Mais ça demande tellement de temps !
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Ce tome contient un récit complet, indépendant de tout autre. Son édition originale date de 2023. Il a été réalisé par Gaëlle Sanchez, pour le scénario, les dessins et les couleurs. Il comprend cent-quatorze pages de bande dessinée. Il commence par une introduction d’une page de l’autrice qui explicite sa mission d’inspectrice de l’amour : donner une voix à celles et ceux qui, comme elle, ont navigué (et naviguent peut-être encore) dans les eaux tumultueuses du dating. Ses personnages vont vivre ces expériences embarrassantes et malgré tout amusantes, rappelant au passage que la quête de l’amour est parfois semée d’embûches. Ces histoires sont alors une invitation à rire de ces propres mésaventures romantiques, à trouver de la légèreté dans des situations insolites, à dédramatiser certaines pressions sociales liées au célibat, mais aussi à prévenir certains comportements… afin de transformer les pires rendez-vous en souvenirs mémorables.
Dans un appartement, Jade s’étonne que Nina ne soit pas là. Léo répond qu’elle se prépare car Madame a un date. Victoria relève la tête de son téléphone, trouvant ça intéressant, alors que Rafaël sourit en écoutant. Nina passe par la porte vêtue d’une belle robe rouge, en demandant à Léo s’il est jaloux. Ce dernier répond que pas du tout. Il ajoute qu’elle est la meilleure coloc du monde, avec son emploi du temps de ministre du dating. Rafaël lui lance une pique en lui faisant remarquer que pour Léo c’est très calme de ce côté-là. Victoria renchérit en ajoutant qu’il va leur dire qu’il prend du temps pour lui, qu’il redécouvre le célibat, bla, bla, bla. Très détendu, Léo répond que c’est exactement ça. Jade demande qui est le mec que Nina voit ce soir. Rafaël ajoute qu’ils peuvent en savoir plus puisqu’elle les abandonne. Elle répond : ils ont matché sur une application et ce soir, c’est la première fois qu’elle le rencontre, il s’appelle Marc.
Jade demande à Nina si ça marche vraiment, les applications de rencontre. Léo se moque : Oh que oui, il suffit de regarder la collection de mecs de Nina. Cette dernière explique que ça dépend : il faut faire le tri dans les profils. Elle pourra lui montrer si elle veut, et elles pourront créer un compte pour Jade. Léo estime que sa petite sœur n’a pas besoin d’être pervertie ainsi, et il enchaîne en demandant où Rafaël en est avec Matthieu. L’intéressé ne souhaite pas répondre et propose plutôt de passer à la vie sentimentale de Victoria. Léo la ramène pour dire qu’elle va se marier avec son job de toute façon. Elle lui demande s’il veut vraiment parler de mariage, lui le divorcé. Finalement Nina indique qu’il est temps qu’elle y aille. Elle arrive juste à temps, son rencard est en train d’attacher son vélo devant le café où ils ont rendez-vous. Ils entrent et s’installent pour boire un verre. Rapidement, il lui pose la question qui lui tient à cœur : quel est son légume préféré ? Elle trouve la question un peu étrange et lui dit. Il répond que c’est pour vérifier qu’elle en mange. Il explique qu’il trouve que ça se voit qu’elle mange bien à la cantine, et pour lui c’est super important d’avoir une hygiène de vie irréprochable : faire beaucoup de sport, manger des légumes…
Le texte de la quatrième de couverture établit clairement la nature de cet ouvrage : cinq amis célibataires débriefent avec humour leurs rencards entre virtuel et réalité, des anecdotes issues de vrais témoignages. L’ouvrage se décompose en trente-deux scénettes, relatant des rencontres souvent d’un soir puisqu’il s’agit de Very bad dates, avec quelques-unes consacrées aux discussions entre les cinq amis sur le principe d’une application de rencontres, sur le temps qui passe, l’éventuel engagement sérieux qui pourrait découler d’une de ces rencontres, l’absence de réponse à des messages après un premier rendez-vous et les raisons de ghoster, ainsi qu’une page consacrée au Service Après-Vente (SAV) du dating, et une autre sous forme de logigramme en cas de match dans une appli (envoi de messages, un rendez-vous chez lui ou chez elle ou un rendez-vous à l’extérieur, choisir un lieu qui ne craint pas, boire un coup ensemble, et plus si affinité). Le ton de la narration est dédramatisé, avec quelques touches d’humour, ou au moins de bonne humeur à chaque fois, sans moquerie ou méchanceté, tout en pointant du doigt certains comportements manquant de tact ou de politesse, ou vraiment étrange lors d’un premier contact. Cela va de cette question sur le légume préféré, à une proposition de passer à l’acte tout de suite en craignant d’être trop fatigué plus tard dans la soirée.
L’illustration de couverture fait jeune, ciblant un public d’une vingtaine d’années, encore que les personnages mis en scène ont entre vingt-six ans pour Jade, et trente-deux ans pour Victoria et Léo, Nina et Rafaël ayant trente-et-un ans. Les personnages sont conformes aux canons de la beauté, avec des silhouettes bien proportionnées, seul un jeune homme semble en léger surpoids et une femme présente des hanches assez larges. L’autrice a constitué une distribution de personnages offrant assez de diversité : trois blancs, une noire et un jeune homme vaguement typé maghrébin. Les dessins des personnages présentent des caractéristiques à la fois simplifiées et rendues plus douces au regard : des yeux un peu plus grands pour qu’ils soient plus expressifs, des corps sans beaucoup de particularités si ce n’est la chevelure, des expressions avenantes avec souvent un sourire aux lèvres reflétant leur bonne humeur. La dessinatrice fait usage régulièrement de mimiques très expressives pour indiquer l’état d’esprit des personnages, ou pour donner plus de vivacité à leurs réactions émotionnelles. Elle varie les tenues vestimentaires en fonction des personnages et des situations. Lorsque la rencontre se passe bien, à trois occasions différentes, les deux adultes peuvent se retrouver dans la chambre à coucher, sans nudité, l’autrice s’arrêtant au stade des sous-vêtements.
S’ils semblent un peu lisses en surface, les dessins comprennent de nombreuses informations visuelles. L’artiste représente très régulièrement les décors, ce qui évite d’avoir la sensation d’une enfilade de scènes entre acteurs sur un théâtre avec une toile de fond pour tout décor. Ainsi de séquence en séquence, il peut regarder l’ameublement de l’appartement en colocation avec ses meubles très fonctionnels, quelques rues à la représentation très géométrique et épurée mais avec des façades et des commerces différents, des bars et des terrasses de café variés, plusieurs cuisines aménagées, la queue et une salle de cinéma, deux ou trois chambres à coucher, une salle de bain, etc. Quel que soit l’environnement de la scène, le lecteur observe une propreté immaculée, au point de les rendre aseptisés. Il remarque également qu’à plusieurs reprises l’artiste sort du format de cases disposées en bande pour une page qui sort de l’ordinaire. Chacun des cinq amis bénéficie d’une présentation d’une page où il apparaît dessiné en pied, avec un facsimilé simplifié de son profil sur l’application de rencontre : son prénom, son âge et sa profession, un très court message de présentation en une vingtaine de mots, ses occupations préférées, ses émojis favoris, et sa musique du moment, ainsi qu’une photographie de mise en situation (position de yoga pour Nina, en cours de danse classique pour Jade, à la Gay Pride pour Rafaël, en salle de gym pour Victoria, en salle de boxe pour Léo). L’autrice s’est également amusée à faire une page de profil de six hommes (Charles 34 ans, Baptiste 30 ans, Pierre 24 ans, Max 27 ans, Noam 29 ans, Damien 31 ans), et une autre de cinq femmes (Laurie, 32 ans, Katia 30 ans, Olivia 25 ans, Juliette 30 ans, Cathy 53 ans), une mise en page colorée pour une douzaine de messages qualifiés de perles, une parodie de Gandalf refusant le passage, une page de conseil SAV du dating et un logigramme de rencontre.
Le lecteur se retrouve invité dans les échanges amicaux entre ces cinq personnes, évoquant ces rencontres, qualifiées de très mauvaises. Les mauvaises surprises en question sont de nature diverse, sans jamais verser dans l’agression pour le harcèlement. Les unes et les autres sont confrontées aux bizarreries ordinaires, du comportement sans gêne à la phobie légère, du gros lourd qui dit faire dire Camion comme prétexte pour toucher la poitrine de son interlocutrice, à l’individu qui indique après coup par message qu’il souffre de trichophobie et qu’il souhaite que sa potentielle amie se rase les poils des bras, sans oublier celui ou celle qui se montre dans le jugement dès les premières phrases, ou plus classique celui ou celle qui s’écoute parler. À trois reprises, les amis parlent entre eux de leurs rendez-vous passés, pour débriefer, et se soutenir après ces rendez-vous allant de la déception au désastre, d’une manœuvre de diversion et d’une excuse pitoyable pour mettre un terme le plus rapidement possible, à un constat d’incompatibilité. En passant, l’autrice évoque le fait que le célibat n’a rien de honteux, que les femmes peuvent se sentir pressées par leur horloge biologique alors que les années passent si elles souhaitent fonder une famille, que les attentes ne sont pas forcément les mêmes entre les deux êtres humains s’étant donné rendez-vous. Elle n’aborde pas d’autres facettes, comme la motivation du premier rendez-vous (plutôt faire connaissance ou plutôt chercher une relation sexuelle), ou la stratégie de séduction, les règles que peuvent se fixer les unes et les autres.
Une bande dessinée sympathique, avec une narration visuelle agréable à l’œil, sur le thème de la rencontre à partir d’une correspondance sur une application. Les cinq amis sont rapidement définis, surtout par leur âge, sans réelle personnalité, et ils rencontrent des individus, le temps d’un rendez-vous pouvant s’arrêter au bout de quelques minutes, comme se prolonger jusqu’à se retrouver dans la même chambre. Il n’est pas question de violence ou de contrainte, simplement de premier contact et de déceptions diverses et variées. Amusant.
Même si je ne le connais que via le dessin animé, j’aime beaucoup le personnage de Gueule d’Argile.
Un méchant que j’étais ravi de découvrir sur papier. Et je dois dire que son aventure One Bad Day est assez honnête, je le classe dans la moyenne haute de la collection (derrière ceux sur Le Sphinx et M. Freeze).
J’ai bien aimé la réalisation. Une partie graphique très agréable, des planches suffisamment détaillées et assez lumineuses niveaux teintes. Bref c’est comics mais appliqué.
L’éloignement de Gotham ne m’a pas choqué. Le récit ne vole pas bien haut mais se lit facilement et bien. Il y a juste quelques petits trucs/facilités qui peinent à convaincre totalement.
J’en suis sorti quand même satisfait à la vue du nombre de pages.
C'est une histoire sympathique et agréable à lire. D'abord grâce au dessin, fluide, simple, que j'ai bien aimé.
Ensuite parce que la narration est elle aussi fluide. Le principe même du long road trip en stop permet de renouveler personnages et paysages. Et on sent bien que c'est du vécu.
Je n'ai jamais fait ce genre de périple et ne suis pas non plus un campeur. Mais très régulièrement je fais du stop (disons une vingtaine de fois par an, parfois plus) pour aller à mon boulot, en cas de grève ou de problème dans les transports (je ne conduis pas). Et donc, même si c'est sur un temps et des distances plus courts, j'ai moi aussi été confronté à des échantillons très divers de conducteurs, c'est d'ailleurs intéressant.
Ici, j'ai bien aimé le récit, qui vire au feel good movie. Surtout que certaines contingences parfois désagréables sont évacuées (acheter et faire la bouffe, trouver un coin pour dormir au sec, les heures à attendre que quelqu'un nous prenne en stop, etc.). Des petits airs de "Nus et culottés" parfois, avec le passage chez des gens accueillants.
Une lecture plaisante en tout cas.
Note réelle 3,5/5.
L'album se laisse lire facilement et très rapidement. Trop rapidement d'ailleurs. Le principal reproche que l'on peut lui faire est de ne pas assez approfondir le sujet.
Sujet intéressant, et à ma connaissance peu traité en BD, à savoir le basculement de l'Iran de la dictature du Shah à celle de Khomeini et des mollahs. Une frise chronologique ante et post révolution (synthétique mais très bien fichue) permet de bien situer les évènements. Ça permet aussi de rappeler que le régime qui a précédé la République islamique n'avait rien à lui envier en matière de répression (mais, bizarrement les médias occidentaux n'y trouvaient rien à redire...).
L'auteur raconte les événements tels que les ont vécus ses parents. Son père travaillant pour la police politique du Shah, sa famille a vécu de l'intérieur les évènements, passant de privilégiés à traqués.
Raconté à hauteur d'homme le récit manque de recul (la frise complète un peu les manques), et hélas surtout de profondeur. Du coup le sujet intéressant se révèle finalement léger et peu captivant.
Note réelle 2,5/5.
Une BD qui semble s'adresser à tous les publics mais dont la majorité des gags portent sur des sujets politiques voire militants qui parleront plutôt aux adultes.
C'est une bande d'animaux qui a décidé de se révolter contre les humains, leur pollution et leur oppression du monde animal, et pour cela d'effectuer des actions militantes voire de l'écoterrorisme. Le ton est un peu loufoque, voire absurde, avec des animaux gentiment ridicules même si on sent une vraie affection pour leurs idées et leur combat. L'album se structure en saynètes de quelques pages, voire parfois une seule, pas tout à fait des gags en une planche mais pas loin.
Le dessin est très simple, proche du dessin pour enfants, en particulier pour les couleurs qui ont l'air d'être réalisées au feutre, ce qui jette la confusion sur l'identification du public visé. Il n'y a rien de particulièrement attirant dans ce choix graphique mais la narration est claire et on s'y fait vite.
J'ai trouvé l'humour pas hilarant mais relativement sympa quand même.
En fait, ce qui agace dans cet album, c'est que la critique politique est vraiment à sens unique : ce sont trop régulièrement des critiques contre une droite caricaturale, des policiers qui tabassent tout le monde, des chasseurs bourrés qui tirent sur les cyclistes, des médias qui imposent leur vision au service du gouvernement, des ringards qui bouffent de la viande et se plaignent des wokes, et de tous ces salauds de capitalistes qui polluent et détruisent la Terre. Bref, c'est de la critique anti-droite trop caricaturale qui manque d'un équilibrage en critiquant aussi le bord opposé. Le militantisme est trop appuyé et sans subtilité malgré le fait qu'il se cache derrière une BD plus légère et loufoque dans ses protagonistes.
Toutefois, j'ai réussi à passer outre et à m'amuser un peu avec cette bande d'animaux, souriant ici et là de leurs dialogues et de leurs actions militantes à moitié ratées. Tant et si bien que j'ai passé un moment plutôt agréable.
A la limite, c’est potable, si du moins on est fan de Star Wars. J’ai en effet malheureusement déjà lu bien pire dans les œuvres (comics ou manga) produites pour la franchise. Oui, je sais, ce préambule met de suite en appétit…
Star Wars - Gardiens des Whills est donc l’adaptation sous forme de manga d’un roman de Greg Rucka. Edité aux USA et destiné avant tout au marché américain, il est publié avec un sens de lecture à l’occidentale (ce qui m’a étrangement désarçonné alors que je ne cesse de pester sur le sens de lecture de droite à gauche des mangas classiques). Son récit s’inscrit dans l’univers de Rogue One, avec quelques références faites au film mais surtout l’emploi de deux personnages importants de celui-ci. L’histoire n’est pas franchement originale mais distille son lot d’action et surtout permet de creuser quelque peu la personnalité de Baze Malbus et Chirrut Îmwe, avec une recherche au niveau des dialogues pour créer un sentiment de complicité vis-à-vis du lecteur (références au film, pointes d’humour).
Le dessin est acceptable même si peu fouillé. C’est du manga de grande distribution, très facile d’accès mais dégageant ce désagréable sentiment que les décors ont été tracés à la latte quand ils n’étaient pas tout simplement oubliés. La représentation des personnages est conforme à l’image véhiculée par le film Rogue One. Le contrat minimum est donc rempli mais on ne s’attardera pas sur une planche pour l’admirer.
Potable, donc. Un très petit pas mal pour le différencier d’autres production que j’ai trouvé autrement plus médiocres… mais je trouve qu’il y a mieux par ailleurs dans cet univers.
Pour l’avoir pratiquée à un niveau honorable dans ma jeunesse, je sais combien la natation est un sport rude et exigeant, qui demande beaucoup d’abnégation et très peu d’imagination (car il n’y a vraiment rien de plus ennuyeux à mes yeux que d’enchainer des longueurs et des longueurs de bassin, notre attention concentrée sur notre souffle, notre coordination et la fluidité de nos mouvements). Le parcours du jeune héros de cette série m’a donc assez naturellement parlé, lui qui au début de ce récit n’a plus aucun attrait pour la natation alors qu’il était un grand espoir quelques années plus tôt.
Assez classiquement, le récit adopte une forme de nekketsu et les différents personnages vont devoir affronter des épreuves (ici des compétitions de natation) pour accomplir leur destin. De ce point de vue, rien de neuf à l’horizon. J’ai toutefois apprécié deux aspects. Le premier est que le personnage central n’est pas le seul à avoir des objectifs bien définis (chacun des quatre protagonistes principaux a une problématique bien précise). Le deuxième est que même si leurs personnages vainquent des obstacles, les auteurs ne tombent pas dans l’excès et nos nageurs sont loin de gagner toutes les compétitions auxquelles ils participent. A contrario, un aspect m’a fortement déçu : celui de l’alimentation. Car ici, les personnages mangent un peu de tout et n’importe quoi n’importe comment. Or l’hygiène de vie d’un nageur de haut niveau s’accompagne d’un régime alimentaire bien précis, ce qui n’est donc absolument pas montré dans cette série.
Au travers de leur récit, les deux mangakas nous délivrent de nombreux messages positifs. La compétition et les bienfaits de l’émulation qui en résulte figurent en tête de ligne de ceux-ci mais il est aussi beaucoup question d’amitié, de respect et de sens du sacrifice. L‘esprit général de Swimming Ace m’a donc beaucoup plu car jamais on ne tombe dans la compétition malsaine ou la rivalité déloyale (ici, jamais il n'y a de coup bas de la part de qui que ce soit). Par ailleurs, je me suis attaché aux quatre personnages principaux, mais aussi à quelques personnages secondaires qui, portés par l’émulation qui anime les autres, se découvrent une âme de guerriers (certes médiocres mais déterminés).
Le dessin est de qualité, je trouve. J’ai d’ailleurs été très surpris de ne pas trouver le nom du dessinateur dans la base de donnée de bdthèque tant son style est maîtrisé et propre. Beaucoup de représentations des nageurs en action démontrent qu’il n’a pas dessiné à l’aveugle, bien au contraire ! Angles de vue, position des bras, musculature, on a droit à beaucoup de clichés de l’image de la natation de compétition, mais des clichés qui apportent ici une réelle crédibilité au récit (même si on n’échappe pas à certaines exagérations indissociables du manga). Et comme on pouvait s’y attendre (bah oui, c’est du manga), le fait de dessiner des jeunes filles en maillot donne lieu à un peu de fan service avec des angles de vue suggestifs et un gag récurrent au sujet d’une professeur de natation pourvue de seins généreux. Cet aspect reste toutefois dans des limites raisonnables malgré la lourdeur de l’humour parfois développé.
Le dernier tome est quelque peu expédié et sa conclusion montre à quel point les auteurs ont du mal à abandonner leurs personnages. A sa lecture, j’ai eu le sentiment que certains passages avaient été tronqués, ce qui donne une sensation d’inabouti à l’ensemble. Et c’est bien regrettable car, sans ça, j’aurais presque été tenté d’attribuer un 4/5 à la série.
Franchement, une agréable surprise car je n’attendais pas grand-chose de cette série concept, et j’ai eu bien plus qu’espéré.
Voici une agréable BD "feel good" sur la cuisine, enrichie d'un propos sur les classes sociales, la relation aux parents et le poids des attentes, sur l'adolescence et l'éveil à soi, sur la collaboration aussi, la vie rurale, etc.
Un assez joli récit, riche en thématiques donc, présentant de beaux personnages caricaturaux mais sympathiques. L'ensemble au sein d'une belle édition mettant en valeur les illustrations rondes et chaleureuses de Servain, elles-mêmes bien servies par des couleurs au diapason.
De la belle ouvrage donc, pour un récit davantage sympathique que bon. C'est agréable, mais très attendu, prévisible jusque dans son propos finalement sans point de vue sur la cuisine moderne. Fort peu de passion ici, pas tant que cela de bravoure, de panache, simplement des élans bien contenus. De l'habile déjà vu.
Merveilleusement mis en image par Julie Rocheleau, ce récit de Julian Voloj nous relate le tour du monde de Nellie Bly et d’Elizabeth Bisland. Un tour du monde tout ce qu’il y a de plus véridique même si la version qu’en donnent les deux auteur.e.s fait montre de fantaisie à plus d’une occasion, mais c’est pour mieux illustrer la folie de l’entreprise et l’ampleur des obstacles à surmonter.
Après un court prologue dans lequel, les auteur.e.s nous présentent Nellie Bly et les origines de son projet, nous plongeons à cœur perdu dans cette course effrénée pour n’émerger qu’à la fin de l’album, encore essoufflés. C’est trépidant, vivant, drôle souvent, stupéfiant… En clair, c’est fun ! Mais épuisant car les auteur.e.s ne nous laissent que très rarement le temps de respirer. Les jours s’égrènent, les lieux défilent, les difficultés se vainquent, les rencontres fugaces s’enchainent, les découvertes (de pays, de cultures) s’amoncellent, c’est un tourbillon de paysages et d’émotions mais sur lequel on ne peut finalement réfléchir qu’a posteriori.
Mon sentiment est donc un peu partagé. Je peux dire que j’ai aimé
- L’intérêt historique du récit ;
- La mise en scène inventive ;
- La vivacité du trait en osmose avec la truculence de l’aventure ;
- Les personnalités contrastées des deux principales protagonistes.
A contrario, je trouve que tout va finalement trop vite. J’ai bien conscience que c’était le but recherché et parfaitement atteint par Voloj et Rocheleau mais je sors essoufflé de cette lecture, avec ce regret de n’avoir pas pu m’attarder ici ou là. Surtout, touché par le sort d’Elizabeth Bisland, j’aurais aimé resté un peu auprès d’elle.
Franchement, pour moi c’est un album à lire (mais je suis un grand fan de Julie Rocheleau), il lui manque cependant un petit quelque chose pour que je le considère comme un indispensable. Ce que je traduis par un 3/5 et coup de cœur.
L’album est entièrement muet. Le dessin de Benoit Jacques (je découvre son travail avec cet album) est nerveux, rageur, très noir.
L’absence de mots, et le caractère quasi logorrhéen de ce flot d’encre de chine, avec parfois des ratures, l’impression d’un premier jet abandonné au lecteur sans relecture s’expliquent par l’état d’esprit de l’auteur au moment de composer cet album. Visiblement sous le coup d’une rupture amoureuse, et d’une remise en question radicale, Jacques présente cet album comme une sorte d’exutoire.
Mais l’aspect autobiographique et presque cathartique de l’album reste un peu hermétique pour le lecteur. Beaucoup de métaphores sans doute, sur le nouveau départ, une mort/renaissance, un questionnement sur ce qui peut et doit être sauvé de sa vie, voilà ce que j’ai cru deviner à partir des premières pages.
Le style graphique, sombre, minimaliste, peut rebuter. Mais ça n’a pas été mon cas, il m’a touché et, globalement, je l’ai bien aimé. C’est juste qu’il m’a manqué des clés pour comprendre davantage ce hurlement du cœur (peut-être des titres de chapitres au moins, pour aiguiller a minima le lecteur ?).
Un album muet, à ranger au côté de La Nuit de Druillet au niveau de l’ambiance un peu désespérante.
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Very bad dates
Mais ça demande tellement de temps ! - Ce tome contient un récit complet, indépendant de tout autre. Son édition originale date de 2023. Il a été réalisé par Gaëlle Sanchez, pour le scénario, les dessins et les couleurs. Il comprend cent-quatorze pages de bande dessinée. Il commence par une introduction d’une page de l’autrice qui explicite sa mission d’inspectrice de l’amour : donner une voix à celles et ceux qui, comme elle, ont navigué (et naviguent peut-être encore) dans les eaux tumultueuses du dating. Ses personnages vont vivre ces expériences embarrassantes et malgré tout amusantes, rappelant au passage que la quête de l’amour est parfois semée d’embûches. Ces histoires sont alors une invitation à rire de ces propres mésaventures romantiques, à trouver de la légèreté dans des situations insolites, à dédramatiser certaines pressions sociales liées au célibat, mais aussi à prévenir certains comportements… afin de transformer les pires rendez-vous en souvenirs mémorables. Dans un appartement, Jade s’étonne que Nina ne soit pas là. Léo répond qu’elle se prépare car Madame a un date. Victoria relève la tête de son téléphone, trouvant ça intéressant, alors que Rafaël sourit en écoutant. Nina passe par la porte vêtue d’une belle robe rouge, en demandant à Léo s’il est jaloux. Ce dernier répond que pas du tout. Il ajoute qu’elle est la meilleure coloc du monde, avec son emploi du temps de ministre du dating. Rafaël lui lance une pique en lui faisant remarquer que pour Léo c’est très calme de ce côté-là. Victoria renchérit en ajoutant qu’il va leur dire qu’il prend du temps pour lui, qu’il redécouvre le célibat, bla, bla, bla. Très détendu, Léo répond que c’est exactement ça. Jade demande qui est le mec que Nina voit ce soir. Rafaël ajoute qu’ils peuvent en savoir plus puisqu’elle les abandonne. Elle répond : ils ont matché sur une application et ce soir, c’est la première fois qu’elle le rencontre, il s’appelle Marc. Jade demande à Nina si ça marche vraiment, les applications de rencontre. Léo se moque : Oh que oui, il suffit de regarder la collection de mecs de Nina. Cette dernière explique que ça dépend : il faut faire le tri dans les profils. Elle pourra lui montrer si elle veut, et elles pourront créer un compte pour Jade. Léo estime que sa petite sœur n’a pas besoin d’être pervertie ainsi, et il enchaîne en demandant où Rafaël en est avec Matthieu. L’intéressé ne souhaite pas répondre et propose plutôt de passer à la vie sentimentale de Victoria. Léo la ramène pour dire qu’elle va se marier avec son job de toute façon. Elle lui demande s’il veut vraiment parler de mariage, lui le divorcé. Finalement Nina indique qu’il est temps qu’elle y aille. Elle arrive juste à temps, son rencard est en train d’attacher son vélo devant le café où ils ont rendez-vous. Ils entrent et s’installent pour boire un verre. Rapidement, il lui pose la question qui lui tient à cœur : quel est son légume préféré ? Elle trouve la question un peu étrange et lui dit. Il répond que c’est pour vérifier qu’elle en mange. Il explique qu’il trouve que ça se voit qu’elle mange bien à la cantine, et pour lui c’est super important d’avoir une hygiène de vie irréprochable : faire beaucoup de sport, manger des légumes… Le texte de la quatrième de couverture établit clairement la nature de cet ouvrage : cinq amis célibataires débriefent avec humour leurs rencards entre virtuel et réalité, des anecdotes issues de vrais témoignages. L’ouvrage se décompose en trente-deux scénettes, relatant des rencontres souvent d’un soir puisqu’il s’agit de Very bad dates, avec quelques-unes consacrées aux discussions entre les cinq amis sur le principe d’une application de rencontres, sur le temps qui passe, l’éventuel engagement sérieux qui pourrait découler d’une de ces rencontres, l’absence de réponse à des messages après un premier rendez-vous et les raisons de ghoster, ainsi qu’une page consacrée au Service Après-Vente (SAV) du dating, et une autre sous forme de logigramme en cas de match dans une appli (envoi de messages, un rendez-vous chez lui ou chez elle ou un rendez-vous à l’extérieur, choisir un lieu qui ne craint pas, boire un coup ensemble, et plus si affinité). Le ton de la narration est dédramatisé, avec quelques touches d’humour, ou au moins de bonne humeur à chaque fois, sans moquerie ou méchanceté, tout en pointant du doigt certains comportements manquant de tact ou de politesse, ou vraiment étrange lors d’un premier contact. Cela va de cette question sur le légume préféré, à une proposition de passer à l’acte tout de suite en craignant d’être trop fatigué plus tard dans la soirée. L’illustration de couverture fait jeune, ciblant un public d’une vingtaine d’années, encore que les personnages mis en scène ont entre vingt-six ans pour Jade, et trente-deux ans pour Victoria et Léo, Nina et Rafaël ayant trente-et-un ans. Les personnages sont conformes aux canons de la beauté, avec des silhouettes bien proportionnées, seul un jeune homme semble en léger surpoids et une femme présente des hanches assez larges. L’autrice a constitué une distribution de personnages offrant assez de diversité : trois blancs, une noire et un jeune homme vaguement typé maghrébin. Les dessins des personnages présentent des caractéristiques à la fois simplifiées et rendues plus douces au regard : des yeux un peu plus grands pour qu’ils soient plus expressifs, des corps sans beaucoup de particularités si ce n’est la chevelure, des expressions avenantes avec souvent un sourire aux lèvres reflétant leur bonne humeur. La dessinatrice fait usage régulièrement de mimiques très expressives pour indiquer l’état d’esprit des personnages, ou pour donner plus de vivacité à leurs réactions émotionnelles. Elle varie les tenues vestimentaires en fonction des personnages et des situations. Lorsque la rencontre se passe bien, à trois occasions différentes, les deux adultes peuvent se retrouver dans la chambre à coucher, sans nudité, l’autrice s’arrêtant au stade des sous-vêtements. S’ils semblent un peu lisses en surface, les dessins comprennent de nombreuses informations visuelles. L’artiste représente très régulièrement les décors, ce qui évite d’avoir la sensation d’une enfilade de scènes entre acteurs sur un théâtre avec une toile de fond pour tout décor. Ainsi de séquence en séquence, il peut regarder l’ameublement de l’appartement en colocation avec ses meubles très fonctionnels, quelques rues à la représentation très géométrique et épurée mais avec des façades et des commerces différents, des bars et des terrasses de café variés, plusieurs cuisines aménagées, la queue et une salle de cinéma, deux ou trois chambres à coucher, une salle de bain, etc. Quel que soit l’environnement de la scène, le lecteur observe une propreté immaculée, au point de les rendre aseptisés. Il remarque également qu’à plusieurs reprises l’artiste sort du format de cases disposées en bande pour une page qui sort de l’ordinaire. Chacun des cinq amis bénéficie d’une présentation d’une page où il apparaît dessiné en pied, avec un facsimilé simplifié de son profil sur l’application de rencontre : son prénom, son âge et sa profession, un très court message de présentation en une vingtaine de mots, ses occupations préférées, ses émojis favoris, et sa musique du moment, ainsi qu’une photographie de mise en situation (position de yoga pour Nina, en cours de danse classique pour Jade, à la Gay Pride pour Rafaël, en salle de gym pour Victoria, en salle de boxe pour Léo). L’autrice s’est également amusée à faire une page de profil de six hommes (Charles 34 ans, Baptiste 30 ans, Pierre 24 ans, Max 27 ans, Noam 29 ans, Damien 31 ans), et une autre de cinq femmes (Laurie, 32 ans, Katia 30 ans, Olivia 25 ans, Juliette 30 ans, Cathy 53 ans), une mise en page colorée pour une douzaine de messages qualifiés de perles, une parodie de Gandalf refusant le passage, une page de conseil SAV du dating et un logigramme de rencontre. Le lecteur se retrouve invité dans les échanges amicaux entre ces cinq personnes, évoquant ces rencontres, qualifiées de très mauvaises. Les mauvaises surprises en question sont de nature diverse, sans jamais verser dans l’agression pour le harcèlement. Les unes et les autres sont confrontées aux bizarreries ordinaires, du comportement sans gêne à la phobie légère, du gros lourd qui dit faire dire Camion comme prétexte pour toucher la poitrine de son interlocutrice, à l’individu qui indique après coup par message qu’il souffre de trichophobie et qu’il souhaite que sa potentielle amie se rase les poils des bras, sans oublier celui ou celle qui se montre dans le jugement dès les premières phrases, ou plus classique celui ou celle qui s’écoute parler. À trois reprises, les amis parlent entre eux de leurs rendez-vous passés, pour débriefer, et se soutenir après ces rendez-vous allant de la déception au désastre, d’une manœuvre de diversion et d’une excuse pitoyable pour mettre un terme le plus rapidement possible, à un constat d’incompatibilité. En passant, l’autrice évoque le fait que le célibat n’a rien de honteux, que les femmes peuvent se sentir pressées par leur horloge biologique alors que les années passent si elles souhaitent fonder une famille, que les attentes ne sont pas forcément les mêmes entre les deux êtres humains s’étant donné rendez-vous. Elle n’aborde pas d’autres facettes, comme la motivation du premier rendez-vous (plutôt faire connaissance ou plutôt chercher une relation sexuelle), ou la stratégie de séduction, les règles que peuvent se fixer les unes et les autres. Une bande dessinée sympathique, avec une narration visuelle agréable à l’œil, sur le thème de la rencontre à partir d’une correspondance sur une application. Les cinq amis sont rapidement définis, surtout par leur âge, sans réelle personnalité, et ils rencontrent des individus, le temps d’un rendez-vous pouvant s’arrêter au bout de quelques minutes, comme se prolonger jusqu’à se retrouver dans la même chambre. Il n’est pas question de violence ou de contrainte, simplement de premier contact et de déceptions diverses et variées. Amusant.
Batman - One Bad Day - Gueule d'Argile
Même si je ne le connais que via le dessin animé, j’aime beaucoup le personnage de Gueule d’Argile. Un méchant que j’étais ravi de découvrir sur papier. Et je dois dire que son aventure One Bad Day est assez honnête, je le classe dans la moyenne haute de la collection (derrière ceux sur Le Sphinx et M. Freeze). J’ai bien aimé la réalisation. Une partie graphique très agréable, des planches suffisamment détaillées et assez lumineuses niveaux teintes. Bref c’est comics mais appliqué. L’éloignement de Gotham ne m’a pas choqué. Le récit ne vole pas bien haut mais se lit facilement et bien. Il y a juste quelques petits trucs/facilités qui peinent à convaincre totalement. J’en suis sorti quand même satisfait à la vue du nombre de pages.
La France sur le pouce
C'est une histoire sympathique et agréable à lire. D'abord grâce au dessin, fluide, simple, que j'ai bien aimé. Ensuite parce que la narration est elle aussi fluide. Le principe même du long road trip en stop permet de renouveler personnages et paysages. Et on sent bien que c'est du vécu. Je n'ai jamais fait ce genre de périple et ne suis pas non plus un campeur. Mais très régulièrement je fais du stop (disons une vingtaine de fois par an, parfois plus) pour aller à mon boulot, en cas de grève ou de problème dans les transports (je ne conduis pas). Et donc, même si c'est sur un temps et des distances plus courts, j'ai moi aussi été confronté à des échantillons très divers de conducteurs, c'est d'ailleurs intéressant. Ici, j'ai bien aimé le récit, qui vire au feel good movie. Surtout que certaines contingences parfois désagréables sont évacuées (acheter et faire la bouffe, trouver un coin pour dormir au sec, les heures à attendre que quelqu'un nous prenne en stop, etc.). Des petits airs de "Nus et culottés" parfois, avec le passage chez des gens accueillants. Une lecture plaisante en tout cas. Note réelle 3,5/5.
Tipping Point - Téhéran 1979
L'album se laisse lire facilement et très rapidement. Trop rapidement d'ailleurs. Le principal reproche que l'on peut lui faire est de ne pas assez approfondir le sujet. Sujet intéressant, et à ma connaissance peu traité en BD, à savoir le basculement de l'Iran de la dictature du Shah à celle de Khomeini et des mollahs. Une frise chronologique ante et post révolution (synthétique mais très bien fichue) permet de bien situer les évènements. Ça permet aussi de rappeler que le régime qui a précédé la République islamique n'avait rien à lui envier en matière de répression (mais, bizarrement les médias occidentaux n'y trouvaient rien à redire...). L'auteur raconte les événements tels que les ont vécus ses parents. Son père travaillant pour la police politique du Shah, sa famille a vécu de l'intérieur les évènements, passant de privilégiés à traqués. Raconté à hauteur d'homme le récit manque de recul (la frise complète un peu les manques), et hélas surtout de profondeur. Du coup le sujet intéressant se révèle finalement léger et peu captivant. Note réelle 2,5/5.
La Révolte sans précédent
Une BD qui semble s'adresser à tous les publics mais dont la majorité des gags portent sur des sujets politiques voire militants qui parleront plutôt aux adultes. C'est une bande d'animaux qui a décidé de se révolter contre les humains, leur pollution et leur oppression du monde animal, et pour cela d'effectuer des actions militantes voire de l'écoterrorisme. Le ton est un peu loufoque, voire absurde, avec des animaux gentiment ridicules même si on sent une vraie affection pour leurs idées et leur combat. L'album se structure en saynètes de quelques pages, voire parfois une seule, pas tout à fait des gags en une planche mais pas loin. Le dessin est très simple, proche du dessin pour enfants, en particulier pour les couleurs qui ont l'air d'être réalisées au feutre, ce qui jette la confusion sur l'identification du public visé. Il n'y a rien de particulièrement attirant dans ce choix graphique mais la narration est claire et on s'y fait vite. J'ai trouvé l'humour pas hilarant mais relativement sympa quand même. En fait, ce qui agace dans cet album, c'est que la critique politique est vraiment à sens unique : ce sont trop régulièrement des critiques contre une droite caricaturale, des policiers qui tabassent tout le monde, des chasseurs bourrés qui tirent sur les cyclistes, des médias qui imposent leur vision au service du gouvernement, des ringards qui bouffent de la viande et se plaignent des wokes, et de tous ces salauds de capitalistes qui polluent et détruisent la Terre. Bref, c'est de la critique anti-droite trop caricaturale qui manque d'un équilibrage en critiquant aussi le bord opposé. Le militantisme est trop appuyé et sans subtilité malgré le fait qu'il se cache derrière une BD plus légère et loufoque dans ses protagonistes. Toutefois, j'ai réussi à passer outre et à m'amuser un peu avec cette bande d'animaux, souriant ici et là de leurs dialogues et de leurs actions militantes à moitié ratées. Tant et si bien que j'ai passé un moment plutôt agréable.
Star Wars - Gardiens des Whills
A la limite, c’est potable, si du moins on est fan de Star Wars. J’ai en effet malheureusement déjà lu bien pire dans les œuvres (comics ou manga) produites pour la franchise. Oui, je sais, ce préambule met de suite en appétit… Star Wars - Gardiens des Whills est donc l’adaptation sous forme de manga d’un roman de Greg Rucka. Edité aux USA et destiné avant tout au marché américain, il est publié avec un sens de lecture à l’occidentale (ce qui m’a étrangement désarçonné alors que je ne cesse de pester sur le sens de lecture de droite à gauche des mangas classiques). Son récit s’inscrit dans l’univers de Rogue One, avec quelques références faites au film mais surtout l’emploi de deux personnages importants de celui-ci. L’histoire n’est pas franchement originale mais distille son lot d’action et surtout permet de creuser quelque peu la personnalité de Baze Malbus et Chirrut Îmwe, avec une recherche au niveau des dialogues pour créer un sentiment de complicité vis-à-vis du lecteur (références au film, pointes d’humour). Le dessin est acceptable même si peu fouillé. C’est du manga de grande distribution, très facile d’accès mais dégageant ce désagréable sentiment que les décors ont été tracés à la latte quand ils n’étaient pas tout simplement oubliés. La représentation des personnages est conforme à l’image véhiculée par le film Rogue One. Le contrat minimum est donc rempli mais on ne s’attardera pas sur une planche pour l’admirer. Potable, donc. Un très petit pas mal pour le différencier d’autres production que j’ai trouvé autrement plus médiocres… mais je trouve qu’il y a mieux par ailleurs dans cet univers.
Swimming Ace
Pour l’avoir pratiquée à un niveau honorable dans ma jeunesse, je sais combien la natation est un sport rude et exigeant, qui demande beaucoup d’abnégation et très peu d’imagination (car il n’y a vraiment rien de plus ennuyeux à mes yeux que d’enchainer des longueurs et des longueurs de bassin, notre attention concentrée sur notre souffle, notre coordination et la fluidité de nos mouvements). Le parcours du jeune héros de cette série m’a donc assez naturellement parlé, lui qui au début de ce récit n’a plus aucun attrait pour la natation alors qu’il était un grand espoir quelques années plus tôt. Assez classiquement, le récit adopte une forme de nekketsu et les différents personnages vont devoir affronter des épreuves (ici des compétitions de natation) pour accomplir leur destin. De ce point de vue, rien de neuf à l’horizon. J’ai toutefois apprécié deux aspects. Le premier est que le personnage central n’est pas le seul à avoir des objectifs bien définis (chacun des quatre protagonistes principaux a une problématique bien précise). Le deuxième est que même si leurs personnages vainquent des obstacles, les auteurs ne tombent pas dans l’excès et nos nageurs sont loin de gagner toutes les compétitions auxquelles ils participent. A contrario, un aspect m’a fortement déçu : celui de l’alimentation. Car ici, les personnages mangent un peu de tout et n’importe quoi n’importe comment. Or l’hygiène de vie d’un nageur de haut niveau s’accompagne d’un régime alimentaire bien précis, ce qui n’est donc absolument pas montré dans cette série. Au travers de leur récit, les deux mangakas nous délivrent de nombreux messages positifs. La compétition et les bienfaits de l’émulation qui en résulte figurent en tête de ligne de ceux-ci mais il est aussi beaucoup question d’amitié, de respect et de sens du sacrifice. L‘esprit général de Swimming Ace m’a donc beaucoup plu car jamais on ne tombe dans la compétition malsaine ou la rivalité déloyale (ici, jamais il n'y a de coup bas de la part de qui que ce soit). Par ailleurs, je me suis attaché aux quatre personnages principaux, mais aussi à quelques personnages secondaires qui, portés par l’émulation qui anime les autres, se découvrent une âme de guerriers (certes médiocres mais déterminés). Le dessin est de qualité, je trouve. J’ai d’ailleurs été très surpris de ne pas trouver le nom du dessinateur dans la base de donnée de bdthèque tant son style est maîtrisé et propre. Beaucoup de représentations des nageurs en action démontrent qu’il n’a pas dessiné à l’aveugle, bien au contraire ! Angles de vue, position des bras, musculature, on a droit à beaucoup de clichés de l’image de la natation de compétition, mais des clichés qui apportent ici une réelle crédibilité au récit (même si on n’échappe pas à certaines exagérations indissociables du manga). Et comme on pouvait s’y attendre (bah oui, c’est du manga), le fait de dessiner des jeunes filles en maillot donne lieu à un peu de fan service avec des angles de vue suggestifs et un gag récurrent au sujet d’une professeur de natation pourvue de seins généreux. Cet aspect reste toutefois dans des limites raisonnables malgré la lourdeur de l’humour parfois développé. Le dernier tome est quelque peu expédié et sa conclusion montre à quel point les auteurs ont du mal à abandonner leurs personnages. A sa lecture, j’ai eu le sentiment que certains passages avaient été tronqués, ce qui donne une sensation d’inabouti à l’ensemble. Et c’est bien regrettable car, sans ça, j’aurais presque été tenté d’attribuer un 4/5 à la série. Franchement, une agréable surprise car je n’attendais pas grand-chose de cette série concept, et j’ai eu bien plus qu’espéré.
Ulysse & Cyrano
Voici une agréable BD "feel good" sur la cuisine, enrichie d'un propos sur les classes sociales, la relation aux parents et le poids des attentes, sur l'adolescence et l'éveil à soi, sur la collaboration aussi, la vie rurale, etc. Un assez joli récit, riche en thématiques donc, présentant de beaux personnages caricaturaux mais sympathiques. L'ensemble au sein d'une belle édition mettant en valeur les illustrations rondes et chaleureuses de Servain, elles-mêmes bien servies par des couleurs au diapason. De la belle ouvrage donc, pour un récit davantage sympathique que bon. C'est agréable, mais très attendu, prévisible jusque dans son propos finalement sans point de vue sur la cuisine moderne. Fort peu de passion ici, pas tant que cela de bravoure, de panache, simplement des élans bien contenus. De l'habile déjà vu.
Globe-trotteuses - Le tour du monde de Nellie Bly et Elizabeth Bisland
Merveilleusement mis en image par Julie Rocheleau, ce récit de Julian Voloj nous relate le tour du monde de Nellie Bly et d’Elizabeth Bisland. Un tour du monde tout ce qu’il y a de plus véridique même si la version qu’en donnent les deux auteur.e.s fait montre de fantaisie à plus d’une occasion, mais c’est pour mieux illustrer la folie de l’entreprise et l’ampleur des obstacles à surmonter. Après un court prologue dans lequel, les auteur.e.s nous présentent Nellie Bly et les origines de son projet, nous plongeons à cœur perdu dans cette course effrénée pour n’émerger qu’à la fin de l’album, encore essoufflés. C’est trépidant, vivant, drôle souvent, stupéfiant… En clair, c’est fun ! Mais épuisant car les auteur.e.s ne nous laissent que très rarement le temps de respirer. Les jours s’égrènent, les lieux défilent, les difficultés se vainquent, les rencontres fugaces s’enchainent, les découvertes (de pays, de cultures) s’amoncellent, c’est un tourbillon de paysages et d’émotions mais sur lequel on ne peut finalement réfléchir qu’a posteriori. Mon sentiment est donc un peu partagé. Je peux dire que j’ai aimé - L’intérêt historique du récit ; - La mise en scène inventive ; - La vivacité du trait en osmose avec la truculence de l’aventure ; - Les personnalités contrastées des deux principales protagonistes. A contrario, je trouve que tout va finalement trop vite. J’ai bien conscience que c’était le but recherché et parfaitement atteint par Voloj et Rocheleau mais je sors essoufflé de cette lecture, avec ce regret de n’avoir pas pu m’attarder ici ou là. Surtout, touché par le sort d’Elizabeth Bisland, j’aurais aimé resté un peu auprès d’elle. Franchement, pour moi c’est un album à lire (mais je suis un grand fan de Julie Rocheleau), il lui manque cependant un petit quelque chose pour que je le considère comme un indispensable. Ce que je traduis par un 3/5 et coup de cœur.
L
L’album est entièrement muet. Le dessin de Benoit Jacques (je découvre son travail avec cet album) est nerveux, rageur, très noir. L’absence de mots, et le caractère quasi logorrhéen de ce flot d’encre de chine, avec parfois des ratures, l’impression d’un premier jet abandonné au lecteur sans relecture s’expliquent par l’état d’esprit de l’auteur au moment de composer cet album. Visiblement sous le coup d’une rupture amoureuse, et d’une remise en question radicale, Jacques présente cet album comme une sorte d’exutoire. Mais l’aspect autobiographique et presque cathartique de l’album reste un peu hermétique pour le lecteur. Beaucoup de métaphores sans doute, sur le nouveau départ, une mort/renaissance, un questionnement sur ce qui peut et doit être sauvé de sa vie, voilà ce que j’ai cru deviner à partir des premières pages. Le style graphique, sombre, minimaliste, peut rebuter. Mais ça n’a pas été mon cas, il m’a touché et, globalement, je l’ai bien aimé. C’est juste qu’il m’a manqué des clés pour comprendre davantage ce hurlement du cœur (peut-être des titres de chapitres au moins, pour aiguiller a minima le lecteur ?). Un album muet, à ranger au côté de La Nuit de Druillet au niveau de l’ambiance un peu désespérante.