Une lecture pas désagréable en soi, mais qui ne m’a jamais réellement captivé. Peut-être parce que je suis un « regard extérieur » (homme/père) ? Je ne sais pas. Mais c’est surtout je pense que ce genre de projet n’est pas ma came, sur la forme plus que sur le fond d’ailleurs.
Même si le format « alcooliques anonymes » du début se renouvelle au bout d’un moment, c’est quand même un peu statique, un format blog qui passe mieux par petites touches, et qui lasse un peu lu d’une traite.
Ceci dit les thèmes abordés sont intéressants (y compris et surtout peut-être pour les hommes), en balayant tous les sujets liés à la maternité, et plus généralement à une certaine condition féminine. Toutes les charges (mentales, mais pas que) que les préjugés et les choix sociétaux imposent aux femmes sont mis en avant. Cela mérité réflexion. Mais ici, bien que cela prêche le plus souvent un convaincu, je me suis parfois ennuyé.
Concernant le dessin, c’est du blog aéré, sans décor et détail, fluide et très lisible.
Note réelle 2,5/5.
C’est la troisième adaptation de Läckberg que je lis des mêmes auteurs. Après avoir été récemment quelque peu déçu par Le Tailleur de pierre, j’ai trouvé plus intéressant et plus réussi cet album.
Le démarrage est toujours identique, chaque protagoniste se présentant dans une case. Mais l’histoire est plus dense et se laisse lire agréablement. Certes, ça reste très classique, et ça n’est pas hyper original, mais on ne devine pas trop tôt les tenants et aboutissants, avec une petite surprise à la fin.
L’enquête semble se faire toute seule, le commissaire étant en retrait (ou aidé par sa nouvelle amoureuse), le rythme est lent. Il ne faut pas attendre du hard boiled ou du glauque à la Ellroy, ni du suspens classique. C’est un style pépère et sans fioriture. Pas mal. Mais sans plus me concernant, je pense que les romans de bases ne sont pas forcément ma came.
Même s’il ne s’agit pas vraiment du même contexte, Lethal Experiment peut s’apparenter aux séries de la thématique des jeux mortels. Pas de jeu ici mais un groupe d’anciens élèves, piégés par l’un d’entre eux, brillant manipulateur passablement dérangé, va se retrouver obligé de se soumettre à un ensemble d’épreuves destinées à éprouver leur loyauté, leur honnêteté, leur bonté.
Elément central du récit, Nezu est un de ces otages et une bonne partie de la série va reposer sur ses épaules. D’une part parce qu’il est le plus proche amis de Mikio, responsable de cette prise d’otages. D’autre part, parce qu’il est en couple avec Mirai, elle aussi victime de cette prise d’otage, et que leur couple demeure secret.
Autour de Nezu gravitent beaucoup de seconds couteaux, dont plusieurs vont se révéler très marquants par leur évolution. De la jeune idiote qui finit par montrer une force de caractère à laquelle on ne s’attendait pas au beau et vertueux jeune homme qui finit par complétement péter les plombs, tous font l’objet d’une attention toute particulière de l’auteur et, outre le caractère malsain et pervers des épreuves auxquelles ils sont soumis, c’est vraiment cette évolution dans les comportements de chacun qui fait tout le sel de la série.
Dans l’ensemble, je peux vraiment dire que Lethal Experiment m’a bien accroché. Le scénario a beau être grandement improbable, les épreuves créent une tension constante et les comportements des personnages m’ont semblé assez logiques. On tombe parfois dans de la psychologie de grande surface mais ce côté basique n’enlève rien à l’efficacité du concept.
Les derniers développements tombent malheureusement un peu trop dans la surenchère avec des rebondissements en cascade que j’ai trouvés un peu forcés, mais tout se tient et je suis content d’avoir lu la série jusqu’à son terme.
Côté dessin, rien de surprenant. C’est du manga dans un style réaliste soigné avec des cadrages centrés sur les personnages avant tout, avec un peu de fan service et des décors réduits au strict nécessaire.
Je m’attendais à plus de scènes à caractère sexuel mais, même s’il y en a, je trouve que l’auteur reste très raisonnable de ce point de vue, évitant de tomber dans le piège de l’exhibition malsaine gratuite. Ici, les agressions sexuelles découlent d’une certaine logique.
Bon, c’est quand même bien tordu et pas toujours très crédible mais vu l’efficacité du bazar, je ne peux dire que « vraiment pas mal du tout ». Efficace avant tout !
Je n'ai pas toujours été séduit par la lecture d'Emmanuel Moynot mais ici, je me suis bien amusé aux rebondissements des pérégrinations d'un livre de comptes compromettant. Charlie petite main d'un parrain new-yorkais se fait taxer son portefeuille et une mallette pleine de livres de comptes. En proba on dirait que les deux événements sont indépendants ce qui permet à l'auteur de multiplier les directions, les ambiances et les points de vue sur le déroulé de l'affaire. Moynot propose ainsi un scénario bien construit, sans temps mort qui se lit avec plaisir. L'ambiance de cet été 69 à NY mêle "Le Parrain" "West Side Story" voire de "Macadam Cowboy". En effet l'auteur en profite pour se rappeler les débuts de la lutte pour la reconnaissance homosexuelle. Evidemment nous immerger dans cette atmosphère nécessite d'accepter de retrouver le vocabulaire de l'époque souvent raciste et homophobe.
J'ai été moins séduit par le dessin où on passe de personnages semi réalistes à de la caricature aux proportions un peu bizarres. Par contre j'ai vraiment aimé la mise en couleur flashy avec cette population aux tenues et coiffures si libres et extravagantes. C'est une sorte de nostalgie des couleurs très flower qui ont imprégné cette époque.
Une lecture détente et amusante bien construite avec une pointe de rappel d'histoire sociétale. Un bon 3
Dernier volet du triptyque maritime de Riif Reb's après A bord de l'Etoile Matutine et Le Loup des Mers. Cette fois, pas de roman adapté mais huit nouvelles puisées chez des grands noms comme Poe, Stevenson, London ou Mac Orlan. On navigue de récit en récit, porté par une mer omniprésente, tour à tour cruelle, majestueuse, inhumaine.
La diversité des styles est à la fois une richesse et une limite. Chaque auteur amène sa tonalité : fantastique, tragique, poétique… On passe du Pôle Sud aux Caraïbes, des côtes norvégiennes aux profondeurs marines. Certaines nouvelles m’ont plu, d’autres m’ont laissé plus indifférent. C’est le jeu avec un recueil comme celui-ci : impossible d’accrocher à tout de la même manière. Le manque de cohérence entre les récits rend l’ensemble un peu inégal, mais ça n’enlève rien à la force du travail réalisé.
Graphiquement, Riff Reb’s est à son sommet. Son trait semi-réaliste, puissant et expressif, donne vie à des marins aux gueules marquées et aux paysages déchirés. Les vagues semblent prêtes à engloutir la page, la mer devient un personnage à part entière. La bichromie, différente pour chaque nouvelle, est utilisée avec intelligence : elle souligne l’ambiance sans jamais l’écraser. Entre ombres denses, lumières tranchées et décors déchaînés, il y a une intensité visuelle qui ne faiblit pas.
Malgré quelques récits moins marquants, l’ensemble reste fort, rythmé par une composition fluide. Chaque nouvelle a ses pauses, ses accélérations, ses silences suspendus. Riff Reb’s ne romantise pas la mer : il en montre la brutalité, l’indifférence face à des hommes qui tentent de survivre. Il sait capter l’essence des histoires maritimes, cette tension entre la beauté immense de l’océan et la petitesse de ceux qui le traversent.
C’est une conclusion à la hauteur de ce triptyque, une traversée à faire, même si la mer est loin d’être calme.
Je vais pour une fois être moins enthousiastes que mes prédécesseurs. Je me suis fait un week end Riff Reb's avec la trilogie maritime et ce Vagabond des étoiles.
Et c'est celui qui m'a le moins plu au final malgré un très bon premier tome. On est ici dans un univers carcéral oppressant, dur, sans échappatoire, et pourtant Jack London ouvre une porte : celle de l’esprit. Cette idée de s’évader autrement, par la pensée, m’a tout de suite parlé et m'a fait pensé à d'autres auteurs comme Soljenitsyne sur ce genre de thématiques. C’est une réponse inattendue à la violence physique et au confinement, presque un pied de nez au système qui broie. Le scénario prend son temps pour installer cette tension entre l’enfermement du corps et la liberté de l’esprit, et ça fonctionne. On s’accroche à cette fuite intérieure comme si c’était la seule bouffée d’air possible. Le rythme est maîtrisé, le dessin colle parfaitement au propos. Tout ça donne une première partie solide, marquante, qui ne lâche pas.
Et puis vient la deuxième partie, et c'est là que ca a coincé pour moi. On passe d’une histoire à l’autre, des récits de vies passées ou de souvenirs, mais sans vraiment comprendre pourquoi ou comment ils s’enchaînent. En tous cas je n'ai pas compris le fil rouge. C’est comme si l’auteur voulait en dire trop, explorer plusieurs directions en même temps, sans réussir à garder une cohérence d’ensemble. Chaque fragment pris individuellement a de l’intérêt, on sent qu’il y a de la matière derrière, mais mis bout à bout, je n'ai pas compris la logique. Ça manque de liant. J’ai fini un peu frustré de ne pas retrouver l’intensité et la clarté de la première moitié.
C’est dommage, parce que l’idée de départ est forte et la manière dont elle est amenée dans la première partie est vraiment réussie. On y croit, on s’implique. Mais ensuite, ça se dilue. Le propos devient flou, l’ensemble décousu. Au final, je retiens surtout cette première partie, percutante, qui montre que même dans l’enfermement le plus total, il reste un espace à soi, indestructible. La suite n’apporte pas grand-chose de plus, et c’est un peu frustrant.
L'histoire est intéressante mais parfois difficile à suivre. Une civilisation avancée contrôle les humains depuis un vaisseau spatial. Le chef programmeur, Kiroutz, influence les vies humaines en manipulant leur cerveau. Cependant, les raccourcis dans le récit rendent la compréhension parfois compliquée.
Les thèmes principaux de cette bande dessinée sont la jalousie et le contrôle. Kiroutz, malgré son rôle important, suscite la jalousie de ses collègues. Cela montre comment même dans une civilisation avancée, les émotions humaines comme la jalousie peuvent causer des problèmes.
Les personnages sont bien développés, surtout Kiroutz. Il est un chef programmeur talentueux mais doit faire face à la jalousie de ses collègues. Les autres personnages ne sont pas aussi détaillés, ce qui rend difficile de s'attacher à eux.
Les dessins de Marie-Christine Demeure sont beaux et détaillés. Ils ajoutent beaucoup à l'histoire et aident à visualiser le monde complexe de la bande dessinée. Cependant, parfois, les illustrations peuvent être un peu confuses, ce qui n'aide pas à clarifier le scénario
Philippe Esnos est mort en 2020 mais c'était un vrai chasseur de trésors, épaves submergées et autres tombeaux disparus au fin fond de la jungle. C'est après l'avoir rencontré que Jérôme Félix a eu l'envie de raconter sa vie avant de se décider plutôt à bénéficier de ses conseils pour raconter une histoire fictive sur un trésor dont la légende est bien réelle et qu'Esnos a cherché pendant vingt ans : le trésor de l'Inca Athualpa, des centaines de tonnes d'or cachées à l'époque du conquistador Pizarro.
Ce récit se déroule en 1902 et s'entame quand la pauvre servante irlandaise reçoit en héritage un collier inca et une lettre indiquant la route à suivre pour atteindre le fameux trésor. Trahie par l'explorateur sans scrupule à qui elle confie cette formidable carte, elle décide de partir à sa poursuite jusqu'en Equateur. Là-bas on trouvera un autre personnage, aventurier vétéran et lui aussi sans guère de scrupule, qui va croiser la route des deux autres, pour le mal du premier et peut-être le bien de la seconde.
C'est un récit d'aventure à l'ancienne qui nous est offert, avec un grand soin apporté au réalisme et à la documentation historique et géographique. Les personnages sont originaux et intéressants, et l'absence de manichéisme est appréciable. C'est bigrement intéressant de voir comment les choses pouvaient se dérouler à cette époque pourtant pas si lointaine, avec ses bons et ses mauvais côtés, et comment un pauvre irlandaise pouvait aboutir à participer à une aventure digne d'un fameux archéologue aventurier.
Le graphisme est très académique. Des couleurs plus modernes masquent un peu cet aspect mais il se révèle parfois presque désuet dans son style, avec quelques poses un peu trop figées. J'apprécie son côté réaliste et plusieurs beaux paysages et vues d'ensemble qu'il nous offre, mais je ne suis pas vraiment tombé sous son charme.
Du fait de sa recherche de réalisme, le rythme de cette aventure au départ dense et plutôt intense se tasse dans le second tome. Et la fin parait même un peu décousue, avec un long épilogue où l'on finit par se perdre. Tout cela garde un belle crédibilité mais aussi une fin amère qui laisse sur une frustration, non pas parce que l'aventure n'y était pas mais parce qu'elle mène sur une impasse presque laborieuse qui tranche avec l'engouement du premier tome.
J’ai plutôt aimé cette lecture. Mais sans doute pas autant que je l’espérais, au vu du sujet.
Le dessin de Lelis est original. Avec un Noir et Blanc rageur, nerveux, il se dégage de ces « ratures » quelque chose de plus lisible que ce que l’on ressent au premier abord. Mais j’ai aussi trouvé que ce style collait parfaitement à la fois au sujet, mais aussi au destin du héros, très très noir.
Parmi les choses intéressantes du récit, il y a bien sûr la condition ouvrière au tournant des XIXème et XXème siècles, que ce soient dans les mines (premier tiers de l’album) et parmi le lumpen prolétariat de Paris par la suite, puisque Marcel, notre héros ayant fui sa condition « héréditaire » de mineur pour tenter une émancipation sur Paris, tâte par la suite pour survivre de tous les boulots les plus durs.
L’autre intérêt pour moi, c’est de voir mêlée à cette histoire l’action de groupes anarchistes sur Paris, qui pratiquent la « reprise individuelle », avec pas mal de choses rappelant le très beau roman de Darien « Le voleur » (d’ailleurs cité dans la bibliographie finale – qui confirme au passage que les auteurs se sont bien documentés).
Plusieurs choses me font ne mettre « que » trois étoiles. D’abord j’aurais aimé voir plus développée cette action anarchiste, finalement rapidement mise de côté.
Ensuite le personnage de Marcel n’est pas suffisamment attachant. Il m’est apparu un peu trop « détaché » de tout, même lorsque pointent ses convictions politiques – à part quelques moments, comme lorsqu’il se veut pur parmi les purs en refusant de faire des « victimes » innocentes, prolétariennes, lorsque le groupe d’anarchistes qu’il a rejoint se lance dans des actions plus violentes que les simples cambriolages. Et la fin – pourtant pas improbable – renferme trop Marcel dans son destin, reste trop négative (mais là c’est affaire de goût personnel), même si elle reste finalement dans la noirceur et la réalité de l’époque.
Mais ça reste quand même une lecture agréable.
Note réelle 3,5/5.
L'Adaptation d'un roman de Yasmina Khadra.
Un postulat de départ intéressant, la guerre du golfe vue de l'intérieur, par un jeune bédouin. Il vit avec sa famille et ses amis dans un petit village rural de l'Irak.
Un récit intéressant qui pousse à la réflexion sur les conséquences de la guerre, la violence et la haine, mais surtout sur l'occupation étrangère, notamment lorsque celle-ci est d'une culture diamétralement opposée. Et le décalage entre ces deux civilisations va produire un sacrilège, notre jeune bédouin va voir la verge de son père lors d'une fouille musclée des soldats américains. Et chez les bédouins, ce crime doit être puni par le sang.
Notre jeune homme va partir pour Bagdad et doucement être endoctriné par une mouvance rebelle qui le prépare pour un attentat.
Une narration maîtrisée, elle prend son temps pour dépeindre le climat qui régnait à cette période, elle nous permet de cerner ces hommes fiers et humiliés, et de suivre le parcours de notre jeune homme, de le voir ainsi basculer dans le terrorisme.
L'album se termine sur une note d'optimisme d'une certaine façon.
Autant j'ai été convaincu par le scénario de Winoc, autant son dessin n'est pas ma tasse de thé. Un style réaliste un peu trop figé à mon goût, une mise en page un peu trop sage, par contre j'ai aimé le choix des couleurs.
Une lecture recommandable.
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Mères anonymes
Une lecture pas désagréable en soi, mais qui ne m’a jamais réellement captivé. Peut-être parce que je suis un « regard extérieur » (homme/père) ? Je ne sais pas. Mais c’est surtout je pense que ce genre de projet n’est pas ma came, sur la forme plus que sur le fond d’ailleurs. Même si le format « alcooliques anonymes » du début se renouvelle au bout d’un moment, c’est quand même un peu statique, un format blog qui passe mieux par petites touches, et qui lasse un peu lu d’une traite. Ceci dit les thèmes abordés sont intéressants (y compris et surtout peut-être pour les hommes), en balayant tous les sujets liés à la maternité, et plus généralement à une certaine condition féminine. Toutes les charges (mentales, mais pas que) que les préjugés et les choix sociétaux imposent aux femmes sont mis en avant. Cela mérité réflexion. Mais ici, bien que cela prêche le plus souvent un convaincu, je me suis parfois ennuyé. Concernant le dessin, c’est du blog aéré, sans décor et détail, fluide et très lisible. Note réelle 2,5/5.
La Princesse des Glaces
C’est la troisième adaptation de Läckberg que je lis des mêmes auteurs. Après avoir été récemment quelque peu déçu par Le Tailleur de pierre, j’ai trouvé plus intéressant et plus réussi cet album. Le démarrage est toujours identique, chaque protagoniste se présentant dans une case. Mais l’histoire est plus dense et se laisse lire agréablement. Certes, ça reste très classique, et ça n’est pas hyper original, mais on ne devine pas trop tôt les tenants et aboutissants, avec une petite surprise à la fin. L’enquête semble se faire toute seule, le commissaire étant en retrait (ou aidé par sa nouvelle amoureuse), le rythme est lent. Il ne faut pas attendre du hard boiled ou du glauque à la Ellroy, ni du suspens classique. C’est un style pépère et sans fioriture. Pas mal. Mais sans plus me concernant, je pense que les romans de bases ne sont pas forcément ma came.
Lethal Experiment
Même s’il ne s’agit pas vraiment du même contexte, Lethal Experiment peut s’apparenter aux séries de la thématique des jeux mortels. Pas de jeu ici mais un groupe d’anciens élèves, piégés par l’un d’entre eux, brillant manipulateur passablement dérangé, va se retrouver obligé de se soumettre à un ensemble d’épreuves destinées à éprouver leur loyauté, leur honnêteté, leur bonté. Elément central du récit, Nezu est un de ces otages et une bonne partie de la série va reposer sur ses épaules. D’une part parce qu’il est le plus proche amis de Mikio, responsable de cette prise d’otages. D’autre part, parce qu’il est en couple avec Mirai, elle aussi victime de cette prise d’otage, et que leur couple demeure secret. Autour de Nezu gravitent beaucoup de seconds couteaux, dont plusieurs vont se révéler très marquants par leur évolution. De la jeune idiote qui finit par montrer une force de caractère à laquelle on ne s’attendait pas au beau et vertueux jeune homme qui finit par complétement péter les plombs, tous font l’objet d’une attention toute particulière de l’auteur et, outre le caractère malsain et pervers des épreuves auxquelles ils sont soumis, c’est vraiment cette évolution dans les comportements de chacun qui fait tout le sel de la série. Dans l’ensemble, je peux vraiment dire que Lethal Experiment m’a bien accroché. Le scénario a beau être grandement improbable, les épreuves créent une tension constante et les comportements des personnages m’ont semblé assez logiques. On tombe parfois dans de la psychologie de grande surface mais ce côté basique n’enlève rien à l’efficacité du concept. Les derniers développements tombent malheureusement un peu trop dans la surenchère avec des rebondissements en cascade que j’ai trouvés un peu forcés, mais tout se tient et je suis content d’avoir lu la série jusqu’à son terme. Côté dessin, rien de surprenant. C’est du manga dans un style réaliste soigné avec des cadrages centrés sur les personnages avant tout, avec un peu de fan service et des décors réduits au strict nécessaire. Je m’attendais à plus de scènes à caractère sexuel mais, même s’il y en a, je trouve que l’auteur reste très raisonnable de ce point de vue, évitant de tomber dans le piège de l’exhibition malsaine gratuite. Ici, les agressions sexuelles découlent d’une certaine logique. Bon, c’est quand même bien tordu et pas toujours très crédible mais vu l’efficacité du bazar, je ne peux dire que « vraiment pas mal du tout ». Efficace avant tout !
Cherchez Charlie
Je n'ai pas toujours été séduit par la lecture d'Emmanuel Moynot mais ici, je me suis bien amusé aux rebondissements des pérégrinations d'un livre de comptes compromettant. Charlie petite main d'un parrain new-yorkais se fait taxer son portefeuille et une mallette pleine de livres de comptes. En proba on dirait que les deux événements sont indépendants ce qui permet à l'auteur de multiplier les directions, les ambiances et les points de vue sur le déroulé de l'affaire. Moynot propose ainsi un scénario bien construit, sans temps mort qui se lit avec plaisir. L'ambiance de cet été 69 à NY mêle "Le Parrain" "West Side Story" voire de "Macadam Cowboy". En effet l'auteur en profite pour se rappeler les débuts de la lutte pour la reconnaissance homosexuelle. Evidemment nous immerger dans cette atmosphère nécessite d'accepter de retrouver le vocabulaire de l'époque souvent raciste et homophobe. J'ai été moins séduit par le dessin où on passe de personnages semi réalistes à de la caricature aux proportions un peu bizarres. Par contre j'ai vraiment aimé la mise en couleur flashy avec cette population aux tenues et coiffures si libres et extravagantes. C'est une sorte de nostalgie des couleurs très flower qui ont imprégné cette époque. Une lecture détente et amusante bien construite avec une pointe de rappel d'histoire sociétale. Un bon 3
Hommes à la mer
Dernier volet du triptyque maritime de Riif Reb's après A bord de l'Etoile Matutine et Le Loup des Mers. Cette fois, pas de roman adapté mais huit nouvelles puisées chez des grands noms comme Poe, Stevenson, London ou Mac Orlan. On navigue de récit en récit, porté par une mer omniprésente, tour à tour cruelle, majestueuse, inhumaine. La diversité des styles est à la fois une richesse et une limite. Chaque auteur amène sa tonalité : fantastique, tragique, poétique… On passe du Pôle Sud aux Caraïbes, des côtes norvégiennes aux profondeurs marines. Certaines nouvelles m’ont plu, d’autres m’ont laissé plus indifférent. C’est le jeu avec un recueil comme celui-ci : impossible d’accrocher à tout de la même manière. Le manque de cohérence entre les récits rend l’ensemble un peu inégal, mais ça n’enlève rien à la force du travail réalisé. Graphiquement, Riff Reb’s est à son sommet. Son trait semi-réaliste, puissant et expressif, donne vie à des marins aux gueules marquées et aux paysages déchirés. Les vagues semblent prêtes à engloutir la page, la mer devient un personnage à part entière. La bichromie, différente pour chaque nouvelle, est utilisée avec intelligence : elle souligne l’ambiance sans jamais l’écraser. Entre ombres denses, lumières tranchées et décors déchaînés, il y a une intensité visuelle qui ne faiblit pas. Malgré quelques récits moins marquants, l’ensemble reste fort, rythmé par une composition fluide. Chaque nouvelle a ses pauses, ses accélérations, ses silences suspendus. Riff Reb’s ne romantise pas la mer : il en montre la brutalité, l’indifférence face à des hommes qui tentent de survivre. Il sait capter l’essence des histoires maritimes, cette tension entre la beauté immense de l’océan et la petitesse de ceux qui le traversent. C’est une conclusion à la hauteur de ce triptyque, une traversée à faire, même si la mer est loin d’être calme.
Le Vagabond des Étoiles
Je vais pour une fois être moins enthousiastes que mes prédécesseurs. Je me suis fait un week end Riff Reb's avec la trilogie maritime et ce Vagabond des étoiles. Et c'est celui qui m'a le moins plu au final malgré un très bon premier tome. On est ici dans un univers carcéral oppressant, dur, sans échappatoire, et pourtant Jack London ouvre une porte : celle de l’esprit. Cette idée de s’évader autrement, par la pensée, m’a tout de suite parlé et m'a fait pensé à d'autres auteurs comme Soljenitsyne sur ce genre de thématiques. C’est une réponse inattendue à la violence physique et au confinement, presque un pied de nez au système qui broie. Le scénario prend son temps pour installer cette tension entre l’enfermement du corps et la liberté de l’esprit, et ça fonctionne. On s’accroche à cette fuite intérieure comme si c’était la seule bouffée d’air possible. Le rythme est maîtrisé, le dessin colle parfaitement au propos. Tout ça donne une première partie solide, marquante, qui ne lâche pas. Et puis vient la deuxième partie, et c'est là que ca a coincé pour moi. On passe d’une histoire à l’autre, des récits de vies passées ou de souvenirs, mais sans vraiment comprendre pourquoi ou comment ils s’enchaînent. En tous cas je n'ai pas compris le fil rouge. C’est comme si l’auteur voulait en dire trop, explorer plusieurs directions en même temps, sans réussir à garder une cohérence d’ensemble. Chaque fragment pris individuellement a de l’intérêt, on sent qu’il y a de la matière derrière, mais mis bout à bout, je n'ai pas compris la logique. Ça manque de liant. J’ai fini un peu frustré de ne pas retrouver l’intensité et la clarté de la première moitié. C’est dommage, parce que l’idée de départ est forte et la manière dont elle est amenée dans la première partie est vraiment réussie. On y croit, on s’implique. Mais ensuite, ça se dilue. Le propos devient flou, l’ensemble décousu. Au final, je retiens surtout cette première partie, percutante, qui montre que même dans l’enfermement le plus total, il reste un espace à soi, indestructible. La suite n’apporte pas grand-chose de plus, et c’est un peu frustrant.
Les sentinelles - Transfert
L'histoire est intéressante mais parfois difficile à suivre. Une civilisation avancée contrôle les humains depuis un vaisseau spatial. Le chef programmeur, Kiroutz, influence les vies humaines en manipulant leur cerveau. Cependant, les raccourcis dans le récit rendent la compréhension parfois compliquée. Les thèmes principaux de cette bande dessinée sont la jalousie et le contrôle. Kiroutz, malgré son rôle important, suscite la jalousie de ses collègues. Cela montre comment même dans une civilisation avancée, les émotions humaines comme la jalousie peuvent causer des problèmes. Les personnages sont bien développés, surtout Kiroutz. Il est un chef programmeur talentueux mais doit faire face à la jalousie de ses collègues. Les autres personnages ne sont pas aussi détaillés, ce qui rend difficile de s'attacher à eux. Les dessins de Marie-Christine Demeure sont beaux et détaillés. Ils ajoutent beaucoup à l'histoire et aident à visualiser le monde complexe de la bande dessinée. Cependant, parfois, les illustrations peuvent être un peu confuses, ce qui n'aide pas à clarifier le scénario
L'Or du bout du monde
Philippe Esnos est mort en 2020 mais c'était un vrai chasseur de trésors, épaves submergées et autres tombeaux disparus au fin fond de la jungle. C'est après l'avoir rencontré que Jérôme Félix a eu l'envie de raconter sa vie avant de se décider plutôt à bénéficier de ses conseils pour raconter une histoire fictive sur un trésor dont la légende est bien réelle et qu'Esnos a cherché pendant vingt ans : le trésor de l'Inca Athualpa, des centaines de tonnes d'or cachées à l'époque du conquistador Pizarro. Ce récit se déroule en 1902 et s'entame quand la pauvre servante irlandaise reçoit en héritage un collier inca et une lettre indiquant la route à suivre pour atteindre le fameux trésor. Trahie par l'explorateur sans scrupule à qui elle confie cette formidable carte, elle décide de partir à sa poursuite jusqu'en Equateur. Là-bas on trouvera un autre personnage, aventurier vétéran et lui aussi sans guère de scrupule, qui va croiser la route des deux autres, pour le mal du premier et peut-être le bien de la seconde. C'est un récit d'aventure à l'ancienne qui nous est offert, avec un grand soin apporté au réalisme et à la documentation historique et géographique. Les personnages sont originaux et intéressants, et l'absence de manichéisme est appréciable. C'est bigrement intéressant de voir comment les choses pouvaient se dérouler à cette époque pourtant pas si lointaine, avec ses bons et ses mauvais côtés, et comment un pauvre irlandaise pouvait aboutir à participer à une aventure digne d'un fameux archéologue aventurier. Le graphisme est très académique. Des couleurs plus modernes masquent un peu cet aspect mais il se révèle parfois presque désuet dans son style, avec quelques poses un peu trop figées. J'apprécie son côté réaliste et plusieurs beaux paysages et vues d'ensemble qu'il nous offre, mais je ne suis pas vraiment tombé sous son charme. Du fait de sa recherche de réalisme, le rythme de cette aventure au départ dense et plutôt intense se tasse dans le second tome. Et la fin parait même un peu décousue, avec un long épilogue où l'on finit par se perdre. Tout cela garde un belle crédibilité mais aussi une fin amère qui laisse sur une frustration, non pas parce que l'aventure n'y était pas mais parce qu'elle mène sur une impasse presque laborieuse qui tranche avec l'engouement du premier tome.
Gueule noire
J’ai plutôt aimé cette lecture. Mais sans doute pas autant que je l’espérais, au vu du sujet. Le dessin de Lelis est original. Avec un Noir et Blanc rageur, nerveux, il se dégage de ces « ratures » quelque chose de plus lisible que ce que l’on ressent au premier abord. Mais j’ai aussi trouvé que ce style collait parfaitement à la fois au sujet, mais aussi au destin du héros, très très noir. Parmi les choses intéressantes du récit, il y a bien sûr la condition ouvrière au tournant des XIXème et XXème siècles, que ce soient dans les mines (premier tiers de l’album) et parmi le lumpen prolétariat de Paris par la suite, puisque Marcel, notre héros ayant fui sa condition « héréditaire » de mineur pour tenter une émancipation sur Paris, tâte par la suite pour survivre de tous les boulots les plus durs. L’autre intérêt pour moi, c’est de voir mêlée à cette histoire l’action de groupes anarchistes sur Paris, qui pratiquent la « reprise individuelle », avec pas mal de choses rappelant le très beau roman de Darien « Le voleur » (d’ailleurs cité dans la bibliographie finale – qui confirme au passage que les auteurs se sont bien documentés). Plusieurs choses me font ne mettre « que » trois étoiles. D’abord j’aurais aimé voir plus développée cette action anarchiste, finalement rapidement mise de côté. Ensuite le personnage de Marcel n’est pas suffisamment attachant. Il m’est apparu un peu trop « détaché » de tout, même lorsque pointent ses convictions politiques – à part quelques moments, comme lorsqu’il se veut pur parmi les purs en refusant de faire des « victimes » innocentes, prolétariennes, lorsque le groupe d’anarchistes qu’il a rejoint se lance dans des actions plus violentes que les simples cambriolages. Et la fin – pourtant pas improbable – renferme trop Marcel dans son destin, reste trop négative (mais là c’est affaire de goût personnel), même si elle reste finalement dans la noirceur et la réalité de l’époque. Mais ça reste quand même une lecture agréable. Note réelle 3,5/5.
Les Sirènes de Bagdad
L'Adaptation d'un roman de Yasmina Khadra. Un postulat de départ intéressant, la guerre du golfe vue de l'intérieur, par un jeune bédouin. Il vit avec sa famille et ses amis dans un petit village rural de l'Irak. Un récit intéressant qui pousse à la réflexion sur les conséquences de la guerre, la violence et la haine, mais surtout sur l'occupation étrangère, notamment lorsque celle-ci est d'une culture diamétralement opposée. Et le décalage entre ces deux civilisations va produire un sacrilège, notre jeune bédouin va voir la verge de son père lors d'une fouille musclée des soldats américains. Et chez les bédouins, ce crime doit être puni par le sang. Notre jeune homme va partir pour Bagdad et doucement être endoctriné par une mouvance rebelle qui le prépare pour un attentat. Une narration maîtrisée, elle prend son temps pour dépeindre le climat qui régnait à cette période, elle nous permet de cerner ces hommes fiers et humiliés, et de suivre le parcours de notre jeune homme, de le voir ainsi basculer dans le terrorisme. L'album se termine sur une note d'optimisme d'une certaine façon. Autant j'ai été convaincu par le scénario de Winoc, autant son dessin n'est pas ma tasse de thé. Un style réaliste un peu trop figé à mon goût, une mise en page un peu trop sage, par contre j'ai aimé le choix des couleurs. Une lecture recommandable.