Une BD sympathique qui présente un phénomène peu connu sur le moyen-âge: on a déjà convoqué au tribunal des animaux pour qu'ils répondent de leurs crimes. Cela semble absurde, mais en même temps est-ce mieux aujourd'hui où on ne fait qu'abattre les animaux sans aucun forme de procès dès qu'on les juge dangereux pour la société ?
Même si le récit est pas mal, j'ai été un peu déçu par le traitement du sujet par les auteurs. Il y a des réflexions intéressantes sur plusieurs sujets comme la responsabilité des animaux sur leurs actes, mais je trouve que c'est gâché par un traitement caricatural de plusieurs personnages de l’histoire. Je pense que cela aurait été plus intéressant si la partie qui veulent la mort de la truie n'était pas présenter comme des riches qui abusent de leurs pouvoirs et qui semblent avoir rien d'autres à faire de leurs journée que d'être méchant envers la pauvre truie et son propriétaire. Et si j'ai adoré une bonne partie de l'album, j'aime moins le derniers tiers où un événement crée un retournement de situation que je n'ai pas trop aimé.
Le dessin est correct.
Un album plein d'humanité, dans lequel nous suivons le parcours difficile de Valérie Zézé. C'est une histoire vraie, et le petit épilogue qui suit la partie BD donne encore plus de profondeur au personnage de Valérie. Ça donne aussi une touche finale un peu plus douce et optimiste.
Car ce récit développe une histoire un peu triste et glauque. Celle de la descente aux enfers d'une femme qui, suite à un évènement brutal, sombre dans une mauvaise spirale : drogue, vols, multiples incarcérations, avec une attitude parfois nihiliste.
On découvre aussi la réalité de l'univers carcéral.
Un album intéressant, autour d'un personnage attachant.
J'ai été assez secouée par cette aventure amoureuse inquiétante qui finit par se résoudre à la fois dans la danse et la conscience.
C'est un album grand format de 180 pages en lavis, avec un dessin très réaliste et séduisant, qui se rapproche des aquarelles de Guillaume Sorel (Typhaon). Donc ça en impose, il y a une sorte de respect technique qui s'installe tout de suite.
Puis il y a le scénario qui commence comme une histoire du "club des 5", un groupe de jeunes qui monte une pièce de théâtre et la jeune chorégraphe, qui va devenir l'héroïne, Apolline (on voit que le milieu social est ciblé), s'embarque dans une emprise amoureuse, lors d'une tempête en bateau. Ce traquenard sexuel va se poursuivre en voyage précipité dans le sud de l'Italie. Cette première partie fait aussi penser aux dispositifs de Jim dans sa description détaillée d'amours perverses.
Et si ça en restait là, j'aurais eu comme pour les albums de Jim, le sentiment d'être un peu flouée. Ici la deuxième partie de l'histoire a retourné ma première impression parce que certaines scènes du début auxquelles je n'avais pas attaché tant d'importance, se mettent à prendre un sens, pour nous comme pour l'héroïne. Un accrochage en voiture se transforme en déclic pour fuir ce processus malfaisant. Et les paysages de l'Italie se mêlent aux danses locales pour aider Apolline à reprendre pied, dans son histoire personnelle.
Bref, j'aime l'idée, c'est beau, mais ... Le rythme n'est pas encore très habile, la première partie est très longue et détaillée (trop peut-être? qu'apporte la belle scène de l'accouchement à l'affaire ?), alors que la deuxième manque de précision, de cohérence, et se perd dans un esthétisme pas forcément nécessaire. Il ne manque pas beaucoup pour que ce soit franchement bien.
Une aide au scénario aurait été bienvenue pour agencer les dernières scènes et camper un peu mieux les personnages secondaires qui restent assez abstraits..
Dans la lignée de Go West young man, GunMen of the West et Indians !, Tiburce Oger continue son panorama de l'histoire du Far West en s'associant à une quinzaine de nouveaux auteurs pour de courts récits mettant en scène de véritables hommes de loi américains du début du 19e au début du 20e siècle. Il s'agit tantôt de ces militiens nommés Minutemen, de rangers texans, d'US Marshalls, de shériffs ou de juges mais aussi parfois de chasseurs de primes ou de bourreaux... et parfois pas forcément du bon côté de la loi malgré les apparences.
Comme pour les albums collectifs précédents de cette lignée, les dessinateurs sont tous de grands professionnels dont la majorité a une grande expérience et a déjà réalisé des BD Western par le passé. Leurs styles sont tous subtilement différents mais la quasi totalité d'entre eux forme un tout homogène, un seul se démarquant par ses couleurs façon brou de noix tout en conservant un trait proche des autres. Et ils sont tous très bons, avec une bonne narration graphique à l'exception de l'un des récits en début d'album qui m'a paru un peu plus confus dans son découpage.
J'apprécie également la carte en début de chaque chapitre permettant de savoir dans quels états des USA se déroule l'histoire à venir.
Les histoires sont intéressantes et plutôt variées puisque parfois d'un côté ou de l'autre de la loi, parfois se terminant bien et d'autres fois plus amères. On notera entre autres l'évolution en terme d'Histoire des Etats-Unis puisque les premières aventures ont souvent pour adversaires des amérindiens contre des représentants de la loi blanche, tandis que sur la fin nous sommes face à une justice américaine plus structurée et théoriquement plus équitable.
Quelques histoires ont un aspect un peu académique, se rapprochant des récits historiques plutôt que de l'esprit d'aventure western, et de fait elles ne marquent que moyennement les esprits. D'autres en revanche m'ont beaucoup plu car elles permettent de mieux s'imprégner de leur ambiance et de leurs personnages, comme celle sur le Sheriff Owens ou celle sur le Juge Parker.
C'est un bon recueil de récits formant un panorama de l'histoire des représentants de la loi aux Etats-Unis à l'époque du Far West, avec un dessin très pro dans l'ensemble, mais c'est un album légèrement moins marquant que Go West young man et Indians !, donnant peut-être l'impression que le sujet s'essouffle un peu.
Cet album est réalisé par Team Banmikas qui est une équipe spécialisée dans l'adaptation de grands classiques de la littérature en manga. On est ici sur la version manga de Psychologie des foules de Gustave Le Bon paru en 1895. C'est une louable intention de la collection KuroSavoir de transmettre des notions sur des classiques littéraires ou des concepts philosophiques par le manga car, l'éditeur l'indique en post-face, un livre vendu sur 3 de nos jours est un manga (plutôt un livre sur 7 si j'en crois Le Point).
Pour autant j'ai trouvé cela très superficiel, on a très peu de choses sur l'aspect psychologique des foules et la lecture de la page Wikipédia du livre vous en apprendra beaucoup plus sur l'original de Le Bon que ce manga. C'est pour cela que je ne mets pas G. Le Bon en auteur sur la fiche, et d'ailleurs en 4ème de couverture c'est bien écrit "librement inspiré de". Finalement très libre car seule la page 2 en préambule du manga en fait un résumé succinct. Il existe plusieurs caractéristiques en "-ité" des foules : d'abord l'impulsivité, mobilité et irritabilité, en second la suggestibilité et crédulité des foules et enfin l'exagération et le simplisme des sentiments des foules qui conduisent à des extrémités. Plusieurs procédés pour faire passer des idées à une foule - qui n'ont pas été sans me rappeler l'élection américaine en cours : l'affirmation, sans avoir à apporter de raison ou de preuve, la répétition, la contagion lorsque se forme un courant d'opinion.
Les auteurs du manga prennent l'exemple de la Révolution française pour illustrer les effets de la foule. Le fait de former un groupe qui peut amener à la violence, au lynchage ou à la guillotine par exemple, alors que les individus isolément n'iraient jamais à de telles extrémités. On suit l'ascension de Robespierre qui utilise les procédés cités ci-dessus pour devenir député, puis les états généraux, la prise de la Bastille, la Convention et la dérive vers la Terreur avec le comité de Salut public où chacun est tour à tour pris pour cible, jusqu'à Robespierre lui-même.
Cela reste une lecture correcte sur ce contexte historique de la Révolution qui m'a semblé fidèle aux faits, le dessin est parfois outrancier dans les expressions des personnages mais de bonne facture.
c'est assez fascinant cette faculté qu'a Fabcaro de partir d'un sujet aussi négligeable que possible (ici, un repas du dimanche en famille) et d'en faire une comédie absurde émaillée d'instants de bravoure.
Il y a d'abord ces huit personnes qui se retrouvent donc pour le poulet (aux hormones) du dimanche, et qui ne savent absolument pas de quoi parler. Une idée de départ qui va les amener à envisager des lieux communs, ou plutôt des sujets lambda. Avec forcément un trouble-fête qui casse la dynamique quand elle est enfin enclenchée. Et pour bien l'humilier, une remarque liée au sexe. Ensuite des didascalies (oui, j'utilise un terme grec) avec ce chœur forcément désaccordé, et pour finir des scènes hors repas dont on se demande ce qu'elles viennent faire là, mais trouvent leur justification de manière totalement inattendue et forcément pétrie de non-sens. J'ai eu un sourire quasiment tout au long de ma lecture, même s'il y a quelques longueurs.
Et je me suis franchement marré lors du second acte de cette tragédie qui en compte trois. Pas forcément par son contenu mais par la façon dont il est mené.
Pas forcément le meilleur Fabcaro (je trouve que lorsqu'il se met en scène il y a une dimension supplémentaire salutaire), mais dans une bonne moyenne.
Pouvoir remonter le temps, et passer le temps (même si court) avec son auteur préféré, une personne dont l'action ou la pensée ont changé votre façon de voir le monde... Oui, c'est un sacré fantasme, et Rodolphe l'a imaginé pour Mary, son étudiante en littérature, qui se retrouve pendant une nuit à Providence, à l'époque où y vivait HP Lovecraft. L'occasion de passer en revue certaines de ses histoires les plus marquantes, d'évoquer certains aspects de sa vie privée,, ses influences, son train de vie, etc. C'est léger, même si les opinions politiques du personnage sont eux aussi évoquées puis balayées. On sent l'envie de parler un peu d'un auteur qui l'a influencé assez fortement dans cette histoire, même s'il y en a des plus pointues.
Le scénariste chevronné collabore une nouvelle fois avec Philippe Marcelé, lui-même très attiré par le fantastique. Il livre des planches assez jolies, aux décors évocateurs, que ce soit dans la "réalité" des années 30 que dans les histoires évoquées par Mary. Son trait charbonneux en noir et blanc laisse une grande place aux expressions, à un côté "brut" de l'histoire. Certaines cases confinent d'ailleurs au croquis poussé, ce qui renforce l'authenticité de l'ensemble.
On n'est clairement pas dans la meilleure BD parlant de Lovecraft, mais il n'en reste pas moins qu'elle est sympathique, sans grands enjeux, et reflète plus une envie de faire un clin d'œil/hommage de la part de Rodolphe qu'une véritable étude en profondeur de sa vie et de son œuvre.
Je n'ai pour l'instant pu lire que les trois premiers tomes, soit l'intégrale du premier cycle, et ne pourrais donc pas encore donner mon avis final sur cette série. Mais je peux déjà constater que le récit a des qualités indéniables.
Tenter de faire un univers d’Heroic Fantasy accessible et intéressant pour les enfants ET les adultes sans perte d’intérêt pour l’un ou l’autre, c’est tout de même un beau pari.
Et un pari réussi !
Le monde, tout du moins tel que j’ai pu l’apercevoir dans ces trois premiers tomes, semble vaste et vivant. Bien que nous n’en voyions qu’une partie (cinq localisations différentes dans ces trois premiers tomes) on sent que le reste pourrait être à tout moment visité.
Le récit, sur sa forme, est simple, mais suffisamment maîtrisé pour que tout paraisse fluide et logique. Les personnages sont bien définis et les scènes d’action s’enchaînent bien.
Le dessin, lui aussi simple, est très agréable à l’œil. Et, même s’il semble enfantin, on note quand-même la présence d’une violence graphique non censurée (il y a du sang et des tripes à quelques moments).
Vraiment un agréable début de série, il me tarde de lire la suite.
Je mets 3 étoiles pour le moment, mais je me doute que si le reste est de la même qualité je pourrais facilement passer à quatre étoiles.
Je n'ai pas été convaincu par ce premier épisode. J'ai trouvé le scénario carte postale de ces deux villages frères (gentiment) ennemis assez cliché voire manichéen. Les auteurs travaillent sur trois fronts , la spécificité du rugby, une image rose pastelle de la lutte des classes, et une ambiance love story sur fond d'émancipation sexuelle. C'est le rugby qui sert de fil rouge avec pour point d'ancrage l'ambiance de fête produite par la victoire de Montauban en 67. Une décennie d'opportunité puisque en dix ans il y eut huit vainqueurs différents (sans le Stade Toulousain !). Tripp propose un discours assez enjolivé du jeu de l'époque mais cela lui permet d'introduire une caricature assez clichée de la lutte des classes puisque les figures réactionnaires classiques( le curé, le patron) se ridiculisent par une gestion humaine catastrophique de leur équipe. Par effet miroir Eric ,le héros à (beau) visage humain porte l'esprit de liberté et de justice. Cela permet aux scénaristes d'introduire certaines pages d'actualités à la façon des anciennes séances de cinéma. C'est habilement fait et assez dans l'esprit de l'époque. J'ai toutefois certaines réticences car le bel instit comme c'était le cas à l'époque à un discours assez sélectif qui pêche par omission. Ainsi quand les auteurs proposent une scène quasi comique avec des poussins tout mignons et trois noms qui pèsent lourds en (millions?) de morts j'ai un peu de mal à adhérer à l'esprit des auteurs. C'est dommage car j'apprécie ce type de graphisme semi réaliste tout en rondeurs bienveillantes avec une belle expressivité chaleureuse.
Une série avec un beau savoir faire mais un peu trop clichée à mon goût. La suite n'est pas une de mes priorités de lecture. Un petit 3
Une récit d'adolescence expatriée, dans un milieu social sans réels soucis de subsistance (une étudiante en art américaine qui vient passer un an en Europe) avec ses défauts et ses qualités.
Coté défauts : ceux de l'adolescence : une lenteur, un certain nombrilisme, des contradictions, des difficultés à lier des rapports humains fructueux, une sorte de frustration latente sans fin et sans formulation non plus. + les défauts des road-movies : pas de construction de l'histoire et une sorte de déploiement des actions au fil du voyage, sans soucis que l'histoire nous mène quelque part.
Coté qualités : le dessin, très stylisé et un peu froid dans une grille à 6 cases tracées à la règle. Un trait noir uniforme sur fond blanc le jour, avec des à plat noirs en fond de case, la nuit. Ca m'a fait penser aux formes de Sole Otero, autrice argentine, mais sans les couleurs vives : peu d'expression sur le visage, et du coup ce sont les corps qui adoptent les postures de l'adolescence prolongée des pays riches.
En fin de compte, le fait même d'appeler cet album "les contradictions" est une marque d'intelligence en soi. Je ne crois pas qu'à 20 ans, j'aurais autant pris conscience de mes propres contradictions, au point de les porter en avant comme un signe des temps.
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La Truie, le Juge et l'Avocat
Une BD sympathique qui présente un phénomène peu connu sur le moyen-âge: on a déjà convoqué au tribunal des animaux pour qu'ils répondent de leurs crimes. Cela semble absurde, mais en même temps est-ce mieux aujourd'hui où on ne fait qu'abattre les animaux sans aucun forme de procès dès qu'on les juge dangereux pour la société ? Même si le récit est pas mal, j'ai été un peu déçu par le traitement du sujet par les auteurs. Il y a des réflexions intéressantes sur plusieurs sujets comme la responsabilité des animaux sur leurs actes, mais je trouve que c'est gâché par un traitement caricatural de plusieurs personnages de l’histoire. Je pense que cela aurait été plus intéressant si la partie qui veulent la mort de la truie n'était pas présenter comme des riches qui abusent de leurs pouvoirs et qui semblent avoir rien d'autres à faire de leurs journée que d'être méchant envers la pauvre truie et son propriétaire. Et si j'ai adoré une bonne partie de l'album, j'aime moins le derniers tiers où un événement crée un retournement de situation que je n'ai pas trop aimé. Le dessin est correct.
La Ballade des dangereuses
Un album plein d'humanité, dans lequel nous suivons le parcours difficile de Valérie Zézé. C'est une histoire vraie, et le petit épilogue qui suit la partie BD donne encore plus de profondeur au personnage de Valérie. Ça donne aussi une touche finale un peu plus douce et optimiste. Car ce récit développe une histoire un peu triste et glauque. Celle de la descente aux enfers d'une femme qui, suite à un évènement brutal, sombre dans une mauvaise spirale : drogue, vols, multiples incarcérations, avec une attitude parfois nihiliste. On découvre aussi la réalité de l'univers carcéral. Un album intéressant, autour d'un personnage attachant.
Pizzica Pizzica
J'ai été assez secouée par cette aventure amoureuse inquiétante qui finit par se résoudre à la fois dans la danse et la conscience. C'est un album grand format de 180 pages en lavis, avec un dessin très réaliste et séduisant, qui se rapproche des aquarelles de Guillaume Sorel (Typhaon). Donc ça en impose, il y a une sorte de respect technique qui s'installe tout de suite. Puis il y a le scénario qui commence comme une histoire du "club des 5", un groupe de jeunes qui monte une pièce de théâtre et la jeune chorégraphe, qui va devenir l'héroïne, Apolline (on voit que le milieu social est ciblé), s'embarque dans une emprise amoureuse, lors d'une tempête en bateau. Ce traquenard sexuel va se poursuivre en voyage précipité dans le sud de l'Italie. Cette première partie fait aussi penser aux dispositifs de Jim dans sa description détaillée d'amours perverses. Et si ça en restait là, j'aurais eu comme pour les albums de Jim, le sentiment d'être un peu flouée. Ici la deuxième partie de l'histoire a retourné ma première impression parce que certaines scènes du début auxquelles je n'avais pas attaché tant d'importance, se mettent à prendre un sens, pour nous comme pour l'héroïne. Un accrochage en voiture se transforme en déclic pour fuir ce processus malfaisant. Et les paysages de l'Italie se mêlent aux danses locales pour aider Apolline à reprendre pied, dans son histoire personnelle. Bref, j'aime l'idée, c'est beau, mais ... Le rythme n'est pas encore très habile, la première partie est très longue et détaillée (trop peut-être? qu'apporte la belle scène de l'accouchement à l'affaire ?), alors que la deuxième manque de précision, de cohérence, et se perd dans un esthétisme pas forcément nécessaire. Il ne manque pas beaucoup pour que ce soit franchement bien. Une aide au scénario aurait été bienvenue pour agencer les dernières scènes et camper un peu mieux les personnages secondaires qui restent assez abstraits..
Lawmen of the West
Dans la lignée de Go West young man, GunMen of the West et Indians !, Tiburce Oger continue son panorama de l'histoire du Far West en s'associant à une quinzaine de nouveaux auteurs pour de courts récits mettant en scène de véritables hommes de loi américains du début du 19e au début du 20e siècle. Il s'agit tantôt de ces militiens nommés Minutemen, de rangers texans, d'US Marshalls, de shériffs ou de juges mais aussi parfois de chasseurs de primes ou de bourreaux... et parfois pas forcément du bon côté de la loi malgré les apparences. Comme pour les albums collectifs précédents de cette lignée, les dessinateurs sont tous de grands professionnels dont la majorité a une grande expérience et a déjà réalisé des BD Western par le passé. Leurs styles sont tous subtilement différents mais la quasi totalité d'entre eux forme un tout homogène, un seul se démarquant par ses couleurs façon brou de noix tout en conservant un trait proche des autres. Et ils sont tous très bons, avec une bonne narration graphique à l'exception de l'un des récits en début d'album qui m'a paru un peu plus confus dans son découpage. J'apprécie également la carte en début de chaque chapitre permettant de savoir dans quels états des USA se déroule l'histoire à venir. Les histoires sont intéressantes et plutôt variées puisque parfois d'un côté ou de l'autre de la loi, parfois se terminant bien et d'autres fois plus amères. On notera entre autres l'évolution en terme d'Histoire des Etats-Unis puisque les premières aventures ont souvent pour adversaires des amérindiens contre des représentants de la loi blanche, tandis que sur la fin nous sommes face à une justice américaine plus structurée et théoriquement plus équitable. Quelques histoires ont un aspect un peu académique, se rapprochant des récits historiques plutôt que de l'esprit d'aventure western, et de fait elles ne marquent que moyennement les esprits. D'autres en revanche m'ont beaucoup plu car elles permettent de mieux s'imprégner de leur ambiance et de leurs personnages, comme celle sur le Sheriff Owens ou celle sur le Juge Parker. C'est un bon recueil de récits formant un panorama de l'histoire des représentants de la loi aux Etats-Unis à l'époque du Far West, avec un dessin très pro dans l'ensemble, mais c'est un album légèrement moins marquant que Go West young man et Indians !, donnant peut-être l'impression que le sujet s'essouffle un peu.
Psychologie des foules
Cet album est réalisé par Team Banmikas qui est une équipe spécialisée dans l'adaptation de grands classiques de la littérature en manga. On est ici sur la version manga de Psychologie des foules de Gustave Le Bon paru en 1895. C'est une louable intention de la collection KuroSavoir de transmettre des notions sur des classiques littéraires ou des concepts philosophiques par le manga car, l'éditeur l'indique en post-face, un livre vendu sur 3 de nos jours est un manga (plutôt un livre sur 7 si j'en crois Le Point). Pour autant j'ai trouvé cela très superficiel, on a très peu de choses sur l'aspect psychologique des foules et la lecture de la page Wikipédia du livre vous en apprendra beaucoup plus sur l'original de Le Bon que ce manga. C'est pour cela que je ne mets pas G. Le Bon en auteur sur la fiche, et d'ailleurs en 4ème de couverture c'est bien écrit "librement inspiré de". Finalement très libre car seule la page 2 en préambule du manga en fait un résumé succinct. Il existe plusieurs caractéristiques en "-ité" des foules : d'abord l'impulsivité, mobilité et irritabilité, en second la suggestibilité et crédulité des foules et enfin l'exagération et le simplisme des sentiments des foules qui conduisent à des extrémités. Plusieurs procédés pour faire passer des idées à une foule - qui n'ont pas été sans me rappeler l'élection américaine en cours : l'affirmation, sans avoir à apporter de raison ou de preuve, la répétition, la contagion lorsque se forme un courant d'opinion. Les auteurs du manga prennent l'exemple de la Révolution française pour illustrer les effets de la foule. Le fait de former un groupe qui peut amener à la violence, au lynchage ou à la guillotine par exemple, alors que les individus isolément n'iraient jamais à de telles extrémités. On suit l'ascension de Robespierre qui utilise les procédés cités ci-dessus pour devenir député, puis les états généraux, la prise de la Bastille, la Convention et la dérive vers la Terreur avec le comité de Salut public où chacun est tour à tour pris pour cible, jusqu'à Robespierre lui-même. Cela reste une lecture correcte sur ce contexte historique de la Révolution qui m'a semblé fidèle aux faits, le dessin est parfois outrancier dans les expressions des personnages mais de bonne facture.
Formica - Une tragédie en trois actes
c'est assez fascinant cette faculté qu'a Fabcaro de partir d'un sujet aussi négligeable que possible (ici, un repas du dimanche en famille) et d'en faire une comédie absurde émaillée d'instants de bravoure. Il y a d'abord ces huit personnes qui se retrouvent donc pour le poulet (aux hormones) du dimanche, et qui ne savent absolument pas de quoi parler. Une idée de départ qui va les amener à envisager des lieux communs, ou plutôt des sujets lambda. Avec forcément un trouble-fête qui casse la dynamique quand elle est enfin enclenchée. Et pour bien l'humilier, une remarque liée au sexe. Ensuite des didascalies (oui, j'utilise un terme grec) avec ce chœur forcément désaccordé, et pour finir des scènes hors repas dont on se demande ce qu'elles viennent faire là, mais trouvent leur justification de manière totalement inattendue et forcément pétrie de non-sens. J'ai eu un sourire quasiment tout au long de ma lecture, même s'il y a quelques longueurs. Et je me suis franchement marré lors du second acte de cette tragédie qui en compte trois. Pas forcément par son contenu mais par la façon dont il est mené. Pas forcément le meilleur Fabcaro (je trouve que lorsqu'il se met en scène il y a une dimension supplémentaire salutaire), mais dans une bonne moyenne.
Une nuit avec Lovecraft
Pouvoir remonter le temps, et passer le temps (même si court) avec son auteur préféré, une personne dont l'action ou la pensée ont changé votre façon de voir le monde... Oui, c'est un sacré fantasme, et Rodolphe l'a imaginé pour Mary, son étudiante en littérature, qui se retrouve pendant une nuit à Providence, à l'époque où y vivait HP Lovecraft. L'occasion de passer en revue certaines de ses histoires les plus marquantes, d'évoquer certains aspects de sa vie privée,, ses influences, son train de vie, etc. C'est léger, même si les opinions politiques du personnage sont eux aussi évoquées puis balayées. On sent l'envie de parler un peu d'un auteur qui l'a influencé assez fortement dans cette histoire, même s'il y en a des plus pointues. Le scénariste chevronné collabore une nouvelle fois avec Philippe Marcelé, lui-même très attiré par le fantastique. Il livre des planches assez jolies, aux décors évocateurs, que ce soit dans la "réalité" des années 30 que dans les histoires évoquées par Mary. Son trait charbonneux en noir et blanc laisse une grande place aux expressions, à un côté "brut" de l'histoire. Certaines cases confinent d'ailleurs au croquis poussé, ce qui renforce l'authenticité de l'ensemble. On n'est clairement pas dans la meilleure BD parlant de Lovecraft, mais il n'en reste pas moins qu'elle est sympathique, sans grands enjeux, et reflète plus une envie de faire un clin d'œil/hommage de la part de Rodolphe qu'une véritable étude en profondeur de sa vie et de son œuvre.
Voro
Je n'ai pour l'instant pu lire que les trois premiers tomes, soit l'intégrale du premier cycle, et ne pourrais donc pas encore donner mon avis final sur cette série. Mais je peux déjà constater que le récit a des qualités indéniables. Tenter de faire un univers d’Heroic Fantasy accessible et intéressant pour les enfants ET les adultes sans perte d’intérêt pour l’un ou l’autre, c’est tout de même un beau pari. Et un pari réussi ! Le monde, tout du moins tel que j’ai pu l’apercevoir dans ces trois premiers tomes, semble vaste et vivant. Bien que nous n’en voyions qu’une partie (cinq localisations différentes dans ces trois premiers tomes) on sent que le reste pourrait être à tout moment visité. Le récit, sur sa forme, est simple, mais suffisamment maîtrisé pour que tout paraisse fluide et logique. Les personnages sont bien définis et les scènes d’action s’enchaînent bien. Le dessin, lui aussi simple, est très agréable à l’œil. Et, même s’il semble enfantin, on note quand-même la présence d’une violence graphique non censurée (il y a du sang et des tripes à quelques moments). Vraiment un agréable début de série, il me tarde de lire la suite. Je mets 3 étoiles pour le moment, mais je me doute que si le reste est de la même qualité je pourrais facilement passer à quatre étoiles.
Les Vents ovales
Je n'ai pas été convaincu par ce premier épisode. J'ai trouvé le scénario carte postale de ces deux villages frères (gentiment) ennemis assez cliché voire manichéen. Les auteurs travaillent sur trois fronts , la spécificité du rugby, une image rose pastelle de la lutte des classes, et une ambiance love story sur fond d'émancipation sexuelle. C'est le rugby qui sert de fil rouge avec pour point d'ancrage l'ambiance de fête produite par la victoire de Montauban en 67. Une décennie d'opportunité puisque en dix ans il y eut huit vainqueurs différents (sans le Stade Toulousain !). Tripp propose un discours assez enjolivé du jeu de l'époque mais cela lui permet d'introduire une caricature assez clichée de la lutte des classes puisque les figures réactionnaires classiques( le curé, le patron) se ridiculisent par une gestion humaine catastrophique de leur équipe. Par effet miroir Eric ,le héros à (beau) visage humain porte l'esprit de liberté et de justice. Cela permet aux scénaristes d'introduire certaines pages d'actualités à la façon des anciennes séances de cinéma. C'est habilement fait et assez dans l'esprit de l'époque. J'ai toutefois certaines réticences car le bel instit comme c'était le cas à l'époque à un discours assez sélectif qui pêche par omission. Ainsi quand les auteurs proposent une scène quasi comique avec des poussins tout mignons et trois noms qui pèsent lourds en (millions?) de morts j'ai un peu de mal à adhérer à l'esprit des auteurs. C'est dommage car j'apprécie ce type de graphisme semi réaliste tout en rondeurs bienveillantes avec une belle expressivité chaleureuse. Une série avec un beau savoir faire mais un peu trop clichée à mon goût. La suite n'est pas une de mes priorités de lecture. Un petit 3
Les Contradictions
Une récit d'adolescence expatriée, dans un milieu social sans réels soucis de subsistance (une étudiante en art américaine qui vient passer un an en Europe) avec ses défauts et ses qualités. Coté défauts : ceux de l'adolescence : une lenteur, un certain nombrilisme, des contradictions, des difficultés à lier des rapports humains fructueux, une sorte de frustration latente sans fin et sans formulation non plus. + les défauts des road-movies : pas de construction de l'histoire et une sorte de déploiement des actions au fil du voyage, sans soucis que l'histoire nous mène quelque part. Coté qualités : le dessin, très stylisé et un peu froid dans une grille à 6 cases tracées à la règle. Un trait noir uniforme sur fond blanc le jour, avec des à plat noirs en fond de case, la nuit. Ca m'a fait penser aux formes de Sole Otero, autrice argentine, mais sans les couleurs vives : peu d'expression sur le visage, et du coup ce sont les corps qui adoptent les postures de l'adolescence prolongée des pays riches. En fin de compte, le fait même d'appeler cet album "les contradictions" est une marque d'intelligence en soi. Je ne crois pas qu'à 20 ans, j'aurais autant pris conscience de mes propres contradictions, au point de les porter en avant comme un signe des temps.