Si l’on s’attend rarement à tomber sur une pépite quand il est question d’ouvrages collectifs présentant des histoires courtes, « Le Père-Lachaise » constitue globalement une lecture plaisante. Quiconque ayant mis les pieds dans ce cimetière emblématique de la capitale, également charmant lieu de promenade, prendra plaisir à découvrir des anecdotes intéressantes sur leurs célèbres « résidents », anecdotes qui parfois se sont transformées en légendes flirtant avec les superstitions.
Pour chaque chapitre du livre, dont la narration est chapeautée par Sébastien Floc’h, c’est un maître de cérémonie habitué des lieux, un chat noir bien vivant celui-là, qui de son pas feutré va dénicher pour nous les secrets derrière ces tombes silencieuses, apportant à l'ensemble une jolie note poétique. Et comme à tout seigneur, tout honneur, à celui qui a donné son nom au site que sera dédié le premier chapitre, François d’Aix de La Chaize, ayant vécu au XVIIe siècle. On y apprend que celui-ci, simple jésuite s’étant enrichi grâce à sa position privilégiée aux côtés de Louis XIV, avait fait construire à l’emplacement même du cimetière actuel (dénommé à l’époque le Mont-Louis) une demeure luxueuse entourée de jardins à la française. Cent ans après sa mort, le site fut transformé en la nécropole que l’on connaît aujourd’hui.
Quelques allées plus loin, on découvrira les biographies, au format incompressible de sept pages, des plus illustres résidents, dont Honoré de Balzac, Frédéric Chopin, Alfred de Musset, Allan Kardec, Oscar Wilde, Sarah Bernhardt et bien entendu Jim Morrison, qui fait l’objet d’un véritable culte de la part des fans du « Roi Lézard ». Moins connu, le gisant représentant Victor Noir, républicain antibonarpartiste au destin tragique, fait pourtant l’objet d’une certaine vénération des visiteurs et particulièrement des visiteuses, notamment en raison de son sexe protubérant (eh oui, je savais bien que vous en aviez entendu parler…).
Le choix des dessinateurs est plutôt convaincant. La plupart appartiennent à un courant privilégiant l’indépendance artistique et ont déjà apporté à maintes reprises la preuve de leur talent. Dans cette belle échappée funéraire, et bien évidemment jamais plombante (faut-il vraiment le préciser ?), on retiendra surtout Nancy Peña, Sagar, Terkel Risbjerg, Sylvain Dorange, David François, Fabio Mancini, Enrique Corominas et Grazia La Padula.
Doté d’une très belle couverture (de Corominas), « Le Père-Lachaise » donnera à coup sûr envie aux amateurs d’Histoire, d’art et de littérature, de découvrir ou redécouvrir le lieu, voire — pourquoi pas ? — de déposer une fleur sur une tombe, tandis que d’autres pourraient avoir simplement envie de vérifier certains des points évoqués dans l’ouvrage… et honni soit qui mal y pense !
Je commence à être familier du style graphique de Zeina Abirached, et j’apprécie toujours autant son dessin très stylisé, à la fois « décoratif » et original.
Je commence aussi à connaître son univers biographique, sa vision de Beyrouth, au cœur de quasiment tous ses albums.
Ici, je suis sorti sur ma faim du récit. Il mêle deux histoires. Une, haute en symbole et a priori intéressante, autour de la double culture (arabe et française), des différences entre les deux langues. L’autre – qui donne son titre à l’album – autour d’un homme qui a passé toute sa vie à accorder des pianos, et qui a créé un piano capable de permettre de jouer de la musique orientale et la musique classique occidentale, par un simple jeu de pédales.
Si ce piano « bilingue » permet de faire un parallèle avec l’autre histoire, cette partie de l’album se révèle un peu longuette et accouche un peu d’une souris. Sans doute l'autre pan de l'histoire aurait-il mérité d'accaparer l'essentiel de l'intrigue.
Note réelle 2,5/5.
C'est du Lewis Trondheim pour les jeunes ce qui veut dire que c'est imaginatif et créatif, mais avec un humour qui ne s'adresse pas trop à moi.
Une originalité est qu'on suit un personnage différent à chaque tome et cela forme un tout cohérent. Je suis tout de même un peu déçu que le quatrième tome me semble un peu plus en retrait des autres albums, le président de la république ne partageant que quelques pages avec les autres protagonistes et une grosse partie de son propre album semble se passer dans un récit différent du reste. J'ai préféré le troisième tome qui possède une poésie que j'aime bien et qui parle de sujet plus grave que les autres albums qui sont plus enfantins. L'humour est léger et le dessin est vraiment le genre de style que j'aime retrouver dans une BD jeunesse.
En gros, ce sont des albums que je recommanderais aux parents. Les histoires sont simples et se lisent assez vite.
Heureusement que j'avais entre les mains la série au complet parce que si je n'avais lu que le premier tome, j'aurais surement abandonné et mis 2 étoiles.
Le premier tome est effectivement une longue introduction d'un scénario qui n'est pas des plus originaux à commencer par le duo d'héroïne: une est une rebelle qui connait la vérité sur les malveillances des puissants alors que l'autre est naïve et croit ce que le pouvoir religieux corrompus lui a dit. Ajoutons qu'en plus je ne suis pas trop fan de ce style de dessin fait à l'informatique que je trouve un peu moche et pas très lisible sur certaines cases. Puis j'ai quand même décidé de lire la suite et là j'ai mieux accroché. Il y a des éléments un peu plus intéressant comme l'arrivée d'un personnage dont on ne sait pas trop dans quel camp il est ce qui apporte du suspense au récit qui m'a semblé cousue de fil blanc durant tout le long du premier tome. Le troisième tome continue sur la lancé du second tome et ce tome est aussi globalement bon malgré un dénouement un peu trop vite rapide à mon gout.
Au fil, c'est pas trop mal même si je n'ai pas réussi à aimer le dessin. Une série à emprunter à la bibliothèque.
Avec cet épais album, Shigeru Mizuki relate un des multiples épisodes meurtriers de la seconde guerre mondiale dans le Pacifique, conflit auquel il a participé.
Malgré la pagination importante, l’album se lit relativement rapidement. Une lecture pas désagréable, mais dont je suis sorti avec un ressenti mitigé.
En effet, Mizuki mélange pas mal les genres, dans un récit dont j’imaginais qu’il n’allait être que guerrier et réaliste, accumulation de faits d’arme et d’horreurs, comme dans Peleliu - Guernica of Paradise.
En fait ça n’est pas exactement le traitement choisi par Mizuki. D’abord parce qu’il n’hésite pas à placer pas mal de scènes un peu grotesques et un peu humoristiques (les nombreuses baffes distribuées par des officiers à leurs soldats par exemple, la routine ridicule des débuts, etc).
Ensuite et surtout parce que Mizuki, en donnant à ses personnages des têtes ovoïdes peu réalistes, au milieu de décors naturels, d’armes, d’avions qui sont, eux, très réalistes, atténue fortement par ce contraste la violence et le réalisme général de la guerre. Si ça passe lorsqu’il développe des histoires autour de Yokaï et autres personnages du folklore japonais dans d’autres séries, je ne suis pas sûr qu’ici l’effet soit toujours heureux.
De plus, on se débarrasse rapidement de plein de personnages/soldats sans que l’auteur nous ait permis de nous attacher à eux.
Autant les dernières réalisations de Matt Kindt m'avaient plu, autant là je ressors déçu de ce one-shot.
Amateur de SF, le pitch de cet album avait tout pour me plaire : Robin, jeune grand reporter s'embarque avec une mission militaire pour Terminus, une station isolée dans une autre dimension. La mission vire au fiasco, voire au cauchemar et Robin doit passer en mode survie sur ce monde hostile.
Sauf que tout cela manque cruellement de crédibilité sur pas mal de points, même pour de la SF. Que ce soit la facilité qu'elle a à apprendre et parler le langage local, à échapper à ses poursuivants, ou encore à s’accoutumer à la nourriture extra-dimensionnelle, ça fait beaucoup.
Ajoutez à cela cette inspiration lovecraftienne pour la grandiloquence et l'indicible, mais sans le talent du maître du genre, ça commence à faire pas mal de remarques qui plombent l'appréciation.
Dommage, car le petit côté vintage du dessin et de la colorisation sont fort appréciables ; certaines planches sont même des plus réussies. Mais le graphisme ne fait pas tout, une bonne histoire ça aide...
(2.5/5)
J'ai plutôt bien aimé ce conte très noir.
Tout y est glauque mais avec une certaine élégance. Contexte de guerre de tranchées où il ne reste presque plus de survivants dans un décor ravagé, huis clos d'enfants désespérés qui ramènent des soldats blessés dans leur orphelinat pour les tuer et les manger, yeux arrachés par le chef des gamins, un psychopathe complet et mégalo, et enfin une grosse part de magie avec les âmes des orphelins morts qui se réincarnent dans des poupées animées une fois leurs yeux remis en place... sans parler d'un gros nounours surgi de l'enfer, qu'on croirait inspiré des créatures de Five nights at Freddy's. C'est sinistre et cela emprunte grandement au genre de l'horreur mais en même temps il y a une certaine beauté qui émane en particulier du graphisme, et aussi presque une petite touche sarcastique notamment dans la manière dont l'antagoniste principal est aussi affreux que ridicule, ou dans la mort des soldats victimes des enfants.
L'histoire est relativement simple si on cherche à la résumer mais le dessin et la mise en scène la mettent en valeur et réussissent à créer une très bonne ambiance, aussi glaçante que captivante. Je regrette juste quelques aspects un peu attendus de ce type de récit, un léger manque d'originalité sur le fond, mais sinon je trouve que c'est une bonne BD.
Il y a quelques années, j’avais déjà pu goûter à l’association Marvel + Zombies. Une série qui se prenait rapidement les pieds dans le tapis.
Ce recueil en est le prolongement mais sans chronologie particulière ni événements à connaître absolument. Il compile juste de courts récits (plutôt très anecdotiques) dans cet univers. Chaque histoire mettra en avant un héros face à ce phénomène.
J’ai lu l’album il y a quelques jours et j’ai déjà bien du mal à me rappeler de la plupart des récits. Il n’y a que ceux avec les FF, Blade, celui au Japon et 2, 3 autres qui ont un petit intérêt, les autres sont assez sommaires dans leur développement.
Néanmoins ma lecture n’a pas été si désagréable. Dans la plupart des cas, on reste bien emporté par la partie graphique, le parti pris de ce N&B mâtiné de rouge se révèle esthétique et cohérent avec le thème.
Une œuvre limitée mais qui se lit sans difficulté.
Estelle Dumas s’est fortement inspirée de son expérience pour bâtir ce récit (Isabelle est son alter ego, et elle explique en fin d’album les faits et personnages ayant servi de modèle).
Cette expérience a aussi donné lieu à un film documentaire – que je n’ai pas vu.
Les guerres consécutives à l’éclatement de la Yougoslavie dans les années 1990, et en particulier le siège de Sarajevo et des zones bosniaques par les Serbes ont donné lieu à de nombreux albums, plus ou moins développés et intéressant (Gorazde, Fax de Sarajevo ou Sarajevo-Tango, pour rester sur des albums que j’ai déjà lus). Je dirais que cet album se situe dans une moyenne un chouia décevante.
En fait, certains partis pris scénaristiques et graphiques m’ont un peu gêné. D’abord c’est beaucoup trop centré sur le personnage d’Estelle/Isabelle. Elle accapare trop l’attention, au détriment d’une explication plus poussée de la situation (tout n’est pas clair et expliqué pour qui ne connaitrait pas la situation locale de l’époque !). Et Isabelle est parfois horripilante.
Ensuite le dessin – pas désagréable au demeurant, n’est pas toujours très clair, en particulier pour les personnages, avec pas mal de visages se ressemblant. En particulier ceux d’Isabelle et de Tara : la première fois que l’on est passé de l’une à l’autre je n’ai rien compris, jusqu’à ce que je me rende compte de ma méprise au bout de quelques pages.
Bon, ces remarques mises à part, c’est quand même une illustration – même si elle est imparfaite et partielle – d’une dure réalité, en particulier vue du côté des humanitaires, qui devaient user du système D pour faire parvenir aux Bosniaques sous le feu serbe nourriture et soutien moral.
Cambrioleurs de père en fils... et en fille. Cassiopée est une jeune collégienne qui a été éduquée toute sa vie à être une cambrioleuse hors-pair, aussi douée pour la voltige et l'escalade que pour le piratage informatique. Vivant seule avec son grand frère depuis la mort de leur père, ils vont de pays en pays en fonction de leurs contrats et viennent de revenir à Paris, ville de naissance de Cassiopée. Tandis qu'elle s'intègre dans son nouveau collège, devant faire face à une bande de harceleurs, elle est aussi confrontée à une machination mettant en danger sa famille dans le cadre de leur dernier contrat en date.
Cassiopée est une série jeunesse destinées au pré-ados du collège. C'est une série d'action à mi-chemin entre des histoires sérieuses dans un décor réaliste avec de vrais dangers, et un sens plus léger de jeune héroïne surdouée qui vit de vraies aventures en secret. Il faut en effet accepter le concept d'une fille aussi jeune et aussi talentueuse, capable de tout faire comme une super cambrioleuse, entre Catwoman, Cat's Eyes et... Fantomette pour les plus anciens.
Le dessin de Luisa Russo est d'influence manga. Cela a ses avantages - un style dynamique qui parle bien aux jeunes lecteurs et des visages réussis et expressifs - et ses défauts - des décors raides laissant un sentiment de vide et des perspectives parfois très ratées comme dans la scène finale du pemier tome.
L'intrigue elle-même parait très jeune, avec un nombre de clichés au goût d'immaturité. L'histoire de harcèlement a collège est caricaturale et bourrée de facilités, de réactions peu crédibles des personnages et de raccourcis. Les intrigues de cambriolage, elles, ont davantage le bénéfice de leur côté aventureux et d'un concept de départ qui laisse plus de liberté et moins d'obligation de crédibilité. Le rythme narratif est bon et on se laisse plutôt prendre au jeu si l'on passe outre les facilités parfois irritantes. J'apprécie notamment la personnalité de l'héroïne, avec des valeurs et une bonne manière de les appréhender.
Ça peut être le début d'une sympathique série jeunesse mais elle va devoir approfondir un peu son scénario et éviter les clichés pour convaincre davantage.
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Le Père-Lachaise - Légendes, célébrités et sépultures insolites
Si l’on s’attend rarement à tomber sur une pépite quand il est question d’ouvrages collectifs présentant des histoires courtes, « Le Père-Lachaise » constitue globalement une lecture plaisante. Quiconque ayant mis les pieds dans ce cimetière emblématique de la capitale, également charmant lieu de promenade, prendra plaisir à découvrir des anecdotes intéressantes sur leurs célèbres « résidents », anecdotes qui parfois se sont transformées en légendes flirtant avec les superstitions. Pour chaque chapitre du livre, dont la narration est chapeautée par Sébastien Floc’h, c’est un maître de cérémonie habitué des lieux, un chat noir bien vivant celui-là, qui de son pas feutré va dénicher pour nous les secrets derrière ces tombes silencieuses, apportant à l'ensemble une jolie note poétique. Et comme à tout seigneur, tout honneur, à celui qui a donné son nom au site que sera dédié le premier chapitre, François d’Aix de La Chaize, ayant vécu au XVIIe siècle. On y apprend que celui-ci, simple jésuite s’étant enrichi grâce à sa position privilégiée aux côtés de Louis XIV, avait fait construire à l’emplacement même du cimetière actuel (dénommé à l’époque le Mont-Louis) une demeure luxueuse entourée de jardins à la française. Cent ans après sa mort, le site fut transformé en la nécropole que l’on connaît aujourd’hui. Quelques allées plus loin, on découvrira les biographies, au format incompressible de sept pages, des plus illustres résidents, dont Honoré de Balzac, Frédéric Chopin, Alfred de Musset, Allan Kardec, Oscar Wilde, Sarah Bernhardt et bien entendu Jim Morrison, qui fait l’objet d’un véritable culte de la part des fans du « Roi Lézard ». Moins connu, le gisant représentant Victor Noir, républicain antibonarpartiste au destin tragique, fait pourtant l’objet d’une certaine vénération des visiteurs et particulièrement des visiteuses, notamment en raison de son sexe protubérant (eh oui, je savais bien que vous en aviez entendu parler…). Le choix des dessinateurs est plutôt convaincant. La plupart appartiennent à un courant privilégiant l’indépendance artistique et ont déjà apporté à maintes reprises la preuve de leur talent. Dans cette belle échappée funéraire, et bien évidemment jamais plombante (faut-il vraiment le préciser ?), on retiendra surtout Nancy Peña, Sagar, Terkel Risbjerg, Sylvain Dorange, David François, Fabio Mancini, Enrique Corominas et Grazia La Padula. Doté d’une très belle couverture (de Corominas), « Le Père-Lachaise » donnera à coup sûr envie aux amateurs d’Histoire, d’art et de littérature, de découvrir ou redécouvrir le lieu, voire — pourquoi pas ? — de déposer une fleur sur une tombe, tandis que d’autres pourraient avoir simplement envie de vérifier certains des points évoqués dans l’ouvrage… et honni soit qui mal y pense !
Le Piano Oriental
Je commence à être familier du style graphique de Zeina Abirached, et j’apprécie toujours autant son dessin très stylisé, à la fois « décoratif » et original. Je commence aussi à connaître son univers biographique, sa vision de Beyrouth, au cœur de quasiment tous ses albums. Ici, je suis sorti sur ma faim du récit. Il mêle deux histoires. Une, haute en symbole et a priori intéressante, autour de la double culture (arabe et française), des différences entre les deux langues. L’autre – qui donne son titre à l’album – autour d’un homme qui a passé toute sa vie à accorder des pianos, et qui a créé un piano capable de permettre de jouer de la musique orientale et la musique classique occidentale, par un simple jeu de pédales. Si ce piano « bilingue » permet de faire un parallèle avec l’autre histoire, cette partie de l’album se révèle un peu longuette et accouche un peu d’une souris. Sans doute l'autre pan de l'histoire aurait-il mérité d'accaparer l'essentiel de l'intrigue. Note réelle 2,5/5.
Chassé-croisé au Val Doré
C'est du Lewis Trondheim pour les jeunes ce qui veut dire que c'est imaginatif et créatif, mais avec un humour qui ne s'adresse pas trop à moi. Une originalité est qu'on suit un personnage différent à chaque tome et cela forme un tout cohérent. Je suis tout de même un peu déçu que le quatrième tome me semble un peu plus en retrait des autres albums, le président de la république ne partageant que quelques pages avec les autres protagonistes et une grosse partie de son propre album semble se passer dans un récit différent du reste. J'ai préféré le troisième tome qui possède une poésie que j'aime bien et qui parle de sujet plus grave que les autres albums qui sont plus enfantins. L'humour est léger et le dessin est vraiment le genre de style que j'aime retrouver dans une BD jeunesse. En gros, ce sont des albums que je recommanderais aux parents. Les histoires sont simples et se lisent assez vite.
Invisible Kingdom
Heureusement que j'avais entre les mains la série au complet parce que si je n'avais lu que le premier tome, j'aurais surement abandonné et mis 2 étoiles. Le premier tome est effectivement une longue introduction d'un scénario qui n'est pas des plus originaux à commencer par le duo d'héroïne: une est une rebelle qui connait la vérité sur les malveillances des puissants alors que l'autre est naïve et croit ce que le pouvoir religieux corrompus lui a dit. Ajoutons qu'en plus je ne suis pas trop fan de ce style de dessin fait à l'informatique que je trouve un peu moche et pas très lisible sur certaines cases. Puis j'ai quand même décidé de lire la suite et là j'ai mieux accroché. Il y a des éléments un peu plus intéressant comme l'arrivée d'un personnage dont on ne sait pas trop dans quel camp il est ce qui apporte du suspense au récit qui m'a semblé cousue de fil blanc durant tout le long du premier tome. Le troisième tome continue sur la lancé du second tome et ce tome est aussi globalement bon malgré un dénouement un peu trop vite rapide à mon gout. Au fil, c'est pas trop mal même si je n'ai pas réussi à aimer le dessin. Une série à emprunter à la bibliothèque.
Opération Mort
Avec cet épais album, Shigeru Mizuki relate un des multiples épisodes meurtriers de la seconde guerre mondiale dans le Pacifique, conflit auquel il a participé. Malgré la pagination importante, l’album se lit relativement rapidement. Une lecture pas désagréable, mais dont je suis sorti avec un ressenti mitigé. En effet, Mizuki mélange pas mal les genres, dans un récit dont j’imaginais qu’il n’allait être que guerrier et réaliste, accumulation de faits d’arme et d’horreurs, comme dans Peleliu - Guernica of Paradise. En fait ça n’est pas exactement le traitement choisi par Mizuki. D’abord parce qu’il n’hésite pas à placer pas mal de scènes un peu grotesques et un peu humoristiques (les nombreuses baffes distribuées par des officiers à leurs soldats par exemple, la routine ridicule des débuts, etc). Ensuite et surtout parce que Mizuki, en donnant à ses personnages des têtes ovoïdes peu réalistes, au milieu de décors naturels, d’armes, d’avions qui sont, eux, très réalistes, atténue fortement par ce contraste la violence et le réalisme général de la guerre. Si ça passe lorsqu’il développe des histoires autour de Yokaï et autres personnages du folklore japonais dans d’autres séries, je ne suis pas sûr qu’ici l’effet soit toujours heureux. De plus, on se débarrasse rapidement de plein de personnages/soldats sans que l’auteur nous ait permis de nous attacher à eux.
Si vous lisez ça, je suis déjà morte...
Autant les dernières réalisations de Matt Kindt m'avaient plu, autant là je ressors déçu de ce one-shot. Amateur de SF, le pitch de cet album avait tout pour me plaire : Robin, jeune grand reporter s'embarque avec une mission militaire pour Terminus, une station isolée dans une autre dimension. La mission vire au fiasco, voire au cauchemar et Robin doit passer en mode survie sur ce monde hostile. Sauf que tout cela manque cruellement de crédibilité sur pas mal de points, même pour de la SF. Que ce soit la facilité qu'elle a à apprendre et parler le langage local, à échapper à ses poursuivants, ou encore à s’accoutumer à la nourriture extra-dimensionnelle, ça fait beaucoup. Ajoutez à cela cette inspiration lovecraftienne pour la grandiloquence et l'indicible, mais sans le talent du maître du genre, ça commence à faire pas mal de remarques qui plombent l'appréciation. Dommage, car le petit côté vintage du dessin et de la colorisation sont fort appréciables ; certaines planches sont même des plus réussies. Mais le graphisme ne fait pas tout, une bonne histoire ça aide... (2.5/5)
Les Yeux perdus
J'ai plutôt bien aimé ce conte très noir. Tout y est glauque mais avec une certaine élégance. Contexte de guerre de tranchées où il ne reste presque plus de survivants dans un décor ravagé, huis clos d'enfants désespérés qui ramènent des soldats blessés dans leur orphelinat pour les tuer et les manger, yeux arrachés par le chef des gamins, un psychopathe complet et mégalo, et enfin une grosse part de magie avec les âmes des orphelins morts qui se réincarnent dans des poupées animées une fois leurs yeux remis en place... sans parler d'un gros nounours surgi de l'enfer, qu'on croirait inspiré des créatures de Five nights at Freddy's. C'est sinistre et cela emprunte grandement au genre de l'horreur mais en même temps il y a une certaine beauté qui émane en particulier du graphisme, et aussi presque une petite touche sarcastique notamment dans la manière dont l'antagoniste principal est aussi affreux que ridicule, ou dans la mort des soldats victimes des enfants. L'histoire est relativement simple si on cherche à la résumer mais le dessin et la mise en scène la mettent en valeur et réussissent à créer une très bonne ambiance, aussi glaçante que captivante. Je regrette juste quelques aspects un peu attendus de ce type de récit, un léger manque d'originalité sur le fond, mais sinon je trouve que c'est une bonne BD.
Marvel Zombies - Black, White & Blood
Il y a quelques années, j’avais déjà pu goûter à l’association Marvel + Zombies. Une série qui se prenait rapidement les pieds dans le tapis. Ce recueil en est le prolongement mais sans chronologie particulière ni événements à connaître absolument. Il compile juste de courts récits (plutôt très anecdotiques) dans cet univers. Chaque histoire mettra en avant un héros face à ce phénomène. J’ai lu l’album il y a quelques jours et j’ai déjà bien du mal à me rappeler de la plupart des récits. Il n’y a que ceux avec les FF, Blade, celui au Japon et 2, 3 autres qui ont un petit intérêt, les autres sont assez sommaires dans leur développement. Néanmoins ma lecture n’a pas été si désagréable. Dans la plupart des cas, on reste bien emporté par la partie graphique, le parti pris de ce N&B mâtiné de rouge se révèle esthétique et cohérent avec le thème. Une œuvre limitée mais qui se lit sans difficulté.
Des bombes et des hommes
Estelle Dumas s’est fortement inspirée de son expérience pour bâtir ce récit (Isabelle est son alter ego, et elle explique en fin d’album les faits et personnages ayant servi de modèle). Cette expérience a aussi donné lieu à un film documentaire – que je n’ai pas vu. Les guerres consécutives à l’éclatement de la Yougoslavie dans les années 1990, et en particulier le siège de Sarajevo et des zones bosniaques par les Serbes ont donné lieu à de nombreux albums, plus ou moins développés et intéressant (Gorazde, Fax de Sarajevo ou Sarajevo-Tango, pour rester sur des albums que j’ai déjà lus). Je dirais que cet album se situe dans une moyenne un chouia décevante. En fait, certains partis pris scénaristiques et graphiques m’ont un peu gêné. D’abord c’est beaucoup trop centré sur le personnage d’Estelle/Isabelle. Elle accapare trop l’attention, au détriment d’une explication plus poussée de la situation (tout n’est pas clair et expliqué pour qui ne connaitrait pas la situation locale de l’époque !). Et Isabelle est parfois horripilante. Ensuite le dessin – pas désagréable au demeurant, n’est pas toujours très clair, en particulier pour les personnages, avec pas mal de visages se ressemblant. En particulier ceux d’Isabelle et de Tara : la première fois que l’on est passé de l’une à l’autre je n’ai rien compris, jusqu’à ce que je me rende compte de ma méprise au bout de quelques pages. Bon, ces remarques mises à part, c’est quand même une illustration – même si elle est imparfaite et partielle – d’une dure réalité, en particulier vue du côté des humanitaires, qui devaient user du système D pour faire parvenir aux Bosniaques sous le feu serbe nourriture et soutien moral.
Cassiopée
Cambrioleurs de père en fils... et en fille. Cassiopée est une jeune collégienne qui a été éduquée toute sa vie à être une cambrioleuse hors-pair, aussi douée pour la voltige et l'escalade que pour le piratage informatique. Vivant seule avec son grand frère depuis la mort de leur père, ils vont de pays en pays en fonction de leurs contrats et viennent de revenir à Paris, ville de naissance de Cassiopée. Tandis qu'elle s'intègre dans son nouveau collège, devant faire face à une bande de harceleurs, elle est aussi confrontée à une machination mettant en danger sa famille dans le cadre de leur dernier contrat en date. Cassiopée est une série jeunesse destinées au pré-ados du collège. C'est une série d'action à mi-chemin entre des histoires sérieuses dans un décor réaliste avec de vrais dangers, et un sens plus léger de jeune héroïne surdouée qui vit de vraies aventures en secret. Il faut en effet accepter le concept d'une fille aussi jeune et aussi talentueuse, capable de tout faire comme une super cambrioleuse, entre Catwoman, Cat's Eyes et... Fantomette pour les plus anciens. Le dessin de Luisa Russo est d'influence manga. Cela a ses avantages - un style dynamique qui parle bien aux jeunes lecteurs et des visages réussis et expressifs - et ses défauts - des décors raides laissant un sentiment de vide et des perspectives parfois très ratées comme dans la scène finale du pemier tome. L'intrigue elle-même parait très jeune, avec un nombre de clichés au goût d'immaturité. L'histoire de harcèlement a collège est caricaturale et bourrée de facilités, de réactions peu crédibles des personnages et de raccourcis. Les intrigues de cambriolage, elles, ont davantage le bénéfice de leur côté aventureux et d'un concept de départ qui laisse plus de liberté et moins d'obligation de crédibilité. Le rythme narratif est bon et on se laisse plutôt prendre au jeu si l'on passe outre les facilités parfois irritantes. J'apprécie notamment la personnalité de l'héroïne, avec des valeurs et une bonne manière de les appréhender. Ça peut être le début d'une sympathique série jeunesse mais elle va devoir approfondir un peu son scénario et éviter les clichés pour convaincre davantage.