Conte pour les enfants
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Ce tome contient un récit complet indépendant de tout autre. Il reprend les cinq épisodes de la minisérie, initialement publiés de 2005 à 2007 par Boom Studios, écrits par John-Marc DeMatteis, dessinés et encrés par Mike Ploog, et mis en couleurs par Nick Bell & Sumi Pack.
Dans une ville de moyenne importance aux États-Unis, un cocon apparaît au milieu d'un tronc d'arbre situé dans le Park Wilde une griffe commence à déchirer l'enveloppe dudit cocon dans un appartement d'un immeuble non loin du parc, le père de la famille DiMarco est en train de faire la vaisselle, pendant que la mère finit de débarrasser. Cody (le fils aîné, à peine adolescent) annonce qu'il va faire un tour au parc. Sa jeune sœur Katherine Mary se moque de lui en indiquant qu'il va rejoindre son copain Paul Brightfield. La mère accepte en lui demandant d'être prudent. Alors qu'il sort, la voix du narrateur donne des renseignements sur Paul Brightfield, supputant sa potentielle dangerosité, sa véritable nature, sur le fait que la mère de Cody ne lui fait pas confiance. En se rendant au parc, Cody DiMarco passe devant sa copine Alana et son petit frère Nathaniel. Il décline son invitation à venir regarder un film chez eux, préférant a compagnie de son copain Paul, au grand dam d'Alana qui est son ami d'enfance.
Cody Dimarco arrive au parc et retrouve son ami Paul Brightfield, pendant qu'Alana pense à Cody et à la manière dont il s'est éloigné d'elle. En suivant Paul, Cody passe au travers d'une mince couche de terre, et se retrouve dans l'antre souterrain de son ami. Il s'installe alors confortablement pendant que Paul (ayant pris l'apparence d'un gros mille-pattes multicolore) lui raconte une histoire. Dans le même temps, le narrateur confirme que Paul Brightfield n'est pas un être humain, mais un mirage 3D composé de rêves errants et de poussière d'étoile. Il évoque également la manière dont Paul est apparu sous différentes formes au fil des années, pour approcher progressivement Cody de plus en plus près, comment cette entité dépourvue de forme a fini par prendre celle de Paul Brightfield. Puis le narrateur laisse la place au Livre qui raconte comment les créatures magiques ont peu à peu disparu de la Terre, jusqu'à qu'à ce qu'il n'en reste plus que 2 : Paul et son Miroir, changeant de forme au gré des siècles et de leur fantaisie. Paul finit par proposer à Cody de sortir et de marcher un peu dans la pénombre du soir. La créature a fini de déchirer son cocon, elle est libre de se promener dans le parc à sa guise.
John-Marc DeMatteis est un scénariste de comics à la carrière impressionnante, aussi bien capable d'écrire des histoires de superhéros inoubliables (par exemple pour Spider-Man: La Dernière Chasse de Kraven) que des récits personnels très ambitieux comme Moonshadow avec Jon J. Muth ou Blood avec Kent Williams. Mike Ploog est un dessinateur de comics, et il a déjà collaboré avec JM DeMatteis sur la série de livres Abadazad. En regardant la couverture, et en découvrant la nature des protagonistes, le lecteur comprend rapidement que les deux créateurs ont réalisé un ouvrage tout public, plus particulièrement à destination d'un public relativement jeune. Il constate également que chacun des cinq épisodes est assez copieux, puisque le récit comprend une trentaine de pages à chaque numéro. Il remarque rapidement que la voix du narrateur intervient de manière très régulière dans des cartouches de texte assez nombreux, et même complétés par d'autres remarques formulées par une autre voix, dans des cartouches avec un fond d'une couleur différente et complétés à quelques reprises par des remarques dans une police plus petite. Bien évidemment, ces cartouches de texte ont pour conséquence immédiate de rendre la lecture plus lente. Néanmoins, ils apportent des informations supplémentaires, et même de temps à autre, le texte reprend un élément déjà montré dans le dessin qu'il accompagne. Par le biais de la voix du narrateur, JM DeMatteis développe l'état d'esprit d'un personnage ou d'un autre, explicitant son émotion ou ce qui le met dans un tel état.
Le scénariste se sert également de cette voix supplémentaire pour s'adresser directement au lecteur, souvent de façon facétieuse. En particulier, il change sciemment de temps dans un même paragraphe passant du passé au présent assez régulièrement. Il ne manque pas de le faire remarquer au lecteur et de mettre ça sur le compte d'une perception du temps différente de celle d'un être humain. Même si DeMatteis donne l'impression de jouer sur ce changement intempestif de temps qui défie les règles de la concordance des temps, il s'avère qu'il y a bel et bien une explication qui est intimement liée au caractère intemporel ou en tout cas pérenne d'un récit. Il joue également sur l'identité non dévoilée de ce narrateur, ainsi que sur celle de celui qui se permet de faire des remarques en coin. Malgré tout, les propos de cette voix supplémentaire restent dans un registre plus explicatif que réflexif. Il faut attendre le dernier épisode pour qu'elle établisse des constats plus introspectifs sur la condition humaine, des motivations cachées, ou des convictions qui défient les lieux communs.
Dans sa forme, ce récit reprend les étapes du voyage du héros avec des compagnons en qui il peut avoir confiance. Effectivement la narration reste au niveau de Cody DiMarco, de son amitié indéfectible pour Paul Brightfield et de la confiance qu'il lui accorde, de son amitié pour Alana (mais qui passe après celle pour Paul) et de sa relation affective pour sa petite sœur. Pour autant, Alana, Katherine Mary et Nathaniel ne disposent pas d'une personnalité développée. Du fait de sa véritable nature, Paul Brightfield relève plus du concept que de l'individu. le lecteur découvre donc chaque scène par les yeux de Cody qui se laisse le plus souvent guider par les indications de Paul ou des créatures adultes qu'il rencontre. L'intrigue amène Cody et la petite troupe à interagir avec des créatures hautes en couleurs, soit bienveillantes, soit malveillantes, révélant éventuellement par la suite une trahison ou un changement d'allégeance. Un lecteur adulte éprouve de fortes difficultés pour se projeter dans un personnage aussi générique, ou pour s'intéresser à des rebondissements survenant au gré de la fantaisie du scénariste, sans beaucoup d'impact émotionnel.
Dans l'introduction, John-Marc DeMatteis raconte la genèse un peu compliquée du récit, ayant commencé lorsqu'il racontait des histoires à son jeune fils. Il explique le plaisir qu'il a eu à collaborer avec Mike Ploog dont les dessins ne sont pas pollués par les tics graphiques spécifiques aux récits de superhéros. Effectivement, Mike Ploog se tient à l'écart des individus bodybuildés, et met en scène des enfants qui ressemblent à des enfants, avec une morphologie d'enfant (différenciée suivant qu'il a plus ou moins de 10 ans), des expressions du visage enfantines, des vêtements de jeune, etc. Il réalise des traits de contours un peu lâches dans les arrondis ce qui donne plus de souplesse aux silhouettes de Cody, KM, Alana, Nathaniel et Paul. Il agrandit un peu leurs yeux pour faire passer plus d'émotion, essentiellement lors d'un étonnement ou sous l'effet de la peur. le lecteur se rend compte que Mike Ploog est adepte de la bouche ouverte pour ses personnages avec une régularité qui dépasse les 50%, reflétant un manque de nuances dans les expressions. En revanche les postures des personnages sont beaucoup plus naturelles et expressives. Il se montre très convaincant avec les différentes créatures merveilleuses et surnaturelles. L'artiste sait croquer des bestioles et une sorcière aux formes inventives, avec une texture presque palpable pour leur peau ou leur parure. le lecteur peut voir que ces créatures comprennent une discrète touche d'exagération qui les rend tout public, sans agressivité méchante.
Au départ, Mike Ploog doit représenter un environnement normal de petite ville. Il intègre suffisamment de détails pour donner un cachet spécifique à la rue et au parc. Puis l'action du récit se déroule dans un monde fantastique, et il s'amuse beaucoup avec les arbres torturés, la végétation à demi vivante, les flammes qui dansent. Il ne crée pas vraiment un environnement consistant et pensé à l'échelle de la localisation spatiale relative des différents endroits, mais les éléments de décor sont consistants d'un endroit à l'autre. À plusieurs reprises, il doit également changer de forme narrative, en passant d'une bande dessinée traditionnelle, à des illustrations pour les cellules de texte, voire même des fac-similés des pages d'un livre. le lecteur apprécie la fluidité de la narration visuelle pour ces trois formes, ainsi que les mises en page changeantes.
Au fur et à mesure de son avancée, le lecteur se rend compte que JM DeMatteis a souhaité rendre son ouvrage accessible au plus grand nombre et en particulier aux enfants. le lecteur peut parfois ne pas se sentir concerné par la narration qui en découle, avec une trame assez simpliste. Il se rattrape un peu avec les cellules de texte et les remarques du narrateur, mais là encore ses observations restent souvent dans le constat, sans beaucoup de réflexion. Même la remarque sur la nature malléable et relative du temps (entre le passé, le présent et le futur) ressemble plus à une blague récurrente, qu'à une réflexion sur sa nature. Malgré tout, il apparaît que cette remarque finit par prendre un autre sens quand on l'applique à l'intemporalité d'un récit. En outre, le lecteur se rend compte que la stratégie de Cody DiMarco face à la méchanceté de son ennemi, et les conseils de Paul Brightfield ne vont pas dans le sens de l'affrontement, mais prennent position pour une autre posture, plus adulte et plus humaniste.
Le lecteur adulte ressort de ce tome avec un sentiment mitigé. Il a pu apprécier l'originalité des dessins de Mike Ploog, et sa capacité à s'adapter aux changements de styles narratifs, mais il a également constaté qu'ils restent dans un registre assez classique, empruntant beaucoup à l'imagerie d'Alice aux pays des Merveilles. De la même manière, il a pu apprécier la sophistication de la narration de John-Marc DeMatteis, avec les observations du narrateur entremêlées à l'intrigue, mais avec une volonté de rester très concret qui ne permet pas au récit de s'envoler vers la poésie ou l'onirisme.
Cette BD, réalisée sur ordinateur en 1989, souffre de défauts visuels. Le trait est pixellisé, les couleurs sont froides et les décors semblent tracés à la règle. Cela a mal vieilli et ne m'a pas séduit.
L'intrigue est prévisible, avec une journaliste enlevée dans un pays dangereux et son ami courageux qui la sauve. La carte postale comme stratagème est peu crédible.
Malgré ses défauts, cette BD reste intéressante en tant que premier essai européen réalisé sur ordinateur. Cependant, je ne la recommande pas.
Le changement, c'est plus tard.
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Ce tome contient une histoire complète qui ne nécessite pas de connaissances préalables des personnages. Il comprend les 3 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2016/2017, écrits, dessinés, et encrés par Adam Hughes, avec une mise en couleurs effectuée par José Villarrubia, avec un lettrage réalisé par Jack Morelli. Il comprend également les 29 couvertures variantes réalisées, entre autres, par Mahmud Asrar, Cliff Chiang, Bilquis Evely, Francesco Francavilla, Tula Lotay, Moritat, Ryan Sook, Chip Zdarsky, David Mack, Bengal, Paolo Rivera, etc. Ce tome comprend également l'épisode 12 de la série Jughead, écrit par Ryan North, dessiné et encré par Derek Charm.
À Riverdale (une ville fictive des États-Unis), Hot Dog, le chien de Jughead est en train de commenter (pour le bénéfice du lecteur) le dessin pleine page qui montre Betty (Elizabeth Copper) et Veronica (Veronica Lodge, surnommée Ronnie) en train de se crêper le chignon devant d'autres étudiants, dans le gymnase couvert de l'université. 6 semaines auparavant, Archie (Archibald Andrews) et Jughead (Forsythe Pendleton Jones III) étaient en train de marcher en réfléchissant à l'issue de combats imaginaires, entre le Père Noël et le Lapin de Pâques, entre eux, entre Betty et Veronica. En devisant ainsi, ils parviennent devant la maison de Betty. Elle est en train de manipuler des sacs de gravier de 30 kilogrammes, pendant que Veronica se prélasse dans une chaise longue en lui donnant des conseils relatifs à son hydratation. Les 4 amis décident de se rendre au diner de Pop (Terry Tate) pour aller manger.
En route, les quatre amis manquent de se faire renverser par un camion de l'entreprise Kweekwegs Koffee, une chaîne de café. Ils arrivent et constatent une pancarte annonçant la fermeture imminente du diner Chez Pop. Ils pénètrent dans l'établissement et interrogent Pop sur la raison de cette fermeture. Il leur explique que la chaîne Kweekwegs souhaite installer un de leurs établissements sur le site du sien, et qu'ils l'ont racheté à la banque auprès de laquelle il a contracté un prêt. Il disposait d'un délai de 6 semaines pour réunir la somme manquant pour rembourser la banque et ainsi éviter ce rachat. Malheureusement il ne voit pas comment réunir 60.000 dollars dans un délai aussi court. En outre, il ne peut pas renégocier son prêt, car la chaîne Kweekwegs a racheté cette banque. Betty décide immédiatement de prendre les choses en main pour réussir à réunir cette somme. Veronica reste étrangement en retrait.
Le personnage d'Archie a été créé en 1941 par John L. Goldwater, Bob Montana et Vic Bloom. Sa série de comics met en scène des personnages blancs au lycée vaguement facétieux, pour des gags très consensuels. La série initiale a donné lieu à de nombreuses séries dérivées dont une consacrée à Betty & Veronica. Les lecteurs se désintéressant progressivement de cette vision édulcorée et très blanche d'une petite ville de l'Amérique, les responsables éditoriaux ont entrepris de la moderniser. Un signe avant-coureur a été l'arrivée de zombies à Riverdale dans Afterlife with Archie (2013/2014) par Roberto Aguirre-Sacasa & Francesco Francavilla, et la mort d'Archie dans The Death of Archie: A Life Celebrated. En 2015, les lecteurs ont vu arriver une nouvelle série consacrée au personnage en 2015 par Mark Waid & Fiona Staples, avec des protagonistes un peu plus âgés, et des histoires pour un lectorat également un peu plus âgé. Enfin en 2017, Archie et consorts ont eu droit à une série télévisée : Riverdale. le présent tome s'inscrit dans cette vague de modernisation.
Le lecteur peut donc être attiré par l'envie de découvrir des personnages de son enfance se comportant en jeunes adultes, dans une histoire un peu moins tout public. Plus vraisemblablement, le lecteur de comics est venu attiré par l'identité de l'auteur : Adam Hughes, surtout célèbre pour ses couvertures proposant des versions pin-ups de superhéroïnes, et pour quelques rares épisodes dont il a dessiné l'intérieur, comme la rencontre WildCATS / X-Men : les temps modernes (1997). Il ne fait pas de doute que cet artiste saura transcender l'apparence de Betty et de Veronica pour en faire des jeunes femmes à la séduction physique irrésistible. La couverture montre deux jeunes bien comme il faut, pleines de vie, sans hypersexualisation de leur corps. le premier dessin en pleine page les montre en train de se tirer les cheveux, avec des silhouettes fines, en talons hauts, mais sans exagération de leur taille de bonnet ou de leurs hanches. le dessin le plus dénudé se trouve également dans l'épisode 1 alors qu'elles sont allongées sur le sol en bikini, mais là encore il n'y a pas de pose lascive ou suggestive. Dans l'épisode 2, il y a bien une scène de lavage de voiture en bikini, mais ce n'est ni Betty, ni Veronica qui passe l'éponge sur les carrosseries et le lecteur ne voit qu'un mollet dénudé et un avant-bras sortir de la mousse.
Adam Hughes réalise donc des planches très chastes, sans intention d'émoustiller le lecteur mâle ou de titiller sa libido. En entamant ce tome, le lecteur se trouve un peu surpris du parti pris du metteur en couleurs. José Villarrubia a choisi une palette un peu terne. Il ne s'agit pas de teintes sépia qui désigneraient le récit comme appartenant au passé, ou comme étant une vision fantasmée d'une Amérique sublimée. Il s'agit plutôt d'une approche qui refuse une vision rutilante, préférant donner une vision plus en retenue, ce qui est en cohérence avec l'approche de l'artiste. Tout du long des 3 épisodes, le lecteur apprécie de pouvoir se projeter dans des environnements représentés de manière réaliste avec un bon niveau de détails : la pelouse devant la maison des Cooper, le diner de Pop, le salon des Cooper, le gymnase du lycée. Il observe que les feuilles d'automne tombent régulièrement quand les personnages se trouvent dans la rue. Il peut regarder les tenues vestimentaires des personnages, simples et adaptées à des jeunes, ainsi que les différentes coiffures. Hughes sait conférer une évidence naturelle à tous ces éléments.
Le récit repose sur l'imminence d'un changement, une menace déjà utilisée dans la série Archie à plusieurs reprises, à savoir la disparition du diner de Pop. Il s'agit avant tout d'une comédie de situation, disposant d'un peu plus de moyens qu'à l'ordinaire, ce qui permet d'inclure des séquences tournées en extérieur. La vitalité de la narration repose donc beaucoup sur le jeu des acteurs. Sur ce plan-là, Adam Hughes sait insuffler de la vie à ces personnages, que ce soit au travers des expressions de leur visage ou de leur posture. Il compose des plans de prise de vue qui accompagnent les personnages, et changent régulièrement d'angle pour se focaliser soit sur leurs mouvements, soit sur leurs expressions. Il conçoit son découpage de planche en cases en fonction de la nature de la scène. Il intègre quelques dessins en pleine page, à raison d'un ou deux dans les 2 premiers épisodes, sans en abuser. Il joue avec les attentes du lecteur, en montrant Betty et Veronica prêtes à en venir aux mains, puis en expliquant à quoi correspond réellement cette scène. Il se joue de lui avec 2 pages dans l'épisode 1 sur fond blanc, avec plus de phylactères que de personnages, expliquant que le chien a mangé les planches dessinées et qu'il a dû y substituer celles-là.
Le lecteur découvre donc une comédie de situation, avec des personnages sympathiques, à la psychologie superficielle, avec des sentiments positifs et des émotions chaleureuses. Petit à petit, il se rend compte que l'auteur déroule son intrigue suivant une structure très linéaire réservant peu de surprises, dépourvue d'action. Les échanges entre les personnages restent au niveau de la discussion sans conséquence, leur dimension psychologique n'étant pas développée. Adam Hughes se conforme au cahier des charges qui est de mettre en scène des personnages sains et sans problème, dans une Amérique blanche et propre sur elle, sans dimension sociale. Ces personnages restent dans une stase qui les maintient dans une position immuable, échangeant des propos banals par lesquels il est hors de question de remettre en cause l'ordre établi ou d'introduire du changement. Alors que la narration visuelle a gagné en sophistication, l'histoire reste dans le même registre essentiellement destiné à des enfants.
Le lecteur est attiré par la promesse de trois épisodes dessinés par Adam Hughes. Cet artiste s'investit complètement dans la narration visuelle, sans se reposer sur la plastique des deux héroïnes. Le lecteur voit des personnages vivre sous ses yeux, dans une comédie de situation innocente. Il découvre petit à petit que le scénario reste sagement dans les clous des spécifications immuables de la série, pour un immobilisme déconcertant.
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- Jughead 12 - Betty, Veronica, Kevin, Reggie, Dilton, Jughead et Archie sont en train de jouer à un jeu vidéo, une course de voitures qui évoque Mario Kart avec des véhicules qui évoquent ceux de Les fous du volant. Reggie gagne haut la main et les tous les autres un gage : ils doivent le servir et accéder à ses demandes pendant une journée.
Le fait est que le lecteur n'est pas venu à ce tome pour lire un épisode de Jughead, mais pour découvrir la dernière création d'Adam Hughes. Il peut donc supposer que les responsables ont choisi un épisode pour accrocher le lecteur avec le meilleur d'une autre série. de fait, il a été écrit par Ryan North, le scénariste de la série Marvel The unbeatable Squirrel Girl. le lecteur découvre une histoire très linéaire à l'intrigue peu épaisse, avec beaucoup de parlottes, et quelques leçons de morale. Les dessins sont à destination de jeunes lecteurs, simplifiés et très expressifs, mais sans grande inspiration dans la mise en page, ou le jeu d'acteurs. Il est peu probable qu'un tel épisode l'incite à aller tester d'autres séries d'Archie Comics.
Le ravissement n'est pas pour le lecteur.
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Ce tome contient les quatre épisodes de la minisérie, initialement parus en 2017, écrits par Matt Kindt, dessinés et encrés par CAFU (Carlos Alberto Fernandez Urbano), et mis en couleurs par Andrew Dallhouse. Roberto de la Torre a dessiné et encré 5 pages de l'épisode 2, et 8 pages de l'épisode 3 qui constituent des retours en arrière. Juan José Ryp et Francis Portela ont dessiné quelques pages de l'épisode 4, ayant pour sujet l'un des personnages dans un autre environnement.
Tama est en train de progresser sur un chemin dans la dimension du Deadside, avec à ses côtés une créature familière qu'elle appelle T.A.D.D. Elle arrive au pied d'une sorte de tronc géant évidé suspendu dans les airs et il lui faut en commencer l'ascension. Au bout de plusieurs marches fichées dans le tronc courant en spirale le long de la paroi intérieure, elle parvient devant un premier gardien qui lui pose une énigme. Elle lui en a donné la réponse avant qu'il n'ait fini de prononcer le dernier mot et elle poursuit son ascension, toujours accompagnée par T.A.D.D. Après une poignée d'autres épreuves, elle finit par arriver devant Amy (aussi appelé Hanar), un démon géant emprisonné-là qui est obligé de toujours dire la vérité. Elle lui a amené un cadeau (une truffe de manticore), qu'elle lui offre avant de poser ses questions. Elle lui présente un scroll dont elle n'arrive pas à déchiffrer l'écriture.
Amy lui explique qu'il s'agit d'une écriture conçue pour être indéchiffrable, et utilisée à l'époque de la Tour de Babel. Il lui explique que contrairement au mythe qui est parvenu jusqu'à l'époque contemporaine, Babel désignait la créature qui était à l'origine de la construction de la Tour. Il lui indique où se trouve le site sur lequel la Tour fut érigée, dans Deadside. Ce site sert maintenant de repère à un barbare appelé Rex the Razer (celui qui rase les constructions). Tama est la géomancienne de cette époque, la personne chargée de protéger la Terre, et elle tire ses informations du livre du Géomancien dont les entrées sont souvent cryptiques. Elle décide de rendre visite à Rex, puis d'aller recruter des alliés sur Terre. Elle commence par contacter Ninjak (Colin King). Ce dernier l'aide à réquisitionner Punk Mambo (Victoria Greaves Trott) et Shadowman (Jack Boniface, aussi connu sous le nom de Magpie).
A priori, ce récit s'adresse en premier lieu à des lecteurs familiers de l'univers partagé Valiant. Pour commencer le scénariste n'effectue pas beaucoup de rappels sur la nature de Deadside, et il vaut mieux être familier de ce concept. Ensuite, en 4 épisodes, il n'a pas le temps de s'étendre sur Ninjak, et encore moins sur le passé complexe de Shadowman. Il s'agit d'un personnage qui a été créé en 1992, par Jim Shooter & Steve Englehart (scénaristes), et Mike Manley (dessinateur). Les épisodes de sa série se sont vendus à plusieurs centaines de milliers d'épisodes dans les années 1990 et il avait même eu droit à une minisérie réalisée par des auteurs de premier de plan par Garth Ennis & Ashley Wood (1997). C'est donc tout naturellement que l'éditeur Valiant a relancé une série à son nom en 2012 par Justin Jordan & Patrick Zircher, puis écrite par Peter Milligan.
Effectivement, il vaut mieux que le lecteur soit familier de l'univers partagé Valiant. Il lui faut avoir une vague idée de ce que représente le géomancien dans ce monde, ce qu'est Deadside (sinon il se demandera tout du long pourquoi Ninjak est obligé d'y porter une armure et pas les autres), qui est Ninjak, qui est Shadowman (ce qui est plus compliqué) et qui est Punk Mambo. S'il n'a jamais croisé ces personnages, il ne risque pas de s'y attacher car ils n'ont pas beaucoup de personnalité propre au-delà d'un unique trait de caractère. Pour les lecteurs qui fréquentent régulièrement l'univers Valiant, ces références font sens, mais ne sont pas gage d'une bonne histoire. Ninjak et Punk Mambo participent au récit mais de manière mécanique, et il n'y a pas de scène qui les mettent particulièrement en valeur. Tama est encore un personnage trop récent pour disposer de lecteurs qui la suivent. Neville, tout sympathique qu'il soit, n'apparaît que le temps de 2 pages. Il reste donc Shadowman qui se trouve au cœur du récit, car il est l'enjeu, l'individu que Babel souhaite capturer et utiliser.
Le lecteur ressent bien la difficulté du scénariste à mettre en scène un personnage aussi compliqué que Shadowman. Il le cantonne au rôle de McGuffin, un individu à nouveau sans beaucoup de personnalité, qui est en mesure de fournir l'énergie manquante à Babel pour parachever sa Tour. Matt Kindt évoque rapidement les blocs de construction du personnage : son alter ego Jack Boniface (mais il ne fait que citer son nom), son lien avec la mythologie des Loa (réduite ici à une source d'énergie surnaturelle), et à peine son autre alias Magpie. du coup Shadowman est réduit à un artifice narratif, et le récit permet de rappeler qu'il constitue un lien entre Deadside et Liveside. le lecteur reporte alors son attention sur l'intrigue proprement dite et sur la narration visuelle. le début du récit est assez prometteur car Matt Kindt se montre facétieux avec le personnage de Tama qui affronte les épreuves parsemant son chemin avec une aisance rafraîchissante. Sa prise de contact avec Amy s'avère tout aussi amusante, car elle est la première de tous ses visiteurs à avoir pensé à lui amener un cadeau. La redescente vers la cité est tout aussi enlevée, avec 6 épreuves en 1 case chacune, en une seule page. La suite se gâte un peu. le lecteur découvre l'histoire de Babel, sa motivation pour construire une Tour, la manière dont il s'est échappé de sa geôle après sa première tentative ratée, et la façon dont il a recruté des sbires. L'histoire en elle-même est un peu originale, mais elle reste très linéaire et trop impersonnelle pour arriver à impliquer le lecteur. Quant à la mission menée par Tama et son équipe, c'est la succession d'affrontements attendus, avec un traître dans l'équipe qui veut faire passer son intérêt personnel avant le reste. Mais comme le scénariste n'a pas réussi à faire exister ses personnages, ils ne dégagent pas d'empathie, et le lecteur ne voit que la mécanique du scénario sans éprouver aucun sentiment pour l'un ou l'autre.
Sur le plan de la narration visuelle, le lecteur retrouve des dessinateurs habitués de l'univers Valiant. La combinaison des dessins très propres sur eux et de la mise en couleurs pleine de couleurs chatoyantes séduit immédiatement le lecteur qui se projeter aux côtés des personnages. le premier épisode est très impressionnant pour son inventivité dans les territoires traversés par Tama, les créatures rencontrées, et les cadrages. le lecteur la regarde progresser dans ce tronc d'arbre creux. Il découvre avec elle les créatures étonnantes. Il reprend la route jusqu'à la forteresse volante occupant la place de l'ancienne Tour de Babel, et il a même la surprise de faire le tour des bureaux du quartier général du MI6. Les couleurs habillent et complètent les dessins et ajoute une touche surnaturelle aux créatures diverses, ainsi qu'à l'atmosphère même de Deadside. Les pages réalisées par CAFU dans les épisodes 2 & 3 reprennent les mêmes éléments que dans l'épisode 1, sans nouvelle surprise et avec une densité d'information significativement plus faible. Fort heureusement, la tendance s'inverse dans le dernier épisode avec l'inondation très spectaculaire.
Au cours du récit, dans les épisodes 2 & 3, le lecteur apprend l'histoire passée de Babel au travers de ce que raconte Rex the Razer, puis Babel lui-même. Il est donc justifié que la narration visuelle soit assurée par un autre artiste pour rendre compte de cette temporalité différente. Roberto de la Torre réalise des dessins plus organiques, plus griffés, moins propres sur eux, attestant d'une époque moins civilisée, et de pratiques plus violentes. Andrew Dalhouse modifie également son schéma de couleurs, en utilisant des teintes essentiellement marron afin d'indiquer qu'il s'agit de scènes dans le passé. le résultat apparaît plus brut, et très bien adapté à la nature de ses séquences. le lecteur attentif sourit un instant quand il se rend compte que la guerrière dessinée par de la Torre dans l'épisode 2 porte un bikini à maille qui évoque immédiatement Red Sonja. Dans l'épisode 4, le lecteur découvre une poignée de planches réalisées par Juan José Ryp et Francis Portella, deux autres artistes habitués des parutions Valiant. À nouveau, la participation de deux autres dessinateurs est justifiée par le scénario, en particulier lors des pages se déroulant dans Liveside. Ryp est méticuleux comme à son habitude, et Portella est lumineux comme à son habitude.
Arrivée à la fin du récit le lecteur a bien compris qu'il s'agissait d'une histoire de commande pour Matt Kindt, servant à repositionner Shadowman dans l'univers partagé Valiant et à faire office d'introduction pour sa série de 2018. Les dessins réalisent une narration visuelle attractive, mais qui n'arrive pas à masquer le déroulement mécanique du récit, ni à pallier l'absence de personnalité des protagonistes.
Une belle synthèse, mais manquant d'originalité
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Ce tome revient sur les événements qui ont immédiatement précédé la première apparition des X-Men dans l'épisode 1 de la série Uncanny X-Men, paru en 1963. Il contient les six épisodes de la minisérie, initialement parus en 1999/2000, écrits par Joe Casey, dessinés par Steve Rude avec un encrage d'Andrew Pepoy (épisodes 1 à 3), Paul Smith & Michael Ryan avec un encrage d'Andrew Pepoy & Paul Smith (épisode 4), et Esad Ribic avec un encrage d'Andrew Pepoy (épisodes 5 & 6). La mise en couleurs a été réalisée par Paul Mounts pour les 6 épisodes.
Un jeune mutant a perdu le contrôle de ses pouvoirs, et a détruit par accident de nombreux pavillons dans la ville de Middletown au Missouri. Juste après un reportage sur cette tragédie, la télévision diffuse l'intervention de William Metzger, un individu qui prône la défense de la race humaine contre ces monstres incontrôlables dont les mutations génétiques peuvent provoquer des catastrophes. Dans un bureau de FBI, l'agent Amos (surnommé Fred) Duncan reçoit l'ordre de son supérieur hiérarchique d'investiguer sur le sujet. de retour à son bureau, Fred Duncan le trouve plongé dans le noir. Il commence à parler à haute voix pour prendre des notes sur son dictaphone qu'il a surnommé Bill. Il est interrompu par un individu en chaise roulante qui se trouve dans son bureau et qui commence à lui expliquer son point de vue sur les mutants. La nuit, un individu avec des ailes vient en aide à une femme se faisant agresser dans une rue de New York. le lendemain, Charles Xavier se rend chez les Grey pour évoquer la possibilité qu'ils inscrivent leur fille dans son établissement. Elaine et John Grey promettent d'y réfléchir.
La télévision annonce que le lycée de Freeport High School a battu tous les records d'endettement, atteignant le million de dollars de déficit. Ce jour-ci, un nouveau professeur en chaise roulante y postule pour se faire engager. Dans les couloirs, 3 individus (Chad, Mikey et Starkey) à l'allure donnant l'impression qu'ils cherchent une victime à humilier évoquent le discours de William Metzger dans les jours à venir. Ils regardent passer d'un air envieux Hank McCoy la star de l'équipe de football du lycée. Dans le gymnase, Scott Summers, un adolescent souffreteux se fait rabrouer par le professeur de sport, qui se moque de ses lunettes rouges et de sa constitution chétive. Dans l'escalier de service, Bobby Drake s'est isolé pour être tranquille en se demandant pourquoi il a si froid. Dans différents états, la peur motive des citoyens à organiser une poignée de lynchage.
Régulièrement l'éditeur Marvel demande à une équipe créatrice de remettre au goût du jour, les origines d'un de ses personnages ou d'une équipe. Au tournant du millénaire, il échoit à Joe Casey de s'acquitter de cette mission pour les X-Men. du point de vue de l'intrigue, il s'agit d'une gageure car il faut intéresser le lecteur à une histoire qu'il connait déjà, voire dont il a déjà lu de nombreuses versions. Joe Casey a l'idée de commencer son histoire quelques jours avant la première scène de Uncanny X-Men 1, paru en 1963, de Jack Kirby & Stan Lee. Ce premier épisode s'ouvrait avec le professeur X appelant ses X-Men à lui. Ils étaient alors au nombre de 4 : Cyclops, Iceman, Beast et Angel, déjà avec des costumes jeune & bleu. Mais, bien sûr, ils ne sortaient pas de nulle part, ils avaient été recrutés précédemment, et l'hystérie anti-mutante trouvait ses racines dans des événements passés. Joe Casey montre donc ce qui a conduit à cet état de fait.
En fonction de sa familiarité avec les premiers épisodes de la série Uncanny X-Men, le lecteur (re)découvre des faits sur le passé des personnages, amalgamés dans une narration qui rétablit une cohérence entre eux, en amenant de nouveaux éléments. le scénariste a l'art et la manière de lier les événements dans un tout cohérent. Il peut voir dans quelles conditions vivaient les premiers X-Men avant d'intégrer l'école de Westchester : Jean Grey tranquillement dans le pavillon cossu de ses parents, Hank McCoy en utilisant ses pouvoirs dans le civil tout en les faisant passer pour les capacités d'un athlète accompli, Warren Worthington en essayant d'utiliser ses pouvoirs pour redresser les torts, Scott Summers vivant dans la pauvreté et exploité par un criminel sans scrupule, Bobby Drake dans le pavillon plus modeste de ses parents. de ce point de vue, le récit satisfait la curiosité du lecteur, mais sans réussir à générer assez d'empathie pour ces personnages. Ils sont pris dans une situation où ils doivent cacher leur pouvoir, où ils tentent de les utiliser discrètement et où ils se trouvent dans des fortunes diverses. La problématique pour le lecteur est qu'il sait déjà tout cela, et que Joe Casey ne parvient pas à faire ressentir leurs états d'esprit ou leurs émotions. C'est plus ou moins marqué en fonction des personnages ; c'est criant pour Bobby Drake, et c'est moins marqué pour Scott Summers.
Le lecteur peut alors s'intéresser aux personnages secondaires comme Fred Duncan, William Metzger, les 3 loubards, ou même Charles Xavier. En fait il n'en apprend pas beaucoup plus sur Fred Duncan, les 3 loubards brillent par leur dimension générique, et même William Metzger ne se différencie pas beaucoup des nombreux agitateurs anti-mutants qui l'ont précédé ou qui le suivront. du coup, le lecteur se rabat sur l'intrigue qui est dense et racontée de façon moderne, sans bulle de pensée, et avec des inserts d'émission de télévision réguliers, pour rendre compte de la perception du phénomène tel qu'il est relayé par les médias. Il y a quelques surprises avec l'apparition d'un ou deux personnages emblématiques de la série, et bien sûr des affrontements physiques à chaque épisode pour fournir le quota d'action. À nouveau le tout est bien ficelé, mais étrangement, Joe Casey semble intimidé par son sujet, trop respectueux, alors qu'il a écrit de nombreux récits décapants comme la série SEX avec Piotr Kowalski, Butcher Baker the righteous maker avec Mike Huddleston, et des récits de superhéros traditionnels comme Vengeance avec Nick Dragotta, The Bounce avec David Messina, Godland avec Tom Scioli.
Le lecteur est plus impressionné par la couverture du recueil et par les 3 premiers épisodes dessinés par Steve Rude. Cet artiste a l'art et la manière de donner une impression de personnages enjoués, d'environnements vaguement rétro, avec des dessins facilement lisibles tout en contenant une bonne densité d'informations visuelles. Dès le premier épisode, le lecteur peut par exemple repérer Dana Scully et Fox Mulder dans un des couloirs du FBI. L'encrage d'Andrew Pepoy respecte bien les crayonnés de Rude, en particulier dans les arrondis élégants. le lecteur prend grand plaisir à s'immerger dans cet environnement vaguement suranné, avec des hommages visuels patents à Jack Kirby (les belles courbes de Cerebro). Il observe les tenues vestimentaires de chaque personnage, y compris des figurants, notant qu'elles renvoient parfois aux années 1960. Il détaille les ameublements et les accessoires de chaque endroit pour s'imprégner de leur atmosphère, de la personnalité des personnes qui les ont aménagés. L'intérieur des Grey est vraiment douillet, alors que la cantine du lycée est aussi impersonnelle qu'elle est fonctionnelle. Il regarde incrédule l'opulence de l'aménagement du jardin de l'école de Westchester. Régulièrement le regard du lecteur s'arrête sur une image saisissante comme l'agent Duncan parlant à son dictaphone (clin d'œil à Dale Cooper parlant à Diane), Jean Grey s'amusant à faire tournoyer des pétales de fleur autour d'elle dans le jardin de ses parents (magnifique), Scott Summers avec un teeshirt crasseux et troué dans une posture d'abattement indicible, Bobby Drake caché sous ses draps partiellement recouverts de neige.
Le lecteur ressent forcément une pointe de déception du fait que Steve Rude n'ait pas dessiné les 6 épisodes. Les dessins de Paul Smith s'inscrivent dans l'approche de ceux de Rude, mais avec un encrage plus léger, et une densité d'information moins élevée. Ils en conservent néanmoins l'élégance. Les dessins d'Esad Ribic reviennent à une apparence beaucoup plus classique de dessins de superhéros, une variété de prise de vue moins importante, mais une forme de romantisation des personnages pour leur donner une aura plus tragique. Globalement ces deux derniers épisodes sont nettement un cran en dessous des quatre premiers.
À la fin du tome, le lecteur reste sur l'impression d'un rendez-vous manqué. Joe Casey sait tisser la toile de fond de la création des X-Men, en étant raccord avec leurs débuts dans leur propre série en 1963. Mais il a bien du mal à les faire exister, à générer une empathie chez le lecteur. La première partie du récit n'en reste pas moins très agréable du fait des dessins toujours pleins de charme et d'élégance de Steve Rude. La narration visuelle baisse d'un cran dans la deuxième moitié du récit.
Je ne suis certainement pas la cible de cette nouvelle série, mais bon, j'aurai tenté. J'en ressors assez dubitatif.
On part donc sur une parodie du jeu mondialement connu et plébiscité Fortnite où nous allons retrouver trois énergumènes aussi nuls que flippés. Chef cherche à recruter 2 acolytes pour former une équipe qui assurera le Top 1, mais il va se retrouver avec deux bras cassés : Big Gun et Marcel.
Le ressort humoristique est loin d'être nouveau, l'humour absurde et bébête s'impose et j'avoue ne pas avoir ris ou souris beaucoup au fil de ma lecture. Ajoutez à cela un dessin assez minimaliste et caricatural, et je me suis ennuyé assez vite.
Le jeune public fan du jeu y trouvera peut-être plus de plaisir, mais ce n'est clairement pas pour moi.
Milo Manara donne dans le comics.
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En 2010 sort cette histoire en 1 tome de 48 pages dessinée par l'un des plus grands illustrateurs italiens de bandes dessinées, avec Chris Claremont au scénario.
Cinq membres féminins des X-Men passent une semaine de vacances à Kirinos en Grèce : Kitty Pryde (Shadowcat), Rachel Summers (Marvel Girl), Ororo Munroe (Storm), Anna Marie (Rogue) et Betsy Braddock (Psylocke). Au cours d'une soirée, Rachel est enlevée de force par un inconnu. Les autres X-Women se lancent à sa poursuite et remontent sa trace jusqu'à Madripoor (une île fictive coincée entre Singapour et Sumatra). Les héroïnes retrouvent Rachel dans une forteresse dont elles sont expulsées après perdu leurs pouvoirs, et sans avoir récupéré Rachel. Elles sont alors à la merci de pirates qui vouent un culte aux avions cargos.
Les comics américains souffrent d'un terrible complexe vis-à-vis de la bande dessinée franco-belge. Ils lui envient sa légitimité culturelle (qui n'est pas innée, mais un acquis durement gagné). Donc, chaque fois que l'occasion se présente, l'éditeur américain fait tout pour qu'un projet mariant un artiste américain avec un grand nom européen puisse aboutir. Le résultat n'est pas toujours à la hauteur (qui se souvient des deux épisodes du Silver Surfer écrit par Stan Lee et dessinée par Moebius dans Surfeur d'argent ?). Par la magie des agents des uns et des autres, Milo Manara dessine une aventure des X-Men écrite par Chris Claremont spécialement pour l'occasion.
Claremont s'acquitte de sa tâche avec un savoir faire très professionnel. L'intrigue est linéaire à souhait, seule l'ordre des planches fait qu'une partie de l'intrigue devient un retour en arrière. L'histoire n'a aucune importance et aucune conséquence. Il s'agit juste pour le scénariste d'enfiler les moments mettant en valeur les talents de Manara : les filles en action, les filles dans des tenues moulantes et hyper courtes, les filles en train de s'étreindre, les filles entravées et les filles en train de se battre. Ai-je fait le tour ? Ah non, il a aussi situé l'action dans des décors qu'affectionne le maître : jungle, crypte et vie nocturne.
Donc Milo Manara dispose d'un scénario simple lui permettant de briller de mille feux en dessinant ce qui l'a rendu célèbre (mais il sait faire d'autres choses plus ambitieuses aussi). Et dès la couverture, on comprend que Marvel ait été bien embêté pour commercialiser ce produit. Si vous examinez bien l'illustration, vous constaterez que chacune des quatre héroïnes a la bouche entrouverte dans un mouvement très sensuel qui semble en complet décalage par rapport à la situation. Toutes les situations sont bonnes pour dessiner les unes et les autres dans des postures lascives ou équivoques. Kitty aide Betsy à traverser un éboulement rocheux : elles sont toutes les deux enlacées dans une grande intimité physique. La responsable des criminels a une chemise avec col serré et décolleté jusqu'au nombril permettant une vue avantageuse sur sa poitrine. Kitty accrochée à une liane rattrape de justesse Storm qui tombe la tête en bas et voilà les 2 jeunes femmes dans une position tête bêche des plus équivoques. Betsy et Kitty sont obligées de se changer après l'anéantissement de leur costume ; pas de chance il ne reste que des teeshirts un peu courts qui dévoilent leur postérieur à chaque mouvement. Et c'est comme ça à toutes les pages.
Attention, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Chaque page regorge de détails et chaque décor est magnifique. Manara ne s'est pas contenté de dessiner des jolies filles à chaque page dans des cases vides de décors. Il a parfaitement joué le jeu et illustré une bande dessinée dont il n'a pas à rougir. Rien n'est bâclé. Il a réalisé lui-même l'encrage Chaque dessin est magnifique et chaque rappelle que Manara sait tout dessiner. C'est même un des points forts de cette histoire que de pouvoirs contempler des affrontements qui sont revenus à une échelle plus normale et dont la mise en page coule toute seule. Comme d'habitude, Dave Stewart a réalisé une mise en couleurs aussi somptueuse que nuancée.
X-Women repose sur un scénario très convenu et des illustrations magnifiques et très orientées vers une mise en valeur systématique de la beauté des héroïnes.
Une lecture dont je suis sorti déçu. J’ai toujours eu du mal avec le dessin de Cestac. Certes il est très lisible, mais je n’accroche pas à son style et ses gros nez – affaire de goût sans doute.
Mais c’est d’Algoud que j’attendais plus, ou autre chose. En fait, je n’ai pas aimé le ton avec lequel il présente son action d’enseignant, avec lequel il se met en scène. C’est con, mais lui que j’apprécie dans ses actions et ses travaux plus ou moins décalés, iconoclastes, m’a donné un ressenti horripilant de lui-même.
Même lorsqu’il présente sa pédagogie – hors des clous, voire son compagnonnage avec Choron et l’équipe d’Hara-Kiri, on a l’impression de lire un vieux con qui donne des leçons. Un côté « prétentieux » qui détonne par rapport à ce qu’il fait ou dit, et par rapport à ce que je connaissais de lui. Et je ne parle pas de tous les aspects du métier d’enseignants qui n’apparaissent pas – un peu comme dans les épisodes télé de « L’instit ».
A Canal (version historique, des débuts bien sûr), mais aussi dans les revues qu’il évoque (« La crécelle noire », « Camouflage »), dirigées par Jimmy Gladiator, par lesquelles je l’avais découvert (on a dû se croiser quelques fois dans des cafés ou dans des revues ultérieures, au tout début des années 1990, mais je n’en ai pas gardé souvenir), Algoud a pourtant joué un rôle intéressant d’agitateur d’idées.
Algoud, un personnage qui gagnait à être connu selon moi, mais qui ne convainc pas ici.
Une série pour les nostalgiques de vieilles BD des années 50-60 qui ne m'a pas du tout séduit.
Déjà le dessin est de la ligne claire, un style que je trouve souvent sans vie et sans dynamisme comme c'est le cas ici. Quant au scénario, c'est du récit à l'ancienne et avec tous les trucs de cette époque que je n'aime pas: personnage principal insipide et histoires d'espionnages à la James Bond avec des grosses ficelles. On retrouve des clins d'œil à la BD de l'époque, mais pas que (le masque du mystérieux méchant me fait penser à celui de Fantômas dans la série de films des années 60).
Bref, pour moi cette série est un pastiche sans intérêt qui m'a ennuyé du début jusqu'à la fin. Je préfère lire les meilleures séries de cette époque à la place.
Échange de lieu d'habitation
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Ce tome comprend une histoire complète indépendante de toute autre. Il contient les 4 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2015, écrits par Mike Carey, dessinés et encrés par Mike Perkins, avec en mise en couleurs réalisée par Andy Troy.
La première séquence montre une jeune femme essayant d'échapper à un poursuivant invisible dans une maison à étage, avec un grand terrain. Elle saute par la fenêtre et va se réfugier dans l'abri de jardin où elle y est rattrapée par ce qui ressemble à un mort vivant. le récit revient 6 mois plutôt et reprend une narration chronologique. Katie Shackley est une jeune femme qui n'a jamais quitté les États-Unis et qui est restée proche de ses parents dont elle n'habite pas très loin. Elle a décidé d'aller séjourner en Angleterre. Elle met son appartement en ligne sur un site d'échange, et a la surprise qu'il soit repéré et demandé rapidement, contre un séjour dans une grande demeure à Stratford, appelée Rowans Rise. Quelques jours plus tard, elle explore Rowans Rise, pendant qu'Emily Coles séjourne dans son petit appartement. Katie respecte la demande d'Emily de ne pas pénétrer dans sa chambre.
Un ou deux jours plus tard, il se produit une panne de courant. En remontant de rétablir l'électricité dans la cave, Katie trouve la porte de la chambre ouverte et va y jeter un coup d'œil. le soir elle se rend dans un pub, et se fait importuner par un gars du coin. Elle est tirée de ce mauvais pas par l'agent James Hallam qu'elle revoie par la suite, en dehors de son uniforme. Elle lui montre l'aménagement particulier de la chambre d'Emily. Un soir, elle croit voir un intrus derrière elle, dans la salle de bain et elle appelle la police. L'agent Hallam se déplace avec sa cheffe pour prendre sa déposition et inspecter les alentours.
Mike Carey a écrit deux des séries longues publiées par Vertigo, parmi les plus mémorables : Lucifer, et Unwritten (avec Peter Gross). Il a également écrit la série Hellblazer du numéro 175 au numéro 215. le lecteur éprouve forcément un minimum de curiosité pour ses histoires. Mike Perkins travaille régulièrement pour Marvel (par exemple sur la série Captain America écrite par Ed Brubaker, ou sur la série Carnage écrite par Gerry Conway), après avoir débuté dans l'hebdomadaire anglais 2000 AD. Dès l'ouverture, le lecteur comprend qu'il s'agit d'une histoire qui s'inscrit dans le registre de l'horreur, avec à la base une maison hantée. Effectivement, il retrouve plusieurs conventions propres à ce genre. Ça commence avec les batteries du téléphone portable de Katie Shackley qui se déchargent inopinément. Ça continue avec les plombs qui sautent, et le premier spectre fait son apparition dès le premier épisode. L'auteur a même fait le choix de montrer une apparition ou un mort vivant dans la séquence d'ouverture pour être sûr d'accrocher tout de suite l'attention du lecteur. En procédant ainsi, il désamorce une partie du suspense quant à la véritable nature du récit et à l'existence d'une forme de vie dans l'au-delà. Pour insister encore un peu, Katie Shackley semble posséder une forme de sensibilité particulière aux esprits encore présents, après que l'individu soit décédé.
Pourtant malgré cet affichage dès le début, le lecteur ne sait pas trop quelle tournure va prendre le récit. Mike Carey prend le temps de montrer sa protagoniste découvrir la maison de Rowans Rise, se promener dans les environs, se lier d'amitié avec James Hallam. Il la voit prendre conscience qu'il y a quelque chose de pourri à Rowans Rise, et tenter d'en apprendre plus. En fait, les auteurs ne misent pas l'intérêt du récit dans les apparitions de créatures surnaturelles ou d'esprits fantômes. Il apparaît rapidement que la narration s'attache surtout à montrer comment Katie Shackley retrouve une par une les pièces du puzzle, et les assemble. le lecteur la voit donc se rendre à la bibliothèque qui en est restée aux microfiches, parler avec quelques-uns des habitants pour recueillir des avis en direct, se rendre à l'hôpital pour rencontrer la sœur d'Emily Coles. Il devient vite visible que Mike Carey s'amuse bien à glisser quelques spécificités anglaises pour fournir une touche d'exotisme au lecteur américain. Il y a bien sûr l'étrange arbre des lamentations dans le jardin, le pub, le magasin qui vend de tout, la représentation de la pièce Hamlet, l'adresse mail d'Emily Coles qui évoque la chanson Emily Play de Pink Floyd (écrite par Syd Barrett), ou encore l'uniforme tellement reconnaissable de la police avec le casque bombé, sans oublier un petit tour en barque sur le fleuve.
Sur ce plan touristique, Mike Perkins joue le jeu. Il réalise des dessins descriptifs avec un bon niveau de détails. le lecteur peut donc lui aussi profiter des aspects touristiques de la narration visuelle. La demeure Rowans Ruin doit compter une bonne dizaine de pièces, et sa façade présente une architecture anglaise qui évoque effectivement les maisons de campagne. L'aménagement intérieur est moderne, fonctionnel et agréable. le pub est assez grand, avec un bon taux de fréquentation, et des poutres apparentes au plafond. le lecteur peut apprécier les ferrures du siège sur le canot. Il détaille également les façades de Stratford, en particulier celles avec des poutres apparentes, et l'aménagement de la bibliothèque. le dessinateur prend le temps pour donner une apparence consistante à ces éléments afin que le lecteur puisse se projeter dans ces lieux. Andy Troy réalise une mise en couleurs naturaliste, ajoutant les ombres quand les sources lumineuses le nécessitent. Il prend soin d'utiliser des teintes un peu plus vives le jour, et un peu plus sombres la nuit. Cette région de l'Angleterre apparaît très verdoyante, plutôt sous le beau temps (une scène de pluie quand même), agréable pour un séjour touristique.
Mike Perkins prend également soin de détailler les aménagements intérieurs, ainsi que les différents accessoires. Les personnages sont dotés de tenues vestimentaires normales, pas exclusivement utilitaires, mais sans affèterie. Les uniformes (police, infirmière) sont représentés avec exactitude. Katie Shackley est souvent en jean et teeshirt, dans des tenues décontractées, sans être révélatrices. le dessinateur représente des individus adultes, se comportant normalement, sans langage corporel exagéré, sans qu'ils ne posent pour des attitudes destinées à les mettre en avant. Enfin ils ont des morphologies normales, et différenciées. le corps de Katie Shackley n'est pas idéalisé, ni gonflé pour paraître plus sexy. Mike Perkins sait jouer de l'épaisseur des traits de contour pour effectuer des réglages sur le niveau de détails, afin que ses dessins n'apparaissent pas surchargés et restent facilement lisibles. le lecteur prend donc plaisir à se tenir à proximité de Katie Shackley pour voir ses faits et gestes, et l'accompagner alors qu'elle progresse dans son enquête.
Le dessinateur anime les personnages avec des expressions des visages mesurées, et des gestes d'adultes. le lecteur apprécie de voir des personnages sourire, ou faire une grimace de temps en temps, attestant de leurs émotions, des fluctuations de leur joie de vivre. Perkins doit également intégrer les éléments surnaturels de l'intrigue. Autant les personnages vivants font montre d'un naturel convainquant, autant les spectres semblent plus artificiels. Ils n'apparaissent qu'à de rares reprises, et pour peu de temps. Andy Troy leur applique une couleur verdâtre pour que le lecteur différencie au premier coup d'œil, les morts des vivants. L'artiste les représente dans des postures exagérées, comme pour un mauvais acteur en train de sur-jouer son rôle de mort vivant. le lecteur peut comprendre qu'il s'agit des conséquences d'une forme d'hébétude qui accompagne cet état transitoire entre la vie et la mort, mais le résultat est artificiel, et prête plus à sourire qu'à frissonner.
Puis vient le temps de conclure le récit, de tout révéler, et de l'affrontement physique. L'épisode 4 est tout entier consacré aux révélations pendant une bagarre acharnée. le lecteur est un peu pris par surprise que le récit bascule ainsi dans l'action. Mike Perkins continue à se montrer convaincant, mais il succombe à la tentation de dramatiser chaque mouvement, avec un angle de prise de vue en diagonale, tranchant fortement avec le rythme plus posé des trois épisodes précédents. Mike Carey a imaginé une motivation originale pour le tueur, mais il mélange ça avec l'intervention physique des spectres, ce qui ramène le récit dans un registre plus basique de surnaturel. Enfin, certains événements majeurs (quelques morts) se déroulent hors champ de la caméra, n'étant indiqué que dans les dialogues, ce qui leur ôte une partie de leur impact émotionnel. du coup le lecteur éprouve la sensation que le récit quitte le terrain d'une enquête plausible, pour rejoindre le terrain d'un récit plus convenu, avec des interventions surnaturelles moins crédibles et plus insipides.
Le lecteur se réjouit à l'idée de lire une nouvelle histoire consistante et sensible de Mike Carey, bénéficiant de planches d'un bon niveau. Il accompagne Katie Shackley de bonne grâce, pour une enquête réaliste dans la campagne anglaise, en profitant de l'évocation visuelle, précise sans être obsessionnelle de cette région de l'Angleterre. Il déchante un peu en découvrant le dénouement occupant le dernier épisode, qui tire l'ensemble vers le bas et le banal.
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Stardust Kid
Conte pour les enfants - Ce tome contient un récit complet indépendant de tout autre. Il reprend les cinq épisodes de la minisérie, initialement publiés de 2005 à 2007 par Boom Studios, écrits par John-Marc DeMatteis, dessinés et encrés par Mike Ploog, et mis en couleurs par Nick Bell & Sumi Pack. Dans une ville de moyenne importance aux États-Unis, un cocon apparaît au milieu d'un tronc d'arbre situé dans le Park Wilde une griffe commence à déchirer l'enveloppe dudit cocon dans un appartement d'un immeuble non loin du parc, le père de la famille DiMarco est en train de faire la vaisselle, pendant que la mère finit de débarrasser. Cody (le fils aîné, à peine adolescent) annonce qu'il va faire un tour au parc. Sa jeune sœur Katherine Mary se moque de lui en indiquant qu'il va rejoindre son copain Paul Brightfield. La mère accepte en lui demandant d'être prudent. Alors qu'il sort, la voix du narrateur donne des renseignements sur Paul Brightfield, supputant sa potentielle dangerosité, sa véritable nature, sur le fait que la mère de Cody ne lui fait pas confiance. En se rendant au parc, Cody DiMarco passe devant sa copine Alana et son petit frère Nathaniel. Il décline son invitation à venir regarder un film chez eux, préférant a compagnie de son copain Paul, au grand dam d'Alana qui est son ami d'enfance. Cody Dimarco arrive au parc et retrouve son ami Paul Brightfield, pendant qu'Alana pense à Cody et à la manière dont il s'est éloigné d'elle. En suivant Paul, Cody passe au travers d'une mince couche de terre, et se retrouve dans l'antre souterrain de son ami. Il s'installe alors confortablement pendant que Paul (ayant pris l'apparence d'un gros mille-pattes multicolore) lui raconte une histoire. Dans le même temps, le narrateur confirme que Paul Brightfield n'est pas un être humain, mais un mirage 3D composé de rêves errants et de poussière d'étoile. Il évoque également la manière dont Paul est apparu sous différentes formes au fil des années, pour approcher progressivement Cody de plus en plus près, comment cette entité dépourvue de forme a fini par prendre celle de Paul Brightfield. Puis le narrateur laisse la place au Livre qui raconte comment les créatures magiques ont peu à peu disparu de la Terre, jusqu'à qu'à ce qu'il n'en reste plus que 2 : Paul et son Miroir, changeant de forme au gré des siècles et de leur fantaisie. Paul finit par proposer à Cody de sortir et de marcher un peu dans la pénombre du soir. La créature a fini de déchirer son cocon, elle est libre de se promener dans le parc à sa guise. John-Marc DeMatteis est un scénariste de comics à la carrière impressionnante, aussi bien capable d'écrire des histoires de superhéros inoubliables (par exemple pour Spider-Man: La Dernière Chasse de Kraven) que des récits personnels très ambitieux comme Moonshadow avec Jon J. Muth ou Blood avec Kent Williams. Mike Ploog est un dessinateur de comics, et il a déjà collaboré avec JM DeMatteis sur la série de livres Abadazad. En regardant la couverture, et en découvrant la nature des protagonistes, le lecteur comprend rapidement que les deux créateurs ont réalisé un ouvrage tout public, plus particulièrement à destination d'un public relativement jeune. Il constate également que chacun des cinq épisodes est assez copieux, puisque le récit comprend une trentaine de pages à chaque numéro. Il remarque rapidement que la voix du narrateur intervient de manière très régulière dans des cartouches de texte assez nombreux, et même complétés par d'autres remarques formulées par une autre voix, dans des cartouches avec un fond d'une couleur différente et complétés à quelques reprises par des remarques dans une police plus petite. Bien évidemment, ces cartouches de texte ont pour conséquence immédiate de rendre la lecture plus lente. Néanmoins, ils apportent des informations supplémentaires, et même de temps à autre, le texte reprend un élément déjà montré dans le dessin qu'il accompagne. Par le biais de la voix du narrateur, JM DeMatteis développe l'état d'esprit d'un personnage ou d'un autre, explicitant son émotion ou ce qui le met dans un tel état. Le scénariste se sert également de cette voix supplémentaire pour s'adresser directement au lecteur, souvent de façon facétieuse. En particulier, il change sciemment de temps dans un même paragraphe passant du passé au présent assez régulièrement. Il ne manque pas de le faire remarquer au lecteur et de mettre ça sur le compte d'une perception du temps différente de celle d'un être humain. Même si DeMatteis donne l'impression de jouer sur ce changement intempestif de temps qui défie les règles de la concordance des temps, il s'avère qu'il y a bel et bien une explication qui est intimement liée au caractère intemporel ou en tout cas pérenne d'un récit. Il joue également sur l'identité non dévoilée de ce narrateur, ainsi que sur celle de celui qui se permet de faire des remarques en coin. Malgré tout, les propos de cette voix supplémentaire restent dans un registre plus explicatif que réflexif. Il faut attendre le dernier épisode pour qu'elle établisse des constats plus introspectifs sur la condition humaine, des motivations cachées, ou des convictions qui défient les lieux communs. Dans sa forme, ce récit reprend les étapes du voyage du héros avec des compagnons en qui il peut avoir confiance. Effectivement la narration reste au niveau de Cody DiMarco, de son amitié indéfectible pour Paul Brightfield et de la confiance qu'il lui accorde, de son amitié pour Alana (mais qui passe après celle pour Paul) et de sa relation affective pour sa petite sœur. Pour autant, Alana, Katherine Mary et Nathaniel ne disposent pas d'une personnalité développée. Du fait de sa véritable nature, Paul Brightfield relève plus du concept que de l'individu. le lecteur découvre donc chaque scène par les yeux de Cody qui se laisse le plus souvent guider par les indications de Paul ou des créatures adultes qu'il rencontre. L'intrigue amène Cody et la petite troupe à interagir avec des créatures hautes en couleurs, soit bienveillantes, soit malveillantes, révélant éventuellement par la suite une trahison ou un changement d'allégeance. Un lecteur adulte éprouve de fortes difficultés pour se projeter dans un personnage aussi générique, ou pour s'intéresser à des rebondissements survenant au gré de la fantaisie du scénariste, sans beaucoup d'impact émotionnel. Dans l'introduction, John-Marc DeMatteis raconte la genèse un peu compliquée du récit, ayant commencé lorsqu'il racontait des histoires à son jeune fils. Il explique le plaisir qu'il a eu à collaborer avec Mike Ploog dont les dessins ne sont pas pollués par les tics graphiques spécifiques aux récits de superhéros. Effectivement, Mike Ploog se tient à l'écart des individus bodybuildés, et met en scène des enfants qui ressemblent à des enfants, avec une morphologie d'enfant (différenciée suivant qu'il a plus ou moins de 10 ans), des expressions du visage enfantines, des vêtements de jeune, etc. Il réalise des traits de contours un peu lâches dans les arrondis ce qui donne plus de souplesse aux silhouettes de Cody, KM, Alana, Nathaniel et Paul. Il agrandit un peu leurs yeux pour faire passer plus d'émotion, essentiellement lors d'un étonnement ou sous l'effet de la peur. le lecteur se rend compte que Mike Ploog est adepte de la bouche ouverte pour ses personnages avec une régularité qui dépasse les 50%, reflétant un manque de nuances dans les expressions. En revanche les postures des personnages sont beaucoup plus naturelles et expressives. Il se montre très convaincant avec les différentes créatures merveilleuses et surnaturelles. L'artiste sait croquer des bestioles et une sorcière aux formes inventives, avec une texture presque palpable pour leur peau ou leur parure. le lecteur peut voir que ces créatures comprennent une discrète touche d'exagération qui les rend tout public, sans agressivité méchante. Au départ, Mike Ploog doit représenter un environnement normal de petite ville. Il intègre suffisamment de détails pour donner un cachet spécifique à la rue et au parc. Puis l'action du récit se déroule dans un monde fantastique, et il s'amuse beaucoup avec les arbres torturés, la végétation à demi vivante, les flammes qui dansent. Il ne crée pas vraiment un environnement consistant et pensé à l'échelle de la localisation spatiale relative des différents endroits, mais les éléments de décor sont consistants d'un endroit à l'autre. À plusieurs reprises, il doit également changer de forme narrative, en passant d'une bande dessinée traditionnelle, à des illustrations pour les cellules de texte, voire même des fac-similés des pages d'un livre. le lecteur apprécie la fluidité de la narration visuelle pour ces trois formes, ainsi que les mises en page changeantes. Au fur et à mesure de son avancée, le lecteur se rend compte que JM DeMatteis a souhaité rendre son ouvrage accessible au plus grand nombre et en particulier aux enfants. le lecteur peut parfois ne pas se sentir concerné par la narration qui en découle, avec une trame assez simpliste. Il se rattrape un peu avec les cellules de texte et les remarques du narrateur, mais là encore ses observations restent souvent dans le constat, sans beaucoup de réflexion. Même la remarque sur la nature malléable et relative du temps (entre le passé, le présent et le futur) ressemble plus à une blague récurrente, qu'à une réflexion sur sa nature. Malgré tout, il apparaît que cette remarque finit par prendre un autre sens quand on l'applique à l'intemporalité d'un récit. En outre, le lecteur se rend compte que la stratégie de Cody DiMarco face à la méchanceté de son ennemi, et les conseils de Paul Brightfield ne vont pas dans le sens de l'affrontement, mais prennent position pour une autre posture, plus adulte et plus humaniste. Le lecteur adulte ressort de ce tome avec un sentiment mitigé. Il a pu apprécier l'originalité des dessins de Mike Ploog, et sa capacité à s'adapter aux changements de styles narratifs, mais il a également constaté qu'ils restent dans un registre assez classique, empruntant beaucoup à l'imagerie d'Alice aux pays des Merveilles. De la même manière, il a pu apprécier la sophistication de la narration de John-Marc DeMatteis, avec les observations du narrateur entremêlées à l'intrigue, mais avec une volonté de rester très concret qui ne permet pas au récit de s'envoler vers la poésie ou l'onirisme.
Digitaline
Cette BD, réalisée sur ordinateur en 1989, souffre de défauts visuels. Le trait est pixellisé, les couleurs sont froides et les décors semblent tracés à la règle. Cela a mal vieilli et ne m'a pas séduit. L'intrigue est prévisible, avec une journaliste enlevée dans un pays dangereux et son ami courageux qui la sauve. La carte postale comme stratagème est peu crédible. Malgré ses défauts, cette BD reste intéressante en tant que premier essai européen réalisé sur ordinateur. Cependant, je ne la recommande pas.
Riverdale présente Betty et Veronica
Le changement, c'est plus tard. - Ce tome contient une histoire complète qui ne nécessite pas de connaissances préalables des personnages. Il comprend les 3 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2016/2017, écrits, dessinés, et encrés par Adam Hughes, avec une mise en couleurs effectuée par José Villarrubia, avec un lettrage réalisé par Jack Morelli. Il comprend également les 29 couvertures variantes réalisées, entre autres, par Mahmud Asrar, Cliff Chiang, Bilquis Evely, Francesco Francavilla, Tula Lotay, Moritat, Ryan Sook, Chip Zdarsky, David Mack, Bengal, Paolo Rivera, etc. Ce tome comprend également l'épisode 12 de la série Jughead, écrit par Ryan North, dessiné et encré par Derek Charm. À Riverdale (une ville fictive des États-Unis), Hot Dog, le chien de Jughead est en train de commenter (pour le bénéfice du lecteur) le dessin pleine page qui montre Betty (Elizabeth Copper) et Veronica (Veronica Lodge, surnommée Ronnie) en train de se crêper le chignon devant d'autres étudiants, dans le gymnase couvert de l'université. 6 semaines auparavant, Archie (Archibald Andrews) et Jughead (Forsythe Pendleton Jones III) étaient en train de marcher en réfléchissant à l'issue de combats imaginaires, entre le Père Noël et le Lapin de Pâques, entre eux, entre Betty et Veronica. En devisant ainsi, ils parviennent devant la maison de Betty. Elle est en train de manipuler des sacs de gravier de 30 kilogrammes, pendant que Veronica se prélasse dans une chaise longue en lui donnant des conseils relatifs à son hydratation. Les 4 amis décident de se rendre au diner de Pop (Terry Tate) pour aller manger. En route, les quatre amis manquent de se faire renverser par un camion de l'entreprise Kweekwegs Koffee, une chaîne de café. Ils arrivent et constatent une pancarte annonçant la fermeture imminente du diner Chez Pop. Ils pénètrent dans l'établissement et interrogent Pop sur la raison de cette fermeture. Il leur explique que la chaîne Kweekwegs souhaite installer un de leurs établissements sur le site du sien, et qu'ils l'ont racheté à la banque auprès de laquelle il a contracté un prêt. Il disposait d'un délai de 6 semaines pour réunir la somme manquant pour rembourser la banque et ainsi éviter ce rachat. Malheureusement il ne voit pas comment réunir 60.000 dollars dans un délai aussi court. En outre, il ne peut pas renégocier son prêt, car la chaîne Kweekwegs a racheté cette banque. Betty décide immédiatement de prendre les choses en main pour réussir à réunir cette somme. Veronica reste étrangement en retrait. Le personnage d'Archie a été créé en 1941 par John L. Goldwater, Bob Montana et Vic Bloom. Sa série de comics met en scène des personnages blancs au lycée vaguement facétieux, pour des gags très consensuels. La série initiale a donné lieu à de nombreuses séries dérivées dont une consacrée à Betty & Veronica. Les lecteurs se désintéressant progressivement de cette vision édulcorée et très blanche d'une petite ville de l'Amérique, les responsables éditoriaux ont entrepris de la moderniser. Un signe avant-coureur a été l'arrivée de zombies à Riverdale dans Afterlife with Archie (2013/2014) par Roberto Aguirre-Sacasa & Francesco Francavilla, et la mort d'Archie dans The Death of Archie: A Life Celebrated. En 2015, les lecteurs ont vu arriver une nouvelle série consacrée au personnage en 2015 par Mark Waid & Fiona Staples, avec des protagonistes un peu plus âgés, et des histoires pour un lectorat également un peu plus âgé. Enfin en 2017, Archie et consorts ont eu droit à une série télévisée : Riverdale. le présent tome s'inscrit dans cette vague de modernisation. Le lecteur peut donc être attiré par l'envie de découvrir des personnages de son enfance se comportant en jeunes adultes, dans une histoire un peu moins tout public. Plus vraisemblablement, le lecteur de comics est venu attiré par l'identité de l'auteur : Adam Hughes, surtout célèbre pour ses couvertures proposant des versions pin-ups de superhéroïnes, et pour quelques rares épisodes dont il a dessiné l'intérieur, comme la rencontre WildCATS / X-Men : les temps modernes (1997). Il ne fait pas de doute que cet artiste saura transcender l'apparence de Betty et de Veronica pour en faire des jeunes femmes à la séduction physique irrésistible. La couverture montre deux jeunes bien comme il faut, pleines de vie, sans hypersexualisation de leur corps. le premier dessin en pleine page les montre en train de se tirer les cheveux, avec des silhouettes fines, en talons hauts, mais sans exagération de leur taille de bonnet ou de leurs hanches. le dessin le plus dénudé se trouve également dans l'épisode 1 alors qu'elles sont allongées sur le sol en bikini, mais là encore il n'y a pas de pose lascive ou suggestive. Dans l'épisode 2, il y a bien une scène de lavage de voiture en bikini, mais ce n'est ni Betty, ni Veronica qui passe l'éponge sur les carrosseries et le lecteur ne voit qu'un mollet dénudé et un avant-bras sortir de la mousse. Adam Hughes réalise donc des planches très chastes, sans intention d'émoustiller le lecteur mâle ou de titiller sa libido. En entamant ce tome, le lecteur se trouve un peu surpris du parti pris du metteur en couleurs. José Villarrubia a choisi une palette un peu terne. Il ne s'agit pas de teintes sépia qui désigneraient le récit comme appartenant au passé, ou comme étant une vision fantasmée d'une Amérique sublimée. Il s'agit plutôt d'une approche qui refuse une vision rutilante, préférant donner une vision plus en retenue, ce qui est en cohérence avec l'approche de l'artiste. Tout du long des 3 épisodes, le lecteur apprécie de pouvoir se projeter dans des environnements représentés de manière réaliste avec un bon niveau de détails : la pelouse devant la maison des Cooper, le diner de Pop, le salon des Cooper, le gymnase du lycée. Il observe que les feuilles d'automne tombent régulièrement quand les personnages se trouvent dans la rue. Il peut regarder les tenues vestimentaires des personnages, simples et adaptées à des jeunes, ainsi que les différentes coiffures. Hughes sait conférer une évidence naturelle à tous ces éléments. Le récit repose sur l'imminence d'un changement, une menace déjà utilisée dans la série Archie à plusieurs reprises, à savoir la disparition du diner de Pop. Il s'agit avant tout d'une comédie de situation, disposant d'un peu plus de moyens qu'à l'ordinaire, ce qui permet d'inclure des séquences tournées en extérieur. La vitalité de la narration repose donc beaucoup sur le jeu des acteurs. Sur ce plan-là, Adam Hughes sait insuffler de la vie à ces personnages, que ce soit au travers des expressions de leur visage ou de leur posture. Il compose des plans de prise de vue qui accompagnent les personnages, et changent régulièrement d'angle pour se focaliser soit sur leurs mouvements, soit sur leurs expressions. Il conçoit son découpage de planche en cases en fonction de la nature de la scène. Il intègre quelques dessins en pleine page, à raison d'un ou deux dans les 2 premiers épisodes, sans en abuser. Il joue avec les attentes du lecteur, en montrant Betty et Veronica prêtes à en venir aux mains, puis en expliquant à quoi correspond réellement cette scène. Il se joue de lui avec 2 pages dans l'épisode 1 sur fond blanc, avec plus de phylactères que de personnages, expliquant que le chien a mangé les planches dessinées et qu'il a dû y substituer celles-là. Le lecteur découvre donc une comédie de situation, avec des personnages sympathiques, à la psychologie superficielle, avec des sentiments positifs et des émotions chaleureuses. Petit à petit, il se rend compte que l'auteur déroule son intrigue suivant une structure très linéaire réservant peu de surprises, dépourvue d'action. Les échanges entre les personnages restent au niveau de la discussion sans conséquence, leur dimension psychologique n'étant pas développée. Adam Hughes se conforme au cahier des charges qui est de mettre en scène des personnages sains et sans problème, dans une Amérique blanche et propre sur elle, sans dimension sociale. Ces personnages restent dans une stase qui les maintient dans une position immuable, échangeant des propos banals par lesquels il est hors de question de remettre en cause l'ordre établi ou d'introduire du changement. Alors que la narration visuelle a gagné en sophistication, l'histoire reste dans le même registre essentiellement destiné à des enfants. Le lecteur est attiré par la promesse de trois épisodes dessinés par Adam Hughes. Cet artiste s'investit complètement dans la narration visuelle, sans se reposer sur la plastique des deux héroïnes. Le lecteur voit des personnages vivre sous ses yeux, dans une comédie de situation innocente. Il découvre petit à petit que le scénario reste sagement dans les clous des spécifications immuables de la série, pour un immobilisme déconcertant. - - Jughead 12 - Betty, Veronica, Kevin, Reggie, Dilton, Jughead et Archie sont en train de jouer à un jeu vidéo, une course de voitures qui évoque Mario Kart avec des véhicules qui évoquent ceux de Les fous du volant. Reggie gagne haut la main et les tous les autres un gage : ils doivent le servir et accéder à ses demandes pendant une journée. Le fait est que le lecteur n'est pas venu à ce tome pour lire un épisode de Jughead, mais pour découvrir la dernière création d'Adam Hughes. Il peut donc supposer que les responsables ont choisi un épisode pour accrocher le lecteur avec le meilleur d'une autre série. de fait, il a été écrit par Ryan North, le scénariste de la série Marvel The unbeatable Squirrel Girl. le lecteur découvre une histoire très linéaire à l'intrigue peu épaisse, avec beaucoup de parlottes, et quelques leçons de morale. Les dessins sont à destination de jeunes lecteurs, simplifiés et très expressifs, mais sans grande inspiration dans la mise en page, ou le jeu d'acteurs. Il est peu probable qu'un tel épisode l'incite à aller tester d'autres séries d'Archie Comics.
Rapture - Ninjak / Shadowman
Le ravissement n'est pas pour le lecteur. - Ce tome contient les quatre épisodes de la minisérie, initialement parus en 2017, écrits par Matt Kindt, dessinés et encrés par CAFU (Carlos Alberto Fernandez Urbano), et mis en couleurs par Andrew Dallhouse. Roberto de la Torre a dessiné et encré 5 pages de l'épisode 2, et 8 pages de l'épisode 3 qui constituent des retours en arrière. Juan José Ryp et Francis Portela ont dessiné quelques pages de l'épisode 4, ayant pour sujet l'un des personnages dans un autre environnement. Tama est en train de progresser sur un chemin dans la dimension du Deadside, avec à ses côtés une créature familière qu'elle appelle T.A.D.D. Elle arrive au pied d'une sorte de tronc géant évidé suspendu dans les airs et il lui faut en commencer l'ascension. Au bout de plusieurs marches fichées dans le tronc courant en spirale le long de la paroi intérieure, elle parvient devant un premier gardien qui lui pose une énigme. Elle lui en a donné la réponse avant qu'il n'ait fini de prononcer le dernier mot et elle poursuit son ascension, toujours accompagnée par T.A.D.D. Après une poignée d'autres épreuves, elle finit par arriver devant Amy (aussi appelé Hanar), un démon géant emprisonné-là qui est obligé de toujours dire la vérité. Elle lui a amené un cadeau (une truffe de manticore), qu'elle lui offre avant de poser ses questions. Elle lui présente un scroll dont elle n'arrive pas à déchiffrer l'écriture. Amy lui explique qu'il s'agit d'une écriture conçue pour être indéchiffrable, et utilisée à l'époque de la Tour de Babel. Il lui explique que contrairement au mythe qui est parvenu jusqu'à l'époque contemporaine, Babel désignait la créature qui était à l'origine de la construction de la Tour. Il lui indique où se trouve le site sur lequel la Tour fut érigée, dans Deadside. Ce site sert maintenant de repère à un barbare appelé Rex the Razer (celui qui rase les constructions). Tama est la géomancienne de cette époque, la personne chargée de protéger la Terre, et elle tire ses informations du livre du Géomancien dont les entrées sont souvent cryptiques. Elle décide de rendre visite à Rex, puis d'aller recruter des alliés sur Terre. Elle commence par contacter Ninjak (Colin King). Ce dernier l'aide à réquisitionner Punk Mambo (Victoria Greaves Trott) et Shadowman (Jack Boniface, aussi connu sous le nom de Magpie). A priori, ce récit s'adresse en premier lieu à des lecteurs familiers de l'univers partagé Valiant. Pour commencer le scénariste n'effectue pas beaucoup de rappels sur la nature de Deadside, et il vaut mieux être familier de ce concept. Ensuite, en 4 épisodes, il n'a pas le temps de s'étendre sur Ninjak, et encore moins sur le passé complexe de Shadowman. Il s'agit d'un personnage qui a été créé en 1992, par Jim Shooter & Steve Englehart (scénaristes), et Mike Manley (dessinateur). Les épisodes de sa série se sont vendus à plusieurs centaines de milliers d'épisodes dans les années 1990 et il avait même eu droit à une minisérie réalisée par des auteurs de premier de plan par Garth Ennis & Ashley Wood (1997). C'est donc tout naturellement que l'éditeur Valiant a relancé une série à son nom en 2012 par Justin Jordan & Patrick Zircher, puis écrite par Peter Milligan. Effectivement, il vaut mieux que le lecteur soit familier de l'univers partagé Valiant. Il lui faut avoir une vague idée de ce que représente le géomancien dans ce monde, ce qu'est Deadside (sinon il se demandera tout du long pourquoi Ninjak est obligé d'y porter une armure et pas les autres), qui est Ninjak, qui est Shadowman (ce qui est plus compliqué) et qui est Punk Mambo. S'il n'a jamais croisé ces personnages, il ne risque pas de s'y attacher car ils n'ont pas beaucoup de personnalité propre au-delà d'un unique trait de caractère. Pour les lecteurs qui fréquentent régulièrement l'univers Valiant, ces références font sens, mais ne sont pas gage d'une bonne histoire. Ninjak et Punk Mambo participent au récit mais de manière mécanique, et il n'y a pas de scène qui les mettent particulièrement en valeur. Tama est encore un personnage trop récent pour disposer de lecteurs qui la suivent. Neville, tout sympathique qu'il soit, n'apparaît que le temps de 2 pages. Il reste donc Shadowman qui se trouve au cœur du récit, car il est l'enjeu, l'individu que Babel souhaite capturer et utiliser. Le lecteur ressent bien la difficulté du scénariste à mettre en scène un personnage aussi compliqué que Shadowman. Il le cantonne au rôle de McGuffin, un individu à nouveau sans beaucoup de personnalité, qui est en mesure de fournir l'énergie manquante à Babel pour parachever sa Tour. Matt Kindt évoque rapidement les blocs de construction du personnage : son alter ego Jack Boniface (mais il ne fait que citer son nom), son lien avec la mythologie des Loa (réduite ici à une source d'énergie surnaturelle), et à peine son autre alias Magpie. du coup Shadowman est réduit à un artifice narratif, et le récit permet de rappeler qu'il constitue un lien entre Deadside et Liveside. le lecteur reporte alors son attention sur l'intrigue proprement dite et sur la narration visuelle. le début du récit est assez prometteur car Matt Kindt se montre facétieux avec le personnage de Tama qui affronte les épreuves parsemant son chemin avec une aisance rafraîchissante. Sa prise de contact avec Amy s'avère tout aussi amusante, car elle est la première de tous ses visiteurs à avoir pensé à lui amener un cadeau. La redescente vers la cité est tout aussi enlevée, avec 6 épreuves en 1 case chacune, en une seule page. La suite se gâte un peu. le lecteur découvre l'histoire de Babel, sa motivation pour construire une Tour, la manière dont il s'est échappé de sa geôle après sa première tentative ratée, et la façon dont il a recruté des sbires. L'histoire en elle-même est un peu originale, mais elle reste très linéaire et trop impersonnelle pour arriver à impliquer le lecteur. Quant à la mission menée par Tama et son équipe, c'est la succession d'affrontements attendus, avec un traître dans l'équipe qui veut faire passer son intérêt personnel avant le reste. Mais comme le scénariste n'a pas réussi à faire exister ses personnages, ils ne dégagent pas d'empathie, et le lecteur ne voit que la mécanique du scénario sans éprouver aucun sentiment pour l'un ou l'autre. Sur le plan de la narration visuelle, le lecteur retrouve des dessinateurs habitués de l'univers Valiant. La combinaison des dessins très propres sur eux et de la mise en couleurs pleine de couleurs chatoyantes séduit immédiatement le lecteur qui se projeter aux côtés des personnages. le premier épisode est très impressionnant pour son inventivité dans les territoires traversés par Tama, les créatures rencontrées, et les cadrages. le lecteur la regarde progresser dans ce tronc d'arbre creux. Il découvre avec elle les créatures étonnantes. Il reprend la route jusqu'à la forteresse volante occupant la place de l'ancienne Tour de Babel, et il a même la surprise de faire le tour des bureaux du quartier général du MI6. Les couleurs habillent et complètent les dessins et ajoute une touche surnaturelle aux créatures diverses, ainsi qu'à l'atmosphère même de Deadside. Les pages réalisées par CAFU dans les épisodes 2 & 3 reprennent les mêmes éléments que dans l'épisode 1, sans nouvelle surprise et avec une densité d'information significativement plus faible. Fort heureusement, la tendance s'inverse dans le dernier épisode avec l'inondation très spectaculaire. Au cours du récit, dans les épisodes 2 & 3, le lecteur apprend l'histoire passée de Babel au travers de ce que raconte Rex the Razer, puis Babel lui-même. Il est donc justifié que la narration visuelle soit assurée par un autre artiste pour rendre compte de cette temporalité différente. Roberto de la Torre réalise des dessins plus organiques, plus griffés, moins propres sur eux, attestant d'une époque moins civilisée, et de pratiques plus violentes. Andrew Dalhouse modifie également son schéma de couleurs, en utilisant des teintes essentiellement marron afin d'indiquer qu'il s'agit de scènes dans le passé. le résultat apparaît plus brut, et très bien adapté à la nature de ses séquences. le lecteur attentif sourit un instant quand il se rend compte que la guerrière dessinée par de la Torre dans l'épisode 2 porte un bikini à maille qui évoque immédiatement Red Sonja. Dans l'épisode 4, le lecteur découvre une poignée de planches réalisées par Juan José Ryp et Francis Portella, deux autres artistes habitués des parutions Valiant. À nouveau, la participation de deux autres dessinateurs est justifiée par le scénario, en particulier lors des pages se déroulant dans Liveside. Ryp est méticuleux comme à son habitude, et Portella est lumineux comme à son habitude. Arrivée à la fin du récit le lecteur a bien compris qu'il s'agissait d'une histoire de commande pour Matt Kindt, servant à repositionner Shadowman dans l'univers partagé Valiant et à faire office d'introduction pour sa série de 2018. Les dessins réalisent une narration visuelle attractive, mais qui n'arrive pas à masquer le déroulement mécanique du récit, ni à pallier l'absence de personnalité des protagonistes.
X-Men - Les Enfants de l'atome
Une belle synthèse, mais manquant d'originalité - Ce tome revient sur les événements qui ont immédiatement précédé la première apparition des X-Men dans l'épisode 1 de la série Uncanny X-Men, paru en 1963. Il contient les six épisodes de la minisérie, initialement parus en 1999/2000, écrits par Joe Casey, dessinés par Steve Rude avec un encrage d'Andrew Pepoy (épisodes 1 à 3), Paul Smith & Michael Ryan avec un encrage d'Andrew Pepoy & Paul Smith (épisode 4), et Esad Ribic avec un encrage d'Andrew Pepoy (épisodes 5 & 6). La mise en couleurs a été réalisée par Paul Mounts pour les 6 épisodes. Un jeune mutant a perdu le contrôle de ses pouvoirs, et a détruit par accident de nombreux pavillons dans la ville de Middletown au Missouri. Juste après un reportage sur cette tragédie, la télévision diffuse l'intervention de William Metzger, un individu qui prône la défense de la race humaine contre ces monstres incontrôlables dont les mutations génétiques peuvent provoquer des catastrophes. Dans un bureau de FBI, l'agent Amos (surnommé Fred) Duncan reçoit l'ordre de son supérieur hiérarchique d'investiguer sur le sujet. de retour à son bureau, Fred Duncan le trouve plongé dans le noir. Il commence à parler à haute voix pour prendre des notes sur son dictaphone qu'il a surnommé Bill. Il est interrompu par un individu en chaise roulante qui se trouve dans son bureau et qui commence à lui expliquer son point de vue sur les mutants. La nuit, un individu avec des ailes vient en aide à une femme se faisant agresser dans une rue de New York. le lendemain, Charles Xavier se rend chez les Grey pour évoquer la possibilité qu'ils inscrivent leur fille dans son établissement. Elaine et John Grey promettent d'y réfléchir. La télévision annonce que le lycée de Freeport High School a battu tous les records d'endettement, atteignant le million de dollars de déficit. Ce jour-ci, un nouveau professeur en chaise roulante y postule pour se faire engager. Dans les couloirs, 3 individus (Chad, Mikey et Starkey) à l'allure donnant l'impression qu'ils cherchent une victime à humilier évoquent le discours de William Metzger dans les jours à venir. Ils regardent passer d'un air envieux Hank McCoy la star de l'équipe de football du lycée. Dans le gymnase, Scott Summers, un adolescent souffreteux se fait rabrouer par le professeur de sport, qui se moque de ses lunettes rouges et de sa constitution chétive. Dans l'escalier de service, Bobby Drake s'est isolé pour être tranquille en se demandant pourquoi il a si froid. Dans différents états, la peur motive des citoyens à organiser une poignée de lynchage. Régulièrement l'éditeur Marvel demande à une équipe créatrice de remettre au goût du jour, les origines d'un de ses personnages ou d'une équipe. Au tournant du millénaire, il échoit à Joe Casey de s'acquitter de cette mission pour les X-Men. du point de vue de l'intrigue, il s'agit d'une gageure car il faut intéresser le lecteur à une histoire qu'il connait déjà, voire dont il a déjà lu de nombreuses versions. Joe Casey a l'idée de commencer son histoire quelques jours avant la première scène de Uncanny X-Men 1, paru en 1963, de Jack Kirby & Stan Lee. Ce premier épisode s'ouvrait avec le professeur X appelant ses X-Men à lui. Ils étaient alors au nombre de 4 : Cyclops, Iceman, Beast et Angel, déjà avec des costumes jeune & bleu. Mais, bien sûr, ils ne sortaient pas de nulle part, ils avaient été recrutés précédemment, et l'hystérie anti-mutante trouvait ses racines dans des événements passés. Joe Casey montre donc ce qui a conduit à cet état de fait. En fonction de sa familiarité avec les premiers épisodes de la série Uncanny X-Men, le lecteur (re)découvre des faits sur le passé des personnages, amalgamés dans une narration qui rétablit une cohérence entre eux, en amenant de nouveaux éléments. le scénariste a l'art et la manière de lier les événements dans un tout cohérent. Il peut voir dans quelles conditions vivaient les premiers X-Men avant d'intégrer l'école de Westchester : Jean Grey tranquillement dans le pavillon cossu de ses parents, Hank McCoy en utilisant ses pouvoirs dans le civil tout en les faisant passer pour les capacités d'un athlète accompli, Warren Worthington en essayant d'utiliser ses pouvoirs pour redresser les torts, Scott Summers vivant dans la pauvreté et exploité par un criminel sans scrupule, Bobby Drake dans le pavillon plus modeste de ses parents. de ce point de vue, le récit satisfait la curiosité du lecteur, mais sans réussir à générer assez d'empathie pour ces personnages. Ils sont pris dans une situation où ils doivent cacher leur pouvoir, où ils tentent de les utiliser discrètement et où ils se trouvent dans des fortunes diverses. La problématique pour le lecteur est qu'il sait déjà tout cela, et que Joe Casey ne parvient pas à faire ressentir leurs états d'esprit ou leurs émotions. C'est plus ou moins marqué en fonction des personnages ; c'est criant pour Bobby Drake, et c'est moins marqué pour Scott Summers. Le lecteur peut alors s'intéresser aux personnages secondaires comme Fred Duncan, William Metzger, les 3 loubards, ou même Charles Xavier. En fait il n'en apprend pas beaucoup plus sur Fred Duncan, les 3 loubards brillent par leur dimension générique, et même William Metzger ne se différencie pas beaucoup des nombreux agitateurs anti-mutants qui l'ont précédé ou qui le suivront. du coup, le lecteur se rabat sur l'intrigue qui est dense et racontée de façon moderne, sans bulle de pensée, et avec des inserts d'émission de télévision réguliers, pour rendre compte de la perception du phénomène tel qu'il est relayé par les médias. Il y a quelques surprises avec l'apparition d'un ou deux personnages emblématiques de la série, et bien sûr des affrontements physiques à chaque épisode pour fournir le quota d'action. À nouveau le tout est bien ficelé, mais étrangement, Joe Casey semble intimidé par son sujet, trop respectueux, alors qu'il a écrit de nombreux récits décapants comme la série SEX avec Piotr Kowalski, Butcher Baker the righteous maker avec Mike Huddleston, et des récits de superhéros traditionnels comme Vengeance avec Nick Dragotta, The Bounce avec David Messina, Godland avec Tom Scioli. Le lecteur est plus impressionné par la couverture du recueil et par les 3 premiers épisodes dessinés par Steve Rude. Cet artiste a l'art et la manière de donner une impression de personnages enjoués, d'environnements vaguement rétro, avec des dessins facilement lisibles tout en contenant une bonne densité d'informations visuelles. Dès le premier épisode, le lecteur peut par exemple repérer Dana Scully et Fox Mulder dans un des couloirs du FBI. L'encrage d'Andrew Pepoy respecte bien les crayonnés de Rude, en particulier dans les arrondis élégants. le lecteur prend grand plaisir à s'immerger dans cet environnement vaguement suranné, avec des hommages visuels patents à Jack Kirby (les belles courbes de Cerebro). Il observe les tenues vestimentaires de chaque personnage, y compris des figurants, notant qu'elles renvoient parfois aux années 1960. Il détaille les ameublements et les accessoires de chaque endroit pour s'imprégner de leur atmosphère, de la personnalité des personnes qui les ont aménagés. L'intérieur des Grey est vraiment douillet, alors que la cantine du lycée est aussi impersonnelle qu'elle est fonctionnelle. Il regarde incrédule l'opulence de l'aménagement du jardin de l'école de Westchester. Régulièrement le regard du lecteur s'arrête sur une image saisissante comme l'agent Duncan parlant à son dictaphone (clin d'œil à Dale Cooper parlant à Diane), Jean Grey s'amusant à faire tournoyer des pétales de fleur autour d'elle dans le jardin de ses parents (magnifique), Scott Summers avec un teeshirt crasseux et troué dans une posture d'abattement indicible, Bobby Drake caché sous ses draps partiellement recouverts de neige. Le lecteur ressent forcément une pointe de déception du fait que Steve Rude n'ait pas dessiné les 6 épisodes. Les dessins de Paul Smith s'inscrivent dans l'approche de ceux de Rude, mais avec un encrage plus léger, et une densité d'information moins élevée. Ils en conservent néanmoins l'élégance. Les dessins d'Esad Ribic reviennent à une apparence beaucoup plus classique de dessins de superhéros, une variété de prise de vue moins importante, mais une forme de romantisation des personnages pour leur donner une aura plus tragique. Globalement ces deux derniers épisodes sont nettement un cran en dessous des quatre premiers. À la fin du tome, le lecteur reste sur l'impression d'un rendez-vous manqué. Joe Casey sait tisser la toile de fond de la création des X-Men, en étant raccord avec leurs débuts dans leur propre série en 1963. Mais il a bien du mal à les faire exister, à générer une empathie chez le lecteur. La première partie du récit n'en reste pas moins très agréable du fait des dessins toujours pleins de charme et d'élégance de Steve Rude. La narration visuelle baisse d'un cran dans la deuxième moitié du récit.
Top1
Je ne suis certainement pas la cible de cette nouvelle série, mais bon, j'aurai tenté. J'en ressors assez dubitatif. On part donc sur une parodie du jeu mondialement connu et plébiscité Fortnite où nous allons retrouver trois énergumènes aussi nuls que flippés. Chef cherche à recruter 2 acolytes pour former une équipe qui assurera le Top 1, mais il va se retrouver avec deux bras cassés : Big Gun et Marcel. Le ressort humoristique est loin d'être nouveau, l'humour absurde et bébête s'impose et j'avoue ne pas avoir ris ou souris beaucoup au fil de ma lecture. Ajoutez à cela un dessin assez minimaliste et caricatural, et je me suis ennuyé assez vite. Le jeune public fan du jeu y trouvera peut-être plus de plaisir, mais ce n'est clairement pas pour moi.
X-Men - Jeunes filles en fuite
Milo Manara donne dans le comics. - En 2010 sort cette histoire en 1 tome de 48 pages dessinée par l'un des plus grands illustrateurs italiens de bandes dessinées, avec Chris Claremont au scénario. Cinq membres féminins des X-Men passent une semaine de vacances à Kirinos en Grèce : Kitty Pryde (Shadowcat), Rachel Summers (Marvel Girl), Ororo Munroe (Storm), Anna Marie (Rogue) et Betsy Braddock (Psylocke). Au cours d'une soirée, Rachel est enlevée de force par un inconnu. Les autres X-Women se lancent à sa poursuite et remontent sa trace jusqu'à Madripoor (une île fictive coincée entre Singapour et Sumatra). Les héroïnes retrouvent Rachel dans une forteresse dont elles sont expulsées après perdu leurs pouvoirs, et sans avoir récupéré Rachel. Elles sont alors à la merci de pirates qui vouent un culte aux avions cargos. Les comics américains souffrent d'un terrible complexe vis-à-vis de la bande dessinée franco-belge. Ils lui envient sa légitimité culturelle (qui n'est pas innée, mais un acquis durement gagné). Donc, chaque fois que l'occasion se présente, l'éditeur américain fait tout pour qu'un projet mariant un artiste américain avec un grand nom européen puisse aboutir. Le résultat n'est pas toujours à la hauteur (qui se souvient des deux épisodes du Silver Surfer écrit par Stan Lee et dessinée par Moebius dans Surfeur d'argent ?). Par la magie des agents des uns et des autres, Milo Manara dessine une aventure des X-Men écrite par Chris Claremont spécialement pour l'occasion. Claremont s'acquitte de sa tâche avec un savoir faire très professionnel. L'intrigue est linéaire à souhait, seule l'ordre des planches fait qu'une partie de l'intrigue devient un retour en arrière. L'histoire n'a aucune importance et aucune conséquence. Il s'agit juste pour le scénariste d'enfiler les moments mettant en valeur les talents de Manara : les filles en action, les filles dans des tenues moulantes et hyper courtes, les filles en train de s'étreindre, les filles entravées et les filles en train de se battre. Ai-je fait le tour ? Ah non, il a aussi situé l'action dans des décors qu'affectionne le maître : jungle, crypte et vie nocturne. Donc Milo Manara dispose d'un scénario simple lui permettant de briller de mille feux en dessinant ce qui l'a rendu célèbre (mais il sait faire d'autres choses plus ambitieuses aussi). Et dès la couverture, on comprend que Marvel ait été bien embêté pour commercialiser ce produit. Si vous examinez bien l'illustration, vous constaterez que chacune des quatre héroïnes a la bouche entrouverte dans un mouvement très sensuel qui semble en complet décalage par rapport à la situation. Toutes les situations sont bonnes pour dessiner les unes et les autres dans des postures lascives ou équivoques. Kitty aide Betsy à traverser un éboulement rocheux : elles sont toutes les deux enlacées dans une grande intimité physique. La responsable des criminels a une chemise avec col serré et décolleté jusqu'au nombril permettant une vue avantageuse sur sa poitrine. Kitty accrochée à une liane rattrape de justesse Storm qui tombe la tête en bas et voilà les 2 jeunes femmes dans une position tête bêche des plus équivoques. Betsy et Kitty sont obligées de se changer après l'anéantissement de leur costume ; pas de chance il ne reste que des teeshirts un peu courts qui dévoilent leur postérieur à chaque mouvement. Et c'est comme ça à toutes les pages. Attention, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Chaque page regorge de détails et chaque décor est magnifique. Manara ne s'est pas contenté de dessiner des jolies filles à chaque page dans des cases vides de décors. Il a parfaitement joué le jeu et illustré une bande dessinée dont il n'a pas à rougir. Rien n'est bâclé. Il a réalisé lui-même l'encrage Chaque dessin est magnifique et chaque rappelle que Manara sait tout dessiner. C'est même un des points forts de cette histoire que de pouvoirs contempler des affrontements qui sont revenus à une échelle plus normale et dont la mise en page coule toute seule. Comme d'habitude, Dave Stewart a réalisé une mise en couleurs aussi somptueuse que nuancée. X-Women repose sur un scénario très convenu et des illustrations magnifiques et très orientées vers une mise en valeur systématique de la beauté des héroïnes.
Le Prof qui a sauvé sa vie
Une lecture dont je suis sorti déçu. J’ai toujours eu du mal avec le dessin de Cestac. Certes il est très lisible, mais je n’accroche pas à son style et ses gros nez – affaire de goût sans doute. Mais c’est d’Algoud que j’attendais plus, ou autre chose. En fait, je n’ai pas aimé le ton avec lequel il présente son action d’enseignant, avec lequel il se met en scène. C’est con, mais lui que j’apprécie dans ses actions et ses travaux plus ou moins décalés, iconoclastes, m’a donné un ressenti horripilant de lui-même. Même lorsqu’il présente sa pédagogie – hors des clous, voire son compagnonnage avec Choron et l’équipe d’Hara-Kiri, on a l’impression de lire un vieux con qui donne des leçons. Un côté « prétentieux » qui détonne par rapport à ce qu’il fait ou dit, et par rapport à ce que je connaissais de lui. Et je ne parle pas de tous les aspects du métier d’enseignants qui n’apparaissent pas – un peu comme dans les épisodes télé de « L’instit ». A Canal (version historique, des débuts bien sûr), mais aussi dans les revues qu’il évoque (« La crécelle noire », « Camouflage »), dirigées par Jimmy Gladiator, par lesquelles je l’avais découvert (on a dû se croiser quelques fois dans des cafés ou dans des revues ultérieures, au tout début des années 1990, mais je n’en ai pas gardé souvenir), Algoud a pourtant joué un rôle intéressant d’agitateur d’idées. Algoud, un personnage qui gagnait à être connu selon moi, mais qui ne convainc pas ici.
Simon Hardy (Une aventure de)
Une série pour les nostalgiques de vieilles BD des années 50-60 qui ne m'a pas du tout séduit. Déjà le dessin est de la ligne claire, un style que je trouve souvent sans vie et sans dynamisme comme c'est le cas ici. Quant au scénario, c'est du récit à l'ancienne et avec tous les trucs de cette époque que je n'aime pas: personnage principal insipide et histoires d'espionnages à la James Bond avec des grosses ficelles. On retrouve des clins d'œil à la BD de l'époque, mais pas que (le masque du mystérieux méchant me fait penser à celui de Fantômas dans la série de films des années 60). Bref, pour moi cette série est un pastiche sans intérêt qui m'a ennuyé du début jusqu'à la fin. Je préfère lire les meilleures séries de cette époque à la place.
La Malédiction de Rowans
Échange de lieu d'habitation - Ce tome comprend une histoire complète indépendante de toute autre. Il contient les 4 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2015, écrits par Mike Carey, dessinés et encrés par Mike Perkins, avec en mise en couleurs réalisée par Andy Troy. La première séquence montre une jeune femme essayant d'échapper à un poursuivant invisible dans une maison à étage, avec un grand terrain. Elle saute par la fenêtre et va se réfugier dans l'abri de jardin où elle y est rattrapée par ce qui ressemble à un mort vivant. le récit revient 6 mois plutôt et reprend une narration chronologique. Katie Shackley est une jeune femme qui n'a jamais quitté les États-Unis et qui est restée proche de ses parents dont elle n'habite pas très loin. Elle a décidé d'aller séjourner en Angleterre. Elle met son appartement en ligne sur un site d'échange, et a la surprise qu'il soit repéré et demandé rapidement, contre un séjour dans une grande demeure à Stratford, appelée Rowans Rise. Quelques jours plus tard, elle explore Rowans Rise, pendant qu'Emily Coles séjourne dans son petit appartement. Katie respecte la demande d'Emily de ne pas pénétrer dans sa chambre. Un ou deux jours plus tard, il se produit une panne de courant. En remontant de rétablir l'électricité dans la cave, Katie trouve la porte de la chambre ouverte et va y jeter un coup d'œil. le soir elle se rend dans un pub, et se fait importuner par un gars du coin. Elle est tirée de ce mauvais pas par l'agent James Hallam qu'elle revoie par la suite, en dehors de son uniforme. Elle lui montre l'aménagement particulier de la chambre d'Emily. Un soir, elle croit voir un intrus derrière elle, dans la salle de bain et elle appelle la police. L'agent Hallam se déplace avec sa cheffe pour prendre sa déposition et inspecter les alentours. Mike Carey a écrit deux des séries longues publiées par Vertigo, parmi les plus mémorables : Lucifer, et Unwritten (avec Peter Gross). Il a également écrit la série Hellblazer du numéro 175 au numéro 215. le lecteur éprouve forcément un minimum de curiosité pour ses histoires. Mike Perkins travaille régulièrement pour Marvel (par exemple sur la série Captain America écrite par Ed Brubaker, ou sur la série Carnage écrite par Gerry Conway), après avoir débuté dans l'hebdomadaire anglais 2000 AD. Dès l'ouverture, le lecteur comprend qu'il s'agit d'une histoire qui s'inscrit dans le registre de l'horreur, avec à la base une maison hantée. Effectivement, il retrouve plusieurs conventions propres à ce genre. Ça commence avec les batteries du téléphone portable de Katie Shackley qui se déchargent inopinément. Ça continue avec les plombs qui sautent, et le premier spectre fait son apparition dès le premier épisode. L'auteur a même fait le choix de montrer une apparition ou un mort vivant dans la séquence d'ouverture pour être sûr d'accrocher tout de suite l'attention du lecteur. En procédant ainsi, il désamorce une partie du suspense quant à la véritable nature du récit et à l'existence d'une forme de vie dans l'au-delà. Pour insister encore un peu, Katie Shackley semble posséder une forme de sensibilité particulière aux esprits encore présents, après que l'individu soit décédé. Pourtant malgré cet affichage dès le début, le lecteur ne sait pas trop quelle tournure va prendre le récit. Mike Carey prend le temps de montrer sa protagoniste découvrir la maison de Rowans Rise, se promener dans les environs, se lier d'amitié avec James Hallam. Il la voit prendre conscience qu'il y a quelque chose de pourri à Rowans Rise, et tenter d'en apprendre plus. En fait, les auteurs ne misent pas l'intérêt du récit dans les apparitions de créatures surnaturelles ou d'esprits fantômes. Il apparaît rapidement que la narration s'attache surtout à montrer comment Katie Shackley retrouve une par une les pièces du puzzle, et les assemble. le lecteur la voit donc se rendre à la bibliothèque qui en est restée aux microfiches, parler avec quelques-uns des habitants pour recueillir des avis en direct, se rendre à l'hôpital pour rencontrer la sœur d'Emily Coles. Il devient vite visible que Mike Carey s'amuse bien à glisser quelques spécificités anglaises pour fournir une touche d'exotisme au lecteur américain. Il y a bien sûr l'étrange arbre des lamentations dans le jardin, le pub, le magasin qui vend de tout, la représentation de la pièce Hamlet, l'adresse mail d'Emily Coles qui évoque la chanson Emily Play de Pink Floyd (écrite par Syd Barrett), ou encore l'uniforme tellement reconnaissable de la police avec le casque bombé, sans oublier un petit tour en barque sur le fleuve. Sur ce plan touristique, Mike Perkins joue le jeu. Il réalise des dessins descriptifs avec un bon niveau de détails. le lecteur peut donc lui aussi profiter des aspects touristiques de la narration visuelle. La demeure Rowans Ruin doit compter une bonne dizaine de pièces, et sa façade présente une architecture anglaise qui évoque effectivement les maisons de campagne. L'aménagement intérieur est moderne, fonctionnel et agréable. le pub est assez grand, avec un bon taux de fréquentation, et des poutres apparentes au plafond. le lecteur peut apprécier les ferrures du siège sur le canot. Il détaille également les façades de Stratford, en particulier celles avec des poutres apparentes, et l'aménagement de la bibliothèque. le dessinateur prend le temps pour donner une apparence consistante à ces éléments afin que le lecteur puisse se projeter dans ces lieux. Andy Troy réalise une mise en couleurs naturaliste, ajoutant les ombres quand les sources lumineuses le nécessitent. Il prend soin d'utiliser des teintes un peu plus vives le jour, et un peu plus sombres la nuit. Cette région de l'Angleterre apparaît très verdoyante, plutôt sous le beau temps (une scène de pluie quand même), agréable pour un séjour touristique. Mike Perkins prend également soin de détailler les aménagements intérieurs, ainsi que les différents accessoires. Les personnages sont dotés de tenues vestimentaires normales, pas exclusivement utilitaires, mais sans affèterie. Les uniformes (police, infirmière) sont représentés avec exactitude. Katie Shackley est souvent en jean et teeshirt, dans des tenues décontractées, sans être révélatrices. le dessinateur représente des individus adultes, se comportant normalement, sans langage corporel exagéré, sans qu'ils ne posent pour des attitudes destinées à les mettre en avant. Enfin ils ont des morphologies normales, et différenciées. le corps de Katie Shackley n'est pas idéalisé, ni gonflé pour paraître plus sexy. Mike Perkins sait jouer de l'épaisseur des traits de contour pour effectuer des réglages sur le niveau de détails, afin que ses dessins n'apparaissent pas surchargés et restent facilement lisibles. le lecteur prend donc plaisir à se tenir à proximité de Katie Shackley pour voir ses faits et gestes, et l'accompagner alors qu'elle progresse dans son enquête. Le dessinateur anime les personnages avec des expressions des visages mesurées, et des gestes d'adultes. le lecteur apprécie de voir des personnages sourire, ou faire une grimace de temps en temps, attestant de leurs émotions, des fluctuations de leur joie de vivre. Perkins doit également intégrer les éléments surnaturels de l'intrigue. Autant les personnages vivants font montre d'un naturel convainquant, autant les spectres semblent plus artificiels. Ils n'apparaissent qu'à de rares reprises, et pour peu de temps. Andy Troy leur applique une couleur verdâtre pour que le lecteur différencie au premier coup d'œil, les morts des vivants. L'artiste les représente dans des postures exagérées, comme pour un mauvais acteur en train de sur-jouer son rôle de mort vivant. le lecteur peut comprendre qu'il s'agit des conséquences d'une forme d'hébétude qui accompagne cet état transitoire entre la vie et la mort, mais le résultat est artificiel, et prête plus à sourire qu'à frissonner. Puis vient le temps de conclure le récit, de tout révéler, et de l'affrontement physique. L'épisode 4 est tout entier consacré aux révélations pendant une bagarre acharnée. le lecteur est un peu pris par surprise que le récit bascule ainsi dans l'action. Mike Perkins continue à se montrer convaincant, mais il succombe à la tentation de dramatiser chaque mouvement, avec un angle de prise de vue en diagonale, tranchant fortement avec le rythme plus posé des trois épisodes précédents. Mike Carey a imaginé une motivation originale pour le tueur, mais il mélange ça avec l'intervention physique des spectres, ce qui ramène le récit dans un registre plus basique de surnaturel. Enfin, certains événements majeurs (quelques morts) se déroulent hors champ de la caméra, n'étant indiqué que dans les dialogues, ce qui leur ôte une partie de leur impact émotionnel. du coup le lecteur éprouve la sensation que le récit quitte le terrain d'une enquête plausible, pour rejoindre le terrain d'un récit plus convenu, avec des interventions surnaturelles moins crédibles et plus insipides. Le lecteur se réjouit à l'idée de lire une nouvelle histoire consistante et sensible de Mike Carey, bénéficiant de planches d'un bon niveau. Il accompagne Katie Shackley de bonne grâce, pour une enquête réaliste dans la campagne anglaise, en profitant de l'évocation visuelle, précise sans être obsessionnelle de cette région de l'Angleterre. Il déchante un peu en découvrant le dénouement occupant le dernier épisode, qui tire l'ensemble vers le bas et le banal.