J'ai lu cette série de 120 pages en une vingtaine de minutes. C'est dire si la narration textuelle est limitée aux dialogues les plus basiques et rudimentaires.
Ces dialogues soutiennent (?) un scénario que j'ai trouvé infantile, difficilement crédible et souvent incohérent. Notre "héros" va avoir la chance de voir les difficultés s'évanouir devant lui de façon quasi miraculeuse par la grâce de scénaristes très généreux.
Après une baignade digne d'un champion olympique, il va en quelques jours profiter d'une conjonction de situations comme on n’en voit jamais. Ainsi un sosie richard sans aucune attache se fait tabasser à mort au lieu de payer ses dettes, lui confie sa CB avec code, ses papiers etc. etc.
J'ai trouvé cet enchaînement digne d'une série jeunesse avec baguette magique et gentille fée. Mais comme la fée se déshabille assez souvent pour combler les vides du scénario on reste dans la catégorie ado/adulte.
La narration est donc essentiellement graphique comme un livre d'images où j'ai tourné les pages assez rapidement. Le dessin est d'ailleurs agréable et j'ai bien aimé la mise en couleur.
Le final un peu guimauve convient parfaitement à ce récit cousu de fil blanc.
Pour finir j'ai du mal avec cette appropriation du nom de Geronimo pour un personnage aussi médiocre. Je ne vois pas du tout en lui un modèle de résistance mais plutôt de profiteur.
Une lecture sans grand intérêt pour moi.
Scénario bateau, et dessins sympathiques
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Il s'agit d'une histoire complète parue initialement en 1997, sous la forme de 2 épisodes d'une quarantaine de pages chacun. le scénario est de Ron Marz, les dessins et l'encrage de Bernie Wrightson, et les couleurs de Matt Hollingsworth.
Batman est en train de descendre en parachute en pleine jungle à la frontière du Mexique et du Guatemala, juste à coté d'une pyramide maya. Dans sa tête il précise qu'il est sur le point d'affronter une horreur qui dépasse en intensité ce qu'il a ressenti lors de la mort de ses parents. Alors qu'il s'est débarrassé de son parachute et qu'il patauge dans l'eau jusqu'à mi-cuisse, il se retrouve face Hyatt, une femme en tenue de commando militaire, et un crocodile pas content. Une fois cette escarmouche passée, il fait connaissance avec le reste du commando : Page, Gantry, van Derpool et le capitaine Seeley (responsable de l'expédition). Il apparaît que ce commando de l'armée américaine effectue une mission clandestine pour inspecter un vaisseau spatial écrasé à coté de la pyramide. La mission de Batman est révélée plus tardivement. Bon gré, mal gré, ils vont devoir travailler ensemble pour explorer le vaisseau et découvrir ce qui a causé la mort douloureuse de l'équipage.
Pour les lecteurs les plus curieux, il existe une sorte de prologue officieux à cette histoire de 10 pages, également réalisé par Marz et Wrightson, réédité dans Aliens omnibus 5 (en anglais). Il raconte la fin de l'infestation du vaisseau et son crash sur Terre.
Après Enfer blanc (1988), c'est une nouvelle occasion pour Wrightson de revenir au personnage de Batman. La première impression est qu'i a disposé du temps nécessaire pour plus peaufiner ses dessins. En particulier son encrage est moins grossier, plus dans les détails, avec de très belles textures telles que les écailles des crocodiles, ou le feuillage de la végétation. La deuxième impression est que Wrightson a conservé la même apparence hiératique pour Batman : grande stature, oreilles de la cagoule très longue, grande cape, musculeux en particulier au niveau des biceps et des cuisses. Il en impose par sa simple présence. Grand spécialiste des monstres, Wrightson s'approprie la conception graphique des aliens avec un savoir faire consommé. La découverte de la créature qui s'agrippe au visage (facehugger) provoque un instant de dégoût avec ses pattes insectoïdes, et les apparitions des aliens sont très bien maîtrisées. Wrightson reproduit avec application les détails de leur anatomie, en les dosant en fonction de la situation (zones d'ombre plus ou moins étendues, détail de chaque module articulé de la queue, etc.). Il choisit des cadrages qui rendent compte du fait que dans un premier temps, Batman et les commandos n'ont pas la possibilité de distinguer toute la créature, ce qui renforce son mystère et sa force de terreur. Il n'y a que lors de leur dernière apparition que Wrightson donne une démarche étrange aux aliens qui évoquent alors trop fortement des tyrannosaures.
Au fil des planches, Wrightson s'économise sur les décors (scènes de discussion entre les personnages dépourvues de tout arrière plan) mais lorsqu'ils sont présents, ils sont de qualité, que ce soit les murs de la pyramide, ou la végétation de la jungle. Il offre en particulier au lecteur une magnifique double page avec des chutes souterraines. Pour cette histoire, il bénéficie d'un metteur en couleurs moins criard que sur Enfer blanc, plus nuancé, mais avec une prédilection un peu envahissante pour le marron, l'acajou, l'auburn, le brou de noix, et autres rouge Bismarck. Wrightson s'en sort un peu moins bien quand il essaye de faire croire qu'un être humain peut résister lors d'un combat à main nue contre un alien. Au vu de la puissance et de la dangerosité de ces bestioles, le lecteur éprouve la sensation que tout individu enserré dans cette queue tranchante n'a aucun espoir de se sortir de cette prise. Et pourtant affrontement après affrontement, l'étreinte des aliens semble particulièrement inefficace. L'autre aspect visuel qui ne convainc pas est la présence de Batman dans cet environnement issu des pulps. Par contraste avec les commandos et les vieilles pierres, Batman apparaît comme une pièce rapportée, pas du tout à sa place dans la jungle.
Il faut dire que Wrightson ne fait que suivre le scénario qui insiste lourdement sur l'inadéquation du personnage dans un tel environnement. le lecteur finit par avoir l'impression que Marz fait exprès d'insister sur l'inadaptation de Batman à une telle situation, en le faisant apparaître en plein jour à coté d'éléments réalistes, en rabâchant le fait qu'il ne tue pas face à des créatures que seule l'extermination brutale peut arrêter, en refusant d'employer une arme à feu (pour plutôt se servir de son lance-grappin face à un alien, crédibilité zéro). Pour le reste, Marz plonge Batman dans une aventure à grand spectacle, sur une trame très classique pour les aliens (découverte de cadavres, course-poursuite avec les aliens, extermination des uns et des autres), au milieu d'un temple maya propice aux recoins.
Ron Marz a concocté une histoire basique de chasse à l'alien, en plongeant Batman dans un environnement qui met en évidence à chaque scène que ce personnage n'a rien à faire dans une histoire de ce type. 2 étoiles pour le scénario. Bernie Wrightson effectue un bon travail d'illustration qui se révèle à la hauteur de l'horreur des aliens, sans retrouver son niveau d'excellence passé. 4 étoiles pour les dessins. Pour ceux qui veulent plus de crossovers improbables de ce type, il existe une deuxième rencontre entre Batman et les aliens : Batman Aliens, tome 2 d'Ian Edginton (scénario), Staz Johnson (dessins) et James Hodgkins (encrage) en 2003. Superman a dû lui aussi affronter les xénomorphes : Superman Aliens de Dan Jurgens et Kevin Nowlan. Et si vous n'avez pas peur de l'overdose : Superman & Batman versus Aliens & Predator de Mark Schultz et Ariel Olivetti.
Une galerie de personnages d'origines diverses, un peu paumés et à la vie médiocre, s'incrivent à un cours de théâtre. Leur professeur va leur présenter sa méthode plutôt originale, basée sur l'improvisation et la mise en scène des apprentis-acteurs dans des saynettes qu'ils ont pour charge de s'imaginer eux-mêmes, jouant des rôles qui vont peu à peu se confondre avec la réalité. A tel point qu'au fil des cours, la majorité d'entre eux va perdre pied et ne plus savoir distinguer leur monde imaginaire d'une réalité qui devient de moins en moins discernable.
Acting class est un gros bouquin. Pas tant par sa taille au format moyen et presque carré, ni par son nombre de pages, quand même presque 300, mais parce qu'il est long à lire... peut-être en grande partie parce qu'il est ennuyeux.
Le graphisme de Nick Drnaso n'est pas attirant du tout. Sa ligne est claire mais son trait est moche, à l'instar de ses personnages inexpressifs aux faciès tous identiques. On dirait le même personnage reproduit en multiples exemplaires, avec une perruque différente sur la tête pour vaguement les différencier, même si ça ne marche pas toujours bien. Même distinguer un homme d'une femme est parfois impossible, et ce n'est qu'aux dialogues qu'on constate, pas toujours tout de suite, si il ou elle parle au féminin ou pas.
Le récit insiste sur la psychologie de ses personnages, exposant leurs vies exiguës, leurs petits traumatismes, leurs malaises et leur besoin de changement, de soutien ou d'affection. Mais la narration le fait à un rythme lent qui plonge le lecteur dans cette médiocrité durant de longues pages soporifiques, dévoilant des pans de vie sans intérêt hormis peut-être pour un sociologue ou un psychologue curieux de voir ce que l'auteur a en tête.
Quant à toute l'histoire autour de ces cours d'acting et ses improvisations imaginaires, le lecteur est rapidement perdu entre ce qui est du rôle ou des situations réelles. L'auteur joue sur cela pour montrer que ses personnages eux aussi finissent par s'y perdre, s'inventant un nouveau monde qu'ils vont finalement partager dans une sorte d'hypnose commune, avec le doute sur une éventuelle part de fantastique ou une sorte de mouvement sectaire.
Mais pour le lecteur que je suis, c'était rapidement trop pénible et c'est laborieusement que je suis allé jusqu'au bout de cet album et sa conclusion peu compréhensible, ayant du mal à me retenir de m'endormir ou de sauter de nombreuses pages par moment.
Je ne suis pas du tout attiré par les super héros, et je ne lis généralement pas ce type de comics – sauf rares exceptions. Je ne connais pas du tout le Surfer d’Argent (ni Galactus, le méchant de l’histoire). Et c’est par Moebius (auteur que j’apprécie beaucoup par contre) que je me suis penché sur cet album (j’ai lu l’édition de Soleil, titrée à l’époque « Le Surfer d’Argent »), ne connaissant pas grand-chose du travail de Stan Lee.
Disons-le tout de suite, je n’ai pas aimé ma lecture. Le dessin de Moebius est très lisible, évidemment, et techniquement bon. Mais il n’a ici ni le réalisme pointilliste et génial de Blueberry, ni l’épure quasi poétique de la plupart de ses histoires SF personnelles. On est dans un entre-deux, pour les décors comme pour les personnages (avec une colorisation très flashy), qui n’est pas ce qu’il a fait de mieux (mais c'est quand même l'aspect le plus réussi de l'album!).
En fait, ce sont l’histoire et les dialogues qui m’ont franchement déçu. On a une histoire linéaire et manichéenne, qui manque singulièrement de densité et d’intérêt. Aucun des personnages n’est vraiment creusé (je ne sais pas si connaitre l’univers du Silver Surfer peut aider ?). Et l’intrigue est pauvre. Quant aux dialogues, ben là non plus, ça n’est pas mon truc. Je me suis forcé à aller jusqu’au bout, parce que c’est très vite lu, et parce que tout ce qu’a pu produire Moebius peut m’intéresser, mais là, c’est à reculons que j’ai fini cet album.
J'ai trouvé cette série bien ennuyeuse. Faut-il que les scénaristes soient en panne de sujets pour nous imposer ce type de récit.
Ce n'est ni récréatif ni instructif à mes yeux. Cette histoire de spiritisme qui tourne en escroquerie sur la peine de pauvres gens est traitée d'une façon bien fade.
Lire à longueur de cases des questions banales avec des réponses en tap tap m'a très vite ennuyé.
Le graphisme laisse la même impression de morosité en fin d'album. Des personnages froids, souvent figés au milieu d'une coloration à base de brun et de gris m'a invité à fermer le livre rapidement.
Une pauvre lecture.
Oxymore visuel
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Ce tome comprend une histoire complète, initialement parue sous la forme de 3 épisodes de 48 pages, en 1995. L'histoire a été écrite par Dan Jurgens qui a également réalisé la mise en page et les esquisses, les finitions et l'encrage ont été réalisés par Kevin Nowlan, avec une mise en couleurs de Greg Wright.
Dans une station orbitale, le système de détection de corps célestes dans l'espace sonne l'alarme : l'un d'eux présente une trajectoire l'amenant à pénétrer dans l'atmosphère terrestre. le docteur Cheryl Kimble (responsable du système de satellites chez Lexcorp) invite 2 journalistes (Lois Lane & Clark Kent) à couvrir l'observation de cette arrivée. À proximité du site d'arrivée, Kent met le moteur de l'hélicoptère en surchauffe de manière à obliger le pilote à le poser, afin qu'il s'éclipse, se change en Superman et procède à la récupération du corps céleste. Il s'agit d'une balise de détresse dont le message d'appel au secours est diffusé en kryptonien. Superman négocie avec le docteur Kimble la mise à disposition d'un vaisseau spatial qui lui permet de rallier (via l'hyperespace) le point de départ de la balise. Il découvre Argo, une cité sous un dôme, implantée sur un gros astéroïde, reste dérisoire de ce qui fut auparavant une planète. Sur place il découvre des traces de lutte, des représentants d'une race de xénomorphe, et de rares survivants dont une femme prénommée Kara.
Dans les années 1990, la mode est aux rencontres entre personnages d'éditeurs différents. Pour DC Comics et Dark Horse (publiant des comics sous licence, dont la série des Aliens, rééditée en Aliens omnibus en VO), cela commence avec Batman versus Predator (1991/1992). Il n'y a aucune raison de s'arrêter en si bon chemin tant que le montage juridique permet de trouver un terrain d'entente pour concilier les droits de propriété intellectuelle de 2 entreprises différentes.
De prime abord l'appariement de Superman avec les méchants extraterrestres peut sembler mieux dosé que celui entre Batman et les Aliens. Il dispose de plus de pouvoir pour résister à l'élan vital de ces créatures, incarnation vivante d'une pulsion irrépressible de continuation de la race, avec un cycle de reproduction parasitaire, létal pour l'hôte.
D'un autre coté, Superman reste l'incarnation d'un certain nombre de valeurs morales, à commencer par le refus de tuer, le respect de la vie. Pour l'incarnation du personnage à cette époque, il est hors de question de tuer de sang froid. Il ne l'a fait qu'une seule fois depuis sa remise à zéro en 1987 (à commencer par L'homme d'acier de John Byrne), dans l'épisode 22 d'octobre 1988, ce qui a renforcé son principe de respecter toute forme de vie. Même d'un point de vue visuel, la rencontre entre ces 2 mondes semble vouée à l'échec. D'un coté, il y a ce costume aux couleurs primaires vives, rouge et bleu, avec une cape, pour une image rassurante. de l'autre, il y a des créatures de l'obscurité, acérées, crachant de l'acide, appartenant au registre de l'horreur.
Dan Jurgens connaît bien le personnage de Superman puisqu'il a écrit et dessiné ses aventures pendant 10 ans de 1989 à 1999, participant aussi bien à la série mensuelle (La mort de Superman) qu'à des épisodes spéciaux (DC versus Marvel, un autre crossover en VO). Il s'agit d'un créateur maîtrisant bien les ressorts des récits de superhéros, de l'utilisation des superpouvoirs, sachant construire une situation où les forces en présence sont bien équilibrées pour que l'incertitude sur les modalités de la confrontation puisse s'installer. En tant que scénariste et dessinateur, il s'adresse plutôt à un large public de jeunes adolescents. C'est à dire qu'il se fixe comme objectif que son scénario apporte un bon niveau de divertissement, sans s'embarrasser de deuxième niveau de lecture, ou de réflexions sur un thème donné. Ici afin d'intégrer un niveau de suspense suffisant, il joue sur le fait que Superman se trouve dans un environnement sans soleil (donc ses pouvoirs diminuent de séquence en séquence) et qu'il refuse de mettre à mort des créatures vivantes. Il insère quelques composantes de la série Superman (essentiellement Lois Lane et l'entreprise Lexcorp), quelques références aux kryptoniens et à Kandor. Il installe 2 situations dangereuses : Superman sur Argo face à une horde d'Aliens dont une reine, et Lois Lane dans une station orbitale où rôde un xénomorphe. Il ne soucie pas trop des détails, que ce soit Kimble oubliant de reprendre Clark Kent avant de repartir en hélicoptère, ou la source d'énergie fonctionnant encore sur le vaisseau extraterrestre sur Argo (alors qu'il a été pillé de fond en comble par les habitants d'Argo quelques années auparavant). de même la personnalité des protagonistes est réduite à une composante majeure (le courage pour Lois Lane, l'appât du gain pour le docteur Kimble). Il n'y a qu'une exception : le refus de tuer de Superman. Mais Jurgens s'en sert plus comme ressort de l'intrigue, que comme oint de départ d'une réflexion sur une valeur morale.
L'approche graphique de Jurgens est essentiellement fonctionnelle et descriptive. Il prend soin de dessiner les décors dans chaque page pour que le lecteur puisse se projeter s'installer dans l'environnement à chaque page. Mais ces décors sont assez basique, une approche simplifiée de la réalité qui ne reflète ni une approche architecturale, ni une volonté de mettre l'accent sur les prouesses physiques ou sur l'horreur de l'inhumanité des Aliens, ou sur une forme d'anticipation ou de science-fiction exubérante. Jurgens s'attache à être facilement lisible, dans un registre un peu fade et dérivatif de dessinateurs plus illustres qui l'ont précédé. La vision de la cité d'Argo sous son dôme est d'un pragmatisme banal qui neutralise toute sensation d'étonnement ou d'émerveillement. Il fait un peu plus d'effort pour la mise en page : il est possible d'en remarquer quelques unes sortant de l'ordinaire. Dans le premier épisode, un cadrage s'apparente à un zoom avant sur le vaisseau emmenant Superman vers Argo, commençant par un plan large du vaisseau, puis une vision de l'intérieur de la cabine, puis un gros plan sur le visage de Superman, pour terminer sur image de Pa & Ma Kent correspondant à l'image mentale de Superman. Quelques pages plus loin, il y a un plan fixe à l'intérieur d'une caverne, l'objectif fixant le ciel se découpant sur la sortie. Jurgens découpe la bande en 4 case, dans la première Superman prend son envol vers le ciel, dans la dernière la silhouette d'un Alien se découpe contre le ciel. Et pourtant les dessins ne sont pas vraiment fades.
Kevin Nowlan est un encreur (parfois dessinateur) à la personnalité très affirmée avec une utilisation singulière des traits noirs, ainsi que des aplats de noir. Il détoure des surfaces aux contours complexes, insérant des lignes aux épaisseurs variables et à la géométrie parsemée de discrètes excroissances. Il utilise les aplats de noir sous des formes géométriques les tirant vers l'abstraction, refusant de se limiter à la simple représentation de l'ombre portée. En fonction de la sensibilité du lecteur, il y verra un maniérisme proche d'une affèterie superflue, ou au contraire une vision artistique traduisant une perception de la réalité mettant en évidence son étrangeté. D'un coté, cet encrage complique l'apparence du personnage de Superman en contradiction avec sa nature simple de superhéros, de l'autre il permet de conférer un peu de mystère et de dangerosité aux aliens.
Malgré un appariement de 2 propriétés intellectuelles évoquant le mariage de la carpe et du lapin, Dan Jurgens raconte une histoire qui arrive à faire croire à la possibilité de la coexistence entre Superman et les Aliens, dans une aventure qui ne s'embarrasse pas de vraisemblance ou de psychologie. L'aspect graphique est assez basique dans sa mise en page et sa mise en scène, il revêt un degré d'abstraction inattendu dans son encrage. Après ce crossover, DC Comics et Dark Horse ont poursuivi ces rencontres contre nature pendant encore une décennie : Batman/Aliens de Ron Marz & Bernie Wrightson en 1997, Superman vs Predator de David Michelinie & Alex Maleev en 2000, Batman Aliens, tome 2 de Ian Edginton & Staz Johnson en 2002, Superman vs Aliens, tome 2 de Charles Dixon & Jon Bogdanove en 2002, et Superman & Batman versus Aliens & Predator de Mark Schultz & Ariel Olivetti en 2007.
Autant j'ai aimé Tronchet dans ses séries Fluide Glacial, du genre Jean-Claude Tergal ou Raymond Calbuth, autant ses dernières productions n'ont jamais vraiment réussi à me séduire...
Ce dernier album adapté du roman éponyme qui était sorti en 2006 ne déroge pas à la règle. Je me suis franchement ennuyé à sa lecture. Tronchet enchaîne les anecdotes sur sa vie de père qu'il agence au fil de ses planches et ça casse pas des briques. C'est gentillet, convenu, et à part se faire plaisir à lui même et se rassurer sur son rôle de père, l'ouvrage n'apporte pas grand chose au lecteur, surtout quand on est déjà père comme lui.
Côté dessin, c'est du Tronchet ; à part ses constructions de pages qui changent de ce que je connaissais de son travail, on est sur le même style de dessin qui fait sa marque de fabrique.
Un album qui manque un peu de piquant et qui peine même à faire sourire.
Une épure de Batman
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Ce tome comprend une histoire complète et indépendante de la continuité, initialement parue en 2006, ainsi qu'une histoire courte parue dans Batman Chronicles 11. Paul Pope a réalisé le scénario, les dessins et l'encrage, la mise en couleurs est de José Villarrubia (sauf pour l'histoire courte mise en couleurs par Ted McKeever). le nombre 100 correspond au fait que l'histoire se déroule en 2039, soit 100 ans après la première apparition de Batman en 1939, dans "Detective comics" numéro 27.
Quelque part sur les toits de Gotham toujours aussi sale et usée, Batman bondit d'immeuble en immeuble (sans grappin, un parkour très physique), avec une meute de chiens féroces à ses basques. Il est blessé au coté droit. Après un saut impressionnant, il descend dans un immeuble, avec une section de policiers du FPC à ses trousses. Au QG du FPC, L'agent Pravdzka refuse de croire que cette légende urbaine qu'est Batman puisse avoir un quelconque fondement. Il suit la course-poursuite par caméra avec une grande appréhension. Batman a assisté à l'assassinat d'un policier par un autre policier dans le cadre d'une transaction illicite. Par un concours de circonstances, il est accusé du meurtre. de son coté, le commissaire James Gordon se voit interdit de présence sur la scène du crime, car le FPC estime qu'il s'agit d'une affaire fédérale. Tant bien que mal, Batman réussit à rejoindre une de ses bases dans un immeuble où il est soigné par la doctoresse Goss, et sa fille Tora. Un individu appelé Robin également membre de son équipe apporte un soutien logistique. Coté FPC, l'agent Pravdzka a demandé l'intervention de l'agent Tibble qui explique les règles du jeu à Gordon.
Paul Pope est un créateur indépendant à la personnalité graphique très affirmée qui a également réalisé 100%, Heavy Liquid. Comme le montre la couverture (style identique aux pages intérieures), il n'hésite pas rajouter des petits coups de crayon secs pour montrer que chaque surface (organique ou manufacturée) est marquée par le temps, les chocs et les coups. Il a recours à des aplats de noir conséquents pour donner du poids à ses dessins, mais aussi pour transformer Batman en une silhouette mystérieuse qui semble absorber la lumière, sans la réfléchir. le lecteur s'immerge donc un univers urbain usé par le quotidien, où rien ne semble pouvoir être neuf ou brillant. La mise en couleurs de José Villarrubia est, comme à son habitude, bien pensée. Il sait aussi bien utiliser des teintes inattendues (rose, ou orange) pour créer une ambiance unique dans une scène, que jouer sur une palette restreinte tout en faisant ressortir chaque surface.
Pope a choisi de donner une silhouette plus trapue que d'habitude à son Batman. Il dépeint un Batman à la morphologie réaliste, très mystérieux (on n'aperçoit son vrai visage que partiellement le temps de quelques cases), pour qui chaque performance physique s'accompagne d'un coût, comme dans la vie réelle. Il est essoufflé quand il court vite, il grimace sous l'effet de l'effort, etc. Il s'agit d'un personnage qui est en activité depuis 100 ans, dont on ne connaît pas l'identité. James Gordon (le petit fils du James Gordon) trouvera bien quelques éléments mais il ne les partagera pas avec le lecteur.
Pope fait régulièrement référence à des éléments du mythe de Batman, à commencer par un technicien surnommé Robin (mais il n'y a pas de Batcave), avec un commissaire intègre appelé James Gordon, en insérant des noms connus dans les dialogues (de Crime Alley à Crispus Allen, en passant par Sprang et Adams, des références à Dick Sprang et Neal Adams), sans que cela ne devienne une composante majeure. Dans la structure de son récit, il est également possible de distinguer d'autres références. Lors d'une scène de déduction, il met en parallèle le travail de Batman et celui de James Gordon, reproduisant le schéma adopté par Frank Miller dans Année un. À l'évidence, le point de départ dans le futur avec une cité peu accueillante évoque forcément The Dark Knight returns. Mais l'ambiance en est fort différente, il n'y a pas d'autres individus costumés et le récit n'est pas polarisé sur la volonté implacable d'une force de la nature vieillissante.
Il reste donc une enquête pour déterminer les causes de l'assassinant du policier, avec un Batman presque désincarné, par vraiment une force de la nature, mais plutôt un concept épuré. Ce Batman est l'archétype de l'homme cagoulé avec un costume bizarre (et une cape) qui agit en marge de la société pour redresser les torts. Son identité importe peu, la nature de son aisance financière n'a aucune espère d'intérêt, ses motivations sont secondaires, seul importe son refus des exactions de l'autorité établie. C'est un beau défi que se lance Paul Pope de transformer un superhéros en l'incarnation d'une idée. Mais la contrepartie implique qu'une partie des scènes plus pragmatiques de l'histoire deviennent inutiles. Finalement, les découvertes relatives de Gordon sur le passé de Batman ne servent en rien l'histoire, autant de cases inutiles. Les scènes d'action sont remarquables de vitalité, mais là encore l'enjeu est nul puisque rien ne peut arrêter une idée. Les motifs du crime tiennent la route d'un point de vue logique, mais ils ne révèlent rien sur Batman, ou sur l'ordre du monde dans lequel il évolue.
Au travers de ce récit, Paul Pope a su développer une approche originale de Batman, assez ambitieuse en en faisant plus une idée qu'un individu. Ses dessins en font un homme athlétique, puissant, faillible, souffrant dans l'effort physique, évoluant dans un monde confiné sans être surpeuplé. Il s'agit d'une immersion dans un environnement inattendu et particulier. Les scènes d'action bénéficient d'un découpage très efficace, mettant en évidence le danger pour le personnage principal, la force des coups (sans tomber dans le sensationnalisme), la douleur sans complaisance. Mais au fur et à mesure, le lecteur est conduit à se désintéresser de Batman qui ne génère aucune empathie, sans pouvoir se raccrocher à d'autres personnages sur le plan émotionnel. Paradoxalement, alors que Batman gagne en ambiguïté, les conflits perdent de leur intérêt, ne sont plus que des prétextes sans âme.
Au final, l'appréciation du lecteur dépendra de ce qu'il est venu chercher. S'il souhaitait lire une histoire de Batman originale dans un futur dystopique sans être trop éloigné du notre, le voyage est agréable, marquant, avec quelques frustrations nées du caractère insaisissable de Batman, de son manque de tangibilité. Si le lecteur espérait un récit viscéral, ou au contraire plus intellectuel, il sera un peu déçu par une aventure reposant sur une construction très classique de roman policier, avec un concept central unique et pas abouti.
C'est le second comics de cet auteur que je lis et je me pense qu'il n'est pas fait pour moi. Si La Saison des billes se laissait lire, ici je me suis carrément ennuyé.
Déjà je ne comprends pas pourquoi l'auteur met en scène un personnage qui possède un ipad alors que l'action se passe dans les années 70. C'est peut-être juste un détail à la con pour d'autres lecteurs, mais moi ça m'a inutilement mélangé. J'ai du relire des pages pour être certain d'avoir bien compris. Cela a contribué à me faire sortir du récit.
Sinon, c'est encore une fois une histoire sur les problèmes qu'on peut subir à l'adolescence et je n'ai rien vu de vraiment nouveau dans le scénario. Les personnages ne sont pas attachants et je me fichais de ce qui pouvait lui arriver.
Dans le genre récit des problèmes d'adolescent ce passant dans les années 70, j'ai mieux aimé Paul dans le Nord.
Redite obsessionnelle compulsive
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Ce tome regroupe les 6 épisodes de la minisérie parue en 2009/2010.
Il y a plusieurs années, Phil Sheldon (photo-reporteur) était lassé de la vie et considérait une réorientation professionnelle : travailler pour la presse à sensation, quitter la sphère du pur journalisme. Toutefois, une information inopinée l'amène à couvrir la présentation à la presse de Reed Richards, Susan Storm, Johnny Storm et Benjamin Grimm, juste après leur célèbre voyage à bord d'une fusée insuffisamment protégée contre les rayons cosmiques. Il a alors l'intuition que sa vie sera indissolublement liée à celles de ces merveilles (marvels). Entre les premières apparitions de Thor, Spider-Man, Ant-Man et des angoissants X-Men, il découvre que sa plus jeune fille à besoin de lunettes. À la fin du premier épisode, une visite chez le médecin lui apprend un diagnostic peu encourageant. La suite raconte au lecteur la vie de Phil jusqu'à une période qui correspond à la mort des X-Men à Dallas pendant The Fall of the Mutants (en VO, initialement publié en 1988).
Kurt Busiek ne s'en cache pas dans la postface : au vu du succès de la série initiale Marvels (1994), il était commercialement logique de lui donner une suite (envisagée pour une trentaine de pages avec Alex Ross dans un premier temps). Finalement, c'est Jay Anacleto qui réalise les illustrations, Brian Haberlin s'occupe de la mise en couleurs. Au générique, Roger Stern est crédité au même niveau que Kurt Busiek pour le scénario. Ce n'est pas la première fois qu'ils collaborent ensemble ; ils l'avaient déjà fait pour Avengers Forever. Dans la préface, Roger Stern explique qu'il a surtout servi d'aide à Busiek pour alimenter l'histoire en références sur les événements se déroulant dans l'univers partagé Marvel au moment des faits du récit. Ce tome comprend d'ailleurs 2 pages qui listent les références en question : titre de la série concernée + numéro de l'épisode.
Donc Busiek reprend le personnage de Phil Sheldon et décrit la suite de son histoire. le premier épisode déconcerte un instant car Busiek revient sur des périodes déjà évoquées dans l'histoire originelle Marvels. Il est vraisemblable que Busiek tenait à faire de L'oeil de l'objectif une histoire complète par elle-même. du coup, le scénariste semble exploiter le même filon jusqu'à l'épuisement. La vie de Phil Sheldon est révolutionnée par le retour des superhéros au début des années 1960 (comprendre que le lecteur des comics de ces années là voit son ordinaire révolutionné par les premiers comics Marvel). La populace se méfie des X-Men qui semble une menace plus qu'autre chose, comprendre que dès le départ les héros Marvel ont un coté obscur que n'avaient pas leurs homologues de la concurrence (Superman en tête). Puis Sheldon semble lui-même perdre la fois dans ces merveilles avec l'apparition d'anti(super)héros comme Ghost Rider (Johnny Blaze), Werewolf (Jack Russell), Son of Satan (Daimon Hellstrom), Morbius (Michael Morbius), Dracula et Man-Thing (Ted Sallis). Son désenchantement atteint son paroxysme lors des Les guerres secrètes : les superhéros ont disparu et finalement Phil Sheldon constate amèrement que le monde ne s'en porte pas plus mal (une constatation brutalement et honnêtement cynique). Cette prise de conscience constitue le moment le plus fort du récit : toi aussi lecteur, tu peux vivre sans lire des comics de superhéros ! Sinon les frasques des superhéros n'ont de cesse, et Phil Sheldon vieillit. Les références aux années 1980 abondent et permettront aux lecteurs de cette époque de se dire alternativement "Ah oui, je m'en souviens", ou "Ah je ne me souvenais plus que ça s'était passé dans cet ordre là". Busiek et Stern évoquent dans l'ordre chronologique : la première apparition publique des FF, le retour de Captain America à l'ère moderne, la Spider-mobile, la première apparition de Nomad (Steve Rogers), la première apparition de Wolverine, le début des Champions, la mort d'Elektra, la première apparition du Punisher, l'arrivée du Beyonder, etc.
Jay Anacleto n'est pas Alex Ross, mais cela n'a rien d'une surprise, ni même d'une critique. Il a un style très réaliste, beaucoup plus que celui d'Alex Ross, beaucoup plus descriptif, beaucoup plus terre à terre et plus minutieux. Globalement Anacleto préfère renforcer la sensation de quotidien, d'ordinaire. Il a dû effectuer de sérieuses recherches car les détails vestimentaires ou technologiques (la forme des postes de télévision par exemple) ne présentent aucune erreur par rapport aux décennies visitées (1960, 1970 et 1980). Il est possible de suivre scène par scène l'évolution de la mode et des appareils électroménagers, impressionnant. Les visages présentent tous une forte personnalité, sans être décalqués sur des photos. Chaque séquence est mise en scène de façon prosaïque, insistant sur le caractère banal de la vie de Sheldon, tant qu'il n'y a pas de superhéros à l'horizon. C'est un peu ce qui dessert la narration dans laquelle le lecteur finit par se demander si la vie de Sheldon l'intéresse tant que ça dans ce qu'elle a de commun. La mise en couleur repose surtout sur des teintes neutres habilement juxtaposées pour que les différents éléments ressortent les uns à coté des autres, mais là encore très quotidiennes.
Finalement ce tome se laisse lire gentiment, la fibre nostalgique est fortement sollicitée et certaines références feront plus mouche que d'autres (j'ai en particulier apprécié les réminiscences du Punisher tirant sur les passants qui n'empruntent pas les passages piétons). Mais Busiek n'a rien à dire de nouveau par rapport à Marvels, et réussit moins bien le point de vue humain qu'il sait si bien magnifier dans sa série Astro City.
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Il s'appelait Geronimo
J'ai lu cette série de 120 pages en une vingtaine de minutes. C'est dire si la narration textuelle est limitée aux dialogues les plus basiques et rudimentaires. Ces dialogues soutiennent (?) un scénario que j'ai trouvé infantile, difficilement crédible et souvent incohérent. Notre "héros" va avoir la chance de voir les difficultés s'évanouir devant lui de façon quasi miraculeuse par la grâce de scénaristes très généreux. Après une baignade digne d'un champion olympique, il va en quelques jours profiter d'une conjonction de situations comme on n’en voit jamais. Ainsi un sosie richard sans aucune attache se fait tabasser à mort au lieu de payer ses dettes, lui confie sa CB avec code, ses papiers etc. etc. J'ai trouvé cet enchaînement digne d'une série jeunesse avec baguette magique et gentille fée. Mais comme la fée se déshabille assez souvent pour combler les vides du scénario on reste dans la catégorie ado/adulte. La narration est donc essentiellement graphique comme un livre d'images où j'ai tourné les pages assez rapidement. Le dessin est d'ailleurs agréable et j'ai bien aimé la mise en couleur. Le final un peu guimauve convient parfaitement à ce récit cousu de fil blanc. Pour finir j'ai du mal avec cette appropriation du nom de Geronimo pour un personnage aussi médiocre. Je ne vois pas du tout en lui un modèle de résistance mais plutôt de profiteur. Une lecture sans grand intérêt pour moi.
Batman / Aliens
Scénario bateau, et dessins sympathiques - Il s'agit d'une histoire complète parue initialement en 1997, sous la forme de 2 épisodes d'une quarantaine de pages chacun. le scénario est de Ron Marz, les dessins et l'encrage de Bernie Wrightson, et les couleurs de Matt Hollingsworth. Batman est en train de descendre en parachute en pleine jungle à la frontière du Mexique et du Guatemala, juste à coté d'une pyramide maya. Dans sa tête il précise qu'il est sur le point d'affronter une horreur qui dépasse en intensité ce qu'il a ressenti lors de la mort de ses parents. Alors qu'il s'est débarrassé de son parachute et qu'il patauge dans l'eau jusqu'à mi-cuisse, il se retrouve face Hyatt, une femme en tenue de commando militaire, et un crocodile pas content. Une fois cette escarmouche passée, il fait connaissance avec le reste du commando : Page, Gantry, van Derpool et le capitaine Seeley (responsable de l'expédition). Il apparaît que ce commando de l'armée américaine effectue une mission clandestine pour inspecter un vaisseau spatial écrasé à coté de la pyramide. La mission de Batman est révélée plus tardivement. Bon gré, mal gré, ils vont devoir travailler ensemble pour explorer le vaisseau et découvrir ce qui a causé la mort douloureuse de l'équipage. Pour les lecteurs les plus curieux, il existe une sorte de prologue officieux à cette histoire de 10 pages, également réalisé par Marz et Wrightson, réédité dans Aliens omnibus 5 (en anglais). Il raconte la fin de l'infestation du vaisseau et son crash sur Terre. Après Enfer blanc (1988), c'est une nouvelle occasion pour Wrightson de revenir au personnage de Batman. La première impression est qu'i a disposé du temps nécessaire pour plus peaufiner ses dessins. En particulier son encrage est moins grossier, plus dans les détails, avec de très belles textures telles que les écailles des crocodiles, ou le feuillage de la végétation. La deuxième impression est que Wrightson a conservé la même apparence hiératique pour Batman : grande stature, oreilles de la cagoule très longue, grande cape, musculeux en particulier au niveau des biceps et des cuisses. Il en impose par sa simple présence. Grand spécialiste des monstres, Wrightson s'approprie la conception graphique des aliens avec un savoir faire consommé. La découverte de la créature qui s'agrippe au visage (facehugger) provoque un instant de dégoût avec ses pattes insectoïdes, et les apparitions des aliens sont très bien maîtrisées. Wrightson reproduit avec application les détails de leur anatomie, en les dosant en fonction de la situation (zones d'ombre plus ou moins étendues, détail de chaque module articulé de la queue, etc.). Il choisit des cadrages qui rendent compte du fait que dans un premier temps, Batman et les commandos n'ont pas la possibilité de distinguer toute la créature, ce qui renforce son mystère et sa force de terreur. Il n'y a que lors de leur dernière apparition que Wrightson donne une démarche étrange aux aliens qui évoquent alors trop fortement des tyrannosaures. Au fil des planches, Wrightson s'économise sur les décors (scènes de discussion entre les personnages dépourvues de tout arrière plan) mais lorsqu'ils sont présents, ils sont de qualité, que ce soit les murs de la pyramide, ou la végétation de la jungle. Il offre en particulier au lecteur une magnifique double page avec des chutes souterraines. Pour cette histoire, il bénéficie d'un metteur en couleurs moins criard que sur Enfer blanc, plus nuancé, mais avec une prédilection un peu envahissante pour le marron, l'acajou, l'auburn, le brou de noix, et autres rouge Bismarck. Wrightson s'en sort un peu moins bien quand il essaye de faire croire qu'un être humain peut résister lors d'un combat à main nue contre un alien. Au vu de la puissance et de la dangerosité de ces bestioles, le lecteur éprouve la sensation que tout individu enserré dans cette queue tranchante n'a aucun espoir de se sortir de cette prise. Et pourtant affrontement après affrontement, l'étreinte des aliens semble particulièrement inefficace. L'autre aspect visuel qui ne convainc pas est la présence de Batman dans cet environnement issu des pulps. Par contraste avec les commandos et les vieilles pierres, Batman apparaît comme une pièce rapportée, pas du tout à sa place dans la jungle. Il faut dire que Wrightson ne fait que suivre le scénario qui insiste lourdement sur l'inadéquation du personnage dans un tel environnement. le lecteur finit par avoir l'impression que Marz fait exprès d'insister sur l'inadaptation de Batman à une telle situation, en le faisant apparaître en plein jour à coté d'éléments réalistes, en rabâchant le fait qu'il ne tue pas face à des créatures que seule l'extermination brutale peut arrêter, en refusant d'employer une arme à feu (pour plutôt se servir de son lance-grappin face à un alien, crédibilité zéro). Pour le reste, Marz plonge Batman dans une aventure à grand spectacle, sur une trame très classique pour les aliens (découverte de cadavres, course-poursuite avec les aliens, extermination des uns et des autres), au milieu d'un temple maya propice aux recoins. Ron Marz a concocté une histoire basique de chasse à l'alien, en plongeant Batman dans un environnement qui met en évidence à chaque scène que ce personnage n'a rien à faire dans une histoire de ce type. 2 étoiles pour le scénario. Bernie Wrightson effectue un bon travail d'illustration qui se révèle à la hauteur de l'horreur des aliens, sans retrouver son niveau d'excellence passé. 4 étoiles pour les dessins. Pour ceux qui veulent plus de crossovers improbables de ce type, il existe une deuxième rencontre entre Batman et les aliens : Batman Aliens, tome 2 d'Ian Edginton (scénario), Staz Johnson (dessins) et James Hodgkins (encrage) en 2003. Superman a dû lui aussi affronter les xénomorphes : Superman Aliens de Dan Jurgens et Kevin Nowlan. Et si vous n'avez pas peur de l'overdose : Superman & Batman versus Aliens & Predator de Mark Schultz et Ariel Olivetti.
Acting class
Une galerie de personnages d'origines diverses, un peu paumés et à la vie médiocre, s'incrivent à un cours de théâtre. Leur professeur va leur présenter sa méthode plutôt originale, basée sur l'improvisation et la mise en scène des apprentis-acteurs dans des saynettes qu'ils ont pour charge de s'imaginer eux-mêmes, jouant des rôles qui vont peu à peu se confondre avec la réalité. A tel point qu'au fil des cours, la majorité d'entre eux va perdre pied et ne plus savoir distinguer leur monde imaginaire d'une réalité qui devient de moins en moins discernable. Acting class est un gros bouquin. Pas tant par sa taille au format moyen et presque carré, ni par son nombre de pages, quand même presque 300, mais parce qu'il est long à lire... peut-être en grande partie parce qu'il est ennuyeux. Le graphisme de Nick Drnaso n'est pas attirant du tout. Sa ligne est claire mais son trait est moche, à l'instar de ses personnages inexpressifs aux faciès tous identiques. On dirait le même personnage reproduit en multiples exemplaires, avec une perruque différente sur la tête pour vaguement les différencier, même si ça ne marche pas toujours bien. Même distinguer un homme d'une femme est parfois impossible, et ce n'est qu'aux dialogues qu'on constate, pas toujours tout de suite, si il ou elle parle au féminin ou pas. Le récit insiste sur la psychologie de ses personnages, exposant leurs vies exiguës, leurs petits traumatismes, leurs malaises et leur besoin de changement, de soutien ou d'affection. Mais la narration le fait à un rythme lent qui plonge le lecteur dans cette médiocrité durant de longues pages soporifiques, dévoilant des pans de vie sans intérêt hormis peut-être pour un sociologue ou un psychologue curieux de voir ce que l'auteur a en tête. Quant à toute l'histoire autour de ces cours d'acting et ses improvisations imaginaires, le lecteur est rapidement perdu entre ce qui est du rôle ou des situations réelles. L'auteur joue sur cela pour montrer que ses personnages eux aussi finissent par s'y perdre, s'inventant un nouveau monde qu'ils vont finalement partager dans une sorte d'hypnose commune, avec le doute sur une éventuelle part de fantastique ou une sorte de mouvement sectaire. Mais pour le lecteur que je suis, c'était rapidement trop pénible et c'est laborieusement que je suis allé jusqu'au bout de cet album et sa conclusion peu compréhensible, ayant du mal à me retenir de m'endormir ou de sauter de nombreuses pages par moment.
Silver Surfer - Parabole (Moebius)
Je ne suis pas du tout attiré par les super héros, et je ne lis généralement pas ce type de comics – sauf rares exceptions. Je ne connais pas du tout le Surfer d’Argent (ni Galactus, le méchant de l’histoire). Et c’est par Moebius (auteur que j’apprécie beaucoup par contre) que je me suis penché sur cet album (j’ai lu l’édition de Soleil, titrée à l’époque « Le Surfer d’Argent »), ne connaissant pas grand-chose du travail de Stan Lee. Disons-le tout de suite, je n’ai pas aimé ma lecture. Le dessin de Moebius est très lisible, évidemment, et techniquement bon. Mais il n’a ici ni le réalisme pointilliste et génial de Blueberry, ni l’épure quasi poétique de la plupart de ses histoires SF personnelles. On est dans un entre-deux, pour les décors comme pour les personnages (avec une colorisation très flashy), qui n’est pas ce qu’il a fait de mieux (mais c'est quand même l'aspect le plus réussi de l'album!). En fait, ce sont l’histoire et les dialogues qui m’ont franchement déçu. On a une histoire linéaire et manichéenne, qui manque singulièrement de densité et d’intérêt. Aucun des personnages n’est vraiment creusé (je ne sais pas si connaitre l’univers du Silver Surfer peut aider ?). Et l’intrigue est pauvre. Quant aux dialogues, ben là non plus, ça n’est pas mon truc. Je me suis forcé à aller jusqu’au bout, parce que c’est très vite lu, et parce que tout ce qu’a pu produire Moebius peut m’intéresser, mais là, c’est à reculons que j’ai fini cet album.
Les Soeurs Fox
J'ai trouvé cette série bien ennuyeuse. Faut-il que les scénaristes soient en panne de sujets pour nous imposer ce type de récit. Ce n'est ni récréatif ni instructif à mes yeux. Cette histoire de spiritisme qui tourne en escroquerie sur la peine de pauvres gens est traitée d'une façon bien fade. Lire à longueur de cases des questions banales avec des réponses en tap tap m'a très vite ennuyé. Le graphisme laisse la même impression de morosité en fin d'album. Des personnages froids, souvent figés au milieu d'une coloration à base de brun et de gris m'a invité à fermer le livre rapidement. Une pauvre lecture.
Superman - Aliens
Oxymore visuel - Ce tome comprend une histoire complète, initialement parue sous la forme de 3 épisodes de 48 pages, en 1995. L'histoire a été écrite par Dan Jurgens qui a également réalisé la mise en page et les esquisses, les finitions et l'encrage ont été réalisés par Kevin Nowlan, avec une mise en couleurs de Greg Wright. Dans une station orbitale, le système de détection de corps célestes dans l'espace sonne l'alarme : l'un d'eux présente une trajectoire l'amenant à pénétrer dans l'atmosphère terrestre. le docteur Cheryl Kimble (responsable du système de satellites chez Lexcorp) invite 2 journalistes (Lois Lane & Clark Kent) à couvrir l'observation de cette arrivée. À proximité du site d'arrivée, Kent met le moteur de l'hélicoptère en surchauffe de manière à obliger le pilote à le poser, afin qu'il s'éclipse, se change en Superman et procède à la récupération du corps céleste. Il s'agit d'une balise de détresse dont le message d'appel au secours est diffusé en kryptonien. Superman négocie avec le docteur Kimble la mise à disposition d'un vaisseau spatial qui lui permet de rallier (via l'hyperespace) le point de départ de la balise. Il découvre Argo, une cité sous un dôme, implantée sur un gros astéroïde, reste dérisoire de ce qui fut auparavant une planète. Sur place il découvre des traces de lutte, des représentants d'une race de xénomorphe, et de rares survivants dont une femme prénommée Kara. Dans les années 1990, la mode est aux rencontres entre personnages d'éditeurs différents. Pour DC Comics et Dark Horse (publiant des comics sous licence, dont la série des Aliens, rééditée en Aliens omnibus en VO), cela commence avec Batman versus Predator (1991/1992). Il n'y a aucune raison de s'arrêter en si bon chemin tant que le montage juridique permet de trouver un terrain d'entente pour concilier les droits de propriété intellectuelle de 2 entreprises différentes. De prime abord l'appariement de Superman avec les méchants extraterrestres peut sembler mieux dosé que celui entre Batman et les Aliens. Il dispose de plus de pouvoir pour résister à l'élan vital de ces créatures, incarnation vivante d'une pulsion irrépressible de continuation de la race, avec un cycle de reproduction parasitaire, létal pour l'hôte. D'un autre coté, Superman reste l'incarnation d'un certain nombre de valeurs morales, à commencer par le refus de tuer, le respect de la vie. Pour l'incarnation du personnage à cette époque, il est hors de question de tuer de sang froid. Il ne l'a fait qu'une seule fois depuis sa remise à zéro en 1987 (à commencer par L'homme d'acier de John Byrne), dans l'épisode 22 d'octobre 1988, ce qui a renforcé son principe de respecter toute forme de vie. Même d'un point de vue visuel, la rencontre entre ces 2 mondes semble vouée à l'échec. D'un coté, il y a ce costume aux couleurs primaires vives, rouge et bleu, avec une cape, pour une image rassurante. de l'autre, il y a des créatures de l'obscurité, acérées, crachant de l'acide, appartenant au registre de l'horreur. Dan Jurgens connaît bien le personnage de Superman puisqu'il a écrit et dessiné ses aventures pendant 10 ans de 1989 à 1999, participant aussi bien à la série mensuelle (La mort de Superman) qu'à des épisodes spéciaux (DC versus Marvel, un autre crossover en VO). Il s'agit d'un créateur maîtrisant bien les ressorts des récits de superhéros, de l'utilisation des superpouvoirs, sachant construire une situation où les forces en présence sont bien équilibrées pour que l'incertitude sur les modalités de la confrontation puisse s'installer. En tant que scénariste et dessinateur, il s'adresse plutôt à un large public de jeunes adolescents. C'est à dire qu'il se fixe comme objectif que son scénario apporte un bon niveau de divertissement, sans s'embarrasser de deuxième niveau de lecture, ou de réflexions sur un thème donné. Ici afin d'intégrer un niveau de suspense suffisant, il joue sur le fait que Superman se trouve dans un environnement sans soleil (donc ses pouvoirs diminuent de séquence en séquence) et qu'il refuse de mettre à mort des créatures vivantes. Il insère quelques composantes de la série Superman (essentiellement Lois Lane et l'entreprise Lexcorp), quelques références aux kryptoniens et à Kandor. Il installe 2 situations dangereuses : Superman sur Argo face à une horde d'Aliens dont une reine, et Lois Lane dans une station orbitale où rôde un xénomorphe. Il ne soucie pas trop des détails, que ce soit Kimble oubliant de reprendre Clark Kent avant de repartir en hélicoptère, ou la source d'énergie fonctionnant encore sur le vaisseau extraterrestre sur Argo (alors qu'il a été pillé de fond en comble par les habitants d'Argo quelques années auparavant). de même la personnalité des protagonistes est réduite à une composante majeure (le courage pour Lois Lane, l'appât du gain pour le docteur Kimble). Il n'y a qu'une exception : le refus de tuer de Superman. Mais Jurgens s'en sert plus comme ressort de l'intrigue, que comme oint de départ d'une réflexion sur une valeur morale. L'approche graphique de Jurgens est essentiellement fonctionnelle et descriptive. Il prend soin de dessiner les décors dans chaque page pour que le lecteur puisse se projeter s'installer dans l'environnement à chaque page. Mais ces décors sont assez basique, une approche simplifiée de la réalité qui ne reflète ni une approche architecturale, ni une volonté de mettre l'accent sur les prouesses physiques ou sur l'horreur de l'inhumanité des Aliens, ou sur une forme d'anticipation ou de science-fiction exubérante. Jurgens s'attache à être facilement lisible, dans un registre un peu fade et dérivatif de dessinateurs plus illustres qui l'ont précédé. La vision de la cité d'Argo sous son dôme est d'un pragmatisme banal qui neutralise toute sensation d'étonnement ou d'émerveillement. Il fait un peu plus d'effort pour la mise en page : il est possible d'en remarquer quelques unes sortant de l'ordinaire. Dans le premier épisode, un cadrage s'apparente à un zoom avant sur le vaisseau emmenant Superman vers Argo, commençant par un plan large du vaisseau, puis une vision de l'intérieur de la cabine, puis un gros plan sur le visage de Superman, pour terminer sur image de Pa & Ma Kent correspondant à l'image mentale de Superman. Quelques pages plus loin, il y a un plan fixe à l'intérieur d'une caverne, l'objectif fixant le ciel se découpant sur la sortie. Jurgens découpe la bande en 4 case, dans la première Superman prend son envol vers le ciel, dans la dernière la silhouette d'un Alien se découpe contre le ciel. Et pourtant les dessins ne sont pas vraiment fades. Kevin Nowlan est un encreur (parfois dessinateur) à la personnalité très affirmée avec une utilisation singulière des traits noirs, ainsi que des aplats de noir. Il détoure des surfaces aux contours complexes, insérant des lignes aux épaisseurs variables et à la géométrie parsemée de discrètes excroissances. Il utilise les aplats de noir sous des formes géométriques les tirant vers l'abstraction, refusant de se limiter à la simple représentation de l'ombre portée. En fonction de la sensibilité du lecteur, il y verra un maniérisme proche d'une affèterie superflue, ou au contraire une vision artistique traduisant une perception de la réalité mettant en évidence son étrangeté. D'un coté, cet encrage complique l'apparence du personnage de Superman en contradiction avec sa nature simple de superhéros, de l'autre il permet de conférer un peu de mystère et de dangerosité aux aliens. Malgré un appariement de 2 propriétés intellectuelles évoquant le mariage de la carpe et du lapin, Dan Jurgens raconte une histoire qui arrive à faire croire à la possibilité de la coexistence entre Superman et les Aliens, dans une aventure qui ne s'embarrasse pas de vraisemblance ou de psychologie. L'aspect graphique est assez basique dans sa mise en page et sa mise en scène, il revêt un degré d'abstraction inattendu dans son encrage. Après ce crossover, DC Comics et Dark Horse ont poursuivi ces rencontres contre nature pendant encore une décennie : Batman/Aliens de Ron Marz & Bernie Wrightson en 1997, Superman vs Predator de David Michelinie & Alex Maleev en 2000, Batman Aliens, tome 2 de Ian Edginton & Staz Johnson en 2002, Superman vs Aliens, tome 2 de Charles Dixon & Jon Bogdanove en 2002, et Superman & Batman versus Aliens & Predator de Mark Schultz & Ariel Olivetti en 2007.
Ton père, ce héros
Autant j'ai aimé Tronchet dans ses séries Fluide Glacial, du genre Jean-Claude Tergal ou Raymond Calbuth, autant ses dernières productions n'ont jamais vraiment réussi à me séduire... Ce dernier album adapté du roman éponyme qui était sorti en 2006 ne déroge pas à la règle. Je me suis franchement ennuyé à sa lecture. Tronchet enchaîne les anecdotes sur sa vie de père qu'il agence au fil de ses planches et ça casse pas des briques. C'est gentillet, convenu, et à part se faire plaisir à lui même et se rassurer sur son rôle de père, l'ouvrage n'apporte pas grand chose au lecteur, surtout quand on est déjà père comme lui. Côté dessin, c'est du Tronchet ; à part ses constructions de pages qui changent de ce que je connaissais de son travail, on est sur le même style de dessin qui fait sa marque de fabrique. Un album qui manque un peu de piquant et qui peine même à faire sourire.
Batman - Année 100
Une épure de Batman - Ce tome comprend une histoire complète et indépendante de la continuité, initialement parue en 2006, ainsi qu'une histoire courte parue dans Batman Chronicles 11. Paul Pope a réalisé le scénario, les dessins et l'encrage, la mise en couleurs est de José Villarrubia (sauf pour l'histoire courte mise en couleurs par Ted McKeever). le nombre 100 correspond au fait que l'histoire se déroule en 2039, soit 100 ans après la première apparition de Batman en 1939, dans "Detective comics" numéro 27. Quelque part sur les toits de Gotham toujours aussi sale et usée, Batman bondit d'immeuble en immeuble (sans grappin, un parkour très physique), avec une meute de chiens féroces à ses basques. Il est blessé au coté droit. Après un saut impressionnant, il descend dans un immeuble, avec une section de policiers du FPC à ses trousses. Au QG du FPC, L'agent Pravdzka refuse de croire que cette légende urbaine qu'est Batman puisse avoir un quelconque fondement. Il suit la course-poursuite par caméra avec une grande appréhension. Batman a assisté à l'assassinat d'un policier par un autre policier dans le cadre d'une transaction illicite. Par un concours de circonstances, il est accusé du meurtre. de son coté, le commissaire James Gordon se voit interdit de présence sur la scène du crime, car le FPC estime qu'il s'agit d'une affaire fédérale. Tant bien que mal, Batman réussit à rejoindre une de ses bases dans un immeuble où il est soigné par la doctoresse Goss, et sa fille Tora. Un individu appelé Robin également membre de son équipe apporte un soutien logistique. Coté FPC, l'agent Pravdzka a demandé l'intervention de l'agent Tibble qui explique les règles du jeu à Gordon. Paul Pope est un créateur indépendant à la personnalité graphique très affirmée qui a également réalisé 100%, Heavy Liquid. Comme le montre la couverture (style identique aux pages intérieures), il n'hésite pas rajouter des petits coups de crayon secs pour montrer que chaque surface (organique ou manufacturée) est marquée par le temps, les chocs et les coups. Il a recours à des aplats de noir conséquents pour donner du poids à ses dessins, mais aussi pour transformer Batman en une silhouette mystérieuse qui semble absorber la lumière, sans la réfléchir. le lecteur s'immerge donc un univers urbain usé par le quotidien, où rien ne semble pouvoir être neuf ou brillant. La mise en couleurs de José Villarrubia est, comme à son habitude, bien pensée. Il sait aussi bien utiliser des teintes inattendues (rose, ou orange) pour créer une ambiance unique dans une scène, que jouer sur une palette restreinte tout en faisant ressortir chaque surface. Pope a choisi de donner une silhouette plus trapue que d'habitude à son Batman. Il dépeint un Batman à la morphologie réaliste, très mystérieux (on n'aperçoit son vrai visage que partiellement le temps de quelques cases), pour qui chaque performance physique s'accompagne d'un coût, comme dans la vie réelle. Il est essoufflé quand il court vite, il grimace sous l'effet de l'effort, etc. Il s'agit d'un personnage qui est en activité depuis 100 ans, dont on ne connaît pas l'identité. James Gordon (le petit fils du James Gordon) trouvera bien quelques éléments mais il ne les partagera pas avec le lecteur. Pope fait régulièrement référence à des éléments du mythe de Batman, à commencer par un technicien surnommé Robin (mais il n'y a pas de Batcave), avec un commissaire intègre appelé James Gordon, en insérant des noms connus dans les dialogues (de Crime Alley à Crispus Allen, en passant par Sprang et Adams, des références à Dick Sprang et Neal Adams), sans que cela ne devienne une composante majeure. Dans la structure de son récit, il est également possible de distinguer d'autres références. Lors d'une scène de déduction, il met en parallèle le travail de Batman et celui de James Gordon, reproduisant le schéma adopté par Frank Miller dans Année un. À l'évidence, le point de départ dans le futur avec une cité peu accueillante évoque forcément The Dark Knight returns. Mais l'ambiance en est fort différente, il n'y a pas d'autres individus costumés et le récit n'est pas polarisé sur la volonté implacable d'une force de la nature vieillissante. Il reste donc une enquête pour déterminer les causes de l'assassinant du policier, avec un Batman presque désincarné, par vraiment une force de la nature, mais plutôt un concept épuré. Ce Batman est l'archétype de l'homme cagoulé avec un costume bizarre (et une cape) qui agit en marge de la société pour redresser les torts. Son identité importe peu, la nature de son aisance financière n'a aucune espère d'intérêt, ses motivations sont secondaires, seul importe son refus des exactions de l'autorité établie. C'est un beau défi que se lance Paul Pope de transformer un superhéros en l'incarnation d'une idée. Mais la contrepartie implique qu'une partie des scènes plus pragmatiques de l'histoire deviennent inutiles. Finalement, les découvertes relatives de Gordon sur le passé de Batman ne servent en rien l'histoire, autant de cases inutiles. Les scènes d'action sont remarquables de vitalité, mais là encore l'enjeu est nul puisque rien ne peut arrêter une idée. Les motifs du crime tiennent la route d'un point de vue logique, mais ils ne révèlent rien sur Batman, ou sur l'ordre du monde dans lequel il évolue. Au travers de ce récit, Paul Pope a su développer une approche originale de Batman, assez ambitieuse en en faisant plus une idée qu'un individu. Ses dessins en font un homme athlétique, puissant, faillible, souffrant dans l'effort physique, évoluant dans un monde confiné sans être surpeuplé. Il s'agit d'une immersion dans un environnement inattendu et particulier. Les scènes d'action bénéficient d'un découpage très efficace, mettant en évidence le danger pour le personnage principal, la force des coups (sans tomber dans le sensationnalisme), la douleur sans complaisance. Mais au fur et à mesure, le lecteur est conduit à se désintéresser de Batman qui ne génère aucune empathie, sans pouvoir se raccrocher à d'autres personnages sur le plan émotionnel. Paradoxalement, alors que Batman gagne en ambiguïté, les conflits perdent de leur intérêt, ne sont plus que des prétextes sans âme. Au final, l'appréciation du lecteur dépendra de ce qu'il est venu chercher. S'il souhaitait lire une histoire de Batman originale dans un futur dystopique sans être trop éloigné du notre, le voyage est agréable, marquant, avec quelques frustrations nées du caractère insaisissable de Batman, de son manque de tangibilité. Si le lecteur espérait un récit viscéral, ou au contraire plus intellectuel, il sera un peu déçu par une aventure reposant sur une construction très classique de roman policier, avec un concept central unique et pas abouti.
Une tête bien vide
C'est le second comics de cet auteur que je lis et je me pense qu'il n'est pas fait pour moi. Si La Saison des billes se laissait lire, ici je me suis carrément ennuyé. Déjà je ne comprends pas pourquoi l'auteur met en scène un personnage qui possède un ipad alors que l'action se passe dans les années 70. C'est peut-être juste un détail à la con pour d'autres lecteurs, mais moi ça m'a inutilement mélangé. J'ai du relire des pages pour être certain d'avoir bien compris. Cela a contribué à me faire sortir du récit. Sinon, c'est encore une fois une histoire sur les problèmes qu'on peut subir à l'adolescence et je n'ai rien vu de vraiment nouveau dans le scénario. Les personnages ne sont pas attachants et je me fichais de ce qui pouvait lui arriver. Dans le genre récit des problèmes d'adolescent ce passant dans les années 70, j'ai mieux aimé Paul dans le Nord.
Marvels - L'oeil de l'objectif
Redite obsessionnelle compulsive - Ce tome regroupe les 6 épisodes de la minisérie parue en 2009/2010. Il y a plusieurs années, Phil Sheldon (photo-reporteur) était lassé de la vie et considérait une réorientation professionnelle : travailler pour la presse à sensation, quitter la sphère du pur journalisme. Toutefois, une information inopinée l'amène à couvrir la présentation à la presse de Reed Richards, Susan Storm, Johnny Storm et Benjamin Grimm, juste après leur célèbre voyage à bord d'une fusée insuffisamment protégée contre les rayons cosmiques. Il a alors l'intuition que sa vie sera indissolublement liée à celles de ces merveilles (marvels). Entre les premières apparitions de Thor, Spider-Man, Ant-Man et des angoissants X-Men, il découvre que sa plus jeune fille à besoin de lunettes. À la fin du premier épisode, une visite chez le médecin lui apprend un diagnostic peu encourageant. La suite raconte au lecteur la vie de Phil jusqu'à une période qui correspond à la mort des X-Men à Dallas pendant The Fall of the Mutants (en VO, initialement publié en 1988). Kurt Busiek ne s'en cache pas dans la postface : au vu du succès de la série initiale Marvels (1994), il était commercialement logique de lui donner une suite (envisagée pour une trentaine de pages avec Alex Ross dans un premier temps). Finalement, c'est Jay Anacleto qui réalise les illustrations, Brian Haberlin s'occupe de la mise en couleurs. Au générique, Roger Stern est crédité au même niveau que Kurt Busiek pour le scénario. Ce n'est pas la première fois qu'ils collaborent ensemble ; ils l'avaient déjà fait pour Avengers Forever. Dans la préface, Roger Stern explique qu'il a surtout servi d'aide à Busiek pour alimenter l'histoire en références sur les événements se déroulant dans l'univers partagé Marvel au moment des faits du récit. Ce tome comprend d'ailleurs 2 pages qui listent les références en question : titre de la série concernée + numéro de l'épisode. Donc Busiek reprend le personnage de Phil Sheldon et décrit la suite de son histoire. le premier épisode déconcerte un instant car Busiek revient sur des périodes déjà évoquées dans l'histoire originelle Marvels. Il est vraisemblable que Busiek tenait à faire de L'oeil de l'objectif une histoire complète par elle-même. du coup, le scénariste semble exploiter le même filon jusqu'à l'épuisement. La vie de Phil Sheldon est révolutionnée par le retour des superhéros au début des années 1960 (comprendre que le lecteur des comics de ces années là voit son ordinaire révolutionné par les premiers comics Marvel). La populace se méfie des X-Men qui semble une menace plus qu'autre chose, comprendre que dès le départ les héros Marvel ont un coté obscur que n'avaient pas leurs homologues de la concurrence (Superman en tête). Puis Sheldon semble lui-même perdre la fois dans ces merveilles avec l'apparition d'anti(super)héros comme Ghost Rider (Johnny Blaze), Werewolf (Jack Russell), Son of Satan (Daimon Hellstrom), Morbius (Michael Morbius), Dracula et Man-Thing (Ted Sallis). Son désenchantement atteint son paroxysme lors des Les guerres secrètes : les superhéros ont disparu et finalement Phil Sheldon constate amèrement que le monde ne s'en porte pas plus mal (une constatation brutalement et honnêtement cynique). Cette prise de conscience constitue le moment le plus fort du récit : toi aussi lecteur, tu peux vivre sans lire des comics de superhéros ! Sinon les frasques des superhéros n'ont de cesse, et Phil Sheldon vieillit. Les références aux années 1980 abondent et permettront aux lecteurs de cette époque de se dire alternativement "Ah oui, je m'en souviens", ou "Ah je ne me souvenais plus que ça s'était passé dans cet ordre là". Busiek et Stern évoquent dans l'ordre chronologique : la première apparition publique des FF, le retour de Captain America à l'ère moderne, la Spider-mobile, la première apparition de Nomad (Steve Rogers), la première apparition de Wolverine, le début des Champions, la mort d'Elektra, la première apparition du Punisher, l'arrivée du Beyonder, etc. Jay Anacleto n'est pas Alex Ross, mais cela n'a rien d'une surprise, ni même d'une critique. Il a un style très réaliste, beaucoup plus que celui d'Alex Ross, beaucoup plus descriptif, beaucoup plus terre à terre et plus minutieux. Globalement Anacleto préfère renforcer la sensation de quotidien, d'ordinaire. Il a dû effectuer de sérieuses recherches car les détails vestimentaires ou technologiques (la forme des postes de télévision par exemple) ne présentent aucune erreur par rapport aux décennies visitées (1960, 1970 et 1980). Il est possible de suivre scène par scène l'évolution de la mode et des appareils électroménagers, impressionnant. Les visages présentent tous une forte personnalité, sans être décalqués sur des photos. Chaque séquence est mise en scène de façon prosaïque, insistant sur le caractère banal de la vie de Sheldon, tant qu'il n'y a pas de superhéros à l'horizon. C'est un peu ce qui dessert la narration dans laquelle le lecteur finit par se demander si la vie de Sheldon l'intéresse tant que ça dans ce qu'elle a de commun. La mise en couleur repose surtout sur des teintes neutres habilement juxtaposées pour que les différents éléments ressortent les uns à coté des autres, mais là encore très quotidiennes. Finalement ce tome se laisse lire gentiment, la fibre nostalgique est fortement sollicitée et certaines références feront plus mouche que d'autres (j'ai en particulier apprécié les réminiscences du Punisher tirant sur les passants qui n'empruntent pas les passages piétons). Mais Busiek n'a rien à dire de nouveau par rapport à Marvels, et réussit moins bien le point de vue humain qu'il sait si bien magnifier dans sa série Astro City.