Un petit avis rapide qui rejoindra celui de Gaston.
Alors que je suis amateur de la série mère, cette déclinaison dans un monde Fantasy est à éviter. Je ne vais pas dire que c’est nul mais on en est pas loin, je n’ai adhéré à aucunes des idées du scénario.
Déjà on perd en diversité de situations, ici il n’y a qu’un protagoniste principal et ce dernier apparaît bien palot. Ensuite je n’aime pas le pourquoi du comment du harem, en gros notre jeune héros, suite à une incantation, peut donner son fluide à la gente féminine pour réciproquement gagner en force/pouvoir, son but étant de retrouver son amour de jeunesse et s’imposer dans la famille royale.
Vraiment peut pas mieux faire d’un point de vue histoire !? Ce n’est juste prétexte qu’à un défilé de persos féminins (elfe, général, espionne …) autour de notre héros qui prendra vite le pli. D’ailleurs l’évolution de son caractère fait peur à voir.
Bref c’est vraiment pas bien folichon à suivre (même pour le genre) et ce qui entérine cette idée est la partie graphique. Plutôt bonne et efficace sauf pour les scènes « hot », un comble !!, que je trouve moches, des angles improbables qui ne servent à rien et une tendance à montrer tout ce qui suinte, le tout en devient inesthétique.
Bref passez votre chemin, je n’ai pas vu grand chose à sauver. Je m’attendais à mieux avec le côté dark fantasy.
J’avais relativement bien aimé la première série de ces 2 autrices, Monstress. J’ai donc acheté leur nouvelle BD, attiré par leurs noms sur la jolie couverture, mais aussi par le résumé en quatrième de couverture… mauvaise pioche !
J’ai rarement autant eu l’impression de ne pas faire partie du public visé. Je m’attendais à une intrigue tintée de mystère et de fantastique, et je me retrouve avec une histoire de démons gore et confuse, des personnages typés manga antipathiques, et un dessin certes joli en apparence, mais qui contient quand même beaucoup d’approximations et de tics « super deformed ».
Je pense que cette série trouvera son public, mais c’est pas du tout ma came. Je doute lire la suite.
Plusieurs affrontements, sans rime ni raison
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Ce tome comprend une histoire complète, indépendante de la continuité des deux principaux personnages. Il contient les 6 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2005/2006, écrits, dessinés et encrés par David Lapham, avec une mise en couleurs réalisées par Edgar Delgado.
À New York, un jeune couple allongé sur l'herbe profite du soleil en se bécotant. À 2 mètres d'eux, se trouve le cadavre d'un pigeon qui commence à être rongé par les vers. Dans les brèves cellules de texte, la voix du Punisher commente le faux calme et promet une rétribution fatale à tous les criminels. Hammerhead (chef de la Maggia, une organisation criminelle) est de retour en ville et il profite du vide dans les hauts échelons pour consolider son assise de pouvoir. Ce soir il dîne dans un restaurant. Punisher l'a dans sa lunette de visée, et s'apprête à l'abattre d'une balle dans la nuque (partie de sa tête qui n'est pas protégée par une plaque de métal). Sur le point de l'abattre, il en est empêché par l'irruption de Daredevil. Après quelques coups, Punisher parvient à s'en aller, en s'étant fait casser le nez par son opposant.
Plus tard, Punisher observe les derniers étages d'un gratte-ciel dans lequel Hammerhead a élu domicile et dont il ne sort plus. Il repère la présence du Chacal (Jackal, c'est-à-dire Miles Warren). Il est lui-même observé par Daredevil qui réussit à ne pas se faire voir. Après son repérage, Frank Castle se rend dans un petit resto de quartier où il s'attable en attendant son gibier. Visiblement, le patron a été tabassé récemment par ceux qui le rackettent en échange de protection. Son Martin et sa fille Mary travaillent dans le resto. Mary sert Castle, il a l'impression qu'elle ressemble à sa défunte femme Maria. Elle repère son flingue prêt à servir. Des gros durs arrivent pour réclamer l'argent de la protection. Par la suite, Martin réussit à se procurer un revolver car il en a marre de vivre sous la menace du retour de ces racketteurs.
Après le passage de Frank Miller sur la série Daredevil (de 1979 à 1983), les rencontres entre Daredevil et Punisher sont presque devenues un sous-genre à part entière, une manière d'opposer l'appareil de la Justice avec toutes ses imperfections, à une justice expéditive et définitive (dispensée par Frank Castle qui a pour lui l'avantage de ne jamais se tromper sur la culpabilité de quelqu'un). Cela a donné lieu à des rencontres mémorables comme celle orchestrée à deux voix par Ann Nocenti et Mike Baron, ou encore celle réalisée par Garth Ennis et Steve Dillon dans la série Marvel Knights du Punisher. Pour cette minisérie dédiée à la relation conflictuelle entre les deux héros, les responsables éditoriaux ont confié la tâche à David Lapham, un auteur spécialisé dans les polars à forte tension dramatique, en particulier sa série Stray Bullets. C'est un auteur habitué à réaliser ses séries intégralement, scénario + dessins.
Le lecteur est un peu déstabilisé par le portrait du Punisher que dresse Lapham. Il ne s'agit pas de la version MAX (celle définitive écrite par Garth Ennis), ni de la version paramilitaire. L'auteur revient à une version plus années 1970, précédant même celle de Steven Grant & Mike Zeck (voir The Punisher : Cercle de sang). Frank Castle est seul contre tous, il est convaincu du bien-fondé de sa mission d'exterminer les criminels de manière définitive. Sa voix intérieure est froide et analytique, mais sans le jargon militaire spécialisé des armes, ni le nihilisme institué par Steven Grant. En ce sens Lapham ne souhaite pas réaliser une imitation inférieure à la version de Garth Ennis. Il reprend l'idée d'un individu normal, traumatisé par la mort de sa femme et de ses enfants, et doué d'un sens stratégique et tactique hors du commun. D'un point de vue visuel, Lapham reprend également l'étrange ceinture composée de tubes (empêchant son porteur de se pencher en avant), les gants blancs et les bottes blanches. C'est vraiment un retour de la version initiale lors de sa première apparition dans la série Amazing Spider-Man en 1974. Cet hommage est renforcé par les apparitions de Miles Warren, celui qui avait initialement monté Punisher contre Spider-Man.
Du coup le lecteur a bien du mal à ressentir de l'empathie pour ce simple exécuteur, un peu trop rentre-dedans, ne réfléchissant pas bien aux conséquences de ses actes. Il lui reste son infaillibilité quant à qui est coupable, mais pas grand-chose d'autre pour susciter une quelconque empathie de la part du lecteur. Or David Lapham a choisi de donner plus de place au Punisher qu'à Daredevil. Ce dernier ne dispose que de peu de cellules de texte donnant accès à sa pensée, et pas d'occasion de mettre en valeur le caractère indispensable d'un appareil de justice s'appliquant à tout le monde. Dans cette approche très personnelle de la dramaturgie, l'auteur introduit un personnage secondaire en la personne de l'adolescent Martin qui voit Punisher exécuter froidement une dizaine de voyous, ceux qui viennent racketter son père. Il décide de prendre lui aussi les choses en main et de se doter d'une arme à feu. le lecteur se retrouve donc à suivre les actions du Punisher pour tenter d'éliminer Hammerhead (vraisemblablement le personnage de Wilson Fisk n'était pas disponible pour cette histoire, ou son importance trop grande aurait dénaturé le récit), Martin découvrant les responsabilités et les tentations qui accompagnent la détention d'une arme à feu, et Daredevil qui essaye de calmer le jeu.
David Lapham est donc un auteur complet qui réalise ses propres dessins, avec une habitude de travailler en noir & blanc, par exemple dans la série Stray Bullets, mais aussi pour le récit complet Tue-moi à en crever et d'autres. Il a également réalisé une série hallucinante Young Liars (en 3 tomes) qui était en couleurs, plutôt plates. Ici, Edgar Delgado choisit de tirer parti des capacités de l'infographie en jouant sur les nuances de couleurs pour ajouter du volume aux surfaces, avec des teintes parfois un brillantes, comme il est de coutume pour les comics de superhéros. le mariage avec les planches de Lapham n'est pas très heureux, l'un tirant vers une histoire de superhéros avec panache, l'autre vers un récit plus intimiste et plus noir.
En effet Lapham emploie une approche graphique concrète, avec un bon niveau de détails. Il dessine des personnages avec des proportions anatomiques réalistes, sans musculatures aux stéroïdes, juste un peu exagérée pour Daredevil et Punisher. le lecteur voit bien que l'artiste simplifie les contours de formes et les textures par rapport à une approche photoréaliste, mais sans sacrifier les détails. Cela aboutit à des personnages crédibles et plausibles, avec des visages expressifs mais pas très jolis. David Lapham ne transforme chaque individu en top-modèle, il préfère montrer des gens normaux, avec des visages pas forcément avenants. Il ne lésine pas sur les détails quand le besoin s'en fait sentir : les enseignes aux néons dans un dessin pleine page avec Castle marchant sur un trottoir de New York, les produits sur es rayonnage d'une supérette, les malades en attente dans un hôpital, les voitures de police devant un immeuble cerné, etc. Il utilise une mise en page assez sage, à base de cases rectangulaires juxtaposées. le lecteur familier de Stray Bullets retrouve quelque page découpée en 4 bandes de 2 cases, une structure qu'affectionne l'artiste.
Pour les différents affrontements, à main nue, ou avec arme à feu, David Lapham utilise également une approche réaliste. Les combats ne sont pas chorégraphiés jusqu'à en devenir des ballets, mais les mouvements et les déplacements des personnages sont logiques, s'enchaînent correctement et le lecteur peut retracer leurs différents positionnements s'il le souhaite. Les coups portés n'ont rien d'élégants (il n'y a pas de glorification de la violence sous forme de spectacle) et les individus accusent le coup quand ils sont touchés. Les balles tirées blessent, laissent des traces, et les individus touchés portent des pansements par la suite. L'auteur n'évite quand même pas le cliché du Punisher et de Daredevil qui encaissent bien les coups, qui sont résistants à la douleur et qui guérissent quand même assez vite.
Arrivé à la fin du récit, le lecteur s'interroge sur son sens. Daredevil et Punisher se sont affrontés à plusieurs reprises : la promesse du titre est bien tenue. le récit n'a aucun impact sur la continuité du Punisher ou de Daredevil, encore moins d'Hammerhead, et le lecteur se demande encore ce que venait faire Jackal dans le récit. La confrontation idéologique entre les 2 concepts de la justice n'a pas eu lieu, voire personne n'est passé devant un juge. David Lapham semble donner tort à la position de Frank Castle, puisque du début à la fin ses actions auront surtout eu pour conséquence d'aggraver la situation : attiser les représailles du gang d'Hammerhead, mettre en danger Martin et sa soeur, blesser un sans-abri. Daredevil n'aura fait que contrecarrer Punisher, en passant lui aussi pour un individu incapable de contrecarrer Punisher, autrement qu'en lui tapant dessus. Il reste le parcours de Martin, soumis à la loi du plus fort, voyant son père courber l'échine sous les coups des racketteurs, sans broncher ni essayer de se rebeller. Ce jeune homme acquiert une arme à feu et découvre petit à petit le pouvoir et les responsabilités qui vont avec, la sécurité toute relative qu'elle procure puisqu'il est incapable de protéger sa soeur qui subit un sort atroce (bien exposé par l'auteur qui évite tout forme de voyeurisme).
Ces confrontations entre Daredevil et Punisher ne resteront pas dans les annales de l'un ou l'autre des 2 personnages. David Lapham a composé un récit bien construit, bien nourri, comportant des questionnements moraux complexes. Mais il s'avère incapable de susciter l'empathie du lecteur du fait de personnages peu développés, d'une confrontation idéologique qui n'a pas lieu, d'affrontements finalement uniquement physiques. À la fin le lecteur est empli d'admiration pour la résilience de Mary et regrette que le récit n'ait pas été centré sur ce personnage.
Je n'ai pas été convaincu par cette hypothétique version de Chabouté sur Landru. Je rejoins la remarque d'ArzaK sur la chose jugée que l'on peut tournicoter à son aise. Landru innocente victime est un point de vue audacieux et original mais la plupart des situations proposées m'ont agacé.
Dès le départ j'ai tiqué. En effet Chabouté se la joue précision historique avec minutes d'un procès qui est resté dans les annales de la justice. En face Chabouté utilise une licence artistique qui multiplie les facilités et le convenu : lettre incendiaire qui passe à travers la censure grâce à une combine, blessé grave qui garde la force et la lucidité pour franchir les lignes grouillantes de troupes et peut faire plusieurs dizaines de km en moins de deux jours, médecin miraculeux qui le rétablit immédiatement etc etc.
Cette accumulation de facilités plus une répétition des scènes d'attrape naïves m'a vite lassé. Un final qui vire à la théorie du complot a complété mon scepticisme.
Bien sûr c'est construit avec maîtrise et l'ambiance glauque est très réussie. Bien sûr le N&B de Chabouté reste un exemple. Toutefois quand on connait l'œuvre de l'auteur on retrouve toujours le même visage et les mêmes expressions.
In fine je me suis perdu sur la thématique première proposée par Chabouté : réquisitoire contre la guerre ? contre la peine de mort ? dénonciation d'une justice manipulée ? Simple exercice de style artistique ? Je ne sais pas mais ce Chabouté ne m'a pas accroché.
Albert Chartier a été un des pionniers de la bande dessinée québécoise et a aussi été un des premiers qui a réussi à en vivre alors que le Québec était un petit marché envahi par la BD américaine et européenne. Il est donc un auteur important et Bouboule constitue la première bande dessinée qu'il a faite.
Ce sont des gags en une page parus dans les années 30, et l'humour accuse son âge. Des chutes qui j'imagine étaient plus marrantes il y a plus de 80 ans semblent maintenant convenues et manquer d'originalité. Le scénariste était journaliste et c'est sa seule expérience en BD et disons que cela se voit un peu, parce que certains gags sont tout de même un peu trop laborieux. Ajoutons qu'en plus Chartier était un débutant à l'époque, et cela donne des cases parfois un peu trop chargées, et la narration n'est pas dynamique comme dans ses créations ultérieures.
Bref, c'est vraiment le genre d'album qui n'est intéressant que d'un point de vue historique. Les historiens de la BD vont aimer alors que le public en général va trouver que c'est un truc désuet. À la limite, une curiosité à lire, mais pas à posséder.
Je ne comprends vraiment pas cette BD. Et pourtant la couverture, le sujet et les promesses qui y sont décrites m'intéressaient ! Mais j'en suis sorti sur un gros soupir plutôt qu'un gros sourire, et je n'ai l'impression d'en voir que les défauts.
La BD est écrite à beaucoup de mains, puisque ce sont 5 femmes qui racontent leur voyage, assistées de 5 dessinatrices, une coordinatrice/scénariste, une coloriste ... Une BD écrite par 15 femmes, tout de même !
Mais je n'ai pas du tout adhéré à ce qui y est présenté. Déjà à cause de biais tout personnel, et notamment la question écologique. Des cinq femmes présentées ici, une seule semble avoir une sensibilité écologique, qui n'est pas vraiment au coeur de son exploration, mais tout le reste est catastrophique : voyage en avion en tout sens, sans jamais se poser la question du cout environnemental de ces voyages. Pour une BD parue en 2024, c'est une lacune que je n'arrive pas à pardonner.
D'autre part, les femmes présentées ici sont majoritairement des femmes de Paris, au train de vie aisée et qui n'ont aucun soucis d'argent pour voyager quand elles le veulent. Lorsqu'une quitte son travail pour voyager, elle revient et en retrouve un sans souci. C'est une tranche de population bien précise qui est présentée ici, assez loin de mes réalités. La question de l'argent n'est jamais évoquée clairement, mais elle me semble également cruciale pour les voyages. Ca coute cher, le pégu moyen n'en a pas les moyens et je ne parle pas des soucis autres (créneaux disponibles, garde d'enfants, etc ...). Bref, on est dans une catégorie de population bien précise pour laquelle ces questions matérielles se posent clairement moins. C'est du coup difficile pour moi de m'identifier à ces personnes et me dire que je vais faire comme elle. Lorsque ça fait huit mois que je galère à trouver un travail alors que je veux quitter le mien, il ne me vient pas du tout à l'esprit de tout plaquer pour bouger parce que j'en ai envie. Et je ne parle pas de ma conscience écologique qui m'en empêche !
En fait, j'ai l'impression de voir des scènes déjà-vu mille fois : je vais en Inde pour me ressourcer avant de rentrer vivre à Paris sans me soucier ni de l'impact de mon voyage ni de ce que je pourrais réellement faire pour aider ces pays, je pars télétravailler dans un endroit qui me plait plus et au train de vie plus agréable, je fais un voyage qui me permet de déconnecter ... Le tout avec des principes parfois très contraire aux miens, donc je n'arrive pas à rentrer en empathie et en résonance avec le message.
D'ailleurs le message est assez étrangement présenté : on nous présente cinq femmes voyageant seules, mais j'ai rarement vu en quoi le fait d'être une femme est important ici. Lorsque j'entends femme qui part seule, j'aurais plusieurs questions sur la façon dont la société les voit et les envisage, quelles sont les difficultés qu'elles affrontent parce qu'elles sont des femmes, etc ... Ici, il n'y a rien de spécial à ce niveau-là, ou très rarement. La majorité de la BD ne changerait pas de message si la personne était un homme, rendant assez inintéressant l'aspect "5 femmes voyagent".
En fait, je suis assez étonné parce qu'il y a de quoi faire dans la BD pour aborder des thématiques d'actualités et carrément intéressantes : les voyages à moindre cout écologique (comme le vélo), la question de vivre en dehors de la France avec ce que le déracinement comporte comme poids, la question de voyager seul alors qu'on a des enfants, la part de chacun dans un couple lorsqu'on fait ce choix, etc ... Il y a vraiment des supers départs de thématiques, hélas jamais abordées.
En fin de compte, ce que je retiens le plus de la BD c'est que sur 5 femmes, une seule s'intéresse à l'écologie mais prend l'avion pour ensuite faire du vélo en Norvège, donc qu'on est foutu. Et je ne suis pas du tout sur que c'était le message que les autrices voulaient donner.
J'ai lu le best-seller de Yuval Noah Harari en version originale il y a quelques années. Je me suis posé plusieurs fois la question d'y revenir car j'ai trouvé son contenu très intéressant mais ai été découragé car il y a quand même un sacré volume à lire. En voyant cette BD, je me suis dit que je trouverais peut être une sorte de "digest" de l'oeuvre originale, qui plus est en version BD.
Il faut reconnaître que le défi est de taille : condenser des millénaires d’histoire en une série de tomes accessibles et visuellement attrayants. Le format BD permet effectivement de rendre le propos plus ludique, et l’équipe créative parvient à insuffler une certaine dynamique à des concepts parfois complexes. Les dessins, clairs et colorés, accompagnent agréablement le texte, rendant la lecture fluide et accessible.
C'est le choix de la narration sous forme de dialogues et d’exemples concrets, parfois humoristiques, qui ne fonctionne pas pour moi. Là où l’adaptation trébuche, c’est dans sa volonté de rendre l’histoire humaine « fun » à tout prix. Certes, la BD parvient à simplifier des concepts sans les trahir, mais à force de vouloir être trop didactique, elle frôle parfois la caricature. Les personnages, qui jouent le rôle de guides pédagogiques, sont souvent réduits à des archétypes, voire à des clichés. Les blagues et les anachronismes, bien que destinés à alléger le propos, m'ont très rapidement lassées au point que je ne suis pas allé au bout de ma lecture...
Je reconnais que c'est un exercice difficile et l'humour ne marche jamais pour tout le monde. J'ai par exemple largement préféré la manière dont Christophe Blain a adressé le sujet dans Le Monde sans fin.
C'est une œuvre à double tranchant. Elle réussit à rendre l’histoire accessible à un large public, mais au prix d’une simplification parfois excessive. Pour les néophytes, c’est une porte d’entrée dans l’univers de Harari, si on est compatible avec l'humour mis en oeuvre.
J’aime beaucoup les histoires de Pascal Rabaté avec un bémol, j’ai parfois l’impression de lire une demi histoire. C’est le cas avec celle-ci.
L’association avec Kokor au dessin fonctionne bien, j’ai trouvé le dessin sobre et efficace, au service des personnages et de l’histoire.
Le personnage d’Alexandrin, avec son amour des mots et son penchant pour l’alexandrin, semble vouloir incarner une certaine forme de poésie du quotidien. Réduire la poésie aux alexandrins est un peu réducteur je trouve, et je n’ai pas été convaincu ni dans le fond ni dans la forme.
Ses vers sont souvent bancals, parfois même à la limite de l’imparfait (rimes telles que “Kevin/rime”). Alexandrin modeste, n'atteint jamais Racine… La poésie, quand elle est bien maniée, peut transformer le banal en sublime. Ici, malheureusement, le sublime reste hors de portée.
Le récit, quant à lui, se contente d’effleurer des thèmes déjà bien explorés. Le poète-clochard englouti par une société de consommation indifférente, c’est un peu déjà-vu, et Rabaté ne parvient pas à insuffler une grande originalité à ce thème pourtant porteur.
C'est agréable à lire, esthétiquement plaisant mais décevant quand on sait de quoi peut être capable Pascal Rabaté. En tous cas je préfère lire Vive la marée !, Les Petits Ruisseaux ou Ibicus.
Testosterror est drôle, décalé, vraiment et faussement politique, une belle lecture ! L’histoire raconte un monde qui vivrait une épidémie similaire à celle du Covid mais celle-ci n’impacterait que les hommes et ferait chuter leur taux de testostérone. S’en suivent de multiples parallèles où par exemple les mouvements anti-masqués sont remplacés par des mouvements masculinistes et ainsi de suite, toute une histoire. Pour ce qui est du dessin, je suis assez biaisé car j’aime beaucoup le style de l’auteur avec des dessins drôles et remplis de détails ; également j’ai l’impression que le fils du personnage principal ressemble à Luz lui-même, mais je ne suis pas certain de comprendre l’idée derrière cela. J’ai bien aimé cette BD même si j’ai trouvé un peu longue, l’idée originale finissant par se répéter pas mal au fil du récit.
Il s’agit d’une des premières œuvres de Winshluss (avec certains contenus inédits dans cette version de Cornélius) qui compile une dizaine de petites histoires ayant en point commun certains destins tragiques et la mort; c’était vraiment plein d’absurdités et de moments hilarants, donc très plaisant à lire; le dessin est très plaisant, j’ai bien aimé la simplicité de certaines cases et l’utilisation des espaces négatifs!
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World's End Harem Fantasy
Un petit avis rapide qui rejoindra celui de Gaston. Alors que je suis amateur de la série mère, cette déclinaison dans un monde Fantasy est à éviter. Je ne vais pas dire que c’est nul mais on en est pas loin, je n’ai adhéré à aucunes des idées du scénario. Déjà on perd en diversité de situations, ici il n’y a qu’un protagoniste principal et ce dernier apparaît bien palot. Ensuite je n’aime pas le pourquoi du comment du harem, en gros notre jeune héros, suite à une incantation, peut donner son fluide à la gente féminine pour réciproquement gagner en force/pouvoir, son but étant de retrouver son amour de jeunesse et s’imposer dans la famille royale. Vraiment peut pas mieux faire d’un point de vue histoire !? Ce n’est juste prétexte qu’à un défilé de persos féminins (elfe, général, espionne …) autour de notre héros qui prendra vite le pli. D’ailleurs l’évolution de son caractère fait peur à voir. Bref c’est vraiment pas bien folichon à suivre (même pour le genre) et ce qui entérine cette idée est la partie graphique. Plutôt bonne et efficace sauf pour les scènes « hot », un comble !!, que je trouve moches, des angles improbables qui ne servent à rien et une tendance à montrer tout ce qui suinte, le tout en devient inesthétique. Bref passez votre chemin, je n’ai pas vu grand chose à sauver. Je m’attendais à mieux avec le côté dark fantasy.
Night Eaters
J’avais relativement bien aimé la première série de ces 2 autrices, Monstress. J’ai donc acheté leur nouvelle BD, attiré par leurs noms sur la jolie couverture, mais aussi par le résumé en quatrième de couverture… mauvaise pioche ! J’ai rarement autant eu l’impression de ne pas faire partie du public visé. Je m’attendais à une intrigue tintée de mystère et de fantastique, et je me retrouve avec une histoire de démons gore et confuse, des personnages typés manga antipathiques, et un dessin certes joli en apparence, mais qui contient quand même beaucoup d’approximations et de tics « super deformed ». Je pense que cette série trouvera son public, mais c’est pas du tout ma came. Je doute lire la suite.
Daredevil vs Punisher - La Fin justifie les moyens
Plusieurs affrontements, sans rime ni raison - Ce tome comprend une histoire complète, indépendante de la continuité des deux principaux personnages. Il contient les 6 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2005/2006, écrits, dessinés et encrés par David Lapham, avec une mise en couleurs réalisées par Edgar Delgado. À New York, un jeune couple allongé sur l'herbe profite du soleil en se bécotant. À 2 mètres d'eux, se trouve le cadavre d'un pigeon qui commence à être rongé par les vers. Dans les brèves cellules de texte, la voix du Punisher commente le faux calme et promet une rétribution fatale à tous les criminels. Hammerhead (chef de la Maggia, une organisation criminelle) est de retour en ville et il profite du vide dans les hauts échelons pour consolider son assise de pouvoir. Ce soir il dîne dans un restaurant. Punisher l'a dans sa lunette de visée, et s'apprête à l'abattre d'une balle dans la nuque (partie de sa tête qui n'est pas protégée par une plaque de métal). Sur le point de l'abattre, il en est empêché par l'irruption de Daredevil. Après quelques coups, Punisher parvient à s'en aller, en s'étant fait casser le nez par son opposant. Plus tard, Punisher observe les derniers étages d'un gratte-ciel dans lequel Hammerhead a élu domicile et dont il ne sort plus. Il repère la présence du Chacal (Jackal, c'est-à-dire Miles Warren). Il est lui-même observé par Daredevil qui réussit à ne pas se faire voir. Après son repérage, Frank Castle se rend dans un petit resto de quartier où il s'attable en attendant son gibier. Visiblement, le patron a été tabassé récemment par ceux qui le rackettent en échange de protection. Son Martin et sa fille Mary travaillent dans le resto. Mary sert Castle, il a l'impression qu'elle ressemble à sa défunte femme Maria. Elle repère son flingue prêt à servir. Des gros durs arrivent pour réclamer l'argent de la protection. Par la suite, Martin réussit à se procurer un revolver car il en a marre de vivre sous la menace du retour de ces racketteurs. Après le passage de Frank Miller sur la série Daredevil (de 1979 à 1983), les rencontres entre Daredevil et Punisher sont presque devenues un sous-genre à part entière, une manière d'opposer l'appareil de la Justice avec toutes ses imperfections, à une justice expéditive et définitive (dispensée par Frank Castle qui a pour lui l'avantage de ne jamais se tromper sur la culpabilité de quelqu'un). Cela a donné lieu à des rencontres mémorables comme celle orchestrée à deux voix par Ann Nocenti et Mike Baron, ou encore celle réalisée par Garth Ennis et Steve Dillon dans la série Marvel Knights du Punisher. Pour cette minisérie dédiée à la relation conflictuelle entre les deux héros, les responsables éditoriaux ont confié la tâche à David Lapham, un auteur spécialisé dans les polars à forte tension dramatique, en particulier sa série Stray Bullets. C'est un auteur habitué à réaliser ses séries intégralement, scénario + dessins. Le lecteur est un peu déstabilisé par le portrait du Punisher que dresse Lapham. Il ne s'agit pas de la version MAX (celle définitive écrite par Garth Ennis), ni de la version paramilitaire. L'auteur revient à une version plus années 1970, précédant même celle de Steven Grant & Mike Zeck (voir The Punisher : Cercle de sang). Frank Castle est seul contre tous, il est convaincu du bien-fondé de sa mission d'exterminer les criminels de manière définitive. Sa voix intérieure est froide et analytique, mais sans le jargon militaire spécialisé des armes, ni le nihilisme institué par Steven Grant. En ce sens Lapham ne souhaite pas réaliser une imitation inférieure à la version de Garth Ennis. Il reprend l'idée d'un individu normal, traumatisé par la mort de sa femme et de ses enfants, et doué d'un sens stratégique et tactique hors du commun. D'un point de vue visuel, Lapham reprend également l'étrange ceinture composée de tubes (empêchant son porteur de se pencher en avant), les gants blancs et les bottes blanches. C'est vraiment un retour de la version initiale lors de sa première apparition dans la série Amazing Spider-Man en 1974. Cet hommage est renforcé par les apparitions de Miles Warren, celui qui avait initialement monté Punisher contre Spider-Man. Du coup le lecteur a bien du mal à ressentir de l'empathie pour ce simple exécuteur, un peu trop rentre-dedans, ne réfléchissant pas bien aux conséquences de ses actes. Il lui reste son infaillibilité quant à qui est coupable, mais pas grand-chose d'autre pour susciter une quelconque empathie de la part du lecteur. Or David Lapham a choisi de donner plus de place au Punisher qu'à Daredevil. Ce dernier ne dispose que de peu de cellules de texte donnant accès à sa pensée, et pas d'occasion de mettre en valeur le caractère indispensable d'un appareil de justice s'appliquant à tout le monde. Dans cette approche très personnelle de la dramaturgie, l'auteur introduit un personnage secondaire en la personne de l'adolescent Martin qui voit Punisher exécuter froidement une dizaine de voyous, ceux qui viennent racketter son père. Il décide de prendre lui aussi les choses en main et de se doter d'une arme à feu. le lecteur se retrouve donc à suivre les actions du Punisher pour tenter d'éliminer Hammerhead (vraisemblablement le personnage de Wilson Fisk n'était pas disponible pour cette histoire, ou son importance trop grande aurait dénaturé le récit), Martin découvrant les responsabilités et les tentations qui accompagnent la détention d'une arme à feu, et Daredevil qui essaye de calmer le jeu. David Lapham est donc un auteur complet qui réalise ses propres dessins, avec une habitude de travailler en noir & blanc, par exemple dans la série Stray Bullets, mais aussi pour le récit complet Tue-moi à en crever et d'autres. Il a également réalisé une série hallucinante Young Liars (en 3 tomes) qui était en couleurs, plutôt plates. Ici, Edgar Delgado choisit de tirer parti des capacités de l'infographie en jouant sur les nuances de couleurs pour ajouter du volume aux surfaces, avec des teintes parfois un brillantes, comme il est de coutume pour les comics de superhéros. le mariage avec les planches de Lapham n'est pas très heureux, l'un tirant vers une histoire de superhéros avec panache, l'autre vers un récit plus intimiste et plus noir. En effet Lapham emploie une approche graphique concrète, avec un bon niveau de détails. Il dessine des personnages avec des proportions anatomiques réalistes, sans musculatures aux stéroïdes, juste un peu exagérée pour Daredevil et Punisher. le lecteur voit bien que l'artiste simplifie les contours de formes et les textures par rapport à une approche photoréaliste, mais sans sacrifier les détails. Cela aboutit à des personnages crédibles et plausibles, avec des visages expressifs mais pas très jolis. David Lapham ne transforme chaque individu en top-modèle, il préfère montrer des gens normaux, avec des visages pas forcément avenants. Il ne lésine pas sur les détails quand le besoin s'en fait sentir : les enseignes aux néons dans un dessin pleine page avec Castle marchant sur un trottoir de New York, les produits sur es rayonnage d'une supérette, les malades en attente dans un hôpital, les voitures de police devant un immeuble cerné, etc. Il utilise une mise en page assez sage, à base de cases rectangulaires juxtaposées. le lecteur familier de Stray Bullets retrouve quelque page découpée en 4 bandes de 2 cases, une structure qu'affectionne l'artiste. Pour les différents affrontements, à main nue, ou avec arme à feu, David Lapham utilise également une approche réaliste. Les combats ne sont pas chorégraphiés jusqu'à en devenir des ballets, mais les mouvements et les déplacements des personnages sont logiques, s'enchaînent correctement et le lecteur peut retracer leurs différents positionnements s'il le souhaite. Les coups portés n'ont rien d'élégants (il n'y a pas de glorification de la violence sous forme de spectacle) et les individus accusent le coup quand ils sont touchés. Les balles tirées blessent, laissent des traces, et les individus touchés portent des pansements par la suite. L'auteur n'évite quand même pas le cliché du Punisher et de Daredevil qui encaissent bien les coups, qui sont résistants à la douleur et qui guérissent quand même assez vite. Arrivé à la fin du récit, le lecteur s'interroge sur son sens. Daredevil et Punisher se sont affrontés à plusieurs reprises : la promesse du titre est bien tenue. le récit n'a aucun impact sur la continuité du Punisher ou de Daredevil, encore moins d'Hammerhead, et le lecteur se demande encore ce que venait faire Jackal dans le récit. La confrontation idéologique entre les 2 concepts de la justice n'a pas eu lieu, voire personne n'est passé devant un juge. David Lapham semble donner tort à la position de Frank Castle, puisque du début à la fin ses actions auront surtout eu pour conséquence d'aggraver la situation : attiser les représailles du gang d'Hammerhead, mettre en danger Martin et sa soeur, blesser un sans-abri. Daredevil n'aura fait que contrecarrer Punisher, en passant lui aussi pour un individu incapable de contrecarrer Punisher, autrement qu'en lui tapant dessus. Il reste le parcours de Martin, soumis à la loi du plus fort, voyant son père courber l'échine sous les coups des racketteurs, sans broncher ni essayer de se rebeller. Ce jeune homme acquiert une arme à feu et découvre petit à petit le pouvoir et les responsabilités qui vont avec, la sécurité toute relative qu'elle procure puisqu'il est incapable de protéger sa soeur qui subit un sort atroce (bien exposé par l'auteur qui évite tout forme de voyeurisme). Ces confrontations entre Daredevil et Punisher ne resteront pas dans les annales de l'un ou l'autre des 2 personnages. David Lapham a composé un récit bien construit, bien nourri, comportant des questionnements moraux complexes. Mais il s'avère incapable de susciter l'empathie du lecteur du fait de personnages peu développés, d'une confrontation idéologique qui n'a pas lieu, d'affrontements finalement uniquement physiques. À la fin le lecteur est empli d'admiration pour la résilience de Mary et regrette que le récit n'ait pas été centré sur ce personnage.
Henri Désiré Landru
Je n'ai pas été convaincu par cette hypothétique version de Chabouté sur Landru. Je rejoins la remarque d'ArzaK sur la chose jugée que l'on peut tournicoter à son aise. Landru innocente victime est un point de vue audacieux et original mais la plupart des situations proposées m'ont agacé. Dès le départ j'ai tiqué. En effet Chabouté se la joue précision historique avec minutes d'un procès qui est resté dans les annales de la justice. En face Chabouté utilise une licence artistique qui multiplie les facilités et le convenu : lettre incendiaire qui passe à travers la censure grâce à une combine, blessé grave qui garde la force et la lucidité pour franchir les lignes grouillantes de troupes et peut faire plusieurs dizaines de km en moins de deux jours, médecin miraculeux qui le rétablit immédiatement etc etc. Cette accumulation de facilités plus une répétition des scènes d'attrape naïves m'a vite lassé. Un final qui vire à la théorie du complot a complété mon scepticisme. Bien sûr c'est construit avec maîtrise et l'ambiance glauque est très réussie. Bien sûr le N&B de Chabouté reste un exemple. Toutefois quand on connait l'œuvre de l'auteur on retrouve toujours le même visage et les mêmes expressions. In fine je me suis perdu sur la thématique première proposée par Chabouté : réquisitoire contre la guerre ? contre la peine de mort ? dénonciation d'une justice manipulée ? Simple exercice de style artistique ? Je ne sais pas mais ce Chabouté ne m'a pas accroché.
Bouboule
Albert Chartier a été un des pionniers de la bande dessinée québécoise et a aussi été un des premiers qui a réussi à en vivre alors que le Québec était un petit marché envahi par la BD américaine et européenne. Il est donc un auteur important et Bouboule constitue la première bande dessinée qu'il a faite. Ce sont des gags en une page parus dans les années 30, et l'humour accuse son âge. Des chutes qui j'imagine étaient plus marrantes il y a plus de 80 ans semblent maintenant convenues et manquer d'originalité. Le scénariste était journaliste et c'est sa seule expérience en BD et disons que cela se voit un peu, parce que certains gags sont tout de même un peu trop laborieux. Ajoutons qu'en plus Chartier était un débutant à l'époque, et cela donne des cases parfois un peu trop chargées, et la narration n'est pas dynamique comme dans ses créations ultérieures. Bref, c'est vraiment le genre d'album qui n'est intéressant que d'un point de vue historique. Les historiens de la BD vont aimer alors que le public en général va trouver que c'est un truc désuet. À la limite, une curiosité à lire, mais pas à posséder.
Césure
Je ne comprends vraiment pas cette BD. Et pourtant la couverture, le sujet et les promesses qui y sont décrites m'intéressaient ! Mais j'en suis sorti sur un gros soupir plutôt qu'un gros sourire, et je n'ai l'impression d'en voir que les défauts. La BD est écrite à beaucoup de mains, puisque ce sont 5 femmes qui racontent leur voyage, assistées de 5 dessinatrices, une coordinatrice/scénariste, une coloriste ... Une BD écrite par 15 femmes, tout de même ! Mais je n'ai pas du tout adhéré à ce qui y est présenté. Déjà à cause de biais tout personnel, et notamment la question écologique. Des cinq femmes présentées ici, une seule semble avoir une sensibilité écologique, qui n'est pas vraiment au coeur de son exploration, mais tout le reste est catastrophique : voyage en avion en tout sens, sans jamais se poser la question du cout environnemental de ces voyages. Pour une BD parue en 2024, c'est une lacune que je n'arrive pas à pardonner. D'autre part, les femmes présentées ici sont majoritairement des femmes de Paris, au train de vie aisée et qui n'ont aucun soucis d'argent pour voyager quand elles le veulent. Lorsqu'une quitte son travail pour voyager, elle revient et en retrouve un sans souci. C'est une tranche de population bien précise qui est présentée ici, assez loin de mes réalités. La question de l'argent n'est jamais évoquée clairement, mais elle me semble également cruciale pour les voyages. Ca coute cher, le pégu moyen n'en a pas les moyens et je ne parle pas des soucis autres (créneaux disponibles, garde d'enfants, etc ...). Bref, on est dans une catégorie de population bien précise pour laquelle ces questions matérielles se posent clairement moins. C'est du coup difficile pour moi de m'identifier à ces personnes et me dire que je vais faire comme elle. Lorsque ça fait huit mois que je galère à trouver un travail alors que je veux quitter le mien, il ne me vient pas du tout à l'esprit de tout plaquer pour bouger parce que j'en ai envie. Et je ne parle pas de ma conscience écologique qui m'en empêche ! En fait, j'ai l'impression de voir des scènes déjà-vu mille fois : je vais en Inde pour me ressourcer avant de rentrer vivre à Paris sans me soucier ni de l'impact de mon voyage ni de ce que je pourrais réellement faire pour aider ces pays, je pars télétravailler dans un endroit qui me plait plus et au train de vie plus agréable, je fais un voyage qui me permet de déconnecter ... Le tout avec des principes parfois très contraire aux miens, donc je n'arrive pas à rentrer en empathie et en résonance avec le message. D'ailleurs le message est assez étrangement présenté : on nous présente cinq femmes voyageant seules, mais j'ai rarement vu en quoi le fait d'être une femme est important ici. Lorsque j'entends femme qui part seule, j'aurais plusieurs questions sur la façon dont la société les voit et les envisage, quelles sont les difficultés qu'elles affrontent parce qu'elles sont des femmes, etc ... Ici, il n'y a rien de spécial à ce niveau-là, ou très rarement. La majorité de la BD ne changerait pas de message si la personne était un homme, rendant assez inintéressant l'aspect "5 femmes voyagent". En fait, je suis assez étonné parce qu'il y a de quoi faire dans la BD pour aborder des thématiques d'actualités et carrément intéressantes : les voyages à moindre cout écologique (comme le vélo), la question de vivre en dehors de la France avec ce que le déracinement comporte comme poids, la question de voyager seul alors qu'on a des enfants, la part de chacun dans un couple lorsqu'on fait ce choix, etc ... Il y a vraiment des supers départs de thématiques, hélas jamais abordées. En fin de compte, ce que je retiens le plus de la BD c'est que sur 5 femmes, une seule s'intéresse à l'écologie mais prend l'avion pour ensuite faire du vélo en Norvège, donc qu'on est foutu. Et je ne suis pas du tout sur que c'était le message que les autrices voulaient donner.
Sapiens (Albin Michel)
J'ai lu le best-seller de Yuval Noah Harari en version originale il y a quelques années. Je me suis posé plusieurs fois la question d'y revenir car j'ai trouvé son contenu très intéressant mais ai été découragé car il y a quand même un sacré volume à lire. En voyant cette BD, je me suis dit que je trouverais peut être une sorte de "digest" de l'oeuvre originale, qui plus est en version BD. Il faut reconnaître que le défi est de taille : condenser des millénaires d’histoire en une série de tomes accessibles et visuellement attrayants. Le format BD permet effectivement de rendre le propos plus ludique, et l’équipe créative parvient à insuffler une certaine dynamique à des concepts parfois complexes. Les dessins, clairs et colorés, accompagnent agréablement le texte, rendant la lecture fluide et accessible. C'est le choix de la narration sous forme de dialogues et d’exemples concrets, parfois humoristiques, qui ne fonctionne pas pour moi. Là où l’adaptation trébuche, c’est dans sa volonté de rendre l’histoire humaine « fun » à tout prix. Certes, la BD parvient à simplifier des concepts sans les trahir, mais à force de vouloir être trop didactique, elle frôle parfois la caricature. Les personnages, qui jouent le rôle de guides pédagogiques, sont souvent réduits à des archétypes, voire à des clichés. Les blagues et les anachronismes, bien que destinés à alléger le propos, m'ont très rapidement lassées au point que je ne suis pas allé au bout de ma lecture... Je reconnais que c'est un exercice difficile et l'humour ne marche jamais pour tout le monde. J'ai par exemple largement préféré la manière dont Christophe Blain a adressé le sujet dans Le Monde sans fin. C'est une œuvre à double tranchant. Elle réussit à rendre l’histoire accessible à un large public, mais au prix d’une simplification parfois excessive. Pour les néophytes, c’est une porte d’entrée dans l’univers de Harari, si on est compatible avec l'humour mis en oeuvre.
Alexandrin ou l'art de faire des vers à pied
J’aime beaucoup les histoires de Pascal Rabaté avec un bémol, j’ai parfois l’impression de lire une demi histoire. C’est le cas avec celle-ci. L’association avec Kokor au dessin fonctionne bien, j’ai trouvé le dessin sobre et efficace, au service des personnages et de l’histoire. Le personnage d’Alexandrin, avec son amour des mots et son penchant pour l’alexandrin, semble vouloir incarner une certaine forme de poésie du quotidien. Réduire la poésie aux alexandrins est un peu réducteur je trouve, et je n’ai pas été convaincu ni dans le fond ni dans la forme. Ses vers sont souvent bancals, parfois même à la limite de l’imparfait (rimes telles que “Kevin/rime”). Alexandrin modeste, n'atteint jamais Racine… La poésie, quand elle est bien maniée, peut transformer le banal en sublime. Ici, malheureusement, le sublime reste hors de portée. Le récit, quant à lui, se contente d’effleurer des thèmes déjà bien explorés. Le poète-clochard englouti par une société de consommation indifférente, c’est un peu déjà-vu, et Rabaté ne parvient pas à insuffler une grande originalité à ce thème pourtant porteur. C'est agréable à lire, esthétiquement plaisant mais décevant quand on sait de quoi peut être capable Pascal Rabaté. En tous cas je préfère lire Vive la marée !, Les Petits Ruisseaux ou Ibicus.
Testosterror
Testosterror est drôle, décalé, vraiment et faussement politique, une belle lecture ! L’histoire raconte un monde qui vivrait une épidémie similaire à celle du Covid mais celle-ci n’impacterait que les hommes et ferait chuter leur taux de testostérone. S’en suivent de multiples parallèles où par exemple les mouvements anti-masqués sont remplacés par des mouvements masculinistes et ainsi de suite, toute une histoire. Pour ce qui est du dessin, je suis assez biaisé car j’aime beaucoup le style de l’auteur avec des dessins drôles et remplis de détails ; également j’ai l’impression que le fils du personnage principal ressemble à Luz lui-même, mais je ne suis pas certain de comprendre l’idée derrière cela. J’ai bien aimé cette BD même si j’ai trouvé un peu longue, l’idée originale finissant par se répéter pas mal au fil du récit.
Welcome to the Death Club
Il s’agit d’une des premières œuvres de Winshluss (avec certains contenus inédits dans cette version de Cornélius) qui compile une dizaine de petites histoires ayant en point commun certains destins tragiques et la mort; c’était vraiment plein d’absurdités et de moments hilarants, donc très plaisant à lire; le dessin est très plaisant, j’ai bien aimé la simplicité de certaines cases et l’utilisation des espaces négatifs!