L’album est entièrement muet. Le dessin de Benoit Jacques (je découvre son travail avec cet album) est nerveux, rageur, très noir.
L’absence de mots, et le caractère quasi logorrhéen de ce flot d’encre de chine, avec parfois des ratures, l’impression d’un premier jet abandonné au lecteur sans relecture s’expliquent par l’état d’esprit de l’auteur au moment de composer cet album. Visiblement sous le coup d’une rupture amoureuse, et d’une remise en question radicale, Jacques présente cet album comme une sorte d’exutoire.
Mais l’aspect autobiographique et presque cathartique de l’album reste un peu hermétique pour le lecteur. Beaucoup de métaphores sans doute, sur le nouveau départ, une mort/renaissance, un questionnement sur ce qui peut et doit être sauvé de sa vie, voilà ce que j’ai cru deviner à partir des premières pages.
Le style graphique, sombre, minimaliste, peut rebuter. Mais ça n’a pas été mon cas, il m’a touché et, globalement, je l’ai bien aimé. C’est juste qu’il m’a manqué des clés pour comprendre davantage ce hurlement du cœur (peut-être des titres de chapitres au moins, pour aiguiller a minima le lecteur ?).
Un album muet, à ranger au côté de La Nuit de Druillet au niveau de l’ambiance un peu désespérante.
La présence de Tulard comme conseiller historique n’était pas pour moi un bon signal, tant celui-ci me parait un pourfendeur des Jacobins, de Robespierre et de Saint-Just. La figure de ce dernier ne sort donc pas forcément grandie, ni franchement éclairée par cet album.
Car, en plus des parti-pris historiques – qui après tout peuvent se défendre à condition d’être explicités et étayés – ce que la faible pagination empêche clairement ici, quand bien cela aurait été voulu par les auteurs, la narration m’a souvent gêné.
En effet, on passe d’une scène à l’autre, d’un « moment historique » à l’autre sans que tout ne soit clairement lié, sans que le contexte, les actes et propos des uns et des autres permettant de clarifier attitude et propos de Saint-Just ne soient donnés au lecteur peu familier de cette période et de ce personnage : une période et un personnage clivants, la Terreur a depuis longtemps vu sa réalité déformée, la Constitution de 1793 passant aux oubliettes. Robespierre et Saint-Just servant de repoussoir commode pour faire oublier les trahisons des Thermidoriens, et surtout le détournement de l’élan révolutionnaire par une bourgeoisie triomphante. Des historiens comme Tulard ou Furet ont accentué cet état de fait.
Du coup, que ce soit les débats autour du procès du roi, autour du sort des leaders Girondins ou, plus tard, entre Robespierre, Saint-Just et Danton/Desmoulins et Hébert (pour faire simple, faut-il oui ou non prolonger, voire approfondir la terreur ?), il est difficile si l’on n’est pas familier de la période de s’y retrouver. Et le dialogue entre Saint-Just et son compagnon de voyage pour énumérer ses actions est un peu artificiel. Du coup, on ne peut s’attacher à la personne de Saint-Just, ne restent que des bouts de discours, des actions presque désincarnées.
Il a pourtant été l’un des grands inspirateurs d’une législation sociale jamais appliquée – et ensuite « oubliée ».
Malgré mes critiques – qui sont, comme les choix inspirés par Tulard (et accentués par l’obligation de « tenir » en une cinquantaine de pages) affaire personnelle – l’album a le mérite de remettre en lumière un personnage qui a joué un rôle aussi éphémère qu’important dans l’une des périodes clés de l’Histoire nationale (et au-delà), et certains aspects de sa personnalité – sa fougue, sa lutte contre les inégalités, son absence de « carriérisme », son côté à la fois juvénile et mature – sont quand même bien montrés.
Note réelle 2,5/5.
L’idée de départ a du potentiel, et d’ailleurs ça semblait être bien exploité. En effet, en un instant, les huit milliards de Terriens se sont vus dotés d’un génie, capable d’exaucer immédiatement leur vœu. Mais un seul vœu par personne !
Le tenancier du bar où l’histoire a commencé ayant décidé d’utiliser immédiatement son vœu pour mettre son local et ceux qui s’y trouvent à l’abri des vœux des autres, cela nous permet d’avoir une petite dizaine de personnages réunis là par hasard, dans un huis-clos forcé, alors qu’à l’extérieur les délires plus ou moins dangereux se multiplient.
Car, on s’en doute, la plupart des vœux sont irréfléchis, égoïstes. Il y a d’ailleurs là un intérêt dans le scénario : que pourrions-nous souhaiter si pareille occasion se produit ? Si certains cherchent à protéger leurs proches, voire la planète, d’autres choisissent des vœux futiles (montagnes de jouets, de bouffe, de dollars, etc.), tandis que certains se dotent de super pouvoirs, veulent tuer d’autres personnes, ou en faire revenir des mortes. Le côté moralisateur de certains dialogues aurait pu être évité je pense.
Le monde est alors soumis à une loi de la jungle, et le décompte des génies et des Terriens montrent l’effondrement du nombre d’habitants.
Si l’idée de départ est séduisante, je trouve que ça peine à se renouveler sur la durée. D’abord tous les combats entre super-héros et super-méchants ne m’intéressent pas. Ensuite j’ai eu l’impression d’un potentiel mal ou sous exploité, même si une grosse révélation en fin de premier tiers de l’album semble relancer quelque peu l’intérêt global de l’histoire, qui tourne autour d’un fléau malthusien.
Lorsque ça commence à tourner en rond, l’autre astuce est de miser sur des flash-backs, pour présenter certains protagonistes. J’ai trouvé ça un peu artificiel, et surtout ça rompait un peu le « charme » de l’intrigue de base.
Les parties pos-apocalypse se laissent lire ensuite, mais le fantastique passe moins. Et le happy-end final m’a moyennement convaincu.
Quant au dessin, c’est du comics classique, mais bien fichu, très lisible. C’est la colorisation – informatique j’imagine – qui m’a moins convenu.
Bref, une lecture intéressante, mais pas autant que je ne le pensais au départ.
La première chose que je me suis dite après la lecture de ce livre, c'est comment j'aurais réagi à la place de cette femme.
Eh bien j'aurais été en état de choc et de panique, je serais rentrée et j'aurais préparé les funérailles dans un état de tristesse infini. Comme tout le monde je pense... Et c'est pour ça que ce récit m'a touché, elle ne fait pas ça, elle passe ses vacances comme elles étaient organisées, les sorties, les spectacles, la plage, restaurant...etc.
Au début il y a du déni, mais après quelques jours et des jolies rencontres on voit apparaître en elle une certaine résilience.
Le choix qu'elle a fait en restant était courageux et un très bel hommage...
J'aime les histoires qui poussent à la réflexion et celle-ci tient ses promesses. Note 3,5
Conçu et initialement publié avant leur énorme succès (justifié) autour de l’univers de Criminal, cette série du duo Phillips/Brubaker (ici accompagnés de Lark pour le dessin) est mieux qu’un galop d’essai.
La mécanique scénaristique est déjà bien huilée, c’est assez carré. Même si on reste dans du très classique pour un polar un peu poisseux (ici à San Francisco plutôt que dans le Los Angeles d’Ellroy, vers qui lorgne un peu l’histoire).
Le dessin est bon, dans un style adapté au récit, avec pas mal de sombre, un jeu sur les ombres intéressant. Tout juste peut-on regretter un lettrage trop petit, qui m’a un peu gêné pour ma lecture, ainsi que les traits de certains visages un peu effacés.
Un bon petit polar en tout cas.
Note réelle 3,5/5.
Un autre récit de Thanos par Jim Starlin.
Ceux qui ont déjà lu les histoires de Starlin vont être en terrain connu: une grosse menace pour l'univers en entier débarque, Thanos a un plan pour sauver l'univers parce qu'il est trop fort, même lorsqu'on dirait qu'il perd, il y a plein de personnages Marvel qui font une apparition, et la plupart ne servent à rien, il y a des combats bien bourrins.....
Le scénario se laisse lire, mais ce n'est que dans sa dernière partie que je trouvais qu'il y avait quelque chose d'enfin intéressant dans le scénario, mais je ne vais pas en dire plus pour ne pas trop spoiler. Comme souvent avec Starlin, il y a de bons dialogues, et le côté philosophique du récit n'est pas totalement dénué d'intérêt. Son dessin est bon, mais comme c'est souvent le cas avec les comics modernes, les couleurs faites par l'ordinateur gâchent tout.
Un tome honnête pour découvrir (ou approfondir) le mythe d’Oedipe.
Classique dans son graphisme et mise en page, je qualifierai cette partie de fonctionnelle. Ça rentre dans le moule de la collection.
C’est l’histoire que j’ai trouvé bien traitée. Il n’y a pas de zones d’ombres que le dossier final vient éclaircir. Ici le mythe est assez limpide et la chronologie respectée.
N’en déplaise à certains psychanalystes, le parcours de notre héros est bien différent de leurs théories (pas dans les faits mais dans le fond). Œdipe ne préméditait rien, son destin sonne juste comme une tragédie.
J’ai également apprécié la quasi absence des Dieux, juste une prophétie que notre héros déclenchera tout en cherchant à la fuir.
Classique mais bien recontextualisé.
Asgard est une énième série se passant dans l'univers des Vikings avec son lot de héros musclés, à la mâchoire serrée et qui n'ont pas peur de marcher pieds nus dans la neige, ou de se mettre à poil pour nager dans des rivières à 3 degrés!
Qui dit grand Nord et Vikings dit aussi gros monstres à combattre et belles héroïnes à sauver. C'est d'ailleurs l'objet de cette série en 2 tomes: une chasse au monstre marin. C'est plutôt bien que cette traque ne dure pas plus longtemps que 2 albums car même si on reste sur un petit goût d'inachevé en refermant le deuxième tome, on se dit que Dorison et Meyer ont peut-être déjà fait le tour de ce personnage tout en muscle et par ailleurs un peu lisse. Sans doute était-ce un coup d'essai avant de se lancer dans une série plus longue et plus ambitieuse comme Undertaker.
Côté dessin c'est toujours très propre: Ralph Meyer excelle dans les nombreuses scènes de combat entre les héros et le monstre. Le découpage est parfaitement fluide, très dynamique et rythmé. Les visages sont hyper expressifs et les couleurs mettent évidemment constamment l'accent sur le contraste des couleurs froides du bleu/gris de l'eau et des montagnes glacées, du blanc de la neige en opposition au rouge du sang lors de combats et du maigre feux de camps lors des replis nocturnes. On aurait aimé peut-être un peu moins de gros plans sur les visages et plus de plans larges, parce que les environnements de Meyer sont vraiment magnifiques mais trop rares à mon goût.
Ça reste une bonne lecture dopée à la testostérone. Note: 3.5/5
Ce type de production, clairement, je ne le lis pas en en espérant autre chose qu’un bon divertissement bien bourrin. Deadpool n’est en effet pas le genre de personnage qui brille par son intelligence et sa réputation tient bien plus dans ses punchlines de cours de récré et son invincibilité à toute épreuve (il peut se faire exploser la tête sans craindre pour sa vie, elle repoussera toujours bien). Du coup, ce que j’en attends, c’est un scénario qui tient la route, des dialogues primaires mais rigolos et un bon dessin bien dynamique pour emballer le tout. L’action charcutière, je n’y tiens pas plus que ça mais je sais que c’est automatiquement compris dans le package, donc je ne vais pas me plaindre pour les décapitations, tronçonnages et autres massacres en série.
Grosso modo, j’ai eu ce que j’espérais. Ce one-shot se lit facilement, bien soutenu par un dessin clair et dynamique. Les dialogues sont aussi primaires qu’attendu et parfois amusants. L’action est au rendez-vous avec de nombreuses scènes de massacre et, comme prévu, Deadpool s’en prend plein la tronche plus souvent qu’à son tour. La particularité de la série tient dans la participation très active d’autres héros Marvel (The Punisher, Daredevil, Spiderman).
Pas mal, divertissant, très basique mais efficace dans son genre. A condition de ne rien en attendre de plus, ce one-shot fait le taf.
Cette série commence sur une base qui m'a rebuté. Elle est dans une mouvance qui a marqué pas mal de comics depuis une trentaine d'années, celle des comics défouloir où la violence gore et le politiquement incorrect se tirent la bourre, comme dans la majorité des séries de Garth Ennis par exemple. Nombre d'entre elles jouent la carte de la dénonciation de la domination des élites sur le reste de l'humanité, et la banalisation des meurtres et des complots sanguinaires pour asseoir cette domination ou à l'inverse pour la combattre. Peu friand de ce genre, il me rebute d'autant plus quand il est utilisé de manière trop facile ou gratuite.
C'est ce qui m'a dérangé dans les premiers chapitres de Die! Die! Die! : les héros y sont des tueurs à gages et autres espions mercenaires qui sèment la mort sur leur passage avec une facilité extravagante, leurs employeurs sont des salauds manipulateurs à la tête du pouvoir américain tellement au-dessus du monde que tout leur est permis, et rares sont les planches sans effusions de sang et membres déchiquetés.
Toutefois, le sérieux relatif des premiers chapitres se voit peu à peu réhaussé de touches d'humour et d'une loufoquerie qui va devenir de plus en plus prégnante. Il va même s'y mêler des doses de science-fiction qui auraient paru incongrues si elles avaient été insérées dans les premières parties de l'histoire. A tel point que le dernier chapitre (non encore publié en France) tient même carrément de la SF désinvolte à la Invincible du même Robert Kirkman.
Et c'est grâce à cette touche d'humour et d'une part d'humilité qui vient compenser les capacités trop exceptionnelles des protagonistes que j'ai pu finalement apprécier la série et y voir le divertissement qu'elle était.
Ce n'est pas vraiment ma came mais j'ai lu l'intégrale avec un certain intérêt, notamment grâce à la bonne qualité de son dessin et grâce à sa narration impeccable quoique parfois un peu bavarde.
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L’album est entièrement muet. Le dessin de Benoit Jacques (je découvre son travail avec cet album) est nerveux, rageur, très noir. L’absence de mots, et le caractère quasi logorrhéen de ce flot d’encre de chine, avec parfois des ratures, l’impression d’un premier jet abandonné au lecteur sans relecture s’expliquent par l’état d’esprit de l’auteur au moment de composer cet album. Visiblement sous le coup d’une rupture amoureuse, et d’une remise en question radicale, Jacques présente cet album comme une sorte d’exutoire. Mais l’aspect autobiographique et presque cathartique de l’album reste un peu hermétique pour le lecteur. Beaucoup de métaphores sans doute, sur le nouveau départ, une mort/renaissance, un questionnement sur ce qui peut et doit être sauvé de sa vie, voilà ce que j’ai cru deviner à partir des premières pages. Le style graphique, sombre, minimaliste, peut rebuter. Mais ça n’a pas été mon cas, il m’a touché et, globalement, je l’ai bien aimé. C’est juste qu’il m’a manqué des clés pour comprendre davantage ce hurlement du cœur (peut-être des titres de chapitres au moins, pour aiguiller a minima le lecteur ?). Un album muet, à ranger au côté de La Nuit de Druillet au niveau de l’ambiance un peu désespérante.
Saint-Just
La présence de Tulard comme conseiller historique n’était pas pour moi un bon signal, tant celui-ci me parait un pourfendeur des Jacobins, de Robespierre et de Saint-Just. La figure de ce dernier ne sort donc pas forcément grandie, ni franchement éclairée par cet album. Car, en plus des parti-pris historiques – qui après tout peuvent se défendre à condition d’être explicités et étayés – ce que la faible pagination empêche clairement ici, quand bien cela aurait été voulu par les auteurs, la narration m’a souvent gêné. En effet, on passe d’une scène à l’autre, d’un « moment historique » à l’autre sans que tout ne soit clairement lié, sans que le contexte, les actes et propos des uns et des autres permettant de clarifier attitude et propos de Saint-Just ne soient donnés au lecteur peu familier de cette période et de ce personnage : une période et un personnage clivants, la Terreur a depuis longtemps vu sa réalité déformée, la Constitution de 1793 passant aux oubliettes. Robespierre et Saint-Just servant de repoussoir commode pour faire oublier les trahisons des Thermidoriens, et surtout le détournement de l’élan révolutionnaire par une bourgeoisie triomphante. Des historiens comme Tulard ou Furet ont accentué cet état de fait. Du coup, que ce soit les débats autour du procès du roi, autour du sort des leaders Girondins ou, plus tard, entre Robespierre, Saint-Just et Danton/Desmoulins et Hébert (pour faire simple, faut-il oui ou non prolonger, voire approfondir la terreur ?), il est difficile si l’on n’est pas familier de la période de s’y retrouver. Et le dialogue entre Saint-Just et son compagnon de voyage pour énumérer ses actions est un peu artificiel. Du coup, on ne peut s’attacher à la personne de Saint-Just, ne restent que des bouts de discours, des actions presque désincarnées. Il a pourtant été l’un des grands inspirateurs d’une législation sociale jamais appliquée – et ensuite « oubliée ». Malgré mes critiques – qui sont, comme les choix inspirés par Tulard (et accentués par l’obligation de « tenir » en une cinquantaine de pages) affaire personnelle – l’album a le mérite de remettre en lumière un personnage qui a joué un rôle aussi éphémère qu’important dans l’une des périodes clés de l’Histoire nationale (et au-delà), et certains aspects de sa personnalité – sa fougue, sa lutte contre les inégalités, son absence de « carriérisme », son côté à la fois juvénile et mature – sont quand même bien montrés. Note réelle 2,5/5.
Eight billion genies
L’idée de départ a du potentiel, et d’ailleurs ça semblait être bien exploité. En effet, en un instant, les huit milliards de Terriens se sont vus dotés d’un génie, capable d’exaucer immédiatement leur vœu. Mais un seul vœu par personne ! Le tenancier du bar où l’histoire a commencé ayant décidé d’utiliser immédiatement son vœu pour mettre son local et ceux qui s’y trouvent à l’abri des vœux des autres, cela nous permet d’avoir une petite dizaine de personnages réunis là par hasard, dans un huis-clos forcé, alors qu’à l’extérieur les délires plus ou moins dangereux se multiplient. Car, on s’en doute, la plupart des vœux sont irréfléchis, égoïstes. Il y a d’ailleurs là un intérêt dans le scénario : que pourrions-nous souhaiter si pareille occasion se produit ? Si certains cherchent à protéger leurs proches, voire la planète, d’autres choisissent des vœux futiles (montagnes de jouets, de bouffe, de dollars, etc.), tandis que certains se dotent de super pouvoirs, veulent tuer d’autres personnes, ou en faire revenir des mortes. Le côté moralisateur de certains dialogues aurait pu être évité je pense. Le monde est alors soumis à une loi de la jungle, et le décompte des génies et des Terriens montrent l’effondrement du nombre d’habitants. Si l’idée de départ est séduisante, je trouve que ça peine à se renouveler sur la durée. D’abord tous les combats entre super-héros et super-méchants ne m’intéressent pas. Ensuite j’ai eu l’impression d’un potentiel mal ou sous exploité, même si une grosse révélation en fin de premier tiers de l’album semble relancer quelque peu l’intérêt global de l’histoire, qui tourne autour d’un fléau malthusien. Lorsque ça commence à tourner en rond, l’autre astuce est de miser sur des flash-backs, pour présenter certains protagonistes. J’ai trouvé ça un peu artificiel, et surtout ça rompait un peu le « charme » de l’intrigue de base. Les parties pos-apocalypse se laissent lire ensuite, mais le fantastique passe moins. Et le happy-end final m’a moyennement convaincu. Quant au dessin, c’est du comics classique, mais bien fichu, très lisible. C’est la colorisation – informatique j’imagine – qui m’a moins convenu. Bref, une lecture intéressante, mais pas autant que je ne le pensais au départ.
Je vais rester
La première chose que je me suis dite après la lecture de ce livre, c'est comment j'aurais réagi à la place de cette femme. Eh bien j'aurais été en état de choc et de panique, je serais rentrée et j'aurais préparé les funérailles dans un état de tristesse infini. Comme tout le monde je pense... Et c'est pour ça que ce récit m'a touché, elle ne fait pas ça, elle passe ses vacances comme elles étaient organisées, les sorties, les spectacles, la plage, restaurant...etc. Au début il y a du déni, mais après quelques jours et des jolies rencontres on voit apparaître en elle une certaine résilience. Le choix qu'elle a fait en restant était courageux et un très bel hommage... J'aime les histoires qui poussent à la réflexion et celle-ci tient ses promesses. Note 3,5
Scène de crime
Conçu et initialement publié avant leur énorme succès (justifié) autour de l’univers de Criminal, cette série du duo Phillips/Brubaker (ici accompagnés de Lark pour le dessin) est mieux qu’un galop d’essai. La mécanique scénaristique est déjà bien huilée, c’est assez carré. Même si on reste dans du très classique pour un polar un peu poisseux (ici à San Francisco plutôt que dans le Los Angeles d’Ellroy, vers qui lorgne un peu l’histoire). Le dessin est bon, dans un style adapté au récit, avec pas mal de sombre, un jeu sur les ombres intéressant. Tout juste peut-on regretter un lettrage trop petit, qui m’a un peu gêné pour ma lecture, ainsi que les traits de certains visages un peu effacés. Un bon petit polar en tout cas. Note réelle 3,5/5.
Thanos - La Fin de l'univers Marvel
Un autre récit de Thanos par Jim Starlin. Ceux qui ont déjà lu les histoires de Starlin vont être en terrain connu: une grosse menace pour l'univers en entier débarque, Thanos a un plan pour sauver l'univers parce qu'il est trop fort, même lorsqu'on dirait qu'il perd, il y a plein de personnages Marvel qui font une apparition, et la plupart ne servent à rien, il y a des combats bien bourrins..... Le scénario se laisse lire, mais ce n'est que dans sa dernière partie que je trouvais qu'il y avait quelque chose d'enfin intéressant dans le scénario, mais je ne vais pas en dire plus pour ne pas trop spoiler. Comme souvent avec Starlin, il y a de bons dialogues, et le côté philosophique du récit n'est pas totalement dénué d'intérêt. Son dessin est bon, mais comme c'est souvent le cas avec les comics modernes, les couleurs faites par l'ordinateur gâchent tout.
Œdipe
Un tome honnête pour découvrir (ou approfondir) le mythe d’Oedipe. Classique dans son graphisme et mise en page, je qualifierai cette partie de fonctionnelle. Ça rentre dans le moule de la collection. C’est l’histoire que j’ai trouvé bien traitée. Il n’y a pas de zones d’ombres que le dossier final vient éclaircir. Ici le mythe est assez limpide et la chronologie respectée. N’en déplaise à certains psychanalystes, le parcours de notre héros est bien différent de leurs théories (pas dans les faits mais dans le fond). Œdipe ne préméditait rien, son destin sonne juste comme une tragédie. J’ai également apprécié la quasi absence des Dieux, juste une prophétie que notre héros déclenchera tout en cherchant à la fuir. Classique mais bien recontextualisé.
Asgard
Asgard est une énième série se passant dans l'univers des Vikings avec son lot de héros musclés, à la mâchoire serrée et qui n'ont pas peur de marcher pieds nus dans la neige, ou de se mettre à poil pour nager dans des rivières à 3 degrés! Qui dit grand Nord et Vikings dit aussi gros monstres à combattre et belles héroïnes à sauver. C'est d'ailleurs l'objet de cette série en 2 tomes: une chasse au monstre marin. C'est plutôt bien que cette traque ne dure pas plus longtemps que 2 albums car même si on reste sur un petit goût d'inachevé en refermant le deuxième tome, on se dit que Dorison et Meyer ont peut-être déjà fait le tour de ce personnage tout en muscle et par ailleurs un peu lisse. Sans doute était-ce un coup d'essai avant de se lancer dans une série plus longue et plus ambitieuse comme Undertaker. Côté dessin c'est toujours très propre: Ralph Meyer excelle dans les nombreuses scènes de combat entre les héros et le monstre. Le découpage est parfaitement fluide, très dynamique et rythmé. Les visages sont hyper expressifs et les couleurs mettent évidemment constamment l'accent sur le contraste des couleurs froides du bleu/gris de l'eau et des montagnes glacées, du blanc de la neige en opposition au rouge du sang lors de combats et du maigre feux de camps lors des replis nocturnes. On aurait aimé peut-être un peu moins de gros plans sur les visages et plus de plans larges, parce que les environnements de Meyer sont vraiment magnifiques mais trop rares à mon goût. Ça reste une bonne lecture dopée à la testostérone. Note: 3.5/5
Deadpool - Suicide kings
Ce type de production, clairement, je ne le lis pas en en espérant autre chose qu’un bon divertissement bien bourrin. Deadpool n’est en effet pas le genre de personnage qui brille par son intelligence et sa réputation tient bien plus dans ses punchlines de cours de récré et son invincibilité à toute épreuve (il peut se faire exploser la tête sans craindre pour sa vie, elle repoussera toujours bien). Du coup, ce que j’en attends, c’est un scénario qui tient la route, des dialogues primaires mais rigolos et un bon dessin bien dynamique pour emballer le tout. L’action charcutière, je n’y tiens pas plus que ça mais je sais que c’est automatiquement compris dans le package, donc je ne vais pas me plaindre pour les décapitations, tronçonnages et autres massacres en série. Grosso modo, j’ai eu ce que j’espérais. Ce one-shot se lit facilement, bien soutenu par un dessin clair et dynamique. Les dialogues sont aussi primaires qu’attendu et parfois amusants. L’action est au rendez-vous avec de nombreuses scènes de massacre et, comme prévu, Deadpool s’en prend plein la tronche plus souvent qu’à son tour. La particularité de la série tient dans la participation très active d’autres héros Marvel (The Punisher, Daredevil, Spiderman). Pas mal, divertissant, très basique mais efficace dans son genre. A condition de ne rien en attendre de plus, ce one-shot fait le taf.
Die! Die! Die!
Cette série commence sur une base qui m'a rebuté. Elle est dans une mouvance qui a marqué pas mal de comics depuis une trentaine d'années, celle des comics défouloir où la violence gore et le politiquement incorrect se tirent la bourre, comme dans la majorité des séries de Garth Ennis par exemple. Nombre d'entre elles jouent la carte de la dénonciation de la domination des élites sur le reste de l'humanité, et la banalisation des meurtres et des complots sanguinaires pour asseoir cette domination ou à l'inverse pour la combattre. Peu friand de ce genre, il me rebute d'autant plus quand il est utilisé de manière trop facile ou gratuite. C'est ce qui m'a dérangé dans les premiers chapitres de Die! Die! Die! : les héros y sont des tueurs à gages et autres espions mercenaires qui sèment la mort sur leur passage avec une facilité extravagante, leurs employeurs sont des salauds manipulateurs à la tête du pouvoir américain tellement au-dessus du monde que tout leur est permis, et rares sont les planches sans effusions de sang et membres déchiquetés. Toutefois, le sérieux relatif des premiers chapitres se voit peu à peu réhaussé de touches d'humour et d'une loufoquerie qui va devenir de plus en plus prégnante. Il va même s'y mêler des doses de science-fiction qui auraient paru incongrues si elles avaient été insérées dans les premières parties de l'histoire. A tel point que le dernier chapitre (non encore publié en France) tient même carrément de la SF désinvolte à la Invincible du même Robert Kirkman. Et c'est grâce à cette touche d'humour et d'une part d'humilité qui vient compenser les capacités trop exceptionnelles des protagonistes que j'ai pu finalement apprécier la série et y voir le divertissement qu'elle était. Ce n'est pas vraiment ma came mais j'ai lu l'intégrale avec un certain intérêt, notamment grâce à la bonne qualité de son dessin et grâce à sa narration impeccable quoique parfois un peu bavarde.