Petite bluette légère et féministe à ne pas envoyer à un oncle retrograde. Ou comment saboter le patriarcat en 14 images !
Dessin au trait fin, une petite ombre grise, pas de contour de case, pas original mais fluide et efficace.
Comme souvent dans cette collection, mais encore plus ici, c'est la chute qui donne son sens à tout le reste.
C'est une de mes préférées parmi les BDàP. D'abord parce que son riche dessin nous emmène sur des territoires cauchemardesques et déroutants et parce que la chute m'a fait rire, ce qui n'est pas toujours le cas dans cette série.
J'ai acheté toute la série pour soutenir Rouquemoute éditions... Mais je ne sais pas si je me lance dans un avis pour chaque petit strip...ça va augmenter bien artificiellement mon nombre d'avis... Il me semble qu'on pourrait compter la collection comme une série.
C'est graphiquement parlant la BD la plus chiadée de Larcenet. D'abord, les visages y sont nettement plus "convaincants" que dans Blast, par exemple. Ensuite, le trait est super fin, contenant une foultitude de détails. On est proche de l'ombre chinoise. L'ambiance est très forte. Le visuel de ce monde désolé est d'une puissance sans trop d'égal. En tout cas ce qui peut se faire de mieux dans le genre. Le livre vous laisse des traces de cendres sur les doigts. Et l'emploi parcimonieux des couleurs ne fait qu'enfoncer d'avantage le clou. Non, rien à dire de ce point de vue.
Quant à l'adaptation, je n'ai trop rien à en dire, et d'abord parce qu'il s'agit d'une adaptation, justement, ce qui permet d'avoir les mains libres. Cela dit, d'après mes souvenirs, j'ai le sentiment que Larcenet a fait une traduction assez fidèle du roman dont il a préservé intégralement le climat de tension sourde.
Alors 3/5 parce que faut bien le reconnaitre, cette histoire est plombante. Aucun espoir, aucun rayon de soleil ne transpire des pages de ce pavé d'ombres et de cendres. Les personnages errent sans but réels et surtout sans jamais rencontrer la moindre trace d'humanité et de chaleur. Personnellement, j'ai besoin de lumière en ce moment histoire de chasser l'anxiété liée aux événements qui secouent la planète. D'ailleurs, au passage, puisqu'on parle de prendre La Route, j'en profite pour glisser que je suis allé voir hier soir le film Riverboom que je conseille à tout le monde : on en ressort avec la banane jusqu'aux oreilles, et une envie de voyager de ouf.
Bref ! Bonne BD, splendide de noirceur, mais qu'il faut aborder sévèrement harnaché. Pour moi, ce n'était juste pas le moment.
Bon, on a là une honnête adaptation d’un texte célèbre de Lovecraft. Le récit se laisse lire, même si je n’y ai pas retrouvé suffisamment la montée de tension, l’angoisse qui peu à peu étreint les personnages et le lecteur.
La faute essentiellement (mais pas que je pense) au dessin. Il est lisible, pas de problème là-dessus. Mais pas très fouillé, et surtout pas trop adapté à ce genre de récit. On le verrait davantage accompagner une aventure ordinaire à la Tintin, ou un récit d’humour franco-belge. Ce type de dessin désamorce trop l’ambiance angoissante que le texte de Lovecraft fait naître. Même remarque pour la colorisation, qui manque clairement de nuance, et qui peine à nous faire croire ce que les mots nous imposent.
Et je dois dire que la dernière chose qui m’a fait trouver très « moyenne » cette adaptation, c’est que je l’ai lue récemment, après avoir lu celle de Tanabe. Et là, désolé, la comparaison laisse loin derrière – au niveau du dessin surtout, mais pas seulement – celle de Culbard !
A réserver aux fans de l’auteur de Providence. Mais ceux qui ne la connaissent pas encore trouveront davantage leur compte dans la version de Tanabe.
Note réelle 2,5/5.
Je pense que je n'ai pas pris l'oeuvre de Peeters par le bon bout. J'ai commencé avec L'Homme gribouillé que j'ai beaucoup aimé mais dans lequel Peeters est au dessin et n'ai pas encore lu Pilules bleues qui a l'air d'être son ouvrage de référence. Cet album suit le quotidien d’un auteur de bande dessinée, avatar de Peeters, qui traverse des questionnements sur sa vie professionnelle et personnelle. Si certains aspects du récit sont intéressants, notamment les scènes familiales pleines d’humour et les réflexions sur la création artistique, j'ai sincèrement trouvé que cela manquait de profondeur. Les réflexions d’Oleg sur la création, la société, ou ses relations, ne vont pas vraiment au fond des choses. Le ton est introspectif, mais j’ai trouvé que cela manquait de substance.
Graphiquement, Peeters maîtrise toujours autant son trait, simple et efficace, en noir et blanc. Il y a une certaine fluidité dans la narration, mais au final, il m’a manqué ce petit quelque chose qui fait vraiment vibrer. Peut-être est-ce le fait que l’histoire tourne autour de thématiques très quotidiennes, presque banales, sans véritable enjeu dramatique fort. On suit la vie d’Oleg, mais on a du mal à s’y investir pleinement, comme si l’histoire ne décollait jamais vraiment.
Il est clair que Peeters sait raconter des tranches de vie avec un regard lucide et ironique, mais ici, cela donne l’impression de tourner en rond, de ne jamais aller au bout. Les personnages sont attachants, mais l’ensemble manque de profondeur et d’étonnement. Une lecture agréable, mais pas marquante. Vraie note 2,5
Album découvert grâce à l'avis de Noirdésir, je trouvais vraiment intéressant de lire a posteriori une dystopie de 2017 qui nous plonge dans un monde ultra-confiné suite à une pandémie (qui normalement doit vous rappeler quelque chose).
Ce récit d’anticipation écrit avant la pandémie de Covid résonne étrangement avec notre époque, bien que l’auteur s’inspire de l’épidémie d’Ebola pour créer cette dystopie.
L'album nous interroge forcément sur les notions de pouvoir, de surveillance et de résistance. Le traitement graphique en bichromie, avec ses nuances de rose et de gris en fonction ou pas de la supposée présence du virus, renforce l’atmosphère assez froide du récit, et j'ai personnellement trouvé le dessin assez cérébral mais peu dans le registre émotionnel, un peu frustrant au vu du scénario. La narration est fluide mais j'ai trouvé certains passages un peu creux et au final, je trouve qu'il manque quelque chose à l'intrigue pour vraiment m'accrocher. Il y a bien sûr une réflexion pertinente sur l’autoritarisme, mais qui ne révolutionne en rien les classiques du genre.
Ses résonances contemporaines restent intéressantes, mais son rythme inégal et ses personnages un peu froids m'ont laissé un peu sur la touche. Une lecture agréable mais pas marquante.
Ne connaissant pas encore Karibou, je ne le classe pas comme une référence (qu'il semble être) et m'autorise une comparaison pour mieux vous le situer : de la BD humoristique avec des gags d'une page, sur la bêtise humaine, à la manière de Faut pas prendre les cons pour des gens ou d'un FabCaro.
Côté humour, je situe d'ailleurs cette BD pile dans l'entre-deux. Elle est moins engagée et pertinente que la BD de Reuzé, contrairement à ce que les titres respectifs laissent paraître ; surtout parce que chaque camp social est moqué, certes l'un bien davantage que l'autre, et parce que le personnage du jeune Président est si caricaturalement hors de propos qu'il annihile toute possibilité de critique acerbe cohérente. Mais l'humour n'est pas non plus aussi déconnecté que chez Caro, où l'absurde voire le surréalisme écrase tout propos pour ne s'offrir que dans sa pleine immédiate gratuité.
Comme souvent avec l'humour, l'exigence s'élève et l'on juge la qualité de l'ensemble au regard de l'homogénéité, de la régularité des rires provoqués. Ici, force est de constater que les variations autour d'un même gag engendrent une regrettable redondance nuisible au sentiment général. On s'esclaffe ici ou là, mais un sentiment de déjà-vu domine.
Inversement, le genre pardonne aisément une moindre qualité d'illustrations et s’accommode volontiers du noir et blanc. Ici, le travail de Chavant est assez propre : sans doute un peu trop rigide côté décor, au sein d'une mise en page peu dynamique avec trop souvent des personnages récitant leur dialogue (la faute à un humour essentiellement contenu dans celui-ci), mais les personnages sont bien caractérisés, identifiables, les décors habilement définis pour immédiatement situer les espaces. Bref, peu de style, mais une belle propreté fluidifiant le propos, clarifiant les situations.
Certes pas un chef d’œuvre du genre, mais inutile de se priver de ce méchant petit plaisir.
Javier de Isusi est un auteur espagnol qui raconte plusieurs histoires d'exilés colombiens. Tous ont des témoignages assez horribles (viol, mort etc.) et on comprend très bien les raisons de leur exil comme beaucoup d'autres dans ce pays. A priori les différentes histoires n'ont pas de lien entre elles mais on découvre au fil des pages que si, car certains personnages sont liés. Tous sont déracinés, certains veulent retourner au pays un jour et d'autres font une croix dessus.
Joli dessin à l'aquarelle. Il s'agit de fiction mais c'est inspiré de réelles histoires. Pas renversant non plus et pas très "feel good", une lecture possible à l'occasion.
Pavé César !
Bon, cet avis-là risque de ne pas être simple. Astérix (et presque tous les habitants de ce village d’irréductibles gaulois) sont de véritables figures de la bande-dessinées franco-belge. Les personnages et leurs histoires sont très connus, même hors des pays francophones, presque tout le monde les a lus dans sa jeunesse et nombreuses sont les personnes qui continuent à l’âge adulte. Bref, Astérix est une véritable vedette de la bande-dessinée franco-belge (et même de la bande-dessinée tout court).
Et loin de moi l’idée de venir ici pour le descendre en flèche : j’aime énormément Astérix.
Pour tout dire, si je ne devais garder qu’une série de bande-dessinées franco-belge classique, je citerais sans doute Astérix.
C’est drôle, les textes sont bien écrits, les personnages attachants, leurs aventures entraînantes, …
Mais voilà, si j’ai bien compris le principe sur ce site, on doit juger les séries dans leur globalité, et c’est ce que je me dois de faire.
Alors commençons par le commencement.
Au tout début, Astérix, c’est simple, le dessin est un peu bateau (disons que ça cherche encore ses marques) mais l’humour est déjà présent. Pas aussi fin qu’à l’avenir, mais tout de même là.
Même si les premiers albums se lisent encore très bien, il faut reconnaître qu’ils ont un peu vieilli (surtout les trois premiers). Ils me font toujours rire (surtout celui chez les Goths) mais il n’empêche que je trouve que ce sont ceux qui ont le moins tenu l’épreuve du temps, surtout en ce qui concerne le rythme.
Si je devais baser mon avis uniquement sur cette période, je dirais que cela mériterait un 4 (bon, un 3,5 arrondi à 4).
Fort heureusement pour moi (et pour l’histoire), ça ne s’est pas arrêté là et, très rapidement, Goscinny et Uderzo ont su trouver leurs marques. Les albums s’enchaînent avec talent, les moins bons restent très biens, et l’on n’a pas l’impression que les auteurs se soient reposés sur leurs lauriers.
Bref, jusqu’à l’album chez les Belges, Astérix vit un véritable âge d’or, et si la série avait su s’arrêter-là j’aurais très certainement pu lui mettre 5 étoiles.
Mais voilà, la série ne s’est pas arrêtée-là.
A la mort de Goscinny, Uderzo est seul à la barre et décide de continuer.
Bon, au début ça va, j’ai tout de même apprécié Le Grand Fossé, mais c’est après que ça se corse. L’humour est moins fin, le rythme de la narration s’essouffle bien souvent et le tout fait un peu fatigué. Ça devient relativement une BD de supermarché, planplan et survendue.
J’aurais facilement pu mettre la note à 2 si toute la série avait été comme ça (voire 1, rien qu’à cause de l’innommable Le Ciel lui tombe sur la tête et le creux L’anniversaire d’Astérix et Obélix).
Sans doute pour ne pas finir la série sur une note si négative, de nouveaux auteurs ont été appelés pour redonner un vent nouveau à la série (si j’étais mauvaise langue, je dirais que c’était surtout pour cause de mercantilisme).
Cette période finale est assez inégale, les scénarios me semblent plus intéressants que les précédents sous Uderzo mais l’écriture n’égale pas un Goscinny. Ce n’est pas grave sur le papier, recopier parfaitement la plume d’un-e auteur-ice n’est pas chose aisée, mais là j’aurais presque préféré que l’on parte dans un tout autre style d’écriture. Parce que dans ces albums, j’ai parfois eu l’impression de ne lire que des copies ou en tout cas des essais de copies d’albums « à la Astérix ». J’en garde tout de même une petite affection (peut-être un plaisir coupable, je ne sais pas).
Allez, je garde espoir ! Et si la maison d’édition tient à continuer de publier de nouveaux Astérix, peut-être que l’on finira par atteindre une nouvelle ère intéressante dans l’histoire de la série (après tout, le dernier par Fabcaro a au moins eu le mérite de me faire sincèrement sourire – et même rire !).
De toute façon, on risque de voir encore le petit gaulois débarquer sur les étalages des supermarchés pendant un bon moment, alors autant garder l’espoir.
Je conclurai donc ma note sur cette série à 3 étoiles car, bien qu’elle contienne bon nombre d’excellents albums, ils côtoient tout de même des justes passables et des carrément médiocres.
2.5
Une biographie sur le chanteur Félix Leclerc, un des premiers artistes québécois qui a réussi à être connu en dehors de la province, qui m'a semblé moyenne.
En gros, il y a les moments marquants de la vie de Leclerc et comme l'album est une suite de grosses illustrations, l'auteur ne raconte que l'essentiel de la vie de Leclerc. On apprend autant en lisant cet album qu'en lisant la biographie du chanteur sur wikipédia. Rien n'est vraiment développé et tout est traité de manière superficielle. Je pense aussi que l'album a été fait en prenant uniquement en compte les lecteurs québécois ayant des connaissances d'histoire parce que je doute le lecteur européen lambda sait c'est quoi les événements d'Octobre 70 et sur quoi portait le référendum de 1980. On a aussi des extraits de l'œuvre de Leclerc et disons que les chansons, cela a moins d'impact lorsqu'il n'y a pas la voix du chanteur en accompagnement. Heureusement que ça se lit rapidement.
Sinon, le dessin est le style réaliste qui semble être constitué de collages que je n'aime pas du tout, mais je comprends que d'autres aiment.
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Un heureux événement
Petite bluette légère et féministe à ne pas envoyer à un oncle retrograde. Ou comment saboter le patriarcat en 14 images ! Dessin au trait fin, une petite ombre grise, pas de contour de case, pas original mais fluide et efficace. Comme souvent dans cette collection, mais encore plus ici, c'est la chute qui donne son sens à tout le reste.
Le Chat du ronin
C'est une de mes préférées parmi les BDàP. D'abord parce que son riche dessin nous emmène sur des territoires cauchemardesques et déroutants et parce que la chute m'a fait rire, ce qui n'est pas toujours le cas dans cette série. J'ai acheté toute la série pour soutenir Rouquemoute éditions... Mais je ne sais pas si je me lance dans un avis pour chaque petit strip...ça va augmenter bien artificiellement mon nombre d'avis... Il me semble qu'on pourrait compter la collection comme une série.
La Route
C'est graphiquement parlant la BD la plus chiadée de Larcenet. D'abord, les visages y sont nettement plus "convaincants" que dans Blast, par exemple. Ensuite, le trait est super fin, contenant une foultitude de détails. On est proche de l'ombre chinoise. L'ambiance est très forte. Le visuel de ce monde désolé est d'une puissance sans trop d'égal. En tout cas ce qui peut se faire de mieux dans le genre. Le livre vous laisse des traces de cendres sur les doigts. Et l'emploi parcimonieux des couleurs ne fait qu'enfoncer d'avantage le clou. Non, rien à dire de ce point de vue. Quant à l'adaptation, je n'ai trop rien à en dire, et d'abord parce qu'il s'agit d'une adaptation, justement, ce qui permet d'avoir les mains libres. Cela dit, d'après mes souvenirs, j'ai le sentiment que Larcenet a fait une traduction assez fidèle du roman dont il a préservé intégralement le climat de tension sourde. Alors 3/5 parce que faut bien le reconnaitre, cette histoire est plombante. Aucun espoir, aucun rayon de soleil ne transpire des pages de ce pavé d'ombres et de cendres. Les personnages errent sans but réels et surtout sans jamais rencontrer la moindre trace d'humanité et de chaleur. Personnellement, j'ai besoin de lumière en ce moment histoire de chasser l'anxiété liée aux événements qui secouent la planète. D'ailleurs, au passage, puisqu'on parle de prendre La Route, j'en profite pour glisser que je suis allé voir hier soir le film Riverboom que je conseille à tout le monde : on en ressort avec la banane jusqu'aux oreilles, et une envie de voyager de ouf. Bref ! Bonne BD, splendide de noirceur, mais qu'il faut aborder sévèrement harnaché. Pour moi, ce n'était juste pas le moment.
Les Montagnes Hallucinées
Bon, on a là une honnête adaptation d’un texte célèbre de Lovecraft. Le récit se laisse lire, même si je n’y ai pas retrouvé suffisamment la montée de tension, l’angoisse qui peu à peu étreint les personnages et le lecteur. La faute essentiellement (mais pas que je pense) au dessin. Il est lisible, pas de problème là-dessus. Mais pas très fouillé, et surtout pas trop adapté à ce genre de récit. On le verrait davantage accompagner une aventure ordinaire à la Tintin, ou un récit d’humour franco-belge. Ce type de dessin désamorce trop l’ambiance angoissante que le texte de Lovecraft fait naître. Même remarque pour la colorisation, qui manque clairement de nuance, et qui peine à nous faire croire ce que les mots nous imposent. Et je dois dire que la dernière chose qui m’a fait trouver très « moyenne » cette adaptation, c’est que je l’ai lue récemment, après avoir lu celle de Tanabe. Et là, désolé, la comparaison laisse loin derrière – au niveau du dessin surtout, mais pas seulement – celle de Culbard ! A réserver aux fans de l’auteur de Providence. Mais ceux qui ne la connaissent pas encore trouveront davantage leur compte dans la version de Tanabe. Note réelle 2,5/5.
Oleg
Je pense que je n'ai pas pris l'oeuvre de Peeters par le bon bout. J'ai commencé avec L'Homme gribouillé que j'ai beaucoup aimé mais dans lequel Peeters est au dessin et n'ai pas encore lu Pilules bleues qui a l'air d'être son ouvrage de référence. Cet album suit le quotidien d’un auteur de bande dessinée, avatar de Peeters, qui traverse des questionnements sur sa vie professionnelle et personnelle. Si certains aspects du récit sont intéressants, notamment les scènes familiales pleines d’humour et les réflexions sur la création artistique, j'ai sincèrement trouvé que cela manquait de profondeur. Les réflexions d’Oleg sur la création, la société, ou ses relations, ne vont pas vraiment au fond des choses. Le ton est introspectif, mais j’ai trouvé que cela manquait de substance. Graphiquement, Peeters maîtrise toujours autant son trait, simple et efficace, en noir et blanc. Il y a une certaine fluidité dans la narration, mais au final, il m’a manqué ce petit quelque chose qui fait vraiment vibrer. Peut-être est-ce le fait que l’histoire tourne autour de thématiques très quotidiennes, presque banales, sans véritable enjeu dramatique fort. On suit la vie d’Oleg, mais on a du mal à s’y investir pleinement, comme si l’histoire ne décollait jamais vraiment. Il est clair que Peeters sait raconter des tranches de vie avec un regard lucide et ironique, mais ici, cela donne l’impression de tourner en rond, de ne jamais aller au bout. Les personnages sont attachants, mais l’ensemble manque de profondeur et d’étonnement. Une lecture agréable, mais pas marquante. Vraie note 2,5
La Mort rose
Album découvert grâce à l'avis de Noirdésir, je trouvais vraiment intéressant de lire a posteriori une dystopie de 2017 qui nous plonge dans un monde ultra-confiné suite à une pandémie (qui normalement doit vous rappeler quelque chose). Ce récit d’anticipation écrit avant la pandémie de Covid résonne étrangement avec notre époque, bien que l’auteur s’inspire de l’épidémie d’Ebola pour créer cette dystopie. L'album nous interroge forcément sur les notions de pouvoir, de surveillance et de résistance. Le traitement graphique en bichromie, avec ses nuances de rose et de gris en fonction ou pas de la supposée présence du virus, renforce l’atmosphère assez froide du récit, et j'ai personnellement trouvé le dessin assez cérébral mais peu dans le registre émotionnel, un peu frustrant au vu du scénario. La narration est fluide mais j'ai trouvé certains passages un peu creux et au final, je trouve qu'il manque quelque chose à l'intrigue pour vraiment m'accrocher. Il y a bien sûr une réflexion pertinente sur l’autoritarisme, mais qui ne révolutionne en rien les classiques du genre. Ses résonances contemporaines restent intéressantes, mais son rythme inégal et ses personnages un peu froids m'ont laissé un peu sur la touche. Une lecture agréable mais pas marquante.
Dernière réunion avant l'apocalypse
Ne connaissant pas encore Karibou, je ne le classe pas comme une référence (qu'il semble être) et m'autorise une comparaison pour mieux vous le situer : de la BD humoristique avec des gags d'une page, sur la bêtise humaine, à la manière de Faut pas prendre les cons pour des gens ou d'un FabCaro. Côté humour, je situe d'ailleurs cette BD pile dans l'entre-deux. Elle est moins engagée et pertinente que la BD de Reuzé, contrairement à ce que les titres respectifs laissent paraître ; surtout parce que chaque camp social est moqué, certes l'un bien davantage que l'autre, et parce que le personnage du jeune Président est si caricaturalement hors de propos qu'il annihile toute possibilité de critique acerbe cohérente. Mais l'humour n'est pas non plus aussi déconnecté que chez Caro, où l'absurde voire le surréalisme écrase tout propos pour ne s'offrir que dans sa pleine immédiate gratuité. Comme souvent avec l'humour, l'exigence s'élève et l'on juge la qualité de l'ensemble au regard de l'homogénéité, de la régularité des rires provoqués. Ici, force est de constater que les variations autour d'un même gag engendrent une regrettable redondance nuisible au sentiment général. On s'esclaffe ici ou là, mais un sentiment de déjà-vu domine. Inversement, le genre pardonne aisément une moindre qualité d'illustrations et s’accommode volontiers du noir et blanc. Ici, le travail de Chavant est assez propre : sans doute un peu trop rigide côté décor, au sein d'une mise en page peu dynamique avec trop souvent des personnages récitant leur dialogue (la faute à un humour essentiellement contenu dans celui-ci), mais les personnages sont bien caractérisés, identifiables, les décors habilement définis pour immédiatement situer les espaces. Bref, peu de style, mais une belle propreté fluidifiant le propos, clarifiant les situations. Certes pas un chef d’œuvre du genre, mais inutile de se priver de ce méchant petit plaisir.
Transparents
Javier de Isusi est un auteur espagnol qui raconte plusieurs histoires d'exilés colombiens. Tous ont des témoignages assez horribles (viol, mort etc.) et on comprend très bien les raisons de leur exil comme beaucoup d'autres dans ce pays. A priori les différentes histoires n'ont pas de lien entre elles mais on découvre au fil des pages que si, car certains personnages sont liés. Tous sont déracinés, certains veulent retourner au pays un jour et d'autres font une croix dessus. Joli dessin à l'aquarelle. Il s'agit de fiction mais c'est inspiré de réelles histoires. Pas renversant non plus et pas très "feel good", une lecture possible à l'occasion.
Astérix
Pavé César ! Bon, cet avis-là risque de ne pas être simple. Astérix (et presque tous les habitants de ce village d’irréductibles gaulois) sont de véritables figures de la bande-dessinées franco-belge. Les personnages et leurs histoires sont très connus, même hors des pays francophones, presque tout le monde les a lus dans sa jeunesse et nombreuses sont les personnes qui continuent à l’âge adulte. Bref, Astérix est une véritable vedette de la bande-dessinée franco-belge (et même de la bande-dessinée tout court). Et loin de moi l’idée de venir ici pour le descendre en flèche : j’aime énormément Astérix. Pour tout dire, si je ne devais garder qu’une série de bande-dessinées franco-belge classique, je citerais sans doute Astérix. C’est drôle, les textes sont bien écrits, les personnages attachants, leurs aventures entraînantes, … Mais voilà, si j’ai bien compris le principe sur ce site, on doit juger les séries dans leur globalité, et c’est ce que je me dois de faire. Alors commençons par le commencement. Au tout début, Astérix, c’est simple, le dessin est un peu bateau (disons que ça cherche encore ses marques) mais l’humour est déjà présent. Pas aussi fin qu’à l’avenir, mais tout de même là. Même si les premiers albums se lisent encore très bien, il faut reconnaître qu’ils ont un peu vieilli (surtout les trois premiers). Ils me font toujours rire (surtout celui chez les Goths) mais il n’empêche que je trouve que ce sont ceux qui ont le moins tenu l’épreuve du temps, surtout en ce qui concerne le rythme. Si je devais baser mon avis uniquement sur cette période, je dirais que cela mériterait un 4 (bon, un 3,5 arrondi à 4). Fort heureusement pour moi (et pour l’histoire), ça ne s’est pas arrêté là et, très rapidement, Goscinny et Uderzo ont su trouver leurs marques. Les albums s’enchaînent avec talent, les moins bons restent très biens, et l’on n’a pas l’impression que les auteurs se soient reposés sur leurs lauriers. Bref, jusqu’à l’album chez les Belges, Astérix vit un véritable âge d’or, et si la série avait su s’arrêter-là j’aurais très certainement pu lui mettre 5 étoiles. Mais voilà, la série ne s’est pas arrêtée-là. A la mort de Goscinny, Uderzo est seul à la barre et décide de continuer. Bon, au début ça va, j’ai tout de même apprécié Le Grand Fossé, mais c’est après que ça se corse. L’humour est moins fin, le rythme de la narration s’essouffle bien souvent et le tout fait un peu fatigué. Ça devient relativement une BD de supermarché, planplan et survendue. J’aurais facilement pu mettre la note à 2 si toute la série avait été comme ça (voire 1, rien qu’à cause de l’innommable Le Ciel lui tombe sur la tête et le creux L’anniversaire d’Astérix et Obélix). Sans doute pour ne pas finir la série sur une note si négative, de nouveaux auteurs ont été appelés pour redonner un vent nouveau à la série (si j’étais mauvaise langue, je dirais que c’était surtout pour cause de mercantilisme). Cette période finale est assez inégale, les scénarios me semblent plus intéressants que les précédents sous Uderzo mais l’écriture n’égale pas un Goscinny. Ce n’est pas grave sur le papier, recopier parfaitement la plume d’un-e auteur-ice n’est pas chose aisée, mais là j’aurais presque préféré que l’on parte dans un tout autre style d’écriture. Parce que dans ces albums, j’ai parfois eu l’impression de ne lire que des copies ou en tout cas des essais de copies d’albums « à la Astérix ». J’en garde tout de même une petite affection (peut-être un plaisir coupable, je ne sais pas). Allez, je garde espoir ! Et si la maison d’édition tient à continuer de publier de nouveaux Astérix, peut-être que l’on finira par atteindre une nouvelle ère intéressante dans l’histoire de la série (après tout, le dernier par Fabcaro a au moins eu le mérite de me faire sincèrement sourire – et même rire !). De toute façon, on risque de voir encore le petit gaulois débarquer sur les étalages des supermarchés pendant un bon moment, alors autant garder l’espoir. Je conclurai donc ma note sur cette série à 3 étoiles car, bien qu’elle contienne bon nombre d’excellents albums, ils côtoient tout de même des justes passables et des carrément médiocres.
Félix Leclerc - L'Alouette en liberté
2.5 Une biographie sur le chanteur Félix Leclerc, un des premiers artistes québécois qui a réussi à être connu en dehors de la province, qui m'a semblé moyenne. En gros, il y a les moments marquants de la vie de Leclerc et comme l'album est une suite de grosses illustrations, l'auteur ne raconte que l'essentiel de la vie de Leclerc. On apprend autant en lisant cet album qu'en lisant la biographie du chanteur sur wikipédia. Rien n'est vraiment développé et tout est traité de manière superficielle. Je pense aussi que l'album a été fait en prenant uniquement en compte les lecteurs québécois ayant des connaissances d'histoire parce que je doute le lecteur européen lambda sait c'est quoi les événements d'Octobre 70 et sur quoi portait le référendum de 1980. On a aussi des extraits de l'œuvre de Leclerc et disons que les chansons, cela a moins d'impact lorsqu'il n'y a pas la voix du chanteur en accompagnement. Heureusement que ça se lit rapidement. Sinon, le dessin est le style réaliste qui semble être constitué de collages que je n'aime pas du tout, mais je comprends que d'autres aiment.