasse pas le fait divers. Millar aligne les scènes de sitcom, sans aucune profondeur psychologique ou sociale. Il y a bien une grossesse non désirée qui implique pour la jeune de femme de se mettre à la colle avec un individu qu'elle trouve repoussant. Mais il n'y a aucune logique psychologique dans cette action. Elle semble juste avoir renié toutes ses convictions morales et religieuses ; du jour au lendemain elle vit en couple avec cet homme pour lequel elle ne ressent rien (même pas de la répulsion), pour le gîte et le couvert, juste en partageant son lit toutes les nuits. Ce comportement contredit de manière absolue le maigre profil psychologique dressé au début de l'histoire.
Millar ne s'intéresse jamais aux motivations psychologiques de ces personnages. le lecteur est prié d'accepter le comportement de la jeune femme qui couche dès le premier soir, sans discuter, sans chercher dans son histoire personnelle. le récit s'appuie sur le principe du C'est comme ça. D'un autre coté, quand Millar s'attaque à des motivations comportementales, la simplicité du schéma est telle (la rivalité entre les 2 frères) que c'en est risible.
Pour illustrer cette suite de scènes à prendre comme elles viennent, Millar bénéficie des illustrations magnifiques et débordantes de séduction de Terry Dosdson, encrées par sa femme Rachel. Ce tandem s'est spécialisé dans un style épuré fortement influencé par les pin-ups des années 1950. le résultat constitue un régal pour les yeux, avec des courbes douces pour les femmes, des peaux satinées, des lèvres pulpeuses, un coté enfantin et mutin. La mise en page est simple et claire, la gestuelle est éloquente. Leurs illustrations sont mignonnes et charmantes, avec ce qu'il faut de sophistication. Mais cet aspect bon enfant semble en opposition avec la gravité des situations et désamorcent l'aspect dramatique du récit.
Je n'ai pas du tout saisi l'approche de cette histoire dramatique qui place ses personnages dans des situations scabreuses, où ils changent de valeurs morales comme de chemise. Chacun semble être le jouet de ses hormones et d'une forme de destin facétieux peu clément, mais finalement indolore. Les illustrations sont très agréables à contempler, mais leur style est déphasé par rapport au ton du récit.
Selon à qui étaient confiés nos héros on a de plus ou moins bonnes surprises, mais là, on dirait un livre format poche gonflé au format album, le trait semble être fait par un Rotring 1mm, les couleurs sont improbables, les décors succincts ou absents, les personnages peu identifiables ont 2 expressions : ¾ et profil, page 23 les mains les plus mal dessinées du 9e art, dignes d'une notice de machine youpoltchèque. Dans ces conditions dur de juger du scénario, mais il m'a semblé poussif. Au secours ! Sous le masque de Floc'h, Olrik a réussi à assassiner nos héros !
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Graphiquement, j’ai aimé le coup de crayon de Jean-Philippe Peyraud et la mise en couleurs simple et efficace de Laurence Croix : les tons sont choisis selon l’intensité dramatique du récit. Sur ce plan-là, ca marche bien pour moi. J'ai moins apprécié le drama entre les principaux protagonistes et me suis posé des questions sur leur rapport avec le preneur d'otages. C'est un parti pris avec lequel j'ai du mal à accrocher ou que je n'ai pas bien compris... un peu comme le titre... Au final je suis complètement passé à côté, j'ai trouvé cela vraiment mièvre au point que je me suis demandé si ce n'est pas du second degré, a priori non...
L'Échappée
BD sans texte filant une allégorie sur le changement de vie. Je me suis demandé où était le fond et où l'auteur voulait nous amener à enfiler autant de clichés les uns à la suite des autres... Je n'ai pas trouvé de réponse à cette question ... Je suis clairement resté sur ma faim et me suis profondément ennuyé pendant cette lecture...
Beer revolution - Le Guide de la bière artisanale en BD
Assez déçu. On passe de brasserie en brasserie un peu partout en Europe mais on a plus l'impression de faire du tourisme en BD. Les échanges manquent beaucoup de profondeur je trouve sur la démarche des brasseurs, ce qui fait leur originalité, leurs convictions etc. La technique est rapidement évoquée sans évoquer les différents types de bières, ce qui les rend différentes dans le goût etc.
Spirou et Fantasio Classique - La Baie des Cochons
La baie des cochons : pas un Spirou classique mais... moisi, sans âme si ce n'est celle pillée, plagiée sur Franquin et les autres Après le succès autant public que critique (chez Branchés Culture aussi) du Spirou chez les Soviets de Fred Neidhardt et Fabrice Tarrin, voilà le one-shot converti en une collection : Les aventures de Spirou et Fantasio - Classiques. La deuxième équipe à se mouiller, dans une baie des cochons survoltée en cette année 1961, est composée du dessinateur caméléon Elric (déjà repreneur d'Iznogoud, entre autres albums) et des quasi-inconnus Mickaël Baril et Clément Lemoine, spécialistes de Lucky Luke. Sans arriver à se séparer de l'ombre de Franquin avec une histoire resucée et grossière. Le vintage, c'était mieux avant. Et le lecteur de rêver à l'aventure cubaine avortée par Tome & Janry. Changement total de latitude et de longitude. Après la Russie enneigée, retour sous des températures plus clémentes, d'autant plus que les esprits s'échauffent, à Cuba, pour Spirou et Fantasio. Qui ? Pas le Spirou et Fantasio de la série originelle, ni de la collection "vu par" (encore que cette nouvelle anthologie parallèle pourrait très bien être un spin-off du spin-off), mais ceux des "classiques". Soit ce que l'éditeur Dupuis identifie comme l'âge d'or. Celui de Franquin qui, après Rob-Vel et Jijé, inventa la mythologie et la bible du groom le plus célèbre du Neuvième Art. Avec ses amis, son bestiaire (le Marsu!), ses gadgets, son phrasé, sa dynamique. Puis, l'esthétique d'une maquette, pas de dos rond mais bleu avec son lettrage vertical et une quatrième de couverture grise. Le vintage à fond, dont on accommode les (excellents) restes soixante ans plus tard. Tantôt du côté de Chaland, tantôt du côté de Bravo, s'amusant et parodiant ses aînés, Elric n'a jamais caché son intérêt pour Spirou. Il en partage des émanations et fulgurances régulièrement sur son mur Facebook. Si on lui avait dit, il y a près de 20 ans, que son rêve se réaliserait, il aurait sans aucun doute signé des deux mains. En 2024, le voilà à signer cette aventure inespérée d'une main de... Franquin et de l'autre de... Tarrin (qui a conseillé Elric sur son dessin). Dès les premières planches, et un premier attentat au cigare désamorcé par Fidel, Elric se fait fidèle à Franquin, dans le design des personnages et des décors dans lesquels ils vont se balader ou être jetés. Car, très vite, les reporters vont être pris pour des traîtres à la Revolución et le dépaysement va être total. Bon, en bande dessinée, surtout européenne, on a l'habitude de voir des auteurs-repreneurs devoir surfer sur les codes initiés par les créateurs des héros perpétués. Astérix, Les Schtroumpfs, Alix et bien d'autres comme Lucky Luke (tiens, puisqu'on en parle, lui aussi apparaît dans cet album travesti en un autre personnage). Spirou est en fait un de ces cas à part qui ont pu s'affranchir de leur enveloppe originelle pour évoluer au fil des époques et du style, souvent tranché, de ses parrains successifs (Fournier, Chaland, Tome & Janry, Yoann et désormais Schwartz, sans parler de tous les auteurs de "vu par..."). Voilà, après Tarrin, dans une moindre mesure qui laissait tout de même parler sa particularité (comme dans les Astérix qu'il réalise), qu'Elric se force ou est forcé à faire du Franquin, sans s'en tirer aussi bien. Oh, il ne se débrouille pas trop mal, mais quand on compare avec le maître qu'il doit faire un peu plus que recopier, jamais il n'y a l'étincelle. N'en déplaise aux gardiens du temple qui attendent ce moment depuis cinquante-cinq ans (et ne se retiennent jamais de massacrer sur la place publique le travail de ceux qui tentent de nouvelles choses avec les personnages iconiques), ça ne tient pas la route. Encore moins 62 planches d'un album complètement vide et empilant les clichés. Voire les plagiats. Bien sûr, on peut s'amuser à parodier la BD, et les séries rivales du groom-reporter, mais encore faut-il le faire de manière subtile. Ce n'est pas franchement la subtilité qui habite cet album. Visez la couverture. Elle vous rappelle quelque chose? Non, deux choses! Le célèbre cliché d'Alberto Korda immortalisant Che Guevara et qui deviendra viral (on n'utilisait pas encore cette expression à l'époque) à la mort de celui-ci. Il date de 1960, le photographe est décédé en 2001. Ça ne fait pas assez longtemps, j'ai l'impression, que pour que l'oeuvre soit tombée dans le domaine public et que le champ d'action de la propriété intellectuelle soit éteint. Deuxième élément, la couverture, le fond rouge, les personnages principaux en bas à droite dans un nuage blanc, et un personnage exotique en plus grand: c'est le concept de la couverture qu'avait donnée Franquin au 11e tome de la série-mère: Le gorille a bonne mine. Ce choix et cette mise en relation sont assez curieux, on crée une collection pour s'évader de la série phare pour y revenir avec une couverture plagiée... Le tout en faisant référence à un autre album, le tome 14, Le prisonnier du bouddha (fond rouge aussi), dont La baie des cochons est une suite indirecte, incarnée par l'insaisissable Harold W. Longplaying et son invention, le générateur. Un petit bouton sur ce gadget révolutionnaire, le G.A.G., qui vous donne la force de Benoît Brisefer, déplaçant des montagnes. Le hic? Pas d'astérisque, pas de renvoi vers la vénérable oeuvre de Franquin (à part une allusion en quatrième de couverture), c'est comme si les auteurs s'appropriaient ce personnage, cet appareil... dont le lecteur qui aurait perdu de vue Le prisonnier du bouddha se demandera s'il n'a pas loupé un épisode? Quitte à chercher les pages manquantes dans ce nouvel album qui font que des éléments tombent comme des cheveux dans la soupe. Sans cohérence. Déjà, le lecteur part un peu perdu, et les auteurs le semblent aussi. Et ce n'est pas fini. De gag à plat en gag à plat (même si on sous-emploie le rebondissant Marsupilami), on dirait que cette aventure sait qu'elle court à sa perte et ne vaut pas la chandelle allumée dans les yeux des afficionados du Spirou des premières heures. Alors, elle perd du temps. Ça blablate, ça blablate, oui mais en Espagnol, oui mais en Anglais, ou en espagnolisant le franchais. Quitte à ne plus rien comprendre à ce charabia - on demande la VOST -, encore moins quand, tout d'un coup, un peu plus loin, tous les personnages semblent enfin parler la même langue. Rien n'a de sens, et c'est surtout lourdingue. Bon, on a parlé de ces bons vieux Longplaying et Marsupilami (ah oui, tiens, il y a Spip, en planche 20, qui se "demande quand il allait servir à quelque chose dans cette aventure", aveu d'oubli des scénaristes obligés au fourre-tout ?) mais quid des autres personnages ? Alors, il y a Fidel Castro et Che Guevara, plutôt bien campés dans leur idéalisme, leur grandiloquence et leur furie, puis Kennedy et, dans le reste de la galerie... on croise un Lucky Luke, une descendante de Bonnemine aux cheveux noirs, des ersatz d'Abdallah et des Dupondt. Ce n'est pas qu'ils sont cités, qu'on leur rend hommage, c'est qu'on les utilise facilement. Hop, un personnage gratuit et qui fonctionne. Tout le monde, il est là, tout le monde y fait pitié dans une histoire amenée au forceps, absolument pas passionnante, éculée, épuisante, déprimante et énervante. Ne vous méprenez pas, cette baie des cochons est vraiment une cochonnerie. Un album en apparence bien fait, mais sans âme puisque pillant tout l'amour qu'a mis Franquin dans cette série. C'est de loin le pire album de Spirou qu'il m'ait été donné de lire. Ce n'est pas un Spirou classique, c'est un Spirou moisi, indigeste, indigne et indigent. N'y a-t-il pas de pilote dans ce missile éditorial, ce monstre de Franquinstein ? Notons que cette collection va se poursuivre avec au moins deux tomes annoncés en 4e de couverture. Elric, Lemoine & Baril ont déjà manifestement signé pour Zorgrad tandis que Lewis Trondheim (qui a déjà goûté à du Spirou avec Panique en Atlantique) et Fabrice Tarrin (ce sera son troisième après Les géants pétrifiés et Spirou chez les Soviets, donc) signeront Le trésor de San Inferno. Je ne vous cache pas que je suis plus tenté par l'un que par l'autre.
Griffes d'Ange
Le dessin de Moebius est toujours aussi bon. Maintenant, je dois être aussi sincère dans ma note : je me suis emmerdé, j'ai pas compris les métaphores (et j'ai pas envie de me forcer pour le comprendre), l'esthétique est pas à mon gout et je suis hermétique à la prose de Jodorowski. La BD m'est tombée des mains, je me suis décidé à suivre la fin pour voir si quelque chose de différent allait se passer mais franchement, je m'en fichais. Et j'arrive vraiment pas avec les aspects incestueux que Jodorowski qui sont bien trop présents dans son œuvre. Je reste prude, mais moi ça ne m'intéresse pas. Et niveau dessin, c'est du Moebius, OK, mais je suis là pour une BD. Là on a franchement de l'illustration surréaliste et finalement je suis plus écœuré lors des scènes SM. D'autant que j'ai l'impression que certains dessins sont repris (j'ai reconnu le dessin faisant l'ouverture de "La folle du Sacré-cœur"). Pour ma part, c'est du non et non, je rends la BD !
Revanche (The Hootchie Coochie)
Cette série n'est vraiment pas pour moi. J'ai commencé par tourner des pages à allure accélérée pour essayer de trouver un texte qui donne du sens à cette pagination excessive (merci le papier). Soyons rapide, si je veux un ouvrage un peu solide sur les notions de Justice et Droit, j'ai bien mieux à la maison et je relis Antigone. Ici je n'ai lu que des clichés superficiels, faciles ou très contestables. Comme j'ai trouvé le graphisme grossier avec des proportions aléatoires, j'ai abandonné ma lecture au bout de quelques dizaines de planches Pas du tout dans mes goûts de lecture.
Mortelle Adèle
Si vous pensez que ces ouvrages sont nuls, pour toutes sortes de motifs, vous avez raison. Le filon exploité par les auteurs est du même niveau que les pires idéologies, l'école c'est nul, les moches c'est leur faute, torturer des animaux et harceler des gens c'est cool. Les pauvres gamins sont volontairement tirés vers le bas, ou plutôt tout au fond du trou, parce que ça marche à grande échelle et donc que ça rapporte du fric. Et ils ne vont pas comprendre que c'est nul aussi du point de vue artistique (ou plutôt inexistant). Malheureusement, cette médiocrité est la norme partout. Comment les enfants feraient-ils la différence ? Mais ce n'est pas le pire. Le pire, c'est qu'une fois que le cerveau des enfants sont pris au piège, on va les exploiter de tous les côtés via des "franchises". Il s'agit de vendre tous azimuts. Tout un tas de "produits dérivés" qu'ils vont exiger de leur parents, ces nazbroks. Tout ça avec l'appui de "chansons" dont certaines reprises que les gamins ne connaissent et ne comprennent pas qui ne servent qu'à laver leur cerveau et à graver bien profond l'idéologie pernicieuse et toxique des auteurs. Les auteurs devraient avoir honte de leur mercantilisme prêt à toutes les bassesses intellectuelles pour faire encore plus de fric.
Huck
Il est frais, il est frais mon américanisme bon teint ! - Ce tome est le premier (et peut-être le dernier) d'une histoire indépendante de toute autre. Il contient les épisodes 1 à 6, initialement parus en 2015/2016, écrits par Mark Millar, dessinés et encrés par Rafael Albuquerque, et mis en couleurs par Dave McCaig. Dans une petite bourgade rurale du Maine, vit un individu à la carrure imposante, à la figure angélique, prénommé Huck. Il exerce les fonctions de pompiste à la station-service du coin. Cet individu dispose d'une force colossale, surhumaine même et il est capable de tout retrouver. Les habitants de la petite ville font en sorte que son existence reste la plus discrète possible, secrète même. de son côté, Huck n'a jamais connu sa mère. le seul souvenir qu'il possède d'elle est le petit mot qui était dans son panier d'osier quand il a été abandonné encore nourrisson sur le porche d'un gentil couple : aimez-le. Huck est d'une bonne nature, la bonté même. Son credo est d'accomplir une bonne action par jour : arracher une souche qui résiste à un tracteur (lundi), collecter les poubelles de toute la ville (mardi), acheter un repas pour chaque habitant (mercredi), etc. Un jour, Diane Davis (une nouvelle arrivée) est obligé de freiner d'un coup sec, alors que Huck court à toute vitesse sur la route de nuit. Elle subodore alors qu'il n'est pas comme tout le monde Madame Taylor, une voisine, finit par la mettre au parfum en lui faisant jurer le secret pour le bien de Huck et de la communauté. Mas en voyant un reportage sur l'enlèvement de femmes commandités par Boko Haram, il décide d'intervenir au Cameroun. de son côté, Diane Davis ne tient pas sa langue, poussée par l'intérêt pécuniaire. Cela n'empêchera pas Huck d'accomplir sa bonne action quotidienne (en fait si, ça va le mettre un peu en retard), mais ça va surtout le rendre visible aux yeux d'individus très intéressés, à commencer par son frère Tom. Comme pour chaque nouvelle série écrite par Mark Millar, celle-ci a bénéficié d'une bonne campagne promotionnelle avant coureuse, puis d'un excellent bouche-à-oreille au vu des premières pages mises à disposition sur les sites spécialisés. Enfin, Mark Millar allait donner sa version de Superman, écrit de manière novatrice et respectueuse (refrain déjà entendu à l'occasion de la parution de Superior du même Mark Millar, mais c'est une autre histoire). En plus, il a encore réussi à s'adjoindre les services d'un dessinateur très en vue : Rafael Albuquerque, ayant acquis sa notoriété sur la série American Vampire de Scott Snyder. Effectivement les premières pages parues pour promouvoir le titre, montre ce beau jeune homme à la forte carrure, aux cheveux blonds coupés courts effectuer une course spectaculaire et débarrassée de tout dialogue encombrant, sautant du toit d'une voiture sur un autre, puis courant à fond dans les rues de la ville désertes de nuit, puis à travers champ, puis sur le sommet d'une falaise dénudée, pour effectuer un magnifique plongeon dans l'océan. La séquence est visuellement superbe, avec une lisibilité optimale, et un sens de la vitesse qui fait honneur au personnage. La suite du premier épisode s'avère tout aussi convaincante et sympathique sur le plan visuel. le dessinateur fait le nécessaire pour planter les décors d'une petite ville américaine afin de lui donner une consistance et une patine intemporel. le passage au Cameroun reste très vague sur les arrière-plans, mais Daive McCaig fait un excellent travail d'habillage des cases par les couleurs pour donner l'impression d'une jungle verdoyante. La dernière page du premier épisode se présente sous la forme d'un dessin pleine page, évoquant l'Amérique florissante et accueillante de Norman Rockwell. Les pages du deuxième épisode sont construites sur le même principe. Les scènes d'action sont spectaculaires, et mettent Huck en valeur, avec sa force et sa grâce, sans jouer sur la brutalité ou la violence. le saut sur le toit d'un train en mouvement est l'occasion d'admirer une construction métallique, et l'intervention dans le désert d'Afghanistan montre une cascade d'une rare vivacité, avec un sens du mouvement exceptionnel Du début jusqu'à la fin, Rafael Abuquerque assure un spectacle impressionnant, plutôt bon enfant. Il prend soin de planter le décor en début de chaque séquence, et Huck bénéficie d'une incroyable présence visuelle chaque fois qu'il apparaît. le dessinateur le représente souvent en train de sourire, d'un sourire franc, sans malice et sans arrière-pensée. Les autres personnages sont tout aussi vivants. L'aspect sinistre du professeur Orlov est un peu appuyé pour faire comprendre qu'il est le méchant de l'histoire. le sourire de Tom est presqu'aussi radieux que celui de son frère. Les dames sont menues et pleine d'allant, sans aucune exagération de leur sexualité. de page de page, le lecteur se dit qu'il voit le monde par les yeux de Huck, avec son émerveillement, sa simplicité et son plaisir de vivre et d'accomplir des bonnes actions. Il remarque aussi qu'Albuquerque a tendance à s'exonérer de dessiner les arrière-plans plus souvent au fur et à mesure des épisodes, ce qui rompt parfois le charme de l'immersion. L'artiste a donc parfaitement su adapter sa façon de dessiner pour être en harmonie avec l'état d'esprit de ce jeune homme simple, voire un peu simplet au dire de certains personnages. Il représente sans difficulté toutes les choses les plus saugrenues prévues par le scénario : d'une pompe à essence vieux modèle semblant dater des années 1950, à un bleu de travail semblant provenir de la même époque, en passant une girafe, un méchant terroriste enturbanné voulant décapiter son prisonnier, ou un groupe de canards en train de traverser une autoroute. de fait, d'épisode en épisode, Mark Millar donne l'impression de brosser son lectorat américain dans le sens du poil. le récit permet de visiter quelques endroits des États-Unis : une ville du Maine, une maison un peu à l'écart dans le Vermont, ou encore un diner en Caroline du Nord. En listant les autres lieux visités, le lecteur note qu'il s'agit de pays ennemis des États-Unis ou de zones de conflits : l'Afghanistan, la Sibérie, le Cameroun. le scénariste semble tout faire pour flatter l'américain moyen en lui montrant son beau pays, et en faisant intervenir un beau jeune blond athlétique pour régler les problèmes dans des zones où les États-Unis se verraient bien en police mondiale, voire même en redresseur de torts. D'un côté, il faut reconnaître à Mark Millar d'avoir imaginé un personnage irrésistible. Huck est un bon samaritain, sans rien de calculateur, dont les bonnes actions réchauffent le coeur : retrouver des personnes disparues, sauver des gens prisonniers d'une inondation, offrir des fleurs, retrouver un chaton disparu et le ramener à sa mère Anna Kozar. le récit est lui aussi en phase avec son protagoniste principal : bon enfant. L'auteur évoque une Amérique fantasmée, intemporelle, avec des individus prenant soin les uns des autres. Il proscrit ses provocations trash habituelles, et il reste premier degré du début jusqu'à la fin. D'un autre côté, le lecteur européen tique un peu devant cette apologie décomplexée d'une Amérique saine et vertueuse. Il tique encore plus quand, en toute mauvaise foi, Millar la fait paraître encore plus saine, en l'opposant à l'Afghanistan, à Boko Haram, ou encore aux pratiques d'emprisonnement en Sibérie. Comme souvent, Millar conçoit son récit sur mesure pour plaire à son lectorat cible par la flagornerie. Sans le dire explicitement, il vante les mérites d'un américain bon teint, sain de corps et d'esprit, qui célèbre les vertus de l'American Way of Life, voire qui présente sous son meilleur jour sa position de grand frère des autres nations de la planète. La narration premier degré du récit rend impossible d'y voir la moindre ironie, de soupçonner le moindre début de caricature. La lecture de ce tome est très rapide, et très agréable, mais le point de vue sous-jacent la rend un peu aigre. L'intrigue est bien menée et rapide, avec une mise en place astucieuse. La deuxième partie oppose les bons aux méchants, d'une manière manichéenne, qui sous-entend que jamais les États-Unis ne se rendraient coupables des mêmes exactions que les russes (ça fait quand même un bout de temps que la Russie est entrée dans le capitalisme…). La méthode employée pour que Huck reprenne le dessus sur ses adversaires fait immédiatement penser aux personnages de Chris Claremont trouvant des ressources d'énergie insoupçonnables en eux, parce que quand on veut on peut, et parce que les héros ont le bon droit de leur côté. La fin permet de retrouver un statu quo douillet. Cette histoire de superhéros sympathique et simple n'est pas pire qu'une histoire de superhéros Marvel ou DC et elle bénéficie d'une narration visuelle supérieure à la moyenne. Néanmoins un lecteur adulte a du mal à adhérer au produit qui lui est vendu. Pour commencer, Rafael Albuquerque prend quelques raccourcis graphiques pour terminer en temps et en heure (absence de décors de manière trop voyante). Ensuite, Mark Millar est malhonnête du début jusqu'à la fin. Il fait mine de proposer un héros au cœur pur, ayant grandi selon les principes d'une morale judéo-chrétienne, en individu désintéressé et altruiste. Mais dans le même temps, il fabrique de toute pièce un récit cousu main pour un lectorat, en flattant ses instincts patriotiques basiques, sans réflexion, sans recul, dans une démarche mercantile qui avance à visage découvert. La dissonance cognitive qui naît de ces deux dimensions ne permet pas au lecteur d'être satisfait de sa lecture psychotique.
Trouble
Relâchement des mœurs - Ben et son frère ainé Richie font leurs au-revoir à leurs parents ; ils se rendent à bord de la Ford Mustang de Richie à la résidence de vacances d'East Hampton (résidence de luxe) pour y travailler pour l'été. Dès cette scène, il apparaît que Richie a reçu tous les dons de la nature (stature physique, sportif accompli, et tout l'amour de son père) ce qui a une influence certaine sur le développement de sa personnalité. En parallèle, May et sa meilleure amie Mary font leurs au-revoir à leurs parents respectifs et voyagent par le bus pour se rendre à leur job d'été dans la même résidence hôtelière de luxe. Elles sont bien décidées à passer du bon temps. May (la rousse) a même chapardé une bouteille de bourbon dans la réserve de ses parents pour la descendre avec Mary pendant le voyage. Lors de la séance d'accueil de la nouvelle main d'oeuvre, Peter Howard Shelby (le propriétaire et patron) explique qu'il s'agit d'un établissement sérieux et mondialement réputé, et que sa femme et lui dispose de 30 années d'expérience qui leur permettent de juguler tout débordement. La première règle stipule que toute relation amoureuse entre employés est proscrite. Cela n'empêchera pas 2 couples de se former sous l'emprise d'hormones toutes puissantes. Et ces relations amoureuses se compliqueront par une tromperie franche et massive et un polichinelle dans le tiroir pour l'une des 2 demoiselles. Avec cette histoire de 2003, Marvel et Millar frappent là où le lectorat ne les attendait pas. Marvel Comics (dans ses précédentes incarnations) avait régulièrement publié des histoires sentimentales à destination d'un public féminin. Cette tradition s'est perdue et la Maison des Idées (surnom donné à cet éditeur) avait évité ce genre pour ne pas brouiller son image. Elle avait ressuscité ledit genre pour une forme parodique dans Marvel Romance Redux (en VO). Et puis voilà que Marvel ressort l'appellation Epic comics (branche adulte des années 1980) pour ce projet très atypique. Pour corser le tout, Marvel suggère à Millar d'utiliser les prénoms des Parker (parents et oncles de Pater Parker), sans que leurs noms de famille ne soient mentionnés. Pour mémoire, à la même époque Mark Millar écrivait les douze premiers épisodes de la série Marvel Knights Spider-Man (Le dernier combat), essentiellement illustrés par Terry Dodson. Enfin la quatrième de couverture promet une bonne dose sexe, promesse tenue (mais sans aucune nudité frontale conformément à la politique puritaine et hypocrite de l'éditeur). Au-delà de la polémique infantile sur l'identité réelle des protagonistes et l'impact sur la terre 616, Mark Millar se livre à un exercice de style très périlleux : une histoire sentimentale, sans aucun superpouvoir à l'horizon et à peine un ou deux coups poings très anecdotiques, dans un marché essentiellement destiné aux adolescents de sexe mâle. L'histoire commence de manière sympathique avec les 4 jeunes gens (Ben, Richie, May et Mary) définis chacun par 2 traits de caractères. L'arrivée dans le site de rêve se fait sans encombre, l'alcoolisme des jeunes femmes n'ayant aucune conséquence. Les règles de bonne conduite édictées sont claires et nettes et ne posent finalement aucune difficulté pour être contournées dès le premier essai. La fille qui couche dès le premier soir se révèle être la plus fidèle, et la plus timorée s'avère inconstante au mépris des conséquences affectives. Millar insiste bien sur le fossé qui sépare les clients riches, des employés pauvres. La jeune femme victime d'une grossesse non désirée se retrouve à vivre avec un prolo pour s'assurer un toit, en payant de ses charmes. Comme à son habitude, Mark Millar n'hésite pas à inclure de nombreux éléments de natures diverses pour maintenir l'intérêt du lecteur. Mais à la fin de ma lecture, j'ai eu un sentiment d'insatisfaction dérangeant. À mes yeux, l'histoire de ces 2 jeunes femmes ne dépasse pas le fait divers. Millar aligne les scènes de sitcom, sans aucune profondeur psychologique ou sociale. Il y a bien une grossesse non désirée qui implique pour la jeune de femme de se mettre à la colle avec un individu qu'elle trouve repoussant. Mais il n'y a aucune logique psychologique dans cette action. Elle semble juste avoir renié toutes ses convictions morales et religieuses ; du jour au lendemain elle vit en couple avec cet homme pour lequel elle ne ressent rien (même pas de la répulsion), pour le gîte et le couvert, juste en partageant son lit toutes les nuits. Ce comportement contredit de manière absolue le maigre profil psychologique dressé au début de l'histoire. Millar ne s'intéresse jamais aux motivations psychologiques de ces personnages. le lecteur est prié d'accepter le comportement de la jeune femme qui couche dès le premier soir, sans discuter, sans chercher dans son histoire personnelle. le récit s'appuie sur le principe du C'est comme ça. D'un autre coté, quand Millar s'attaque à des motivations comportementales, la simplicité du schéma est telle (la rivalité entre les 2 frères) que c'en est risible. Pour illustrer cette suite de scènes à prendre comme elles viennent, Millar bénéficie des illustrations magnifiques et débordantes de séduction de Terry Dosdson, encrées par sa femme Rachel. Ce tandem s'est spécialisé dans un style épuré fortement influencé par les pin-ups des années 1950. le résultat constitue un régal pour les yeux, avec des courbes douces pour les femmes, des peaux satinées, des lèvres pulpeuses, un coté enfantin et mutin. La mise en page est simple et claire, la gestuelle est éloquente. Leurs illustrations sont mignonnes et charmantes, avec ce qu'il faut de sophistication. Mais cet aspect bon enfant semble en opposition avec la gravité des situations et désamorcent l'aspect dramatique du récit. Je n'ai pas du tout saisi l'approche de cette histoire dramatique qui place ses personnages dans des situations scabreuses, où ils changent de valeurs morales comme de chemise. Chacun semble être le jouet de ses hormones et d'une forme de destin facétieux peu clément, mais finalement indolore. Les illustrations sont très agréables à contempler, mais leur style est déphasé par rapport au ton du récit.
Blake et Mortimer - L'Art de la guerre
Selon à qui étaient confiés nos héros on a de plus ou moins bonnes surprises, mais là, on dirait un livre format poche gonflé au format album, le trait semble être fait par un Rotring 1mm, les couleurs sont improbables, les décors succincts ou absents, les personnages peu identifiables ont 2 expressions : ¾ et profil, page 23 les mains les plus mal dessinées du 9e art, dignes d'une notice de machine youpoltchèque. Dans ces conditions dur de juger du scénario, mais il m'a semblé poussif. Au secours ! Sous le masque de Floc'h, Olrik a réussi à assassiner nos héros !