Debout les campeurs et haut les cœurs, car aujourd'hui je vais aviser un hentai. Pas ma came habituelle mais Gruizzli en a dit du bien et je lui fais confiance, alors même si je m'attendais à de l'érotisme visant purement un public masculin j'ai décidé de lui donner sa chance.
Bonne pioche ? Mauvaise pioche ? Ici bonne pioche mais pas vraiment pour les raisons auxquelles on pourrait s'attendre.
Déjà, la question de base : est-ce que l'érotisme a marché sur moi ? Oui et non. Les scènes m'ont effectivement semblées viser un public masculin (de par les cadrages notamment), mais je reconnais que quelques unes ont su me parler un peu. Que voulez-vous, la communication saine, la complicité et la franche affection entre deux partenaires ça me met dans le bain ! Pas de quoi me faire vibrer le pantalon non plus mais je reconnais que certains épisodes ont marché sur moi.
La sincère amitié et complicité des deux protagoniste est assurément le point fort de ce diptyque. Elles vivent toutes deux des vies sexuelles complexes, enchaînant les partenaires, cherchant une forme de validation et de satisfaction auprès des hommes qu'elles ne parviennent pas à trouver parfaitement, alors elles se réfugient l'une avec l'autre. Elles sont des amies avec bénéfices, comme on dit, se retrouvant très souvent pour se satisfaire physiquement sans entacher leur amitié. Plus que ça encore, faire l'amour est une forme de communication à leur yeux, une concrétisation de leur complicité. Elles s'aiment sincèrement, sexuellement comme amicalement, il n'y a juste rien de romantique entre elles. J'avoue que voir un hentai traiter relativement sérieusement les relations ouvertes, les relations sexuelles comme forme de communication intime et la distinction entre l'attraction sexuelle et romantique, je ne m'y attendais pas.
L'œuvre traite également du rapport de force entre les femmes et les hommes dans une société patriarcale, puisque les deux protagonistes cherchent constamment une forme de validation dans leurs relations avec des hommes (qu'il s'agisse de leurs carrières ou tout simplement de trouver une relation stable et normée). Ça aussi ça m'a surprise.
Les petites histoires qui forment ce dyptique marquent vraiment par leur aspect humain, je pense notamment à des épisodes sincèrement touchants comme celui de l'anniversaire de Nini ou encore celui ou Jun parle du fait que tout le monde finit par s'abandonner un jour ou l'autre. Il y a aussi le fait que lorsqu'elles font l'amour, tout n'est pas "parfait", elles se permettent des blagues, ça rigole, ça se chamaille, ce qui est mine de rien plus proche d'un vrai rapport sexuel qu'un enchaînement de répliques bateaux et d'orgasmes sur-exagérés comme j'aurais pu m'attendre de par la nature de hentai de cette œuvre.
Après, tout n'est pas parfait non plus. Déjà, encore une fois, même si l'album se centre sur une relation saphique, les histoires tournent très souvent autour de la question masculine. Normal d'un certain point de vue, car bien que les deux soient bisexuelles elles n'en reste pas moins visiblement hétéroromantiques, mais là je parle surtout du fait qu'à plusieurs moments, de par deux/trois répliques évoquant le point de vue des hommes sur leur relation, certaines poses qui m'ont semblés venir tout droit d'un film pornographique et le cadrage qui m'a semblé assez masculin et voyeur tout du long, bah tout ça m'a eu quand-même de pas mal visé un public masculin justement. Normal, vous me direz, un hentai sur une relation saphique je m'attend plus à ce que ça se rapproche de la catégorie "lesbiennes" sur pornhub qu'à trouver une œuvre érotique véritablement saphique. Mais il n'empêche, ça me parle forcément moins. Bon, encore une fois, rien de très grave non plus, j'ai trouvé le résultat ici de bien meilleur goût que ce à quoi j'aurais pu m'attendre, mais tout de même.
Il y a aussi un reproche classique dans le monde de l'érotisme, à savoir les plastiques trop parfaites. Parce qu'à part Nini qui serait, VISIBLEMENT, grosse (oui, celle-là elle m'a fait lever les sourcils), les deux protagonistes sont quand-même un peu trop dans les standards physiques de l'érotisme masculin, à savoir "minces mais voluptueuses avec des gros nichons" (même si leur taille de bonnet n'est pas la même, il est vrai). J'aime les gros seins, hein, mais un peu de variété que diable ! La chanson disait "vive les gros nichons", mais Hugo ne disait-il pas "aimer une femme aux petits seins, c'est être plus proche de son cœur" ? Après, petits comme gros, vive les nichons quand-même, hein !
Sur le sujet des plastiques parfaites, je peux aussi ajouter que la peau des protagonistes a LITTÉRALEMENT l'air d'être plastifiée (le rendu sur la peau m'a paru étrange). Joint aux physiques trop idéalisés, j'ai vraiment eu l'impression de voir des poupées.
Intéressant, pas mon genre d'érotisme mais surprenamment humain et touchant par moments.
Un joli récit aux allures de conte ou de légende.
Le voyage de Shuna raconte la quête d'un jeune homme qui a décidé de partir jusqu'aux confins du monde à la recherche d'une graine aux propriétés miraculeuses. Son chemin sera semé d'embûches et de péripéties, il croisera notamment la route de cannibales, affrontera des marchands d'esclaves, et trouvera même peut-être l'amour.
L'histoire est simple mais brille par son atmosphère de conte/légende, et surtout par son très beau dessin réalisé par Miyazaki (il n'y a pas à dire, le bougre a un sacré coup de crayon). On retrouve les thèmes chers à l'auteur, à savoir le rapport de l'humain à la nature, des véhicules de guerre de ci de là et un propos plein d'espoir sur la vie.
Je note également que la monture de Shuna s'appelle un "yakkuru", même nom donc que la monture d'Ashitaka dans Princesse Mononoke si je ne m'abuse. Serait-ce le nom d'une créature issue d'un folklore asiatique que je ne connais pas ?
Il s'agit visiblement de l'adaptation d'une légende tibétaine, je serais très curieuse d'en trouver d'autres retranscriptions/adaptations.
C'est une histoire de marin, de malédiction, de meurtres et d'une étrange marque retrouvée sur chacun des cadavres. L'histoire est aussi celle d'un compteur, narrant son récit dans l'espoir de gagner un logis et un repas pour la nuit.
L'histoire est une sorte de thriller, mélangeant légendes de marins et histoires de vengeance.
Pas inintéressant mais pas transcendant non plus.
Le problème ici, c'est que c'est bien... sans plus. L'histoire est intéressante mais la révélation de fin m'a semblée à la fois trop évidente et trop mal amenée, l'ambiance qu'on cherche à installer est prometteuse mais je n'ai pas vraiment eu l'impression qu'on lui laisse vraiment le temps de bien se poser (là où Adlivun m'avait déçue par son final et ses explications mais avait parfaitement su installer son atmosphère angoissante et mystique), et le rythme m'a semblé un tantinet trop rapide, je n'aurais pas bouder quelques pages de plus (justement pour bien poser l'ambiance). Du bien sans plus, donc.
Mais une lecture tout de même pas désagréable et une histoire qui peut sincèrement plaire.
Dans les aspects positif, il y a notamment la mise en abime narrative et le propos filé sur la connaissance et le pouvoir qu'elle apporte, thèmes qui me sont chers et pour lesquels j'ai toujours un faible. Et le dessin est assez joli, pas mon style de prédilection mais honnêtement bien travaillé (l'eau et les dessins de Rêveurs marquent particulièrement).
Je peux recommander la lecture, donc, quand bien même je n'aurais pas été personnellement transcendée.
L’histoire aurait sans doute pu être davantage creusée – du côté de Mohamed et de sa vie en Algérie durant la guerre, puis de son exil, je ne sais pas. Mais c’est un tout petit bémol, qui ne remet pas en cause l’intérêt de cet album.
D’abord parce que, si la Guerre d’Algérie a fourni la trame de très nombreuses séries, cet album s’attarde sur un pan bien moins souvent traité (et pas seulement en bande dessinée d’ailleurs !), à savoir les Harkis – et le sort qui leur a été réservé à la fin de la guerre – par l’Etat algérien/le FLN, mais aussi par la France.
C’est abordé ici de façon légère. Une jeune femme cherchant un logement pas cher pour pouvoir étudier, se retrouve logée chez un vieux bonhomme au départ plus que renfermé. Petit à petit elle va découvrir ses cicatrices mal refermées.
Le récit est un peu pointilliste, mais avec pudeur il aborde la réalité des Harkis au travers de l’histoire de cet homme. Les relations entre la France et l’Algérie, entre l’Algérie et les Harkis, le lâche abandon des Harkis par la France, tout ceci est évoqué – mais j’aurais peut-être aimé que ce soit plus développé. Mais en tout cas la lecture est agréable, et éclaire un pan de l’histoire intéressant.
Note réelle 3,5/5.
Je vais être moins sévère que Paco, même si la lecture de cet album m’a quelque peu laissé sur ma faim (je pense avoir eu sous la main une version revue, car il n’y avait pas les coquilles qu’il signale dans son avis).
Je ne connais pas le livre de l’historien Jean Lopez à l’origine de cet album. Je ne jugerai donc que cette adaptation. Disons qu’elle n’est pas inintéressante, mais sa construction m’a semblé trop sèche et répétitive. Nous n’avons en fait qu’un enchainement lugubre et terrible de morts et de massacres, situés et datés plus ou moins précisément, le tout entrecoupés d’ordre et de vociférations de moins en moins crédibles et lucides d’Hitler, jusqu’à l’écroulement final et le suicide du Führer – après qu’il ait envoyé à la mort une bonne partie des habitants du Reich.
Le problème, en plus d’une construction sèche, sorte de litanie de dates/massacres, c’est que manquent le contexte, et quelques explications. Je suis plutôt au fait du sujet, mais je pense que ça n’aurait pas été de trop (une ou deux cartes, une présentation d’une ligne des personnages principaux évoqués en fin ou en début de volume aiderait grandement ceux qui ne connaissent pas dans les détails cette période de la guerre). Dans le même genre de perspective, mais étendu au Reich et pas seulement à Hitler (mais ici les deux sont aussi imbriqués), j’avais plus apprécié le très bon travail de l’historien anglais Ian Kershaw « La Fin : Allemagne 1944-1945 » (même si bien sûr ça n’est pas une BD).
Mais bon, le dessin fait bien le travail, et on comprend quand même le raidissement du régime, l’accentuation du fanatisme dans la fuite en avant qui mène à liquider tous les « traitres (de la même façon qu’on voit bien la violence des bombardements alliés sur des civiles). L’album se laisse lire. Mais Pécau aurait plus le rendre plus intelligible et digeste je pense.
Note réelle 2,5/5.
Un récit assez brut, sans pathos ni envolées lyriques sur l’engagement, la mort de proches. Ça rend le récit sans doute un peu aride, mais ne gâche pas la lecture, intéressante.
L’auteur raconte son engagement contre Daech en Syrie de 2015 à 2017. Je devrais d’ailleurs écrire que l’auteur s’est engagé, plus que contre Daech, pour les combattants kurdes en Rojava. En effet, c’est engagement fort, militaire, est la directe conséquences des idéaux politiques de l’auteur, qu’il explique en début d’album. C’est la liberté en général, mais aussi l’expérience révolutionnaire de cette région du Kurdistan qu’il est venu défendre les armes à la main, lui qui n’avait a priori aucune appétence ou aptitude au niveau du maniement des armes.
Le récit est circonstancié, froid – et fait froid dans le dos aussi ! En effet, dès son arrivée sur le champ de bataille, la mort est omniprésente, puisqu’il fait partie des combattant s’infiltrant dans les lignes de l’Etat islamique, jusqu’à l’assaut final sur sa capitale en ruine, anéantie, remplie de mine et de tireurs isolés, jamais à l’abri d’un kamikaze ou d’une voiture suicide.
L’auteur nous fait aussi découvrir d’autres combattant qui, comme lui, ont rejoint une sorte de Brigade internationale (avec des origines et des motivations assez diverses.
L’album se termine avec le retour de l’auteur en France en 2017. Ce qui laisse en suspens quelques questions. D’abord vers la fin on voit apparaitre les premiers bombardements turcs contre les Kurdes. Un pays de l’Otan, bombarde donc nos alliés, sans que la France et plus généralement les occidentaux ne protestent outre mesure (et l’auteur montre bien la présence des forces spéciales françaises à côté des combattants kurdes). Une fois Daech « vaincue », on n’a plus besoin de ceux que l’on présentait dans les médias à l’époque comme des exemple (et depuis, lâchés, ils subissent une guerre violente de la part de la Turquie – en plus du régime d’Assad – à voir ce que le nouveau régime fera).
Ubuesque est aussi le traitement subi par l’auteur lorsque, au milieu de sa « mission » en Syrie, il revient en France. Lorsqu’il souhaite retourner combattre, il est arrêté, traité comme un terroriste en puissance…
Un récit à hauteur d’homme, sans doute assez sec, mais intéressant pour donner corps aux reportages ou études lus ailleurs (le Monde diplomatique en particulier a publié plusieurs articles intéressants sur le sujet).
Les Folies Bergère est une évocation traumatisante et lyrique de la guerre de 14-18. A l'instar d'un récit de Tardi, nous sommes plongés dans les tranchées au milieu de l'horreur, des cadavres et de soldats en sursis qui se créent un petit monde bien à eux pour supporter ce cauchemar désespéré. Et dans ce petit monde, il s'avère qu'une part de fantastique ou de cyniquement merveilleux a lieu, à commencer par ce condamné à mort que les balles des bourreaux refusent de tuer. Venu constater les faits, un aumônier va rencontrer le capitaine du régiment, lui-même obnubilé par le fait qu'il se considère, lui et ses hommes, comme des taupes prêtes à être éliminées dans ce monde terrible.
Etonnant mélange de macabre, de merveilleux et de réalisme, cette BD laisse le lecteur un peu perplexe. Il y a du lyrisme dans cette horreur, mais aussi des messages parfois un peu éculés comme celui sur Dieu et le Diable qui se jouent des hommes. C'est parfois très noir, horrible comme ces visages arrachés en plein cours d'une conversation, et parfois plus mielleux comme cette petite fille qui vient toute seule sur le front retrouver son père et qu'on lui présente comme un héros. Il y a une part d'humour noir qui se mêle à de la poésie et à un réalisme cru et terrifiant. Il y a du coup forcément ce rapport à la folie qu'on retrouve dans le titre : tout est dérisoire, tout est sordide et étrangement beau à la fois.
J'ai beau avoir été légèrement transporté par l'ambiance étrange qui se dégage de cette BD, je reste quand même circonspect par ce mélange de tons qui ne m'a pas toujours convaincu, en particulier par cette impression qu'il s'y mélange un peu trop de choses et de sous-intrigues.
Je viens de sortir d’une lecture décevante de Junji Ito, avec Rémina, longue histoire qui ne m’avait pas vraiment convaincu. Avec ce nouveau recueil d’histoires courtes, cela confirme qu’Ito est sans doute plus à l’aise dans ce format, dans lequel il excelle pour développer en peu de temps une ambiance dérangeante, malsaine, un fantastique où l’horreur vampirise le quotidien.
Encore que, on peut presque considérer que les cinq premières histoires n’en forment qu’une longue. Mais c’est en fait plusieurs variations sur le même thème – et du coup il y a moins de surprises, et certaines redites ne peuvent être évitées.
Dans ces histoires formant « L’école décomposée », Ito part d’un trait de la société traditionnelle japonaise, à savoir une certaine propension à s’excuser par avance de ses actes. Il le fait ici de façon outrancière, le personnage qui incarne cette obsession en est grotesque, jusqu’à ce qu’apparaisse sa sœur, et que l’on comprenne le mal que tous deux transmettent à ceux qui les côtoient.
Ito donne ensuite libre cours à son imagination, pour nous montrer des situations horribles, avec des visages hideux, et des victimes se liquéfiant, leur cerveau se vidant par tous leurs orifices. On reste dans du classique, sans doute un chouia répétitif pour cet ensemble.
En fin d’album, sont ajoutées deux histoires vraiment très courtes, mais pas inintéressantes, où, là aussi, l’horreur est au premier plan. Un peu de Lovrecraft dans la première, la suivante – un peu trop courte à mon goût – étant du pur Ito, l’étrange devenant rapidement malsain.
Comme d’habitude, le dessin d’Ito, avec un trait très fin, se révèle très bon, très expressif, et en tout cas très agréable.
Un album qui ne révolutionne rien, mais qui plaira aux amateurs de Junji Ito ne recherchant pas à tout prix la surprise.
2.5
Lu cet album pour continuer de voir si un jour je trouverais une BD de Catherine Meurisse exceptionnelle. J'avoue que je ne comprends pas trop tout le buzz autour d'elle. Elle est très bonne dessinatrice, mais comme scénariste le résultat est moyen.
C'est encore le cas ici. Ses paysages du Japon sont très beaux à regarder, mais la manière dont elle parle de son voyage au Japon manque vraiment de dynamisme. Elle inclut aussi du folklore japonais et même cette touche plus fantastique ne m'a pas passionné. C'est un peu plat. J'ai eu l'impression que le public cible était pour les lecteurs pour qui le Japon est un pays exotique rempli de secrets. Ben moi je lis des mangas depuis plus de deux décennies et j'en ai vu des documentaires et des vidéos youtube sur le Japon alors j'ai rien appris en lisant cet album.
Ça se laisse lire, mais ce n'est pas une lecture marquante ou très agréable.
Un album féministe.
Le débat sur l'avortement au Maroc est à l'origine de cet album, Fedwa Misk est une journaliste et militante marocaine. Cet album est sa première BD, elle nous propose un road Trip à travers le Maroc en compagnie de trois femmes. Nisrine est une militante marocaine, une sorte d'alter ego de Fedwa. Lila est la meilleure amie de Nisrine, c'est une jeune femme joyeuse, insouciante et croquant la vie à pleines dents jusqu'à ce qu'elle découvre qu'elle est enceinte. Malika est une mère de famille avec cinq enfants, elle est fonctionnaire, son mari Tibari est au chômage et elle vient d'apprendre qu'elle attend un sixième enfant. Deux grossesses non désirées.
On va suivre leur périple pour trouver une solution à leur problème, car c'est un gros problème d'être enceinte sans être mariée ou de ne pas vouloir d'une nouvelle naissance. Elles deviennent des mécréantes et peuvent être reniées par leurs proches. La recherche d'un médecin pouvant les avorter est un chemin de croix, ceux-ci risquent entre 10 à 20 ans de prison.
Un récit émouvant, avec une touche d'humour, sur la place de la femme dans la société marocaine sous le dogme de l'islam, et qui fait le bonheur du patriarcat. Le sujet de l'avortement n'est que le prétexte pour réveiller les consciences, il sera aussi question de transgénisme.
Une lecture très plaisante grâce à ces trois femmes aux tempéraments si différents, mais si complémentaires, elles sont le rayon de soleil dans ce monde qui s'obscurcit à vue d'œil.
Un dessin simple, tout en rondeur et assez expressif à la colorisation lumineuse, je n'en suis pas fan, mais il a un côté très positif qui amène à espérer en un monde meilleur (et il y a du boulot).
Je termine mon avis par ces quelques mots qui clôturent cet album, ils résument très bien le message qu'il veut faire passer : "Si tu ne sais pas jouir de la vie, sans penser à l'enfer, si tu ne peux exister qu'en tapant des pieds et des mains... Si tu ne peux pas lâcher du lest sans te sentir traître, si tu ne peux pas pardonner à ceux qui prennent un autre chemin, alors ta prison est bien plus exiguë qu'une geôle en béton. "
Je recommande.
Note réelle : 3,5.
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Maka-maka
Debout les campeurs et haut les cœurs, car aujourd'hui je vais aviser un hentai. Pas ma came habituelle mais Gruizzli en a dit du bien et je lui fais confiance, alors même si je m'attendais à de l'érotisme visant purement un public masculin j'ai décidé de lui donner sa chance. Bonne pioche ? Mauvaise pioche ? Ici bonne pioche mais pas vraiment pour les raisons auxquelles on pourrait s'attendre. Déjà, la question de base : est-ce que l'érotisme a marché sur moi ? Oui et non. Les scènes m'ont effectivement semblées viser un public masculin (de par les cadrages notamment), mais je reconnais que quelques unes ont su me parler un peu. Que voulez-vous, la communication saine, la complicité et la franche affection entre deux partenaires ça me met dans le bain ! Pas de quoi me faire vibrer le pantalon non plus mais je reconnais que certains épisodes ont marché sur moi. La sincère amitié et complicité des deux protagoniste est assurément le point fort de ce diptyque. Elles vivent toutes deux des vies sexuelles complexes, enchaînant les partenaires, cherchant une forme de validation et de satisfaction auprès des hommes qu'elles ne parviennent pas à trouver parfaitement, alors elles se réfugient l'une avec l'autre. Elles sont des amies avec bénéfices, comme on dit, se retrouvant très souvent pour se satisfaire physiquement sans entacher leur amitié. Plus que ça encore, faire l'amour est une forme de communication à leur yeux, une concrétisation de leur complicité. Elles s'aiment sincèrement, sexuellement comme amicalement, il n'y a juste rien de romantique entre elles. J'avoue que voir un hentai traiter relativement sérieusement les relations ouvertes, les relations sexuelles comme forme de communication intime et la distinction entre l'attraction sexuelle et romantique, je ne m'y attendais pas. L'œuvre traite également du rapport de force entre les femmes et les hommes dans une société patriarcale, puisque les deux protagonistes cherchent constamment une forme de validation dans leurs relations avec des hommes (qu'il s'agisse de leurs carrières ou tout simplement de trouver une relation stable et normée). Ça aussi ça m'a surprise. Les petites histoires qui forment ce dyptique marquent vraiment par leur aspect humain, je pense notamment à des épisodes sincèrement touchants comme celui de l'anniversaire de Nini ou encore celui ou Jun parle du fait que tout le monde finit par s'abandonner un jour ou l'autre. Il y a aussi le fait que lorsqu'elles font l'amour, tout n'est pas "parfait", elles se permettent des blagues, ça rigole, ça se chamaille, ce qui est mine de rien plus proche d'un vrai rapport sexuel qu'un enchaînement de répliques bateaux et d'orgasmes sur-exagérés comme j'aurais pu m'attendre de par la nature de hentai de cette œuvre. Après, tout n'est pas parfait non plus. Déjà, encore une fois, même si l'album se centre sur une relation saphique, les histoires tournent très souvent autour de la question masculine. Normal d'un certain point de vue, car bien que les deux soient bisexuelles elles n'en reste pas moins visiblement hétéroromantiques, mais là je parle surtout du fait qu'à plusieurs moments, de par deux/trois répliques évoquant le point de vue des hommes sur leur relation, certaines poses qui m'ont semblés venir tout droit d'un film pornographique et le cadrage qui m'a semblé assez masculin et voyeur tout du long, bah tout ça m'a eu quand-même de pas mal visé un public masculin justement. Normal, vous me direz, un hentai sur une relation saphique je m'attend plus à ce que ça se rapproche de la catégorie "lesbiennes" sur pornhub qu'à trouver une œuvre érotique véritablement saphique. Mais il n'empêche, ça me parle forcément moins. Bon, encore une fois, rien de très grave non plus, j'ai trouvé le résultat ici de bien meilleur goût que ce à quoi j'aurais pu m'attendre, mais tout de même. Il y a aussi un reproche classique dans le monde de l'érotisme, à savoir les plastiques trop parfaites. Parce qu'à part Nini qui serait, VISIBLEMENT, grosse (oui, celle-là elle m'a fait lever les sourcils), les deux protagonistes sont quand-même un peu trop dans les standards physiques de l'érotisme masculin, à savoir "minces mais voluptueuses avec des gros nichons" (même si leur taille de bonnet n'est pas la même, il est vrai). J'aime les gros seins, hein, mais un peu de variété que diable ! La chanson disait "vive les gros nichons", mais Hugo ne disait-il pas "aimer une femme aux petits seins, c'est être plus proche de son cœur" ? Après, petits comme gros, vive les nichons quand-même, hein ! Sur le sujet des plastiques parfaites, je peux aussi ajouter que la peau des protagonistes a LITTÉRALEMENT l'air d'être plastifiée (le rendu sur la peau m'a paru étrange). Joint aux physiques trop idéalisés, j'ai vraiment eu l'impression de voir des poupées. Intéressant, pas mon genre d'érotisme mais surprenamment humain et touchant par moments.
Le Voyage de Shuna
Un joli récit aux allures de conte ou de légende. Le voyage de Shuna raconte la quête d'un jeune homme qui a décidé de partir jusqu'aux confins du monde à la recherche d'une graine aux propriétés miraculeuses. Son chemin sera semé d'embûches et de péripéties, il croisera notamment la route de cannibales, affrontera des marchands d'esclaves, et trouvera même peut-être l'amour. L'histoire est simple mais brille par son atmosphère de conte/légende, et surtout par son très beau dessin réalisé par Miyazaki (il n'y a pas à dire, le bougre a un sacré coup de crayon). On retrouve les thèmes chers à l'auteur, à savoir le rapport de l'humain à la nature, des véhicules de guerre de ci de là et un propos plein d'espoir sur la vie. Je note également que la monture de Shuna s'appelle un "yakkuru", même nom donc que la monture d'Ashitaka dans Princesse Mononoke si je ne m'abuse. Serait-ce le nom d'une créature issue d'un folklore asiatique que je ne connais pas ? Il s'agit visiblement de l'adaptation d'une légende tibétaine, je serais très curieuse d'en trouver d'autres retranscriptions/adaptations.
Les Damnés du grand large
C'est une histoire de marin, de malédiction, de meurtres et d'une étrange marque retrouvée sur chacun des cadavres. L'histoire est aussi celle d'un compteur, narrant son récit dans l'espoir de gagner un logis et un repas pour la nuit. L'histoire est une sorte de thriller, mélangeant légendes de marins et histoires de vengeance. Pas inintéressant mais pas transcendant non plus. Le problème ici, c'est que c'est bien... sans plus. L'histoire est intéressante mais la révélation de fin m'a semblée à la fois trop évidente et trop mal amenée, l'ambiance qu'on cherche à installer est prometteuse mais je n'ai pas vraiment eu l'impression qu'on lui laisse vraiment le temps de bien se poser (là où Adlivun m'avait déçue par son final et ses explications mais avait parfaitement su installer son atmosphère angoissante et mystique), et le rythme m'a semblé un tantinet trop rapide, je n'aurais pas bouder quelques pages de plus (justement pour bien poser l'ambiance). Du bien sans plus, donc. Mais une lecture tout de même pas désagréable et une histoire qui peut sincèrement plaire. Dans les aspects positif, il y a notamment la mise en abime narrative et le propos filé sur la connaissance et le pouvoir qu'elle apporte, thèmes qui me sont chers et pour lesquels j'ai toujours un faible. Et le dessin est assez joli, pas mon style de prédilection mais honnêtement bien travaillé (l'eau et les dessins de Rêveurs marquent particulièrement). Je peux recommander la lecture, donc, quand bien même je n'aurais pas été personnellement transcendée.
Lisa et Mohamed
L’histoire aurait sans doute pu être davantage creusée – du côté de Mohamed et de sa vie en Algérie durant la guerre, puis de son exil, je ne sais pas. Mais c’est un tout petit bémol, qui ne remet pas en cause l’intérêt de cet album. D’abord parce que, si la Guerre d’Algérie a fourni la trame de très nombreuses séries, cet album s’attarde sur un pan bien moins souvent traité (et pas seulement en bande dessinée d’ailleurs !), à savoir les Harkis – et le sort qui leur a été réservé à la fin de la guerre – par l’Etat algérien/le FLN, mais aussi par la France. C’est abordé ici de façon légère. Une jeune femme cherchant un logement pas cher pour pouvoir étudier, se retrouve logée chez un vieux bonhomme au départ plus que renfermé. Petit à petit elle va découvrir ses cicatrices mal refermées. Le récit est un peu pointilliste, mais avec pudeur il aborde la réalité des Harkis au travers de l’histoire de cet homme. Les relations entre la France et l’Algérie, entre l’Algérie et les Harkis, le lâche abandon des Harkis par la France, tout ceci est évoqué – mais j’aurais peut-être aimé que ce soit plus développé. Mais en tout cas la lecture est agréable, et éclaire un pan de l’histoire intéressant. Note réelle 3,5/5.
Les 100 derniers jours d'Hitler
Je vais être moins sévère que Paco, même si la lecture de cet album m’a quelque peu laissé sur ma faim (je pense avoir eu sous la main une version revue, car il n’y avait pas les coquilles qu’il signale dans son avis). Je ne connais pas le livre de l’historien Jean Lopez à l’origine de cet album. Je ne jugerai donc que cette adaptation. Disons qu’elle n’est pas inintéressante, mais sa construction m’a semblé trop sèche et répétitive. Nous n’avons en fait qu’un enchainement lugubre et terrible de morts et de massacres, situés et datés plus ou moins précisément, le tout entrecoupés d’ordre et de vociférations de moins en moins crédibles et lucides d’Hitler, jusqu’à l’écroulement final et le suicide du Führer – après qu’il ait envoyé à la mort une bonne partie des habitants du Reich. Le problème, en plus d’une construction sèche, sorte de litanie de dates/massacres, c’est que manquent le contexte, et quelques explications. Je suis plutôt au fait du sujet, mais je pense que ça n’aurait pas été de trop (une ou deux cartes, une présentation d’une ligne des personnages principaux évoqués en fin ou en début de volume aiderait grandement ceux qui ne connaissent pas dans les détails cette période de la guerre). Dans le même genre de perspective, mais étendu au Reich et pas seulement à Hitler (mais ici les deux sont aussi imbriqués), j’avais plus apprécié le très bon travail de l’historien anglais Ian Kershaw « La Fin : Allemagne 1944-1945 » (même si bien sûr ça n’est pas une BD). Mais bon, le dessin fait bien le travail, et on comprend quand même le raidissement du régime, l’accentuation du fanatisme dans la fuite en avant qui mène à liquider tous les « traitres (de la même façon qu’on voit bien la violence des bombardements alliés sur des civiles). L’album se laisse lire. Mais Pécau aurait plus le rendre plus intelligible et digeste je pense. Note réelle 2,5/5.
Jusqu'à Raqqa
Un récit assez brut, sans pathos ni envolées lyriques sur l’engagement, la mort de proches. Ça rend le récit sans doute un peu aride, mais ne gâche pas la lecture, intéressante. L’auteur raconte son engagement contre Daech en Syrie de 2015 à 2017. Je devrais d’ailleurs écrire que l’auteur s’est engagé, plus que contre Daech, pour les combattants kurdes en Rojava. En effet, c’est engagement fort, militaire, est la directe conséquences des idéaux politiques de l’auteur, qu’il explique en début d’album. C’est la liberté en général, mais aussi l’expérience révolutionnaire de cette région du Kurdistan qu’il est venu défendre les armes à la main, lui qui n’avait a priori aucune appétence ou aptitude au niveau du maniement des armes. Le récit est circonstancié, froid – et fait froid dans le dos aussi ! En effet, dès son arrivée sur le champ de bataille, la mort est omniprésente, puisqu’il fait partie des combattant s’infiltrant dans les lignes de l’Etat islamique, jusqu’à l’assaut final sur sa capitale en ruine, anéantie, remplie de mine et de tireurs isolés, jamais à l’abri d’un kamikaze ou d’une voiture suicide. L’auteur nous fait aussi découvrir d’autres combattant qui, comme lui, ont rejoint une sorte de Brigade internationale (avec des origines et des motivations assez diverses. L’album se termine avec le retour de l’auteur en France en 2017. Ce qui laisse en suspens quelques questions. D’abord vers la fin on voit apparaitre les premiers bombardements turcs contre les Kurdes. Un pays de l’Otan, bombarde donc nos alliés, sans que la France et plus généralement les occidentaux ne protestent outre mesure (et l’auteur montre bien la présence des forces spéciales françaises à côté des combattants kurdes). Une fois Daech « vaincue », on n’a plus besoin de ceux que l’on présentait dans les médias à l’époque comme des exemple (et depuis, lâchés, ils subissent une guerre violente de la part de la Turquie – en plus du régime d’Assad – à voir ce que le nouveau régime fera). Ubuesque est aussi le traitement subi par l’auteur lorsque, au milieu de sa « mission » en Syrie, il revient en France. Lorsqu’il souhaite retourner combattre, il est arrêté, traité comme un terroriste en puissance… Un récit à hauteur d’homme, sans doute assez sec, mais intéressant pour donner corps aux reportages ou études lus ailleurs (le Monde diplomatique en particulier a publié plusieurs articles intéressants sur le sujet).
Les Folies Bergère
Les Folies Bergère est une évocation traumatisante et lyrique de la guerre de 14-18. A l'instar d'un récit de Tardi, nous sommes plongés dans les tranchées au milieu de l'horreur, des cadavres et de soldats en sursis qui se créent un petit monde bien à eux pour supporter ce cauchemar désespéré. Et dans ce petit monde, il s'avère qu'une part de fantastique ou de cyniquement merveilleux a lieu, à commencer par ce condamné à mort que les balles des bourreaux refusent de tuer. Venu constater les faits, un aumônier va rencontrer le capitaine du régiment, lui-même obnubilé par le fait qu'il se considère, lui et ses hommes, comme des taupes prêtes à être éliminées dans ce monde terrible. Etonnant mélange de macabre, de merveilleux et de réalisme, cette BD laisse le lecteur un peu perplexe. Il y a du lyrisme dans cette horreur, mais aussi des messages parfois un peu éculés comme celui sur Dieu et le Diable qui se jouent des hommes. C'est parfois très noir, horrible comme ces visages arrachés en plein cours d'une conversation, et parfois plus mielleux comme cette petite fille qui vient toute seule sur le front retrouver son père et qu'on lui présente comme un héros. Il y a une part d'humour noir qui se mêle à de la poésie et à un réalisme cru et terrifiant. Il y a du coup forcément ce rapport à la folie qu'on retrouve dans le titre : tout est dérisoire, tout est sordide et étrangement beau à la fois. J'ai beau avoir été légèrement transporté par l'ambiance étrange qui se dégage de cette BD, je reste quand même circonspect par ce mélange de tons qui ne m'a pas toujours convaincu, en particulier par cette impression qu'il s'y mélange un peu trop de choses et de sous-intrigues.
L'École décomposée
Je viens de sortir d’une lecture décevante de Junji Ito, avec Rémina, longue histoire qui ne m’avait pas vraiment convaincu. Avec ce nouveau recueil d’histoires courtes, cela confirme qu’Ito est sans doute plus à l’aise dans ce format, dans lequel il excelle pour développer en peu de temps une ambiance dérangeante, malsaine, un fantastique où l’horreur vampirise le quotidien. Encore que, on peut presque considérer que les cinq premières histoires n’en forment qu’une longue. Mais c’est en fait plusieurs variations sur le même thème – et du coup il y a moins de surprises, et certaines redites ne peuvent être évitées. Dans ces histoires formant « L’école décomposée », Ito part d’un trait de la société traditionnelle japonaise, à savoir une certaine propension à s’excuser par avance de ses actes. Il le fait ici de façon outrancière, le personnage qui incarne cette obsession en est grotesque, jusqu’à ce qu’apparaisse sa sœur, et que l’on comprenne le mal que tous deux transmettent à ceux qui les côtoient. Ito donne ensuite libre cours à son imagination, pour nous montrer des situations horribles, avec des visages hideux, et des victimes se liquéfiant, leur cerveau se vidant par tous leurs orifices. On reste dans du classique, sans doute un chouia répétitif pour cet ensemble. En fin d’album, sont ajoutées deux histoires vraiment très courtes, mais pas inintéressantes, où, là aussi, l’horreur est au premier plan. Un peu de Lovrecraft dans la première, la suivante – un peu trop courte à mon goût – étant du pur Ito, l’étrange devenant rapidement malsain. Comme d’habitude, le dessin d’Ito, avec un trait très fin, se révèle très bon, très expressif, et en tout cas très agréable. Un album qui ne révolutionne rien, mais qui plaira aux amateurs de Junji Ito ne recherchant pas à tout prix la surprise.
La Jeune Femme et la Mer
2.5 Lu cet album pour continuer de voir si un jour je trouverais une BD de Catherine Meurisse exceptionnelle. J'avoue que je ne comprends pas trop tout le buzz autour d'elle. Elle est très bonne dessinatrice, mais comme scénariste le résultat est moyen. C'est encore le cas ici. Ses paysages du Japon sont très beaux à regarder, mais la manière dont elle parle de son voyage au Japon manque vraiment de dynamisme. Elle inclut aussi du folklore japonais et même cette touche plus fantastique ne m'a pas passionné. C'est un peu plat. J'ai eu l'impression que le public cible était pour les lecteurs pour qui le Japon est un pays exotique rempli de secrets. Ben moi je lis des mangas depuis plus de deux décennies et j'en ai vu des documentaires et des vidéos youtube sur le Japon alors j'ai rien appris en lisant cet album. Ça se laisse lire, mais ce n'est pas une lecture marquante ou très agréable.
Des femmes guettant l'annonce
Un album féministe. Le débat sur l'avortement au Maroc est à l'origine de cet album, Fedwa Misk est une journaliste et militante marocaine. Cet album est sa première BD, elle nous propose un road Trip à travers le Maroc en compagnie de trois femmes. Nisrine est une militante marocaine, une sorte d'alter ego de Fedwa. Lila est la meilleure amie de Nisrine, c'est une jeune femme joyeuse, insouciante et croquant la vie à pleines dents jusqu'à ce qu'elle découvre qu'elle est enceinte. Malika est une mère de famille avec cinq enfants, elle est fonctionnaire, son mari Tibari est au chômage et elle vient d'apprendre qu'elle attend un sixième enfant. Deux grossesses non désirées. On va suivre leur périple pour trouver une solution à leur problème, car c'est un gros problème d'être enceinte sans être mariée ou de ne pas vouloir d'une nouvelle naissance. Elles deviennent des mécréantes et peuvent être reniées par leurs proches. La recherche d'un médecin pouvant les avorter est un chemin de croix, ceux-ci risquent entre 10 à 20 ans de prison. Un récit émouvant, avec une touche d'humour, sur la place de la femme dans la société marocaine sous le dogme de l'islam, et qui fait le bonheur du patriarcat. Le sujet de l'avortement n'est que le prétexte pour réveiller les consciences, il sera aussi question de transgénisme. Une lecture très plaisante grâce à ces trois femmes aux tempéraments si différents, mais si complémentaires, elles sont le rayon de soleil dans ce monde qui s'obscurcit à vue d'œil. Un dessin simple, tout en rondeur et assez expressif à la colorisation lumineuse, je n'en suis pas fan, mais il a un côté très positif qui amène à espérer en un monde meilleur (et il y a du boulot). Je termine mon avis par ces quelques mots qui clôturent cet album, ils résument très bien le message qu'il veut faire passer : "Si tu ne sais pas jouir de la vie, sans penser à l'enfer, si tu ne peux exister qu'en tapant des pieds et des mains... Si tu ne peux pas lâcher du lest sans te sentir traître, si tu ne peux pas pardonner à ceux qui prennent un autre chemin, alors ta prison est bien plus exiguë qu'une geôle en béton. " Je recommande. Note réelle : 3,5.