J’ai lu la série dans l’intégrale regroupant les trois tomes. Le point de départ est original et intéressant, en tout cas porteur de pas mal de potentiel. En effet, le voisin de José Ramon (étudiant réservé et tout mou), Javier, semble être en fait un super-héros. Mais Javier n’en est pas moins faible, porté sur la bouteille et la drague. Et il demande régulièrement à José de l’aider à se sortir de situations pénibles.
Il y a là un potentiel comique et narratif certain, qui est en partie exploité par Garcia. Mais en partie seulement.
D’abord parce que le côté super-héros s’estompe peu à peu : elle est de moins en moins présente d’un album à l’autre. On est de plus en plus dans du roman graphique très classique, avec relations amoureuses plus ou moins saines.
Ensuite parce qu’il y a pas mal de longueurs.
Mais bon, globalement, j’ai trouvé que ça se laissait lire agréablement, même si Garcia aurait pu davantage exploiter les différences de caractère de José et de Javier, et multiplier les malentendus et quiproquos. L’humour aurait ainsi pu être plus présent.
Je ne sais pas combien de temps s’est écoulé entre la rédaction de chacun des tomes, mais il y a de l’un à l’autre pas mal d’évolutions (pas toujours expliquées clairement), que ce soit au niveau de la situation des personnages ou au niveau des liens qui les unissent.
Le dessin de Pérez est moderne, avec un trait gras. Là aussi globalement je l’ai apprécié, mais là aussi avec quelques bémols. D’abord il est inégal, et sa colorisation – elle aussi assez grasse – est parfois trop sombre. La deuxième moitié du deuxième tome est plus claire à ce niveau.
Mais hélas le dernier tome est entièrement en Noir et Blanc, qui plus est avec un dessin que j’ai trouvé moins soigné, plus inégal et moins réussi (avec plus de cases par planches : la lecture est moins agréable je trouve. Ça m’a donné l’impression de lire un dernier tome un peu bâclé, ou alors publié dans la précipitation, pas encore « terminé ».
Bref, une histoire qui selon moi exploite mal le potentiel de départ, mais qui s’avère quand même une lecture plaisante.
Ca partait bien : sujet de choix, en l'occurrence la vie de Piero Manzoni, artiste créateur de la boite de merde d'artiste, chouette dessin monochrome gris/bleu tramé à gros pois, et narration un peu décalée, avec scènes dans le désordre chronologique et style narratif adapté...
Je ne connaissais rien de l'artiste Piero Manzoni sinon ses fameuses boites de conserve. Aussi, j'étais vraiment curieux de découvrir un peu de sa vie à travers cette BD publiée par l'excellent éditeur Sarbacane... qui a plutôt bien fait les choses. Malheureusement, tout cela reste un peu "intello", dans le mauvais sens du terme. Je m'explique : l'art contemporain me fait globalement chier en ce qu'il est devenu (en général) fortement auto-référencié, mais surtout indéchiffrable pour les béotiens dont je suis. Plastiquement, c'est souvent très pauvre, et il est quasiment systématique de devoir se fader une page d'explication. Et bien dans le cas de cette BD, plusieurs scènes restent absconses parce qu'au prétexte de présenter des personnages ayant entouré Manzoni, l'auteur expose des considérations sur l'art dont je me contrefiche. Pour moi, l'art doit être immédiatement appréhendable par le commun des mortels (ou ne pas être).
Plus généralement, cette BD manque de substance concernant la vie de Manzoni. C'est dommage. Toutefois, l'auteur parvient quelques fois à mettre en scène certains épisodes éclairant de sa vie (celle de Manzoni) avec un décalage qui convient parfaitement à ce qu'il cherche à montrer de sa personne. Il se dégage tout de même quelques grandes lignes, le reste étant laissé à l'imagination du lecteur.
Le dessin lui me plait. C'est à la fois sobre par le choix d'un très beau monochrome, et sophistiqué dans sa composition, surtout à l'occasion de quelques pleines pages disséminées tout au long du récit.
Au final, il s'agit d'une BD originale sur un personnage qui l'est tout autant, mais qui passe un peu au dessus du but.
Un lycéen timide et peu sûr de lui. Une voisine de classe très mignonne mais atypique. Elle dort presque tout le temps, en classe ou ailleurs, elle a comportement très mutique, n'hésitant pas à fixer intensément les gens, voire à les renifler... comme le ferait un chat. Car elle se sent tellement proche des chats qu'elle agit comme eux. Et c'est à travers eux que les deux jeunes protagonistes vont se rapprocher.
Nous sommes dans de la pure comédie romantique avec une composante appuyée pour les fans de chats et de félins en tout genre. Cela se retrouve dans les sujets de conversation des deux héros, dans l'introduction régulière de bons gros chats japonais bien domestiqués et autres bars à chats comme celui où travaille la lycéenne en dehors des cours. Et cela se retrouve mais d'une manière un peu particulière dans le comportement si spécial de cette fille, comportement assez autistique d'un point de vue humain et assez artificiel d'un point de vue scénario (quel prof japonais laisserait une étudiante dormir en permanence durant leurs cours ?) : mais toute l'histoire est axée là-dessus, sur à quel point ça peut rendre l'héroïne mignonne et spéciale. A l'inverse, le héros est une caricature de japonais timide et angoissé, toujours à s'excuser et à croire qu'il a fait une erreur sans chercher à mieux communiquer. De ce côté là, il est un peu pénible et moyennement attachant comme protagoniste principal.
Le dessin, lui, est bon sans plus car il se focalise tellement sur les personnages qu'il en efface la majorité du temps les décors. Mais heureusement ces personnages sont bien rendus, en particulier les yeux félins de l'héroïne sur lequel une grosse part du soin du dessinateur est apporté. Elle est très belle, dans des poses parfois un peu trop suggestives pour être naturelle.
L'histoire se traine un peu. C'est de la romance faite de petits quiproquos, de communication difficile et d'une très lente progression vers l'amitié d'abord puis davantage ensuite. N'étant pas amateur de chats, les passages avec ceux-ci me barbent un peu mais la relation entre les deux lycéens est plus intéressante et je pourrais lire la suite par curiosité, mais sans passion.
J'apprécie cette maison d'édition réunionnaise qui propose des récits centrés autour des iles "paradisiaques" de l'océan Indien. Paradisiaques, elles le furent peut être avant les grandes découvertes comme le suggère le roman graphique de Greg Loyau dans les hauts et les bas de la destinée du jeune Wayo, le dernier de sa tribu. A travers lui c'est une partie de la terrible histoire des peuples insulaires des petites îles partout dans les mers et océans du Sud. Epidémies, colonisation, esclavagisme et déculturation est une triste litanie qui a accompagné l'arrivée des "Bois-qui-flotte". Le récit est sans grande surprise mais le personnage est très attachant dans sa volonté d'harmonie avec son environnement.
La narration visuelle est très dynamique basée sur un trait expressif et une belle mise en couleur très vive. Un visuel ouvert à un large public.
Une lecture rapide et agréable. Un bon 3.
Je suis bien d'accord avec Deretaline… J'aurais adoré lire cette série à douze ans! Bon maintenant j'ai biologiquement un peu plus et cela influence mes jugements. Les premiers numéros partent sur un mode loufoque bien drôle. L'idée première du papy gaffeur et des deux enfants est sympa, les ennemis sont directement sortis des films avec décors en carton pâte des années 60/70 et cela ne se prend pas au sérieux. ça grince aux articulations et le graphisme de ces numéros est un peu balbutiant et statique mais la bonne humeur domine. Puis au fil des numéros les ennemis deviennent de plus n plus consistants avec des gamins de 14 ans qui font la pige à des soldats aguerris. Perso cette tendance m'ennuie. Pour étoffer les auteurs introduisent des difficultés sentimentales précoces pour un "couple" aussi jeune. C'est une tendance assez commune dans la littérature ado avec laquelle j'ai du mal. Par contre le graphisme se perfectionne au fil des numéros.
Une série qui a beaucoup de succès en BM. Elle procure un bon moment de détente et une lecture plaisante. Pourtant je ne la trouve pas très enrichissante mais elle ne m'est pas destinée.
Je ne connais l’auteure que via deux courts récits qui m’avaient fortement interpellé, elle a déjà gagné mon estime grâce à eux. Autant dire que j’attendais beaucoup de cette lecture.
J’avoue en être sorti positif mais je m’attendais sans doute à franchement mieux.
Alix Garin m’avait déjà démontré sa grande maîtrise des émotions et tendresse dans ses sujets et narration. On retrouve avec plaisir ses points forts mais ça m’a paru ici plus dilué. Tout n’est pas moments de grâce, quelques longueurs ou maladresses pointent forcément sur les plus de 200 pages.
Cependant la lecture est fluide, on se laisse facilement accompagner nos 2 fugitives. Un road movie intergénérationnel dont le traitement ne surprendra pas vraiment mais c’est fait avec beaucoup de bienveillance.
Ce n’est pas la flamme escomptée mais il y a des petites étincelles.
Il est loin ce titre d'Elmer Food Beat : 'le plastique c'est fantastique...'. J'adore ce groupe (mon dernier concert avant le confinement de 2020).
L'être humain a disparu, une nouvelle civilisation a pris place sur l'île d"Hexapoda avec à sa tête les insectes. Une société qui ressemble à s'y méprendre à la Rome antique. Des temples sont érigés en l'honneur de l'Homme avec sa cohorte de prêtres et prêtresses en coccinelles accompagnés d'esclaves en pucerons, voici l'Empire des fourmis. Un monde où il faut cohabiter avec d'autres civilisations, le royaume des abeilles, le sultanat des scarabées, la citée État des gendarmes et la fédération des grillons et des cigales. Un beau panel de gouvernance. Oups, j'ai oublié le marais des nuisibles. La plus grande des richesses ? Le plastok, ce déchet devenu source de pouvoir.
Dans cet univers d'hexapodes, notre héros Bug le puceron se voit accusé à tort de l'assassinat de la grande prêtresse. Il va parvenir à s'évader avec l'aide de Sagawa la mante religieuse. Bug veut prouver son innocence et pour cela il va partir à la recherche du mythique trésor des Dieux géants, un continent de plastok.
Une narration alerte, des personnages attachants et de l'aventure. Un premier tome qui ne s'encombre pas de subtilités, il met en place cet univers médiéval/antique post-apocalyptique et l'ntrigue.
Un album qui cible en priorité un jeune public, entre 10 et 14 ans. Le plastique en ligne de mire et le monde des invisibles.
Le dessin est très agréable, les décors et les personnages sont réussis et une chouette (merde c'est pas un insecte) colorisation.
3 étoiles en attendant la suite.
Tome 2
L'histoire s'accélère avec ses nombreux rebondissements. Un univers très riche aux multiples références avec cette quête qui les mènera vers le sixième continent, le reliquat de leurs dieux.
Une intrigue où le monde de la piraterie fait son entrée fracassante ainsi que de nouveaux personnages, elle prend un peu plus de consistance, tout en restant simple et efficace.
On ouvre ce deuxième opus avec un visuel pleine page déjà aperçu dans le premier : un bébé humain en guise de dieu. Un dessin simple et lisible, une ligne claire à la colorisation lumineuse. Agréable à regarder.
Je monte ma note à 3,5 en tenant compte du public visé, en attendant la conclusion en mai.
Une aventure super-héroïque jeunesse ma foi assez sympathique.
Le titre ne ment pas, nous suivons deux anti-héroïnes : l'une est désireuse de justice mais extrêmement maladroite (ce qui pose vraiment problème quand on est doué de super-force), l'autre est absolument brillante mais travaille pour des criminels. Les deux jeunes filles se côtoient dans leurs identités civils (cliché quasi obligatoire, j'ai envie de dire) et sont, là aussi aux antipodes l'une de l'autre (l'un est un prodige en sport mais nulle en sciences, l'autre est un prodige en sciences mais nulle en sport).
C'est simple, assez convenu, mais parvient tout de même à être agréable à lire et même prenant. On aborde notamment le fait que si une jeune fille se lance dans la criminalité, c'est peut-être aussi qu'il y a des raisons externes.
Un duo assez mignon et une lecture jeunesse agréable.
D'autant que pour les amateur-ice-s de l'univers DC comics, l'action se passe dans la banlieue de Gotham et le célèbre homme chauve-souris joue un rôle à un moment.
L'album est de bonne facture, le dossier de présentation de début et de fin est intéressant et bien explicatif, le dessin des planches d'origines n'a pas été trop retouché, … Non, il n'y a pas à dire, l'album est bon, surtout d'un point de vue historique pour les nouve-lles-aux lecteur-ice-s.
Bon, après, je veux bien reconnaître beaucoup de qualités historiques à l'œuvre présentée ici, mais je ne vais pas non plus faire grimper ma note juste pour rejoindre l'avis populaire. Le Petit Nicolas, c'est une œuvre majeure de la littérature jeunesse franco-belge, toujours pertinente aujourd'hui (j'en veux pour preuve le fait que des adaptations voient encore le jour), mais les BD présentées dans cet album ont quand-même sacrément vieilli. Ce n'est pas juste qu'elles ont vieilli, c'est que je pense qu'elles ont mal vieilli. Je ne parle pas nécessairement de certaines références aujourd'hui très datées (car il suffit d'une petite recherche à côté pour comprendre le contexte, donc la lecture reste compréhensible pour les nouvelles générations), je parle bien du fait que ces gags ne font aujourd'hui plus vraiment rire. C'est le défaut inhérent aux pionnier d'un genre, plus le temps passe plus la formule se perfectionne. Personnellement je n'avais pas lu ces bande-dessinées étant enfant, je lisais tout de même les romans mais il ne me faisaient pas rêver plus que ça (je les lisais surtout sur demande de ma mère), alors même si je reconnais avoir tout de même souri à la lecture, je n'ai pas du tout rigoler et je n'ai eu aucune attache particulière.
En déconseillerais-je pour autant la lecture ? Bien sûr que non. Déjà car mon désintérêt total du monde du Petit Nicolas est personnel, mais surtout parce que l'album ici présent reste, encore une fois, une bonne fenêtre temporelle pour que les nouvelles générations puissent voir ce qui divertissaient les générations passées. Et on fera sans doute pareil avec les œuvres marquantes de mon enfance, c'est ainsi que ça marche.
(Noté réelle 2,5)
En étant tout à fait honnête, oui j'ai ri à la lecture de cette BD ! Mais franchement beaucoup moins que ce que j'aurais cru. Déjà parce que certains ressorts utilisés me semblent éculés, comme le procédé consistant à reraconter une histoire mais plus "crédible" avec des trucs improbables (ici la résurrection). De même, la vision de Dieu comme une sorte de gros beauf m'a fait sourire mais j'ai déjà vu des idées dans ce genre et une fois de plus, ça me fait modérément rire.
En fait, j'ai adoré certaines images carrément bien trouvé (Saint-Sébastien et Guillaume Tell par exemple) mais dans l'ensemble, Winschluss brocarde la religion catholique avec son humour. Il faut aimer le style mais je trouve que c'est franchement bien mené, jamais méchant de façon bête, cherchant à rire du contenu de la bible et de l'hypocrisie de certains croyants. C'est sympathique, même si j'ai moins ri que je n'aurais cru. Le dessin de l'auteur correspond tout à fait à ce qu'on imagine pour ce genre de récit, par contre, aucun doute !
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Le Voisin
J’ai lu la série dans l’intégrale regroupant les trois tomes. Le point de départ est original et intéressant, en tout cas porteur de pas mal de potentiel. En effet, le voisin de José Ramon (étudiant réservé et tout mou), Javier, semble être en fait un super-héros. Mais Javier n’en est pas moins faible, porté sur la bouteille et la drague. Et il demande régulièrement à José de l’aider à se sortir de situations pénibles. Il y a là un potentiel comique et narratif certain, qui est en partie exploité par Garcia. Mais en partie seulement. D’abord parce que le côté super-héros s’estompe peu à peu : elle est de moins en moins présente d’un album à l’autre. On est de plus en plus dans du roman graphique très classique, avec relations amoureuses plus ou moins saines. Ensuite parce qu’il y a pas mal de longueurs. Mais bon, globalement, j’ai trouvé que ça se laissait lire agréablement, même si Garcia aurait pu davantage exploiter les différences de caractère de José et de Javier, et multiplier les malentendus et quiproquos. L’humour aurait ainsi pu être plus présent. Je ne sais pas combien de temps s’est écoulé entre la rédaction de chacun des tomes, mais il y a de l’un à l’autre pas mal d’évolutions (pas toujours expliquées clairement), que ce soit au niveau de la situation des personnages ou au niveau des liens qui les unissent. Le dessin de Pérez est moderne, avec un trait gras. Là aussi globalement je l’ai apprécié, mais là aussi avec quelques bémols. D’abord il est inégal, et sa colorisation – elle aussi assez grasse – est parfois trop sombre. La deuxième moitié du deuxième tome est plus claire à ce niveau. Mais hélas le dernier tome est entièrement en Noir et Blanc, qui plus est avec un dessin que j’ai trouvé moins soigné, plus inégal et moins réussi (avec plus de cases par planches : la lecture est moins agréable je trouve. Ça m’a donné l’impression de lire un dernier tome un peu bâclé, ou alors publié dans la précipitation, pas encore « terminé ». Bref, une histoire qui selon moi exploite mal le potentiel de départ, mais qui s’avère quand même une lecture plaisante.
Piero Manzoni
Ca partait bien : sujet de choix, en l'occurrence la vie de Piero Manzoni, artiste créateur de la boite de merde d'artiste, chouette dessin monochrome gris/bleu tramé à gros pois, et narration un peu décalée, avec scènes dans le désordre chronologique et style narratif adapté... Je ne connaissais rien de l'artiste Piero Manzoni sinon ses fameuses boites de conserve. Aussi, j'étais vraiment curieux de découvrir un peu de sa vie à travers cette BD publiée par l'excellent éditeur Sarbacane... qui a plutôt bien fait les choses. Malheureusement, tout cela reste un peu "intello", dans le mauvais sens du terme. Je m'explique : l'art contemporain me fait globalement chier en ce qu'il est devenu (en général) fortement auto-référencié, mais surtout indéchiffrable pour les béotiens dont je suis. Plastiquement, c'est souvent très pauvre, et il est quasiment systématique de devoir se fader une page d'explication. Et bien dans le cas de cette BD, plusieurs scènes restent absconses parce qu'au prétexte de présenter des personnages ayant entouré Manzoni, l'auteur expose des considérations sur l'art dont je me contrefiche. Pour moi, l'art doit être immédiatement appréhendable par le commun des mortels (ou ne pas être). Plus généralement, cette BD manque de substance concernant la vie de Manzoni. C'est dommage. Toutefois, l'auteur parvient quelques fois à mettre en scène certains épisodes éclairant de sa vie (celle de Manzoni) avec un décalage qui convient parfaitement à ce qu'il cherche à montrer de sa personne. Il se dégage tout de même quelques grandes lignes, le reste étant laissé à l'imagination du lecteur. Le dessin lui me plait. C'est à la fois sobre par le choix d'un très beau monochrome, et sophistiqué dans sa composition, surtout à l'occasion de quelques pleines pages disséminées tout au long du récit. Au final, il s'agit d'une BD originale sur un personnage qui l'est tout autant, mais qui passe un peu au dessus du but.
Une fille si féline
Un lycéen timide et peu sûr de lui. Une voisine de classe très mignonne mais atypique. Elle dort presque tout le temps, en classe ou ailleurs, elle a comportement très mutique, n'hésitant pas à fixer intensément les gens, voire à les renifler... comme le ferait un chat. Car elle se sent tellement proche des chats qu'elle agit comme eux. Et c'est à travers eux que les deux jeunes protagonistes vont se rapprocher. Nous sommes dans de la pure comédie romantique avec une composante appuyée pour les fans de chats et de félins en tout genre. Cela se retrouve dans les sujets de conversation des deux héros, dans l'introduction régulière de bons gros chats japonais bien domestiqués et autres bars à chats comme celui où travaille la lycéenne en dehors des cours. Et cela se retrouve mais d'une manière un peu particulière dans le comportement si spécial de cette fille, comportement assez autistique d'un point de vue humain et assez artificiel d'un point de vue scénario (quel prof japonais laisserait une étudiante dormir en permanence durant leurs cours ?) : mais toute l'histoire est axée là-dessus, sur à quel point ça peut rendre l'héroïne mignonne et spéciale. A l'inverse, le héros est une caricature de japonais timide et angoissé, toujours à s'excuser et à croire qu'il a fait une erreur sans chercher à mieux communiquer. De ce côté là, il est un peu pénible et moyennement attachant comme protagoniste principal. Le dessin, lui, est bon sans plus car il se focalise tellement sur les personnages qu'il en efface la majorité du temps les décors. Mais heureusement ces personnages sont bien rendus, en particulier les yeux félins de l'héroïne sur lequel une grosse part du soin du dessinateur est apporté. Elle est très belle, dans des poses parfois un peu trop suggestives pour être naturelle. L'histoire se traine un peu. C'est de la romance faite de petits quiproquos, de communication difficile et d'une très lente progression vers l'amitié d'abord puis davantage ensuite. N'étant pas amateur de chats, les passages avec ceux-ci me barbent un peu mais la relation entre les deux lycéens est plus intéressante et je pourrais lire la suite par curiosité, mais sans passion.
Takamaka
J'apprécie cette maison d'édition réunionnaise qui propose des récits centrés autour des iles "paradisiaques" de l'océan Indien. Paradisiaques, elles le furent peut être avant les grandes découvertes comme le suggère le roman graphique de Greg Loyau dans les hauts et les bas de la destinée du jeune Wayo, le dernier de sa tribu. A travers lui c'est une partie de la terrible histoire des peuples insulaires des petites îles partout dans les mers et océans du Sud. Epidémies, colonisation, esclavagisme et déculturation est une triste litanie qui a accompagné l'arrivée des "Bois-qui-flotte". Le récit est sans grande surprise mais le personnage est très attachant dans sa volonté d'harmonie avec son environnement. La narration visuelle est très dynamique basée sur un trait expressif et une belle mise en couleur très vive. Un visuel ouvert à un large public. Une lecture rapide et agréable. Un bon 3.
Espions de famille
Je suis bien d'accord avec Deretaline… J'aurais adoré lire cette série à douze ans! Bon maintenant j'ai biologiquement un peu plus et cela influence mes jugements. Les premiers numéros partent sur un mode loufoque bien drôle. L'idée première du papy gaffeur et des deux enfants est sympa, les ennemis sont directement sortis des films avec décors en carton pâte des années 60/70 et cela ne se prend pas au sérieux. ça grince aux articulations et le graphisme de ces numéros est un peu balbutiant et statique mais la bonne humeur domine. Puis au fil des numéros les ennemis deviennent de plus n plus consistants avec des gamins de 14 ans qui font la pige à des soldats aguerris. Perso cette tendance m'ennuie. Pour étoffer les auteurs introduisent des difficultés sentimentales précoces pour un "couple" aussi jeune. C'est une tendance assez commune dans la littérature ado avec laquelle j'ai du mal. Par contre le graphisme se perfectionne au fil des numéros. Une série qui a beaucoup de succès en BM. Elle procure un bon moment de détente et une lecture plaisante. Pourtant je ne la trouve pas très enrichissante mais elle ne m'est pas destinée.
Ne m'oublie pas
Je ne connais l’auteure que via deux courts récits qui m’avaient fortement interpellé, elle a déjà gagné mon estime grâce à eux. Autant dire que j’attendais beaucoup de cette lecture. J’avoue en être sorti positif mais je m’attendais sans doute à franchement mieux. Alix Garin m’avait déjà démontré sa grande maîtrise des émotions et tendresse dans ses sujets et narration. On retrouve avec plaisir ses points forts mais ça m’a paru ici plus dilué. Tout n’est pas moments de grâce, quelques longueurs ou maladresses pointent forcément sur les plus de 200 pages. Cependant la lecture est fluide, on se laisse facilement accompagner nos 2 fugitives. Un road movie intergénérationnel dont le traitement ne surprendra pas vraiment mais c’est fait avec beaucoup de bienveillance. Ce n’est pas la flamme escomptée mais il y a des petites étincelles.
Plastok
Il est loin ce titre d'Elmer Food Beat : 'le plastique c'est fantastique...'. J'adore ce groupe (mon dernier concert avant le confinement de 2020). L'être humain a disparu, une nouvelle civilisation a pris place sur l'île d"Hexapoda avec à sa tête les insectes. Une société qui ressemble à s'y méprendre à la Rome antique. Des temples sont érigés en l'honneur de l'Homme avec sa cohorte de prêtres et prêtresses en coccinelles accompagnés d'esclaves en pucerons, voici l'Empire des fourmis. Un monde où il faut cohabiter avec d'autres civilisations, le royaume des abeilles, le sultanat des scarabées, la citée État des gendarmes et la fédération des grillons et des cigales. Un beau panel de gouvernance. Oups, j'ai oublié le marais des nuisibles. La plus grande des richesses ? Le plastok, ce déchet devenu source de pouvoir. Dans cet univers d'hexapodes, notre héros Bug le puceron se voit accusé à tort de l'assassinat de la grande prêtresse. Il va parvenir à s'évader avec l'aide de Sagawa la mante religieuse. Bug veut prouver son innocence et pour cela il va partir à la recherche du mythique trésor des Dieux géants, un continent de plastok. Une narration alerte, des personnages attachants et de l'aventure. Un premier tome qui ne s'encombre pas de subtilités, il met en place cet univers médiéval/antique post-apocalyptique et l'ntrigue. Un album qui cible en priorité un jeune public, entre 10 et 14 ans. Le plastique en ligne de mire et le monde des invisibles. Le dessin est très agréable, les décors et les personnages sont réussis et une chouette (merde c'est pas un insecte) colorisation. 3 étoiles en attendant la suite. Tome 2 L'histoire s'accélère avec ses nombreux rebondissements. Un univers très riche aux multiples références avec cette quête qui les mènera vers le sixième continent, le reliquat de leurs dieux. Une intrigue où le monde de la piraterie fait son entrée fracassante ainsi que de nouveaux personnages, elle prend un peu plus de consistance, tout en restant simple et efficace. On ouvre ce deuxième opus avec un visuel pleine page déjà aperçu dans le premier : un bébé humain en guise de dieu. Un dessin simple et lisible, une ligne claire à la colorisation lumineuse. Agréable à regarder. Je monte ma note à 3,5 en tenant compte du public visé, en attendant la conclusion en mai.
Antihéros
Une aventure super-héroïque jeunesse ma foi assez sympathique. Le titre ne ment pas, nous suivons deux anti-héroïnes : l'une est désireuse de justice mais extrêmement maladroite (ce qui pose vraiment problème quand on est doué de super-force), l'autre est absolument brillante mais travaille pour des criminels. Les deux jeunes filles se côtoient dans leurs identités civils (cliché quasi obligatoire, j'ai envie de dire) et sont, là aussi aux antipodes l'une de l'autre (l'un est un prodige en sport mais nulle en sciences, l'autre est un prodige en sciences mais nulle en sport). C'est simple, assez convenu, mais parvient tout de même à être agréable à lire et même prenant. On aborde notamment le fait que si une jeune fille se lance dans la criminalité, c'est peut-être aussi qu'il y a des raisons externes. Un duo assez mignon et une lecture jeunesse agréable. D'autant que pour les amateur-ice-s de l'univers DC comics, l'action se passe dans la banlieue de Gotham et le célèbre homme chauve-souris joue un rôle à un moment.
Le Petit Nicolas
L'album est de bonne facture, le dossier de présentation de début et de fin est intéressant et bien explicatif, le dessin des planches d'origines n'a pas été trop retouché, … Non, il n'y a pas à dire, l'album est bon, surtout d'un point de vue historique pour les nouve-lles-aux lecteur-ice-s. Bon, après, je veux bien reconnaître beaucoup de qualités historiques à l'œuvre présentée ici, mais je ne vais pas non plus faire grimper ma note juste pour rejoindre l'avis populaire. Le Petit Nicolas, c'est une œuvre majeure de la littérature jeunesse franco-belge, toujours pertinente aujourd'hui (j'en veux pour preuve le fait que des adaptations voient encore le jour), mais les BD présentées dans cet album ont quand-même sacrément vieilli. Ce n'est pas juste qu'elles ont vieilli, c'est que je pense qu'elles ont mal vieilli. Je ne parle pas nécessairement de certaines références aujourd'hui très datées (car il suffit d'une petite recherche à côté pour comprendre le contexte, donc la lecture reste compréhensible pour les nouvelles générations), je parle bien du fait que ces gags ne font aujourd'hui plus vraiment rire. C'est le défaut inhérent aux pionnier d'un genre, plus le temps passe plus la formule se perfectionne. Personnellement je n'avais pas lu ces bande-dessinées étant enfant, je lisais tout de même les romans mais il ne me faisaient pas rêver plus que ça (je les lisais surtout sur demande de ma mère), alors même si je reconnais avoir tout de même souri à la lecture, je n'ai pas du tout rigoler et je n'ai eu aucune attache particulière. En déconseillerais-je pour autant la lecture ? Bien sûr que non. Déjà car mon désintérêt total du monde du Petit Nicolas est personnel, mais surtout parce que l'album ici présent reste, encore une fois, une bonne fenêtre temporelle pour que les nouvelles générations puissent voir ce qui divertissaient les générations passées. Et on fera sans doute pareil avec les œuvres marquantes de mon enfance, c'est ainsi que ça marche. (Noté réelle 2,5)
In God We Trust
En étant tout à fait honnête, oui j'ai ri à la lecture de cette BD ! Mais franchement beaucoup moins que ce que j'aurais cru. Déjà parce que certains ressorts utilisés me semblent éculés, comme le procédé consistant à reraconter une histoire mais plus "crédible" avec des trucs improbables (ici la résurrection). De même, la vision de Dieu comme une sorte de gros beauf m'a fait sourire mais j'ai déjà vu des idées dans ce genre et une fois de plus, ça me fait modérément rire. En fait, j'ai adoré certaines images carrément bien trouvé (Saint-Sébastien et Guillaume Tell par exemple) mais dans l'ensemble, Winschluss brocarde la religion catholique avec son humour. Il faut aimer le style mais je trouve que c'est franchement bien mené, jamais méchant de façon bête, cherchant à rire du contenu de la bible et de l'hypocrisie de certains croyants. C'est sympathique, même si j'ai moins ri que je n'aurais cru. Le dessin de l'auteur correspond tout à fait à ce qu'on imagine pour ce genre de récit, par contre, aucun doute !