En 1971, un braqueur intrépide pirate un avion US et s'enfuit en parachute avec un joli pactole. La police ne le retrouvera jamais ...
Pour nous, Cornette et Garreta imaginent la suite, celle que même le FBI ne connait pas.
Pour le scénario du Dernier vol de Dan Cooper, le belge Jean-Luc Cornette s'est emparé de l'histoire totalement vraie mais complètement folle d'un pirate de l'air étasunien qui en 1971 prend un avion de ligne en otage : il empoche 200.000 $, fait redécoller l'appareil et saute en parachute en plein ciel, façon Tom Cruise. Un braquage plutôt original.
L'animal se faisait appeler Dan Cooper : un pseudo tiré d'une BD canadienne en vogue dans les années 50-60. Il ne sera jamais retrouvé même si le FBI n'abandonne les recherches qu'en 2016.
Plusieurs imitateurs tenteront des braquages identiques au fil des années, mais tous seront attrapés ou abattus : le mystérieux Dan Cooper est le seul qui, sans doute, profita de son magot.
Les dessins sont de Renaud Garreta, un garçon qui aime bien les voitures (Sébastien Loeb), les bateaux (Fastnet) et les avions (Tanguy et Laverdure) !
Le canevas et les personnages :
La première partie de l'album reconstitue le braquage et le détournement de l'avion : Cornette imagine même une complice au mystérieux Dan Cooper, une jolie blonde.
Après le fameux saut en parachute, le scénario invente une suite aux aventures de Dan Cooper : qu'est-il devenu ? a-t-il retrouvé sa complice ? coule-t-il des jours heureux au Mexique ?
Vous le découvrirez bientôt en exclusivité, même le FBI ne le sait pas !
Le détournement d'avion de la première partie donne une histoire assez bluffante, on a du mal à réaliser qu'il s'agit d'une histoire vraie. La suite imaginée par les auteurs réservent quelques surprises, au lecteur comme à Dan Cooper, jusqu'à une fin qui laisse planer encore quelques mystères.
Côté dessins, c'est peu la déception : le trait assez classique de Garreta reste dans l'esprit d'une BD comme Insiders, mais les visages nous ont semblé beaucoup moins précis, parfois grossiers en arrière-plan. Ce crayon rapide, cet aspect un peu brouillon, est peut-être là pour rappeler les anciens albums de Dan Cooper mais cela ne convient plus trop à nos grilles de lecture d'aujourd'hui.
2.5
Un album qui regroupe trois histoires se passant dans le même monde.
Le résultat est pas trop mal, mais les scénarios m'ont laissé sur ma faim. Puis j'ai lu que ça sert de mise en place pour un film d'animation qui apparemment va se faire et ça explique tout. Les récits sont un survol d'un univers qui a le potentiel d'être très riche, d'où une certaine frustration d'en vouloir plus. Le ton est très influencé par les films de Miyazaki, avec notamment l'importance de l'environnement. Le dessin est très bon et me faisait penser à un storyboard et maintenant que j'ai appris qu'on veut faire de ce monde un film, ça explique tout.
Au final, c'est pas mauvais, mais trop peu marquant ou passionnant pour que je recommande la lecture. Ça se laisse lire sans problème et comme je l'ai écrit les illustrations sont jolies, mais c'est à peu près tout.
2.5
Akata présente ce manga comme ambitieux et pour l'instant je ne sais pas trop quoi en penser.
Il faut dire que pour l'instant je n'ai lu que deux des trois tomes parus en français et que le premier tome est une très longue introduction au rythme trop lent. Ce n'est pas trop grave lorsque c'est pour expliquer ce qui est arrivé au Japon pour que la société s'effondre, mais l'histoire personnel du héros est cliché pour n'importe qui ayant lu une œuvre se passant dans un monde post-apocalyptique. Le héros essai de vivre sa vie tranquille avec sa femme sauf que ceux qui ont du pouvoir en abuse et grosse surprise sa femme finit tuer de manière injuste (bon j'avoue que j'ai été surprise qu'elle ne se fasse pas en prime violer de manière gratuite juste pour qu'on comprenne bien que la vie est pas juste). Cela le motive à vouloir changer les choses et pour l'instant sa quête ne me passionne pas trop et je ne pense pas que j'ai envie de continuer de lire la série pour voir si je vais changer d'avis.
Le dessin est correct.
La Première guerre mondiale, voilà l’un des sujets passablement rebattus, avec lequel il est de plus en plus difficile de faire preuve d’originalité, pour surprendre et/ou intéresser les lecteurs. Eh bien les auteurs ont su au moins trouver un angle d’attaque original.
Je ne connaissais pas du tout cet « anecdote », détaillée dans les dossiers qui concluent chaque album, à savoir que l’armée française ait sérieusement envisagé de faire venir en pleine guerre des chiens de traineaux d’Alaska, pour mieux ravitailler les premières lignes dans les zones montagneuses.
Si les noms ont été légèrement modifiés, et si l’histoire a elle aussi subi quelques modifications marginales, les auteurs suivent la trame réelle, en y greffant une intrigue qui se laisse lire, avec un personnage principal pour le moment très ambivalent. Véritable héros (il a survécu à de multiples blessures, ne renonce jamais), c’est aussi un personnage sec et froid, misogyne. Son couple est fragilisé. Et aussi il a des relations très tendues avec celui qui devrait fournir les chiens, et avec lequel il s’est brouillé lorsqu’il vivait en Alaska, ce que nous devinons par quelques allusions.
Hélas, si au moins un troisième album (« Scooty, été 1915 ») est annoncé (on a même droit aux premières pages en fin du deuxième album), je crains que la série ait été abandonnée, puisque rien n’est paru depuis dix ans, alors que l’intrigue revenait vers l’Alaska. Ce qui frustre les lecteurs d’une fin.
C’est dommage, car la série, sans être hyper originale, s’avérait tout de même agréable à suivre.
La drogue et ses usages est un sujet qui me passionne depuis looooongtemps ! Alors quand j'ai vu que sortait cette BD doc, je ne pouvais raisonnablement que m'y intéresser. Si j'ai quelques réserves, il faut bien reconnaitre que les auteurs sont parvenus à compiler un bon nombre d'éléments épars.
Mais commençons par le côté obscur de cette critique, et non des moindres puisqu'il porte sur le dessin. Plutôt mal barré pour une BD me direz-vous. Pas que ce soit mauvais, non. Au contraire, c'est même en réalité plutôt réussi et agréable à l'œil, dans un genre très "photographique" qui n'est pourtant pas mon gros kiff. Donc quoi ? Pour tout dire, il y a quelques années, j'avais essayé de lire La Cellule, également illustrée par Nicolas Otéro, mais j'avais rapidement été saoulé par le dessin dont l'auteur opérait bien souvent par copiés/collés. On retrouvait en effet les même visages, les même plans, à divers endroits du récit, ce qui m'a rapidement mis le doute sur sa "méthode" graphique que je soupçonnais être non seulement infographiée mais aussi entièrement basée sur des copies de dessins existants piochés à droite et à gauche. Dans le cas qui nous intéresse, s'il n'y a pas de répétition, j'ai en revanche reconnu deux ou trois dessins que je connaissais parfaitement pour les avoir déjà croisés dans le passé, notamment dans la série La Vie Privée des Hommes, illustrée par Pierre Joubert, que j'ai lue et relue mille fois étant gamin. C'est un peu gênant car au-delà de la question de la légitimité, il y a celle du dessin en lui-même. En effet, je me dis que moi aussi, avec les bons outils informatiques, je peux composer ma BD.
Autre chose : la fin m'a un peu laissé... sur ma faim. D'abord, dans l'avant dernier chapitre évoquant l'inquiétant phénomène des NPS (nouveaux produits de synthèse), alors que le propos s'attarde sur la rapidité et surtout la dangerosité de ces nouvelles drogues ravageuses, les auteurs reviennent sans transition sur l'histoire de Timothy Leary et le LSD, ce qui donne l'impression de rater une marche, sinon une bonne dizaine de pages. Pour qui connait les substances psychédéliques dont fait partie le LSD, nous sommes là dans quelque chose de complètement différent, ne serait-ce que parce que ces substances ne provoquent pas d'addiction, ce qui d'ailleurs rend tout à fait discutable le qualificatif de drogue à leur égard. L'histoire du LSD mériterait à elle seule une BD, car elle vaut vraiment d'être racontée. Alors bon, voire Leary, qui n'était certes pas un saint homme, assimilé soudain aux narcos sans vergogne qui diffusent sans cesse de nouvelles drogues hyper dangereuses, ça m'en bouche un coin. Et puis vient le dernier chapitre, et par la même occasion la conclusion de cet ouvrage, expédiée en 5 pages, et s'achevant sur l'évocation du scandale J.D. Vance et le conflit d'intérêts qui le liait à l'entreprise pharmaceutique Purdue Pharma. C'est bien vu, fort à propos, sauf que c'est envoyé trop rapidos et aurait mérité qu'on s'y attarde à peine plus. En l'état, ça donne l'impression de faire de l'anti-trumpisme bon teint.
On pourra aussi regretter l'absence de quelques infos selon moi majeures, comme par exemple le fait que de nombreuses banques ont été fondées afin d'encadrer le trafic de drogues. C'est le cas de HSBC (Hongkong and Shanghai Banking Corporation) créée pour financer les échanges entre l'Europe, l'Inde et la Chine d'opium indien revendu en Chine. Les auteurs évoquent bien le cas des labos tels que Bayer, alors pourquoi passer sous silence le rôle majeur des banques ?
Mais bref ! Laissons-là ces reproches qui peut-être ne sont que peccadilles, bien que mes soupçons pèsent lourd. Il y a par ailleurs des choses pas mal du tout. A commencer par son découpage en courts chapitres, peu fouillés certes, mais qui rendent la lecture aisée pour qui ne serait pas spécialiste du sujet, en plus de la rendre quasi-exhaustive. Oui, si plusieurs points restent discutables, n'en reste pas moins que le bouquin fait quand même largement le tour de la question, même rapidement, même à grand traits, et la charge de creuser le sujet appartient au lecteur. Au moins, les entrées sont là. Il y a même des choses que j'ignorais totalement. Il est par exemple fait mention d'un film (The Manchourian Candidate - Un crime dans la tête en français) dont j'ignorais le film original (avec Sinatra !) comme le remake (avec Denzel Washington) que je vais bien entendu essayer de me procurer. Ou, plus grave, j'ai appris que tout frais promu avocat, le jeune Richard Nixon parvint à faire en sorte que les Etats-Unis puissent continuer à s'approvisionner en opium pendant la deuxième guerre mondiale. Mais chutttt...
Ha ! Et j'aime beaucoup l'usage parcimonieux des couleurs !
Plutôt une bonne lecture au final, mais mes trop grandes réserves quant au graphisme m'empêchent un peu d'attribuer une meilleure note à cette BD. J'aimerais rencontrer les auteurs pour en discuter et éventuellement évacuer mes soupçons. Le temps d'une dédicace au prochain festoche d'Angoulême, pourquoi pas ?...
Le travail de Walter Trono est excellent techniquement, dans un style hyper réaliste et un dessin qui se focalise sur les personnages, au détriment des décors et arrière-plans, souvent escamotés. Ce parti-pris, ainsi que la couleur bleue qui sature les cases, accentuent la froideur de l’ensemble, le côté désespérant et apathique du régime dans lequel se déroule l’histoire.
Prévue en cinq tomes, celle-ci nous dépeint une société dystopique et dictatoriale, qui, à l’instar de l’Église durant le moyen-âge, traque toute idée de plaisir, d’amour, toute relation sexuelle ne pouvant être acceptable que pour procréer. Les contrevenants et autres opposants sont persécutés et envoyés dans des camps de rééducations dans lesquels des sévices corporels – et sexuels – leur sont administrés.
Face à cette dictature, certains résistent. Par le fait, en pratiquant des relations sexuelles sensuelles et uniquement tournées vers le plaisir, ou par la propagande, en tentant de diffuser des idées contraires à la doxa officielle. C’est le cas de Valentine, dont le père a été assassiné et dont la mère a été arrêtée par la police politique, ce qui l’a fait entrer en résistance.
L’intrigue purement politique et thriller de Pistoia est classique, mais agréable à suivre (à voir ce que ça donnera par la suite), même si un peu « légère ». Mais, puisqu’on est chez Tabou, les auteurs nous gratifient de quelques scènes de sexe torrides, bien rendues – qui nous font encore plus regretter les interdictions que ces actes dénoncent.
Une entame sans trop de surprise, mais plaisante à suivre et à regarder – pour un public averti bien entendu.
Si Manolo Carot a surtout publié chez des éditeurs « érotiques », Dynamite et Tabou, j’avais aussi découvert une autre facette de ses talents avec l’intéressant El Boxeador, dans un tout autre registre !
On le retrouve ici chez Tabou avec un recueil d’histoires courtes, dont la plupart avaient été publiées dans le magazine « La Poudre aux Rêves », sous le nom d’auteur Man.
Si toutes sont explicitement érotiques, voire pornographiques, Carot ménage la plupart du temps une petite chute amusante qui pimente chacun des récits – qui généralement jouent sur des relations sexuelles entre humains et femmes robot. Dans le dernier tiers du recueil, l’auteur se met même parfois en scène en auteur de BD, dans une mise en abime elle aussi amusante.
Le dessin est fonctionnel, en tout cas très lisible, avec des décors quasi absents. Pas le style que je préfère, mais ça fait le boulot, et globalement la lecture est agréable.
Spin-off de la série Carthago, Carthago Adventures nous propose une série de one-shots mettant en scène le vieux Feiersinger dans ses chasses aux monstres régulières, aidé de son bras droit London Donovan. On peut trouver dans cette série plus ou moins les mêmes qualités et défauts que dans la série-mère. Plus axée sur la quête des monstres, Carthago Adventures remplit largement sa part du boulot en nous immergeant dans des aventures tout ce qu'il y a de plus classiques. Un classicisme que les uns pourront trouver ennuyants, mais que les autres apprécieront comme autant d'hommages sympathiques à différents sous-genres de l'aventure.
Pour ma part, j'avoue que dès qu'une histoire nous parle de gros monstres vivant cachés sur Terre, elle gagne ma sympathie immédiate. Ce qui ne signifie pas que tous les tomes de la saga soient réussis, loin de là. Mais j'ai pris plaisir à tous les lire, même si les changements de dessinateurs occasionnent quelques surprises et que Bec s'emporte parfois un peu trop loin (Amarok et ses créatures plus du tout crédibles). C'est sans doute Aipaloovik qui gagne haut la main, de par son efficacité narrative et le magnifique dessin de Brice Cossu et Alexis Sentenac, une histoire qui m'a bien embarqué, et qui figure dans ce que Bec sait faire de mieux (même si la fin est un peu rapide).
Quant au récit le plus intéressant pour les lecteurs de la série-mère, c'est sans nul doute le dernier : La Source. Révélant enfin les origines du pouvoir de Feiersinger et du mystère qui entourait sa relation avec son étrange frère 80 ans plus jeunes que lui, ce sixième tome est très satisfaisant par les réponses qu'il apporte. Réponses toujours assez classiques, mais globalement efficaces. En tous cas, rien de si tiré par les cheveux, à partir du moment où on a accepté tous les postulats bizarroïdes de Carthago.
Voilà une série pas indispensable, donc, mais que les fans de Carthago (et de Christophe Bec en général) liront tout de même avec un certain profit.
Une petite fille intrépide, seule humaine au sein d'une tribu de pêcheurs aux allures de morses ou de chiens, sert littéralement d'appât pour capturer des murènes géantes. Jusqu'au jour où un dragon-gorille blanc s'échoue près du village et se retrouve lié à elle après qu'elle lui a sauvé la vie. Ce duo improbable s'embarque alors dans une série d'aventures aussi mouvementées qu'absurdes, peuplées de pirates fantômes, de cailloux bavards, de collectionneurs d'armes et de monstres enragés.
On retrouve Dav au dessin. Il avait déjà démontré son talent pour les personnages animaliers dans Les Garnimos ou Sous les arbres, et il l'exploite ici pour donner vie à des créatures hybrides à l'expressivité très "Disney". Le trait est clair, souple et dynamique, favorisant une lecture fluide, même si j'aurais préféré un encrage un peu plus affirmé. L'univers visuel regorge d'inventivité, entre clins d'œil aux jeux vidéo et touches cartoonesques assumées. Les planches, lumineuses et colorées, respirent l'aventure et le grand air marin. À noter que le premier tome a aussi bénéficié d'une édition manga en noir et blanc, mais je n'ai lu que la version couleur.
Côté scénario, Thomas Bonis privilégie le rythme, parfois au détriment de la cohérence. L'aventure, clairement pensée pour la jeunesse, enchaîne les péripéties et les coïncidences heureuses sans grande recherche de crédibilité ni de fil narratif solide. C'est du divertissement pur, sympathique et bon enfant. L'humour, oscillant entre l'absurde et le potache, fait souvent mouche mais affaiblit parfois les enjeux émotionnels. Le ton reste toutefois bienveillant et léger, offrant une lecture idéale pour les enfants ou les préados. Sous l'apparente folie du récit, on retrouve une belle amitié, de l'entraide et quelques valeurs simples (courage, curiosité, solidarité) adaptées à la jeunesse.
C'est une série d'aventure fantasy dynamique et pleine d'énergie, inventive mais un peu brouillonne. Ce n'est pas une œuvre marquante, plutôt une récréation sincère et généreuse, qui a le mérite de conclure son intrigue principale en deux tomes seulement, même s'il est possible que la conclusion ait été un peu précipitée par les choix éditoriaux tant le second tome donne l'impression de contenir deux histoires en une.
Ma note va osciller entre le 2* et le 3*, parce que cette BD a de bonnes motivations mais de mauvais résultats, à mon gout.
C'est une histoire d'amitié entre deux enfants de deux mondes différents et de la nécessité de changer de façon de concevoir le monde, dans une terre dévastée et dans laquelle il n'y a plus de forêt. Les oiseaux sont désormais cloués au sol et parlent, marchent, vivent sous des villes flottantes dominées par des humains qui se reposent sur l'architecture toujours plus belle mais pas résiliente aux tempêtes.
Dis comme ça on imagine bien la BD qui part sur la création d'une amitié entre deux enfants qui apprennent de leurs différences et changent le monde. C'est bien le cas, mais avec des idées plus développées. Ainsi la BD s'étale sur plusieurs années, faisant grandir les enfants qui deviennent des adultes capables de prendre les décisions et d'influer le monde. De même, la BD parle aussi de l'importance des instances dirigeantes et pas seulement des volontés individuelles, une qualité que je souligne parce qu'elle n'est pas souvent présentées.
Maintenant, la BD est aussi très mal équilibrée dans son déroulé. Les années passent vite et certaines scènes sont bien trop longues par rapport à leurs impact sur l'histoire. Les deux gamins deviennent amis en deux minutes et finissent par se cacher de la police alors qu'ils ne se connaissent pratiquement pas, sortent de la ville pour découvrir le monde désert et mort mais replantent des arbres à la fin (d'où sortent les graines ? Comment ça se fait que les arbres ne reviennent pas tout seuls dans un monde sans humain ?), personne n'écoute la gamine qui propose de changer de monde pour sauver sa peau jusqu'à ce qu'on l'écoute (certes, après un nouvel échec mais le retournement est pas très subtil). En fait, j'ai l'impression que les auteurs voulaient aborder trop de points en peu de temps : le racisme et la différence de classe, la croyance aveugle dans le progrès, le changement climatique, la destruction de l'environnement, la nécessité de changer, les vieilles structures trop implantées qui refusent le changement ... Sauf que ça pose souvent pas assez de bases pour développer et donc on passe un peu sur tout, d'autant que les deux personnages principaux n'ont pas le droit à beaucoup de temps pour se développer, les rendant assez anecdotiques au final.
Mais je suis aussi conscient que l'histoire est écrite pour plus jeunes et que c'est sans doute plus simple d'aborder ainsi plusieurs sujets qui pourraient être développés ensuite. On reste dans une surface de l'ensemble mais je reste plus indulgent en me disant qu'un enfant trouvera sans doute plus son compte que moi, et que la BD a le mérite de ne pas rester uniquement dans les classiques du genre.
Le dessin est sympathique, même si j'ai eu un peu de mal avec les visages humains. Par contre on sent que les décors avec ces maisons rondes et ces villes flottantes ont été un plaisir de recherches pour l'auteur. C'est coloré et agréable à l’œil, avec une touche assez enfantine dans le style mais qui convient très bien à l'histoire.
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Le Dernier Vol de Dan Cooper
En 1971, un braqueur intrépide pirate un avion US et s'enfuit en parachute avec un joli pactole. La police ne le retrouvera jamais ... Pour nous, Cornette et Garreta imaginent la suite, celle que même le FBI ne connait pas. Pour le scénario du Dernier vol de Dan Cooper, le belge Jean-Luc Cornette s'est emparé de l'histoire totalement vraie mais complètement folle d'un pirate de l'air étasunien qui en 1971 prend un avion de ligne en otage : il empoche 200.000 $, fait redécoller l'appareil et saute en parachute en plein ciel, façon Tom Cruise. Un braquage plutôt original. L'animal se faisait appeler Dan Cooper : un pseudo tiré d'une BD canadienne en vogue dans les années 50-60. Il ne sera jamais retrouvé même si le FBI n'abandonne les recherches qu'en 2016. Plusieurs imitateurs tenteront des braquages identiques au fil des années, mais tous seront attrapés ou abattus : le mystérieux Dan Cooper est le seul qui, sans doute, profita de son magot. Les dessins sont de Renaud Garreta, un garçon qui aime bien les voitures (Sébastien Loeb), les bateaux (Fastnet) et les avions (Tanguy et Laverdure) ! Le canevas et les personnages : La première partie de l'album reconstitue le braquage et le détournement de l'avion : Cornette imagine même une complice au mystérieux Dan Cooper, une jolie blonde. Après le fameux saut en parachute, le scénario invente une suite aux aventures de Dan Cooper : qu'est-il devenu ? a-t-il retrouvé sa complice ? coule-t-il des jours heureux au Mexique ? Vous le découvrirez bientôt en exclusivité, même le FBI ne le sait pas ! Le détournement d'avion de la première partie donne une histoire assez bluffante, on a du mal à réaliser qu'il s'agit d'une histoire vraie. La suite imaginée par les auteurs réservent quelques surprises, au lecteur comme à Dan Cooper, jusqu'à une fin qui laisse planer encore quelques mystères. Côté dessins, c'est peu la déception : le trait assez classique de Garreta reste dans l'esprit d'une BD comme Insiders, mais les visages nous ont semblé beaucoup moins précis, parfois grossiers en arrière-plan. Ce crayon rapide, cet aspect un peu brouillon, est peut-être là pour rappeler les anciens albums de Dan Cooper mais cela ne convient plus trop à nos grilles de lecture d'aujourd'hui.
Chroniques de l'île de l'éphémère
2.5 Un album qui regroupe trois histoires se passant dans le même monde. Le résultat est pas trop mal, mais les scénarios m'ont laissé sur ma faim. Puis j'ai lu que ça sert de mise en place pour un film d'animation qui apparemment va se faire et ça explique tout. Les récits sont un survol d'un univers qui a le potentiel d'être très riche, d'où une certaine frustration d'en vouloir plus. Le ton est très influencé par les films de Miyazaki, avec notamment l'importance de l'environnement. Le dessin est très bon et me faisait penser à un storyboard et maintenant que j'ai appris qu'on veut faire de ce monde un film, ça explique tout. Au final, c'est pas mauvais, mais trop peu marquant ou passionnant pour que je recommande la lecture. Ça se laisse lire sans problème et comme je l'ai écrit les illustrations sont jolies, mais c'est à peu près tout.
Les Nations du Soleil sanglant
2.5 Akata présente ce manga comme ambitieux et pour l'instant je ne sais pas trop quoi en penser. Il faut dire que pour l'instant je n'ai lu que deux des trois tomes parus en français et que le premier tome est une très longue introduction au rythme trop lent. Ce n'est pas trop grave lorsque c'est pour expliquer ce qui est arrivé au Japon pour que la société s'effondre, mais l'histoire personnel du héros est cliché pour n'importe qui ayant lu une œuvre se passant dans un monde post-apocalyptique. Le héros essai de vivre sa vie tranquille avec sa femme sauf que ceux qui ont du pouvoir en abuse et grosse surprise sa femme finit tuer de manière injuste (bon j'avoue que j'ai été surprise qu'elle ne se fasse pas en prime violer de manière gratuite juste pour qu'on comprenne bien que la vie est pas juste). Cela le motive à vouloir changer les choses et pour l'instant sa quête ne me passionne pas trop et je ne pense pas que j'ai envie de continuer de lire la série pour voir si je vais changer d'avis. Le dessin est correct.
Les Poilus d'Alaska
La Première guerre mondiale, voilà l’un des sujets passablement rebattus, avec lequel il est de plus en plus difficile de faire preuve d’originalité, pour surprendre et/ou intéresser les lecteurs. Eh bien les auteurs ont su au moins trouver un angle d’attaque original. Je ne connaissais pas du tout cet « anecdote », détaillée dans les dossiers qui concluent chaque album, à savoir que l’armée française ait sérieusement envisagé de faire venir en pleine guerre des chiens de traineaux d’Alaska, pour mieux ravitailler les premières lignes dans les zones montagneuses. Si les noms ont été légèrement modifiés, et si l’histoire a elle aussi subi quelques modifications marginales, les auteurs suivent la trame réelle, en y greffant une intrigue qui se laisse lire, avec un personnage principal pour le moment très ambivalent. Véritable héros (il a survécu à de multiples blessures, ne renonce jamais), c’est aussi un personnage sec et froid, misogyne. Son couple est fragilisé. Et aussi il a des relations très tendues avec celui qui devrait fournir les chiens, et avec lequel il s’est brouillé lorsqu’il vivait en Alaska, ce que nous devinons par quelques allusions. Hélas, si au moins un troisième album (« Scooty, été 1915 ») est annoncé (on a même droit aux premières pages en fin du deuxième album), je crains que la série ait été abandonnée, puisque rien n’est paru depuis dix ans, alors que l’intrigue revenait vers l’Alaska. Ce qui frustre les lecteurs d’une fin. C’est dommage, car la série, sans être hyper originale, s’avérait tout de même agréable à suivre.
Drogue - Une histoire mondiale
La drogue et ses usages est un sujet qui me passionne depuis looooongtemps ! Alors quand j'ai vu que sortait cette BD doc, je ne pouvais raisonnablement que m'y intéresser. Si j'ai quelques réserves, il faut bien reconnaitre que les auteurs sont parvenus à compiler un bon nombre d'éléments épars. Mais commençons par le côté obscur de cette critique, et non des moindres puisqu'il porte sur le dessin. Plutôt mal barré pour une BD me direz-vous. Pas que ce soit mauvais, non. Au contraire, c'est même en réalité plutôt réussi et agréable à l'œil, dans un genre très "photographique" qui n'est pourtant pas mon gros kiff. Donc quoi ? Pour tout dire, il y a quelques années, j'avais essayé de lire La Cellule, également illustrée par Nicolas Otéro, mais j'avais rapidement été saoulé par le dessin dont l'auteur opérait bien souvent par copiés/collés. On retrouvait en effet les même visages, les même plans, à divers endroits du récit, ce qui m'a rapidement mis le doute sur sa "méthode" graphique que je soupçonnais être non seulement infographiée mais aussi entièrement basée sur des copies de dessins existants piochés à droite et à gauche. Dans le cas qui nous intéresse, s'il n'y a pas de répétition, j'ai en revanche reconnu deux ou trois dessins que je connaissais parfaitement pour les avoir déjà croisés dans le passé, notamment dans la série La Vie Privée des Hommes, illustrée par Pierre Joubert, que j'ai lue et relue mille fois étant gamin. C'est un peu gênant car au-delà de la question de la légitimité, il y a celle du dessin en lui-même. En effet, je me dis que moi aussi, avec les bons outils informatiques, je peux composer ma BD. Autre chose : la fin m'a un peu laissé... sur ma faim. D'abord, dans l'avant dernier chapitre évoquant l'inquiétant phénomène des NPS (nouveaux produits de synthèse), alors que le propos s'attarde sur la rapidité et surtout la dangerosité de ces nouvelles drogues ravageuses, les auteurs reviennent sans transition sur l'histoire de Timothy Leary et le LSD, ce qui donne l'impression de rater une marche, sinon une bonne dizaine de pages. Pour qui connait les substances psychédéliques dont fait partie le LSD, nous sommes là dans quelque chose de complètement différent, ne serait-ce que parce que ces substances ne provoquent pas d'addiction, ce qui d'ailleurs rend tout à fait discutable le qualificatif de drogue à leur égard. L'histoire du LSD mériterait à elle seule une BD, car elle vaut vraiment d'être racontée. Alors bon, voire Leary, qui n'était certes pas un saint homme, assimilé soudain aux narcos sans vergogne qui diffusent sans cesse de nouvelles drogues hyper dangereuses, ça m'en bouche un coin. Et puis vient le dernier chapitre, et par la même occasion la conclusion de cet ouvrage, expédiée en 5 pages, et s'achevant sur l'évocation du scandale J.D. Vance et le conflit d'intérêts qui le liait à l'entreprise pharmaceutique Purdue Pharma. C'est bien vu, fort à propos, sauf que c'est envoyé trop rapidos et aurait mérité qu'on s'y attarde à peine plus. En l'état, ça donne l'impression de faire de l'anti-trumpisme bon teint. On pourra aussi regretter l'absence de quelques infos selon moi majeures, comme par exemple le fait que de nombreuses banques ont été fondées afin d'encadrer le trafic de drogues. C'est le cas de HSBC (Hongkong and Shanghai Banking Corporation) créée pour financer les échanges entre l'Europe, l'Inde et la Chine d'opium indien revendu en Chine. Les auteurs évoquent bien le cas des labos tels que Bayer, alors pourquoi passer sous silence le rôle majeur des banques ? Mais bref ! Laissons-là ces reproches qui peut-être ne sont que peccadilles, bien que mes soupçons pèsent lourd. Il y a par ailleurs des choses pas mal du tout. A commencer par son découpage en courts chapitres, peu fouillés certes, mais qui rendent la lecture aisée pour qui ne serait pas spécialiste du sujet, en plus de la rendre quasi-exhaustive. Oui, si plusieurs points restent discutables, n'en reste pas moins que le bouquin fait quand même largement le tour de la question, même rapidement, même à grand traits, et la charge de creuser le sujet appartient au lecteur. Au moins, les entrées sont là. Il y a même des choses que j'ignorais totalement. Il est par exemple fait mention d'un film (The Manchourian Candidate - Un crime dans la tête en français) dont j'ignorais le film original (avec Sinatra !) comme le remake (avec Denzel Washington) que je vais bien entendu essayer de me procurer. Ou, plus grave, j'ai appris que tout frais promu avocat, le jeune Richard Nixon parvint à faire en sorte que les Etats-Unis puissent continuer à s'approvisionner en opium pendant la deuxième guerre mondiale. Mais chutttt... Ha ! Et j'aime beaucoup l'usage parcimonieux des couleurs ! Plutôt une bonne lecture au final, mais mes trop grandes réserves quant au graphisme m'empêchent un peu d'attribuer une meilleure note à cette BD. J'aimerais rencontrer les auteurs pour en discuter et éventuellement évacuer mes soupçons. Le temps d'une dédicace au prochain festoche d'Angoulême, pourquoi pas ?...
Pantapolis
Le travail de Walter Trono est excellent techniquement, dans un style hyper réaliste et un dessin qui se focalise sur les personnages, au détriment des décors et arrière-plans, souvent escamotés. Ce parti-pris, ainsi que la couleur bleue qui sature les cases, accentuent la froideur de l’ensemble, le côté désespérant et apathique du régime dans lequel se déroule l’histoire. Prévue en cinq tomes, celle-ci nous dépeint une société dystopique et dictatoriale, qui, à l’instar de l’Église durant le moyen-âge, traque toute idée de plaisir, d’amour, toute relation sexuelle ne pouvant être acceptable que pour procréer. Les contrevenants et autres opposants sont persécutés et envoyés dans des camps de rééducations dans lesquels des sévices corporels – et sexuels – leur sont administrés. Face à cette dictature, certains résistent. Par le fait, en pratiquant des relations sexuelles sensuelles et uniquement tournées vers le plaisir, ou par la propagande, en tentant de diffuser des idées contraires à la doxa officielle. C’est le cas de Valentine, dont le père a été assassiné et dont la mère a été arrêtée par la police politique, ce qui l’a fait entrer en résistance. L’intrigue purement politique et thriller de Pistoia est classique, mais agréable à suivre (à voir ce que ça donnera par la suite), même si un peu « légère ». Mais, puisqu’on est chez Tabou, les auteurs nous gratifient de quelques scènes de sexe torrides, bien rendues – qui nous font encore plus regretter les interdictions que ces actes dénoncent. Une entame sans trop de surprise, mais plaisante à suivre et à regarder – pour un public averti bien entendu.
Des vices et des os
Si Manolo Carot a surtout publié chez des éditeurs « érotiques », Dynamite et Tabou, j’avais aussi découvert une autre facette de ses talents avec l’intéressant El Boxeador, dans un tout autre registre ! On le retrouve ici chez Tabou avec un recueil d’histoires courtes, dont la plupart avaient été publiées dans le magazine « La Poudre aux Rêves », sous le nom d’auteur Man. Si toutes sont explicitement érotiques, voire pornographiques, Carot ménage la plupart du temps une petite chute amusante qui pimente chacun des récits – qui généralement jouent sur des relations sexuelles entre humains et femmes robot. Dans le dernier tiers du recueil, l’auteur se met même parfois en scène en auteur de BD, dans une mise en abime elle aussi amusante. Le dessin est fonctionnel, en tout cas très lisible, avec des décors quasi absents. Pas le style que je préfère, mais ça fait le boulot, et globalement la lecture est agréable.
Carthago Adventures
Spin-off de la série Carthago, Carthago Adventures nous propose une série de one-shots mettant en scène le vieux Feiersinger dans ses chasses aux monstres régulières, aidé de son bras droit London Donovan. On peut trouver dans cette série plus ou moins les mêmes qualités et défauts que dans la série-mère. Plus axée sur la quête des monstres, Carthago Adventures remplit largement sa part du boulot en nous immergeant dans des aventures tout ce qu'il y a de plus classiques. Un classicisme que les uns pourront trouver ennuyants, mais que les autres apprécieront comme autant d'hommages sympathiques à différents sous-genres de l'aventure. Pour ma part, j'avoue que dès qu'une histoire nous parle de gros monstres vivant cachés sur Terre, elle gagne ma sympathie immédiate. Ce qui ne signifie pas que tous les tomes de la saga soient réussis, loin de là. Mais j'ai pris plaisir à tous les lire, même si les changements de dessinateurs occasionnent quelques surprises et que Bec s'emporte parfois un peu trop loin (Amarok et ses créatures plus du tout crédibles). C'est sans doute Aipaloovik qui gagne haut la main, de par son efficacité narrative et le magnifique dessin de Brice Cossu et Alexis Sentenac, une histoire qui m'a bien embarqué, et qui figure dans ce que Bec sait faire de mieux (même si la fin est un peu rapide). Quant au récit le plus intéressant pour les lecteurs de la série-mère, c'est sans nul doute le dernier : La Source. Révélant enfin les origines du pouvoir de Feiersinger et du mystère qui entourait sa relation avec son étrange frère 80 ans plus jeunes que lui, ce sixième tome est très satisfaisant par les réponses qu'il apporte. Réponses toujours assez classiques, mais globalement efficaces. En tous cas, rien de si tiré par les cheveux, à partir du moment où on a accepté tous les postulats bizarroïdes de Carthago. Voilà une série pas indispensable, donc, mais que les fans de Carthago (et de Christophe Bec en général) liront tout de même avec un certain profit.
Appa
Une petite fille intrépide, seule humaine au sein d'une tribu de pêcheurs aux allures de morses ou de chiens, sert littéralement d'appât pour capturer des murènes géantes. Jusqu'au jour où un dragon-gorille blanc s'échoue près du village et se retrouve lié à elle après qu'elle lui a sauvé la vie. Ce duo improbable s'embarque alors dans une série d'aventures aussi mouvementées qu'absurdes, peuplées de pirates fantômes, de cailloux bavards, de collectionneurs d'armes et de monstres enragés. On retrouve Dav au dessin. Il avait déjà démontré son talent pour les personnages animaliers dans Les Garnimos ou Sous les arbres, et il l'exploite ici pour donner vie à des créatures hybrides à l'expressivité très "Disney". Le trait est clair, souple et dynamique, favorisant une lecture fluide, même si j'aurais préféré un encrage un peu plus affirmé. L'univers visuel regorge d'inventivité, entre clins d'œil aux jeux vidéo et touches cartoonesques assumées. Les planches, lumineuses et colorées, respirent l'aventure et le grand air marin. À noter que le premier tome a aussi bénéficié d'une édition manga en noir et blanc, mais je n'ai lu que la version couleur. Côté scénario, Thomas Bonis privilégie le rythme, parfois au détriment de la cohérence. L'aventure, clairement pensée pour la jeunesse, enchaîne les péripéties et les coïncidences heureuses sans grande recherche de crédibilité ni de fil narratif solide. C'est du divertissement pur, sympathique et bon enfant. L'humour, oscillant entre l'absurde et le potache, fait souvent mouche mais affaiblit parfois les enjeux émotionnels. Le ton reste toutefois bienveillant et léger, offrant une lecture idéale pour les enfants ou les préados. Sous l'apparente folie du récit, on retrouve une belle amitié, de l'entraide et quelques valeurs simples (courage, curiosité, solidarité) adaptées à la jeunesse. C'est une série d'aventure fantasy dynamique et pleine d'énergie, inventive mais un peu brouillonne. Ce n'est pas une œuvre marquante, plutôt une récréation sincère et généreuse, qui a le mérite de conclure son intrigue principale en deux tomes seulement, même s'il est possible que la conclusion ait été un peu précipitée par les choix éditoriaux tant le second tome donne l'impression de contenir deux histoires en une.
Peuple de plumes
Ma note va osciller entre le 2* et le 3*, parce que cette BD a de bonnes motivations mais de mauvais résultats, à mon gout. C'est une histoire d'amitié entre deux enfants de deux mondes différents et de la nécessité de changer de façon de concevoir le monde, dans une terre dévastée et dans laquelle il n'y a plus de forêt. Les oiseaux sont désormais cloués au sol et parlent, marchent, vivent sous des villes flottantes dominées par des humains qui se reposent sur l'architecture toujours plus belle mais pas résiliente aux tempêtes. Dis comme ça on imagine bien la BD qui part sur la création d'une amitié entre deux enfants qui apprennent de leurs différences et changent le monde. C'est bien le cas, mais avec des idées plus développées. Ainsi la BD s'étale sur plusieurs années, faisant grandir les enfants qui deviennent des adultes capables de prendre les décisions et d'influer le monde. De même, la BD parle aussi de l'importance des instances dirigeantes et pas seulement des volontés individuelles, une qualité que je souligne parce qu'elle n'est pas souvent présentées. Maintenant, la BD est aussi très mal équilibrée dans son déroulé. Les années passent vite et certaines scènes sont bien trop longues par rapport à leurs impact sur l'histoire. Les deux gamins deviennent amis en deux minutes et finissent par se cacher de la police alors qu'ils ne se connaissent pratiquement pas, sortent de la ville pour découvrir le monde désert et mort mais replantent des arbres à la fin (d'où sortent les graines ? Comment ça se fait que les arbres ne reviennent pas tout seuls dans un monde sans humain ?), personne n'écoute la gamine qui propose de changer de monde pour sauver sa peau jusqu'à ce qu'on l'écoute (certes, après un nouvel échec mais le retournement est pas très subtil). En fait, j'ai l'impression que les auteurs voulaient aborder trop de points en peu de temps : le racisme et la différence de classe, la croyance aveugle dans le progrès, le changement climatique, la destruction de l'environnement, la nécessité de changer, les vieilles structures trop implantées qui refusent le changement ... Sauf que ça pose souvent pas assez de bases pour développer et donc on passe un peu sur tout, d'autant que les deux personnages principaux n'ont pas le droit à beaucoup de temps pour se développer, les rendant assez anecdotiques au final. Mais je suis aussi conscient que l'histoire est écrite pour plus jeunes et que c'est sans doute plus simple d'aborder ainsi plusieurs sujets qui pourraient être développés ensuite. On reste dans une surface de l'ensemble mais je reste plus indulgent en me disant qu'un enfant trouvera sans doute plus son compte que moi, et que la BD a le mérite de ne pas rester uniquement dans les classiques du genre. Le dessin est sympathique, même si j'ai eu un peu de mal avec les visages humains. Par contre on sent que les décors avec ces maisons rondes et ces villes flottantes ont été un plaisir de recherches pour l'auteur. C'est coloré et agréable à l’œil, avec une touche assez enfantine dans le style mais qui convient très bien à l'histoire.