Avec cette série, rien de franchement nouveau dans le monde des Isekai mais ça reste potable pour les amateurs. Notre héros ne sera juste pas le seul à être enlevé et téléporté pour participer à ce jeu de survie dans un monde fantasy.
Pour retourner sur la terre, le seul espoir des joueurs est de terminer l’ensemble des niveaux en complétant les donjons et en battant les boss … mission quasi impossible tant la difficulté est hardue et la survie problématique. La mort n’est jamais bien loin et seul les plus forts survivront. Précisons également que chaque joueur, à son arrivée, se verra confier un pouvoir/compétence où on distinguera 2 catégories : les fighters et les crafteurs ; que chaque niveau est supervisé par une sorte d’administrateur (un lapin, un babouin, un lion …) qui feront avancer un peu le pourquoi du comment des mystères de ce monde, et qu’à chaque victoire d’un boss, le donjon se réinitialise dans sa forme d’origine. Voilà pour le fond.
Nous y suivrons Dawoon, faible humain qui survivra à un piège lors de la réinitialisation du donjon. Cet événement étant inédit pour le jeu, notre héros vivra désormais en marge des règles du système et deviendra comme un bug dans la matrice. Nous irons désormais de deus ex machina en deus ex machina avec lui.
Il pourra refaire les donjons autant qu’il le souhaite et acquerra de nombreuses autres compétences en cours de route (le côté RPG est très présent) mais jamais vraiment combattantes, toujours autour du crafting. Ça ne l’empêchera pas d’avancer et d’affronter de nombreuses menaces seul. Il deviendra petit à petit comme un dieu.
C’est loin d’être exceptionnel mais ça reste sympatoche à lire pour peu que l’on ne soit pas allergique au genre. Il faut aimer le coté « petit nid douillet et bien manger », notre héros étant obnubilé par ces aspects (et étant le seul à pouvoir les réaliser), comme le côté méchante créature (à l’instant T) qui deviendra meilleure pote du héros par la suite …
Bref rien de fou et pas spécialement dès plus trépidant sur la longueur, une réalisation lambda … cependant quand même divertissant. Pas le pire mais pas le mieux lu.
Un petit 3*.
Nota : le format initial étant webtoon, malgré la bonne fluidité des planches je suis toujours un peu dérangé par leur composition .
Après Les Filles de Salem qui ne m'avait absolument pas convaincu, j'ai été bien plus convaincu par cette BD. Même si je trouve que Thomas Gilbert brasse les mêmes sujets de façon pas toujours très fine.
Cette BD propose un polar/enquête qui nous propose de suivre une jeune femme meneuse de loup, personnage folklorique du patrimoine français, dans une enquête aux allures de voyage dans la campagne française aux alentours de l'an mille. L'idée est séduisante et je trouve que la réalisation n'est pas mauvaise, l'histoire ayant préséance sur les thématiques cette fois-ci. C'est ce qui sauve la BD, puisque même si je trouve les thématiques abordées de façon maladroite, j'ai été intéressé par l'histoire et ce qu'elle raconte des peurs que certains pouvaient avoir face aux transformations sociétales ou aux temps nouveaux qui s'annonçaient.
Quand je dis que ça sauve la BD, c'est parce qu'encore une fois je trouve les thématiques trop lourdes et appuyées, mais surtout complètement contemporaine pour un sujet médiéval. J'accepte bien plus cette utilisation lorsque le genre est celui de la fantasy (donc de l'imaginaire) et pas du proto-historique. Mais outre cette considération personnelle, je trouve très maladroit l'utilisation de certains thèmes : la religion est obscurantiste et pourvoyeuse de cinglé (ce qui semble bien plus un point de vue contemporain qui oublie que la religion promouvait la science ...), les femmes sont moins violentes que les hommes (point de vue que j'ai toujours trouvé sexiste personnellement), elles veulent être libre y compris sexuellement (dans un monde sans contraception et sans préservatif, faut-il le rappeler !), on pose des questionnements écologiques et de rapports avec la nature bien loin des réelles thématiques de cette époque ... En fait, je vois ce que l'auteur veut me dire, je suis globalement en accord avec ses messages, je le trouve amené très maladroitement.
Ce qui me fait apprécier cette BD par rapport aux filles de Salem, c'est qu'ici une contradiction existe. Brunehilde se retrouve parfois face à des personnes en désaccord avec elle, et l'existence de cette contradiction me fait plaisir. Déjà parce qu'on peut choisir parmi les propositions, mais aussi et surtout parce que ça évite le manichéen de bien des situations. Et si je vois bien des écueils, comme la représentation du Moyen-Âge comme un temps d'obscurantisme, de pauvreté et de saleté, j'apprécie que l'auteur nuance un propos (je répète, avec lequel je suis d'accord !) pour proposer quelque chose de plus intéressant qu'un pamphlet détournant l'Histoire.
Bref, j'ai apprécié ma lecture, sans pouvoir dire qu'elle sera indélébile dans ma mémoire, mais j'ai passé un bon moment. De mon point de vue, ce n'est pas bon, c'est mieux. Et ça me fait m'intéresser à l'auteur plutôt que m'en détourner !
Tout de la narration au dessin donne un rendu léger et presque délicat, alors que le sujet – et la vie d’Odette, la jeune femme qui est au centre du récit – tendent à nous faire sombrer dans l’obscurité, dans une grande noirceur.
Car Odette est atteinte d’une sorte de maladie dégénérative ou je ne sais trop quoi, qui fait qu’elle perd peu à peu la vue, une « méduse » de plus en plus présente et de plus en plus grande occupant une partie croissante de son champ de vision.
L’évolution de la maladie – et donc du handicap dont souffre progressivement Odette – est habilement montrée, avec ces taches sombres qui la suivent, minuscules au départ, puis de plus en plus grandes, au point d’occuper toutes les cases vers la fin.
Odette peine à exprimer son problème, et la prise de conscience du côté irrémédiable de son handicap naissant. Jusqu’à craquer et tout envoyer balader. Mais elle est quand même bien entourée, avec son poteau, et sa nouvelle petite amie (et son lapin !). Et les dernières pages permettent de donner une touche finale pleine de lumière et d’optimisme, avec une Odette rassérénée, s’acceptant telle qu’elle est.
Une lecture plaisante.
Mouais. Ces aventures de Ken Mallory se laissent lire, mais sans plus me concernant.
C’est de l’aventure très – sans doute trop – classique, mêlant récit de guerre et quelques thèmes à la Indiana Jones (dans le second tome surtout). Ça n’est pas exempt de clichés (ça en joue même sûrement, avec un ensemble lorgnant vers une version hollywoodienne, avec des personnages aux têtes d’acteurs connus), mais la narration est fluide, et, comme je l’ai dit, on ne s’ennuie pas, l’amateur du genre peut y trouver son compte.
J’ai trouvé que c’était trop verbeux, les dialogues prennent trop de place. Il aurait sans doute fallu aérer et alléger un peu dans ce domaine. Cet aspect accentue en tout cas un petit côté vieillot (en tout cas « plus vieux que son âge »), que j’ai aussi retrouvé dans le dessin de Gauthier.
Celui-ci est lisible, mais je l’ai trouvé inégal. De plus, son trait a un rendu un peu années 1970/1980, et figé.
Une série probablement à réserver aux amateurs d’aventure old school.
Y a du boulot dans Les Navigateurs, certes, et j'étais plein de bonne volonté. Pourtant, j'avoue n'avoir été guère passionné par cette histoire, même si le premier quart de la BD reste assez intrigant. Ca partait plutôt bien. Au passage, comme le conseille Gruizzli, le mieux reste de se lancer dans cette lecture avec le moins d’information possible, ce qui fut mon cas.
D’abord, je suis peu sensible au dessin, que j’ai trouvé un peu trop rigide. En outre, il est à mon goût trop « comics oriented ». Le choix du noir et blanc ne me dérange absolument pas, mais dans le cas présent, les contrastes ne sont pas assez prononcés, ce qui donne à l’ensemble un côté terne. On a l’impression que l’imprimeur arrivait à la fin de ses cartouches d’encre, presque…
Le scénario me plairait assez, fondé sur une intrication du réel et du surnaturel. C’est un principe certes éculé mais qui fonctionne. Dans le cas présent, la partie proprement fantastique est trop courte. Nos héros déboulent dans cet univers parallèle et bim ! C’est la fin. Personnellement, j’aurais aimé me perdre un peu plus dans « le monde de la mer » auquel le titre de cette BD fait référence. Un petit tour de zodiac et nos Navigateurs s’en vont déjà. A ce titre, j’avais adoré Satanie de Vehlmann et Kerascoët dont la majeure partie du récit prenait place dans le monde alternatif. Bon, je n’en demandais ici pas tant, mais ça reste un peu court.
Mais ce qui a le plus plombé ma lecture, au point de carrément m’agacer, ce sont les personnages eux-mêmes, ainsi que dans une certaine mesure les dialogues qui sont inévitablement les symptômes de psychologies mal dégrossies. Je m’explique : j’ai trouvé certaines réactions des protagonistes un peu immatures et irréfléchies. Déjà, Arthur, baroudeur, fumeur de joints invétéré (c’est même un peu lourdingue d’ailleurs et ne sert pas le scénario), habite chez ses tantes !!!! Le gars, à 35-40 balais (grosso modo), habite encore avec ses tantines ? Alors que par ailleurs, il ne tremble pas d’un sourcil quand il fait face à d’effrayantes créatures surgies d’un univers parallèle ? Et quand il est trop bourré, son pote Max le ramène chez elles… Déjà ça, je n’y crois pas une seconde.
Enfin bref ! Je ne vais pas détailler tout ce qui m’a un peu gonflé. Ce serait inutile et fastidieux. Mais Je voulais juste donner un exemple de ce qui a gâché mon plaisir, voire mon intérêt car c’est le point essentiel. Oui, Les Navigateurs, c’est pas mal, mais juste pas mal alors que ça aurait pu être quelque chose de plus abouti et soigné, tant au niveau du scénar que de la colorisation.
L'Affaire du petit Grégory, l'histoire de l'enquête non élucidée sur un meurtre très médiatique et ayant eu de nombreuses conséquences et ramifications. Et aussi une affaire que je connaissais très mal étant trop jeune quand elle a démarré et ayant ensuite été complètement perdu dans sa complexité et le nombre de possibles suspects et de rebondissements. Ce documentaire en BD était donc bienvenu même si je craignais la sordide ambiance de cette affaire.
Ce qui s'est déclaré au grand public par la découverte du corps du jeune Grégory Villemin, 4 ans, flottant dans un sac poubelle sur une rivière, a pour cadre une région campagnarde des Vosges et un réseau familial complexe. Querelles de clochers, rancoeurs familiales et jalousies forment la trame de ce qui a commencé par le harcèlement du fameux "corbeau" envers le couple Villemin mais aussi leurs parents, frères et parfois cousins. Ce harcèlement, fait d'appels téléphoniques avec des voix masquées, parfois masculines parfois féminines, de courriers anonymes mais aussi d'effractions au domicile Villemin durait depuis 1981 et a atteint son apogée avec le meurtre du jeune fils du couple, meurtre aussitôt revendiqué par ce même "corbeau". Et par la suite, l'enquête a duré des dizaines d'années, avec régulièrement de nouveaux suspects et accusés, parmi l'entourage plus ou moins proche du couple Vuillemin et même au sein du couple lui-même. L'ensemble ayant été notamment ponctué par un autre drame, celui du meurtre d'un cousin par le père de Grégory qui a cru venger ainsi la mort de son fils alors que la victime a finalement été elle aussi plus ou moins innocentée.
Bref un véritable imbroglio impliquant des dizaines de personnes et pour lequel les auteurs de la BD ont été forcés de fournir un arbre généalogique des principaux concernés en début d'album.
Alors que les premières pages de la BD laissent envisager un récit sous la forme d'un polar, avec de vrais héros enquêteurs que l'on aurait pu suivre tout au long de l'album, ce n'était que le temps d'une introduction puisque la suite rejoint davantage la forme d'un documentaire. Nous sommes certes placés auprès des protagonistes eux-mêmes et l'histoire nous raconte ce qu'ils ont vraiment vécu, mais la structure narrative devient de plus en plus hachée tandis que l'on passe d'un fait au suivant, avec régulièrement de nouveaux suspects donc de nouveaux protagonistes. Et le tout est entrecoupé de double pages de textes documentaire et autres extraits de journaux ou de témoignages.
C'est instructif, plutôt bien dessiné, relativement clair au début puis un peu plus rébarbatif sur la fin tandis que l'enquête s'enlise et se perd en fausses directions. J'ai appris pas mal de choses sur cette affaire que je connaissais à peine mais j'en ressors aussi perdu que les enquêteurs, toujours incapables de déterminer qui a vraiment tué le petit Grégory et qui était ou qui étaient le ou les corbeaux.
Lorsque j'ai emprunté cette série, je pensais tomber sur un manga pour enfants avec une héroïne mini-vétérinaire et appuyant trop sur le côté choupinou des animaux. Les premières pages m'ont fait craindre d'avoir raison en découvrant le nom de la clinique vétérinaire Miawouf et le dessin kawai des chiots, chatons et lapinous qui accueillent l'héroïne avec des petits "ooooh, c'est quiiiii ?!".
Mais en fait, cette série n'est pas mal du tout et plutôt intelligente même si elle s'adresse clairement à un jeune public.
Elle est structurée en histoires courtes qui sont autant de rencontres avec un nouveau cas vétérinaire, de nouveaux patients animaux et leur maîtres humains. On y reste sur un ton léger et mignon, mais de vraies problématiques y sont abordées, avec d'une part quelques authentiques problèmes de santé de nos animaux de compagnie sous la tutelle experte du vrai vétérinaire de la clinique, l'oncle de l'héroïne, et d'autre part des thématiques psychologiques judicieuses sur le comportement des animaux envers les humains et vice-versa. L'héroïne est simple et passe-partout mais elle est présentée de manière intelligente, sachant trouver les bons mots et bonnes attitudes. Quant aux situations et cas cliniques, ils sont suffisamment variés pour ne pas se révéler répétitifs.
C'est mignon, instructif et ça se lit avec plaisir et intérêt.
Pas grand-chose à dire de cet album. Ça se laisse lire, c’est dynamique, on ne s’ennuie pas, mais c’est aussi vite oublié je pense, je n’y reviendrai sans doute pas.
Disons que tout est bien fait, mais ça ne m’a pas emballé plus que ça. Cette sorte d’agence constituée uniquement de femmes, toutes sexy et super entrainées, capable de déjouer les molosses, les pièges les plus vicieux, et les méchants les plus haineux, je trouve que ça perd en crédibilité ce que ça a gagné en action. On a donc un produit de consommation qui répond à pas mal de cahiers des charges, mais ça n’est pas ma came.
Je suis en tout cas moins enthousiaste que mes prédécesseurs. Même si je reconnais encore que Terry Moore (que j’avais quand même préféré sur Serial) connait son affaire, en nous proposant de l’action bien huilée (jusqu’au final avec les Chinois).
Le dessin est sans fioriture, mais efficace.
Une lecture d’emprunt, pour amateurs du genre ne recherchant pas trop de surprises.
Un album très vite lu, car quasiment muet (deux ou trois « ah » seulement ponctuent cette histoire). C’est d’ailleurs ce qui peut frustrer un lecteur adulte – ça a été un peu mon cas.
Les plus jeunes apprécieront sans doute davantage ce conte, que j’ai cru un temps avoir une fin très triste. Mais en fait non, la dernière case dégage poésie et joie posthume et conclut de façon positive un récit un peu linéaire, mais agréable à suivre.
Car dessin et colorisation sont simples et chouettes.
Une lecture sympathique, mais à réserver je pense à un très jeune lectorat (c’est en fonction de ce lectorat cible que je lui attribue les trois étoiles – mon ressenti personnel étant 2,5/5.).
C'est la première série d'Osamu Tezuka que je lis. C'est une œuvre intéressante car bâtie sur un scénario aux thématiques nombreuses (trop?) dans un espace assez resserré(3 tomes) et une temporalité assez longue (20 ans). L'avantage de cette construction est de proposer une narration très dynamique mais son inconvénient est de souvent survoler certain thèmes voire d'introduire une discontinuité qui laisse le lecteur seul face à la situation.
J'ai beaucoup aimé le tome 1 centré sur la personnalité très sombre de Jiro. Dans un Tokyo de 1949 l'auteur, dans un registre de contre espionnage, charge la présence américaine en multipliant les scènes d'interrogatoire quasi gestapistes d'une armée d'occupation voulant anéantir la classe ouvrière cheminote japonaise. j'ai tiqué plusieurs fois à cette construction. En effet je ne crois avoir jamais lu l'équivalent sur la présence américaine en RFA. Cela m'a d'autant plus gêné que cela est introduit après un vide sur l'histoire antérieure de l'armée impériale en Corée ( armée d'occupation pas trop sympa) et ailleurs dans le Pacifique. La réforme agraire est expédiée en quelques cases. Cela donne un aspect documentaire historique pas déplaisant mais un peu juste pour y puiser une réelle connaissance approfondie de l'histoire socio-économique du Japon d'après guerre. Rien sur la reconstruction du pays, rien sur sa réorganisation politique, Tezuka se contente de mettre en scène des officiers sup américains de façon caricaturale et grotesque. Cette thématique se conclut sur une histoire assez rocambolesque de chemise ensanglantée qu'il aurait été si facile de faire disparaître. D'ailleurs il a été plus facile à Jiro de disparaître des griffes de la police , des services secrets américains voire des yeux des lecteurs en faisant de courtes réapparitions inexpliquées. La piste policière un peu entretenue en fin de T1 disparaissant totalement en T2 pendant 20 ans.
Il reste donc la saga sur laquelle est centrée l'insupportable séquestration d'Ayako qui représente une véritable charge contre une société traditionnelle patriarcale de type médiévale. Tezuka s'enfonce à l'envie dans le glauque et le nauséeux, multipliant les viols, les incestes, les coups, les injustices pour chaque membre masculin de la famille Tengé. Si la fin du T1 porte son effet dramatique dans un ignominieux conseil de famille, les surcouches introduites par la suite virent à la lourdeur et au voyeurisme. Il a fallu le saut temporel de 1971 en fin de t2 pour que je ne lâche pas l'affaire en mi T2.
Le graphisme est très surprenant. Je le vois comme le produit d'une équipe assez inégale tellement il y a des différences d'une case à l'autre. On passe d'extérieurs paysagés très ciselés et travaillés avec une grande précision à des décors urbains rectilignes corrects mais sans âme. Que dire des visages et des silhouettes? Des caricatures déformées au long cous de girafes, des visages mangas lisses et occidentalisés, des proportions aléatoires, des visages de soldats afro-américains aux stéréotypes douteux (T2 p70), des femmes typées poupées potiches ou des scènes traditionnelles de deuil ou de fêtes admirablement travaillées. Je n'ai toujours pas compris la volonté visuelle de l'auteur,
C'est dire si une fois le choc émotionnel du T1 passé même le calvaire d'Ayako dans une pauvre idée du mythe de la caverne m'a de plus en plus laissé froid.
Une lecture pas déplaisante mais sans plus. 2.5
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Dungeon reset
Avec cette série, rien de franchement nouveau dans le monde des Isekai mais ça reste potable pour les amateurs. Notre héros ne sera juste pas le seul à être enlevé et téléporté pour participer à ce jeu de survie dans un monde fantasy. Pour retourner sur la terre, le seul espoir des joueurs est de terminer l’ensemble des niveaux en complétant les donjons et en battant les boss … mission quasi impossible tant la difficulté est hardue et la survie problématique. La mort n’est jamais bien loin et seul les plus forts survivront. Précisons également que chaque joueur, à son arrivée, se verra confier un pouvoir/compétence où on distinguera 2 catégories : les fighters et les crafteurs ; que chaque niveau est supervisé par une sorte d’administrateur (un lapin, un babouin, un lion …) qui feront avancer un peu le pourquoi du comment des mystères de ce monde, et qu’à chaque victoire d’un boss, le donjon se réinitialise dans sa forme d’origine. Voilà pour le fond. Nous y suivrons Dawoon, faible humain qui survivra à un piège lors de la réinitialisation du donjon. Cet événement étant inédit pour le jeu, notre héros vivra désormais en marge des règles du système et deviendra comme un bug dans la matrice. Nous irons désormais de deus ex machina en deus ex machina avec lui. Il pourra refaire les donjons autant qu’il le souhaite et acquerra de nombreuses autres compétences en cours de route (le côté RPG est très présent) mais jamais vraiment combattantes, toujours autour du crafting. Ça ne l’empêchera pas d’avancer et d’affronter de nombreuses menaces seul. Il deviendra petit à petit comme un dieu. C’est loin d’être exceptionnel mais ça reste sympatoche à lire pour peu que l’on ne soit pas allergique au genre. Il faut aimer le coté « petit nid douillet et bien manger », notre héros étant obnubilé par ces aspects (et étant le seul à pouvoir les réaliser), comme le côté méchante créature (à l’instant T) qui deviendra meilleure pote du héros par la suite … Bref rien de fou et pas spécialement dès plus trépidant sur la longueur, une réalisation lambda … cependant quand même divertissant. Pas le pire mais pas le mieux lu. Un petit 3*. Nota : le format initial étant webtoon, malgré la bonne fluidité des planches je suis toujours un peu dérangé par leur composition .
La Voix des bêtes, la faim des hommes
Après Les Filles de Salem qui ne m'avait absolument pas convaincu, j'ai été bien plus convaincu par cette BD. Même si je trouve que Thomas Gilbert brasse les mêmes sujets de façon pas toujours très fine. Cette BD propose un polar/enquête qui nous propose de suivre une jeune femme meneuse de loup, personnage folklorique du patrimoine français, dans une enquête aux allures de voyage dans la campagne française aux alentours de l'an mille. L'idée est séduisante et je trouve que la réalisation n'est pas mauvaise, l'histoire ayant préséance sur les thématiques cette fois-ci. C'est ce qui sauve la BD, puisque même si je trouve les thématiques abordées de façon maladroite, j'ai été intéressé par l'histoire et ce qu'elle raconte des peurs que certains pouvaient avoir face aux transformations sociétales ou aux temps nouveaux qui s'annonçaient. Quand je dis que ça sauve la BD, c'est parce qu'encore une fois je trouve les thématiques trop lourdes et appuyées, mais surtout complètement contemporaine pour un sujet médiéval. J'accepte bien plus cette utilisation lorsque le genre est celui de la fantasy (donc de l'imaginaire) et pas du proto-historique. Mais outre cette considération personnelle, je trouve très maladroit l'utilisation de certains thèmes : la religion est obscurantiste et pourvoyeuse de cinglé (ce qui semble bien plus un point de vue contemporain qui oublie que la religion promouvait la science ...), les femmes sont moins violentes que les hommes (point de vue que j'ai toujours trouvé sexiste personnellement), elles veulent être libre y compris sexuellement (dans un monde sans contraception et sans préservatif, faut-il le rappeler !), on pose des questionnements écologiques et de rapports avec la nature bien loin des réelles thématiques de cette époque ... En fait, je vois ce que l'auteur veut me dire, je suis globalement en accord avec ses messages, je le trouve amené très maladroitement. Ce qui me fait apprécier cette BD par rapport aux filles de Salem, c'est qu'ici une contradiction existe. Brunehilde se retrouve parfois face à des personnes en désaccord avec elle, et l'existence de cette contradiction me fait plaisir. Déjà parce qu'on peut choisir parmi les propositions, mais aussi et surtout parce que ça évite le manichéen de bien des situations. Et si je vois bien des écueils, comme la représentation du Moyen-Âge comme un temps d'obscurantisme, de pauvreté et de saleté, j'apprécie que l'auteur nuance un propos (je répète, avec lequel je suis d'accord !) pour proposer quelque chose de plus intéressant qu'un pamphlet détournant l'Histoire. Bref, j'ai apprécié ma lecture, sans pouvoir dire qu'elle sera indélébile dans ma mémoire, mais j'ai passé un bon moment. De mon point de vue, ce n'est pas bon, c'est mieux. Et ça me fait m'intéresser à l'auteur plutôt que m'en détourner !
La Méduse
Tout de la narration au dessin donne un rendu léger et presque délicat, alors que le sujet – et la vie d’Odette, la jeune femme qui est au centre du récit – tendent à nous faire sombrer dans l’obscurité, dans une grande noirceur. Car Odette est atteinte d’une sorte de maladie dégénérative ou je ne sais trop quoi, qui fait qu’elle perd peu à peu la vue, une « méduse » de plus en plus présente et de plus en plus grande occupant une partie croissante de son champ de vision. L’évolution de la maladie – et donc du handicap dont souffre progressivement Odette – est habilement montrée, avec ces taches sombres qui la suivent, minuscules au départ, puis de plus en plus grandes, au point d’occuper toutes les cases vers la fin. Odette peine à exprimer son problème, et la prise de conscience du côté irrémédiable de son handicap naissant. Jusqu’à craquer et tout envoyer balader. Mais elle est quand même bien entourée, avec son poteau, et sa nouvelle petite amie (et son lapin !). Et les dernières pages permettent de donner une touche finale pleine de lumière et d’optimisme, avec une Odette rassérénée, s’acceptant telle qu’elle est. Une lecture plaisante.
Mystères en Birmanie
Mouais. Ces aventures de Ken Mallory se laissent lire, mais sans plus me concernant. C’est de l’aventure très – sans doute trop – classique, mêlant récit de guerre et quelques thèmes à la Indiana Jones (dans le second tome surtout). Ça n’est pas exempt de clichés (ça en joue même sûrement, avec un ensemble lorgnant vers une version hollywoodienne, avec des personnages aux têtes d’acteurs connus), mais la narration est fluide, et, comme je l’ai dit, on ne s’ennuie pas, l’amateur du genre peut y trouver son compte. J’ai trouvé que c’était trop verbeux, les dialogues prennent trop de place. Il aurait sans doute fallu aérer et alléger un peu dans ce domaine. Cet aspect accentue en tout cas un petit côté vieillot (en tout cas « plus vieux que son âge »), que j’ai aussi retrouvé dans le dessin de Gauthier. Celui-ci est lisible, mais je l’ai trouvé inégal. De plus, son trait a un rendu un peu années 1970/1980, et figé. Une série probablement à réserver aux amateurs d’aventure old school.
Les Navigateurs
Y a du boulot dans Les Navigateurs, certes, et j'étais plein de bonne volonté. Pourtant, j'avoue n'avoir été guère passionné par cette histoire, même si le premier quart de la BD reste assez intrigant. Ca partait plutôt bien. Au passage, comme le conseille Gruizzli, le mieux reste de se lancer dans cette lecture avec le moins d’information possible, ce qui fut mon cas. D’abord, je suis peu sensible au dessin, que j’ai trouvé un peu trop rigide. En outre, il est à mon goût trop « comics oriented ». Le choix du noir et blanc ne me dérange absolument pas, mais dans le cas présent, les contrastes ne sont pas assez prononcés, ce qui donne à l’ensemble un côté terne. On a l’impression que l’imprimeur arrivait à la fin de ses cartouches d’encre, presque… Le scénario me plairait assez, fondé sur une intrication du réel et du surnaturel. C’est un principe certes éculé mais qui fonctionne. Dans le cas présent, la partie proprement fantastique est trop courte. Nos héros déboulent dans cet univers parallèle et bim ! C’est la fin. Personnellement, j’aurais aimé me perdre un peu plus dans « le monde de la mer » auquel le titre de cette BD fait référence. Un petit tour de zodiac et nos Navigateurs s’en vont déjà. A ce titre, j’avais adoré Satanie de Vehlmann et Kerascoët dont la majeure partie du récit prenait place dans le monde alternatif. Bon, je n’en demandais ici pas tant, mais ça reste un peu court. Mais ce qui a le plus plombé ma lecture, au point de carrément m’agacer, ce sont les personnages eux-mêmes, ainsi que dans une certaine mesure les dialogues qui sont inévitablement les symptômes de psychologies mal dégrossies. Je m’explique : j’ai trouvé certaines réactions des protagonistes un peu immatures et irréfléchies. Déjà, Arthur, baroudeur, fumeur de joints invétéré (c’est même un peu lourdingue d’ailleurs et ne sert pas le scénario), habite chez ses tantes !!!! Le gars, à 35-40 balais (grosso modo), habite encore avec ses tantines ? Alors que par ailleurs, il ne tremble pas d’un sourcil quand il fait face à d’effrayantes créatures surgies d’un univers parallèle ? Et quand il est trop bourré, son pote Max le ramène chez elles… Déjà ça, je n’y crois pas une seconde. Enfin bref ! Je ne vais pas détailler tout ce qui m’a un peu gonflé. Ce serait inutile et fastidieux. Mais Je voulais juste donner un exemple de ce qui a gâché mon plaisir, voire mon intérêt car c’est le point essentiel. Oui, Les Navigateurs, c’est pas mal, mais juste pas mal alors que ça aurait pu être quelque chose de plus abouti et soigné, tant au niveau du scénar que de la colorisation.
Le Corbeau - L'Affaire Villemin
L'Affaire du petit Grégory, l'histoire de l'enquête non élucidée sur un meurtre très médiatique et ayant eu de nombreuses conséquences et ramifications. Et aussi une affaire que je connaissais très mal étant trop jeune quand elle a démarré et ayant ensuite été complètement perdu dans sa complexité et le nombre de possibles suspects et de rebondissements. Ce documentaire en BD était donc bienvenu même si je craignais la sordide ambiance de cette affaire. Ce qui s'est déclaré au grand public par la découverte du corps du jeune Grégory Villemin, 4 ans, flottant dans un sac poubelle sur une rivière, a pour cadre une région campagnarde des Vosges et un réseau familial complexe. Querelles de clochers, rancoeurs familiales et jalousies forment la trame de ce qui a commencé par le harcèlement du fameux "corbeau" envers le couple Villemin mais aussi leurs parents, frères et parfois cousins. Ce harcèlement, fait d'appels téléphoniques avec des voix masquées, parfois masculines parfois féminines, de courriers anonymes mais aussi d'effractions au domicile Villemin durait depuis 1981 et a atteint son apogée avec le meurtre du jeune fils du couple, meurtre aussitôt revendiqué par ce même "corbeau". Et par la suite, l'enquête a duré des dizaines d'années, avec régulièrement de nouveaux suspects et accusés, parmi l'entourage plus ou moins proche du couple Vuillemin et même au sein du couple lui-même. L'ensemble ayant été notamment ponctué par un autre drame, celui du meurtre d'un cousin par le père de Grégory qui a cru venger ainsi la mort de son fils alors que la victime a finalement été elle aussi plus ou moins innocentée. Bref un véritable imbroglio impliquant des dizaines de personnes et pour lequel les auteurs de la BD ont été forcés de fournir un arbre généalogique des principaux concernés en début d'album. Alors que les premières pages de la BD laissent envisager un récit sous la forme d'un polar, avec de vrais héros enquêteurs que l'on aurait pu suivre tout au long de l'album, ce n'était que le temps d'une introduction puisque la suite rejoint davantage la forme d'un documentaire. Nous sommes certes placés auprès des protagonistes eux-mêmes et l'histoire nous raconte ce qu'ils ont vraiment vécu, mais la structure narrative devient de plus en plus hachée tandis que l'on passe d'un fait au suivant, avec régulièrement de nouveaux suspects donc de nouveaux protagonistes. Et le tout est entrecoupé de double pages de textes documentaire et autres extraits de journaux ou de témoignages. C'est instructif, plutôt bien dessiné, relativement clair au début puis un peu plus rébarbatif sur la fin tandis que l'enquête s'enlise et se perd en fausses directions. J'ai appris pas mal de choses sur cette affaire que je connaissais à peine mais j'en ressors aussi perdu que les enquêteurs, toujours incapables de déterminer qui a vraiment tué le petit Grégory et qui était ou qui étaient le ou les corbeaux.
Yuzu - La Petite Vétérinaire
Lorsque j'ai emprunté cette série, je pensais tomber sur un manga pour enfants avec une héroïne mini-vétérinaire et appuyant trop sur le côté choupinou des animaux. Les premières pages m'ont fait craindre d'avoir raison en découvrant le nom de la clinique vétérinaire Miawouf et le dessin kawai des chiots, chatons et lapinous qui accueillent l'héroïne avec des petits "ooooh, c'est quiiiii ?!". Mais en fait, cette série n'est pas mal du tout et plutôt intelligente même si elle s'adresse clairement à un jeune public. Elle est structurée en histoires courtes qui sont autant de rencontres avec un nouveau cas vétérinaire, de nouveaux patients animaux et leur maîtres humains. On y reste sur un ton léger et mignon, mais de vraies problématiques y sont abordées, avec d'une part quelques authentiques problèmes de santé de nos animaux de compagnie sous la tutelle experte du vrai vétérinaire de la clinique, l'oncle de l'héroïne, et d'autre part des thématiques psychologiques judicieuses sur le comportement des animaux envers les humains et vice-versa. L'héroïne est simple et passe-partout mais elle est présentée de manière intelligente, sachant trouver les bons mots et bonnes attitudes. Quant aux situations et cas cliniques, ils sont suffisamment variés pour ne pas se révéler répétitifs. C'est mignon, instructif et ça se lit avec plaisir et intérêt.
Parker Girls
Pas grand-chose à dire de cet album. Ça se laisse lire, c’est dynamique, on ne s’ennuie pas, mais c’est aussi vite oublié je pense, je n’y reviendrai sans doute pas. Disons que tout est bien fait, mais ça ne m’a pas emballé plus que ça. Cette sorte d’agence constituée uniquement de femmes, toutes sexy et super entrainées, capable de déjouer les molosses, les pièges les plus vicieux, et les méchants les plus haineux, je trouve que ça perd en crédibilité ce que ça a gagné en action. On a donc un produit de consommation qui répond à pas mal de cahiers des charges, mais ça n’est pas ma came. Je suis en tout cas moins enthousiaste que mes prédécesseurs. Même si je reconnais encore que Terry Moore (que j’avais quand même préféré sur Serial) connait son affaire, en nous proposant de l’action bien huilée (jusqu’au final avec les Chinois). Le dessin est sans fioriture, mais efficace. Une lecture d’emprunt, pour amateurs du genre ne recherchant pas trop de surprises.
Pétales
Un album très vite lu, car quasiment muet (deux ou trois « ah » seulement ponctuent cette histoire). C’est d’ailleurs ce qui peut frustrer un lecteur adulte – ça a été un peu mon cas. Les plus jeunes apprécieront sans doute davantage ce conte, que j’ai cru un temps avoir une fin très triste. Mais en fait non, la dernière case dégage poésie et joie posthume et conclut de façon positive un récit un peu linéaire, mais agréable à suivre. Car dessin et colorisation sont simples et chouettes. Une lecture sympathique, mais à réserver je pense à un très jeune lectorat (c’est en fonction de ce lectorat cible que je lui attribue les trois étoiles – mon ressenti personnel étant 2,5/5.).
Ayako
C'est la première série d'Osamu Tezuka que je lis. C'est une œuvre intéressante car bâtie sur un scénario aux thématiques nombreuses (trop?) dans un espace assez resserré(3 tomes) et une temporalité assez longue (20 ans). L'avantage de cette construction est de proposer une narration très dynamique mais son inconvénient est de souvent survoler certain thèmes voire d'introduire une discontinuité qui laisse le lecteur seul face à la situation. J'ai beaucoup aimé le tome 1 centré sur la personnalité très sombre de Jiro. Dans un Tokyo de 1949 l'auteur, dans un registre de contre espionnage, charge la présence américaine en multipliant les scènes d'interrogatoire quasi gestapistes d'une armée d'occupation voulant anéantir la classe ouvrière cheminote japonaise. j'ai tiqué plusieurs fois à cette construction. En effet je ne crois avoir jamais lu l'équivalent sur la présence américaine en RFA. Cela m'a d'autant plus gêné que cela est introduit après un vide sur l'histoire antérieure de l'armée impériale en Corée ( armée d'occupation pas trop sympa) et ailleurs dans le Pacifique. La réforme agraire est expédiée en quelques cases. Cela donne un aspect documentaire historique pas déplaisant mais un peu juste pour y puiser une réelle connaissance approfondie de l'histoire socio-économique du Japon d'après guerre. Rien sur la reconstruction du pays, rien sur sa réorganisation politique, Tezuka se contente de mettre en scène des officiers sup américains de façon caricaturale et grotesque. Cette thématique se conclut sur une histoire assez rocambolesque de chemise ensanglantée qu'il aurait été si facile de faire disparaître. D'ailleurs il a été plus facile à Jiro de disparaître des griffes de la police , des services secrets américains voire des yeux des lecteurs en faisant de courtes réapparitions inexpliquées. La piste policière un peu entretenue en fin de T1 disparaissant totalement en T2 pendant 20 ans. Il reste donc la saga sur laquelle est centrée l'insupportable séquestration d'Ayako qui représente une véritable charge contre une société traditionnelle patriarcale de type médiévale. Tezuka s'enfonce à l'envie dans le glauque et le nauséeux, multipliant les viols, les incestes, les coups, les injustices pour chaque membre masculin de la famille Tengé. Si la fin du T1 porte son effet dramatique dans un ignominieux conseil de famille, les surcouches introduites par la suite virent à la lourdeur et au voyeurisme. Il a fallu le saut temporel de 1971 en fin de t2 pour que je ne lâche pas l'affaire en mi T2. Le graphisme est très surprenant. Je le vois comme le produit d'une équipe assez inégale tellement il y a des différences d'une case à l'autre. On passe d'extérieurs paysagés très ciselés et travaillés avec une grande précision à des décors urbains rectilignes corrects mais sans âme. Que dire des visages et des silhouettes? Des caricatures déformées au long cous de girafes, des visages mangas lisses et occidentalisés, des proportions aléatoires, des visages de soldats afro-américains aux stéréotypes douteux (T2 p70), des femmes typées poupées potiches ou des scènes traditionnelles de deuil ou de fêtes admirablement travaillées. Je n'ai toujours pas compris la volonté visuelle de l'auteur, C'est dire si une fois le choc émotionnel du T1 passé même le calvaire d'Ayako dans une pauvre idée du mythe de la caverne m'a de plus en plus laissé froid. Une lecture pas déplaisante mais sans plus. 2.5