Les derniers avis (19949 avis)

Couverture de la série The Witcher (Hi Comics)
The Witcher (Hi Comics)

Pour faire les présentations : je n’ai jamais lu les romans de Sapkowski, jamais joué aux jeux vidéo adaptés, seulement lu le premier tome de la série parue chez Urban Comics dessiné par Piotr Kowalski, et visionné péniblement les trois premières saisons de la série Netflix. Dont je ne pense pas regardé la suite, pas captivé par l’histoire ni la qualité d’écriture. Bref, Hi Comics, un label des éditions Bragelonne reprend le flambeau et s’attaque avec ce tome 1 à l’adaptation d’une nouvelle de l’univers du Sorceleur : Un grain de vérité. Je ne suis pas sûr mais il me semble bien que cet épisode a été adapté lors de la saison 1 de The Witcher…. Le personnage de Nivellen à tête de sanglier m’évoque quelque chose, et effectivement à la lecture de la BD j’avais des réminiscence du scénario de la série (après vérification c’était bien l’épisode 2 de la saison 1) . Bon, ça fait le café on va dire. Une revisite horrifique du conte de la Belle et la Bête plutôt sympatoche, mais qui laisse le lecteur sur sa faim. Je ne suis toujours pas fan de ce Elric version Wish qui manque un je-ne-sais-quoi et dont on en ferait pas tout un battage médiatique s’il n’y avait pas eu les jeux vidéo qui l’on popularisé (c’est « The Wisher » huhuhu). Il aurait fallu sortir un bouquin un peu plus épais regroupant un ensemble d’adaptation de nouvelles du Sorceleur à la limite, là ça passait. Beaucoup trop court, cela n’en ai pas moins plaisant à lire et à scruter (et puis ça coûte que 10 balles, donc pas une arnaque non plus). Dessins de Scharf et couleurs de Villarrubia sont au-dessus du panier des comics américains. Du coup, où est le tome 2 ? Z’ont déjà renoncé ?

23/07/2024 (modifier)
Par Cleck
Note: 2/5
Couverture de la série Nos Mondes perdus
Nos Mondes perdus

Cette BD de Montaigne peine vraiment à trouver son rythme de croisière. Aussi parce que le sujet de celle-ci est mal cerné. Le patriarcat ? Une autobiographie ? La paléontologie ? Comment une société oriente son regard sur les sciences en fonction de ses préoccupations contemporaines ? Il s'agit évidemment de tout cela à la fois, via un mélange longtemps dénué de véritable fil conducteur, au sein d'une vulgarisation scientifique plutôt amusante, mais aussi relativement fastidieuse à lire. Dans mon cas personnel, j'ai hésité à définitivement refermer cette BD durant les 50 premières pages, lues avec une vague curiosité mais sans rire ni sourire aux lèvres. L'inconvénient du style de Montaigne, est que si le propos intéresse modérément (cas du récit autobiographique ouvrant la BD), que le scénario est relativement bancal et les dessins aussi pauvres (même si sympathiques de bonhomie), alors il n'y a plus grand-chose pour retenir l'attention du lecteur. La suite fut heureusement un peu plus convaincante : l'humour notamment fut davantage au rendez-vous et le regard critique sur l'histoire de la paléontologie plus acerbe. Cela reste un rendez-vous manqué et invite une nouvelle fois à interroger le rôle des éditeurs ? À quoi servent-ils s'ils sont incapables de relire, recadrer, structurer et d'imposer des garde-fous aux auteurs ?

22/07/2024 (modifier)
Par Cacal69
Note: 2/5
Couverture de la série Made in Korea
Made in Korea

Je me suis laissé tenter par l'offre découverte à 10 euros. Je rejoins l'avis de Bamiléké. Rien de nouveau sous le soleil de la science-fiction dans le domaine de l'IA. Dans un futur proche (?), l'histoire d'une Intelligence Artificielle qui a la forme d'une petite fille. Elle va être adoptée par un couple qui ne peut pas avoir d'enfants. Une narration qui ne m'a pas convaincu, elle développe pourtant des thèmes intéressants comme la place de la robotique dans notre société, de la parentalité, de la conscience pour une IA ou encore de l'intégration mais aussi de l'identité de genre, le tout sur fond de quête d'identité. Un ensemble indigeste qui est abordé de façon trop simpliste, superficiel et manquant cruellement d'âme. Je n'ai jamais ressenti la moindre compassion pour cet enfant/robot. Le dessin ne m'a pas convaincu non plus avec ce style qui pioche dans le comics et le manga. Un ensemble minimaliste qui fait le job mais qui ne me restera pas en mémoire. L'album se termine avec de petites histoires sur les mêmes thèmes par des auteurs différents. Bof, bof ! Un album que je ne vais pas conserver.

21/07/2024 (modifier)
Couverture de la série Les Gardiens du Louvre
Les Gardiens du Louvre

Mouais. Je ne suis pas sorti convaincu par cet album. Le dessin est du Taniguchi classique, bon et agréable au regard, bien mis en valeur par le grand format, de grandes cases. C'est aéré, mais cela accentue aussi le manque de densité du récit, que j'ai globalement trouvé creux et parfois ennuyeux. car le rythme est très lent... Surtout, j'ai trouvé que Taniguchi, dans cette oeuvre de commande, ne savait pas trop comment s'en sortir. Par facilité (selon moi), il s’écarte un peu du sujet, pour aller vers le musée d'Orsay, vers des peintres qui ne relèvent pas forcément du Louvre, convoquant des auteurs et artistes japonais sans me convaincre de l'intérêt de le faire. Ses "rêveries" sont mal exploitées, et donnent aussi l'impression d'un truc utilisé pour masquer le manque d'idée. Ça se laisse lire, certes. Très rapidement même. Mais je vais l'oublier au moins aussi rapidement je pense.

19/07/2024 (modifier)
Par Ro
Note: 2/5
Couverture de la série Lucky Luke - Lucky Luke se recycle
Lucky Luke - Lucky Luke se recycle

Clairement pas le plus passionnant des hommages à Lucky Luke. Pour commencer, je n'aime pas le dessin. Il n'y a que sur de rares cases paysagères que je l'ai apprécié, comme celles où est dessinée la locomotive du train. Le reste du temps, je trouve les personnages grossièrement dessinés et la mise en scène trop basique. Il en est de même pour la narration : on dirait une histoire pour pré-adolescents, avec de l'action sans arrêt mais rien d'accrocheur. Le comportement des personnages y est mauvais, à commencer par Lucky Luke et son choix de faire une telle traversée à vélo plutôt que de récupérer Jolly Jumper ou de chercher à atteindre une voie de chemin de fer. Idem pour la crise de jalousie artificielle de Jolly Jumper ou pour l'acharnement des deux méchants. Du coup, c'est toute l'intrigue de l'histoire qui ne tient pas debout, et comme l'humour n'y est pas drôle à mon goût, je me suis ennuyé durant cette lecture.

19/07/2024 (modifier)
Couverture de la série La Mare
La Mare

Un des genres qui fonctionnent le moins bien en bandes dessinées, selon moi, est le genre horrifique. C’est pourtant le genre choisi par Erik Kriek dans ce récit. Son inspiration semble principalement venir des films de la seconde moitié des années septante et de la première moitié des années quatre-vingt. On retrouve ainsi ce concept de la maison maudite marquée par la mort, et dans laquelle vont débarquer des personnages eux-mêmes perturbés par un drame personnel. Il s’agit donc d’un récit sans réelle surprise et, pour qu’il marche, son ambiance se devait d’être marquante. Et de ce point de vue, le dessin d’Erik Kriek est un réel atout. Il s’en dégage une noirceur et une forme de difformité malaisante qui sont fort a propos. C’est, je pense, le principal atout de ce livre. Malheureusement, l’écriture n’est pas à la hauteur du dessin. A commencer par la calligraphie choisie, que je trouve trop grosse par rapport au format du livre. J’ai ainsi constamment eu l’impression que les personnages criaient. Mais les dialogues eux-mêmes tombent souvent à plat. Comme aucun traducteur n’est mentionné dans l’album, je suppose que c’est Erik Kriek qui s’est lui-même chargé de cette version française, et je me demande s’il s’agissait d’une bonne idée. La traduction est correcte mais certaines tournures de phrases sont lourdes. J’avais ainsi à la fois l’impression de lire un résumé de ce que les personnages devaient dire dans la version originale tout en trouvant certaines informations données un peu inutiles ou redondantes. Le principal demeure cependant le récit en lui-même. Et celui-ci manque clairement d’originalité. Par ailleurs, les personnages auraient pu être plus développés, histoire de leur donner plus de zones d’ombre et de justifier la noirceur du récit. Là, l’ensemble m’a semblé trop gentil, trop expéditif et trop prévisible. Pour ma part, ce sera un bof, et cet album confirme à mes yeux qu’il est difficile d’effrayer au travers d’une bande dessinée.

19/07/2024 (modifier)
Couverture de la série Léo Ferré - Ni Dieu, ni Maître
Léo Ferré - Ni Dieu, ni Maître

Léo Ferré est un chanteur qui m'a intéressé un temps, en tout cas ce que je connaissais de lui (en tant que chanteur et en tant que personne, ses idées politiques) me l'avait rendu très sympathique et attachant. C'est aujourd'hui un personnage qui tombe dans l'oubli. Et je dois dire que cet album ne garantit pas de l'en faire sortir. En effet, je l'ai trouvé globalement décevant. J'ai eu du mal avec le dessin. Sans fioriture et plutôt lisible, je l'ai trouvé brouillon et très inégal. En particulier les très nombreux visages connus ne sont pas toujours réussis et reconnaissables. Mais c'est surtout la narration que j'ai trouvée sans saveur. Elle finit par rendre presque insipide Léo Ferré, et cela dessert la volonté pourtant affirmée en préface de rendre hommage au bonhomme et à son oeuvre. On a souvent l'impression de lire une chronologie illustrée. Un procédé classique qui manque de dynamisme et ronronne trop. Ayant lu un certain nombre de choses concernant les échanges entre André Breton et Léo Ferré, j'attendais de voir comment c'était traité ici. Eh bien je dois dire que ce passage frôle le n'importe quoi. Outre que comme le reste il est traité sur le ton de l'anecdote illustrée, la cause de la rupture est ici ridicule et incompréhensible (Breton voudrait écrire une préface à "Poète vos papiers", est invité chez Ferré, tout se passe bien, il dort chez Ferré mais, visiblement réveillé aux aurores par un coq, et mal luné, Breton déclame en colère "Léo, en danger, ne faites jamais paraitre ce livre". Et puis c'est tout). Bien malin celui qui comprendra quelque chose (et Breton apparait ici comme un débile profond ?). Bref, j'ai insisté sur cette anecdote car le surréalisme et Breton sont de mes passions, mais elle est éclairante: une suite d'anecdotes - fussent-elles pertinentes - ne forme pas une biographie intéressante, encore moins passionnante, ce qui est un comble pour un bonhomme qui a vécu ses passions (amoureuses, poétiques, politiques, musicales) sans transiger. La volonté de bien faire ne suffit pas.

18/07/2024 (modifier)
Couverture de la série Bande de pirates !
Bande de pirates !

C'est une série tout public, mais le coeur de cible est assez jeune (une dizaine d'années je pense), et celui-ci peut éventuellement être plus réceptif que moi à ces gags, qui m'ont globalement laissé sur ma faim. Le dessin de Dominique Hennebaut hésite entre le Dutreix de Martin l'apprenti pirate et le Parme de Famille Pirate, pour rester dans l'univers des pirates. Assez simple et moderne, c'est sans doute l'aspect le mieux réussi et efficace. Car les strips gags d'Emeriau ne m'ont pas vraiment convaincu. Certains sont réellement amusants. Mais c'est très inégal (beaucoup m'ont laissé de marbre). Et, surtout, j'ai trouvé le procédé des gags très - trop - répétitif. Et cela casse l'effet. Grosso modo, les premières images nous montrent notre capitaine pirate faire la leçon à ses mousses, faire son fier, la grande gueule, avec dans la dernière case presque toujours le même type de chute, qui ridiculise notre hâbleur: les premières cases laissent à penser qu'on est au XVIIème ou XVIIIème siècle dans l'univers des pirates, tandis que dans celle de la chute, nous nous trouvons dans un décor et avec des personnages contemporains (au supermarché, dans la rue, etc). Ces anachronismes surprennent et amusent au départ, mais l'effet est vite émoussé, et les sourires s'estompent au bout d'un moment hélas. A réserver à un jeune lectorat. Note réelle 2,5/5.

18/07/2024 (modifier)
Couverture de la série Damoclès
Damoclès

Je poste mon avis après lecture des deux premiers tomes, qui forment un diptyque - et qui ne m'ont pas du tout convaincu de lire le suivant. Je mets deux étoiles, parce que ça se laisse lire, mais franchement, si j'avais à résumer la série par une formule lapidaire, ce serait: du déjà-vu trop mollasson. En effet, les amateurs de ce genre de polar (virant vaguement sur le thriller) peuvent éventuellement y trouver leur compte, s'ils sont en manque de lecture. Mais ça se consomme et s'oublie comme un téléfilm sans réelle saveur. Nous suivons des employés d'une société spécialisée dans la protection 24 heures sur 24 de tous ceux qui ont les moyens de payer leurs émoluments - c'est à dire les très riches. C'est d'ailleurs un cliché du genre horripilant, se focaliser sur le monde de la grande finance, de la jet-set, des ultra riches. C'est un peu facile (on ne s'emmerde pas avec les contingences du quotidien pour le scénario), et surtout vu et revu. Donc forcément le "protégé" fréquente les boites de nuit et autres lieux branchés, séduit toutes les pépés, dépense sans compter, etc. Au milieu de tout ça quelques dialogues tentent de glisser une petite - toute petite - critique du système et des inégalités en matière de sécurité, mais aussi des pratiques des grandes entreprises (ici des essais cliniques franchement peu éthiques et légaux réalisés par l'entreprise d'un magnat britannique, sur des prisonniers dans une prison pour "djihadistes"). Mais ça fait un peu hypocrite, ou plutôt "cosmétique". Pour le reste, si la narration est claire, je trouve qu'il y a des longueurs - en particulier dans le premier tome, et que ça ramollit l'intrigue, qui pourtant mise tout sur l'action, au détriment de la psychologie des personnages. Les gardes du corps de luxe bénéficient aussi d'atouts scénaristiques peu crédibles (je pense en particulier au "dopage"). Et j'ai trouvé à la fois trop faciles et là aussi un peu hypocrites les révélations de la fin et la chute. Enfin, si le dessin est lui aussi très lisible, je l'ai trouvé sans saveur et sans âme. La colorisation manque aussi de nuances. Gros bof donc.

16/07/2024 (modifier)
Par Présence
Note: 2/5
Couverture de la série Creepshow
Creepshow

Adaptation trop sage et trop fidèle - Ce tome comprend une histoire complète indépendante de toute autre, cinq histoires courtes en fait. Il constitue l'adaptation du film à sketch du même nom : Creepshow (1982) de George A. Romero (1940-2017), sur la base d'un scénario original de Stephen King. L'adaptation a été réalisée par Bernie Wrightson (1948-2017) pour les dessins et l'encrage, avec une mise en couleurs de Michelle Wrightson. La couverture a été réalisée par Jack Kamen, un des artistes réguliers des EC Comics. La fête des pères, 11 pages : dans le grand salon de la demeure des Grantham, Sylvia Grantham, Cassandra Grantham, Nathan Grantham et Hank Blaine prennent le thé en dégustant des scones. La conversation débouche sur l'arrivée de tante Bedelia Grantham à quatre heures pétantes. Hank demande si c'est bien elle qui a tué Richard Grantham et Sylvia confirme qu'elle a éclaté le crâne de son père avec un cendrier en verre. D'ailleurs Bedelia arrive au volant de sa voiture dans la propriété ne conduisant pas d'une manière assurée, et pour cause, elle est en train de boire à même la bouteille, un alcool fort. Elle se gare à proximité des tombes. Pendant ce temps-là, les membres de la famille racontent à Hank que Richard Grantham était un invalide tyrannique et qu'il a fait assassiner son fiancé. La mort de Jordy Verrill, 11 pages : quelque part dans une région rurale des États-Unis, Jordy Verrill, un jeune homme, regarde une météorite passer dans le ciel. Il se rend à son point de chute et la touche avec l'extrémité des doigts, mais se brûle. Il se voit déjà en train de la vendre au département des sciences de l'université, marchandant sur son prix, avec un professeur qui refuse de payer ce qu'il demande. Toujours en réfléchissant à comment en tirer un bon prix, en le revendant à quelqu'un d'autre, il verse un sceau d'eau froide dessus pour abaisser sa température, et la sphère rocheuse se fend en deux. La caisse, 20 pages : Mike Latimer, un homme de ménage, est en train de passer dans l'aile scientifique de l'université d'Horlicks. Il s'arrête pour tirer une pièce à pile ou face : la pièce retombe par terre et roule dans un réduit sous l'escalier. Il se penche pour essayer de la récupérer, éclaire avec sa lampe torche pour y voir quelque chose, et constate la présence d'une caisse avec une inscription évoquant une expédition arctique de 1834. Il décide d'appeler le professeur Dexter Stanley pour l'en informer. Celui-ci est à une réception dans un jardin, avec son collègue Henry Northup qui voit son épouse Wilma draguer sans vergogne un autre invité. Stanley décide de quitter la fête pour aller aider Latimer à récupérer la caisse et l'ouvrir. Un truc pour se marrer, 10 pages : Harry Wentworth n'a plus que la tête qui dépasse du sable, sur une belle plage, et la marée est en train de monter. Il entretient une relation extraconjugale avec Becky Vickers. Or Richard Vickers s'est aperçu de leur petit jeu et il a piégé sa femme, puis diffusé une bande enregistrée dans laquelle elle demande à Harry de lui venir en aide. C'est ainsi qu'il a pu également attirer Harry dans un piège. Ça grouille de partout, 10 pages : Upson Pratt est un homme richissime d'une soixantaine d'années qui vit seul dans un luxueux appartement tout blanc. Ce soir-là, il vient de se lever de son fauteuil pour pulvériser une grande quantité de produit anti-nuisible sur un cafard qui vient de passer par terre devant lui. Il appelle ses bureaux et tombe sur George Gendron à qui il demande d'envoyer une entreprise de désinfection séance tenante, alors que son employé souhaite lui parler d'une OPA hostile sur l'entreprise Pacific Aerodyne. Voilà une adaptation qui a priori a tout pour plaire. Pour commencer, il s'agit d'une adaptation d'un film à sketch dont l'ambition affichée est de rendre hommage aux bandes dessinées EC Comics, maison d'édition américaine fondée en 1945 par Max Gaines, qui connut son heure de gloire durant la première partie des années 1950 avec des anthologies d'horreur comme The Crypt of Terror, The Vault of Horror et The Haunt of Fear. Ces récits suivaient une structure formatée : généralement 8 pages, avec une courte introduction par un personnage horrifique de type sorcière ou monstre, une histoire à chute, avec une forme de justice immanente ou de morale, et parfois des calembours macabres. le réalisateur utilise exactement le même format avec l'intervention de Creep, un vieillard encapuchonné avec des rides l'enlaidissant, des jeux de mots un peu faciles, et une morale assez tordue, pas vraiment conforme à celle judéo-chrétienne. Les intrigues ont donc été confiées au maître de l'horreur, Stephen King, alors âgé de 35 ans. Lui aussi se calque sur les conventions des comics EC. Le premier récit est donc une histoire de vengeance, avec un individu revenant d'outre-tombe. La seconde met en scène la transformation horrifique d'un être humain. La troisième repose sur une créature dévorant des êtres humains, la quatrième sur une vengeance en forme de meurtre, et la dernière sur une obsession qui tourne à la folie mortelle. Ces cinq contes horrifiques se lisent facilement et sont sympathiques, mais avec une horreur qui ne se prend pas au sérieux. L'histoire de revenant joue sur le grotesque avec un vieillard acariâtre réclamant son gâteau, la seconde sur le fait que Jordy Verrill est un peu lent du cerveau, la troisième sur un grosse bébête pleine de dents, la quatrième sur une méthode de meurtre un peu trop spectaculaire, et la dernière sur une vraie phobie mais exagérée. le lecteur peut ressentir le fait que l'auteur intègre une saveur parodique à sa narration, ne cherchant pas à faire peur au premier degré. Ça peut être déstabilisant, parce que d'un côté certaines histoires auraient pu fonctionner au premier degré, et parce l'hommage tourne court. En outre, l'adaptateur (son nom n'est pas explicite, vraisemblablement Wrightson) essaye d'écrire à la manière des EC Comics, c'est-à-dire avec des phylactères et des cartouches souvent explicatifs pour essayer d'instaurer un ton. En plus il reprend l'idée d'hommage amusé, avec les commentaires mi-cyniques, mi-moqueurs de Creep, mais en fait assez plats. Du coup, la narration donne une sensation vieillotte, s'adressant à de jeunes lecteurs, désamorçant la dimension horrifique des histoires. Un peu déçu par l'orientation donnée par George Romero à son hommage aux EC Comics, et par les intrigues de Stephen King, un peu trop linéaires, le lecteur se dit qu'il va se rabattre sur la prestation de l'artiste, un maître en matière d'horreur gothique, avec son adaptation du roman de Mary Shelley Bernie Wrightsons Frankenstein ou ses récits pour le magazine successeur spirituel d'EC Creepy Presents Bernie Wrightson. Effectivement le dessinateur est plutôt en forme et a eu le temps de soigner toutes ses pages. Il croque des visages plutôt sympathiques, jouant sur les expressions veules et les petites exagérations, en phase avec la tonalité sarcastique des commentaires, et le comportement méprisable de la plupart des personnages. Il prend le temps de représenter les décors très régulièrement avec un niveau de détails satisfaisant : les fauteuils confortables du salon, les fenêtres à croisillon, les pierres tombales, la maison à étage en bordure de champ, avec la pompe à essence devant, la décoration surannée et fanée de la pièce à vivre de la maison de Jordy Verrill, la maison confortable des Northup, les veines du bois de la caisse, les vagues et le courant, les pièces blanches aseptisées de l'appartement d'Upson Pratt. Au fil de ces cinq sketchs, le lecteur apprécie quand Bernie Wrightson se départit d'une narration très naturaliste pour appuyer une ambiance avec un effet. Il retrouve par endroit la verve macabre de l'artiste : l'infirme frappant son fauteuil avec sa canne avec hargne, pour se faire obéir de sa fille, les expressions de visage de Jordy Verrill attestant qu'il est un peu simplet, l'aspect à la fois bucolique et angoissant de sa maison recouverte d'herbe, la dentition acérée du monstre dans la caisse, la chair en décomposition de Becky Vickers et d'Harry Wentworth. Dans ces moments-là, il retrouve son inspiration d'horreur gothique qui fit sa renommée. Il semble également être beaucoup plus à l'aise dans les deux derniers récits. Pour une partie du quatrième, les prises de vue se font à la hauteur de la tête d'Harry Wentworth, la seule partie de son corps qui dépasse de la surface du sable, pour un effet très réussi donnant la sensation au lecteur d'être lui aussi ensablé jusqu'au cou. Dans le dernier, sa direction d'acteur fait apparaître comment Upson Pratt perd peu à peu sa maîtrise de lui-même, sa phobie des cafards gagnant du terrain, pas forcément de la manière dont s'y attend le lecteur. Difficile de résister à l'attrait de l'adaptation d'un film de Romero, avec un scénario de Stephen King, réalisée par Bernie Wrightson. À la lecture, il est compliqué de dire à qui s'adresse ces récits oscillant entre la parodie du récit d'horreur à chute, surtout du fait des textes un peu balourds, et entre le premier degré horrifique. Bernie Wrightson réalise des planches soignées mais où il semble qu'il est soit en mode fonctionnel, soit il s'est retenu pour ne pas trahir l'esprit du film, alors que des dessins plus dans son registre habituel macabre et gothique auraient apporté une saveur irrésistible a priori compatible avec l'esprit des auteurs.

16/07/2024 (modifier)