Cette série commence sur une base qui m'a rebuté. Elle est dans une mouvance qui a marqué pas mal de comics depuis une trentaine d'années, celle des comics défouloir où la violence gore et le politiquement incorrect se tirent la bourre, comme dans la majorité des séries de Garth Ennis par exemple. Nombre d'entre elles jouent la carte de la dénonciation de la domination des élites sur le reste de l'humanité, et la banalisation des meurtres et des complots sanguinaires pour asseoir cette domination ou à l'inverse pour la combattre. Peu friand de ce genre, il me rebute d'autant plus quand il est utilisé de manière trop facile ou gratuite.
C'est ce qui m'a dérangé dans les premiers chapitres de Die! Die! Die! : les héros y sont des tueurs à gages et autres espions mercenaires qui sèment la mort sur leur passage avec une facilité extravagante, leurs employeurs sont des salauds manipulateurs à la tête du pouvoir américain tellement au-dessus du monde que tout leur est permis, et rares sont les planches sans effusions de sang et membres déchiquetés.
Toutefois, le sérieux relatif des premiers chapitres se voit peu à peu réhaussé de touches d'humour et d'une loufoquerie qui va devenir de plus en plus prégnante. Il va même s'y mêler des doses de science-fiction qui auraient paru incongrues si elles avaient été insérées dans les premières parties de l'histoire. A tel point que le dernier chapitre (non encore publié en France) tient même carrément de la SF désinvolte à la Invincible du même Robert Kirkman.
Et c'est grâce à cette touche d'humour et d'une part d'humilité qui vient compenser les capacités trop exceptionnelles des protagonistes que j'ai pu finalement apprécier la série et y voir le divertissement qu'elle était.
Ce n'est pas vraiment ma came mais j'ai lu l'intégrale avec un certain intérêt, notamment grâce à la bonne qualité de son dessin et grâce à sa narration impeccable quoique parfois un peu bavarde.
Une série sympathique. Inégale mais sympathique.
Le personnage du Teckel gagne en profondeur au fil des trois histoires, mais il garde à chaque fois ce qui fait le charme de cette série et de ce personnage : un côté vintage, comme si tout s’était arrêté aux années 1970, les années Pompidou/Giscard.
Visuellement il ressemble à Jean-Pierre Marielle (le visage un chouia plus ovale). Il en a même les mimiques, les râleries que l’on retrouve dans certains rôles (je pense au marquis de Pontcallec dans « Que la fête commence »). Il m’a aussi fait penser par certains aspects au Jean Rochefort de « Les éléphants ça trompe énormément » (un personnage au aussi les traits de Michael Lonsdale). Bref, Bourhis a su créer un personnage typé, original, et franchement décalé – has been au possible.
Autour de ce personnage improbable mais qu’il a su rendre crédible, Bourhis a développé plusieurs intrigues. Si tout se suit, chaque album raconte une histoire différente, dans laquelle on reconnait personnages célèbres et faits d’actualité.
Dans le premier album, notre héros, Farkas, alias « Le Teckel », représentant en produits pharmaceutiques, nous introduit dans les magouilles d’un laboratoire qui n’est pas sans rappeler le scandale Servier. La fin tourne d’ailleurs un peu au polar. L’album suivant, penche encore plus vers le thriller plus ou moins humoristique.
Quant au dernier tome, il voit Farkas devenir candidat aux élections présidentielles, marionnette échappant à son maître, dans une dénonciation des méthodes des communicants en politiques (on reconnait Hollande, Sarkozy entre autres) et autres magouilles politiciennes. Ce troisième album m’a fait penser à l’album Le Candidat de Louarn. Toujours aussi vieille France, Farkas se retrouve presque involontairement « à la mode ». Mais il est temps je pense de laisser Farkas, car là on atteint ses limites. Le voir donner le ton, c’est un peu l’utiliser à contre-emploi, lui qui n’est jamais aussi captivant que lorsqu’il incarne le passé qui ne veut pas disparaitre.
Le dessin de Bourhis est intéressant, dynamique, simple et fluide. Je ne suis pas fan du changement de dessinateur en cours de série, et l’arrivée de Mardon dans le troisième album m’a un temps décontenancé. Mais son dessin est aussi adapté à ce genre de récit, et il est souvent très bon pour dessiner les gens ordinaires.
Au final, une série originale, que j’ai eu plaisir à lire.
Une série plaisante mais qui ne marque pas.
J’ai emprunté la tête de série (trois premiers tomes), en me disant que je prendrais la suite si l’essai était concluant (une de mes médiathèques possède tous les albums, mais j’étais déjà très chargé). Finalement je pense sans doute m’arrêter là, car je trouve que déjà pointent certains tics et redites.
C’est du moyen-âge de pacotille, mais je n’y ai pas retrouvé certains ingrédients qui m’avaient davantage captivé dans une série comme Johan et Pirlouit par exemple.
Il y a pourtant quelques idées amusantes, mais pas assez piquantes, et surtout ça se renouvelle difficilement. Le gros balourd de forgeron en amoureux transi de l’héroïne, qui lui offre de lourdes fleurs en métal et se prend veste sur veste, je ne sais pas si ça dure jusqu’au huitième album, mais au bout de trois ça méritait d’évoluer davantage (seuls ses rivaux changent). Le gag des piafs qui parlent est amusant, mais je les aurais bien vu être vraiment trash ou hargneux, comme au début, où ils dénoncent, dénigrent, pourrissent la vie des autres de façon presque gratuite, au lieu de quoi leurs apparitions et dialogues semblent s’estomper et presque s’adoucir.
Des albums qui se laissent lire sans problème, mais il leur manque un je ne sais quoi pour relever le plat, un humour plus prononcé, des intrigues plus surprenantes.
Le dessin est fluide et dynamique, très lisible. Mais, lui aussi, il manque de profondeur, est avare de détails (les décors et même les personnages ne sont pas très fouillés) et est parfois inégal. Mais ça fait quand même bien le boulot.
Une lecture d’emprunt.
Comme pas mal de scénarios de Rodolphe, ça commence assez vite, assez bien, ça donne envie de tout lire et le final ne tient pas ses promesses. C'est regrettable, d'autant que je suis sûr qu'il y aurait eu moyen de faire bien mieux !
Pour quelques critiques que je partage, il me faudrait citer McClure, dont je partage globalement l'avis. J'ajouterais que l'histoire d'amour des deux protagonistes ne sert à rien dans la narration. Au final, l'un des deux n'aurait eu aucune relation que l'histoire n'en aurait pas été changée d'un iota.
Du côté scénario aussi, je note des choses assez étranges. Comme par exemple l'intérêt de cette barrière, où les questionnements qu'il reste sur ce que ces Grands anciens ont fait. C'est dommage d'avoir posé autant de pistes et n'en explorer aucune, faute de temps dans les planches semble-t-il.
Mais si il y a autant de critiques négatives qui surnagent, c'est que le début du récit était franchement bon et donnait envie de voir la suite. J'étais intéressé par ces personnes vivant au bord d'une mer retirée au loin. Et même les quelques idées finales (qui d'ailleurs m'ont rappelé ce qu'il a déjà produit dans L'Autre Monde) ne sont pas mauvaises en soi, c'est juste terriblement mal amené et très mal réalisé. La finesse manque, et le développement surtout, pour avoir un récit qui donne envie d'y revenir. Là, en l'état, c'est sympathique à lire et ça aurait bien mérité deux volumes je pense, mais c'est trop peu, trop court.
Franchement dommage, le récit m'a intéressé très vite. J'aurais voulu aimer plus !
Ce récit se lit très rapidement. Je le vois un peu comme une fable. Avec la moralité en final. J'ai bien aimé la représentation du vice humain et le malheur qui s'en découle. Je recommande sa lecture mais n'en ferais pas l'achat...
Le résumé fait référence à Otto Dix, peintre allemand expressionniste que je ne connaissais que de nom et c'est vrai qu'il y a un air de ressemblance avec le style de l'américaine Leela Corman dans cet album. De l'aquarelle, des visages marqués et un peu d'onirisme dans certaines pages où l'héroïne a l'imagination qui vagabonde. Le contexte historique est intéressant, l'arrière du front en 1943, ces femmes qui bossaient à l'usine pour alimenter la guerre en matériel. On y voit l'absence des hommes et la sororité forte qui les unit au quotidien face à ceux qui restent, souvent sexistes en puissance quand on voit les remarques qu'elles subissent à chaque coin de rue.
Cela fait longtemps que je n'avais pas lu un album chez Ça et Là, celui-ci est un bon choix.
Une lecture sympathique, mais qui m’a laissé quelque peu sur ma faim.
Le dessin, simple, parfois proche du crobar amélioré, est lisible et efficace. On y retrouve quelques accointances avec le trait de Tardi (rapprochement accentué par le ton un peu ironique et vachard adopté par ce récit).
Nous suivons quelques groupes/familles de personnages durant le printemps et l’été 1940, essentiellement durant l’exode devant l’avancée des troupes allemandes. Le casting comprend surtout des membres de la grande bourgeoisie, du tout Paris. C’est l’occasion de dépeindre certaines préventions de classe, certaines grandes lâchetés drapées dans un courage fuyons d’opérette. Certains passages tournant en ridicule quelques protagonistes sont jouissifs (comme l’humour noir autour du curé, massacré par les gamins qu’il prétendait sauver).
Mais il y a aussi des longueurs, et surtout les va-et-vient de plus en plus rapides entre les différents personnages hachent un peu le récit. Je ne connais pas le roman d’origine, et ne sais donc pas si ce problème vient de l’adaptation, mais cela manque parfois de liant.
Reste une peinture sarcastique d’un milieu et d’un moment, vraiment peu glorieux. A compléter, pour le côté burlesque et piteux de l’exode, par La Déconfiture de Rabaté.
Un documentaire parlant de deux psychiatres qui ont eu une influence sur les comics. Le premier, Fredric Wertham, en écrivant un livre sur le danger supposé des comics, et le second, William Moulton Marston, en créant la plus célèbre des super-héroïnes, à savoir Wonder Woman.
Lire la vie de ses deux hommes est intéressant car ils ont tous deux une vie bien riche qui ne se résume pas qu'à leur travail sur les comics books ou dans l'industrie elle-même. Les auteurs évitent de faire dans du manichéisme en montrant que les deux hommes avaient leurs bons et leurs mauvais points. En fait, Wertham aurait pu finir avec une réputation d'homme en avance sur son temps s'il avait continué à s'occuper des vétérans de l'armée et à combattre la ségrégation raciale et qu'il avait laissé les comics tranquilles.
On n'échappe pas aux problèmes récurrents des biographiques en BD, à savoir que l'on survole une suite d'anecdotes et que des éléments auraient pu être plus approfondis. Le dessin est correct, mais je trouve que le lettrage est parfois un peu trop petit.
Pas mal comme BD, mais j'avoue avoir été légèrement déçu au sortir de ma lecture. Le début annonce vite la couleur, avec ce travailleur qui se fait retirer le permis et perd ainsi son emploi, lui qui se sent incapable de faire autre chose. Mais en tant qu'habitant des quartiers, et serbe de surcroit, il côtoie beaucoup de monde. Et pas du beau ...
C'est un récit qui sent le béton des cités, il n'y a pas à dire. Je n'ai aucune connaissance de ces lieux dans lesquels je n'ai jamais vécu et où je ne suis jamais allé, mais on sent ici la misère sociale et les combines de partout. Je ne sais pas si c'est représentatif, mais ça donne très peu envie d'y aller. Surtout que le récit va dévoiler tout les trafics qui peuvent s'opérer sur place, c'est assez édifiant.
Le récit commence donc avec ce type qui devient indic contre sa volonté, harponné par un flic qui ne fait pas trop dans les règles et veut avoir des coups d'éclats. Puis Gost se rend compte qu'il peut se prendre au jeu pour se faire de l'argent, petit à petit, jouant un jeu bien dangereux. Le tout entraine rapidement dans les arcanes des indics de la police, des trafics en tout genre, avec les différences d'ethnies et de nationalités qui les fédèrent.
Le récit est centré sur ses personnages, explorant d'une part le fonctionnement de la Police (et les soucis qui vont avec) tandis que l'autre partie présente les cités, les trafics et les différentes strates du banditisme (des simples exécutants au têtes pensantes). L'ensemble prend aussi le temps de présenter la vie de famille d'un gars simple et ordinaire, notamment la question de sa famille et de sa fille. C'est un ensemble assez dense qui est présenté.
Et pourtant, au sortir de ma lecture je dois dire que j'ai trouvé l'ensemble curieusement "léger". L'histoire suit un déroulé pas franchement riche en rebondissement et si plusieurs passages sont plus orientés polar, ça reste assez souvent basique dans l'exécution. Il n'y a pas de surprises, je trouve, notamment dans les caractères des personnages qui évoluent peu. Le mutisme de Goran joue également contre lui, rendant le personnage assez peu intéressant. C'est surtout les scènes familiales qui m'ont semblé rajouter de l'épaisseur.
En somme, une BD sur un sujet intéressant, pas excessivement traité dans le domaine, mais dont l'ensemble manque de quelque chose qui le rende réellement marquant. En l'état, ça m'a paru bon mais pas indispensable comme lecture.
Après avoir lu le décevant Sunlight, je reviens à la collection Flesh & Bones de Glénat, et c'est un peu meilleur. D'une part, le scénario de Sylvain Runberg, sans être d'une originalité folle, se révèle d'une belle efficacité, et surtout, le dessin de Chee Yang Ong est vraiment magnifique ! Son trait extrêmement réaliste nous offre une élégance qui fait plaisir à contempler.
Au niveau du scénario, malgré des personnages assez interchangeables (j'ai parfois eu du mal à bien en distinguer certains), le récit plonge à fond dans le mystère, dans une première moitié particulièrement convaincante. Puis, comme c'est souvent le cas, quand la nature de la menace commence à se préciser, le récit a tendance à retomber un peu. Il ne tombe clairement pas assez bas, et reste de qualité jusqu'à la fin, mais on revient sur un terrain un peu plus connu, je trouve ça légèrement dommage.
Malgré ça, ça se laisse lire avec un vrai plaisir. L'atmosphère est prenante, et on tourne les pages sans jamais se forcer, en basculant peu à peu dans une horreur de plus en plus sanglante, bien aidé en cela par le somptueux dessin. Donc même si ça ne me restera sans doute pas des mois en mémoire, ça reste une bande dessinée très belle et agréable à lire. On prend toujours.
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Die! Die! Die!
Cette série commence sur une base qui m'a rebuté. Elle est dans une mouvance qui a marqué pas mal de comics depuis une trentaine d'années, celle des comics défouloir où la violence gore et le politiquement incorrect se tirent la bourre, comme dans la majorité des séries de Garth Ennis par exemple. Nombre d'entre elles jouent la carte de la dénonciation de la domination des élites sur le reste de l'humanité, et la banalisation des meurtres et des complots sanguinaires pour asseoir cette domination ou à l'inverse pour la combattre. Peu friand de ce genre, il me rebute d'autant plus quand il est utilisé de manière trop facile ou gratuite. C'est ce qui m'a dérangé dans les premiers chapitres de Die! Die! Die! : les héros y sont des tueurs à gages et autres espions mercenaires qui sèment la mort sur leur passage avec une facilité extravagante, leurs employeurs sont des salauds manipulateurs à la tête du pouvoir américain tellement au-dessus du monde que tout leur est permis, et rares sont les planches sans effusions de sang et membres déchiquetés. Toutefois, le sérieux relatif des premiers chapitres se voit peu à peu réhaussé de touches d'humour et d'une loufoquerie qui va devenir de plus en plus prégnante. Il va même s'y mêler des doses de science-fiction qui auraient paru incongrues si elles avaient été insérées dans les premières parties de l'histoire. A tel point que le dernier chapitre (non encore publié en France) tient même carrément de la SF désinvolte à la Invincible du même Robert Kirkman. Et c'est grâce à cette touche d'humour et d'une part d'humilité qui vient compenser les capacités trop exceptionnelles des protagonistes que j'ai pu finalement apprécier la série et y voir le divertissement qu'elle était. Ce n'est pas vraiment ma came mais j'ai lu l'intégrale avec un certain intérêt, notamment grâce à la bonne qualité de son dessin et grâce à sa narration impeccable quoique parfois un peu bavarde.
Le Teckel
Une série sympathique. Inégale mais sympathique. Le personnage du Teckel gagne en profondeur au fil des trois histoires, mais il garde à chaque fois ce qui fait le charme de cette série et de ce personnage : un côté vintage, comme si tout s’était arrêté aux années 1970, les années Pompidou/Giscard. Visuellement il ressemble à Jean-Pierre Marielle (le visage un chouia plus ovale). Il en a même les mimiques, les râleries que l’on retrouve dans certains rôles (je pense au marquis de Pontcallec dans « Que la fête commence »). Il m’a aussi fait penser par certains aspects au Jean Rochefort de « Les éléphants ça trompe énormément » (un personnage au aussi les traits de Michael Lonsdale). Bref, Bourhis a su créer un personnage typé, original, et franchement décalé – has been au possible. Autour de ce personnage improbable mais qu’il a su rendre crédible, Bourhis a développé plusieurs intrigues. Si tout se suit, chaque album raconte une histoire différente, dans laquelle on reconnait personnages célèbres et faits d’actualité. Dans le premier album, notre héros, Farkas, alias « Le Teckel », représentant en produits pharmaceutiques, nous introduit dans les magouilles d’un laboratoire qui n’est pas sans rappeler le scandale Servier. La fin tourne d’ailleurs un peu au polar. L’album suivant, penche encore plus vers le thriller plus ou moins humoristique. Quant au dernier tome, il voit Farkas devenir candidat aux élections présidentielles, marionnette échappant à son maître, dans une dénonciation des méthodes des communicants en politiques (on reconnait Hollande, Sarkozy entre autres) et autres magouilles politiciennes. Ce troisième album m’a fait penser à l’album Le Candidat de Louarn. Toujours aussi vieille France, Farkas se retrouve presque involontairement « à la mode ». Mais il est temps je pense de laisser Farkas, car là on atteint ses limites. Le voir donner le ton, c’est un peu l’utiliser à contre-emploi, lui qui n’est jamais aussi captivant que lorsqu’il incarne le passé qui ne veut pas disparaitre. Le dessin de Bourhis est intéressant, dynamique, simple et fluide. Je ne suis pas fan du changement de dessinateur en cours de série, et l’arrivée de Mardon dans le troisième album m’a un temps décontenancé. Mais son dessin est aussi adapté à ce genre de récit, et il est souvent très bon pour dessiner les gens ordinaires. Au final, une série originale, que j’ai eu plaisir à lire.
Le Royaume
Une série plaisante mais qui ne marque pas. J’ai emprunté la tête de série (trois premiers tomes), en me disant que je prendrais la suite si l’essai était concluant (une de mes médiathèques possède tous les albums, mais j’étais déjà très chargé). Finalement je pense sans doute m’arrêter là, car je trouve que déjà pointent certains tics et redites. C’est du moyen-âge de pacotille, mais je n’y ai pas retrouvé certains ingrédients qui m’avaient davantage captivé dans une série comme Johan et Pirlouit par exemple. Il y a pourtant quelques idées amusantes, mais pas assez piquantes, et surtout ça se renouvelle difficilement. Le gros balourd de forgeron en amoureux transi de l’héroïne, qui lui offre de lourdes fleurs en métal et se prend veste sur veste, je ne sais pas si ça dure jusqu’au huitième album, mais au bout de trois ça méritait d’évoluer davantage (seuls ses rivaux changent). Le gag des piafs qui parlent est amusant, mais je les aurais bien vu être vraiment trash ou hargneux, comme au début, où ils dénoncent, dénigrent, pourrissent la vie des autres de façon presque gratuite, au lieu de quoi leurs apparitions et dialogues semblent s’estomper et presque s’adoucir. Des albums qui se laissent lire sans problème, mais il leur manque un je ne sais quoi pour relever le plat, un humour plus prononcé, des intrigues plus surprenantes. Le dessin est fluide et dynamique, très lisible. Mais, lui aussi, il manque de profondeur, est avare de détails (les décors et même les personnages ne sont pas très fouillés) et est parfois inégal. Mais ça fait quand même bien le boulot. Une lecture d’emprunt.
Sprague
Comme pas mal de scénarios de Rodolphe, ça commence assez vite, assez bien, ça donne envie de tout lire et le final ne tient pas ses promesses. C'est regrettable, d'autant que je suis sûr qu'il y aurait eu moyen de faire bien mieux ! Pour quelques critiques que je partage, il me faudrait citer McClure, dont je partage globalement l'avis. J'ajouterais que l'histoire d'amour des deux protagonistes ne sert à rien dans la narration. Au final, l'un des deux n'aurait eu aucune relation que l'histoire n'en aurait pas été changée d'un iota. Du côté scénario aussi, je note des choses assez étranges. Comme par exemple l'intérêt de cette barrière, où les questionnements qu'il reste sur ce que ces Grands anciens ont fait. C'est dommage d'avoir posé autant de pistes et n'en explorer aucune, faute de temps dans les planches semble-t-il. Mais si il y a autant de critiques négatives qui surnagent, c'est que le début du récit était franchement bon et donnait envie de voir la suite. J'étais intéressé par ces personnes vivant au bord d'une mer retirée au loin. Et même les quelques idées finales (qui d'ailleurs m'ont rappelé ce qu'il a déjà produit dans L'Autre Monde) ne sont pas mauvaises en soi, c'est juste terriblement mal amené et très mal réalisé. La finesse manque, et le développement surtout, pour avoir un récit qui donne envie d'y revenir. Là, en l'état, c'est sympathique à lire et ça aurait bien mérité deux volumes je pense, mais c'est trop peu, trop court. Franchement dommage, le récit m'a intéressé très vite. J'aurais voulu aimer plus !
La Perle
Ce récit se lit très rapidement. Je le vois un peu comme une fable. Avec la moralité en final. J'ai bien aimé la représentation du vice humain et le malheur qui s'en découle. Je recommande sa lecture mais n'en ferais pas l'achat...
Victory parade
Le résumé fait référence à Otto Dix, peintre allemand expressionniste que je ne connaissais que de nom et c'est vrai qu'il y a un air de ressemblance avec le style de l'américaine Leela Corman dans cet album. De l'aquarelle, des visages marqués et un peu d'onirisme dans certaines pages où l'héroïne a l'imagination qui vagabonde. Le contexte historique est intéressant, l'arrière du front en 1943, ces femmes qui bossaient à l'usine pour alimenter la guerre en matériel. On y voit l'absence des hommes et la sororité forte qui les unit au quotidien face à ceux qui restent, souvent sexistes en puissance quand on voit les remarques qu'elles subissent à chaque coin de rue. Cela fait longtemps que je n'avais pas lu un album chez Ça et Là, celui-ci est un bon choix.
Suite Française
Une lecture sympathique, mais qui m’a laissé quelque peu sur ma faim. Le dessin, simple, parfois proche du crobar amélioré, est lisible et efficace. On y retrouve quelques accointances avec le trait de Tardi (rapprochement accentué par le ton un peu ironique et vachard adopté par ce récit). Nous suivons quelques groupes/familles de personnages durant le printemps et l’été 1940, essentiellement durant l’exode devant l’avancée des troupes allemandes. Le casting comprend surtout des membres de la grande bourgeoisie, du tout Paris. C’est l’occasion de dépeindre certaines préventions de classe, certaines grandes lâchetés drapées dans un courage fuyons d’opérette. Certains passages tournant en ridicule quelques protagonistes sont jouissifs (comme l’humour noir autour du curé, massacré par les gamins qu’il prétendait sauver). Mais il y a aussi des longueurs, et surtout les va-et-vient de plus en plus rapides entre les différents personnages hachent un peu le récit. Je ne connais pas le roman d’origine, et ne sais donc pas si ce problème vient de l’adaptation, mais cela manque parfois de liant. Reste une peinture sarcastique d’un milieu et d’un moment, vraiment peu glorieux. A compléter, pour le côté burlesque et piteux de l’exode, par La Déconfiture de Rabaté.
Fredric, William et l'Amazone
Un documentaire parlant de deux psychiatres qui ont eu une influence sur les comics. Le premier, Fredric Wertham, en écrivant un livre sur le danger supposé des comics, et le second, William Moulton Marston, en créant la plus célèbre des super-héroïnes, à savoir Wonder Woman. Lire la vie de ses deux hommes est intéressant car ils ont tous deux une vie bien riche qui ne se résume pas qu'à leur travail sur les comics books ou dans l'industrie elle-même. Les auteurs évitent de faire dans du manichéisme en montrant que les deux hommes avaient leurs bons et leurs mauvais points. En fait, Wertham aurait pu finir avec une réputation d'homme en avance sur son temps s'il avait continué à s'occuper des vétérans de l'armée et à combattre la ségrégation raciale et qu'il avait laissé les comics tranquilles. On n'échappe pas aux problèmes récurrents des biographiques en BD, à savoir que l'on survole une suite d'anecdotes et que des éléments auraient pu être plus approfondis. Le dessin est correct, mais je trouve que le lettrage est parfois un peu trop petit.
GoSt111
Pas mal comme BD, mais j'avoue avoir été légèrement déçu au sortir de ma lecture. Le début annonce vite la couleur, avec ce travailleur qui se fait retirer le permis et perd ainsi son emploi, lui qui se sent incapable de faire autre chose. Mais en tant qu'habitant des quartiers, et serbe de surcroit, il côtoie beaucoup de monde. Et pas du beau ... C'est un récit qui sent le béton des cités, il n'y a pas à dire. Je n'ai aucune connaissance de ces lieux dans lesquels je n'ai jamais vécu et où je ne suis jamais allé, mais on sent ici la misère sociale et les combines de partout. Je ne sais pas si c'est représentatif, mais ça donne très peu envie d'y aller. Surtout que le récit va dévoiler tout les trafics qui peuvent s'opérer sur place, c'est assez édifiant. Le récit commence donc avec ce type qui devient indic contre sa volonté, harponné par un flic qui ne fait pas trop dans les règles et veut avoir des coups d'éclats. Puis Gost se rend compte qu'il peut se prendre au jeu pour se faire de l'argent, petit à petit, jouant un jeu bien dangereux. Le tout entraine rapidement dans les arcanes des indics de la police, des trafics en tout genre, avec les différences d'ethnies et de nationalités qui les fédèrent. Le récit est centré sur ses personnages, explorant d'une part le fonctionnement de la Police (et les soucis qui vont avec) tandis que l'autre partie présente les cités, les trafics et les différentes strates du banditisme (des simples exécutants au têtes pensantes). L'ensemble prend aussi le temps de présenter la vie de famille d'un gars simple et ordinaire, notamment la question de sa famille et de sa fille. C'est un ensemble assez dense qui est présenté. Et pourtant, au sortir de ma lecture je dois dire que j'ai trouvé l'ensemble curieusement "léger". L'histoire suit un déroulé pas franchement riche en rebondissement et si plusieurs passages sont plus orientés polar, ça reste assez souvent basique dans l'exécution. Il n'y a pas de surprises, je trouve, notamment dans les caractères des personnages qui évoluent peu. Le mutisme de Goran joue également contre lui, rendant le personnage assez peu intéressant. C'est surtout les scènes familiales qui m'ont semblé rajouter de l'épaisseur. En somme, une BD sur un sujet intéressant, pas excessivement traité dans le domaine, mais dont l'ensemble manque de quelque chose qui le rende réellement marquant. En l'état, ça m'a paru bon mais pas indispensable comme lecture.
Sonar
Après avoir lu le décevant Sunlight, je reviens à la collection Flesh & Bones de Glénat, et c'est un peu meilleur. D'une part, le scénario de Sylvain Runberg, sans être d'une originalité folle, se révèle d'une belle efficacité, et surtout, le dessin de Chee Yang Ong est vraiment magnifique ! Son trait extrêmement réaliste nous offre une élégance qui fait plaisir à contempler. Au niveau du scénario, malgré des personnages assez interchangeables (j'ai parfois eu du mal à bien en distinguer certains), le récit plonge à fond dans le mystère, dans une première moitié particulièrement convaincante. Puis, comme c'est souvent le cas, quand la nature de la menace commence à se préciser, le récit a tendance à retomber un peu. Il ne tombe clairement pas assez bas, et reste de qualité jusqu'à la fin, mais on revient sur un terrain un peu plus connu, je trouve ça légèrement dommage. Malgré ça, ça se laisse lire avec un vrai plaisir. L'atmosphère est prenante, et on tourne les pages sans jamais se forcer, en basculant peu à peu dans une horreur de plus en plus sanglante, bien aidé en cela par le somptueux dessin. Donc même si ça ne me restera sans doute pas des mois en mémoire, ça reste une bande dessinée très belle et agréable à lire. On prend toujours.