2.5
Je ne savais pas trop si j'allais mettre 2 ou 3 étoiles et finalement je trouve que "bof" est ce qui se rapprochait le plus de mon état d'esprit une fois que j'ai refermé l'album.
Je me reconnais dans l'avis de Mac Arthur. Cela commence quand même pas mal avec ce jeune garçon qui reprend le bar clandestin de son père récemment décédé et qui fait face à des problèmes avec comme toile de fond le retour de sa mère qui l'a abandonné il y a des années.
On est dans du pur roman graphique avant de basculer soudainement dans du thriller. Ce n'est pas pour me déplaire parce que c'est un genre que je préfère sauf qu'à ce moment le scénario part en vrille. Il y a des scènes où je ne suis pas certains s'il faut les prendre comme des métaphores ou accepter qu'il y a tout à coup une touche fantastique dans le récit. Je ne pense pas avoir bien compris où l'auteur voulait en venir.
Dans la postface, l'auteur explique qu'il a pris presque un an pour réaliser cet album et c'était pendant une année où il a vécu des gros bouleversements dans sa vie et cela a nourri l'album, ce qui est selon moi la cause du fait que le récit semble un peu décousu.
C'est dommage parce que le dessin est très bon et il y a des scènes qui sont très bonnes si on les sort individuellement du récit. C'est juste que si on les met ensemble on se rend compte que ça part tout de même dans tous les sens.
J'ai acheté ce triptyque après avoir apprécié les séries d'Olivier Ledroit Requiem, Chevalier Vampire et Wika dans une moindre mesure.
Je suis effectivement fan de son trait si particulier et de ses planches aux cadrages originaux et qui fourmillent de détails. Côté dessin, je n'ai donc pas été surpris même si, s'agissant d'une œuvre datant de 1996, j'ai trouvé le trait de Ledroit un peu plus épais et moins précis que dans les séries que j'ai citées précédemment. Les scènes d'action font parfois un peu fouillis et le lecteur a du mal à s'y retrouver.
Mais ma plus grand déception réside dans le scénario. Bien que l'ambiance cyberpunk est sympa, il s'agit ici d'une banale histoire de résurrection sur fond de vengeance. L'ensemble est convenu et les personnages très caricaturaux et peu attachants. On parcourt ainsi l'ensemble des trois tomes de manière très détachée sans se soucier forcément de ce qui arrivera à l'héroïne.
Une BD à emprunter à la médiathèque si on aime le style cyberpunk.
Originalité - Histoire : 3/10
Dessin - Mise en couleurs : 6/10
NOTE GLOBALE : 9/20
Continuité rétroactive
-
C'est l'histoire d'un scénariste surdoué à qui Joe Quesada confie la lourde tâche de ramener les X-Men sur le devant de la scène. Ed Brubaker sait écrire des histoires qui frappent l'imagination que ce soit avec Captain America, avec Daredevil ou ses propres créations (Criminal, Fatale). Il semblait donc tout naturel de le charger de cette tâche. Il commence avec une minisérie en 6 épisodes qui sont regroupés dans ce recueil.
L'action commence peu de temps après House of M, la population des mutants a été réduite à sa portion congrue et l'énergie ainsi libérée réveille un mutant qui sommeillait dans un astéroïde. À partir de là certains X-Men (Kurt Wagner, Kitty Pride, Piotr Rasputin, Rachel Summers, Alex Summers) commencent à avoir des hallucinations, Cyclops et Marvel Girl sont fait prisonniers par le mystérieux mutant dans un bâtiment qui leur rappelle vaguement quelque chose, Emma Frost attrape une migraine carabinée suite à un dysfonctionnement de Cerebra, Sean Cassidy aperçoit le spectre de Moira MacTaggert et a un accident d'avion fatal. L'histoire principale est en fait assez linéaire avec le criminel qui fait souffrir les 2 Summers et les autres X-Men qui cherchent à comprendre ce qui se passe et à retrouver le père et sa presque fille.
L'histoire principale est illustrée par Travor Hairsine et son style est passe partout, terne et sans éclat. Il n'est pas mauvais, il est juste fade et passable. Les illustrations sont fonctionnelles sans détails marquants, sans scène d'action qui vous saute aux yeux, sans visage remarquable. C'est fonctionnel, vite oublié et insuffisant pour créer le niveau d'immersion requis.
Chacun des 5 premiers épisodes est complété par un flashback qui introduit un nouveau mutant : Petra, Darwin, Sway et Vulcan (plus un épisode du passé d'Emma Frost). Ces saynètes servent à amorcer un début d'épaisseur à ces nouveaux personnages. Mais elles se révèlent vite trop courtes pour provoquer l'empathie du lecteur et répétitives dans le destin des parents de chacun des protagonistes. Pete Woods illustre ces pages dans un style plus travaillé et plus personnel qui peut ne pas plaire mais qui a l'avantage d'attirer l'attention.
Au final, cette histoire présente beaucoup de défauts. Il est difficile d'accrocher à l'intrigue tellement elle est linéaire et les personnages restent trop lointains pour que le lecteur puisse partager leurs émotions. Les dessins sont très quelconques. Et le fond de l'histoire repose sur l'introduction d'éléments qui artificiels qui viennent entacher Charles Xavier et qui constituent des révélations à posteriori sur les événements du célèbre Giant Size X-Men 1 de 1975 instaurant une continuité rétroactive (retcon) difficile à digérer.
Ce recueil est donc à conseiller aux accros de la continuité qui veulent absolument savoir d'où vient Gabriel Summers (le troisième frère annoncé dans X-Men 23 de 1993 par Fabian Nicieza et qui aurait pu être Adam X).
2.5
Une chouette converture à l'ancienne mais c'est tout ce que j'en retiendrai.
L'histoire est tarabiscotée pour les plus jeunes et trop planplan pour les plus grands connaissant le contexte historique.
Notre quatuor de héros est assez bien croqué à l'ancienne également mais le reste... ces cowboys semblant clonés, ces décors parfois très vides... à moins que ce soit fait pour sembler également vintage, lorsqu'il fallait débiter les albums pour un hebdo.
Il y a quelques idées bien trouvées comme le suaire du Che mais ça ne suffit pas à freiner la vitesse de pagination.
Histoire réchauffée avec des personnages sans profondeur et détestables.
Je comprends que certaines personnes sont bornées et idiotes, ça fait partie de la vie. Mais quand on retrouve ces caractéristiques dans le personnage titulaire, ça devient rapidement frustrant. Il ne faut que 3 pages à notre Eigyr pour prendre une décision complètement insensée qui fait démarrer l'histoire, et ça continue jusqu'à la fin, au point qu'on vient à se mettre du côté des méchants qui ont moins l'air semi-compétents.
L'histoire n'a rien d'original. Une prophétie, encore. Il faut tuer les nouveau-nés, encore. Les gentils attendent à un endroit X auquel il faut se rendre. C'est une poursuite sur plus de 100 pages avec peu de revirements, outre la finale qui, bien qu'elle surprend, ne change absolument rien à l'histoire. Le résultat aurait été le même sans le twist.
Le dessin, ça va. C'est plutôt grossier et remplis de courbes, mais ça a son style. Cela dit, pour une BD dans laquelle il ne se passe pas grand chose, ce n'est pas ce qu'il y a de plus immergeant.
Comme l'autre avis le mentionne, on se demande ça a été fait pour qui. Il n'y a aucun humour. Il n'y a pas vraiment de gore. Il n'y a 2-3 pages dédiées au mysticisme. L'histoire est très de base et n'apporte pas vraiment de questionnements. À éviter.
Comme ma notation le montre, j'ai été très déçu par cette série. Pourtant elle avait tout pour me séduire avec des auteurs prestigieux, une collection de qualité et des thématiques auxquelles je suis sensible. En effet je connais bien la mixité dans le couple car je suis papa d'un enfant métis franco-africain.
Après un début intéressant avec ce jeune séminariste qui quitte le séminaire de Dakar pour entrer dans la Coloniale sur injonction du père suivi d'une scène de crime de guerre raciste le reste m'a désorienté voire franchement déplu en de nombreux passages.
J'ai trop en mémoire l'excellent Le Tirailleur d'Alain Bujak pour me satisfaire de cette carte postale utopique et fantasmée sur la détention des soldats coloniaux pendant l'Occupation.
Rien ne sonne juste dans le scénario, ni l'ambiance bon enfant où des prisonniers en uniformes non marqués du KG (Kriegsgefangener) réglementaire se balade presque comme bon leur semble, ni la vision délirante de troupes allemandes toutes gentilles encore moins la psychologie des principaux personnages du récit.
Car enfin, comment accepter sans frémir un dialogue entre le père et sa belle-fille (p33) où les deux passent son fils unique / son mari pour mort sans autre état d'âme parce qu'il est porté disparu depuis... 6 mois. "vivre dans le passé ne servirait à rien" dit la gentille Jeanne surtout à ne pas porter le deuil d'un homme qui a sacrifié sa vie pour sa famille... Six mois !! alors que les Américains ont recherché au Vietnam leurs POW ou leurs MIA pendant des décennies sans perdre espoir ! C'est d'ailleurs en complète contradiction avec la planche d'ouverture où les enfants se recueillent légitimement sur la tombe en mémoire de leur papa. Pire un père qui soigne le souvenir de son fils en accueillant l'occupant chez lui autour d'une bonne table (café, beurre, confiture et bon pain) puis pousse la chansonnette à ses "hôtes" avant de leur faire une courbette.
Dès ce passage j'ai eu du mal à continuer ma lecture. Mais cela continue de plus belle, un séminariste qui ne prie jamais, un pseudo stalag sans mirador où les habitants pouvaient passer des confitures à travers la clôture (pourquoi pas des armes pour s'évader ?), une ambiance burlesque à la Don Camillo/Pepone pas du tout dans l'esprit du moment.
Je ne veux pas dévoiler la fin du tome qui répond à la première planche pour relancer un récit bien pathétique à mes yeux.
Le graphisme cadrerait bien mieux avec un récit jeunesse et avec des thématiques bien moins sérieuses. J'ai trouvé l'ambiance fade, les personnages pas à leur place et l'expressivité souvent banale pour le contexte ainsi que plusieurs d'erreurs comme le KG.
Une lecture très bof pour les thématiques proposées.
Ayant récemment exploré une grande partie de l'univers de The Witcher, il me manquait une partie des comics dont la licence est gérée par CD Projekt Red, studio ayant réalisé les différents jeux inspirés de l'oeuvre d'Andrzej Sapkowski. Et ce malgré le fait que son nom apparaisse clairement sur la page de titre. Mais je m'égare.
Ce premier tome nous met donc peu de temps après l'une des fins alternatives de The Witcher 3, pas celle que j'ai choisie, à l'instar de mon camarade Ro. Mais il est intéressant de voir comment les scénaristes se sont emparés de cet univers pour explorer les interactions entre les deux sorceleurs Geralt et Cirilla, et la sorcière Yennefer. Une interaction pas simple, bien que les relations entre les trois soient assez cohérentes, eu égard à leurs caractères et à leur passif. Le récit fait en outre appel à un certain nombre d'éléments du background de la série originale, et des jeux. Il faut donc y avoir au minimum joué pour comprendre toutes les allusions. De plus le premier tome replonge le lecteur dans la première histoire du Sorceleur.
Le déroulement de l'histoire correspond bien à ce qu'il se passe dans le jeu vidéo : Geralt et ses compagnes sont engagés pour une tâche bien précise, mais les rencontres sur le chemin les détournent temporairement de leur but initial. On peut donc dire que sur le plan du background c'est fidèle au boulot des story designers polonais. La faune proposée est, elle, issue de l'imaginaire de Sapkowski, elle bénéficie même d'un petit topo spécifique en fin de volume. Mais cette profusion accuse aussi ses défauts : le récit en devient décousu, on se perd dans les sous-intrigues. Et si on a bien sûr la possibilité de revenir sur les planches du début, ce n'est quand même pas comparable aux jeux.
Sur le plan graphique, si Piotr Kowalski est seul aux manettes, son dessin manque parfois de rigueur pour qu'on prenne totalement du plaisir à cette déclinaison visuelle de l'univers créé par le "Tolkien polonais" (toutes proportions gardées) et développé par le studio compatriote.
Ces petits défauts sont suffisants pour entraver mon plaisir de lecture sur le premier volume, ce qui explique ma note de 2/5.
Dans le troisième tome Geralt erre comme une âme en peine, ne trouvant plus de monstre à chasser... Mais dans la petite ville de Badreine il se rend compte que quelque chose ne va pas, et que l'irruption de tous ces brumelins est due à un phénomène inhabituel. L'histoire est plutôt linéaire, loin d'être ennuyeuse, même si pas inoubliable. J'ai bien aimé, une fois encore, cette impression que le Sorceleur est sur le point de disparaître, avalé, devenu inutile... Sa condition est mise en miroir par celle du pêcheur désespéré qui lui propose de se joindre à lui, mais aussi par celle du mage, qui veut créer un paradis à tout prix à Badreine... Le graphisme d'Amid Mir est très différent de celui de ses devanciers, et j'ai eu un peu de mal au début. Mais son style brut de décoffrage se révèle assez efficace et procure une ambiance bien particulière à ce troisième opus.
Dans le premier volume d'intégrale tous ces récits sont présents, avec un inédit intitulé Le Bal des Monstres (Killing Monsters en VO). Geralt et Vesemir, toujours sur la trace de Yennefer, s'arrêtent dans un village en prise avec un fellion, une créature sylvestre semblable à un cervidé géant et humanoïde. Ils constatent aussi les déprédations perpétrées par un groupe de soldats niflgaardiens. la traque commence, et elle va être plus rude qu'attendu. Si la morale finale est intéressante (il faut parfois un monstre pour en tuer un autre), le cheminement du récit est relativement faible, je n'ai pas été vraiment passionné par celui-ci.
Le deuxième volume cmporte plusieurs récits inédits. La Complainte de la sorcière, renommé Les lamentations de la sorcière dans cette intégrale, propose un récit intéressent sur la culpabilité, la liberté des femmes à disposer de leur corps et introduise dans l'univers à la fois les Laimas, ces sorcières qui viennent en aide aux jeunes femmes, et une sorte de cercle d'alcooliques anonymes version sorcières. Intéressant, mais le dessin est juste abominable, c'était une torture d'essayer de voir ce qu'il se passait dans ces corps déformés, ces traits multiples sans aucune cohérence graphique.
Promenons-nous dans les bois est un court récit à consonance humoristique, avec notre sorceleur qui se retrouve en compagnie d'une fermière, en face du nekker qui vient de voler le porcelet de cette dernière. Quand survient la fille de celle-ci, accompagnée d'un ami armé d'une arbalète, tous les deux bien décidés à tuer le monstre que le sorceleur se refuse à occire. Et un autre protagoniste, dont l'action fait tout déraper.
A noter dans ces intégrales des entretiens avec des producteurs de chez CD PROJEKT RED, le studio ayant produit les jeux video (et co-détenteur de l'ensemble de la franchise avec Netflix) ainsi que des croquis, des couvertures variantes...
Bof bof et plus que bof. Et pourtant j’aime bien le genre harem.
J’ai tenu un tome et demi mais je jette l’éponge. Je ne suis jamais rentré dans le délire de l’auteure. Déjà vraiment pas fan de son dessin, je n’aime pas les têtes, mais rien d’autres ne m’a accroché dans cette série.
Les personnages que j’ai trouvé quelconque, aucun n’a eu grâce à mes yeux, il faut le faire !! Du coup à aucun moment l’humour a fonctionné avec moi.
Un bref instant je me suis dit que enfin, ça y est !! l’âge de la maturité (sur le sujet) est arrivé, voyant tous les défauts du genre, tant le contenu ne matchait pas … Et puis d’un coup j’ai réalisé que le fan service était quasi inexistant. Ce qui, blague à part, m’interroge encore plus sur mon cas.
Bref pas charmé ;)
Mouais.
Je n’ai pas été convaincu plus que ça par cette série. Ça se laisse lire, mais il y a des défauts qui m’ont gêné.
C’est du polar poisseux années 70, qui nous donne à voir quelques mafieux de la côte Est cherchant à développer la vente de drogue et à s’allier avec la « French Connection » (là où le film du même nom jouait essentiellement sur le côté français dans la région marseillaise). Ce qui accentue cet aspect seventies et les films de cette époque, c’est le personnage principal, Ruden, flic travaillant hors des cadres, trempant dans la mouise, avec un look qui le rapproche du Al Paccino de « Serpico ».
Voilà pour le décor, pas inintéressant en soi. Mais j’ai d’emblée été rebuté par le dessin. Dessin et colorisation sont souvent trop sombres et ne fluidifient pas la lecture.
Surtout, ce dessin est loin d’être parfait – indépendamment des affaires de goût. En effet, si les décors passent, les personnages sont clairement bien moins réussis. Les visages changent trop, proportions et perspectives ne sont pas toujours au top, et certaines scènes d’action laissent à désirer.
Du coup, le côté un peu mollasson de l’ensemble, sans doute voulu, n’a fait qu’accentuer chez moi le manque de plaisir de lecture.
Intentions contradictoires
-
Ce tome comprend une histoire complète se déroulant durant les premiers mois de Superman à Metropolis. Il comprend les épisodes 1 à 5 et 11 de la série Superman confidential, parus en 2007/2008. le scénario est de Darwyn Cooke, les illustrations de Tim Sale et la mise en couleurs de Dave Stewart.
La planète Krypton explose, un gros rocher tout vert est projeté dans l'espace sur une trajectoire similaire à la navette qui transporte Kal-El (le futur Superman) vers notre Terre. Ce bloc de kryptonite atterrit dans un champ quelque part en Mongolie. Il est ensuite transporté dans un monastère tibétain. À Metropolis, Superman se bat contre un gang improbable de supercriminels appelé Royal Flush Gang. Il passe ensuite la soirée à souper aux chandelles avec Lois Lane, dans un endroit très romantique. le lendemain, Perry White (le patron du Daily Planet) réunit son équipe d'experts sur le toit du journal : Lois Lane, Jimmy Olsen et Clark Kent. Il leur demande d'enquêter officieusement sur Anthony Gallo, un riche homme d'affaires qui vient d'installer un casino monumental en plein cœur de la cité. Dans son propre immeuble (en forme de L), Lex Luthor observe et prépare ses propres interventions.
Dans l'introduction, Darwyn Cooke explique que son intention est d'écrire un récit basé dans les premières années de Superman (pour éviter d'avoir à supporter une continuité trop contraignante) et qu'il s'est librement inspiré de l'épisode 61 de Superman, paru en 1949. Dans cet épisode, apparaissait pour la première fois la kryptonite, le minerai issu de Krypton (la planète d'origine de Superman) dont les radiations lui font perdre tous ses pouvoirs.
Le lecteur découvre un jeune Superman incertain de l'étendue de ses pouvoirs, déjà amoureux de Lois qui, elle, est amoureuse de lui mais pas de Clark. Il découvre également Lois Lane dessinée par Tim Sale et c'est un ravissement. Sale évite de lui donner une silhouette de top-modèle, il préfère la décrire comme une femme d'environ 1,60 mètres, et avec des hanches, plutôt qu'une silhouette filiforme et étirée. Elle dégage une aura de séduction irrésistible, à la fois craquante, mais aussi indépendante et sachant user de sa séduction, une très grande réussite visuelle. Tim Sale a choisi de dépeindre un Superman massif, à la carrure imposante, dont la seule présence projette une ombre rassurante pour tous ceux qui l'entourent, ce qui met habilement en image l'un des thèmes du scénario.
Il faut dire que Tim Sale n'est pas le premier dessinateur venu ; il a à son actif plusieurs réussites exceptionnelles telles que Batman - Dark Victory & Spider-Man Blue. Tout naturellement le lecteur vient donc chercher le même niveau de qualité dans ce récit, la même maestria et la même patine légèrement rétro et presqu'intemporelle. Outre la magnifique Lois Lane, il retrouve les costumes légèrement rétro pour les hommes (avec pantalons bouffants, bretelles d'époque, et même un gilet pour Clark). Anthony Gallo a des airs de gitan hollywoodien digne d'un film des américains des années 1950. Ma Kent arbore un tablier d'un modèle révolu depuis 50 ans, etc. Mais dans la mesure où le récit l'exige, Sale se retrouve également à intégrer des éléments plus moderne tels qu'un téléphone portable, ou des ordinateurs personnels ultramodernes. Ceci introduit des dissonances graphiques très déconcertantes à la lecture où l'on ne sait plus s'il s'agit d'un récit rétro visant l'intemporalité ou bien une réalité alternative contemporaine où les modes vestimentaires auraient dérivé. C'est d'autant plus déconcertant que les 2 approches se confrontent parfois dans une seule et même case, tel Clark dans un sweatshirt sans manche avec capuche serrant dans ses bras sa mère avec son tablier. Il est vrai également qu'au fil des épisodes, Tim Sale semble se désintéresser des décors en évitant de les dessiner ou en y apportant pas toujours un soin qui les rende uniques.
Le récit présente lui aussi le même type de dissonances. Darwyn Cooke annonce qu'il souhaite raconter une histoire intemporelle mettant en évidence la nature de Superman, et pourtant il fait reposer tout son récit sur un point de continuité peu palpitant pour le commun des lecteurs : la première apparition de la kryptonite, un minerai aux propriétés difficiles à avaler (comment ça marche cette histoire de radiation aux effets immédiats, mais temporaires et réversibles ?). Ce trouble bipolaire prend des dimensions encore plus inquiétantes lorsque Superman découvre pour la première fois à quoi ressemblait Krypton avant qu'elle n'explose. Pourquoi Cooke souhaite-t-il à tout prix jouer avec ce point particulier de continuité ? Cela n'a pas de sens dans un récit à la gloire du personnage que de se focaliser sur un élément qui n'intéresse que le lecteur très investi dans le personnage, en tant qu'œuvre de fiction récurrente. Cooke souhaite mettre en avant la confiance que la populace place en Superman : il suffit qu'il apparaisse pour que tout s'arrange. C'est la raison laquelle Tim Sale le dessine avec une telle corpulence. Mais bien sûr, pour des raisons de cohérence, Clark Kent a exactement la même stature. Comment Lois ne peut-elle pas faire le lien entre ces deux gaillards au format improbable d'armoire normande ?
En plaçant son récit durant les débuts de Superman, Cooke en profite pour étudier l'idée que Clark ne connaît pas l'étendue de son invulnérabilité et qu'il la découvre au fur et à mesure. Cela donne une séquence très réussie dans un volcan avec la lave qui s'infiltre dans les poumons de Superman. le coté superhéroïque est à son maximum et Superman redevient l'être invincible d'une puissance phénoménale. Il s'agit effectivement d'une vision du personnage qui date des années 1960... et dont les scénaristes se sont éloignés parce qu'il dévient vite impossible d'imaginer des défis à la hauteur d'individu aussi puissant. À partir de là, le lecteur court le risque de devenir schizophrénique. Soit il lit ce récit comme une histoire pour jeune adolescent : les éléments superhéros passent tout seuls, mais la réflexion sur la violence devient fastidieuse et les éléments de continuité apparaissent bien fades par rapport à d'autres récits sur les mêmes points, les illustrations sont alors un peu rétro et manquent d'éclat. Soit il lit ce récit comme un hommage à Superman d'un point de vue plus adulte, plus réflexif : les éléments de continuité semblent complètement déplacés et inutiles et la réflexion décousue et mal construite, les illustrations sont fort séduisantes, mais elles reflètent une vision incohérente d'un page à l'autre (conflit entre les éléments rétro et la technologie très actuelle).
Je n'ai pas réussi à apprécier ce récit écartelé par les différentes intentions des auteurs qui offrent des points de vue divergents qui ne se réconcilient pas au cours du récit.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
D'eau et de boue
2.5 Je ne savais pas trop si j'allais mettre 2 ou 3 étoiles et finalement je trouve que "bof" est ce qui se rapprochait le plus de mon état d'esprit une fois que j'ai refermé l'album. Je me reconnais dans l'avis de Mac Arthur. Cela commence quand même pas mal avec ce jeune garçon qui reprend le bar clandestin de son père récemment décédé et qui fait face à des problèmes avec comme toile de fond le retour de sa mère qui l'a abandonné il y a des années. On est dans du pur roman graphique avant de basculer soudainement dans du thriller. Ce n'est pas pour me déplaire parce que c'est un genre que je préfère sauf qu'à ce moment le scénario part en vrille. Il y a des scènes où je ne suis pas certains s'il faut les prendre comme des métaphores ou accepter qu'il y a tout à coup une touche fantastique dans le récit. Je ne pense pas avoir bien compris où l'auteur voulait en venir. Dans la postface, l'auteur explique qu'il a pris presque un an pour réaliser cet album et c'était pendant une année où il a vécu des gros bouleversements dans sa vie et cela a nourri l'album, ce qui est selon moi la cause du fait que le récit semble un peu décousu. C'est dommage parce que le dessin est très bon et il y a des scènes qui sont très bonnes si on les sort individuellement du récit. C'est juste que si on les met ensemble on se rend compte que ça part tout de même dans tous les sens.
Sha
J'ai acheté ce triptyque après avoir apprécié les séries d'Olivier Ledroit Requiem, Chevalier Vampire et Wika dans une moindre mesure. Je suis effectivement fan de son trait si particulier et de ses planches aux cadrages originaux et qui fourmillent de détails. Côté dessin, je n'ai donc pas été surpris même si, s'agissant d'une œuvre datant de 1996, j'ai trouvé le trait de Ledroit un peu plus épais et moins précis que dans les séries que j'ai citées précédemment. Les scènes d'action font parfois un peu fouillis et le lecteur a du mal à s'y retrouver. Mais ma plus grand déception réside dans le scénario. Bien que l'ambiance cyberpunk est sympa, il s'agit ici d'une banale histoire de résurrection sur fond de vengeance. L'ensemble est convenu et les personnages très caricaturaux et peu attachants. On parcourt ainsi l'ensemble des trois tomes de manière très détachée sans se soucier forcément de ce qui arrivera à l'héroïne. Une BD à emprunter à la médiathèque si on aime le style cyberpunk. Originalité - Histoire : 3/10 Dessin - Mise en couleurs : 6/10 NOTE GLOBALE : 9/20
X-Men - Génèse mortelle
Continuité rétroactive - C'est l'histoire d'un scénariste surdoué à qui Joe Quesada confie la lourde tâche de ramener les X-Men sur le devant de la scène. Ed Brubaker sait écrire des histoires qui frappent l'imagination que ce soit avec Captain America, avec Daredevil ou ses propres créations (Criminal, Fatale). Il semblait donc tout naturel de le charger de cette tâche. Il commence avec une minisérie en 6 épisodes qui sont regroupés dans ce recueil. L'action commence peu de temps après House of M, la population des mutants a été réduite à sa portion congrue et l'énergie ainsi libérée réveille un mutant qui sommeillait dans un astéroïde. À partir de là certains X-Men (Kurt Wagner, Kitty Pride, Piotr Rasputin, Rachel Summers, Alex Summers) commencent à avoir des hallucinations, Cyclops et Marvel Girl sont fait prisonniers par le mystérieux mutant dans un bâtiment qui leur rappelle vaguement quelque chose, Emma Frost attrape une migraine carabinée suite à un dysfonctionnement de Cerebra, Sean Cassidy aperçoit le spectre de Moira MacTaggert et a un accident d'avion fatal. L'histoire principale est en fait assez linéaire avec le criminel qui fait souffrir les 2 Summers et les autres X-Men qui cherchent à comprendre ce qui se passe et à retrouver le père et sa presque fille. L'histoire principale est illustrée par Travor Hairsine et son style est passe partout, terne et sans éclat. Il n'est pas mauvais, il est juste fade et passable. Les illustrations sont fonctionnelles sans détails marquants, sans scène d'action qui vous saute aux yeux, sans visage remarquable. C'est fonctionnel, vite oublié et insuffisant pour créer le niveau d'immersion requis. Chacun des 5 premiers épisodes est complété par un flashback qui introduit un nouveau mutant : Petra, Darwin, Sway et Vulcan (plus un épisode du passé d'Emma Frost). Ces saynètes servent à amorcer un début d'épaisseur à ces nouveaux personnages. Mais elles se révèlent vite trop courtes pour provoquer l'empathie du lecteur et répétitives dans le destin des parents de chacun des protagonistes. Pete Woods illustre ces pages dans un style plus travaillé et plus personnel qui peut ne pas plaire mais qui a l'avantage d'attirer l'attention. Au final, cette histoire présente beaucoup de défauts. Il est difficile d'accrocher à l'intrigue tellement elle est linéaire et les personnages restent trop lointains pour que le lecteur puisse partager leurs émotions. Les dessins sont très quelconques. Et le fond de l'histoire repose sur l'introduction d'éléments qui artificiels qui viennent entacher Charles Xavier et qui constituent des révélations à posteriori sur les événements du célèbre Giant Size X-Men 1 de 1975 instaurant une continuité rétroactive (retcon) difficile à digérer. Ce recueil est donc à conseiller aux accros de la continuité qui veulent absolument savoir d'où vient Gabriel Summers (le troisième frère annoncé dans X-Men 23 de 1993 par Fabian Nicieza et qui aurait pu être Adam X).
Spirou et Fantasio Classique - La Baie des Cochons
2.5 Une chouette converture à l'ancienne mais c'est tout ce que j'en retiendrai. L'histoire est tarabiscotée pour les plus jeunes et trop planplan pour les plus grands connaissant le contexte historique. Notre quatuor de héros est assez bien croqué à l'ancienne également mais le reste... ces cowboys semblant clonés, ces décors parfois très vides... à moins que ce soit fait pour sembler également vintage, lorsqu'il fallait débiter les albums pour un hebdo. Il y a quelques idées bien trouvées comme le suaire du Che mais ça ne suffit pas à freiner la vitesse de pagination.
Eigyr
Histoire réchauffée avec des personnages sans profondeur et détestables. Je comprends que certaines personnes sont bornées et idiotes, ça fait partie de la vie. Mais quand on retrouve ces caractéristiques dans le personnage titulaire, ça devient rapidement frustrant. Il ne faut que 3 pages à notre Eigyr pour prendre une décision complètement insensée qui fait démarrer l'histoire, et ça continue jusqu'à la fin, au point qu'on vient à se mettre du côté des méchants qui ont moins l'air semi-compétents. L'histoire n'a rien d'original. Une prophétie, encore. Il faut tuer les nouveau-nés, encore. Les gentils attendent à un endroit X auquel il faut se rendre. C'est une poursuite sur plus de 100 pages avec peu de revirements, outre la finale qui, bien qu'elle surprend, ne change absolument rien à l'histoire. Le résultat aurait été le même sans le twist. Le dessin, ça va. C'est plutôt grossier et remplis de courbes, mais ça a son style. Cela dit, pour une BD dans laquelle il ne se passe pas grand chose, ce n'est pas ce qu'il y a de plus immergeant. Comme l'autre avis le mentionne, on se demande ça a été fait pour qui. Il n'y a aucun humour. Il n'y a pas vraiment de gore. Il n'y a 2-3 pages dédiées au mysticisme. L'histoire est très de base et n'apporte pas vraiment de questionnements. À éviter.
Plus près de toi
Comme ma notation le montre, j'ai été très déçu par cette série. Pourtant elle avait tout pour me séduire avec des auteurs prestigieux, une collection de qualité et des thématiques auxquelles je suis sensible. En effet je connais bien la mixité dans le couple car je suis papa d'un enfant métis franco-africain. Après un début intéressant avec ce jeune séminariste qui quitte le séminaire de Dakar pour entrer dans la Coloniale sur injonction du père suivi d'une scène de crime de guerre raciste le reste m'a désorienté voire franchement déplu en de nombreux passages. J'ai trop en mémoire l'excellent Le Tirailleur d'Alain Bujak pour me satisfaire de cette carte postale utopique et fantasmée sur la détention des soldats coloniaux pendant l'Occupation. Rien ne sonne juste dans le scénario, ni l'ambiance bon enfant où des prisonniers en uniformes non marqués du KG (Kriegsgefangener) réglementaire se balade presque comme bon leur semble, ni la vision délirante de troupes allemandes toutes gentilles encore moins la psychologie des principaux personnages du récit. Car enfin, comment accepter sans frémir un dialogue entre le père et sa belle-fille (p33) où les deux passent son fils unique / son mari pour mort sans autre état d'âme parce qu'il est porté disparu depuis... 6 mois. "vivre dans le passé ne servirait à rien" dit la gentille Jeanne surtout à ne pas porter le deuil d'un homme qui a sacrifié sa vie pour sa famille... Six mois !! alors que les Américains ont recherché au Vietnam leurs POW ou leurs MIA pendant des décennies sans perdre espoir ! C'est d'ailleurs en complète contradiction avec la planche d'ouverture où les enfants se recueillent légitimement sur la tombe en mémoire de leur papa. Pire un père qui soigne le souvenir de son fils en accueillant l'occupant chez lui autour d'une bonne table (café, beurre, confiture et bon pain) puis pousse la chansonnette à ses "hôtes" avant de leur faire une courbette. Dès ce passage j'ai eu du mal à continuer ma lecture. Mais cela continue de plus belle, un séminariste qui ne prie jamais, un pseudo stalag sans mirador où les habitants pouvaient passer des confitures à travers la clôture (pourquoi pas des armes pour s'évader ?), une ambiance burlesque à la Don Camillo/Pepone pas du tout dans l'esprit du moment. Je ne veux pas dévoiler la fin du tome qui répond à la première planche pour relancer un récit bien pathétique à mes yeux. Le graphisme cadrerait bien mieux avec un récit jeunesse et avec des thématiques bien moins sérieuses. J'ai trouvé l'ambiance fade, les personnages pas à leur place et l'expressivité souvent banale pour le contexte ainsi que plusieurs d'erreurs comme le KG. Une lecture très bof pour les thématiques proposées.
The Witcher
Ayant récemment exploré une grande partie de l'univers de The Witcher, il me manquait une partie des comics dont la licence est gérée par CD Projekt Red, studio ayant réalisé les différents jeux inspirés de l'oeuvre d'Andrzej Sapkowski. Et ce malgré le fait que son nom apparaisse clairement sur la page de titre. Mais je m'égare. Ce premier tome nous met donc peu de temps après l'une des fins alternatives de The Witcher 3, pas celle que j'ai choisie, à l'instar de mon camarade Ro. Mais il est intéressant de voir comment les scénaristes se sont emparés de cet univers pour explorer les interactions entre les deux sorceleurs Geralt et Cirilla, et la sorcière Yennefer. Une interaction pas simple, bien que les relations entre les trois soient assez cohérentes, eu égard à leurs caractères et à leur passif. Le récit fait en outre appel à un certain nombre d'éléments du background de la série originale, et des jeux. Il faut donc y avoir au minimum joué pour comprendre toutes les allusions. De plus le premier tome replonge le lecteur dans la première histoire du Sorceleur. Le déroulement de l'histoire correspond bien à ce qu'il se passe dans le jeu vidéo : Geralt et ses compagnes sont engagés pour une tâche bien précise, mais les rencontres sur le chemin les détournent temporairement de leur but initial. On peut donc dire que sur le plan du background c'est fidèle au boulot des story designers polonais. La faune proposée est, elle, issue de l'imaginaire de Sapkowski, elle bénéficie même d'un petit topo spécifique en fin de volume. Mais cette profusion accuse aussi ses défauts : le récit en devient décousu, on se perd dans les sous-intrigues. Et si on a bien sûr la possibilité de revenir sur les planches du début, ce n'est quand même pas comparable aux jeux. Sur le plan graphique, si Piotr Kowalski est seul aux manettes, son dessin manque parfois de rigueur pour qu'on prenne totalement du plaisir à cette déclinaison visuelle de l'univers créé par le "Tolkien polonais" (toutes proportions gardées) et développé par le studio compatriote. Ces petits défauts sont suffisants pour entraver mon plaisir de lecture sur le premier volume, ce qui explique ma note de 2/5. Dans le troisième tome Geralt erre comme une âme en peine, ne trouvant plus de monstre à chasser... Mais dans la petite ville de Badreine il se rend compte que quelque chose ne va pas, et que l'irruption de tous ces brumelins est due à un phénomène inhabituel. L'histoire est plutôt linéaire, loin d'être ennuyeuse, même si pas inoubliable. J'ai bien aimé, une fois encore, cette impression que le Sorceleur est sur le point de disparaître, avalé, devenu inutile... Sa condition est mise en miroir par celle du pêcheur désespéré qui lui propose de se joindre à lui, mais aussi par celle du mage, qui veut créer un paradis à tout prix à Badreine... Le graphisme d'Amid Mir est très différent de celui de ses devanciers, et j'ai eu un peu de mal au début. Mais son style brut de décoffrage se révèle assez efficace et procure une ambiance bien particulière à ce troisième opus. Dans le premier volume d'intégrale tous ces récits sont présents, avec un inédit intitulé Le Bal des Monstres (Killing Monsters en VO). Geralt et Vesemir, toujours sur la trace de Yennefer, s'arrêtent dans un village en prise avec un fellion, une créature sylvestre semblable à un cervidé géant et humanoïde. Ils constatent aussi les déprédations perpétrées par un groupe de soldats niflgaardiens. la traque commence, et elle va être plus rude qu'attendu. Si la morale finale est intéressante (il faut parfois un monstre pour en tuer un autre), le cheminement du récit est relativement faible, je n'ai pas été vraiment passionné par celui-ci. Le deuxième volume cmporte plusieurs récits inédits. La Complainte de la sorcière, renommé Les lamentations de la sorcière dans cette intégrale, propose un récit intéressent sur la culpabilité, la liberté des femmes à disposer de leur corps et introduise dans l'univers à la fois les Laimas, ces sorcières qui viennent en aide aux jeunes femmes, et une sorte de cercle d'alcooliques anonymes version sorcières. Intéressant, mais le dessin est juste abominable, c'était une torture d'essayer de voir ce qu'il se passait dans ces corps déformés, ces traits multiples sans aucune cohérence graphique. Promenons-nous dans les bois est un court récit à consonance humoristique, avec notre sorceleur qui se retrouve en compagnie d'une fermière, en face du nekker qui vient de voler le porcelet de cette dernière. Quand survient la fille de celle-ci, accompagnée d'un ami armé d'une arbalète, tous les deux bien décidés à tuer le monstre que le sorceleur se refuse à occire. Et un autre protagoniste, dont l'action fait tout déraper. A noter dans ces intégrales des entretiens avec des producteurs de chez CD PROJEKT RED, le studio ayant produit les jeux video (et co-détenteur de l'ensemble de la franchise avec Netflix) ainsi que des croquis, des couvertures variantes...
Girls bravo
Bof bof et plus que bof. Et pourtant j’aime bien le genre harem. J’ai tenu un tome et demi mais je jette l’éponge. Je ne suis jamais rentré dans le délire de l’auteure. Déjà vraiment pas fan de son dessin, je n’aime pas les têtes, mais rien d’autres ne m’a accroché dans cette série. Les personnages que j’ai trouvé quelconque, aucun n’a eu grâce à mes yeux, il faut le faire !! Du coup à aucun moment l’humour a fonctionné avec moi. Un bref instant je me suis dit que enfin, ça y est !! l’âge de la maturité (sur le sujet) est arrivé, voyant tous les défauts du genre, tant le contenu ne matchait pas … Et puis d’un coup j’ai réalisé que le fan service était quasi inexistant. Ce qui, blague à part, m’interroge encore plus sur mon cas. Bref pas charmé ;)
Ruden
Mouais. Je n’ai pas été convaincu plus que ça par cette série. Ça se laisse lire, mais il y a des défauts qui m’ont gêné. C’est du polar poisseux années 70, qui nous donne à voir quelques mafieux de la côte Est cherchant à développer la vente de drogue et à s’allier avec la « French Connection » (là où le film du même nom jouait essentiellement sur le côté français dans la région marseillaise). Ce qui accentue cet aspect seventies et les films de cette époque, c’est le personnage principal, Ruden, flic travaillant hors des cadres, trempant dans la mouise, avec un look qui le rapproche du Al Paccino de « Serpico ». Voilà pour le décor, pas inintéressant en soi. Mais j’ai d’emblée été rebuté par le dessin. Dessin et colorisation sont souvent trop sombres et ne fluidifient pas la lecture. Surtout, ce dessin est loin d’être parfait – indépendamment des affaires de goût. En effet, si les décors passent, les personnages sont clairement bien moins réussis. Les visages changent trop, proportions et perspectives ne sont pas toujours au top, et certaines scènes d’action laissent à désirer. Du coup, le côté un peu mollasson de l’ensemble, sans doute voulu, n’a fait qu’accentuer chez moi le manque de plaisir de lecture.
Superman - Kryptonite
Intentions contradictoires - Ce tome comprend une histoire complète se déroulant durant les premiers mois de Superman à Metropolis. Il comprend les épisodes 1 à 5 et 11 de la série Superman confidential, parus en 2007/2008. le scénario est de Darwyn Cooke, les illustrations de Tim Sale et la mise en couleurs de Dave Stewart. La planète Krypton explose, un gros rocher tout vert est projeté dans l'espace sur une trajectoire similaire à la navette qui transporte Kal-El (le futur Superman) vers notre Terre. Ce bloc de kryptonite atterrit dans un champ quelque part en Mongolie. Il est ensuite transporté dans un monastère tibétain. À Metropolis, Superman se bat contre un gang improbable de supercriminels appelé Royal Flush Gang. Il passe ensuite la soirée à souper aux chandelles avec Lois Lane, dans un endroit très romantique. le lendemain, Perry White (le patron du Daily Planet) réunit son équipe d'experts sur le toit du journal : Lois Lane, Jimmy Olsen et Clark Kent. Il leur demande d'enquêter officieusement sur Anthony Gallo, un riche homme d'affaires qui vient d'installer un casino monumental en plein cœur de la cité. Dans son propre immeuble (en forme de L), Lex Luthor observe et prépare ses propres interventions. Dans l'introduction, Darwyn Cooke explique que son intention est d'écrire un récit basé dans les premières années de Superman (pour éviter d'avoir à supporter une continuité trop contraignante) et qu'il s'est librement inspiré de l'épisode 61 de Superman, paru en 1949. Dans cet épisode, apparaissait pour la première fois la kryptonite, le minerai issu de Krypton (la planète d'origine de Superman) dont les radiations lui font perdre tous ses pouvoirs. Le lecteur découvre un jeune Superman incertain de l'étendue de ses pouvoirs, déjà amoureux de Lois qui, elle, est amoureuse de lui mais pas de Clark. Il découvre également Lois Lane dessinée par Tim Sale et c'est un ravissement. Sale évite de lui donner une silhouette de top-modèle, il préfère la décrire comme une femme d'environ 1,60 mètres, et avec des hanches, plutôt qu'une silhouette filiforme et étirée. Elle dégage une aura de séduction irrésistible, à la fois craquante, mais aussi indépendante et sachant user de sa séduction, une très grande réussite visuelle. Tim Sale a choisi de dépeindre un Superman massif, à la carrure imposante, dont la seule présence projette une ombre rassurante pour tous ceux qui l'entourent, ce qui met habilement en image l'un des thèmes du scénario. Il faut dire que Tim Sale n'est pas le premier dessinateur venu ; il a à son actif plusieurs réussites exceptionnelles telles que Batman - Dark Victory & Spider-Man Blue. Tout naturellement le lecteur vient donc chercher le même niveau de qualité dans ce récit, la même maestria et la même patine légèrement rétro et presqu'intemporelle. Outre la magnifique Lois Lane, il retrouve les costumes légèrement rétro pour les hommes (avec pantalons bouffants, bretelles d'époque, et même un gilet pour Clark). Anthony Gallo a des airs de gitan hollywoodien digne d'un film des américains des années 1950. Ma Kent arbore un tablier d'un modèle révolu depuis 50 ans, etc. Mais dans la mesure où le récit l'exige, Sale se retrouve également à intégrer des éléments plus moderne tels qu'un téléphone portable, ou des ordinateurs personnels ultramodernes. Ceci introduit des dissonances graphiques très déconcertantes à la lecture où l'on ne sait plus s'il s'agit d'un récit rétro visant l'intemporalité ou bien une réalité alternative contemporaine où les modes vestimentaires auraient dérivé. C'est d'autant plus déconcertant que les 2 approches se confrontent parfois dans une seule et même case, tel Clark dans un sweatshirt sans manche avec capuche serrant dans ses bras sa mère avec son tablier. Il est vrai également qu'au fil des épisodes, Tim Sale semble se désintéresser des décors en évitant de les dessiner ou en y apportant pas toujours un soin qui les rende uniques. Le récit présente lui aussi le même type de dissonances. Darwyn Cooke annonce qu'il souhaite raconter une histoire intemporelle mettant en évidence la nature de Superman, et pourtant il fait reposer tout son récit sur un point de continuité peu palpitant pour le commun des lecteurs : la première apparition de la kryptonite, un minerai aux propriétés difficiles à avaler (comment ça marche cette histoire de radiation aux effets immédiats, mais temporaires et réversibles ?). Ce trouble bipolaire prend des dimensions encore plus inquiétantes lorsque Superman découvre pour la première fois à quoi ressemblait Krypton avant qu'elle n'explose. Pourquoi Cooke souhaite-t-il à tout prix jouer avec ce point particulier de continuité ? Cela n'a pas de sens dans un récit à la gloire du personnage que de se focaliser sur un élément qui n'intéresse que le lecteur très investi dans le personnage, en tant qu'œuvre de fiction récurrente. Cooke souhaite mettre en avant la confiance que la populace place en Superman : il suffit qu'il apparaisse pour que tout s'arrange. C'est la raison laquelle Tim Sale le dessine avec une telle corpulence. Mais bien sûr, pour des raisons de cohérence, Clark Kent a exactement la même stature. Comment Lois ne peut-elle pas faire le lien entre ces deux gaillards au format improbable d'armoire normande ? En plaçant son récit durant les débuts de Superman, Cooke en profite pour étudier l'idée que Clark ne connaît pas l'étendue de son invulnérabilité et qu'il la découvre au fur et à mesure. Cela donne une séquence très réussie dans un volcan avec la lave qui s'infiltre dans les poumons de Superman. le coté superhéroïque est à son maximum et Superman redevient l'être invincible d'une puissance phénoménale. Il s'agit effectivement d'une vision du personnage qui date des années 1960... et dont les scénaristes se sont éloignés parce qu'il dévient vite impossible d'imaginer des défis à la hauteur d'individu aussi puissant. À partir de là, le lecteur court le risque de devenir schizophrénique. Soit il lit ce récit comme une histoire pour jeune adolescent : les éléments superhéros passent tout seuls, mais la réflexion sur la violence devient fastidieuse et les éléments de continuité apparaissent bien fades par rapport à d'autres récits sur les mêmes points, les illustrations sont alors un peu rétro et manquent d'éclat. Soit il lit ce récit comme un hommage à Superman d'un point de vue plus adulte, plus réflexif : les éléments de continuité semblent complètement déplacés et inutiles et la réflexion décousue et mal construite, les illustrations sont fort séduisantes, mais elles reflètent une vision incohérente d'un page à l'autre (conflit entre les éléments rétro et la technologie très actuelle). Je n'ai pas réussi à apprécier ce récit écartelé par les différentes intentions des auteurs qui offrent des points de vue divergents qui ne se réconcilient pas au cours du récit.