L’histoire ne m’a pas vraiment emballé. On suit une jeune fille qui revient dans sa ville natale et retrouve un ami d’enfance devenu un obsédé du sexe. Chaque chapitre apporte une nouvelle situation, souvent tournée vers des problèmes sexuels, mais il n’y a pas de vrai fil conducteur. Tout est assez répétitif et prévisible. J’ai eu l’impression de lire toujours la même chose, et au bout de quelques tomes, ça devient lassant.
Le manga mise tout sur l’humour et le sexe. L’humour est très basique, souvent lourd et basé sur des blagues grasses. Au début, ça peut faire sourire, mais à force, ça tourne en rond. Le côté érotique est omniprésent, mais sans vraiment apporter quelque chose de nouveau. Il y a quelques moments où l’histoire tente d’explorer des relations entre les personnages, mais ça reste très superficiel.
Les personnages sont assez caricaturaux. L’héroïne semble avoir un peu de personnalité au début, mais elle finit par devenir un simple élément du décor. Le personnage principal masculin est un cliché du pervers maladroit. Les autres personnages sont là pour créer des situations absurdes et servir de prétexte aux scènes osées. Aucun ne m’a vraiment marqué ou donné envie de m’attacher à lui.
Le style est typique des mangas des années 90. Ce n’est ni moche ni exceptionnel, mais ça manque parfois de finesse. Les scènes érotiques sont nombreuses et plutôt bien mises en scène, mais le reste est assez banal. Certains décors sont presque inexistants, et les expressions des personnages sont parfois exagérées au point d’en devenir ridicules.
J’ai eu du mal à accrocher. L’humour est trop répétitif, l’histoire tourne en rond et les personnages sont oubliables. C’est une BD qui peut amuser un moment, mais pas sur la durée.
La couverture de ce one-shot avait attiré mon attention lorsque j'étais dans une des bibliothèques de ma ville et après avoir vu qu'il n'y avait aucun avis sur BDthèque, je l'ai emprunté.
Après lecture, je comprends que personne n'avait avisé cet album qui ne sort pas du lot en ses temps de surproduction. Le dessin est un peu moyen ou du moins je ne suis pas trop fan de la manière dont sont dessinés les visages des personnages et encore moins lorsqu'ils bougent, on dirait des figurines figées même lorsqu'ils sont censés courir. Malgré tout, les passages muets offrent des cases pas mal et ce sont pratiquement les seuls moments qui m'ont un peu plus.
Quant au scénario, l'actrice soulève des thèmes actuelles avec ses riches qui fuient la planète terre pour un paradis que peu de gens peuvent s'offrir et il sera aussi question de l'art et de sa subversion. Ses thèmes sont peut-être trop actuels parce que j'ai eu l'impression de les avoir déjà vu traités dans des œuvres de fictions plus captivant. Le scénario est convenu et poussif, les personnages ne sont pas attachants et on dirait que ça se termine au milieu du récit.
Dans le cadre de mon travail (qui consiste à acheter des BD pour les proposer à des lecteurs et trices), j’avais mis ce titre sur mes tablettes… pour la retirer aussi sec une fois la chose lue, à moitié certes. Mais c’est ainsi : certains bouquins vous tombent des mains. Pour des raisons diverses, pas toujours très nettes, mais toujours subjectives.
Ce qui saute aux yeux, et qui constitue pour l’essentiel les raisons de mon intérêt de départ pour Les chants du chaos vol 1, c’est bien entendu le dessin, et plus généralement l’ambiance graphique forte qui en émane. Tout est fait pour nous mettre dedans : le trait est bien mis en valeur par un choix de couleurs attrayant, appliqué certes à grand renfort de palette numérique, et les pages de chapitre évoquent les vieux livres d’aventures médiévales. L’univers graphique se situe à mi-chemin entre l’Art Nouveau (Mucha notamment) et le folklore d’Europe de l’Est, voire nordique. Pour le reste, je suis désolé mais ce n’est pas très convaincant. Tellement peu convaincant que j’ai jeté l’éponge alors que je m’apprêtais à entamer le troisième chapitre, soit la page 60.
Alors qu’est-ce qui coince ? Les dialogues d’abord. Ils sont modernes, trop modernes, quand ils ne tombent pas carrément à côté. En effets, les expressions employées, et cela dès les premières pages, sont des expressions d’aujourd’hui qui tranchent net avec le ton. Des exemples ? « t’es vraiment trop chiante », « maman a déjà assez de boulot », « t’as même pas les couilles de l’abattre de tes propres mains »… Bref ! Ces dialogues, qui plus est souvent trop longs, ne m’ont pas du tout aidé à entrer dans l’histoire. Je n’aime pas ce mélange ancien/moderne. Ou alors il faut qu’il soit utilisé avec parcimonie, comme le coup du plan furtif sur une paire de Converse dans le Marie-Antoinette de Sofia Coppola (bon, dans le cas présent, il ne s’agit pas de dialogue, mais on saisit l’idée). Et qu’est-ce que c’est que ces deux pages (32-33) de dialogues épistolaires façon échange de sms ???? Ca me sidère d’autant plus qu’est créditée en page de titre un ou une certain-e An Keo, « lectrice et aide-dialoguiste, quand même ! C’était bien la peine…
Le scénario est mal fagoté. Ça donne l’impression de partir dans tous les sens. On s’attend à ce que cette affaire de contamination et de hauts murs prenne un peu toute la place, avec tout ce qui en découle (enquête, aventures…), mais ça s’enlise dans des considérations familiales longuettes et par trop insistantes.
Enfin, les personnages, vaguement immatures quand ils ne sont pas carrément inconsistants…
Bref ! Je suis bien curieux de recueillir l’avis d’autres lecteurs (et trices). Mais pour moi, c’est un bel objet, un très bel objet même, mais le tome 2 se fera sans moi.
Recueil d'histoires courtes et relativement mineures de Manara, cette BD n'attirera que les vrais fans de l'auteur.
Le style graphique, bien sûr, est irréprochable : Manara est un maître du dessin, ses traits sont magnifiques, ses personnages impeccablement détaillés et ses filles ultra sensuelles.
Mais côté scénario, j’ai eu du mal à accrocher comme trop souvent avec Manara. Les histoires sont courtes, parfois intrigantes, parfois déconcertantes au point d'y voir la retranscription de rêves débridés. Elles me sont apparues presque toutes trop superficielles, et l’élément érotique qui traverse chacune d'entre elles devient vite redondant. Ce qui me gêne, c’est cette impression de s’attarder davantage sur les scènes suggestives que sur un vrai développement narratif, ou alors je n'ai pas su capter le message derrière ces petites histoires. Bien sûr, pour ceux qui apprécient la sensualité de l’œuvre de Manara, ou qui cherchent une forme de rébellion ou un propos décalé, ça peut être plaisant, mais moi, ça m’a juste laissé perplexe. Il faut avouer aussi que je suis très peu sensible au surréalisme de manière générale.
En résumé, Courts Métrages est une lecture agréable pour les amateurs de Manara, mais ça ne va pas plus loin. L’aspect visuel sauve un peu l’ensemble, mais en tant que recueil de récits, je suis resté assez indifférent.
Faire de l’autobio, quelle horreur.
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Ce tome contient une suite de vingt-trois scénettes consacrées à l’auteur ou à son avatar. Sa première publication date de 2024. Il a été réalisé par Bastien Vivès. Il comporte cent-cinquante-six pages de bande dessinée, en noir & blanc. Il révèle toute sa saveur si le lecteur est conscient des accusations d’apologie de pédocriminalité qui ont été portées contre l’auteur à partir du début des années 2010 (en particulier contre Les melons de la colère, 2011, La décharge mentale, 2018, Petit Paul, 2018), et l’annulation de l'exposition Carte blanche au festival international de bande dessinée 2023 à Angoulême.
Depuis la rive droite, Bastien admire le quartier de Beaugrenelle de l’autre côté de la Seine, en tenant la poussette d’une main. Le journaliste venu pour l’interviewer arrive avec un peu de retard, et il présente ses excuses : c’est parce qu’il travaille de l’autre côté de Paris. Bastien attire son attention sur Beaugrenelle et lui explique que quand il a commencé la BD, il n’y avait rien ici, que des champs de patates tenus par de vieux Irlandais… et aujourd’hui c’est le futur de Paris. Il continue : ce sont leurs pères et leurs pères à eux qui ont fait sortir de la terre ces mastodontes. Il ajoute : N’empêche que la pédopornographie ça a toujours été la Rolls Royce de l’humour, tout comme les prouts et les blagues belges. Le journaliste lui fait observer que les Belges ont toujours détesté la condescendance des Français avec leurs blagues belges. Bastien rétorque que bien sûr que non, les Belges adorent ces histoires. Il en a raconté deux lors de son dernier passage à Bruxelles, ils étaient pliés en quatre. Le journaliste rebondit immédiatement en lui demandant s’il va souvent en Belgique. Bastien sourit : si son interlocuteur pense qu’il va tomber dans ce genre de pièce grossier… Son éditeur est belge, voilà tout.
Bastien reprend : Dans cette affaire, il n’y a qu’une seule victime, c’est la bande dessinée. La bande dessinée qu’il aime tant, cet espace de liberté incroyable qu’il chérit depuis sa plus tendre enfance. Touché, le journaliste lui demande pourquoi il ne mettrait pas ça dans un album, en faire son grand œuvre. Été 1991, Bastien a sept ans. Sa famille se réunissait tous les étés dans le Sud de la France. Ils passaient la journée au bord de la piscine, avec ses cousins, cousines. Il a peu de souvenir des choses en général, mais ce moment il ne l’oubliera jamais. Il est dans la piscine avec ses lunettes de plongée ; le moment : celui de sa tante s’apprêtant à rentrer dans l’eau. Il a repensé à ce moment toute la journée sans savoir qu’il y repenserait toute sa vie et qu’il allait être l’élément matriciel de tout son travail en bande dessinée. Dès lors, encombré d’un pénis surdimensionné, sa scolarité fut plus que chaotique… Bastien revient au moment présent : son épouse lui dit qu’elle part au boulot, et elle lui demande si c’est aujourd’hui qu’il se rend chez la police. Il a son fils dans les bras, et il lui répond que oui, et qu’il passe chez BD Occaz’ avant.
Bien sûr, il est possible de ne rien connaître de cet auteur, de n’avoir jamais entendu parler des accusations qui pèsent sur lui, de la polémique. Le lecteur découvre alors une bande dessinée vraisemblablement autobiographique (c’est l’auteur qui le dit dans le chapitre d’introduction), évoquant un acte répréhensible de nature pédocriminelle, même s’il n’est pas explicité, vraisemblablement une bande dessinée impliquant un acte sexuel avec un enfant. Le récit se présente sous la forme d’un prologue, et de vingt-deux chapitres comptant entre cinq et huit pages chacun, pouvant aller jusqu’à dix pages pour deux d’entre eux. La mise en page présente des caractéristiques très particulières : absence de bordure pour les cases, généralement deux dessins par pages, des arrière-plans majoritairement vides, quelques accessoires et meubles, des personnages présentant un niveau de détail s’approchant du croquis. Le lecteur observe également que le dessinateur utilise la technique de reproduire le même dessin à plusieurs reprises sur la même page, sur plusieurs pages à suivre : comme un plan fixe au cours duquel les mouvements des personnages sont insignifiants, leurs expressions de visage restent invisibles, toute la narration est portée par leur posture et les dialogues. L’introduction établit sans doute possible qu’il s’agit d’un récit humoristique jouant dans le registre de l’absurde, avec cette évocation hors de propos des Irlandais et de leurs champs de patates. Régulièrement, ses interlocuteurs rappellent à Bastien que la pédophilie ne prête pas à rire, qu’elle ne peut pas faire l’objet de blagues. Mais quand même…
Cette bande dessinée paraît à l’automne 2024 : Bastien Vivès est alors l’auteur de plus d’une quarantaine de bandes dessinées, et certaines procédures judiciaires à son encontre n’ont pas encore fait l’objet d’un jugement. Au cours de la bande dessinée, le personnage principal est appelé Bastien Vivès de manière explicite… et dans le même temps la mise en œuvre d’un comique dans le registre de l’absurde indique clairement qu’il s’agit plus d’une autofiction que d’une autobiographie. À partir de là, libre au lecteur de projeter ce qu’il veut dans chaque scénette, de soupeser le pourcentage de réalité contenu dans chaque chapitre. Concrètement, il lui est impossible de savoir, ce qui provoque un automatisme de prise de recul très déstabilisant. Il s’agit donc d’une fiction, et dans le même temps chaque situation semble authentique et réelle, entre processus de prévention, de réhabilitation morale de l’individu, même s’il est supposé être innocent tant qu’un jugement n’a pas été prononcé. Il tombe sous le sens qu’il soit convoqué par la police pour être entendu, qu’il doit (sur un plan moral) se soumettre à une remise en question, et qu’elle pourrait très bien prendre la forme d’un stage, à l’instar des conducteurs qui veulent retrouver des points sur leur permis, après des infractions ayant donné lieu à des procès-verbaux. Le lecteur se trouve tout de suite convaincu par l’attitude de Bastien Vivès (le personnage) qui ne peut pas s’empêcher de faire de l’humour sur ce même sujet. Pour autant, son séjour en prison dépasse la réalité, puisqu’il n’a pas été condamné à une telle peine au moment où il réalise la présente bande dessinée. Par voie de conséquence, puisqu’il s’agit plus d’une fiction que de la réalité, le lecteur s’en trouve dédouané : il peut rire sans honte, sans arrière-pensée, sans se demander s’il cautionnerait quelque chose.
En effet, l’humour de ces scénettes atteint sa cible pile entre les deux yeux : l’auteur marie l’exagération et l’absurde, du décalage, avec une précision imparable et un sens de l’économie incroyable en faisant un usage sophistiqué des sous-entendus et des non-dits. Bastien réagit à la seconde près sur le sous-entendu relatif à la Belgique, c’est-à-dire ses affaires de pédophilie. Puis le jeune Bastien marqué à jamais par la poitrine de sa tante moulée dans son maillot de bain : entre traumatisme indépassable et révélation, tout ça avec quelques tâches de noir qui ne sont rendues suggestives que par le bref commentaire. Puis la mention que ce moment clé a changé sa vie à jamais, et est l’élément matriciel de tout son travail en bande dessinée, entre dramatisation et autodérision (avec l’évidence que la majorité de la population masculine a vécu un moment similaire d’éveil sexuel devant le corps d’une femme). Bastien se retrouve dans un bureau devant deux policiers qui lui indiquent qu’il doit faire un stage anti-pédophilie, ce à quoi il répond qu’il n’est pas pédophile : imparable. Le lecteur subit comme lui le paradoxe imbécile de se voir projeter des images, avec des électrodes implantées pour tester ses réactions et déceler de tendances pédophiles, mais la docteure qui rectifie leur implantation est une magnifique blonde avec une grosse poitrine. Impossible de résister à l’intervenante sur le module de la bande dessinée déconstruite qui se trompe sur le genre d’un participant, et qui démission à la suite de cette erreur gravissime de mégenrage. Ou madame Vivès qui vient chercher son époux à la sortie de prison, et qui discute avec le gardien comme si elle venait chercher un enfant à la sortie de la crèche, ou encore l’analyse faite par l’éditeur de la BD proposée par Vivès, analyse réalisée par un robot et qui conclut à la composition suivante : 9% raciste, 17% sexiste, 12% misogyne, 3% négationniste, 2% antisémite et 88% pédophilie.
Ben si, il y a forcément des arrière-pensées à la lecture. L’auteur s’offre un droit de réponse sous la forme d’une bande dessinée, à des accusations pour lesquelles le procès ne s’est pas encore tenu. C’est plus compliqué que ça bien sûr : il y a eu deux classements sans suite à des signalements concernant Petit Paul, et d’autres plaintes déposées ensuite. C’est plus compliqué que ça : Bastien Vivès met en scène l’absurdité de suivre un stage anti-pédocriminalité alors qu’il n’a jamais été condamné. Il tourne en dérision ses interlocuteurs qui interprètent chacune de ses phrases avec l’intention d’y voir de la pédocriminalité. Il met en scène un intervenant lui-même accusé du même crime, vestimentairement. Il montre que cela ne sert à rien de protester : entre ses parents qui aggravent son cas en s’exprimant mal à la radio, l’analyse de son prochain ouvrage par un robot servant de lecteur sensible, ou même une tentative d’explication dans une émission de radio où le comique de service tourne tout à la dérision faisant tourner court tout début d’explication complexe. Il conclut avec un chapitre où des Japonais viennent sonner chez lui pour qu’il réalise un manga avec les mêmes caractéristiques, au Japon, pour le marché japonais, car culturellement cela correspond à critères mis en avant comme étant de qualité, sans une once de quelque criminalité potentielle. D’un côté, le lecteur prend fait et cause pour le narrateur pour les situations ubuesques auxquelles il doit se soumettre ; de l’autre côté, l’auteur réalise bien un ouvrage qui fait explicitement référence (rien que le titre) au lynchage médiatique qu’il a subi, en se moquant systématiquement de chaque reproche, de chaque forme de réhabilitation. Quand bien même ces processus ne sont pas justifiés, il prend un malin plaisir, et il le fait avec talent, à tout réfuter, sans nuance, sans aucun doute.
Voilà un bien étrange ouvrage. L’auteur Bastien Vivès a été accusé d’un crime grave, et condamné par une partie de l’opinion, après deux classements sans suite, et avant le jugement des plaintes postérieures. Il utilise sa possibilité de répondre avec une œuvre qui porte le titre explicite de La vérité sur l’affaire Vivès. Il fait à nouveau preuve d’une élégance dans la narration visuelle, d’une précision minimaliste d’une incroyable justesse et d’une efficacité imparable, pour des moments très drôles. Dans le même temps, il tourne en dérision et ridiculise chaque contradicteur, avec verve et sans questionnement. Il répare l’injustice qu’il a subi, sans volonté d’analyse.
C’est une œuvre assez spéciale, parue dans un Japon qui vivait son Mai 68 réprimé et qui aura vu différents courants artistiques en émerger, Élégie en rouge en est un beau symbole. Cette BD raconte l’histoire de deux artistes qui vivent la désillusion de leur époque et passent leur temps à travailler, rêver, boire et subir les attentes sociétales qui leurs sont imposées. Les textes ne font souvent pas de sens ou bien ne se suivent pas (ce qui a sûrement un sens mais pas vraiment dans le cadre d’une lecture normale). Les dessins sont vraiment beaux, les jeux de noir et blanc ou encore la mécanique des corps est vraiment plaisante à lire. Le mix des trois couleurs blanc-noir-rouge est également agréable à l’œil (sur ce point l’édition française est vraiment supérieure à l’édition anglaise qui n’est malheureusement que en noir et blanc). Au final Élégie en rouge fait penser à la plupart de films de Godard, c’est sympa, il y a des bonnes idées esthétiques, ça parle de thèmes qui m’interpellent, mais c’est avant tout sans queue ni tête, les scènes ne font pas de sens être elles à un tel point que ça en devient chiant et on est bien content quand ça finit.
Une œuvre qui vaut le coup d’être lue pour se plonger dans la culture d’un Japon post-68, mais pas forcément pour l’histoire (à moins que vous complétiez ça avec une analyse de texte, pour cela la préface de l’édition Cornélius donne un bel aperçu de l’importance de l’œuvre dans son époque et à quel point les détails qui parcourent l’œuvre sont précieux).
Petit ouvrage d’une vingtaine de pages, Monkey and the Living Dead est une des premières œuvres de Doucet. Elle est plus souvent disponible dans des compilations (tels Dirty Plotte et Maxiplotte en fonction de votre langue !). Bien qu’il s’agisse d’une œuvre mineure, elle est tout de même assez divertissante et amusante (bien plus que "L’Affaire Madame Paul !"). Il s’agit d’une mini-histoire qui entraine l’autrice et des personnages de chats pervers et pervertis qui se baladent dans les rues et les commerces de Montréal. Un style de dessin fidèle au travail de Doucet.
J’ai lu sans trop de déplaisir – mais sans non plus accrocher plus que ça – les deux premiers tiers de cette histoire, me demandant vers quoi ça allait m’embarquer. Le malaise de la jeune femme, les mots laissés devant chez elle par un énigmatique personnage me laissaient penser à un polar psychologique.
Et puis non, ça a basculé vers quelque chose d’autre, quelque chose qui ne m’a ni convaincu, ni vraiment intéressé. Je n’ai pas un instant cru à cette histoire d’influence psychologique assez machiavélique. Et du coup j’ai fini à reculons cette histoire d’amour peu emballante.
Le dessin est correct. Sans trop de détails, mais un Noir et Blanc au trait fin et lisible. C’est ailleurs que la bât blesse en ce qui me concerne.
Dès les premières pages de ce comics, on se demande de quand il date. Son dessin est en effet dans un style tellement désuet qu'il parait faire partie des vieux comics Marvel de Star Wars publiés entre 1977 et 1981. Est-ce un effet voulu ? C'est possible.
En effet, Splinter of the Mind's Eye, la nouvelle dont est adapté ce comics et écrite par Alan Dean Foster est en réalité la toute première nouvelle de l'univers étendu de Star Wars et elle date de 1978, avant même la sortie de l'Empire Contre-Attaque. Elle s'embarrasse peu de ce qui deviendra plus tard la continuité de l'univers Star Wars et emprunte beaucoup aux aventures heroic-fantasy et aux pulps.
Son adaptation en comics par contre date de 1995 mais peut-être les auteurs ont-ils eu la volonté de s'apparenter à ces anciens comics Marvel pour se rapprocher de l'âge de la nouvelle, tout en intégrant des éléments de l'univers qui apparaitront plus tard, comme le Super-Destroyer Executor par exemple.
Toujours est-il que, passé la curiosité de découvrir l'objet et le scénario de cette toute première nouvelle de l'univers étendu, Le Cristal de Kaïburr m’a franchement déçu. Le graphisme est maîtrisé et chaque planche prise indépendamment est plutôt jolie, mais le style est trop désuet, trop guindé et raide.
L’histoire, bien qu’ancrée dans l’univers de Star Wars, manque de profondeur et aligne les clichés et stéréotypes des récits de fantasy. On sort de cette lecture avec l’impression générale d’un produit dérivé sans véritable âme, qui surfe sur la popularité de la franchise en y appliquant une trame d'heroic-fantasy bidon, avec moultes péripéties, combats contre des sauvages indigènes et autres pseudo dinosaures.
Le scénario est prévisible et n’apporte rien de neuf à la mythologie de la saga, voire la dénature. Il est sensé se dérouler peu de temps après la destruction de l'Etoile Noire et avant que Luke rencontre Yoda mais il maîtrise déjà son sabre laser et la télékinésie. Pire, il va affronter Vador (qui l'appelle Skywalker sans faire le lien avec son fils) et va jusqu'à le vaincre et lui couper le bras, comme un héros de fantasy qui gagne toujours à la fin. Quant à la fameuse Pierre de Kaïburr si puissante et pratique, les héros l'emmènent comme un trophée dont on n'entendra plus jamais parler.
C'est une lecture acceptable pour qui cherche un divertissement facile, désuet et stéréotypé, mais pour un fan de Star Wars c'est mauvais.
Décidément, je ne suis pas fan des séries du duo Aaron-Latour.
Déjà, je ne suis pas trop fan du dessin de Latour et particulièrement comment il dessine les visages des personnages. Ensuite, le scénario ne m'a pas trop passionné. À la limite, le premier tome se laisse lire même si le scénario est souvent convenu, mais ensuite je me suis ennuyé.
Comme dans l'autre série du duo 'Scalped', le scénario prend son temps au point de faire du sur-place pour raconter le passé de certains personnages. Cela ne me dérangerait pas si j'aimais les personnages et que je voulais en savoir plus sur eux, mais ils me laissent totalement indifférent. Je n’accroche pas à l’univers très viril des auteurs. Ce qui n'aide pas non plus c'est que la série semble être abandonnée et on ne saura pas la fin.
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Angel
L’histoire ne m’a pas vraiment emballé. On suit une jeune fille qui revient dans sa ville natale et retrouve un ami d’enfance devenu un obsédé du sexe. Chaque chapitre apporte une nouvelle situation, souvent tournée vers des problèmes sexuels, mais il n’y a pas de vrai fil conducteur. Tout est assez répétitif et prévisible. J’ai eu l’impression de lire toujours la même chose, et au bout de quelques tomes, ça devient lassant. Le manga mise tout sur l’humour et le sexe. L’humour est très basique, souvent lourd et basé sur des blagues grasses. Au début, ça peut faire sourire, mais à force, ça tourne en rond. Le côté érotique est omniprésent, mais sans vraiment apporter quelque chose de nouveau. Il y a quelques moments où l’histoire tente d’explorer des relations entre les personnages, mais ça reste très superficiel. Les personnages sont assez caricaturaux. L’héroïne semble avoir un peu de personnalité au début, mais elle finit par devenir un simple élément du décor. Le personnage principal masculin est un cliché du pervers maladroit. Les autres personnages sont là pour créer des situations absurdes et servir de prétexte aux scènes osées. Aucun ne m’a vraiment marqué ou donné envie de m’attacher à lui. Le style est typique des mangas des années 90. Ce n’est ni moche ni exceptionnel, mais ça manque parfois de finesse. Les scènes érotiques sont nombreuses et plutôt bien mises en scène, mais le reste est assez banal. Certains décors sont presque inexistants, et les expressions des personnages sont parfois exagérées au point d’en devenir ridicules. J’ai eu du mal à accrocher. L’humour est trop répétitif, l’histoire tourne en rond et les personnages sont oubliables. C’est une BD qui peut amuser un moment, mais pas sur la durée.
Hypnos (Milburn)
La couverture de ce one-shot avait attiré mon attention lorsque j'étais dans une des bibliothèques de ma ville et après avoir vu qu'il n'y avait aucun avis sur BDthèque, je l'ai emprunté. Après lecture, je comprends que personne n'avait avisé cet album qui ne sort pas du lot en ses temps de surproduction. Le dessin est un peu moyen ou du moins je ne suis pas trop fan de la manière dont sont dessinés les visages des personnages et encore moins lorsqu'ils bougent, on dirait des figurines figées même lorsqu'ils sont censés courir. Malgré tout, les passages muets offrent des cases pas mal et ce sont pratiquement les seuls moments qui m'ont un peu plus. Quant au scénario, l'actrice soulève des thèmes actuelles avec ses riches qui fuient la planète terre pour un paradis que peu de gens peuvent s'offrir et il sera aussi question de l'art et de sa subversion. Ses thèmes sont peut-être trop actuels parce que j'ai eu l'impression de les avoir déjà vu traités dans des œuvres de fictions plus captivant. Le scénario est convenu et poussif, les personnages ne sont pas attachants et on dirait que ça se termine au milieu du récit.
Les Chants du chaos
Dans le cadre de mon travail (qui consiste à acheter des BD pour les proposer à des lecteurs et trices), j’avais mis ce titre sur mes tablettes… pour la retirer aussi sec une fois la chose lue, à moitié certes. Mais c’est ainsi : certains bouquins vous tombent des mains. Pour des raisons diverses, pas toujours très nettes, mais toujours subjectives. Ce qui saute aux yeux, et qui constitue pour l’essentiel les raisons de mon intérêt de départ pour Les chants du chaos vol 1, c’est bien entendu le dessin, et plus généralement l’ambiance graphique forte qui en émane. Tout est fait pour nous mettre dedans : le trait est bien mis en valeur par un choix de couleurs attrayant, appliqué certes à grand renfort de palette numérique, et les pages de chapitre évoquent les vieux livres d’aventures médiévales. L’univers graphique se situe à mi-chemin entre l’Art Nouveau (Mucha notamment) et le folklore d’Europe de l’Est, voire nordique. Pour le reste, je suis désolé mais ce n’est pas très convaincant. Tellement peu convaincant que j’ai jeté l’éponge alors que je m’apprêtais à entamer le troisième chapitre, soit la page 60. Alors qu’est-ce qui coince ? Les dialogues d’abord. Ils sont modernes, trop modernes, quand ils ne tombent pas carrément à côté. En effets, les expressions employées, et cela dès les premières pages, sont des expressions d’aujourd’hui qui tranchent net avec le ton. Des exemples ? « t’es vraiment trop chiante », « maman a déjà assez de boulot », « t’as même pas les couilles de l’abattre de tes propres mains »… Bref ! Ces dialogues, qui plus est souvent trop longs, ne m’ont pas du tout aidé à entrer dans l’histoire. Je n’aime pas ce mélange ancien/moderne. Ou alors il faut qu’il soit utilisé avec parcimonie, comme le coup du plan furtif sur une paire de Converse dans le Marie-Antoinette de Sofia Coppola (bon, dans le cas présent, il ne s’agit pas de dialogue, mais on saisit l’idée). Et qu’est-ce que c’est que ces deux pages (32-33) de dialogues épistolaires façon échange de sms ???? Ca me sidère d’autant plus qu’est créditée en page de titre un ou une certain-e An Keo, « lectrice et aide-dialoguiste, quand même ! C’était bien la peine… Le scénario est mal fagoté. Ça donne l’impression de partir dans tous les sens. On s’attend à ce que cette affaire de contamination et de hauts murs prenne un peu toute la place, avec tout ce qui en découle (enquête, aventures…), mais ça s’enlise dans des considérations familiales longuettes et par trop insistantes. Enfin, les personnages, vaguement immatures quand ils ne sont pas carrément inconsistants… Bref ! Je suis bien curieux de recueillir l’avis d’autres lecteurs (et trices). Mais pour moi, c’est un bel objet, un très bel objet même, mais le tome 2 se fera sans moi.
Courts métrages (Projection privée/Trompeuse apparence)
Recueil d'histoires courtes et relativement mineures de Manara, cette BD n'attirera que les vrais fans de l'auteur. Le style graphique, bien sûr, est irréprochable : Manara est un maître du dessin, ses traits sont magnifiques, ses personnages impeccablement détaillés et ses filles ultra sensuelles. Mais côté scénario, j’ai eu du mal à accrocher comme trop souvent avec Manara. Les histoires sont courtes, parfois intrigantes, parfois déconcertantes au point d'y voir la retranscription de rêves débridés. Elles me sont apparues presque toutes trop superficielles, et l’élément érotique qui traverse chacune d'entre elles devient vite redondant. Ce qui me gêne, c’est cette impression de s’attarder davantage sur les scènes suggestives que sur un vrai développement narratif, ou alors je n'ai pas su capter le message derrière ces petites histoires. Bien sûr, pour ceux qui apprécient la sensualité de l’œuvre de Manara, ou qui cherchent une forme de rébellion ou un propos décalé, ça peut être plaisant, mais moi, ça m’a juste laissé perplexe. Il faut avouer aussi que je suis très peu sensible au surréalisme de manière générale. En résumé, Courts Métrages est une lecture agréable pour les amateurs de Manara, mais ça ne va pas plus loin. L’aspect visuel sauve un peu l’ensemble, mais en tant que recueil de récits, je suis resté assez indifférent.
La Vérité sur l'affaire Vivès
Faire de l’autobio, quelle horreur. - Ce tome contient une suite de vingt-trois scénettes consacrées à l’auteur ou à son avatar. Sa première publication date de 2024. Il a été réalisé par Bastien Vivès. Il comporte cent-cinquante-six pages de bande dessinée, en noir & blanc. Il révèle toute sa saveur si le lecteur est conscient des accusations d’apologie de pédocriminalité qui ont été portées contre l’auteur à partir du début des années 2010 (en particulier contre Les melons de la colère, 2011, La décharge mentale, 2018, Petit Paul, 2018), et l’annulation de l'exposition Carte blanche au festival international de bande dessinée 2023 à Angoulême. Depuis la rive droite, Bastien admire le quartier de Beaugrenelle de l’autre côté de la Seine, en tenant la poussette d’une main. Le journaliste venu pour l’interviewer arrive avec un peu de retard, et il présente ses excuses : c’est parce qu’il travaille de l’autre côté de Paris. Bastien attire son attention sur Beaugrenelle et lui explique que quand il a commencé la BD, il n’y avait rien ici, que des champs de patates tenus par de vieux Irlandais… et aujourd’hui c’est le futur de Paris. Il continue : ce sont leurs pères et leurs pères à eux qui ont fait sortir de la terre ces mastodontes. Il ajoute : N’empêche que la pédopornographie ça a toujours été la Rolls Royce de l’humour, tout comme les prouts et les blagues belges. Le journaliste lui fait observer que les Belges ont toujours détesté la condescendance des Français avec leurs blagues belges. Bastien rétorque que bien sûr que non, les Belges adorent ces histoires. Il en a raconté deux lors de son dernier passage à Bruxelles, ils étaient pliés en quatre. Le journaliste rebondit immédiatement en lui demandant s’il va souvent en Belgique. Bastien sourit : si son interlocuteur pense qu’il va tomber dans ce genre de pièce grossier… Son éditeur est belge, voilà tout. Bastien reprend : Dans cette affaire, il n’y a qu’une seule victime, c’est la bande dessinée. La bande dessinée qu’il aime tant, cet espace de liberté incroyable qu’il chérit depuis sa plus tendre enfance. Touché, le journaliste lui demande pourquoi il ne mettrait pas ça dans un album, en faire son grand œuvre. Été 1991, Bastien a sept ans. Sa famille se réunissait tous les étés dans le Sud de la France. Ils passaient la journée au bord de la piscine, avec ses cousins, cousines. Il a peu de souvenir des choses en général, mais ce moment il ne l’oubliera jamais. Il est dans la piscine avec ses lunettes de plongée ; le moment : celui de sa tante s’apprêtant à rentrer dans l’eau. Il a repensé à ce moment toute la journée sans savoir qu’il y repenserait toute sa vie et qu’il allait être l’élément matriciel de tout son travail en bande dessinée. Dès lors, encombré d’un pénis surdimensionné, sa scolarité fut plus que chaotique… Bastien revient au moment présent : son épouse lui dit qu’elle part au boulot, et elle lui demande si c’est aujourd’hui qu’il se rend chez la police. Il a son fils dans les bras, et il lui répond que oui, et qu’il passe chez BD Occaz’ avant. Bien sûr, il est possible de ne rien connaître de cet auteur, de n’avoir jamais entendu parler des accusations qui pèsent sur lui, de la polémique. Le lecteur découvre alors une bande dessinée vraisemblablement autobiographique (c’est l’auteur qui le dit dans le chapitre d’introduction), évoquant un acte répréhensible de nature pédocriminelle, même s’il n’est pas explicité, vraisemblablement une bande dessinée impliquant un acte sexuel avec un enfant. Le récit se présente sous la forme d’un prologue, et de vingt-deux chapitres comptant entre cinq et huit pages chacun, pouvant aller jusqu’à dix pages pour deux d’entre eux. La mise en page présente des caractéristiques très particulières : absence de bordure pour les cases, généralement deux dessins par pages, des arrière-plans majoritairement vides, quelques accessoires et meubles, des personnages présentant un niveau de détail s’approchant du croquis. Le lecteur observe également que le dessinateur utilise la technique de reproduire le même dessin à plusieurs reprises sur la même page, sur plusieurs pages à suivre : comme un plan fixe au cours duquel les mouvements des personnages sont insignifiants, leurs expressions de visage restent invisibles, toute la narration est portée par leur posture et les dialogues. L’introduction établit sans doute possible qu’il s’agit d’un récit humoristique jouant dans le registre de l’absurde, avec cette évocation hors de propos des Irlandais et de leurs champs de patates. Régulièrement, ses interlocuteurs rappellent à Bastien que la pédophilie ne prête pas à rire, qu’elle ne peut pas faire l’objet de blagues. Mais quand même… Cette bande dessinée paraît à l’automne 2024 : Bastien Vivès est alors l’auteur de plus d’une quarantaine de bandes dessinées, et certaines procédures judiciaires à son encontre n’ont pas encore fait l’objet d’un jugement. Au cours de la bande dessinée, le personnage principal est appelé Bastien Vivès de manière explicite… et dans le même temps la mise en œuvre d’un comique dans le registre de l’absurde indique clairement qu’il s’agit plus d’une autofiction que d’une autobiographie. À partir de là, libre au lecteur de projeter ce qu’il veut dans chaque scénette, de soupeser le pourcentage de réalité contenu dans chaque chapitre. Concrètement, il lui est impossible de savoir, ce qui provoque un automatisme de prise de recul très déstabilisant. Il s’agit donc d’une fiction, et dans le même temps chaque situation semble authentique et réelle, entre processus de prévention, de réhabilitation morale de l’individu, même s’il est supposé être innocent tant qu’un jugement n’a pas été prononcé. Il tombe sous le sens qu’il soit convoqué par la police pour être entendu, qu’il doit (sur un plan moral) se soumettre à une remise en question, et qu’elle pourrait très bien prendre la forme d’un stage, à l’instar des conducteurs qui veulent retrouver des points sur leur permis, après des infractions ayant donné lieu à des procès-verbaux. Le lecteur se trouve tout de suite convaincu par l’attitude de Bastien Vivès (le personnage) qui ne peut pas s’empêcher de faire de l’humour sur ce même sujet. Pour autant, son séjour en prison dépasse la réalité, puisqu’il n’a pas été condamné à une telle peine au moment où il réalise la présente bande dessinée. Par voie de conséquence, puisqu’il s’agit plus d’une fiction que de la réalité, le lecteur s’en trouve dédouané : il peut rire sans honte, sans arrière-pensée, sans se demander s’il cautionnerait quelque chose. En effet, l’humour de ces scénettes atteint sa cible pile entre les deux yeux : l’auteur marie l’exagération et l’absurde, du décalage, avec une précision imparable et un sens de l’économie incroyable en faisant un usage sophistiqué des sous-entendus et des non-dits. Bastien réagit à la seconde près sur le sous-entendu relatif à la Belgique, c’est-à-dire ses affaires de pédophilie. Puis le jeune Bastien marqué à jamais par la poitrine de sa tante moulée dans son maillot de bain : entre traumatisme indépassable et révélation, tout ça avec quelques tâches de noir qui ne sont rendues suggestives que par le bref commentaire. Puis la mention que ce moment clé a changé sa vie à jamais, et est l’élément matriciel de tout son travail en bande dessinée, entre dramatisation et autodérision (avec l’évidence que la majorité de la population masculine a vécu un moment similaire d’éveil sexuel devant le corps d’une femme). Bastien se retrouve dans un bureau devant deux policiers qui lui indiquent qu’il doit faire un stage anti-pédophilie, ce à quoi il répond qu’il n’est pas pédophile : imparable. Le lecteur subit comme lui le paradoxe imbécile de se voir projeter des images, avec des électrodes implantées pour tester ses réactions et déceler de tendances pédophiles, mais la docteure qui rectifie leur implantation est une magnifique blonde avec une grosse poitrine. Impossible de résister à l’intervenante sur le module de la bande dessinée déconstruite qui se trompe sur le genre d’un participant, et qui démission à la suite de cette erreur gravissime de mégenrage. Ou madame Vivès qui vient chercher son époux à la sortie de prison, et qui discute avec le gardien comme si elle venait chercher un enfant à la sortie de la crèche, ou encore l’analyse faite par l’éditeur de la BD proposée par Vivès, analyse réalisée par un robot et qui conclut à la composition suivante : 9% raciste, 17% sexiste, 12% misogyne, 3% négationniste, 2% antisémite et 88% pédophilie. Ben si, il y a forcément des arrière-pensées à la lecture. L’auteur s’offre un droit de réponse sous la forme d’une bande dessinée, à des accusations pour lesquelles le procès ne s’est pas encore tenu. C’est plus compliqué que ça bien sûr : il y a eu deux classements sans suite à des signalements concernant Petit Paul, et d’autres plaintes déposées ensuite. C’est plus compliqué que ça : Bastien Vivès met en scène l’absurdité de suivre un stage anti-pédocriminalité alors qu’il n’a jamais été condamné. Il tourne en dérision ses interlocuteurs qui interprètent chacune de ses phrases avec l’intention d’y voir de la pédocriminalité. Il met en scène un intervenant lui-même accusé du même crime, vestimentairement. Il montre que cela ne sert à rien de protester : entre ses parents qui aggravent son cas en s’exprimant mal à la radio, l’analyse de son prochain ouvrage par un robot servant de lecteur sensible, ou même une tentative d’explication dans une émission de radio où le comique de service tourne tout à la dérision faisant tourner court tout début d’explication complexe. Il conclut avec un chapitre où des Japonais viennent sonner chez lui pour qu’il réalise un manga avec les mêmes caractéristiques, au Japon, pour le marché japonais, car culturellement cela correspond à critères mis en avant comme étant de qualité, sans une once de quelque criminalité potentielle. D’un côté, le lecteur prend fait et cause pour le narrateur pour les situations ubuesques auxquelles il doit se soumettre ; de l’autre côté, l’auteur réalise bien un ouvrage qui fait explicitement référence (rien que le titre) au lynchage médiatique qu’il a subi, en se moquant systématiquement de chaque reproche, de chaque forme de réhabilitation. Quand bien même ces processus ne sont pas justifiés, il prend un malin plaisir, et il le fait avec talent, à tout réfuter, sans nuance, sans aucun doute. Voilà un bien étrange ouvrage. L’auteur Bastien Vivès a été accusé d’un crime grave, et condamné par une partie de l’opinion, après deux classements sans suite, et avant le jugement des plaintes postérieures. Il utilise sa possibilité de répondre avec une œuvre qui porte le titre explicite de La vérité sur l’affaire Vivès. Il fait à nouveau preuve d’une élégance dans la narration visuelle, d’une précision minimaliste d’une incroyable justesse et d’une efficacité imparable, pour des moments très drôles. Dans le même temps, il tourne en dérision et ridiculise chaque contradicteur, avec verve et sans questionnement. Il répare l’injustice qu’il a subi, sans volonté d’analyse.
Élégie en rouge
C’est une œuvre assez spéciale, parue dans un Japon qui vivait son Mai 68 réprimé et qui aura vu différents courants artistiques en émerger, Élégie en rouge en est un beau symbole. Cette BD raconte l’histoire de deux artistes qui vivent la désillusion de leur époque et passent leur temps à travailler, rêver, boire et subir les attentes sociétales qui leurs sont imposées. Les textes ne font souvent pas de sens ou bien ne se suivent pas (ce qui a sûrement un sens mais pas vraiment dans le cadre d’une lecture normale). Les dessins sont vraiment beaux, les jeux de noir et blanc ou encore la mécanique des corps est vraiment plaisante à lire. Le mix des trois couleurs blanc-noir-rouge est également agréable à l’œil (sur ce point l’édition française est vraiment supérieure à l’édition anglaise qui n’est malheureusement que en noir et blanc). Au final Élégie en rouge fait penser à la plupart de films de Godard, c’est sympa, il y a des bonnes idées esthétiques, ça parle de thèmes qui m’interpellent, mais c’est avant tout sans queue ni tête, les scènes ne font pas de sens être elles à un tel point que ça en devient chiant et on est bien content quand ça finit. Une œuvre qui vaut le coup d’être lue pour se plonger dans la culture d’un Japon post-68, mais pas forcément pour l’histoire (à moins que vous complétiez ça avec une analyse de texte, pour cela la préface de l’édition Cornélius donne un bel aperçu de l’importance de l’œuvre dans son époque et à quel point les détails qui parcourent l’œuvre sont précieux).
Monkey and the Living Dead
Petit ouvrage d’une vingtaine de pages, Monkey and the Living Dead est une des premières œuvres de Doucet. Elle est plus souvent disponible dans des compilations (tels Dirty Plotte et Maxiplotte en fonction de votre langue !). Bien qu’il s’agisse d’une œuvre mineure, elle est tout de même assez divertissante et amusante (bien plus que "L’Affaire Madame Paul !"). Il s’agit d’une mini-histoire qui entraine l’autrice et des personnages de chats pervers et pervertis qui se baladent dans les rues et les commerces de Montréal. Un style de dessin fidèle au travail de Doucet.
Garder le lien - Longueur d'ombre
J’ai lu sans trop de déplaisir – mais sans non plus accrocher plus que ça – les deux premiers tiers de cette histoire, me demandant vers quoi ça allait m’embarquer. Le malaise de la jeune femme, les mots laissés devant chez elle par un énigmatique personnage me laissaient penser à un polar psychologique. Et puis non, ça a basculé vers quelque chose d’autre, quelque chose qui ne m’a ni convaincu, ni vraiment intéressé. Je n’ai pas un instant cru à cette histoire d’influence psychologique assez machiavélique. Et du coup j’ai fini à reculons cette histoire d’amour peu emballante. Le dessin est correct. Sans trop de détails, mais un Noir et Blanc au trait fin et lisible. C’est ailleurs que la bât blesse en ce qui me concerne.
Star Wars - Le Cristal de Kaïburr (La Pierre de Kaiburr)
Dès les premières pages de ce comics, on se demande de quand il date. Son dessin est en effet dans un style tellement désuet qu'il parait faire partie des vieux comics Marvel de Star Wars publiés entre 1977 et 1981. Est-ce un effet voulu ? C'est possible. En effet, Splinter of the Mind's Eye, la nouvelle dont est adapté ce comics et écrite par Alan Dean Foster est en réalité la toute première nouvelle de l'univers étendu de Star Wars et elle date de 1978, avant même la sortie de l'Empire Contre-Attaque. Elle s'embarrasse peu de ce qui deviendra plus tard la continuité de l'univers Star Wars et emprunte beaucoup aux aventures heroic-fantasy et aux pulps. Son adaptation en comics par contre date de 1995 mais peut-être les auteurs ont-ils eu la volonté de s'apparenter à ces anciens comics Marvel pour se rapprocher de l'âge de la nouvelle, tout en intégrant des éléments de l'univers qui apparaitront plus tard, comme le Super-Destroyer Executor par exemple. Toujours est-il que, passé la curiosité de découvrir l'objet et le scénario de cette toute première nouvelle de l'univers étendu, Le Cristal de Kaïburr m’a franchement déçu. Le graphisme est maîtrisé et chaque planche prise indépendamment est plutôt jolie, mais le style est trop désuet, trop guindé et raide. L’histoire, bien qu’ancrée dans l’univers de Star Wars, manque de profondeur et aligne les clichés et stéréotypes des récits de fantasy. On sort de cette lecture avec l’impression générale d’un produit dérivé sans véritable âme, qui surfe sur la popularité de la franchise en y appliquant une trame d'heroic-fantasy bidon, avec moultes péripéties, combats contre des sauvages indigènes et autres pseudo dinosaures. Le scénario est prévisible et n’apporte rien de neuf à la mythologie de la saga, voire la dénature. Il est sensé se dérouler peu de temps après la destruction de l'Etoile Noire et avant que Luke rencontre Yoda mais il maîtrise déjà son sabre laser et la télékinésie. Pire, il va affronter Vador (qui l'appelle Skywalker sans faire le lien avec son fils) et va jusqu'à le vaincre et lui couper le bras, comme un héros de fantasy qui gagne toujours à la fin. Quant à la fameuse Pierre de Kaïburr si puissante et pratique, les héros l'emmènent comme un trophée dont on n'entendra plus jamais parler. C'est une lecture acceptable pour qui cherche un divertissement facile, désuet et stéréotypé, mais pour un fan de Star Wars c'est mauvais.
Southern Bastards
Décidément, je ne suis pas fan des séries du duo Aaron-Latour. Déjà, je ne suis pas trop fan du dessin de Latour et particulièrement comment il dessine les visages des personnages. Ensuite, le scénario ne m'a pas trop passionné. À la limite, le premier tome se laisse lire même si le scénario est souvent convenu, mais ensuite je me suis ennuyé. Comme dans l'autre série du duo 'Scalped', le scénario prend son temps au point de faire du sur-place pour raconter le passé de certains personnages. Cela ne me dérangerait pas si j'aimais les personnages et que je voulais en savoir plus sur eux, mais ils me laissent totalement indifférent. Je n’accroche pas à l’univers très viril des auteurs. Ce qui n'aide pas non plus c'est que la série semble être abandonnée et on ne saura pas la fin.