Un concentré de testostérone pour une histoire bourrin de gars qui se pêtent la gueule. Ce comics mélange le côté anarcho-trash d'un Lobo, la satyre des super-héros américains d'un Marshal Law et la violence, le cul et le politiquement incorrect de The Boys, le tout dans un graphisme foutraque mélangeant les styles façon street art avec une tendance récurrente à vouloir représenter de gros sexes flasques.
Dans un monde très masculin, où les rares filles sont soit des putes, soit des vicieuses, soit de simples corps sans cervelle, le héros est une caricature de Captain America ou du Comédien de Watchmen, un super mâle bourrin drapé de la bannière étoilé partagé entre ses grosses envies sexuelles à assouvir et son gros truck qu'il conduit plein gaz. Missionné pour tuer tous les super-vilains dans la prison où il les a menés étant plus jeune, il rate son coup et laisse échapper les cinq plus dangereux qui n'ont plus comme objectif que de le tuer. S'engage une grosse course poursuite très musclée, bourrée d'explosions, de baston et de pas mal de torture aussi. Une sorte de gros défouloir pour l'auteur qui s'en donne à cœur joie tant au niveau de son histoire déjantée que de son graphisme.
Ca aurait pu être drôle mais c'est juste confus et paradoxalement verbeux. Alors que certaines scènes s'étirent parfois en une longue succession de pages cinématographiques, les pénibles monologues intérieurs des personnages brisent le rythme de lecture, empêchant de savourer ni l'action ni une quelconque subtilité des textes. Ceux-ci sont lourdingues et ne font pas avancer une intrigue qui, malgré l'abondance de bagarres et de brutalité, se traine et ne raconte rien. C'est creux, pas drôle, trop bourrin, et difficilement lisible. Clairement pas ma came.
Cette BD me fait poser beaucoup de questions après lecture. J'ai lu les critiques, et j'ai bien attendu avant d'écrire mon avis parce que je ne suis toujours pas certain de ce que j'en pense.
Est-ce que j'ai aimé ? Non. Est-ce que c'est une BD mauvaise ? Non. Alors quel est le problème ? Je dirais que cette BD ne me plait pas, et je ne suis pas certain du pourquoi. Déjà, je n'aime pas le dessin qui joue beaucoup sur un malaise dû à une laideur volontaire. Sauf que si je comprends l'idée et le résultat, je ne suis pas convaincu parce que la BD est assez moche (volontairement, ce n'est pas une remarque purement cosmétique) et que je n'ai pas envie de relire. Rien que le baiser en gros plan est tellement dérangeant que je n'ai pas envie de le revoir.
D'autre part, il y a ce scénario : des jeunes gens qui ont tous des problèmes dans leurs vies. Et des sacrés problèmes, j'aurais envie d'envoyer la plupart consulter un spécialiste. Mais surtout, je les ai tous trouvé désagréable. Ils sont souvent égocentriques, méchants et menteurs, devenant de fait des gens détestables à mes yeux. Et donc, je n'ai pas envie de suivre leur vie. D'ailleurs le final avec un viol me reste clairement en travers de la gorge. Je trouve qu'il y en a déjà suffisamment comme ça dans le monde pour ne pas avoir envie d'en voir un le soir lorsque je lis chez moi. Ce n'est pas tant une volonté de ne pas voir la chose que de ne pas y être exposé, ce qui est différent selon moi. Là c'est brut, sans conséquences et sans morale. Je comprends l'idée, je n'approuve pas.
J'ai du plus haut que je ne suis pas sur de ce que je pense de la BD, et c'est surtout parce que je ne suis pas sur de pourquoi je n'aime pas. Peut-être est illégitime de penser ainsi, mais cette jeunesse présentée ici, je ne la connais pas et je ne la croise pas. Du coup, je me demande d'où elle sort -et je répète, c'est sans doute purement personnel. D'autre part, je ne vois pas la critique du numérique ou de la vie par écran cité en résumé : il y a bien les écrans, mais assez peu présent et tout repose justement sur des dialogues en direct. On dirait plutôt que chacun vit dans un monde idéalisé et se heurte sans cesse à une réalité sordide. Mais je ne vois pas ces personnes lutter réellement contre les soucis, juste les accumuler. Il y a un léger mieux dans le final, qui me fait du coup me demander ce que l'auteur voulait vraiment dire, et paf, ce viol final. On reste dessus (ou presque) et je ne vois vraiment pas ce qu'il faut retenir de tout ça.
Une BD qui dérange, sans doute, mais qui ne me plait pas. Et même après cette critique, j'aurais du mal à dire explicitement pourquoi. Mais je suis certain qu'elle n'est pas pour moi !
Quand Golden City rencontre Idiocracy.
Freedom Unlimited est une île artificielle et mobile pour milliardaires tandis que le reste du monde se casse la gueule. Les riches se foutent de la gueule de la plèbe, c'est-à-dire les pouilleux qui ont moins d'un milliard de dollars et vivent en autarcie en attendant que la population humaine meurt dans sa propre bêtise. Ici tout est traité sur le ton de la dénonciation politique et du sarcasme à tendance loufoque.
Sur le ton et au niveau graphique, ça rappelle un peu Transmetropolitan avec sa critique du monde moderne et de vers quoi il pourrait tendre de pire. Et le dessin est du même niveau, très maîtrisé techniquement, avec des visages entre réalisme et caricature, avec beaucoup de détails en arrière plan et une mise en scène un peu déjantée. Sauf que ce serait un Transmetropolitan très basique et bas de plafond. La critique est tellement outrée qu'elle en devient bête.
Ça se fout d'un peu tout le monde, dans des thématiques très figées dans leur époque : on y sent la fin des années 2010, l'époque avant Covid et Ukraine, avec des réseaux sociaux et des dénonciations de cette époque, celle de Facebook et de Mark Zukerberg, des MAGA (malheureusement remis au goût du jour avec les élections américaines actuelles) et d'autres sujets qui donnent l'impression d'être déjà presque désuets.
On est dans une ambiance entre le récit d'action SF et le délire à la MAD où tout est prétexte à la déconne et à la surenchère. Ca désamorce complètement la partie aventure de l'histoire tout en n'étant pas forcément drôle d'un autre côté. Oh oh, le gars qui avait trouvé la solution miracle de taxer les plus riches pour sauver la Terre entière se fait éjecter par le millardaire égoïste : trop bien vu, ça ose dénoncer... Mouairf...
J'ai quand même rigolé deux ou trois fois sur quelques bonnes idées mais pour le reste je me suis assez ennuyé devant la platitude et le convenu de ce délire satyrique qui dénonce trop facilement.
Le drame du soufflé
-
Ce tome fait suite à Infinity Countdown qui contient les épisodes 1 à 5 de la minisérie, ainsi que Infinity Countdown Prime, Infinity Countdown Adam Warlock, et le Free Comic Book Day 2018 Guardians of the Galaxy. Ce tome-ci contient lnfinity Wars Prime 1 et Infinity Wars 1 à 6. initialement parus en 2018, écrits par Gerry Duggan. Les 6 épisodes de la minisérie et l'épisode Prime ont été dessinés et encrés par Mike Deodato, avec une mise en couleurs de Frank Martin.
Dans la Cité de l'Omnipotence, Loki est en train de consulter des tomes anciens dans la Grande Librairie. Il ne comprend pas pourquoi il n'est jamais le héros de ces histoires. Il soupçonne l'agissement d'un individu dans l'ombre qui oriente sa destinée. Il se fait rappeler à l'ordre par Flowa, la déesse bibliothécaire qui lui indique que l'établissement va fermer. Suite à son insistance, elle lui explique la raison pour laquelle Freyja a ordonné la construction de la Bibliothèque dans laquelle ont été placées des copies des ouvrages d'Asgard. Flowa a retrouvé l'ouvrage susceptible d'intéresser Loki sur sa destinée, mais des pages ont été arrachées. Elle lui indique qu'elle se souvient que le récit évoquait la Carrière des Dieux, situé aux confins de l'espace, gardée par des sorcières. Loki décide de s'y rendre et Flowa accepte de l'accompagner. Pendant ce temps-là, Adam Warlock arrive chez Stephen Strange et lui demande s'il a la pierre du temps. Il parle également de la corruption du monde de la pierre de l'âme. Ils se rendent dans ledit monde et se heurtent à un énorme monstre appelé Devondra. Sur la planète Chitauri Prime (le siège du pouvoir de Thanos), un individu appelé Requiem apparaît, transperce le torse de Thanos de son épée, puis le décapite.
Dans une taverne, Gamora aborde Peter Quill et lui demande son aide pour utiliser la pierre de puissance afin de pénétrer dans le monde de la pierre de l'âme, et d'y récupérer le morceau d'elle qui s'y trouve. Peter Quill ne donne pas suite à sa demande. Gamora l'embrasse à pleine bouche et s'en va. Groot et Rocket Raccoon arrivent et s'enquièrent de ce qui vient de se passer ; Peter Quill leur rappelle que l'équipe des Gardiens de la Galaxie est dissoute et n'existe plus. Sur Terre, Drax, Iron Man et Adam Warlock se rendent à un rendez-vous fixé par Doctor Strange au château du Belvédère à Central Park. Sur place se réunissent Doctor Strange, Captain Marvel (Carol Danvers), Groot, Iron Man (Tony Stark), Peter Quill, Drax, Adam Warlock, Turk Barrett, Spot (Johnny Ohnn), Typhoid Mary (Mary Walker), Bullseye (Lester), Sandman (Flint Marko), Tombstone (Lonnie Lincoln), et en protection Black Widow (Natasha Romanoff). La question est de savoir comment s'assurer que les pierres de l'infini ne pourront plus être rassemblées par un individu unique. Au cours de la discussion, une image surgit montrant Thanos mort, décapité. Pendant ce temps-là, Loki et Flowa poursuivent leur voyage vers la Carrière des Dieux.
En s'embarquant dans cette histoire, le lecteur sait qu'il s'agit d'une forme de récit très contraint, un crossover dont l'éditeur Marvel entend bien tirer le maximum de bénéfices, à commencer par Infinity Countdown, un prologue de plus de 200 pages, sans oublier les tomes satellites comme Infinity Warps: Two-in-One,Infinity Countdown: Darkhawk, ou encore Infinity Countdown Companion. Il sait aussi qu'il s'agit de l'aboutissement de plusieurs intrigues secondaires patiemment développées par Gerry Duggan dans la série Gardians of the Galaxy. La tentation est donc forte de connaître leur aboutissement. En outre, ce tome est bien conçu, pouvant être lu sans lire les autres, mêmes le prologue. Il commence par un trombinoscope des principaux personnages (au nombre de 19), une page de présentation des pierres de l'infini et de leurs interactions, indiquant également qui en est porteur. Le lecteur se lance à la découverte des nouvelles guerres de l'infini au titre évoquant celle de 1992 Inifinity War par Jim Starlin & Ron Lim, elle-même faisant référence au Gant de l'infini (1991) par Starlin, George Perez, Lim.
Très rapidement, le lecteur constate que Gerry Duggan ne se sent pas prisonnier de l'original de Starlin et qu'il dispose des coudées franches pour développer une intrigue originale. Le lecteur ne doit donc pas s'attendre à trouver Magus, ou la déesse. En prime, le scénariste commence fort, que ce soit par l'inclusion de Loki dont le lecteur se demande bien ce qu'il vient faire là, ou par l'assassinat de Thanos, assez bien agencé pour qu'il puisse y croire au moins le temps du récit. La réunion des porteurs de pierre de l'infini se déroule d'une manière qui défie les attentes (sans parler de la présence de Turk Barrett), et le mystère du monstre dans le monde de la pierre de l'âme est intriguant. En plus, Duggan évite d'étirer le suspense quant à l'identité de Requiem, ce qui permet de passer rapidement à la suite. Le lecteur apprécie également que les épisodes essentiels du récit (les 6 de la minisérie + le prologue Prime) soient dessinés par un seul et unique artiste. Mike Deodato est plutôt en bonne forme au début. Il est visible qu'il s'économise sur les décors, passé la première moitié du récit.
Dès l'épisode prologue Prime, le lecteur retrouve le tic de mise en page de l'artiste qui consiste à découper un dessin de la taille des 2 tiers de la page, un dessin en pleine page, ou même en double page, en des rectangles plus petits en superposant une grille à base de lignes blanches qui séparent artificiellement un même dessin. Le systématisme de ce dispositif visuel peut agacer, mais parfois Deodato l'utilise de manière plus pertinente pour substituer une partie du dessin (un rectangle) par un autre dessin qui se trouve ainsi en insertion, créant un rapprochement spatial, ou une concomitance temporelle intéressant. L'artiste dessine toujours de manière descriptive et réaliste, gérant avec une facilité épatante la multitude de personnages, et chacune des particularités de leur costume. Il fait l'effort de représenter des silhouettes différentes pour les personnages féminins, de la morphologie adolescente de Miss Marvel, à la silhouette plus accorte d'Emma Frost, en passant par le corps peu sexué de Gamora. De la même manière, les personnages masculins n'ont pas tous la même corpulence, depuis la silhouette massive de Thanos, à celle plus élancée de Loki.
Mike Deodato est un dessinateur confirmé de superhéros, maniant les conventions visuelles associées avec dextérité. Il sait concevoir une mise en scène de telle sorte que les individus ne se marchent pas sur les pieds même quand ils sont nombreux. Il maîtrise les postures en position de combats physiques, que ce soit les attaques à mains nues, ou les démonstrations de superpouvoir, avec une mise en couleurs complémentaires et enrichissantes de Frank Martin. Au fil des séquences, certaines images restent en tête par leur puissance spectaculaire, ou leur côté incongru : Loki en train de se faire mettre à la porte de la bibliothèque, la première apparition de Devondra (avec des relents de Cthulhu), le dessin en pleine page de la décapitation de Thanos, l'arrivée de Requiem sur Terre avec la tête de Thanos à la main, l'allure finalement très réussie des amalgames de 2 superhéros, Loki en passager sur une grosse cylindrée conduite par Emma Frost, Adam Warlock faisant léviter les 6 pierres au-dessus sa paume, etc. Finalement le lecteur se laisse entraîner dans cette histoire sans prétention philosophique ou psychologique, mais avec une intrigue de grande ampleur et des surprises régulières.
Dans la première moitié du récit, Gerry Duggan emmène le lecteur dans une intrigue originale, refusant la redite avec les sagas originelles de Jim Starlin, impliquant de nombreux personnages, mais sans perdre le lecteur, jouant avec ses attentes, pour mieux le surprendre. Le lecteur oublie rapidement la participation incongrue de Turk Barrett ou l'apparition éclair de Spider-Man en tant qu'obligation éditoriale. Même l'idée a priori idiote de fusionner deux personnages en 1 (par exemple Captain America avec Doctor Strange) ne semble pas si incongrue, pas si opportuniste (pour vendre des miniséries associées) que ça. Mais à partir de l'épisode 4, Gerry Duggan semble changer de registre de narration pour revenir à un récit de superhéros beaucoup plus classique, où les personnages se lancent dans une bataille après l'autre, pour triompher par la force et la volonté, supplantant ainsi la dimension mythologique du récit pour revenir à une succession de combats basiques. Le lecteur attend que ça se passe, en profitant des effets pyrotechniques de Deodato & Martin, mais le récit ne redécolle plus. L'histoire principale s'achemine ainsi vers sa conclusion sans retrouver son souffle épique.
La première moitié de la minisérie principale montre que Gerry Duggan sait utiliser à bon escient les ressources de l'univers partagé Marvel, et que Mike Deodato donne l'impression de facilité à mettre en scène autant de personnages. Dans la deuxième moitié, le soufflé retombe mollement, dans un registre superhéros manquant d'ampleur et d'ambition.
Je mets une étoile de plus que Spooky, en raison du dessin, qui est plutôt joli, agréable à l’œil. Avare de détails, avec des décors un peu escamotés, il est globalement plaisant. Plus clair que le récit lui-même en tout cas !
Car pour cela je rejoins Spooky. La narration est obscure, très verbeuse : c’est franchement indigeste, et rapidement j’ai perdu le fil de « l’histoire ». Traiter les camps d’extermination et la shoah de façon détournée, métaphorique, pourquoi pas ? Mais là le texte trop abondant (et les premières pages sont les pires à ce propos !), et un récit peu clair m’ont égaré.
Les cases et textes de la dernière page sont, eux, bien plus clairs et précis, cela donne les clés, recentre le récit, avec ce train qui arrive à Auschwitz, avec la fumée des crématoires en arrière-plan. Certes. Mais il est trop tard.
Quelques aspects intéressants, comme par exemple de montrer pas mal de métiers intervenant dans la « confection » d’un film (script, montage, etc.), dans le Hollywood du début des années 1950. Une partie de « l’envers » évoqué par le titre.
Mais l’envers s’entend ici aussi au niveau des relations cachées entretenues par les protagonistes, et là c’est moins intéressant. Surtout que le rythme est très lent, rien ne vient véritablement dynamiser la lecture. Et la longue suite de ragots, de coucheries/tromperies, les bisbilles entre tel ou tel protagoniste, tout ça m’a clairement laissé de côté. Convenu, du déjà-vu sans passion ni originalité, sans rythme donc. Un scénario paresseux. Le début du Mac Carthysme, évoqué à un moment, m’a un temps fait espérer que l’intrigue allait être boostée, mais en fait il n’en a rien été.
Reste le dessin de Raives, comme toujours très classique et agréable. Mais lui aussi sans originalité. Il aide à faire passer l’intrigue mollassonne, mais contribue aussi à engourdir l’œil du lecteur.
Oh la jolie déception !
Nocq s’aventure du côté du polar, du thriller, du noir, et la perspective m'enthousiasmait assez. L'idée d'utiliser un décor marin accentuait la légitimité de ses identifiables tonalités bleues. Mes attentes étaient assez élevées, après un intéressant Le Rapport W et un plus pertinent encore Les Grands Cerfs ; je rêvais d'un crescendo qualitatif, d'une BD définitivement réussie !
Et force est de constater que le projet est bien mal cadré. Qu'a fait l'éditeur ? Un moment, il faut savoir restreindre la liberté de l'auteur, ou tout du moins l'amener à s'interroger sur son projet, sur les liaisons entre le thriller et les aspects documentaires, sur la compréhension globale de l'intrigue.
Le thriller est ici sans queue ni tête, mais pas abscons par souhait de perdre son lecteur pour créer un vertige, une fascination tel un Cronenberg ou Lynch au cinéma, un humoristique Mc Guffin hitchcockien ; ici nulle richesse et mise en abîme avec la parano de l'héroïne, il n'y a qu'incompréhension, que du flou, du mystère lassant à force de sur-place et apartés.
Plus décevant encore, les illustrations de Nocq se contentent bien des fois de seuls plaisants jeux de lumière, redondants et un peu faciles.
Un auteur toujours à suivre, qui essuie là un petit et bien excusable raté. Note sévère, à la hauteur de l'attente déçue, un sympathique avertissement.
De la même manière que Garth Ennis l'avait fait pour Punisher - La Fin, Peter David imagine ici un super-héros resté seul après l'apocalypse dans un monde ravagé et sans espoir. Ce héros, c'est Hulk, ou plus souvent Bruce Banner qui erre sans but tandis que son alter ego l'empêche de mourir. La Terre a été détruite par une guerre nucléaire, tous les hommes ont péri, les civilisations extraterrestres s'en réjouissent et personne ne viendra à la rencontre de Banner qui ne peut que trainer sa carcasse, régulièrement dévorée par les insectes mais régénérée par l'immortel Hulk.
Avec ce récit, Peter David met un point final à la série d'épisodes qu'il a scénarisés pour Hulk. Certains d'entre eux peuplent d'ailleurs les souvenirs de Banner. Mais c'est bien le genre de scénario qui m'ennuie. Il ne s'y passe quasiment rien, on se contente de suivre les pensées morbides de Banner, son désir de mourir, sa désespération, et en parallèle la rage permanente d'un Hulk qui en est venu à détester tout ce qui existe et existait. Le dessin est de bonne qualité mais il a si peu à mettre en image que c'est presque gâché : toujours les mêmes décors ravagés, et un Banner maigre, vieilli et mourant qui ressasse son malheur. Sur le plan de la crédibilité, dans un univers Marvel où d'autres héros sont immortels ou capables de se régénérer, ou vivent simplement ailleurs que sur Terre, il est difficile d'imaginer qu'aucun d'entre eux ne soit venu redresser la situation ou ne serait-ce que rencontrer Bruce Banner après la guerre. Il faut donc se contenter du contexte artificiel posé par le scénariste malgré le peu d'intérêt que je lui trouve. Vers la fin on a droit à l'idée d'un rapprochement avec le mythe de Prométhée mais il est assez bancal et ne mène nulle part.
Bref, un comics lu avec ennui.
On assiste depuis quelques années à un entrain considérable pour les années 80 à travers différents médias : le succès de la série TV « Stranger Things » en reste le principal étendard par sa popularité mais les musiques Synthwave, les néons flashy qui illuminent les nuits d’été ou même les jeux vidéo arborant les mécaniques de gameplay moderne dans du pixel art du plus bel effet, bref le phénomène est un peu partout.
Tenir en main « Arcadium » met directement dans une ambiance similaire : borne d’arcade sur la couverture, lettrage rétro et couleurs très contrastées.
Nikopek l’auteur a très bien connu cette époque et souhaite retranscrire toute cette nostalgie et cet amour pour cette époque au travers du genre qu’il affectionne le plus : l’horreur.
Horreur palpable dès les premières pages avec cet ado Gavin accusé par les flics locaux d’avoir massacré toute sa famille dans d’étranges circonstances. Gavin va donc raconter toute son histoire à la première personne.
C’est de loin la partie la plus réjouissante : le jeune homme est tiraillé entre un boulot peu passionnant, un beau-père tyrannique, l’alcool et l’ennui. Si cela reste somme toutes assez classique, la mise en scène est bien mieux exécutée que pour les œuvres antérieures de Nikopek. Ce quotidien est passionnant, le dessin est chargé de détails eighties, références musicales, montre digitale etc... Le tout est discret ou surligné au marqueur jaune mais n’est jamais envahissant ou présenté comme du placement de produits.
On sent bien l’influence Stephen King et Carpenter du projet mais tout ce chouette vernis ne va pas tenir la distance dès que le récit entame sa seconde phase en introduisant davantage de fantastique en multipliant non-dits et scènes chocs dans un monde parallèle ou pas mais pas assez maitrisé pour conserver mon intérêt.
Le gros souci vient d’une part de personnages pas assez développés et une intrigue un peu trop nébuleuse ou pas et à la conclusion définitive mais largement décevante.
Là où certaines BD gardent cette part de mystère pour une seconde lecture, rien ne me laisse supposer ici d’en avoir envie. C’est bien dommage car on ne retient finalement rien de bien positif à ce récit confus et décousu. En conclusion je suis fortement déçu d’avoir été baladé ainsi sans grand intérêt au milieu de personnages peu attachants.
Bon bah non, définitivement non.
J’étais déjà un peu dubitatif à l’époque de sa sortie mais la récente relecture (enfin le survol pour être honnête) penche dans la balance du franchement passer votre chemin.
Le dessin de Dim. D convient bien au genre mais je n’y accroche pas, je lui trouve un côté artificiel et maladroit. Mais le pire reste le récit et personnages qui suivent les mêmes pas. L’aventure ne propose aucune surprise, elle est stéréotypée, téléphonée et resucée. Les protagonistes ne respirent pas le charisme.
Bref il ne faut pas été trop regardant pour y trouver son compte, dans le genre il y a bien mieux.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Butcher Baker - Le Redresseur de torts
Un concentré de testostérone pour une histoire bourrin de gars qui se pêtent la gueule. Ce comics mélange le côté anarcho-trash d'un Lobo, la satyre des super-héros américains d'un Marshal Law et la violence, le cul et le politiquement incorrect de The Boys, le tout dans un graphisme foutraque mélangeant les styles façon street art avec une tendance récurrente à vouloir représenter de gros sexes flasques. Dans un monde très masculin, où les rares filles sont soit des putes, soit des vicieuses, soit de simples corps sans cervelle, le héros est une caricature de Captain America ou du Comédien de Watchmen, un super mâle bourrin drapé de la bannière étoilé partagé entre ses grosses envies sexuelles à assouvir et son gros truck qu'il conduit plein gaz. Missionné pour tuer tous les super-vilains dans la prison où il les a menés étant plus jeune, il rate son coup et laisse échapper les cinq plus dangereux qui n'ont plus comme objectif que de le tuer. S'engage une grosse course poursuite très musclée, bourrée d'explosions, de baston et de pas mal de torture aussi. Une sorte de gros défouloir pour l'auteur qui s'en donne à cœur joie tant au niveau de son histoire déjantée que de son graphisme. Ca aurait pu être drôle mais c'est juste confus et paradoxalement verbeux. Alors que certaines scènes s'étirent parfois en une longue succession de pages cinématographiques, les pénibles monologues intérieurs des personnages brisent le rythme de lecture, empêchant de savourer ni l'action ni une quelconque subtilité des textes. Ceux-ci sont lourdingues et ne font pas avancer une intrigue qui, malgré l'abondance de bagarres et de brutalité, se traine et ne raconte rien. C'est creux, pas drôle, trop bourrin, et difficilement lisible. Clairement pas ma came.
Padovaland
Cette BD me fait poser beaucoup de questions après lecture. J'ai lu les critiques, et j'ai bien attendu avant d'écrire mon avis parce que je ne suis toujours pas certain de ce que j'en pense. Est-ce que j'ai aimé ? Non. Est-ce que c'est une BD mauvaise ? Non. Alors quel est le problème ? Je dirais que cette BD ne me plait pas, et je ne suis pas certain du pourquoi. Déjà, je n'aime pas le dessin qui joue beaucoup sur un malaise dû à une laideur volontaire. Sauf que si je comprends l'idée et le résultat, je ne suis pas convaincu parce que la BD est assez moche (volontairement, ce n'est pas une remarque purement cosmétique) et que je n'ai pas envie de relire. Rien que le baiser en gros plan est tellement dérangeant que je n'ai pas envie de le revoir. D'autre part, il y a ce scénario : des jeunes gens qui ont tous des problèmes dans leurs vies. Et des sacrés problèmes, j'aurais envie d'envoyer la plupart consulter un spécialiste. Mais surtout, je les ai tous trouvé désagréable. Ils sont souvent égocentriques, méchants et menteurs, devenant de fait des gens détestables à mes yeux. Et donc, je n'ai pas envie de suivre leur vie. D'ailleurs le final avec un viol me reste clairement en travers de la gorge. Je trouve qu'il y en a déjà suffisamment comme ça dans le monde pour ne pas avoir envie d'en voir un le soir lorsque je lis chez moi. Ce n'est pas tant une volonté de ne pas voir la chose que de ne pas y être exposé, ce qui est différent selon moi. Là c'est brut, sans conséquences et sans morale. Je comprends l'idée, je n'approuve pas. J'ai du plus haut que je ne suis pas sur de ce que je pense de la BD, et c'est surtout parce que je ne suis pas sur de pourquoi je n'aime pas. Peut-être est illégitime de penser ainsi, mais cette jeunesse présentée ici, je ne la connais pas et je ne la croise pas. Du coup, je me demande d'où elle sort -et je répète, c'est sans doute purement personnel. D'autre part, je ne vois pas la critique du numérique ou de la vie par écran cité en résumé : il y a bien les écrans, mais assez peu présent et tout repose justement sur des dialogues en direct. On dirait plutôt que chacun vit dans un monde idéalisé et se heurte sans cesse à une réalité sordide. Mais je ne vois pas ces personnes lutter réellement contre les soucis, juste les accumuler. Il y a un léger mieux dans le final, qui me fait du coup me demander ce que l'auteur voulait vraiment dire, et paf, ce viol final. On reste dessus (ou presque) et je ne vois vraiment pas ce qu'il faut retenir de tout ça. Une BD qui dérange, sans doute, mais qui ne me plait pas. Et même après cette critique, j'aurais du mal à dire explicitement pourquoi. Mais je suis certain qu'elle n'est pas pour moi !
Billionaire Island
Quand Golden City rencontre Idiocracy. Freedom Unlimited est une île artificielle et mobile pour milliardaires tandis que le reste du monde se casse la gueule. Les riches se foutent de la gueule de la plèbe, c'est-à-dire les pouilleux qui ont moins d'un milliard de dollars et vivent en autarcie en attendant que la population humaine meurt dans sa propre bêtise. Ici tout est traité sur le ton de la dénonciation politique et du sarcasme à tendance loufoque. Sur le ton et au niveau graphique, ça rappelle un peu Transmetropolitan avec sa critique du monde moderne et de vers quoi il pourrait tendre de pire. Et le dessin est du même niveau, très maîtrisé techniquement, avec des visages entre réalisme et caricature, avec beaucoup de détails en arrière plan et une mise en scène un peu déjantée. Sauf que ce serait un Transmetropolitan très basique et bas de plafond. La critique est tellement outrée qu'elle en devient bête. Ça se fout d'un peu tout le monde, dans des thématiques très figées dans leur époque : on y sent la fin des années 2010, l'époque avant Covid et Ukraine, avec des réseaux sociaux et des dénonciations de cette époque, celle de Facebook et de Mark Zukerberg, des MAGA (malheureusement remis au goût du jour avec les élections américaines actuelles) et d'autres sujets qui donnent l'impression d'être déjà presque désuets. On est dans une ambiance entre le récit d'action SF et le délire à la MAD où tout est prétexte à la déconne et à la surenchère. Ca désamorce complètement la partie aventure de l'histoire tout en n'étant pas forcément drôle d'un autre côté. Oh oh, le gars qui avait trouvé la solution miracle de taxer les plus riches pour sauver la Terre entière se fait éjecter par le millardaire égoïste : trop bien vu, ça ose dénoncer... Mouairf... J'ai quand même rigolé deux ou trois fois sur quelques bonnes idées mais pour le reste je me suis assez ennuyé devant la platitude et le convenu de ce délire satyrique qui dénonce trop facilement.
Infinity Wars
Le drame du soufflé - Ce tome fait suite à Infinity Countdown qui contient les épisodes 1 à 5 de la minisérie, ainsi que Infinity Countdown Prime, Infinity Countdown Adam Warlock, et le Free Comic Book Day 2018 Guardians of the Galaxy. Ce tome-ci contient lnfinity Wars Prime 1 et Infinity Wars 1 à 6. initialement parus en 2018, écrits par Gerry Duggan. Les 6 épisodes de la minisérie et l'épisode Prime ont été dessinés et encrés par Mike Deodato, avec une mise en couleurs de Frank Martin. Dans la Cité de l'Omnipotence, Loki est en train de consulter des tomes anciens dans la Grande Librairie. Il ne comprend pas pourquoi il n'est jamais le héros de ces histoires. Il soupçonne l'agissement d'un individu dans l'ombre qui oriente sa destinée. Il se fait rappeler à l'ordre par Flowa, la déesse bibliothécaire qui lui indique que l'établissement va fermer. Suite à son insistance, elle lui explique la raison pour laquelle Freyja a ordonné la construction de la Bibliothèque dans laquelle ont été placées des copies des ouvrages d'Asgard. Flowa a retrouvé l'ouvrage susceptible d'intéresser Loki sur sa destinée, mais des pages ont été arrachées. Elle lui indique qu'elle se souvient que le récit évoquait la Carrière des Dieux, situé aux confins de l'espace, gardée par des sorcières. Loki décide de s'y rendre et Flowa accepte de l'accompagner. Pendant ce temps-là, Adam Warlock arrive chez Stephen Strange et lui demande s'il a la pierre du temps. Il parle également de la corruption du monde de la pierre de l'âme. Ils se rendent dans ledit monde et se heurtent à un énorme monstre appelé Devondra. Sur la planète Chitauri Prime (le siège du pouvoir de Thanos), un individu appelé Requiem apparaît, transperce le torse de Thanos de son épée, puis le décapite. Dans une taverne, Gamora aborde Peter Quill et lui demande son aide pour utiliser la pierre de puissance afin de pénétrer dans le monde de la pierre de l'âme, et d'y récupérer le morceau d'elle qui s'y trouve. Peter Quill ne donne pas suite à sa demande. Gamora l'embrasse à pleine bouche et s'en va. Groot et Rocket Raccoon arrivent et s'enquièrent de ce qui vient de se passer ; Peter Quill leur rappelle que l'équipe des Gardiens de la Galaxie est dissoute et n'existe plus. Sur Terre, Drax, Iron Man et Adam Warlock se rendent à un rendez-vous fixé par Doctor Strange au château du Belvédère à Central Park. Sur place se réunissent Doctor Strange, Captain Marvel (Carol Danvers), Groot, Iron Man (Tony Stark), Peter Quill, Drax, Adam Warlock, Turk Barrett, Spot (Johnny Ohnn), Typhoid Mary (Mary Walker), Bullseye (Lester), Sandman (Flint Marko), Tombstone (Lonnie Lincoln), et en protection Black Widow (Natasha Romanoff). La question est de savoir comment s'assurer que les pierres de l'infini ne pourront plus être rassemblées par un individu unique. Au cours de la discussion, une image surgit montrant Thanos mort, décapité. Pendant ce temps-là, Loki et Flowa poursuivent leur voyage vers la Carrière des Dieux. En s'embarquant dans cette histoire, le lecteur sait qu'il s'agit d'une forme de récit très contraint, un crossover dont l'éditeur Marvel entend bien tirer le maximum de bénéfices, à commencer par Infinity Countdown, un prologue de plus de 200 pages, sans oublier les tomes satellites comme Infinity Warps: Two-in-One,Infinity Countdown: Darkhawk, ou encore Infinity Countdown Companion. Il sait aussi qu'il s'agit de l'aboutissement de plusieurs intrigues secondaires patiemment développées par Gerry Duggan dans la série Gardians of the Galaxy. La tentation est donc forte de connaître leur aboutissement. En outre, ce tome est bien conçu, pouvant être lu sans lire les autres, mêmes le prologue. Il commence par un trombinoscope des principaux personnages (au nombre de 19), une page de présentation des pierres de l'infini et de leurs interactions, indiquant également qui en est porteur. Le lecteur se lance à la découverte des nouvelles guerres de l'infini au titre évoquant celle de 1992 Inifinity War par Jim Starlin & Ron Lim, elle-même faisant référence au Gant de l'infini (1991) par Starlin, George Perez, Lim. Très rapidement, le lecteur constate que Gerry Duggan ne se sent pas prisonnier de l'original de Starlin et qu'il dispose des coudées franches pour développer une intrigue originale. Le lecteur ne doit donc pas s'attendre à trouver Magus, ou la déesse. En prime, le scénariste commence fort, que ce soit par l'inclusion de Loki dont le lecteur se demande bien ce qu'il vient faire là, ou par l'assassinat de Thanos, assez bien agencé pour qu'il puisse y croire au moins le temps du récit. La réunion des porteurs de pierre de l'infini se déroule d'une manière qui défie les attentes (sans parler de la présence de Turk Barrett), et le mystère du monstre dans le monde de la pierre de l'âme est intriguant. En plus, Duggan évite d'étirer le suspense quant à l'identité de Requiem, ce qui permet de passer rapidement à la suite. Le lecteur apprécie également que les épisodes essentiels du récit (les 6 de la minisérie + le prologue Prime) soient dessinés par un seul et unique artiste. Mike Deodato est plutôt en bonne forme au début. Il est visible qu'il s'économise sur les décors, passé la première moitié du récit. Dès l'épisode prologue Prime, le lecteur retrouve le tic de mise en page de l'artiste qui consiste à découper un dessin de la taille des 2 tiers de la page, un dessin en pleine page, ou même en double page, en des rectangles plus petits en superposant une grille à base de lignes blanches qui séparent artificiellement un même dessin. Le systématisme de ce dispositif visuel peut agacer, mais parfois Deodato l'utilise de manière plus pertinente pour substituer une partie du dessin (un rectangle) par un autre dessin qui se trouve ainsi en insertion, créant un rapprochement spatial, ou une concomitance temporelle intéressant. L'artiste dessine toujours de manière descriptive et réaliste, gérant avec une facilité épatante la multitude de personnages, et chacune des particularités de leur costume. Il fait l'effort de représenter des silhouettes différentes pour les personnages féminins, de la morphologie adolescente de Miss Marvel, à la silhouette plus accorte d'Emma Frost, en passant par le corps peu sexué de Gamora. De la même manière, les personnages masculins n'ont pas tous la même corpulence, depuis la silhouette massive de Thanos, à celle plus élancée de Loki. Mike Deodato est un dessinateur confirmé de superhéros, maniant les conventions visuelles associées avec dextérité. Il sait concevoir une mise en scène de telle sorte que les individus ne se marchent pas sur les pieds même quand ils sont nombreux. Il maîtrise les postures en position de combats physiques, que ce soit les attaques à mains nues, ou les démonstrations de superpouvoir, avec une mise en couleurs complémentaires et enrichissantes de Frank Martin. Au fil des séquences, certaines images restent en tête par leur puissance spectaculaire, ou leur côté incongru : Loki en train de se faire mettre à la porte de la bibliothèque, la première apparition de Devondra (avec des relents de Cthulhu), le dessin en pleine page de la décapitation de Thanos, l'arrivée de Requiem sur Terre avec la tête de Thanos à la main, l'allure finalement très réussie des amalgames de 2 superhéros, Loki en passager sur une grosse cylindrée conduite par Emma Frost, Adam Warlock faisant léviter les 6 pierres au-dessus sa paume, etc. Finalement le lecteur se laisse entraîner dans cette histoire sans prétention philosophique ou psychologique, mais avec une intrigue de grande ampleur et des surprises régulières. Dans la première moitié du récit, Gerry Duggan emmène le lecteur dans une intrigue originale, refusant la redite avec les sagas originelles de Jim Starlin, impliquant de nombreux personnages, mais sans perdre le lecteur, jouant avec ses attentes, pour mieux le surprendre. Le lecteur oublie rapidement la participation incongrue de Turk Barrett ou l'apparition éclair de Spider-Man en tant qu'obligation éditoriale. Même l'idée a priori idiote de fusionner deux personnages en 1 (par exemple Captain America avec Doctor Strange) ne semble pas si incongrue, pas si opportuniste (pour vendre des miniséries associées) que ça. Mais à partir de l'épisode 4, Gerry Duggan semble changer de registre de narration pour revenir à un récit de superhéros beaucoup plus classique, où les personnages se lancent dans une bataille après l'autre, pour triompher par la force et la volonté, supplantant ainsi la dimension mythologique du récit pour revenir à une succession de combats basiques. Le lecteur attend que ça se passe, en profitant des effets pyrotechniques de Deodato & Martin, mais le récit ne redécolle plus. L'histoire principale s'achemine ainsi vers sa conclusion sans retrouver son souffle épique. La première moitié de la minisérie principale montre que Gerry Duggan sait utiliser à bon escient les ressources de l'univers partagé Marvel, et que Mike Deodato donne l'impression de facilité à mettre en scène autant de personnages. Dans la deuxième moitié, le soufflé retombe mollement, dans un registre superhéros manquant d'ampleur et d'ambition.
Dans la nuit du champ
Je mets une étoile de plus que Spooky, en raison du dessin, qui est plutôt joli, agréable à l’œil. Avare de détails, avec des décors un peu escamotés, il est globalement plaisant. Plus clair que le récit lui-même en tout cas ! Car pour cela je rejoins Spooky. La narration est obscure, très verbeuse : c’est franchement indigeste, et rapidement j’ai perdu le fil de « l’histoire ». Traiter les camps d’extermination et la shoah de façon détournée, métaphorique, pourquoi pas ? Mais là le texte trop abondant (et les premières pages sont les pires à ce propos !), et un récit peu clair m’ont égaré. Les cases et textes de la dernière page sont, eux, bien plus clairs et précis, cela donne les clés, recentre le récit, avec ce train qui arrive à Auschwitz, avec la fumée des crématoires en arrière-plan. Certes. Mais il est trop tard.
L'Envers des rêves
Quelques aspects intéressants, comme par exemple de montrer pas mal de métiers intervenant dans la « confection » d’un film (script, montage, etc.), dans le Hollywood du début des années 1950. Une partie de « l’envers » évoqué par le titre. Mais l’envers s’entend ici aussi au niveau des relations cachées entretenues par les protagonistes, et là c’est moins intéressant. Surtout que le rythme est très lent, rien ne vient véritablement dynamiser la lecture. Et la longue suite de ragots, de coucheries/tromperies, les bisbilles entre tel ou tel protagoniste, tout ça m’a clairement laissé de côté. Convenu, du déjà-vu sans passion ni originalité, sans rythme donc. Un scénario paresseux. Le début du Mac Carthysme, évoqué à un moment, m’a un temps fait espérer que l’intrigue allait être boostée, mais en fait il n’en a rien été. Reste le dessin de Raives, comme toujours très classique et agréable. Mais lui aussi sans originalité. Il aide à faire passer l’intrigue mollassonne, mais contribue aussi à engourdir l’œil du lecteur.
Octopolis
Oh la jolie déception ! Nocq s’aventure du côté du polar, du thriller, du noir, et la perspective m'enthousiasmait assez. L'idée d'utiliser un décor marin accentuait la légitimité de ses identifiables tonalités bleues. Mes attentes étaient assez élevées, après un intéressant Le Rapport W et un plus pertinent encore Les Grands Cerfs ; je rêvais d'un crescendo qualitatif, d'une BD définitivement réussie ! Et force est de constater que le projet est bien mal cadré. Qu'a fait l'éditeur ? Un moment, il faut savoir restreindre la liberté de l'auteur, ou tout du moins l'amener à s'interroger sur son projet, sur les liaisons entre le thriller et les aspects documentaires, sur la compréhension globale de l'intrigue. Le thriller est ici sans queue ni tête, mais pas abscons par souhait de perdre son lecteur pour créer un vertige, une fascination tel un Cronenberg ou Lynch au cinéma, un humoristique Mc Guffin hitchcockien ; ici nulle richesse et mise en abîme avec la parano de l'héroïne, il n'y a qu'incompréhension, que du flou, du mystère lassant à force de sur-place et apartés. Plus décevant encore, les illustrations de Nocq se contentent bien des fois de seuls plaisants jeux de lumière, redondants et un peu faciles. Un auteur toujours à suivre, qui essuie là un petit et bien excusable raté. Note sévère, à la hauteur de l'attente déçue, un sympathique avertissement.
Hulk - Le dernier des titans
De la même manière que Garth Ennis l'avait fait pour Punisher - La Fin, Peter David imagine ici un super-héros resté seul après l'apocalypse dans un monde ravagé et sans espoir. Ce héros, c'est Hulk, ou plus souvent Bruce Banner qui erre sans but tandis que son alter ego l'empêche de mourir. La Terre a été détruite par une guerre nucléaire, tous les hommes ont péri, les civilisations extraterrestres s'en réjouissent et personne ne viendra à la rencontre de Banner qui ne peut que trainer sa carcasse, régulièrement dévorée par les insectes mais régénérée par l'immortel Hulk. Avec ce récit, Peter David met un point final à la série d'épisodes qu'il a scénarisés pour Hulk. Certains d'entre eux peuplent d'ailleurs les souvenirs de Banner. Mais c'est bien le genre de scénario qui m'ennuie. Il ne s'y passe quasiment rien, on se contente de suivre les pensées morbides de Banner, son désir de mourir, sa désespération, et en parallèle la rage permanente d'un Hulk qui en est venu à détester tout ce qui existe et existait. Le dessin est de bonne qualité mais il a si peu à mettre en image que c'est presque gâché : toujours les mêmes décors ravagés, et un Banner maigre, vieilli et mourant qui ressasse son malheur. Sur le plan de la crédibilité, dans un univers Marvel où d'autres héros sont immortels ou capables de se régénérer, ou vivent simplement ailleurs que sur Terre, il est difficile d'imaginer qu'aucun d'entre eux ne soit venu redresser la situation ou ne serait-ce que rencontrer Bruce Banner après la guerre. Il faut donc se contenter du contexte artificiel posé par le scénariste malgré le peu d'intérêt que je lui trouve. Vers la fin on a droit à l'idée d'un rapprochement avec le mythe de Prométhée mais il est assez bancal et ne mène nulle part. Bref, un comics lu avec ennui.
Arcadium
On assiste depuis quelques années à un entrain considérable pour les années 80 à travers différents médias : le succès de la série TV « Stranger Things » en reste le principal étendard par sa popularité mais les musiques Synthwave, les néons flashy qui illuminent les nuits d’été ou même les jeux vidéo arborant les mécaniques de gameplay moderne dans du pixel art du plus bel effet, bref le phénomène est un peu partout. Tenir en main « Arcadium » met directement dans une ambiance similaire : borne d’arcade sur la couverture, lettrage rétro et couleurs très contrastées. Nikopek l’auteur a très bien connu cette époque et souhaite retranscrire toute cette nostalgie et cet amour pour cette époque au travers du genre qu’il affectionne le plus : l’horreur. Horreur palpable dès les premières pages avec cet ado Gavin accusé par les flics locaux d’avoir massacré toute sa famille dans d’étranges circonstances. Gavin va donc raconter toute son histoire à la première personne. C’est de loin la partie la plus réjouissante : le jeune homme est tiraillé entre un boulot peu passionnant, un beau-père tyrannique, l’alcool et l’ennui. Si cela reste somme toutes assez classique, la mise en scène est bien mieux exécutée que pour les œuvres antérieures de Nikopek. Ce quotidien est passionnant, le dessin est chargé de détails eighties, références musicales, montre digitale etc... Le tout est discret ou surligné au marqueur jaune mais n’est jamais envahissant ou présenté comme du placement de produits. On sent bien l’influence Stephen King et Carpenter du projet mais tout ce chouette vernis ne va pas tenir la distance dès que le récit entame sa seconde phase en introduisant davantage de fantastique en multipliant non-dits et scènes chocs dans un monde parallèle ou pas mais pas assez maitrisé pour conserver mon intérêt. Le gros souci vient d’une part de personnages pas assez développés et une intrigue un peu trop nébuleuse ou pas et à la conclusion définitive mais largement décevante. Là où certaines BD gardent cette part de mystère pour une seconde lecture, rien ne me laisse supposer ici d’en avoir envie. C’est bien dommage car on ne retient finalement rien de bien positif à ce récit confus et décousu. En conclusion je suis fortement déçu d’avoir été baladé ainsi sans grand intérêt au milieu de personnages peu attachants.
Le Seigneur d'Ombre
Bon bah non, définitivement non. J’étais déjà un peu dubitatif à l’époque de sa sortie mais la récente relecture (enfin le survol pour être honnête) penche dans la balance du franchement passer votre chemin. Le dessin de Dim. D convient bien au genre mais je n’y accroche pas, je lui trouve un côté artificiel et maladroit. Mais le pire reste le récit et personnages qui suivent les mêmes pas. L’aventure ne propose aucune surprise, elle est stéréotypée, téléphonée et resucée. Les protagonistes ne respirent pas le charisme. Bref il ne faut pas été trop regardant pour y trouver son compte, dans le genre il y a bien mieux.