Kurtzman a joué un rôle important pour une certaine BD anticonformiste, humoristique, aux États-Unis, en particulier avec le magazine Mad, et Goscinny (qui l’a rencontré et bien connu) et Gotlib – deux génies de l’humour francophone – ont à plusieurs reprises dit tout ce qu’ils lui devaient.
Mais ceci dit, je suis sorti déçu de cette lecture (comme je l’avais été d’une œuvre bien plus ancienne, "C'est la jungle" – seul Hé les mecs ! m’a vraiment plu pour le moment). C’est une œuvre collective tardive, pour laquelle Kurtzman a fait appel pour l’accompagner au dessin à quelques amis ou auteurs qu’il admire (voir les détails dans la fiche de l’album).
Le résultat est globalement décevant. Kurtzamn développe de courtes histoires dans des univers très variés, mais ne m’a pas vraiment fait rire. Seuls quelques passages (des détails dans certaines cases de « Shmegeggi, l’homme des cavernes » ou de « Un vampire nommé Mel » en particulier) sont assez loufoques pour m’intéresser. Mais l’ensemble est moyen globalement (y compris l’hommage de Crumb en début d’album).
Les deux dernières histoires sont les moins intéressantes, avec en plus un dessin que je n’ai pas du tout aimé.
On a clairement là une vieillerie à réserver aux complétistes de Kurtzman. J’en attendais sans doute trop.
Amoureux du western, cela fait des mois que j'attends de me plonger dans ce qui paraît être le nectar du genre : Bouncer ! Je me suis donc lancé dans la lecture du premier cycle (les deux premiers tomes) et mon avis portera seulement sur ces albums.
J'adore le dessin de Boucq, que ce soit dans Jérôme Moucherot ou encore dans les couvertures des San-Antonio, ce gars là à un talent indéniable, tant au niveau du dessin que du scénario (même si ici on ne le lui doit pas, Jodorowsky est à la barre). Je retrouve donc la patte que j'aime, à ce niveau rien de plus à ajouter, je ne suis guère déçu.
Ce qui pèche le plus, pour rester courtois, c'est le scénario. Comment peut-on élever une série au rang de culte quand le scénario est aussi grotesque ? Franchement c'est à n'y rien comprendre, j'en perds mon latin tellement les aberrations s'enchaînent à une vitesse effrénée... Énumérons donc ces quelques, trop nombreux, points négatifs :
- Pour commencer, le scénario est beaucoup trop classique, bien qu'il y ait de bonnes idées. On se retrouve plongé dans une bête quête de vengeances où l'on connecte avec les codes habituels, initiation à la violence et à la maîtrise des armes, heureux mentor sorti d'on ne sait où qui n'a que ça à foutre, etc... bref du prémaché irrationnel et peu crédible (mais qui bien maîtrisé peu donner lieu à quelqu'albums sympathiques et distrayants).
- Quand je me suis intéressé à la série, j'ai adhéré à l'idée d'un héros manchot, un infirme dans un far-west mais quelle source d'inspiration, splendide !! Or, ici, que le héros soit manchot, cul de jatte, estropié ou simplement entier ne fait (et ne ferait) aucune différence ... il est aussi habile que n'importe quel autre personnage, soumet sans sourciller deux énormes colosses dans un combat à main(s) nue(s) (non mais quelle blague), etc... les exemples sont légions et franchement ça décrédibilise encore une fois le récit.
- Le scénario est bâclé et sans surprise (spoiler). Quand le neveu du bouncer tue trois hommes en passe de violer la maîtresse, il n'y a aucune répercussion, on n'en fait simplement plus allusion comme si il était normal de butter trois gaillards n'ayant encore commis aucun crime. Pourtant ce sont des hommes de main des puissants de la région... quid ? Ils refusent que la maîtresse donne cours à tous les élèves quelques soient leurs origines sociales et envoient quelques rustres la violer histoire qu'elle comprenne mais quand ces même trois gaillards sont abattus, plus rien... Allons, un peu de bon sens pardi !
Vers la fin du tome 2, le bouncer élabore un plan pour coincer son frère la main dans le sac, en plein larcin, afin de lui faire la peau. Ok l'idée est intéressante mais sa réalisation est un échec, on expédie tout cela comme si il était facile d'amener n'importe qui à commettre n'importe quoi, n'importe où... Le vilain frère ne se doute de rien, lance ses chiens à la poursuite d'une diligence, dans laquelle, en plus de tout, se trouve sa fille (super de lui faire encourir tous ces risques pour quelques dollars).
D'ailleurs ce vilain frère, après que l'armée confédérée ait été démise, continue d'écumer la région comme si de rien n'était, amassant une fortune gargantuesque qui n'est remise en question par aucun personnage de la série... ben voyons.
Bref, des incohérence je peux vous en citer 20 sans exagérer dans ces deux albums... un peu trop à mon goût...
- La profondeur des personnages est vide, je ne me suis attaché à aucun protagoniste. Les personnages sont mal et peu travaillés, ça se ressent énormément dans les dialogues qui sont pour ainsi dire insignifiants.
- Beaucoup de planches inutiles qui n'ajoutent rien à l'intrigue et donc forcément une intrigue propulsée à toute vitesse, survolée, bâclée..
Il est certain que je me lancerai dans la suite de cette série, j'ai hâte de découvrir les albums dans lesquels Boucq opère en seul maître, Jodorowsky n'étant absolument pas au niveau, un beau massacre du genre.
Up : lecture des tomes 3,4 & 5 (cycle complet), si le tome 3 m'a donné quelques espoirs par son réalisme plus que prometteur (le manchot ramené sur terre, face à son impuissance) et sa noirceur, les deux suivants m'ont à nouveau déçus, de la même façon que les deux premiers tomes de la saga.
La collection Marvel Noir plonge les grandes figures de la Maison des Idées dans une atmosphère de roman noir au milieu des années 1930.
C'est au tour du personnage du Punisher de passer à la moulinette noire, car la version que propose Frank Tieri est bien différente de l'original puisqu'il en modifie les origines. Des origines qui prennent une grande place dans la première moitié de la BD.
L'action se déroule pour la plus grande partie en 1935 avec quelques flash-back en 1918 et 1928 pour planter l'intrigue.
Un polar qui repose sur la vengeance, l'action se déroule dans le bronx où la pègre fait sa lois.
Mais voilà, le scénario tient sur une feuille à cigarette et l'ensemble est trop, trop invraisemblable.
Par contre, l'action est au rendez-vous du début à la fin (avec une grosse pincée de violence), ce qui m'a permis d'arriver au bout du récit.
Côté dessin, le Punisher est aussi transformé puisqu'il porte un masque imprimé d'une tête de mort.
Paul Azaceta s'occupe des trois premiers chapitres, tandis que le dernier est réalisé par Antonio Fuso. Un ensemble cohérent.
Un rendu très sombre où les scènes de combat manquent de dynamisme et un trait grossier qui ne permet pas toujours de reconnaître certains des personnages au premier coup d'œil.
Un album que je vais vite oublier.
Encore une fois, je suis parfaitement hermétique au choix du Festival d'Angoulême. Il faut dire que je n'ai jamais été convaincu par un album de Daniel Clowes, mais celui-là j'ai eu vraiment du mal à aller jusqu'au bout.
Je n'ai aucun reproche à lui faire sur le plan graphique. J'aime bien l'épure et l'élégance de son trait.
Mais c'est l'histoire elle-même, ou les histoires, qui ne m'ont pas plu. Il m'a fallu plusieurs chapitres pour comprendre qu'ils formaient une forme de fresque décousue autour de la vie de cette fameuse Monica avec comme fil rouge la recherche de sa mère puis de son père. Pour autant, il y a certains chapitres dont je garde l'impression qu'ils n'ont rien à voir avec le sujet. Mais qu'ils soient liés ou pas, je les ai tous trouvés verbeux, mous et abscons. Je n'ai pas du tout été charmé par l'ambiance qui s'en dégageait et j'ai détesté les dialogues et la mise en scène. Et pourtant je reconnais qu'il y a là pas mal d'idées originales, de moments assez surprenants, mais ils n'ont pas suffi à contrebalancer la pénibilité que j'ai eu à les lire.
En fait, j'ai trouvé ma lecture désagréable et je n'ai pas un bon souvenir.
Je suis à la limite de mettre une étoile et non deux.
Ce recueil de gags fait peu rire, parfois sourire, c'est typiquement une BD d'hypermarché ou de salon d'attente. Pourtant dans cette catégorie, il y a des réussites. Mais pas ici...
Le dénommé Mickay a loupé sa partie, reprenant souvent des blagues connues, sans rien y apporter. Parfois, à la fin de la page, on souhaite la tourner pour découvrir la vraie chute, mais non, il n'y en a pas, tellement le gag tombe à plat, ce qui est ironique pour une BD qui se déroule en montagne :)
Bauer (le dessinateur) a fait son job. Souvent, il dessine avec application, mais parfois on découvre des vignettes copiées-collées avec un agrandissement pas très esthétique. Peut-être était-il pressé par le temps ou bien avait-il conscience que cet album n'allait pas être une franche réussite ? Néanmoins, c'est le dessin qui sauve cette BD du naufrage.
Petite tricherie : les gags commencent à la page 3 et finissent en page 40. Mais je connais des albums n'ayant que 32 pages.
Le verdict a été simple : cette série s'est limitée à un seul tome. Je comprends pourquoi.
Je n'ai pas accroché à cette biographie très détaillée de l'écrivain irlandais. Joyce ne fait pas partie de mon horizon littéraire. Pourtant Ulysse fut un incontournable des listes de lectures que mes profs nous donnaient pour meubler nos vacances.
Mais je suis assez loin de l'écriture expérimentale que souvent on fait semblant d'admirer pour être dans le coup. De toute façon Zapico n'approfondit pas vraiment le côté artistique de Joyce. J'ai eu l'impression de lire un article encyclopédique à la chronologie rigoureuse qui fait autant la place à la politique internationale du temps qu'à la vie de Joyce.
C'est donc bourré d'anecdotes sur les études, les frasques, les rencontres, les voyages ou les engagements de Joyce. Au bout d'un moment j'ai vite été lassé par des épisodes assez insignifiants qui n'apportaient pas grand-chose à la série.
Je suis partagé sur le graphisme de Zapico. J'ai beaucoup aimé la richesse des détails extérieurs et des ambiances produites. Je suis plus réservé sur les personnages, souvent en scènes statiques, qui ne donnent pas une grande expressivité ni un fort dynamisme au récit.
Une lecture longue et décevante qui ne m'a pas donné envie de me plonger dans l'œuvre de Joyce.
Un délire cet album mais à l’intérêt très faible.
On retrouve à la barre Ryan Ottley, le dessinateur d’Invincible. Niveau dessins, ses fans seront assez déçus, on ne retrouve pas son trait habituel, ici c’est bien plus lâché et vite fait.
En fait, à la base cette histoire était un délire entre 2 potes dessinateurs lors de festoch’. L’un mettait en scène Grizzlyshark - la menace de la forêt, alors que l’autre devait s’occuper de Seabear - la terreur des profondeurs … Finalement un seul des deux a été prolifique et s’est approprié l’univers à ses heures perdues pour nous fournir le présent album.
Bon le moins que l’on puisse dire c’est que le résultat est très limité, l’idée de base est marrante (inverser le requin et l’ours dans leur habitacle respectif), ça m’a amusé 30 sec. de voir un aileron au dessus de la cime des arbres, mais ça peinera à vous tenir sur la longueur, à moins vraiment d’être fan absolu de navets comme Shark attack, Sharknado etc …
En plus, l’humour y est assez lourd (voir la galerie), il y a quand même quelques planches intermédiaires qui m’ont fait sourire quand on voit le dîner de notre requin des bois.
Aurélien Ducoudray adapte ici un roman de Malaparte (« Compagnon de voyage »), que je ne connais pas.
L’intrigue se déroule dans le sud de l’Italie en 1943, alors que les Alliés chassent progressivement les forces de l’Axe (mais cet aspect ne forme qu'un lointain arrière-plan). Nous suivons un soldat italien, un peu perdu, qui convoie dans une simple caisse le corps d’un officier à qui il a fait la promesse de ramener son corps à sa famille.
J’ai eu du mal à entrer dans cette histoire, et j’en suis sorti avec un ressenti mitigé, sur ma faim en tout cas.
D’abord parce que le dessin de Thomas Azuélos – qui possède de réelles qualités et est plutôt original – n’est pas de ceux qui m’attirent.
Ensuite parce que le récit manque de densité (je ne sais pas ce que Ducoudray a ôté ou ajouté au récit originel). Pas toujours facile à suivre, parfois un peu long.
Reste une peinture de l’Italie au bord du gouffre, les déplacés, le quotidien des migrants contraints, que l’on croise au fil des pages : un aspect intéressant du récit. Mais je n’ai pas accroché aux personnages, hélas.
Une petite déception me concernant, mais c’est peut-être affaire de goût seulement.
Note réelle 2,5/5.
Je pourrais reprendre mot pour mot l'avis d'Erik pour cette série. J'ai trouvé le scénario assez fatras avec une compilation artificielle des grands noms de l'époque (réels ou fictifs) autour d'une histoire où le rôle titre n'apparait qu'en fin de tome 1.
J'ai trouvé notre Sherlock bien aimé encore plus froid et impersonnel que d'habitude.
Cela s'ajoute à un dessin assez réaliste très sombre qui joue sur des visages souvent déformés, ce qui m'a rendu la lecture déplaisante.
Une déception.
C'est dans une location de vacances que j'ai découvert par hasard ce très vieil album paru en 1956 d'une série que j'ignorais totalement : Nique et Prune. Lisette Présente : L'étrange croisière du Kara-Ko. Couvertures et planches colorées, ligne claire à l'ancienne, tout cela sentait bon la désuétude charmante. Autant dire que j'étais très heureux de découvrir cette rareté.
Sauf que le contenu est nettement moins enthousiasmant...
Graphiquement déjà, même si je suis amateur de ligne claire, je la trouve ici très limitée techniquement. Les personnages sont très enfantins, grosses têtes et petits corps aux anatomies très approximatives, décors et véhicules tout aussi enfantins et mise en scène très amatrice. Les protagonistes deviennent en outre rapidement énervants avec leur panel d'expressions faciles ultra-réduits, très majoritairement une bouche en cul de poule, aussi bien pour les enfants que pour le chien Crokoss. La seule originalité graphique, c'est la pie Prune qui est un drôle d'hybride d'oiseau et de marin malabar aux gros bras, ses ailes étant en effet des bras démesurés.
C'est aussi la pie Prune qui a la seule personnalité intéressante de la série. Nique est une fille pénible qui prend son ami Pat de haut et le réprimande avec mauvaise foi en permanence. Pat est un jeune idiot naïf qui se laisse trop faire. Le chien Crokoss est inexistant hormis quelques actions d'éclats où il se jette à l'eau ou dans la bagarre. Et cette fameuse pie Prune se révèle initialement assez agaçante du fait de son arrogance et de sa manière de tout commenter et juger avec égocentrisme, mais ce caractère là devient finalement assez amusant sur la longueur, en réalité parce qu'on finit par le prendre au second degré et à en rire.
Quant aux aventures que vivent Nique et Prune dans ce seul album indépendant qui est paru à ce jour, ce sont vraiment des aventures jeunesse à l'ancienne : une somme de clichés stéréotypés et un enchainement de péripéties destinées à combler la soixantaine de pages de l'album. Ca commence avec l'objectif de faire un week-end de voile, puis on passe à une histoire de débrouillardise des jeunes héros qui errent sur les flots sans savoir manœuvrer leur bateau, puis ils se retrouvent dans les grottes d'une île mystérieuse, puis emprisonnés par un savant fou, puis à combattre un serpent de mer, puis naufragés sur une autre île, puis à combattre le voleur d'un véhicule marin novateur, avant de finalement revenir à terre... Tout parait gratuit, sans continuité, sans enjeu. Les planches sont en outre très bavardes, voire péniblement verbeuses, donc pas vraiment adaptées aux très jeunes lecteurs à qui l'intrigue semble destinée.
Cela ne serait pas grave si les personnages étaient attachants et que ça faisait plaisir de les suivre, mais ce n'est pas le cas, donc ma lecture fut fort laborieuse.
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Kurtzman a joué un rôle important pour une certaine BD anticonformiste, humoristique, aux États-Unis, en particulier avec le magazine Mad, et Goscinny (qui l’a rencontré et bien connu) et Gotlib – deux génies de l’humour francophone – ont à plusieurs reprises dit tout ce qu’ils lui devaient. Mais ceci dit, je suis sorti déçu de cette lecture (comme je l’avais été d’une œuvre bien plus ancienne, "C'est la jungle" – seul Hé les mecs ! m’a vraiment plu pour le moment). C’est une œuvre collective tardive, pour laquelle Kurtzman a fait appel pour l’accompagner au dessin à quelques amis ou auteurs qu’il admire (voir les détails dans la fiche de l’album). Le résultat est globalement décevant. Kurtzamn développe de courtes histoires dans des univers très variés, mais ne m’a pas vraiment fait rire. Seuls quelques passages (des détails dans certaines cases de « Shmegeggi, l’homme des cavernes » ou de « Un vampire nommé Mel » en particulier) sont assez loufoques pour m’intéresser. Mais l’ensemble est moyen globalement (y compris l’hommage de Crumb en début d’album). Les deux dernières histoires sont les moins intéressantes, avec en plus un dessin que je n’ai pas du tout aimé. On a clairement là une vieillerie à réserver aux complétistes de Kurtzman. J’en attendais sans doute trop.
Bouncer
Amoureux du western, cela fait des mois que j'attends de me plonger dans ce qui paraît être le nectar du genre : Bouncer ! Je me suis donc lancé dans la lecture du premier cycle (les deux premiers tomes) et mon avis portera seulement sur ces albums. J'adore le dessin de Boucq, que ce soit dans Jérôme Moucherot ou encore dans les couvertures des San-Antonio, ce gars là à un talent indéniable, tant au niveau du dessin que du scénario (même si ici on ne le lui doit pas, Jodorowsky est à la barre). Je retrouve donc la patte que j'aime, à ce niveau rien de plus à ajouter, je ne suis guère déçu. Ce qui pèche le plus, pour rester courtois, c'est le scénario. Comment peut-on élever une série au rang de culte quand le scénario est aussi grotesque ? Franchement c'est à n'y rien comprendre, j'en perds mon latin tellement les aberrations s'enchaînent à une vitesse effrénée... Énumérons donc ces quelques, trop nombreux, points négatifs : - Pour commencer, le scénario est beaucoup trop classique, bien qu'il y ait de bonnes idées. On se retrouve plongé dans une bête quête de vengeances où l'on connecte avec les codes habituels, initiation à la violence et à la maîtrise des armes, heureux mentor sorti d'on ne sait où qui n'a que ça à foutre, etc... bref du prémaché irrationnel et peu crédible (mais qui bien maîtrisé peu donner lieu à quelqu'albums sympathiques et distrayants). - Quand je me suis intéressé à la série, j'ai adhéré à l'idée d'un héros manchot, un infirme dans un far-west mais quelle source d'inspiration, splendide !! Or, ici, que le héros soit manchot, cul de jatte, estropié ou simplement entier ne fait (et ne ferait) aucune différence ... il est aussi habile que n'importe quel autre personnage, soumet sans sourciller deux énormes colosses dans un combat à main(s) nue(s) (non mais quelle blague), etc... les exemples sont légions et franchement ça décrédibilise encore une fois le récit. - Le scénario est bâclé et sans surprise (spoiler). Quand le neveu du bouncer tue trois hommes en passe de violer la maîtresse, il n'y a aucune répercussion, on n'en fait simplement plus allusion comme si il était normal de butter trois gaillards n'ayant encore commis aucun crime. Pourtant ce sont des hommes de main des puissants de la région... quid ? Ils refusent que la maîtresse donne cours à tous les élèves quelques soient leurs origines sociales et envoient quelques rustres la violer histoire qu'elle comprenne mais quand ces même trois gaillards sont abattus, plus rien... Allons, un peu de bon sens pardi ! Vers la fin du tome 2, le bouncer élabore un plan pour coincer son frère la main dans le sac, en plein larcin, afin de lui faire la peau. Ok l'idée est intéressante mais sa réalisation est un échec, on expédie tout cela comme si il était facile d'amener n'importe qui à commettre n'importe quoi, n'importe où... Le vilain frère ne se doute de rien, lance ses chiens à la poursuite d'une diligence, dans laquelle, en plus de tout, se trouve sa fille (super de lui faire encourir tous ces risques pour quelques dollars). D'ailleurs ce vilain frère, après que l'armée confédérée ait été démise, continue d'écumer la région comme si de rien n'était, amassant une fortune gargantuesque qui n'est remise en question par aucun personnage de la série... ben voyons. Bref, des incohérence je peux vous en citer 20 sans exagérer dans ces deux albums... un peu trop à mon goût... - La profondeur des personnages est vide, je ne me suis attaché à aucun protagoniste. Les personnages sont mal et peu travaillés, ça se ressent énormément dans les dialogues qui sont pour ainsi dire insignifiants. - Beaucoup de planches inutiles qui n'ajoutent rien à l'intrigue et donc forcément une intrigue propulsée à toute vitesse, survolée, bâclée.. Il est certain que je me lancerai dans la suite de cette série, j'ai hâte de découvrir les albums dans lesquels Boucq opère en seul maître, Jodorowsky n'étant absolument pas au niveau, un beau massacre du genre. Up : lecture des tomes 3,4 & 5 (cycle complet), si le tome 3 m'a donné quelques espoirs par son réalisme plus que prometteur (le manchot ramené sur terre, face à son impuissance) et sa noirceur, les deux suivants m'ont à nouveau déçus, de la même façon que les deux premiers tomes de la saga.
Punisher Noir
La collection Marvel Noir plonge les grandes figures de la Maison des Idées dans une atmosphère de roman noir au milieu des années 1930. C'est au tour du personnage du Punisher de passer à la moulinette noire, car la version que propose Frank Tieri est bien différente de l'original puisqu'il en modifie les origines. Des origines qui prennent une grande place dans la première moitié de la BD. L'action se déroule pour la plus grande partie en 1935 avec quelques flash-back en 1918 et 1928 pour planter l'intrigue. Un polar qui repose sur la vengeance, l'action se déroule dans le bronx où la pègre fait sa lois. Mais voilà, le scénario tient sur une feuille à cigarette et l'ensemble est trop, trop invraisemblable. Par contre, l'action est au rendez-vous du début à la fin (avec une grosse pincée de violence), ce qui m'a permis d'arriver au bout du récit. Côté dessin, le Punisher est aussi transformé puisqu'il porte un masque imprimé d'une tête de mort. Paul Azaceta s'occupe des trois premiers chapitres, tandis que le dernier est réalisé par Antonio Fuso. Un ensemble cohérent. Un rendu très sombre où les scènes de combat manquent de dynamisme et un trait grossier qui ne permet pas toujours de reconnaître certains des personnages au premier coup d'œil. Un album que je vais vite oublier.
Monica
Encore une fois, je suis parfaitement hermétique au choix du Festival d'Angoulême. Il faut dire que je n'ai jamais été convaincu par un album de Daniel Clowes, mais celui-là j'ai eu vraiment du mal à aller jusqu'au bout. Je n'ai aucun reproche à lui faire sur le plan graphique. J'aime bien l'épure et l'élégance de son trait. Mais c'est l'histoire elle-même, ou les histoires, qui ne m'ont pas plu. Il m'a fallu plusieurs chapitres pour comprendre qu'ils formaient une forme de fresque décousue autour de la vie de cette fameuse Monica avec comme fil rouge la recherche de sa mère puis de son père. Pour autant, il y a certains chapitres dont je garde l'impression qu'ils n'ont rien à voir avec le sujet. Mais qu'ils soient liés ou pas, je les ai tous trouvés verbeux, mous et abscons. Je n'ai pas du tout été charmé par l'ambiance qui s'en dégageait et j'ai détesté les dialogues et la mise en scène. Et pourtant je reconnais qu'il y a là pas mal d'idées originales, de moments assez surprenants, mais ils n'ont pas suffi à contrebalancer la pénibilité que j'ai eu à les lire. En fait, j'ai trouvé ma lecture désagréable et je n'ai pas un bon souvenir.
Planète Randonneurs
Je suis à la limite de mettre une étoile et non deux. Ce recueil de gags fait peu rire, parfois sourire, c'est typiquement une BD d'hypermarché ou de salon d'attente. Pourtant dans cette catégorie, il y a des réussites. Mais pas ici... Le dénommé Mickay a loupé sa partie, reprenant souvent des blagues connues, sans rien y apporter. Parfois, à la fin de la page, on souhaite la tourner pour découvrir la vraie chute, mais non, il n'y en a pas, tellement le gag tombe à plat, ce qui est ironique pour une BD qui se déroule en montagne :) Bauer (le dessinateur) a fait son job. Souvent, il dessine avec application, mais parfois on découvre des vignettes copiées-collées avec un agrandissement pas très esthétique. Peut-être était-il pressé par le temps ou bien avait-il conscience que cet album n'allait pas être une franche réussite ? Néanmoins, c'est le dessin qui sauve cette BD du naufrage. Petite tricherie : les gags commencent à la page 3 et finissent en page 40. Mais je connais des albums n'ayant que 32 pages. Le verdict a été simple : cette série s'est limitée à un seul tome. Je comprends pourquoi.
James Joyce - L'Homme de Dublin
Je n'ai pas accroché à cette biographie très détaillée de l'écrivain irlandais. Joyce ne fait pas partie de mon horizon littéraire. Pourtant Ulysse fut un incontournable des listes de lectures que mes profs nous donnaient pour meubler nos vacances. Mais je suis assez loin de l'écriture expérimentale que souvent on fait semblant d'admirer pour être dans le coup. De toute façon Zapico n'approfondit pas vraiment le côté artistique de Joyce. J'ai eu l'impression de lire un article encyclopédique à la chronologie rigoureuse qui fait autant la place à la politique internationale du temps qu'à la vie de Joyce. C'est donc bourré d'anecdotes sur les études, les frasques, les rencontres, les voyages ou les engagements de Joyce. Au bout d'un moment j'ai vite été lassé par des épisodes assez insignifiants qui n'apportaient pas grand-chose à la série. Je suis partagé sur le graphisme de Zapico. J'ai beaucoup aimé la richesse des détails extérieurs et des ambiances produites. Je suis plus réservé sur les personnages, souvent en scènes statiques, qui ne donnent pas une grande expressivité ni un fort dynamisme au récit. Une lecture longue et décevante qui ne m'a pas donné envie de me plonger dans l'œuvre de Joyce.
Grizzlyshark
Un délire cet album mais à l’intérêt très faible. On retrouve à la barre Ryan Ottley, le dessinateur d’Invincible. Niveau dessins, ses fans seront assez déçus, on ne retrouve pas son trait habituel, ici c’est bien plus lâché et vite fait. En fait, à la base cette histoire était un délire entre 2 potes dessinateurs lors de festoch’. L’un mettait en scène Grizzlyshark - la menace de la forêt, alors que l’autre devait s’occuper de Seabear - la terreur des profondeurs … Finalement un seul des deux a été prolifique et s’est approprié l’univers à ses heures perdues pour nous fournir le présent album. Bon le moins que l’on puisse dire c’est que le résultat est très limité, l’idée de base est marrante (inverser le requin et l’ours dans leur habitacle respectif), ça m’a amusé 30 sec. de voir un aileron au dessus de la cime des arbres, mais ça peinera à vous tenir sur la longueur, à moins vraiment d’être fan absolu de navets comme Shark attack, Sharknado etc … En plus, l’humour y est assez lourd (voir la galerie), il y a quand même quelques planches intermédiaires qui m’ont fait sourire quand on voit le dîner de notre requin des bois.
Il ne devra plus y avoir d'orphelins sur cette terre
Aurélien Ducoudray adapte ici un roman de Malaparte (« Compagnon de voyage »), que je ne connais pas. L’intrigue se déroule dans le sud de l’Italie en 1943, alors que les Alliés chassent progressivement les forces de l’Axe (mais cet aspect ne forme qu'un lointain arrière-plan). Nous suivons un soldat italien, un peu perdu, qui convoie dans une simple caisse le corps d’un officier à qui il a fait la promesse de ramener son corps à sa famille. J’ai eu du mal à entrer dans cette histoire, et j’en suis sorti avec un ressenti mitigé, sur ma faim en tout cas. D’abord parce que le dessin de Thomas Azuélos – qui possède de réelles qualités et est plutôt original – n’est pas de ceux qui m’attirent. Ensuite parce que le récit manque de densité (je ne sais pas ce que Ducoudray a ôté ou ajouté au récit originel). Pas toujours facile à suivre, parfois un peu long. Reste une peinture de l’Italie au bord du gouffre, les déplacés, le quotidien des migrants contraints, que l’on croise au fil des pages : un aspect intéressant du récit. Mais je n’ai pas accroché aux personnages, hélas. Une petite déception me concernant, mais c’est peut-être affaire de goût seulement. Note réelle 2,5/5.
M.O.R.I.A.R.T.Y
Je pourrais reprendre mot pour mot l'avis d'Erik pour cette série. J'ai trouvé le scénario assez fatras avec une compilation artificielle des grands noms de l'époque (réels ou fictifs) autour d'une histoire où le rôle titre n'apparait qu'en fin de tome 1. J'ai trouvé notre Sherlock bien aimé encore plus froid et impersonnel que d'habitude. Cela s'ajoute à un dessin assez réaliste très sombre qui joue sur des visages souvent déformés, ce qui m'a rendu la lecture déplaisante. Une déception.
Nique et Prune
C'est dans une location de vacances que j'ai découvert par hasard ce très vieil album paru en 1956 d'une série que j'ignorais totalement : Nique et Prune. Lisette Présente : L'étrange croisière du Kara-Ko. Couvertures et planches colorées, ligne claire à l'ancienne, tout cela sentait bon la désuétude charmante. Autant dire que j'étais très heureux de découvrir cette rareté. Sauf que le contenu est nettement moins enthousiasmant... Graphiquement déjà, même si je suis amateur de ligne claire, je la trouve ici très limitée techniquement. Les personnages sont très enfantins, grosses têtes et petits corps aux anatomies très approximatives, décors et véhicules tout aussi enfantins et mise en scène très amatrice. Les protagonistes deviennent en outre rapidement énervants avec leur panel d'expressions faciles ultra-réduits, très majoritairement une bouche en cul de poule, aussi bien pour les enfants que pour le chien Crokoss. La seule originalité graphique, c'est la pie Prune qui est un drôle d'hybride d'oiseau et de marin malabar aux gros bras, ses ailes étant en effet des bras démesurés. C'est aussi la pie Prune qui a la seule personnalité intéressante de la série. Nique est une fille pénible qui prend son ami Pat de haut et le réprimande avec mauvaise foi en permanence. Pat est un jeune idiot naïf qui se laisse trop faire. Le chien Crokoss est inexistant hormis quelques actions d'éclats où il se jette à l'eau ou dans la bagarre. Et cette fameuse pie Prune se révèle initialement assez agaçante du fait de son arrogance et de sa manière de tout commenter et juger avec égocentrisme, mais ce caractère là devient finalement assez amusant sur la longueur, en réalité parce qu'on finit par le prendre au second degré et à en rire. Quant aux aventures que vivent Nique et Prune dans ce seul album indépendant qui est paru à ce jour, ce sont vraiment des aventures jeunesse à l'ancienne : une somme de clichés stéréotypés et un enchainement de péripéties destinées à combler la soixantaine de pages de l'album. Ca commence avec l'objectif de faire un week-end de voile, puis on passe à une histoire de débrouillardise des jeunes héros qui errent sur les flots sans savoir manœuvrer leur bateau, puis ils se retrouvent dans les grottes d'une île mystérieuse, puis emprisonnés par un savant fou, puis à combattre un serpent de mer, puis naufragés sur une autre île, puis à combattre le voleur d'un véhicule marin novateur, avant de finalement revenir à terre... Tout parait gratuit, sans continuité, sans enjeu. Les planches sont en outre très bavardes, voire péniblement verbeuses, donc pas vraiment adaptées aux très jeunes lecteurs à qui l'intrigue semble destinée. Cela ne serait pas grave si les personnages étaient attachants et que ça faisait plaisir de les suivre, mais ce n'est pas le cas, donc ma lecture fut fort laborieuse.