Dessin 4/5, intérêt de l'échange épistolaire 1,5/5.
Edmond Baudoin, artiste accompli en bande dessinée ayant dépassé les 80 ans, et Aurore Bize, née dans les années 1970 et dont cela semble être la première bande dessinée publiée, dissertent sur la vie, le monde et sa finitude etc. sans réel fil conducteur. Les textes ne m'ont pas vraiment parlé, ils sont parfois abscons.
Même si on distingue clairement leurs styles respectifs, plus charbonneux pour Baudoin et plus fin pour Bize, les 2 artistes se font écho à dessiner la nature en alternance. Sur le plan visuel l'oeil est flatté.
Les « romans durs » forment la part qui m’intéresse le plus dans l’œuvre de Simenon (du moins ceux que j’ai eu l’occasion de lire – pas encore adaptés en BD d’ailleurs). Mais ici, je suis largement resté sur ma faim.
Le dessin très moderne de Mattiussi est agréable, sans être trop fouillé. Il habille plaisamment l’intrigue en tout cas. C'est ce qui m'a le plus contenté dans l'album.
Mais cette intrigue m’est apparu bien trop terne, mollassonne. Langoureuse, illustrant une sorte de fin d’empire (même si l’on est après l’effondrement de l’Empire ottoman). Les relations étonnantes nouées entre un Français employé de l’ambassade en Turquie et une jeune danseuse hongroise cherchant le gros poisson lui garantissant une belle vie ne m’ont pas passionné.
Simenon semble bien connaître Istamboul, et les rouages de la bonne société stambouliote, mais les décors ne suffisent pas à dynamiser une histoire dans laquelle je ne suis pas entré.
Une inattendue déception !
Beaucoup d'attente à l'égard de cette BD et une véritable envie de découvrir comment les auteurs du très sympathique polar RIP pouvaient rendre compte de l'ambiance et la culture hippie du New-York des seventies. Le problème vient peut-être du roman initial : les tics de langage, ce running gag étonnant sur un ventilo, l'extravagance de Horse Badorties et cette difficulté à l'appréhender globalement : pourquoi il séduit, fascine, quels sont ses revenus... ? De trop nombreuses interrogations nous empêchent de croire en ce bien iconoclaste gourou à la Vernon Subutex !
Cette BD déjantée demeure sympathique par ses illustrations caricaturales, rondes et très chaleureuses, mais l'univers proposé est souvent trop obscurément référencé pour nous laisser véritablement entrer. L'on se réjouit d'occasionnellement s'amuser dans cet absurde univers, mais la perplexité demeure majoritaire, si bien que le concert final n'apparaît aucunement comme une apothéose impossible, jubilatoire ou mélancolique, au contraire du rendez-vous manqué du roman de Prudhomme "Par les routes" ou de sa tendre équivalence dans Loire de Davodeau.
J’imagine – sans en être vraiment sûr – que le titre fait allusion au premier livre de Descartes (« Le discours de la méthode ») ? Le côté métaphorique de certaines histoires – la première en particulier (à tout prendre celle que j'ai préféré) – pourrait y faire penser.
Mais bon, que ce soit le cas où pas, l’essentiel est ailleurs : c’est un album dont l’essentiel m’a échappé. Je l’ai lu sans vraiment être captivé, intéressé. Je me suis même ennuyé. Les morales de ces fables, ces fables elles-mêmes, m’ont laissé de côté.
La lecture est rapide, car il y a peu de textes. Et l’habillage toujours réussi des éditions 2024 (très grand format, papier épais, belle colorisation) rend le feuilletage agréable. Mais le ramage ne vaut pas le plumage, et c’est un album sur lequel je ne reviendrai pas.
Très vite je me suis rendu compte, en lisant cet album, qu'on était plus proche de la farce que de la véritable aventure futuriste que son cadre temporel le laissait croire. Abuli et Bernet ne se sont encombrés d'aucune contingence à ce sujet, tout juste quelques designs rappellent-ils que nous sommes au 23ème siècle.
C'est donc la cavale d'une poignée de prisonniers sortis d'une planète-prison qui nous est proposée, avec comme poursuivants principaux un groupe de nains (pourquoi ? mystère), et des destins très diversifiés pour ces prisonniers. Aucune dimension morale là-dedans, ce n'est pas le plus vertueux du groupe qui s'en sort le mieux, on sent que les auteurs voulaient faire quelques chose de trépidant, rigolo, déjanté sur les bords.
C'est un peu léger à mon sens, même si le dessin est très bon, assez typique de la mouvance Métal Hurlant des années 1970-80.
Je suis resté sur ma faim en concluant le tome 1 de ce diptyque et je ne pense pas me plonger dans le tome 2. En effet je suis allergique aux séries qui font commerce d'une véritable complaisance pour la violence. Comme le scénario peut aisément se lire sur une fiche Wikipédia gratuite, je suis heureux de ne pas avoir à investir 70 euros dans une œuvre que je pense banale. Ainsi je ne trouve pas très originale cette histoire de mutinerie dans un scénario bien huilé certes mais dont le cadre était fourni par les très nombreuses sources depuis une vingtaine d'années. Xavier Dorison s'octroie bien quelques retouches pour dramatiser et sensualiser son récit mais il suit ses sources dans un travail qu'il maitrise sans vraie surprise. J'ai, par exemple, certaines réserves quand l'auteur présente son récit comme une illustration d'une thèse de Standford en l'assimilant aux génocides du XXème siècle. Il existe d'ailleurs des contre exemples (Tromelin) où les naufrages n'ont pas tourné aux massacres systématiques. En outre présenter Cornelius comme un révolutionnaire au discours anti capitaliste, anti colonialiste plus ou moins athé est probablement anachronique et loin du personnage d'origine. Pour ma part j'y vois surtout un groupe de criminels aguerris et cupides conduit par un psychopathe habile, probablement malade qui "profite" d'une situation qu'il n'a pas créée (le naufrage) pour assouvir son désordre mental. De même que le personnage "féministe" de Lucretia assez improbable dans ce contexte, répond à une vision et un discours contemporains.
Le graphisme de Timothée Montaigne est un style que j'affectionne bien même si on le rencontre assez souvent ailleurs. J'ai beaucoup apprécié les recherches sur les costumes et les extérieurs dans et hors du navire. La mise en couleur est classique mais soutient bien la narration visuelle.
Une œuvre qui me laisse sceptique sur certaines propositions et sur l'originalité du traitement de sa thématique principale. Dans ce domaine je préfère de loin l'approche originale de Sa Majesté des Mouches.
Le dessin est assez minimaliste (peu de décors, des personnages souvent esquissés), mais le rendu est plutôt agréable.
C’est surtout l’histoire qui m’a laissé de côté. Je n’ai jamais réellement été captivé par ce récit. La première moitié de l’album nous présente le héros, un père de famille qui a pris une année sabbatique pour « se requinquer », mais qui se sent totalement dépassé lorsqu’il doit s’occuper de ses deux gamins – ce qui entraine quelques tensions avec sa femme. Cette partie est ennuyeuse.
Peu à peu se greffe une intrigue parallèle, puisque notre père de famille enquête sur le passé de son père durant la guerre du Vietnam, persuadé que ses névroses viennent de non-dits de la part de son père. Là aussi je n’ai pas été embarqué par le récit, qui manque de coffre et d’intérêt – d’originalité aussi il faut le dire.
Une lecture décevante.
Depuis sa sortie, j’ai eu plusieurs possibilités de venir à bout de cette série.
Je suis content qu’elle ait trouvé son public mais rien à faire de mon côté, je bloque systématiquement et lâche l’affaire en cours de route.
Pourtant je ne vois pas de gros défauts dans la réalisation mais le fond ne me passionne tout simplement pas.
Je n’ai pas eu d’atomes crochus pour le trait, les récits et évidement l’époque (et l’ambiance). Je passe sans doute à côté de quelque chose mais pour ma part, l’ennui arrive vite.
Encore une tentative ratée de ma part de comprendre ce qui séduit autant de lecteurs dans l'œuvre de Baudoin : je suis resté hermétique à cet album, qui m’a semblé aussi décousu dans sa narration que dans son dessin.
A la manière très libérée d'un vieil artiste qui peut regarder son œuvre et sa vie dans toute leur ampleur, Baudoin déroule sa vie, ses souvenirs, ses amours, ses obsessions, mais sans réelle structure, comme s’il couchait sur le papier ses pensées au fil de l’eau. Avec ce qui ressemble à des extraits de carnets intimes mêlés à des créations graphiques diverses et variées, on passe d’une réflexion existentielle à une anecdote intime, d’un poème en prose à une page purement illustrée, avec pour seule cohérence le flux de pensées et de souvenirs de l'auteur.
Graphiquement, je n'aime toujours pas le dessin de Baudoin, en particulier à cause de son choix d'encrage et de la noirceur charbonneuse qui s'en dégage. Cet univers visuel me plombe le moral. Et paradoxalement, autant je déteste ce style noir et blanc, autant j'aime beaucoup ses couleurs dans ses très rares illustrations colorisées. Une peinture pleine page d'un bord de mer végétalisé m'est apparu superbe notamment. Mais tout le reste ou presque m'horripile visuellement.
Quant au contenu narratif, ce patchwork confus m’a laissé sur le bord de la route.
Certains apprécient sans aucun doute cette liberté de ton, celle de l'artiste vrai qui a voué sa vie à son art et à la liberté. Mais je n'y adhère pas. L’auteur expose ses sentiments, ses blessures, ses désirs avec une crudité assumée, notamment dans son rapport aux femmes et au sexe, ainsi qu'à son frère et au reste de sa famille, dont un peu ses enfants, mais sans véritable distance et avec des questionnements trop personnels qui me laissent en dehors. On assiste à un déballage rébarbatif auquel je n’ai pas trouvé d’écho. Le trait, comme le propos, part dans toutes les directions, renforçant cette impression de fouillis. Il s'y livre des vérités, de vraies tranches de sentiments, mais beaucoup trop personnels et éloignés de mes préoccupations et sensibilités.
En somme, si l’on n’est pas déjà sensible à l’univers de Baudoin, difficile d’entrer dans cette lecture, dont l’intimisme exacerbé et la narration éclatée m’ont rebuté.
Déception car beaucoup de voyants étaient au vert: l'univers de Lucky Luke, une couverture qui attire, un humour potache verni d'hommage, un style cartoon original.
Puis vient la lecture et les frustrations: des baisses de régime, des arcs pas toujours nécessaires ou encore des gags un peu trop redondants. Et puis Jolly Jumper faisant de la figuration jusqu'au plan final, c'est dur à comprendre.
Pourtant, il y a avait des idées chouettes (le changement vestimentaire, la paille, Averell) mais soit elles ne sont pas assez exploitées ou alors elles sont trop et ça tourne en rond.
Bref, j'aurais aimé aimer mais finalement ça a fait plouf.
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Sous les écorces
Dessin 4/5, intérêt de l'échange épistolaire 1,5/5. Edmond Baudoin, artiste accompli en bande dessinée ayant dépassé les 80 ans, et Aurore Bize, née dans les années 1970 et dont cela semble être la première bande dessinée publiée, dissertent sur la vie, le monde et sa finitude etc. sans réel fil conducteur. Les textes ne m'ont pas vraiment parlé, ils sont parfois abscons. Même si on distingue clairement leurs styles respectifs, plus charbonneux pour Baudoin et plus fin pour Bize, les 2 artistes se font écho à dessiner la nature en alternance. Sur le plan visuel l'oeil est flatté.
Les Clients d'Avrenos
Les « romans durs » forment la part qui m’intéresse le plus dans l’œuvre de Simenon (du moins ceux que j’ai eu l’occasion de lire – pas encore adaptés en BD d’ailleurs). Mais ici, je suis largement resté sur ma faim. Le dessin très moderne de Mattiussi est agréable, sans être trop fouillé. Il habille plaisamment l’intrigue en tout cas. C'est ce qui m'a le plus contenté dans l'album. Mais cette intrigue m’est apparu bien trop terne, mollassonne. Langoureuse, illustrant une sorte de fin d’empire (même si l’on est après l’effondrement de l’Empire ottoman). Les relations étonnantes nouées entre un Français employé de l’ambassade en Turquie et une jeune danseuse hongroise cherchant le gros poisson lui garantissant une belle vie ne m’ont pas passionné. Simenon semble bien connaître Istamboul, et les rouages de la bonne société stambouliote, mais les décors ne suffisent pas à dynamiser une histoire dans laquelle je ne suis pas entré.
Fan Man - L'homme au ventilo
Une inattendue déception ! Beaucoup d'attente à l'égard de cette BD et une véritable envie de découvrir comment les auteurs du très sympathique polar RIP pouvaient rendre compte de l'ambiance et la culture hippie du New-York des seventies. Le problème vient peut-être du roman initial : les tics de langage, ce running gag étonnant sur un ventilo, l'extravagance de Horse Badorties et cette difficulté à l'appréhender globalement : pourquoi il séduit, fascine, quels sont ses revenus... ? De trop nombreuses interrogations nous empêchent de croire en ce bien iconoclaste gourou à la Vernon Subutex ! Cette BD déjantée demeure sympathique par ses illustrations caricaturales, rondes et très chaleureuses, mais l'univers proposé est souvent trop obscurément référencé pour nous laisser véritablement entrer. L'on se réjouit d'occasionnellement s'amuser dans cet absurde univers, mais la perplexité demeure majoritaire, si bien que le concert final n'apparaît aucunement comme une apothéose impossible, jubilatoire ou mélancolique, au contraire du rendez-vous manqué du roman de Prudhomme "Par les routes" ou de sa tendre équivalence dans Loire de Davodeau.
Le Discours de la panthère
J’imagine – sans en être vraiment sûr – que le titre fait allusion au premier livre de Descartes (« Le discours de la méthode ») ? Le côté métaphorique de certaines histoires – la première en particulier (à tout prendre celle que j'ai préféré) – pourrait y faire penser. Mais bon, que ce soit le cas où pas, l’essentiel est ailleurs : c’est un album dont l’essentiel m’a échappé. Je l’ai lu sans vraiment être captivé, intéressé. Je me suis même ennuyé. Les morales de ces fables, ces fables elles-mêmes, m’ont laissé de côté. La lecture est rapide, car il y a peu de textes. Et l’habillage toujours réussi des éditions 2024 (très grand format, papier épais, belle colorisation) rend le feuilletage agréable. Mais le ramage ne vaut pas le plumage, et c’est un album sur lequel je ne reviendrai pas.
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Très vite je me suis rendu compte, en lisant cet album, qu'on était plus proche de la farce que de la véritable aventure futuriste que son cadre temporel le laissait croire. Abuli et Bernet ne se sont encombrés d'aucune contingence à ce sujet, tout juste quelques designs rappellent-ils que nous sommes au 23ème siècle. C'est donc la cavale d'une poignée de prisonniers sortis d'une planète-prison qui nous est proposée, avec comme poursuivants principaux un groupe de nains (pourquoi ? mystère), et des destins très diversifiés pour ces prisonniers. Aucune dimension morale là-dedans, ce n'est pas le plus vertueux du groupe qui s'en sort le mieux, on sent que les auteurs voulaient faire quelques chose de trépidant, rigolo, déjanté sur les bords. C'est un peu léger à mon sens, même si le dessin est très bon, assez typique de la mouvance Métal Hurlant des années 1970-80.
1629 ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta
Je suis resté sur ma faim en concluant le tome 1 de ce diptyque et je ne pense pas me plonger dans le tome 2. En effet je suis allergique aux séries qui font commerce d'une véritable complaisance pour la violence. Comme le scénario peut aisément se lire sur une fiche Wikipédia gratuite, je suis heureux de ne pas avoir à investir 70 euros dans une œuvre que je pense banale. Ainsi je ne trouve pas très originale cette histoire de mutinerie dans un scénario bien huilé certes mais dont le cadre était fourni par les très nombreuses sources depuis une vingtaine d'années. Xavier Dorison s'octroie bien quelques retouches pour dramatiser et sensualiser son récit mais il suit ses sources dans un travail qu'il maitrise sans vraie surprise. J'ai, par exemple, certaines réserves quand l'auteur présente son récit comme une illustration d'une thèse de Standford en l'assimilant aux génocides du XXème siècle. Il existe d'ailleurs des contre exemples (Tromelin) où les naufrages n'ont pas tourné aux massacres systématiques. En outre présenter Cornelius comme un révolutionnaire au discours anti capitaliste, anti colonialiste plus ou moins athé est probablement anachronique et loin du personnage d'origine. Pour ma part j'y vois surtout un groupe de criminels aguerris et cupides conduit par un psychopathe habile, probablement malade qui "profite" d'une situation qu'il n'a pas créée (le naufrage) pour assouvir son désordre mental. De même que le personnage "féministe" de Lucretia assez improbable dans ce contexte, répond à une vision et un discours contemporains. Le graphisme de Timothée Montaigne est un style que j'affectionne bien même si on le rencontre assez souvent ailleurs. J'ai beaucoup apprécié les recherches sur les costumes et les extérieurs dans et hors du navire. La mise en couleur est classique mais soutient bien la narration visuelle. Une œuvre qui me laisse sceptique sur certaines propositions et sur l'originalité du traitement de sa thématique principale. Dans ce domaine je préfère de loin l'approche originale de Sa Majesté des Mouches.
Géants aux pieds d'argile
Le dessin est assez minimaliste (peu de décors, des personnages souvent esquissés), mais le rendu est plutôt agréable. C’est surtout l’histoire qui m’a laissé de côté. Je n’ai jamais réellement été captivé par ce récit. La première moitié de l’album nous présente le héros, un père de famille qui a pris une année sabbatique pour « se requinquer », mais qui se sent totalement dépassé lorsqu’il doit s’occuper de ses deux gamins – ce qui entraine quelques tensions avec sa femme. Cette partie est ennuyeuse. Peu à peu se greffe une intrigue parallèle, puisque notre père de famille enquête sur le passé de son père durant la guerre du Vietnam, persuadé que ses névroses viennent de non-dits de la part de son père. Là aussi je n’ai pas été embarqué par le récit, qui manque de coffre et d’intérêt – d’originalité aussi il faut le dire. Une lecture décevante.
Green Manor
Depuis sa sortie, j’ai eu plusieurs possibilités de venir à bout de cette série. Je suis content qu’elle ait trouvé son public mais rien à faire de mon côté, je bloque systématiquement et lâche l’affaire en cours de route. Pourtant je ne vois pas de gros défauts dans la réalisation mais le fond ne me passionne tout simplement pas. Je n’ai pas eu d’atomes crochus pour le trait, les récits et évidement l’époque (et l’ambiance). Je passe sans doute à côté de quelque chose mais pour ma part, l’ennui arrive vite.
Les Fleurs de cimetière
Encore une tentative ratée de ma part de comprendre ce qui séduit autant de lecteurs dans l'œuvre de Baudoin : je suis resté hermétique à cet album, qui m’a semblé aussi décousu dans sa narration que dans son dessin. A la manière très libérée d'un vieil artiste qui peut regarder son œuvre et sa vie dans toute leur ampleur, Baudoin déroule sa vie, ses souvenirs, ses amours, ses obsessions, mais sans réelle structure, comme s’il couchait sur le papier ses pensées au fil de l’eau. Avec ce qui ressemble à des extraits de carnets intimes mêlés à des créations graphiques diverses et variées, on passe d’une réflexion existentielle à une anecdote intime, d’un poème en prose à une page purement illustrée, avec pour seule cohérence le flux de pensées et de souvenirs de l'auteur. Graphiquement, je n'aime toujours pas le dessin de Baudoin, en particulier à cause de son choix d'encrage et de la noirceur charbonneuse qui s'en dégage. Cet univers visuel me plombe le moral. Et paradoxalement, autant je déteste ce style noir et blanc, autant j'aime beaucoup ses couleurs dans ses très rares illustrations colorisées. Une peinture pleine page d'un bord de mer végétalisé m'est apparu superbe notamment. Mais tout le reste ou presque m'horripile visuellement. Quant au contenu narratif, ce patchwork confus m’a laissé sur le bord de la route. Certains apprécient sans aucun doute cette liberté de ton, celle de l'artiste vrai qui a voué sa vie à son art et à la liberté. Mais je n'y adhère pas. L’auteur expose ses sentiments, ses blessures, ses désirs avec une crudité assumée, notamment dans son rapport aux femmes et au sexe, ainsi qu'à son frère et au reste de sa famille, dont un peu ses enfants, mais sans véritable distance et avec des questionnements trop personnels qui me laissent en dehors. On assiste à un déballage rébarbatif auquel je n’ai pas trouvé d’écho. Le trait, comme le propos, part dans toutes les directions, renforçant cette impression de fouillis. Il s'y livre des vérités, de vraies tranches de sentiments, mais beaucoup trop personnels et éloignés de mes préoccupations et sensibilités. En somme, si l’on n’est pas déjà sensible à l’univers de Baudoin, difficile d’entrer dans cette lecture, dont l’intimisme exacerbé et la narration éclatée m’ont rebuté.
Lucky Luke - Jolly Jumper ne répond plus
Déception car beaucoup de voyants étaient au vert: l'univers de Lucky Luke, une couverture qui attire, un humour potache verni d'hommage, un style cartoon original. Puis vient la lecture et les frustrations: des baisses de régime, des arcs pas toujours nécessaires ou encore des gags un peu trop redondants. Et puis Jolly Jumper faisant de la figuration jusqu'au plan final, c'est dur à comprendre. Pourtant, il y a avait des idées chouettes (le changement vestimentaire, la paille, Averell) mais soit elles ne sont pas assez exploitées ou alors elles sont trop et ça tourne en rond. Bref, j'aurais aimé aimer mais finalement ça a fait plouf.