Toutes ces aventures ont été tirées de faits réels.
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Ce tome regroupe les vingt-quatre historiettes consacrées au personnage de la vilaine Lulu. Cet ouvrage été publié pour la première fois en 1967 chez Claude Tchou, éditeur. La présente édition date de 2010. Ces histoires ont été réalisées par Yves Saint-Laurent (1936-2008), pour le scénario et les dessins, un des plus célèbres grands couturiers français, créateur de collections de haute couture. Chaque récit comporte entre deux et six pages, en bichromie, c'est-à-dire noir & blanc et rouge.
Il était une fois une petite fille. Elle s'appelait la vilaine Lulu. Son papa avait un nom : Yves Saint-Laurent. Il décida de mettre sa vie en images et de la raconter. Voici son histoire, cher public, en espérant qu'elle plaira. Présentation du personnage : les différentes parties dessinées qui composent Lulu, à savoir ses bas noirs, sa culotte blanche, sa jupe rouge, son canotier avec ruban rouge, son teeshirt et son visage souriant. Je m'appelle Lulu, deux pages : la vilaine Lulu se présente, en compagnie de son rat blanc. Elle évoque son gros rat blanc qu'elle appelle sa poupée, son bébé, son gros rat. Elle explique qu'elle aime beaucoup faire de vilains gestes, tout en relevant sa jupe et montrant sa culotte. Sa gouvernante renchérit que tout est prétexte pour elle à faire de vilains gestes. Lulu ne peut pas la supporter car elle l'irrite beaucoup. La gouvernante est grande et maigre et c'est elle qui emmène Lulu au jardin. Les deux expressions favorites de la fillette sont Schmuck et Pluck. Elle dort avec son gros rat blanc dans un linge brodé à son chiffre, c'est très chic. Sa bonne lui porte son petit déjeuner au lit. Puis Lulu fait quelques mouvements d'assouplissement et des vilains gestes. Elle fume dans son fauteuil. Elle lit Play Girl et elle apprend des choses.
Lulu à l'école, deux pages : la vilaine Lulu s'en va à l'école et elle est furieuse. Elle grommelle sur le chemin. La perspective de l'école ne la réjouit en rien. La maîtresse la salue lors de son arrivée dans la cour, mais Lulu ne répond pas à son salut. Elle s'assoit à sa table et s'exclame : Quel ennui ! Elle refuse de travailler, jette ses livres à terre, chantonne pendant les cours (Un jour mon prince viendra, un jour il me dira mon gros rat), se révèle de plus en plus odieuse. La maîtresse n'en peut plus. La vilaine Lulu s'avance menaçante, la traite de fille publique ribaude. Les enfants, gênés dans leur travail, hurlent. La vilaine Lulu déchire leurs livres et leurs cahiers. Elle sort le gros rat blanc de son cartable, et celui-ci mord une fillette. Panique chez les enfants, et la maîtresse, fille de gendarme, considère qu'elle est déshonorée. Enfin, c'est l'heure de la récréation et tout le monde sort s'amuser gentiment. Un jeudi de la vilaine Lulu, quatre pages : Les Tuileries, beau jardin de Paris, rempli de joyeuses bandes enfantines et d'heureuses mamans. C'est le printemps : sereine la vilaine Lulu va au jardin avec sa gouvernante. Elle cueille les fleurs des plates-bandes, piétine les bordures, saute à la corde allègrement, participe à une ronde d'enfants, rôde autour des mamans, entraîne ses petites amies et les excite contre un pauvre bébé.
Un tour par une encyclopédie en ligne permet d'apprendre que l'ouvrage a été écrit et dessiné dans les années 1950. Yves Saint-Laurent travaillait alors chez Christian Dior. Il racontait qu'ils étaient jeunes, qu'ils s'amusaient beaucoup. Souvent, après six heures, un collaborateur de Dior (Jean-Pierre Frère) se déguisait. Un soir, il avait remonté ses pantalons jusqu'aux genoux. le couturier se souvient, il portait de longues chaussettes noires. Dans la cabine des mannequins, il avait trouvé un jupon de tulle rouge et un chapeau de gondolier. Tout petit, presque inquiétant avec son air têtu et rusé, le collaborateur l'avait impressionné et Saint-Laurent lui avait dit : Tu es la vilaine Lulu. L'article continue en expliquant que l'ouvrage met en scène masturbation, tortures, pédophilie, meurtres et dépression latente, et a fait scandale à l'époque. Dix ans plus tard, Françoise Sagan a convaincu son auteur de publier les aventures de la vilaine Lulu en album. le lecteur s'interroge sur ce qu'il va découvrir. En l'occurrence, il lit des aventures courtes, entre deux et six pages, de ce qui semble être une petite fille turbulente et provocatrice à l'âge incertain, avec une narration visuelle composée de représentations très simplifiés, le plus souvent disposés en bande de la largeur des pages en vis-à-vis, une forme parfois infantile, parfois esthétique, avec un texte régulièrement redondant, indiquant ce que représente l'image.
Ainsi le lecteur voit Lulu se livrer à de nombreuses activités : Lulu à l'école, un jeudi de la vilaine Lulu au jardin des Tuileries, Lulu admire sa propre personne, Lulu exerce le métier de masseuse pour enfants, Lulu développe une relation amoureuse avec un sapeur-pompier, Lulu interprète le lac des cygnes sur scène, Lulu profite de la plage à Deauville, Lulu vend des poulaines dans un restaurant à thème médiéval, une Lulu-manie se propage dans la population, Lulu devient infirmière, Lulu passe par une phase de déprime sévère, Lulu choisit une robe de couturier pour participer à la présentation des ravissantes débutantes au palais de Chaillot, Lulu joue au bazar de la charité avec des copines, Lulu se met à la colle avec un individu responsable d'un réseau de commerce de traite de blanches mineures, Lulu part en colonie de vacances, Lulu devient une artiste moderne conceptuelle à succès, Lulu passe un nouvel après-midi au jardin des Tuileries, Lulu distribue des œufs de Pâques pourris, Lulu se met en ménage avec un sexagénaire riche. En effet, le lecteur ne peut que constater que cette jeune fille n'est pas recommandable, ni un modèle à suivre. Elle va jusqu'à incendier une cabane de jardin dans laquelle elle a enfermé des copines, les laissant périr dans les flammes, à en conduire sciemment une autre au suicide, et à participer dans le trafic de jeunes filles blanches mineures vers un pays du Moyen-Orient, en toute connaissance de cause, sans aucun remord, par pur caprice, ou pour sa satisfaction personnelle.
Le lecteur lit une histoire par une histoire, pas très sûr de disposer des références culturelles contextuelles de l'époque. Il rétablit sans peine que le jeudi de l'époque correspond au mercredi des enfants d'aujourd'hui. En revanche, le dessin en double page, intitulé Bonjour glou glou, est qualifié d'hommage à un auteur que Saint-Laurent aime tendrement et qu'il admire, sans qu'il soit possible de l'identifier uniquement par ces mots. Deux gags tournent autour des poulaines (une chaussure de forme allongée avec une pointe, portée au moyen-âge) : faut-il y voir une allusion à une mode passagère des années 1950 ? Il n'est pas très sûr non plus de l'âge qu'il doit accorder à cette vilaine Lulu. Au départ, il s'agit sans aucun doute possible d'une petite fille pré-pubère, à la silhouette disgracieuse ou peut-être encore enfantine, que sa tenue favorite contribue à enlaidir : les bas noirs, le large jupon rouge, le canotier déplacé. Elle montre régulièrement ses fesses, voire son pubis glabre. Elle joue au parc avec des petites filles. Étrangement ses parents n'apparaissent dans aucune histoire. Dans Un beau métier, son apparence reste inchangée, mais les mères de famille se comportent avec elle comme s'il s'agissait d'une adulte exerçant le métier de masseuse. Dans Bonne histoire de poulaines, elle est propriétaire d'un restaurant qu'elle dirige en salle. Dans du Schmuck et du Pluck, elle est philosophe existentialiste à succès. Mais dans la dernière histoire, cette petite fille pré-pubère se laisse entretenir à dessein par un vieux riche, et dort dans son lit.
La couverture promet un mélange de dessins enfantins, en particulier la représentation de la vilaine Lulu, et de conception de page artistique. En effet, la majeure partie des personnages sont représentés à base de détourage par un trait encré d'épaisseur régulière, assez fin, des formes simplifiées relevant d'une vision enfantine. Dans le même temps, cela n'empêche pas certaines cases et certaines histoires de présenter une forte densité d'informations visuelles. Au cours de l'histoire sur la traite des fillettes, l'artiste commence par un dessin en double page, la vision en légère élévation d'une rue avec des maisons de ville à un ou deux étages, et une trentaine de personnages se désolant de la disparation de leur enfant. Puis viennent une partie de poker entre Lulu et Monsieur Totor, ce dernier assis dans un fauteuil entouré de greluches, son voilier à quai, le recrutement des fillettes attirées par des sucres d'orge tendus par Lulu, un voyage à fond de cale, un repas copieux à l'arrivée, la teinte de leurs cheveux en rouge, la projection d'un film sur leur futur papa et son harem, l'arrivée dans un désert de pacotille avec des chameaux et des tenues légères pour les filles. le lecteur prête une attention particulière aux tenues vestimentaires : elles sont variées tout en étant également représentées de manière simpliste. Il reconnaît une robe à lamé, une robe à plaquette métallique de Dior. Il prend le temps d'admirer la centaine de variations de costumes de Lulu sur les deux premières et deux dernières pages, avec même une Lulu Batman.
L'inventivité du créateur ressort aussi régulièrement dans la mise en page. Il se départit régulièrement du découpage en quatre bandes de cases, de la largeur de deux pages, pour des constructions plus aventureuses. Dans les pages quatre et cinq, Lulu est représentée sept fois, avec un vêtement supplémentaire, de gauche à droite dans une sorte de danse. Il y a onze dessins en double page, avec une composition sophistiquée, assurant une lecture guidée et facile. Plusieurs histoires sont racontées sous la forme de dessins mis côte à côte sans bordure de case, avec jusqu'à une cinquantaine de dessins de Lulu. L'artiste fait usage de perspectives forcées, de cases en forme de cœur, de représentations tirant vers une forme iconique, de représentations naïves, de juxtaposition pour des éléments existant dans le même moment, de successions de cases pour décomposer une action, de cases sans arrière-plan, de décors sophistiqués en fonction de la séquence. Sous des dehors souvent frustes, il met à profit les possibilités variées de composition pour une narration visuelle.
Le lecteur ressort un peu déconcerté de ces vingt-quatre courtes histoires d'une fillette malpolie, se comportant parfois comme une adulte. Il comprend que la morale ait réprouvé un tel personnage enfantin immoral à une époque où la bande dessinée était destinée à la jeunesse. En fonction de sa sensibilité, il apprécie plus ou moins le mode de représentation appartenant à l'enfance, et les histoires se terminant souvent par une pirouette parce que l'auteur est arrivé à la dernière case de la page. D'un autre côté, il peut être sensible à l'irrévérence et la provocation de ces aventures, encore politiquement incorrectes aujourd'hui, désacralisant l'enfance, mettant en scène des abominations. Un défouloir pervers contre l'image idéalisée de l'enfance.
J'ai hésité à mettre 1 étoile, je me suis dis que j'étais peut être un peu dur.. donc ça sera 2 ! Mais 2 étoiles au rattrapage...
Commencons par le dessin... Pourtant grand amateur de gueules cassées, de visages tuméfiés, j'aurais dû apprécier le coup de crayons des personnages à la face usée par tant de mystère. Mais voilà, ça semble souvent brouillons, quelques décors intéressants, et encore.. seules les couleurs bien choisies sauvent l'honneur.
Les textes, eux, sont insipides, des dialogues bateau alternant blagues potaches et échanges grossiers..
Il y avait pourtant quelques intrigues qui méritaient d'être creusées, mais l'idée semblait compliquée à mettre sur papier, donc projet abandonné, pas de suite, et c'est peut être mieux ainsi.
Une blague par page dans ce recueil d'un auteur islandais. Le dessin est simplifié à l'extrême, tout est dans le texte. Provoquant, trash, on est dans la thématique autour du sexe, de mort, de drogue, de violence intra-familiale ou non, un peu de nazi.
Certains gags font sourire, d'autres laissent perplexes, d'autres encore tombent à plat. Globalement on est quand même dans la première catégorie ce qui reste honorable vu la difficulté de l'exercice mais je n'aurai pas mis 12 euros pour ce petit livre. Un assez surprenant "coup de coeur" de la bibliothèque locale vu le contenu.
J'ai un ressenti très diffus au sortir de ma lecture qui ne permettent pas de définir ma note alors que je le commence. En fait, j'ai l'impression que deux lectures sont possibles de la BD, et l'une d'entre elle ne me plait pas.
De base, ça ressemble pas mal à un film de Tarantino : bien bourrin, sanglant, un peu débile parfois et l'ensemble sur une histoire road-movie basique. Ça commence par un pacte avec le diable, ce qu'il ne faut jamais faire. Et ça part ensuite dans une course poursuite avec les flics. La fin est attendue, voir un peu convenue pour ce genre de récit. Simple et efficace, nerveux, dynamique.
Maintenant, je dois dire que le récit est étrangement découpé. Il y a des interludes qui sont trop marqués pour être de simples anecdotes (Jeffrey Damher ou l'histoire des deux types) mais qui n'ont étrangement aucune incidence sur le scénario. En fait, rien n'a réellement de conséquences et me fait m'interroger sur le sens de cette BD. Que voulaient raconter les auteurs ? La chute d'un homme ? Que viennent faire des personnages réels dans tout ça alors ? Est-ce un commentaire sur l'Amérique, sur la violence ? Je ne saisis pas ce qui est dit, et je ne suis pas sur que les auteurs aient un véritable but, mais ça n'empêche pas que le propos existe (indépendamment des volontés des auteurs).
Et c'est là que j'ai un doute : je ne pense pas que les auteurs veuillent dire un truc en particulier, mais ils ont un certain propos tout de même. Par exemple les personnes qui doivent mourir : quel est le lien ? Pourquoi cette fin sur le dernier type à tuer : je vois l'idée de tuer le nouveau conjoint et revenir au passé. Mais si le récit est celui-ci, que vient faire Dahmer là-dedans ? Pourquoi trois personnages centraux du récits sont gays ET tueurs ? Quel est le propos ? Peu de femmes sont présentes dans le récit -et aucune en protagonistes- mais est-ce un propos aussi ? Un commentaire ?
Ce qui me dérange, ce n'est pas tant que le récit ne semble pas avoir de messages que le fait qu'il tienne tout de même un propos. C'est normal, toute œuvre à un propos, même détaché du sens voulu par un auteur. Et là, je dois dire que je suis assez suspicieux sur le propos. Je ne pense pas que les auteurs voulaient dire ça, mais la représentation des gays dans la BD m'interroge. D'autre part, je ne comprends pas le mélange entre le réel et l'imaginaire (encore une fois, on a le diable et Jeffrey Dahmer). La BD se conclue sur un nouveau pacte avec un tueur bien réel. Mais je connais un peu l'histoire de celui-ci, et quel est le rapport avec ces gens que le diable voulait voir mourir ? Quel était son intérêt de tuer le flic ?
Je pense réellement que cette BD me perturbe parce que je ne vois pas ce qu'elle essaye de faire et que certaines représentations qu'elle fait me dérangent en plus haut point. Je ne suis pas du tout à l'aise avec cette BD, elle me parait légère alors que son histoire ne l'est pas du tout. Et encore une fois, la BD semble ne pas demander au lecteur de réfléchir et de se laisser porter par l'histoire, mais elle contient bien trop de détails qui incitent à réfléchir à ce qu'on voit. Je pense que ma lecture de l’œuvre est mauvaise, mais curieusement je n'arrive pas à en trouver d'autre. Et cette lecture me laisse sur un ressenti très négatif.
Pas forcément nécessaire celui-là.
Le dessin n'est pas si mal, ( trait fin, stylisation des visages entre GB et le Larcenet du retour a la terre) mais c'est l'histoire qui est ratée surtout qu'il n'y a aucun dialogue.
C'est une sorte de storyboard, maintenant il faut appeler un auteur de BD pour faire le boulot...donner de l'épaisseur aux personnages, créer un enjeu là où on ne réussit pas à en voir....
Digne du premier Crisis ?
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Ce tome contient un crossover complet, sans les épisodes des séries mensuelles. Il existe une édition VO exhaustive : Zero Hour: Crisis in Time 25th Anniversary Omnibus. Il contient les 5 épisodes de la minisérie (de 4 à 0), ainsi que les 2 prologues contenus dans Showcase '94 8 & 9, initialement parus en 1994, écrits et dessinés par Dan Jurgens, encrés par Jerry Ordway, et mis en couleurs par Gregory Wright. Les 2 prologues ont été dessinés par Frank Frosco et encrés par Ken Branch, avec une mise en couleurs de Stuart Chaifetz. Ce tome contient également une introduction de 3 pages rédigée par Dan Jurgens en 2017, ainsi que la postface de 2 pages rédigée par le responsable éditorial KC Carlson en 1994 pour la première édition en recueil. Il se termine avec une frise chronologique de l'histoire de l'univers partagé DC en 4 pages, les couvertures sans logo, les images promotionnelles, et quinze pages de croquis, d'études de logo, avec le texte de la proposition initiale de Jurgens pour la minisérie.
Showcase '94 8 & 9 - Au sein de Vanishing Point (le QG des surveillants du temps), Waverider (Matthew Ryder) observe ses souvenirs, et fait observer à Rip Hunter qu'il s'agit d'une ligne temporelle qui n'existe plus, mais qu'elle reste très réelle pour lui. Dans sa base secrète, Monarch (Hector Hall) se félicite que Waverider l'ait repéré. Le combat peut s'engager. Zero Hour - Il y a trente-deux heures, sur Terre à la fin des Temps, Time Trapper se fait incinérer sur place par un individu dont l'identité n'est pas dévoilée. Il annonce que le temps est venu pour l'Heure Zéro. Sur Apokolips, Metron vient demander l'aide de Darkseid car le temps est en train de se déliter. Darkseid n'en a que faire. Sur Terre, Joker est en train de s'enfuir en courant dans une rue déserte, poursuivi par un individu portant l'emblème de la chauve-souris. Il finit par être attrapé à a cheville par un filin. Il se retourne et se retrouve face à Batgirl. Batman (Bruce Wayne) et Robin (Tim Drake) arrivent sur ces entrefaites et n'en croient pas leurs yeux : ils reconnaissent Barbara Gordon, en bonne santé, ayant retrouvé toute sa mobilité.
À Vanishing Point, Waverider, Rip Hunter et Matthew Ryder constatent qu'il n'y a plus d'années, plus de temps après le soixante-et-onzième siècle. Hunter et Waverider doivent aller enquêter. Au soixante-quatrième siècle, Flash (Wally West) neutralise Kadabra. Hunter et Waverider apparaissent sur la scène, alors que l'entropie est en train de dévorer l'environnement. Flash se lance dans le vortex à pleine vitesse pour le neutraliser : il se désagrège et Waverider ne récupère que son costume vide. À Metropolis, Superman (Clark Kent) rejoint Batman (Bruce Wayne) qui a garé sa Batmobile. Leur discussion est interrompue par l'arrivée de Metron sur son fauteuil Mobius. À Star City, en l'an 57.000, Waverider et Rip Hunter surgissent et se retrouvent devant Green Lantern (Hal Jordan) en train d'essayer d'enrayer le phénomène d'entropie en train de tout dévorer sur son passage. Au temps présent, sur Terre, Vanda Savage et en train d'affronter Hawkman qui soudain se tient devant lui en tant que six versions différentes séparées. Pendant ce temps-là, Superman va quérir l'aide de plusieurs superhéros : Green Lantern (Kyle Rayner), Aquaman, Superboy, Atom, Ray, Doctor Fate, Green Arrow et les équipes Outsiders, Team Titans.
Dans l'introduction, Dan Jurgens replace cette histoire dans son contexte et explique les enjeux afférents. En 1984/1985, les responsables éditoriaux avaient décidé de faire redémarrer à zéro l'univers partagé DC dans Crisis on infinite Earths (1985/1986) de Marv Wolfman & George Perez… Enfin à zéro pour certains personnages comme Superman (par John Byrne) et Wonder Woman (par George Perez) dont la continuité était totalement effacée, mais pas pour d'autres comme Batman qui conservait une bonne part de sa continuité passée. Du coup, certains événements passés avaient été difficiles à concilier, que ce soit l'existence de Superboy et son lien avec la Légion des SuperHéros, ou l'historique des Teen Titans. Par la suite, l'éditeur avait mis en œuvre un certain nombre de crossover comme Legends (1986, Len Wein, John Ostrander, John Byrne), Millennium (1988, Steve Englehart & Joe Staton), Invasion! (1989, Keith Giffen Todd McFarlane, Bart Sears). En 1991, sort Armageddon 2001 par Archie Goodwin & Denny O'Neill, Dan Jurgens, Dick Giordano, Steve Mitchell, Art Thibert, qui repose sur des voyages dans le temps. Zero Hour est sous-titré Crisis in time, faisant le lien à la fois avec Crisis in infinite Earths et avec Armageddon 2001. Cette minisérie affiche également l'objectif de fournir l'occasion aux scénaristes, et plus encore aux responsables éditoriaux de réaliser un épisode numéroté Zéro pour chaque série mensuelle, dans lequel ils peuvent modifier un élément de continuité afin de remédier aux incohérences engendrées par Crisis on infinite Earths.
Sur ces bases-là, Dan Jurgens raconte une histoire en forme de compte à rebours de 4 à 0, progressant vers la destruction totale du temps. Il met en œuvre les conventions attendues dans ce genre de récit. Extant, l'individu qui manipule tout depuis les coulisses, finit par se faire doubler par un autre individu plus puissant qui attendait son heure. Le scénario intègre les personnages les plus puissants de l'univers partagé DC, comme Spectre, pour montrer le niveau de destruction totale de la menace, tout en prenant soin de les neutraliser dès le départ pour que le suspense puisse croître. Il met en scène de nombreux personnages de l'univers partagé des superhéros de premier plan comme des superhéros moins connus. Wonder Woman, Batman, Superman (avec ses cheveux mi-longs) sont dont de la partie. D'autres personnages se retrouvent mêlés à la bataille comme Kyle Rayner (Green Lantern), Impulse (Bart Allen), Power Girl (Kara Zor-L enceinte), Vril Dox, Ray (Raymond Terrill), Guy Gardner sous son identité passagère de Warrior, Doctor Mist (Nommo, personnage très secondaire), Parallax, et des équipes comme les New Gods, la Justice Society of America (avec ses superhéros ayant dépassé les 50 ans et même les 60 ans), ou encore Cosmic Boy (Rokk Krinn), Saturn Girl (Imra Ardeen) et Lightning Lad (Garth Ranzz) de la Légion des SuperHéros.
Au fur et à mesure, Extant surgit à plusieurs moments dans le temps pour détruire un objectif, prenant à chaque fois les superhéros de court. L'auteur intègre quelques clins d'œil au premier Crisis comme la mort apparente de Flash (Wally West) qui fait écho à celle de Barry Allen. Bien sûr les superhéros sont sur la défensive, jusqu'à temps qu'ils parviennent à coordonner leurs efforts, à attaquer efficacement le vrai responsable de l'aggravation de la situation. Bien sûr, le scénariste a choisi un écoulement linéaire du temps pour Extant et les autres personnages s'avèrent incapables de le coincer en jouant sur l'écoulement du temps propre à leur personne, par exemple en essayant de panifier une attaque quelques secondes avant celle effectuée par Extant, dont ils ont déjà la connaissance parce qu'elle se situe dans leur passé. En outre, Dan Jurgens met en scène les superhéros en utilisant que leur caractéristique principale : ils ne sont guère plus que des porteurs de costume qui se distinguent les uns des autres par leurs superpouvoirs et les motifs colorés de leur tenue. Le lecteur éprouve des difficultés à s'attacher à ces personnages définis par un unique trait de caractère : la gentillesse de Batgirl, l'allure martiale intimidante d'Hawkman, la volonté d'agir rapidement de Flash, ou encore la posture virile de Guy Gardner (mais c'est pour ça qu'on l'aime).
En 1994, Dan Jurgens est déjà un créateur confirmé, ayant débuté sa carrière en 1983, ayant créé Booster Gold en 1986, et ayant mis en scène la mort de Superman. Dans l'histoire présente, le lecteur retrouve tout le savoir-faire professionnel de l'artiste : chaque personnage est représenté conformément à son apparence à ce moment de la continuité, facilement différenciable. Il met en scène l'utilisation de chaque superpouvoir avec le rentre-dedans et la pyrotechnie attendus, bien complémentés par la mise en couleurs vive et éclatante. Les finitions de Jerry Ordway (qui avait assisté George Perez sur Crisis on infinite Earths) sont impeccables. Le lecteur peut voir toute la culture graphique superhéros de Dan Jurgens dans sa capacité à utiliser les postures iconiques, à reprendre les mouvements caractéristiques de chaque personnage, à les disposer dans chaque case de manière à ce qu'ils soient tous distinguables, à mettre en œuvre les décharges d'énergie pour les rendre spectaculaires, à intégrer suffisamment de détails pour éviter la fadeur de dessins trop vides. Dans le même temps, la narration visuelle présente le même manque que la personnification des protagonistes : trop utilitaire et manquant de saveur personnelle. Au-delà de la mise en scène efficace et d'une grande lisibilité (ce qui n'est pas si évident que ça dans l'exercice du crossover qui rassemble de nombreux personnages), le lecteur ne découvre pas de case mémorable, ou de prise de vue à couper le souffle.
Lors de sa parution, cette histoire revêtait une importance certaine, à la fois pour sa filiation annoncée avec Crisis on infinite Earths, à la fois pour son objectif d'offrir l'occasion de remédier à des incohérences de continuité dans des numéros zéro des séries mensuelles, et bien sûr dans l'interaction entre une multitude de personnages. À la lecture, il apparaît que Dan Jurgens s'acquitte honorablement de sa tâche, avec un professionnalisme indéniable. Mais le lecteur en ressort également avec l'impression que l'auteur est plus un bon artisan qu'un véritable artiste et qu'il n'arrive pas à insuffler le souffle épique attendu, que ce soit au travers d'environnements trop basiques, ou de personnages trop superficiels.
Mauvaise pioche cette série. Je n’ai lu que le 1er intégral mais je vais m’arrêter là.
C’est pas mauvais en soi, je suis un grand amateur du dessin animé diffusé dans les années 90, la présente série se veut d’ailleurs son prolongement sur papier.
J’ai aimé que chaque histoires mettent un méchant à l’honneur, présenter en préambule avec une petite carte d’identité (détail sympa).
Par contre, les récits développés sont vraiment moyens, tout va trop vite. Quelques traces d’humour sauvent un peu l’ensemble mais à moins de vraiment pas être regardant, le côté vide l’emporte. Le dessin et mise en page suivent malheureusement le même schéma.
Finalement une fausse bonne idée, ce qui marche en épisode tv ne sera pas spécialement le cas en papier. L’univers est respecté mais le rendu apparait ici trop teenage.
Le résultat m’a paru en dessous de Batman - Mad Love qui possède la même parenté mais plus fun et attrayant dans ses ingrédients.
Je suis vraiment désolé de mettre une mauvaise note à cette série d’un auteur dont j’ai aimé pas mal de scénarios originaux, et le dessin aux courbes bizarroïdes. Mais là, je me suis quand même pas mal ennuyé.
Le dessin déjà, m’a moins plu. Certes on n’est pas dans un dessin réaliste, mais le style gros pif me plait moins chez cet auteur que quand il use d’un trait brinquebalant. Seule la colorisation m’a bien plus. Mais bon, je chipote à ce sujet, car ça reste très lisible, hein.
Mais c’est l’histoire qui m’a laissé de côté. C’est amusant au départ, les textes ironiques, désabusés, un peu décalés, qui commentent les péripéties de notre Français « expatrié » (en Afrique la plupart du temps, à part une escapade finale au Québec) m’avaient laissé espérer une lecture plus plaisante qu’elle ne l’a finalement été.
En fait, ça tourne rapidement en rond. Et la narration, qui mise avant tout sur des textes hors phylactères, commentant l’action, exprimant au style indirect les pensées du héros, Jean Dextre, m’ont de moins en moins intéressé. L’humour qui parsème ces aventures du pauvre ne suffisait pas à masquer les longueurs. Quatre tomes, c’est beaucoup trop long pour cette idée – avec en plus l’impression que Dumontheuil improvisait parfois.
Bref, c’est une lecture décevante.
Cela se vend possiblement bien à la boutique de souvenirs de Carnac mais c'est franchement dispensable. On nous raconte l'histoire des alignements de menhirs avec des ficelles scénaristiques pas très fines. Une femme de nos jours s'évanouit en touchant une pierre d'ambre et se retrouve téléportée dans la préhistoire au milieu d'un village. Des tensions se font jour entre les habitants, notamment 2 frères. On a vaguement quelques scènes montrant comment les menhirs sont mis en place et gravés et les rites funéraires de l'époque. Le dessin reste correct, dans la veine "mainstream" avec des couleurs flashy qui me plaisent peu.
Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il comprend les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2015/2016, créés par Mike Mignola, coécrits par Mignola et Christopher Golden, dessinés et encrés par Patric Reynolds, avec une mise en couleurs de Dave Stewart. Il comprend deux histoires qui se suivent.
Épisodes 1 à 3 The rat Catcher - En 1925, la Terre a tremblé et Manhattan s'est pour partie enfoncée dans l'eau. En 1955, Simon Church rentre le soir chez lui et il se met à étudier ses livres, comme à son habitude. La foudre frappe le coin de son immeuble, juste au-dessus de la pièce dans laquelle se trouve son bureau. Il remarque un changement imperceptible dans la statue de terre qui y est exposée. En septembre 1965, trois orphelins parcourent en barque les rues submergées qui sont devenues autant de canaux urbains. Ils repèrent un couple sur un pont et le plus agile d'entre eux grimpe, sectionne la bandoulière du sac de la dame, s'en empare et saute dans l'embarcation. En s'éloignant, l'un d'entre eux est happé par une créature issue des profondeurs. Pendant ce temps-là, Joe Golem s'est assoupi et il rêve d'un golem de pierre se déchaînant contre des sorcières au quinzième siècle, en Croatie. Lori Noonan, la maîtresse d'école, demande à Simon Church d'enquêter suite à a disparition de trois orphelins de sa classe.
Épisodes 4 & 5 - The sunken dead - En octobre 1965, le pendule de Simon Church lui indique qu'il est en train de se passer quelque chose de pas catholique dans le quartier de Greenwich Village. Joe Golem étant parti se promener, il demande à sa cuisinière Martha où il se trouve. Il le récupère alors qu'il effectuait une balade en bateau avec Lori Noonan. Tous les deux, ils se dirigent vers l'habitation d'Argus Bostwick qui les reçoit de plus ou moins bonne grâce. Ils constatent rapidement qu'il a agrandi sa collection d'objets occultes, et qu'il a commencé un rituel aux conséquences fâcheuses.
Mike Mignola est un créateur qui ne semble jamais connaître la panne d'inspiration, la peur de la page blanche. De temps à autre, en marge de l'univers partagé d'Hellboy et du BPRD déjà bien fourni, il lance une autre série, généralement avec un collaborateur, par exemple la série consacrée à Lord Baltimore. Joe Golem avait déjà eu droit à un roman, coécrit avec Christopher Golden : Joe Golem and the drowning city, initialement paru en octobre 1992. Reprenant le même modèle que pour Baltimore, Mignola donne donc une prolongation au roman, avec son coauteur. Il ne s'agit pas d'une suite à proprement parler puisqu'il n'est pas besoin d'avoir lu le roman pour apprécier ce tome.
Aux dessins, le lecteur retrouve également l'artiste Ben Stenbeck qui a aussi illustré les cinq premiers tomes de la série Baltimore, ainsi que l'histoire Frankenstein Underground. Comme d'habitude dans les productions de Mike Mignola, Dave Stewart se charge de la mise en couleurs. En revanche les couvertures sont réalisées par Dave Palumbo. Ce dernier réalise des illustrations en peinture directe s'inscrivant dans la tradition des pulps (romans bon marché à sensation de la première moitié du vingtième siècle). Elles mettent en avant avec panache la virilité du héros, sa musculature, et une situation de danger, soit imminente, soit déjà physiquement advenue. Pour ces épisodes, Dave Stewart a choisi un parti pris chromatique affirmé. Il restreint sa palette au brun et à l'ocre, tirant parfois vers une teinte verdâtre, avec de rares effets de contraste avec une teinte orangée ou rougeâtre. Ce choix marque le récit d'une empreinte maussade, en cohérence avec la déliquescence de cette ville à moitié engloutie sous les flots. Il a aussi pour effet d'imprimer une sensation d'uniformité de surface à chaque séquence.
Ben Stenbeck réalise des dessins s'inscrivant dans une veine descriptive. La séquence d'ouverture permet de voir le bateau qui dessert Brooklyn Heights, ainsi que New York vu du ciel. Ces épisodes contiennent de nombreuses autres vues des canaux de New York, pour un effet assez glauque et oppressant du fait du choix des couleurs plutôt sombres et oppressantes. Le lecteur peut promener son regard dans la pièce qui sert de bureau à Simon Church. Il peut se faire une idée de l'ameublement de la chambre de Joe. La séquence dans les pièces immergées (lors de la recherche du monstre sous-marin) donne une bonne idée de leur disposition les unes par rapport aux autres et de leur volumétrie. La bibliothèque d'Argus Bostwick impressionne par sa hauteur sous plafond, ses piliers et ses poutres de bois. Par contre la reconstitution du village croate au quinzième siècle fleure bon l'approximation d'un dessinateur qui n'a pas fait beaucoup de recherches de référence et qui s'en tient à des clichés sur les villages européens vaguement moyenâgeux.
Ben Stenbeck a également eu la responsabilité de concevoir l'apparence des personnages. Joe Golem est donc un individu à la forte carrure avec une belle musculature, souvent en pardessus ou en tricot de corps, habillé à une mode qui rappelle plus les années 1940 que le début des années 1960. Simon Church a une vague allure de vieux monsieur aux cheveux blancs, avec des lunettes et une morphologie normale, sans musculature entretenue. Néanmoins son âge ne transparaît pas dans ses mouvements qui restent fluides comme ceux d'un jeune homme. Lori Noonan a également une silhouette normale, assez fine, avec également des tenues vestimentaires qui font plus datées que l'année 1965, certainement un effet de ralentissement sur les modes dû à l'effondrement partiel de la capitale. En passant d'une page à l'autre, le lecteur a parfois l'impression que le dessinateur éprouve des difficultés à garder une apparence cohérente pour les visages. Par exemple le volume et la forme de la coiffure de Lori Noonan subissent d'étranges variations que le seul effet de changement d'angle de vue ne suffit pas à expliquer.
Le lecteur remarque également assez rapidement que Ben Stenbeck utilise l'encrage pour marquer les surfaces de petites griffures, ou pour apposer des aplats de noir aux contours irréguliers. Ces zones noires ne figurent pas l'ombre portée par une source lumineuse ou une autre, mais remplissent une fonction expressionniste, l'irrégularité de leur contour évoquant vaguement l'usure provoquée par un environnement agressif ou débilitant. Comme il est d'usage dans les comics, l'artiste s'affranchit de temps à autre de dessiner les arrière-plans, ce qui se remarque beaucoup du fait du choix de mise en couleurs assez uni opéré par Dave Stewart. Du coup le lecteur sort un peu de l'environnement où se déroule la scène, puisque finalement les obstacles et le relief n'ont pas de conséquences sur les mouvements des personnages. Certaines cases perdent ainsi beaucoup de leur intérêt visuel en n'apportant finalement pas grand-chose à la narration de l'histoire.
Le lecteur plonge donc au cœur d'une situation déjà installée, Simon Church faisant effectuer des missions à Joe Golem. D'ailleurs Golem n'est pas son nom de famille qui n'est pas prononcé dans ces épisodes. Par contre le titre indique tout de suite au lecteur qu'elle est la nature de Joe. De ce fait, il n'éprouve pas beaucoup de curiosité pour ce personnage puisqu'il sait avant même de commencer sa lecture qu'il s'agit d'un être de terre animé par magie, avec une personnalité soit artificielle, soit très limitée. Par voie de conséquence, les séquences au quinzième siècle n'apportent pas grand-chose au récit, si ce n'est d'indiquer que Joe est troublé par ses remémorations qu'il interprète comme des cauchemars récurrents. Au bout de deux séquences dans le passé, le lecteur a compris le principe et ne voit pas ce qu'apportent les suivantes, peu denses en information. Il en découle que la construction du récit qui entrecoupe les deux enquêtes de Joe avec ces souvenirs apparaît artificielle et lourde, puisque le fil narratif dans le passé peine à capturer l'attention du lecteur (et puis les sorcières représentées par Stenbeck sont visuellement très fades).
La séquence d'ouverture établit en une page la situation de New York comme ville ayant subi une catastrophe dont elle ne s'est pas relevée. Le lecteur porte son attention sur les enquêtes et les personnages. Ces derniers ne sont pas très développés, disposant d'un trait de caractère principal et unique. Il reste donc l'intrigue, soit deux enquêtes successives. La première est très classique et très linéaire avec une chasse au monstre aquatique. Le lecteur peut quand même reconnaître la patte de Mignola dans les observations de Joe sur les motivations très humaines dudit monstre. La deuxième commence de manière plus originale, mais par contre se déroule de manière encore plus linéaire, enfilant cliché après cliché.
En refermant ce tome, le lecteur se dit que les collaborations entre Mike Mignola et Christopher Golden ne font pas ressortir les compétences des deux qui ont plutôt tendance à se neutraliser dans un récit fade, rendu plus insipide par des choix graphiques plus maniérés qu'inspirés.
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La Vilaine Lulu
Toutes ces aventures ont été tirées de faits réels. - Ce tome regroupe les vingt-quatre historiettes consacrées au personnage de la vilaine Lulu. Cet ouvrage été publié pour la première fois en 1967 chez Claude Tchou, éditeur. La présente édition date de 2010. Ces histoires ont été réalisées par Yves Saint-Laurent (1936-2008), pour le scénario et les dessins, un des plus célèbres grands couturiers français, créateur de collections de haute couture. Chaque récit comporte entre deux et six pages, en bichromie, c'est-à-dire noir & blanc et rouge. Il était une fois une petite fille. Elle s'appelait la vilaine Lulu. Son papa avait un nom : Yves Saint-Laurent. Il décida de mettre sa vie en images et de la raconter. Voici son histoire, cher public, en espérant qu'elle plaira. Présentation du personnage : les différentes parties dessinées qui composent Lulu, à savoir ses bas noirs, sa culotte blanche, sa jupe rouge, son canotier avec ruban rouge, son teeshirt et son visage souriant. Je m'appelle Lulu, deux pages : la vilaine Lulu se présente, en compagnie de son rat blanc. Elle évoque son gros rat blanc qu'elle appelle sa poupée, son bébé, son gros rat. Elle explique qu'elle aime beaucoup faire de vilains gestes, tout en relevant sa jupe et montrant sa culotte. Sa gouvernante renchérit que tout est prétexte pour elle à faire de vilains gestes. Lulu ne peut pas la supporter car elle l'irrite beaucoup. La gouvernante est grande et maigre et c'est elle qui emmène Lulu au jardin. Les deux expressions favorites de la fillette sont Schmuck et Pluck. Elle dort avec son gros rat blanc dans un linge brodé à son chiffre, c'est très chic. Sa bonne lui porte son petit déjeuner au lit. Puis Lulu fait quelques mouvements d'assouplissement et des vilains gestes. Elle fume dans son fauteuil. Elle lit Play Girl et elle apprend des choses. Lulu à l'école, deux pages : la vilaine Lulu s'en va à l'école et elle est furieuse. Elle grommelle sur le chemin. La perspective de l'école ne la réjouit en rien. La maîtresse la salue lors de son arrivée dans la cour, mais Lulu ne répond pas à son salut. Elle s'assoit à sa table et s'exclame : Quel ennui ! Elle refuse de travailler, jette ses livres à terre, chantonne pendant les cours (Un jour mon prince viendra, un jour il me dira mon gros rat), se révèle de plus en plus odieuse. La maîtresse n'en peut plus. La vilaine Lulu s'avance menaçante, la traite de fille publique ribaude. Les enfants, gênés dans leur travail, hurlent. La vilaine Lulu déchire leurs livres et leurs cahiers. Elle sort le gros rat blanc de son cartable, et celui-ci mord une fillette. Panique chez les enfants, et la maîtresse, fille de gendarme, considère qu'elle est déshonorée. Enfin, c'est l'heure de la récréation et tout le monde sort s'amuser gentiment. Un jeudi de la vilaine Lulu, quatre pages : Les Tuileries, beau jardin de Paris, rempli de joyeuses bandes enfantines et d'heureuses mamans. C'est le printemps : sereine la vilaine Lulu va au jardin avec sa gouvernante. Elle cueille les fleurs des plates-bandes, piétine les bordures, saute à la corde allègrement, participe à une ronde d'enfants, rôde autour des mamans, entraîne ses petites amies et les excite contre un pauvre bébé. Un tour par une encyclopédie en ligne permet d'apprendre que l'ouvrage a été écrit et dessiné dans les années 1950. Yves Saint-Laurent travaillait alors chez Christian Dior. Il racontait qu'ils étaient jeunes, qu'ils s'amusaient beaucoup. Souvent, après six heures, un collaborateur de Dior (Jean-Pierre Frère) se déguisait. Un soir, il avait remonté ses pantalons jusqu'aux genoux. le couturier se souvient, il portait de longues chaussettes noires. Dans la cabine des mannequins, il avait trouvé un jupon de tulle rouge et un chapeau de gondolier. Tout petit, presque inquiétant avec son air têtu et rusé, le collaborateur l'avait impressionné et Saint-Laurent lui avait dit : Tu es la vilaine Lulu. L'article continue en expliquant que l'ouvrage met en scène masturbation, tortures, pédophilie, meurtres et dépression latente, et a fait scandale à l'époque. Dix ans plus tard, Françoise Sagan a convaincu son auteur de publier les aventures de la vilaine Lulu en album. le lecteur s'interroge sur ce qu'il va découvrir. En l'occurrence, il lit des aventures courtes, entre deux et six pages, de ce qui semble être une petite fille turbulente et provocatrice à l'âge incertain, avec une narration visuelle composée de représentations très simplifiés, le plus souvent disposés en bande de la largeur des pages en vis-à-vis, une forme parfois infantile, parfois esthétique, avec un texte régulièrement redondant, indiquant ce que représente l'image. Ainsi le lecteur voit Lulu se livrer à de nombreuses activités : Lulu à l'école, un jeudi de la vilaine Lulu au jardin des Tuileries, Lulu admire sa propre personne, Lulu exerce le métier de masseuse pour enfants, Lulu développe une relation amoureuse avec un sapeur-pompier, Lulu interprète le lac des cygnes sur scène, Lulu profite de la plage à Deauville, Lulu vend des poulaines dans un restaurant à thème médiéval, une Lulu-manie se propage dans la population, Lulu devient infirmière, Lulu passe par une phase de déprime sévère, Lulu choisit une robe de couturier pour participer à la présentation des ravissantes débutantes au palais de Chaillot, Lulu joue au bazar de la charité avec des copines, Lulu se met à la colle avec un individu responsable d'un réseau de commerce de traite de blanches mineures, Lulu part en colonie de vacances, Lulu devient une artiste moderne conceptuelle à succès, Lulu passe un nouvel après-midi au jardin des Tuileries, Lulu distribue des œufs de Pâques pourris, Lulu se met en ménage avec un sexagénaire riche. En effet, le lecteur ne peut que constater que cette jeune fille n'est pas recommandable, ni un modèle à suivre. Elle va jusqu'à incendier une cabane de jardin dans laquelle elle a enfermé des copines, les laissant périr dans les flammes, à en conduire sciemment une autre au suicide, et à participer dans le trafic de jeunes filles blanches mineures vers un pays du Moyen-Orient, en toute connaissance de cause, sans aucun remord, par pur caprice, ou pour sa satisfaction personnelle. Le lecteur lit une histoire par une histoire, pas très sûr de disposer des références culturelles contextuelles de l'époque. Il rétablit sans peine que le jeudi de l'époque correspond au mercredi des enfants d'aujourd'hui. En revanche, le dessin en double page, intitulé Bonjour glou glou, est qualifié d'hommage à un auteur que Saint-Laurent aime tendrement et qu'il admire, sans qu'il soit possible de l'identifier uniquement par ces mots. Deux gags tournent autour des poulaines (une chaussure de forme allongée avec une pointe, portée au moyen-âge) : faut-il y voir une allusion à une mode passagère des années 1950 ? Il n'est pas très sûr non plus de l'âge qu'il doit accorder à cette vilaine Lulu. Au départ, il s'agit sans aucun doute possible d'une petite fille pré-pubère, à la silhouette disgracieuse ou peut-être encore enfantine, que sa tenue favorite contribue à enlaidir : les bas noirs, le large jupon rouge, le canotier déplacé. Elle montre régulièrement ses fesses, voire son pubis glabre. Elle joue au parc avec des petites filles. Étrangement ses parents n'apparaissent dans aucune histoire. Dans Un beau métier, son apparence reste inchangée, mais les mères de famille se comportent avec elle comme s'il s'agissait d'une adulte exerçant le métier de masseuse. Dans Bonne histoire de poulaines, elle est propriétaire d'un restaurant qu'elle dirige en salle. Dans du Schmuck et du Pluck, elle est philosophe existentialiste à succès. Mais dans la dernière histoire, cette petite fille pré-pubère se laisse entretenir à dessein par un vieux riche, et dort dans son lit. La couverture promet un mélange de dessins enfantins, en particulier la représentation de la vilaine Lulu, et de conception de page artistique. En effet, la majeure partie des personnages sont représentés à base de détourage par un trait encré d'épaisseur régulière, assez fin, des formes simplifiées relevant d'une vision enfantine. Dans le même temps, cela n'empêche pas certaines cases et certaines histoires de présenter une forte densité d'informations visuelles. Au cours de l'histoire sur la traite des fillettes, l'artiste commence par un dessin en double page, la vision en légère élévation d'une rue avec des maisons de ville à un ou deux étages, et une trentaine de personnages se désolant de la disparation de leur enfant. Puis viennent une partie de poker entre Lulu et Monsieur Totor, ce dernier assis dans un fauteuil entouré de greluches, son voilier à quai, le recrutement des fillettes attirées par des sucres d'orge tendus par Lulu, un voyage à fond de cale, un repas copieux à l'arrivée, la teinte de leurs cheveux en rouge, la projection d'un film sur leur futur papa et son harem, l'arrivée dans un désert de pacotille avec des chameaux et des tenues légères pour les filles. le lecteur prête une attention particulière aux tenues vestimentaires : elles sont variées tout en étant également représentées de manière simpliste. Il reconnaît une robe à lamé, une robe à plaquette métallique de Dior. Il prend le temps d'admirer la centaine de variations de costumes de Lulu sur les deux premières et deux dernières pages, avec même une Lulu Batman. L'inventivité du créateur ressort aussi régulièrement dans la mise en page. Il se départit régulièrement du découpage en quatre bandes de cases, de la largeur de deux pages, pour des constructions plus aventureuses. Dans les pages quatre et cinq, Lulu est représentée sept fois, avec un vêtement supplémentaire, de gauche à droite dans une sorte de danse. Il y a onze dessins en double page, avec une composition sophistiquée, assurant une lecture guidée et facile. Plusieurs histoires sont racontées sous la forme de dessins mis côte à côte sans bordure de case, avec jusqu'à une cinquantaine de dessins de Lulu. L'artiste fait usage de perspectives forcées, de cases en forme de cœur, de représentations tirant vers une forme iconique, de représentations naïves, de juxtaposition pour des éléments existant dans le même moment, de successions de cases pour décomposer une action, de cases sans arrière-plan, de décors sophistiqués en fonction de la séquence. Sous des dehors souvent frustes, il met à profit les possibilités variées de composition pour une narration visuelle. Le lecteur ressort un peu déconcerté de ces vingt-quatre courtes histoires d'une fillette malpolie, se comportant parfois comme une adulte. Il comprend que la morale ait réprouvé un tel personnage enfantin immoral à une époque où la bande dessinée était destinée à la jeunesse. En fonction de sa sensibilité, il apprécie plus ou moins le mode de représentation appartenant à l'enfance, et les histoires se terminant souvent par une pirouette parce que l'auteur est arrivé à la dernière case de la page. D'un autre côté, il peut être sensible à l'irrévérence et la provocation de ces aventures, encore politiquement incorrectes aujourd'hui, désacralisant l'enfance, mettant en scène des abominations. Un défouloir pervers contre l'image idéalisée de l'enfance.
Rédemption
J'ai hésité à mettre 1 étoile, je me suis dis que j'étais peut être un peu dur.. donc ça sera 2 ! Mais 2 étoiles au rattrapage... Commencons par le dessin... Pourtant grand amateur de gueules cassées, de visages tuméfiés, j'aurais dû apprécier le coup de crayons des personnages à la face usée par tant de mystère. Mais voilà, ça semble souvent brouillons, quelques décors intéressants, et encore.. seules les couleurs bien choisies sauvent l'honneur. Les textes, eux, sont insipides, des dialogues bateau alternant blagues potaches et échanges grossiers.. Il y avait pourtant quelques intrigues qui méritaient d'être creusées, mais l'idée semblait compliquée à mettre sur papier, donc projet abandonné, pas de suite, et c'est peut être mieux ainsi.
Et vous trouvez ça drôle ?
Une blague par page dans ce recueil d'un auteur islandais. Le dessin est simplifié à l'extrême, tout est dans le texte. Provoquant, trash, on est dans la thématique autour du sexe, de mort, de drogue, de violence intra-familiale ou non, un peu de nazi. Certains gags font sourire, d'autres laissent perplexes, d'autres encore tombent à plat. Globalement on est quand même dans la première catégorie ce qui reste honorable vu la difficulté de l'exercice mais je n'aurai pas mis 12 euros pour ce petit livre. Un assez surprenant "coup de coeur" de la bibliothèque locale vu le contenu.
Speedball
J'ai un ressenti très diffus au sortir de ma lecture qui ne permettent pas de définir ma note alors que je le commence. En fait, j'ai l'impression que deux lectures sont possibles de la BD, et l'une d'entre elle ne me plait pas. De base, ça ressemble pas mal à un film de Tarantino : bien bourrin, sanglant, un peu débile parfois et l'ensemble sur une histoire road-movie basique. Ça commence par un pacte avec le diable, ce qu'il ne faut jamais faire. Et ça part ensuite dans une course poursuite avec les flics. La fin est attendue, voir un peu convenue pour ce genre de récit. Simple et efficace, nerveux, dynamique. Maintenant, je dois dire que le récit est étrangement découpé. Il y a des interludes qui sont trop marqués pour être de simples anecdotes (Jeffrey Damher ou l'histoire des deux types) mais qui n'ont étrangement aucune incidence sur le scénario. En fait, rien n'a réellement de conséquences et me fait m'interroger sur le sens de cette BD. Que voulaient raconter les auteurs ? La chute d'un homme ? Que viennent faire des personnages réels dans tout ça alors ? Est-ce un commentaire sur l'Amérique, sur la violence ? Je ne saisis pas ce qui est dit, et je ne suis pas sur que les auteurs aient un véritable but, mais ça n'empêche pas que le propos existe (indépendamment des volontés des auteurs). Et c'est là que j'ai un doute : je ne pense pas que les auteurs veuillent dire un truc en particulier, mais ils ont un certain propos tout de même. Par exemple les personnes qui doivent mourir : quel est le lien ? Pourquoi cette fin sur le dernier type à tuer : je vois l'idée de tuer le nouveau conjoint et revenir au passé. Mais si le récit est celui-ci, que vient faire Dahmer là-dedans ? Pourquoi trois personnages centraux du récits sont gays ET tueurs ? Quel est le propos ? Peu de femmes sont présentes dans le récit -et aucune en protagonistes- mais est-ce un propos aussi ? Un commentaire ? Ce qui me dérange, ce n'est pas tant que le récit ne semble pas avoir de messages que le fait qu'il tienne tout de même un propos. C'est normal, toute œuvre à un propos, même détaché du sens voulu par un auteur. Et là, je dois dire que je suis assez suspicieux sur le propos. Je ne pense pas que les auteurs voulaient dire ça, mais la représentation des gays dans la BD m'interroge. D'autre part, je ne comprends pas le mélange entre le réel et l'imaginaire (encore une fois, on a le diable et Jeffrey Dahmer). La BD se conclue sur un nouveau pacte avec un tueur bien réel. Mais je connais un peu l'histoire de celui-ci, et quel est le rapport avec ces gens que le diable voulait voir mourir ? Quel était son intérêt de tuer le flic ? Je pense réellement que cette BD me perturbe parce que je ne vois pas ce qu'elle essaye de faire et que certaines représentations qu'elle fait me dérangent en plus haut point. Je ne suis pas du tout à l'aise avec cette BD, elle me parait légère alors que son histoire ne l'est pas du tout. Et encore une fois, la BD semble ne pas demander au lecteur de réfléchir et de se laisser porter par l'histoire, mais elle contient bien trop de détails qui incitent à réfléchir à ce qu'on voit. Je pense que ma lecture de l’œuvre est mauvaise, mais curieusement je n'arrive pas à en trouver d'autre. Et cette lecture me laisse sur un ressenti très négatif.
Multiverres
Pas forcément nécessaire celui-là. Le dessin n'est pas si mal, ( trait fin, stylisation des visages entre GB et le Larcenet du retour a la terre) mais c'est l'histoire qui est ratée surtout qu'il n'y a aucun dialogue. C'est une sorte de storyboard, maintenant il faut appeler un auteur de BD pour faire le boulot...donner de l'épaisseur aux personnages, créer un enjeu là où on ne réussit pas à en voir....
Heure Zéro
Digne du premier Crisis ? - Ce tome contient un crossover complet, sans les épisodes des séries mensuelles. Il existe une édition VO exhaustive : Zero Hour: Crisis in Time 25th Anniversary Omnibus. Il contient les 5 épisodes de la minisérie (de 4 à 0), ainsi que les 2 prologues contenus dans Showcase '94 8 & 9, initialement parus en 1994, écrits et dessinés par Dan Jurgens, encrés par Jerry Ordway, et mis en couleurs par Gregory Wright. Les 2 prologues ont été dessinés par Frank Frosco et encrés par Ken Branch, avec une mise en couleurs de Stuart Chaifetz. Ce tome contient également une introduction de 3 pages rédigée par Dan Jurgens en 2017, ainsi que la postface de 2 pages rédigée par le responsable éditorial KC Carlson en 1994 pour la première édition en recueil. Il se termine avec une frise chronologique de l'histoire de l'univers partagé DC en 4 pages, les couvertures sans logo, les images promotionnelles, et quinze pages de croquis, d'études de logo, avec le texte de la proposition initiale de Jurgens pour la minisérie. Showcase '94 8 & 9 - Au sein de Vanishing Point (le QG des surveillants du temps), Waverider (Matthew Ryder) observe ses souvenirs, et fait observer à Rip Hunter qu'il s'agit d'une ligne temporelle qui n'existe plus, mais qu'elle reste très réelle pour lui. Dans sa base secrète, Monarch (Hector Hall) se félicite que Waverider l'ait repéré. Le combat peut s'engager. Zero Hour - Il y a trente-deux heures, sur Terre à la fin des Temps, Time Trapper se fait incinérer sur place par un individu dont l'identité n'est pas dévoilée. Il annonce que le temps est venu pour l'Heure Zéro. Sur Apokolips, Metron vient demander l'aide de Darkseid car le temps est en train de se déliter. Darkseid n'en a que faire. Sur Terre, Joker est en train de s'enfuir en courant dans une rue déserte, poursuivi par un individu portant l'emblème de la chauve-souris. Il finit par être attrapé à a cheville par un filin. Il se retourne et se retrouve face à Batgirl. Batman (Bruce Wayne) et Robin (Tim Drake) arrivent sur ces entrefaites et n'en croient pas leurs yeux : ils reconnaissent Barbara Gordon, en bonne santé, ayant retrouvé toute sa mobilité. À Vanishing Point, Waverider, Rip Hunter et Matthew Ryder constatent qu'il n'y a plus d'années, plus de temps après le soixante-et-onzième siècle. Hunter et Waverider doivent aller enquêter. Au soixante-quatrième siècle, Flash (Wally West) neutralise Kadabra. Hunter et Waverider apparaissent sur la scène, alors que l'entropie est en train de dévorer l'environnement. Flash se lance dans le vortex à pleine vitesse pour le neutraliser : il se désagrège et Waverider ne récupère que son costume vide. À Metropolis, Superman (Clark Kent) rejoint Batman (Bruce Wayne) qui a garé sa Batmobile. Leur discussion est interrompue par l'arrivée de Metron sur son fauteuil Mobius. À Star City, en l'an 57.000, Waverider et Rip Hunter surgissent et se retrouvent devant Green Lantern (Hal Jordan) en train d'essayer d'enrayer le phénomène d'entropie en train de tout dévorer sur son passage. Au temps présent, sur Terre, Vanda Savage et en train d'affronter Hawkman qui soudain se tient devant lui en tant que six versions différentes séparées. Pendant ce temps-là, Superman va quérir l'aide de plusieurs superhéros : Green Lantern (Kyle Rayner), Aquaman, Superboy, Atom, Ray, Doctor Fate, Green Arrow et les équipes Outsiders, Team Titans. Dans l'introduction, Dan Jurgens replace cette histoire dans son contexte et explique les enjeux afférents. En 1984/1985, les responsables éditoriaux avaient décidé de faire redémarrer à zéro l'univers partagé DC dans Crisis on infinite Earths (1985/1986) de Marv Wolfman & George Perez… Enfin à zéro pour certains personnages comme Superman (par John Byrne) et Wonder Woman (par George Perez) dont la continuité était totalement effacée, mais pas pour d'autres comme Batman qui conservait une bonne part de sa continuité passée. Du coup, certains événements passés avaient été difficiles à concilier, que ce soit l'existence de Superboy et son lien avec la Légion des SuperHéros, ou l'historique des Teen Titans. Par la suite, l'éditeur avait mis en œuvre un certain nombre de crossover comme Legends (1986, Len Wein, John Ostrander, John Byrne), Millennium (1988, Steve Englehart & Joe Staton), Invasion! (1989, Keith Giffen Todd McFarlane, Bart Sears). En 1991, sort Armageddon 2001 par Archie Goodwin & Denny O'Neill, Dan Jurgens, Dick Giordano, Steve Mitchell, Art Thibert, qui repose sur des voyages dans le temps. Zero Hour est sous-titré Crisis in time, faisant le lien à la fois avec Crisis in infinite Earths et avec Armageddon 2001. Cette minisérie affiche également l'objectif de fournir l'occasion aux scénaristes, et plus encore aux responsables éditoriaux de réaliser un épisode numéroté Zéro pour chaque série mensuelle, dans lequel ils peuvent modifier un élément de continuité afin de remédier aux incohérences engendrées par Crisis on infinite Earths. Sur ces bases-là, Dan Jurgens raconte une histoire en forme de compte à rebours de 4 à 0, progressant vers la destruction totale du temps. Il met en œuvre les conventions attendues dans ce genre de récit. Extant, l'individu qui manipule tout depuis les coulisses, finit par se faire doubler par un autre individu plus puissant qui attendait son heure. Le scénario intègre les personnages les plus puissants de l'univers partagé DC, comme Spectre, pour montrer le niveau de destruction totale de la menace, tout en prenant soin de les neutraliser dès le départ pour que le suspense puisse croître. Il met en scène de nombreux personnages de l'univers partagé des superhéros de premier plan comme des superhéros moins connus. Wonder Woman, Batman, Superman (avec ses cheveux mi-longs) sont dont de la partie. D'autres personnages se retrouvent mêlés à la bataille comme Kyle Rayner (Green Lantern), Impulse (Bart Allen), Power Girl (Kara Zor-L enceinte), Vril Dox, Ray (Raymond Terrill), Guy Gardner sous son identité passagère de Warrior, Doctor Mist (Nommo, personnage très secondaire), Parallax, et des équipes comme les New Gods, la Justice Society of America (avec ses superhéros ayant dépassé les 50 ans et même les 60 ans), ou encore Cosmic Boy (Rokk Krinn), Saturn Girl (Imra Ardeen) et Lightning Lad (Garth Ranzz) de la Légion des SuperHéros. Au fur et à mesure, Extant surgit à plusieurs moments dans le temps pour détruire un objectif, prenant à chaque fois les superhéros de court. L'auteur intègre quelques clins d'œil au premier Crisis comme la mort apparente de Flash (Wally West) qui fait écho à celle de Barry Allen. Bien sûr les superhéros sont sur la défensive, jusqu'à temps qu'ils parviennent à coordonner leurs efforts, à attaquer efficacement le vrai responsable de l'aggravation de la situation. Bien sûr, le scénariste a choisi un écoulement linéaire du temps pour Extant et les autres personnages s'avèrent incapables de le coincer en jouant sur l'écoulement du temps propre à leur personne, par exemple en essayant de panifier une attaque quelques secondes avant celle effectuée par Extant, dont ils ont déjà la connaissance parce qu'elle se situe dans leur passé. En outre, Dan Jurgens met en scène les superhéros en utilisant que leur caractéristique principale : ils ne sont guère plus que des porteurs de costume qui se distinguent les uns des autres par leurs superpouvoirs et les motifs colorés de leur tenue. Le lecteur éprouve des difficultés à s'attacher à ces personnages définis par un unique trait de caractère : la gentillesse de Batgirl, l'allure martiale intimidante d'Hawkman, la volonté d'agir rapidement de Flash, ou encore la posture virile de Guy Gardner (mais c'est pour ça qu'on l'aime). En 1994, Dan Jurgens est déjà un créateur confirmé, ayant débuté sa carrière en 1983, ayant créé Booster Gold en 1986, et ayant mis en scène la mort de Superman. Dans l'histoire présente, le lecteur retrouve tout le savoir-faire professionnel de l'artiste : chaque personnage est représenté conformément à son apparence à ce moment de la continuité, facilement différenciable. Il met en scène l'utilisation de chaque superpouvoir avec le rentre-dedans et la pyrotechnie attendus, bien complémentés par la mise en couleurs vive et éclatante. Les finitions de Jerry Ordway (qui avait assisté George Perez sur Crisis on infinite Earths) sont impeccables. Le lecteur peut voir toute la culture graphique superhéros de Dan Jurgens dans sa capacité à utiliser les postures iconiques, à reprendre les mouvements caractéristiques de chaque personnage, à les disposer dans chaque case de manière à ce qu'ils soient tous distinguables, à mettre en œuvre les décharges d'énergie pour les rendre spectaculaires, à intégrer suffisamment de détails pour éviter la fadeur de dessins trop vides. Dans le même temps, la narration visuelle présente le même manque que la personnification des protagonistes : trop utilitaire et manquant de saveur personnelle. Au-delà de la mise en scène efficace et d'une grande lisibilité (ce qui n'est pas si évident que ça dans l'exercice du crossover qui rassemble de nombreux personnages), le lecteur ne découvre pas de case mémorable, ou de prise de vue à couper le souffle. Lors de sa parution, cette histoire revêtait une importance certaine, à la fois pour sa filiation annoncée avec Crisis on infinite Earths, à la fois pour son objectif d'offrir l'occasion de remédier à des incohérences de continuité dans des numéros zéro des séries mensuelles, et bien sûr dans l'interaction entre une multitude de personnages. À la lecture, il apparaît que Dan Jurgens s'acquitte honorablement de sa tâche, avec un professionnalisme indéniable. Mais le lecteur en ressort également avec l'impression que l'auteur est plus un bon artisan qu'un véritable artiste et qu'il n'arrive pas à insuffler le souffle épique attendu, que ce soit au travers d'environnements trop basiques, ou de personnages trop superficiels.
Batman - Aventures (Dessin animé)
Mauvaise pioche cette série. Je n’ai lu que le 1er intégral mais je vais m’arrêter là. C’est pas mauvais en soi, je suis un grand amateur du dessin animé diffusé dans les années 90, la présente série se veut d’ailleurs son prolongement sur papier. J’ai aimé que chaque histoires mettent un méchant à l’honneur, présenter en préambule avec une petite carte d’identité (détail sympa). Par contre, les récits développés sont vraiment moyens, tout va trop vite. Quelques traces d’humour sauvent un peu l’ensemble mais à moins de vraiment pas être regardant, le côté vide l’emporte. Le dessin et mise en page suivent malheureusement le même schéma. Finalement une fausse bonne idée, ce qui marche en épisode tv ne sera pas spécialement le cas en papier. L’univers est respecté mais le rendu apparait ici trop teenage. Le résultat m’a paru en dessous de Batman - Mad Love qui possède la même parenté mais plus fun et attrayant dans ses ingrédients.
Le Landais volant
Je suis vraiment désolé de mettre une mauvaise note à cette série d’un auteur dont j’ai aimé pas mal de scénarios originaux, et le dessin aux courbes bizarroïdes. Mais là, je me suis quand même pas mal ennuyé. Le dessin déjà, m’a moins plu. Certes on n’est pas dans un dessin réaliste, mais le style gros pif me plait moins chez cet auteur que quand il use d’un trait brinquebalant. Seule la colorisation m’a bien plus. Mais bon, je chipote à ce sujet, car ça reste très lisible, hein. Mais c’est l’histoire qui m’a laissé de côté. C’est amusant au départ, les textes ironiques, désabusés, un peu décalés, qui commentent les péripéties de notre Français « expatrié » (en Afrique la plupart du temps, à part une escapade finale au Québec) m’avaient laissé espérer une lecture plus plaisante qu’elle ne l’a finalement été. En fait, ça tourne rapidement en rond. Et la narration, qui mise avant tout sur des textes hors phylactères, commentant l’action, exprimant au style indirect les pensées du héros, Jean Dextre, m’ont de moins en moins intéressé. L’humour qui parsème ces aventures du pauvre ne suffisait pas à masquer les longueurs. Quatre tomes, c’est beaucoup trop long pour cette idée – avec en plus l’impression que Dumontheuil improvisait parfois. Bref, c’est une lecture décevante.
Carnac
Cela se vend possiblement bien à la boutique de souvenirs de Carnac mais c'est franchement dispensable. On nous raconte l'histoire des alignements de menhirs avec des ficelles scénaristiques pas très fines. Une femme de nos jours s'évanouit en touchant une pierre d'ambre et se retrouve téléportée dans la préhistoire au milieu d'un village. Des tensions se font jour entre les habitants, notamment 2 frères. On a vaguement quelques scènes montrant comment les menhirs sont mis en place et gravés et les rites funéraires de l'époque. Le dessin reste correct, dans la veine "mainstream" avec des couleurs flashy qui me plaisent peu.
Joe Golem - Détective de l'occulte
Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il comprend les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2015/2016, créés par Mike Mignola, coécrits par Mignola et Christopher Golden, dessinés et encrés par Patric Reynolds, avec une mise en couleurs de Dave Stewart. Il comprend deux histoires qui se suivent. Épisodes 1 à 3 The rat Catcher - En 1925, la Terre a tremblé et Manhattan s'est pour partie enfoncée dans l'eau. En 1955, Simon Church rentre le soir chez lui et il se met à étudier ses livres, comme à son habitude. La foudre frappe le coin de son immeuble, juste au-dessus de la pièce dans laquelle se trouve son bureau. Il remarque un changement imperceptible dans la statue de terre qui y est exposée. En septembre 1965, trois orphelins parcourent en barque les rues submergées qui sont devenues autant de canaux urbains. Ils repèrent un couple sur un pont et le plus agile d'entre eux grimpe, sectionne la bandoulière du sac de la dame, s'en empare et saute dans l'embarcation. En s'éloignant, l'un d'entre eux est happé par une créature issue des profondeurs. Pendant ce temps-là, Joe Golem s'est assoupi et il rêve d'un golem de pierre se déchaînant contre des sorcières au quinzième siècle, en Croatie. Lori Noonan, la maîtresse d'école, demande à Simon Church d'enquêter suite à a disparition de trois orphelins de sa classe. Épisodes 4 & 5 - The sunken dead - En octobre 1965, le pendule de Simon Church lui indique qu'il est en train de se passer quelque chose de pas catholique dans le quartier de Greenwich Village. Joe Golem étant parti se promener, il demande à sa cuisinière Martha où il se trouve. Il le récupère alors qu'il effectuait une balade en bateau avec Lori Noonan. Tous les deux, ils se dirigent vers l'habitation d'Argus Bostwick qui les reçoit de plus ou moins bonne grâce. Ils constatent rapidement qu'il a agrandi sa collection d'objets occultes, et qu'il a commencé un rituel aux conséquences fâcheuses. Mike Mignola est un créateur qui ne semble jamais connaître la panne d'inspiration, la peur de la page blanche. De temps à autre, en marge de l'univers partagé d'Hellboy et du BPRD déjà bien fourni, il lance une autre série, généralement avec un collaborateur, par exemple la série consacrée à Lord Baltimore. Joe Golem avait déjà eu droit à un roman, coécrit avec Christopher Golden : Joe Golem and the drowning city, initialement paru en octobre 1992. Reprenant le même modèle que pour Baltimore, Mignola donne donc une prolongation au roman, avec son coauteur. Il ne s'agit pas d'une suite à proprement parler puisqu'il n'est pas besoin d'avoir lu le roman pour apprécier ce tome. Aux dessins, le lecteur retrouve également l'artiste Ben Stenbeck qui a aussi illustré les cinq premiers tomes de la série Baltimore, ainsi que l'histoire Frankenstein Underground. Comme d'habitude dans les productions de Mike Mignola, Dave Stewart se charge de la mise en couleurs. En revanche les couvertures sont réalisées par Dave Palumbo. Ce dernier réalise des illustrations en peinture directe s'inscrivant dans la tradition des pulps (romans bon marché à sensation de la première moitié du vingtième siècle). Elles mettent en avant avec panache la virilité du héros, sa musculature, et une situation de danger, soit imminente, soit déjà physiquement advenue. Pour ces épisodes, Dave Stewart a choisi un parti pris chromatique affirmé. Il restreint sa palette au brun et à l'ocre, tirant parfois vers une teinte verdâtre, avec de rares effets de contraste avec une teinte orangée ou rougeâtre. Ce choix marque le récit d'une empreinte maussade, en cohérence avec la déliquescence de cette ville à moitié engloutie sous les flots. Il a aussi pour effet d'imprimer une sensation d'uniformité de surface à chaque séquence. Ben Stenbeck réalise des dessins s'inscrivant dans une veine descriptive. La séquence d'ouverture permet de voir le bateau qui dessert Brooklyn Heights, ainsi que New York vu du ciel. Ces épisodes contiennent de nombreuses autres vues des canaux de New York, pour un effet assez glauque et oppressant du fait du choix des couleurs plutôt sombres et oppressantes. Le lecteur peut promener son regard dans la pièce qui sert de bureau à Simon Church. Il peut se faire une idée de l'ameublement de la chambre de Joe. La séquence dans les pièces immergées (lors de la recherche du monstre sous-marin) donne une bonne idée de leur disposition les unes par rapport aux autres et de leur volumétrie. La bibliothèque d'Argus Bostwick impressionne par sa hauteur sous plafond, ses piliers et ses poutres de bois. Par contre la reconstitution du village croate au quinzième siècle fleure bon l'approximation d'un dessinateur qui n'a pas fait beaucoup de recherches de référence et qui s'en tient à des clichés sur les villages européens vaguement moyenâgeux. Ben Stenbeck a également eu la responsabilité de concevoir l'apparence des personnages. Joe Golem est donc un individu à la forte carrure avec une belle musculature, souvent en pardessus ou en tricot de corps, habillé à une mode qui rappelle plus les années 1940 que le début des années 1960. Simon Church a une vague allure de vieux monsieur aux cheveux blancs, avec des lunettes et une morphologie normale, sans musculature entretenue. Néanmoins son âge ne transparaît pas dans ses mouvements qui restent fluides comme ceux d'un jeune homme. Lori Noonan a également une silhouette normale, assez fine, avec également des tenues vestimentaires qui font plus datées que l'année 1965, certainement un effet de ralentissement sur les modes dû à l'effondrement partiel de la capitale. En passant d'une page à l'autre, le lecteur a parfois l'impression que le dessinateur éprouve des difficultés à garder une apparence cohérente pour les visages. Par exemple le volume et la forme de la coiffure de Lori Noonan subissent d'étranges variations que le seul effet de changement d'angle de vue ne suffit pas à expliquer. Le lecteur remarque également assez rapidement que Ben Stenbeck utilise l'encrage pour marquer les surfaces de petites griffures, ou pour apposer des aplats de noir aux contours irréguliers. Ces zones noires ne figurent pas l'ombre portée par une source lumineuse ou une autre, mais remplissent une fonction expressionniste, l'irrégularité de leur contour évoquant vaguement l'usure provoquée par un environnement agressif ou débilitant. Comme il est d'usage dans les comics, l'artiste s'affranchit de temps à autre de dessiner les arrière-plans, ce qui se remarque beaucoup du fait du choix de mise en couleurs assez uni opéré par Dave Stewart. Du coup le lecteur sort un peu de l'environnement où se déroule la scène, puisque finalement les obstacles et le relief n'ont pas de conséquences sur les mouvements des personnages. Certaines cases perdent ainsi beaucoup de leur intérêt visuel en n'apportant finalement pas grand-chose à la narration de l'histoire. Le lecteur plonge donc au cœur d'une situation déjà installée, Simon Church faisant effectuer des missions à Joe Golem. D'ailleurs Golem n'est pas son nom de famille qui n'est pas prononcé dans ces épisodes. Par contre le titre indique tout de suite au lecteur qu'elle est la nature de Joe. De ce fait, il n'éprouve pas beaucoup de curiosité pour ce personnage puisqu'il sait avant même de commencer sa lecture qu'il s'agit d'un être de terre animé par magie, avec une personnalité soit artificielle, soit très limitée. Par voie de conséquence, les séquences au quinzième siècle n'apportent pas grand-chose au récit, si ce n'est d'indiquer que Joe est troublé par ses remémorations qu'il interprète comme des cauchemars récurrents. Au bout de deux séquences dans le passé, le lecteur a compris le principe et ne voit pas ce qu'apportent les suivantes, peu denses en information. Il en découle que la construction du récit qui entrecoupe les deux enquêtes de Joe avec ces souvenirs apparaît artificielle et lourde, puisque le fil narratif dans le passé peine à capturer l'attention du lecteur (et puis les sorcières représentées par Stenbeck sont visuellement très fades). La séquence d'ouverture établit en une page la situation de New York comme ville ayant subi une catastrophe dont elle ne s'est pas relevée. Le lecteur porte son attention sur les enquêtes et les personnages. Ces derniers ne sont pas très développés, disposant d'un trait de caractère principal et unique. Il reste donc l'intrigue, soit deux enquêtes successives. La première est très classique et très linéaire avec une chasse au monstre aquatique. Le lecteur peut quand même reconnaître la patte de Mignola dans les observations de Joe sur les motivations très humaines dudit monstre. La deuxième commence de manière plus originale, mais par contre se déroule de manière encore plus linéaire, enfilant cliché après cliché. En refermant ce tome, le lecteur se dit que les collaborations entre Mike Mignola et Christopher Golden ne font pas ressortir les compétences des deux qui ont plutôt tendance à se neutraliser dans un récit fade, rendu plus insipide par des choix graphiques plus maniérés qu'inspirés.