Je suis partagé après la lecture de cette série. Il y a incontestablement beaucoup d'intelligence dans le scénario de Sophie Michel qui transpose de nombreux épisodes de l'Odyssée dans une version contemporaine et féminine. Le défi d'Ulysse est de ne pas se perdre en route en oubliant d'où il vient . Pour la belle Salomé c'est l'image de la mère qui servira de quête au quatre coins de la Méditerranée.
Toutefois j'ai peu adhéré aux aventures du couple. Déjà je ne suis pas un grand fan du personnage d'Ulysse , l'homme aux mille ruses, qui laisse un paquet de morts dans son sillage. Ensuite j'ai trouvé que l'autrice se dispersait trop dans son récit. Outre un Toulet assez transparent et un équipage très sage et assez cliché,(le second gentil géant Black protecteur),l'autrice s'aventure dans des thématiques très contemporaines qui alourdissent et éloignent le personnage de Salomé de son modèle antique. Ce faisant je me suis peu à peu détaché des aventures du couple Salomé/Toulet avec un final assez fade après les tempêtes traversées.
Par contre j'ai beaucoup aimé le graphisme de Follet et Lepage. Ainsi les nombreuses œuvres picturales avec la mythologie pour thème sont d'un grande puissance et donne un beau fil rouge à la narration. Un trait très dynamique qui palie de temps en temps à la longueur de certaines scènes.
Un très bel album graphique qui m'a moins séduit par le déroulé de son scénario. 3.5
Difficile d'évaluer cette nouvelle série d'Ayroles à la lecture de ce seul tome 1.
L'intrigue rend dans un premier temps un hommage appuyé aux "Liaisons dangereuses", ce qui est loin de me déplaire tant j'estime ce roman. C'est très élégant, prenant, gentiment prévisible et malheureusement pas assez irrévérencieux. Le portrait façon "grandeur et décadence" bifurque ensuite fort (et trop) rapidement pour aborder la déchéance puis l'exil forcé du machiavélique Chevalier de Saint Sauveur.
L'ensemble ne se tient pas encore véritablement, la faute je pense à un mauvais positionnement narratif : le récit épistolaire s'embourbe dans une mise en avant trop prononcé de personnages dont le statut évolue trop fortement. Au risque de nous perdre ou décevoir un peu quand Eunice de Clairefont disparaît à mi-album tandis que le marquis de Maurepas débarque. Mais il s'agissait d'une nécessité liée au souhait brillant d'évoquer d'abord indirectement le personnage de Saint-Sauveur, afin d'en façonner le mythe et non seulement le portrait.
Un grand potentiel, de la belle ouvrage, qui une fois considéré dans son ensemble prendra peut-être tout son sens pour s'épanouir et sortir de l'ombre des "Liaisons dangereuses". En l'état, le lecteur intrigué par sa plaisante lecture demeure sur sa faim.
Comme pour 1629, ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta, je mets un généreux 4 d'encouragement.
******************************
Avec le tome 2, le récit gagne en cohérence, mais perd peut-être un peu en finesse.
Mon avis demeure en suspens, l'ensemble semble toujours aussi prometteur, mais je crains désormais que l'envolée espérée n'ait jamais lieu, qu'il faille se contenter d'un récit propre, à bien des égards habile, mais avec une perfidie contenue, un machiavélisme attendu. D'où cette note dévaluée à un fort honorable 3/5, plus en rapport avec le crédible horizon d'attente.
Cette version de l’histoire de Macbeth, fortement influencée par la tragédie écrite par William Shakespeare, lui-même s’étant grandement inspiré des Chroniques de Raphael Holinshed (merci Wikipédia), cette version donc, donne la part belle à l’emphase et octroie à Gruoch (l’épouse de Macbeth) un rôle tellement essentiel que la série aurait sans peine pu être intégrée à la collection des reines de sang si les auteurs n’avaient pas laissé autant d’espace à l’aspect fantastique (faut que j’arrête d’écrire des phrases aussi longues, moi !)
Ce qui marque en premier, bien entendu, c’est le dessin de Guillaume Sorel. Ses aquarelles très sombres, son trait riche, ses décors travaillés donnent à chaque planche l’aspect d’une peinture. Ce n’est pas toujours évident à lire mais quel boulot !
Ce qui marque en second, c’est l’écriture de Daniel Day,. Elle est très emphatique, très maniérée, fidèle à l’esprit de Shakespeare. C’est parfois lourdingue, parfois fatiguant mais dans l’ensemble j’ai bien accroché et ce style littéraire a le mérite d’être cohérent et avec le thème et avec le dessin.
Ce qui marque en troisième, c’est le personnage de Gruoch, fascinante dans son arrivisme destructeur, sombrant progressivement dans la folie, rongée par les cauchemars des morts que son ambition a causés.
Au final, je peux dire que j’ai bien aimé ce diptyque, même s’il est parfois un peu lourd à lire ou un peu trop sombre au niveau du dessin. Vraiment pas mal du tout.
J’veux pas oublier mon chat est un album sensible dans lequel l’auteur parle de son premier chat, des moments privilégiés qu’il a partagés avec lui, de leur complicité, de ces petits détails dont on se souvient lorsqu’un proche disparait (et pour un enfant, le premier ‘proche’ qui disparait est bien souvent un animal de compagnie).
C’est vite lu, anecdotique, mais réalisé avec beaucoup de sincérité et de simplicité. La narration est peu envahissante, le dessin au trait charbonneux n’est pas des plus fignolés (le chat est par moments vraiment moche), la mise en page est des plus basique. Ce n’est pas un grand album mais il n’est pas déplaisant à lire. Il pousse en tous les cas le jeune lecteur à se remémorer les bons moments passés avec un proche plutôt que de s’apitoyer sur sa disparition.
Pas mal, sans plus.
Le dessin très léché de cette série et l’avis plutôt enthousiaste d’Alix m’ont incité à lire le triptyque. J’en ressors moyennement satisfait, trouvant l’histoire finalement assez enfantine alors que le dessin, s’il offre de très belles illustrations à l’occasion, me semble moins efficace à d’autres.
Bien sûr la principale originalité de la série est de déplacer ce type de récit post-apocalyptique dans un univers animalier pas trop extravagant, mais cela reste quand même du déjà-vu à mes yeux. Les personnages sont très stéréotypés et je ne me suis pas attaché à eux.
Je reste sur un petit « pas mal » et conseille plutôt cette lecture à un public adolescent (13, 14 ans).
Enfin, si ce triptyque se suffit à lui-même, la fin demeure ouverte et une suite aurait très bien pu voir le jour. Mais bon, même si c’était le cas, je ne pense pas que je continuerais l’aventure.
D’un côté, j’ai envie de dire qu’il faut lire Camélia face à la meute. Ce genre d’album est malheureusement nécessaire à une époque où le harcèlement est devenu non seulement monnaie courante chez les adolescents mais surtout a gagné en efficacité grâce aux différents réseaux de diffusion et à la facilité d’accès à un appareil photographique. En décrivant certains mécanismes et en apportant des éléments de solution, cet album permet aux jeunes lecteurs de mieux appréhender le problème et peut-être d’y apporter une solution.
D’un autre côté, je me suis quand même bien fait chier. Je n’ai pas spécialement ressenti d’empathie pour les personnages. Certaines scènes m’ont fait tiquer car je les trouve invraisemblables (notamment un cours de gymnastique au cours duquel la professeur trouve logique de faire pratiquer à des adolescent.e.s de la lutte en mode mixte, et de laisser à ses élèves la possibilité de photographier ou de filmer les combats alors qu’ils sont en plein cours). Enfin, les solutions me paraissent trop faciles (parents et professeurs à l’écoute, soutien facilement trouvé auprès de camarades de classe) et surtout les motivations de la méchante de service m’ont semblé totalement irréalistes.
Peut-être suis-je trop éloigné du milieu scolaire, peut-être suis-je trop provincial… je ne saurais dire, mais cette histoire qui cherche à éclairer les jeunes lecteurs sur le fléau qu’est le harcèlement scolaire m’a semblé trop improbable lors de certains passages et trop simpliste lors d’autres. Du coup, ma note reste sur un petit « pas mal » mais surtout parce que ce genre d’album est nécessaire et non parce que je l’aurais trouvé spécialement bien fichu.
Première incursion dans l’univers de cet auteur pour ma part. J’y reviendrai sans doute car ce récit autobiographique m’a plutôt bien plu (sans que je crie au génie pour la cause).
Ce récit a pour sujet principal les angoisses de l’auteur face à ses petites lâchetés, à ses mensonges qui ont à un moment de sa vie influencé celle-ci sans qu’il ne puisse jamais faire machine arrière (par lâcheté là encore, par peur du jugement des autres surtout). C’est plutôt bien vu et bien construit, même si la narration est parfois un peu confuse. Le récit prend du temps pour se mettre en place mais on sent progressivement où l’auteur veut en venir et, dans l’ensemble, ça fonctionne plutôt bien.
Surtout, on sent combien le destin de certains personnages a été influencé par un détail stupide, par un mensonge que l’on aurait pu croire innocent mais qui se révèle destructeur en définitive.
Le dessin de Zerocalcare est très expressif et apporte à sa narration une dimension comique qui n’est pas déplaisante. Là aussi, les planches manquent parfois de clarté mais dans l’ensemble, c’est agréable à lire.
En résumé, ben je trouve cet album pas mal du tout.
Jul et Libon nous proposent un Spirou enfantin. L’histoire est assez simple, les rebondissements sont très prévisibles, le dessin va à l’essentiel, les références au 9ème art sont nombreuses.
Dans l’ensemble, et à condition d’accepter le style graphique pour le moins naïf de Libon, je trouve que c’est pas si mal que ça mais c’est clairement une lecture que je conseillerais à un jeune lecteur plutôt qu’à un amateur de longue date des histoires de Spirou. En effet, les planches très épurées, avec des décors souvent inexistants, frustreront plus d’un ‘ancien’. De même que les dialogues très basiques (même si l’on peut s’amuser de l’un ou l’autre jeu de mot ou de l’une ou l’autre allusion) amuseront plus rapidement un enfant qu’un adulte.
Notons enfin que ce récit semble n’être que le premier du duo et qu’un autre serait déjà en préparation. De quoi atteindre un public plus jeune ?
Avec Marqués, Damián et Javier Hernandez nous invitent à découvrir le côté obscur de Barcelone. Clairement, cette localisation géographique et le fait que cette ville hautement touristique nous soit montrée sous un angle très sombre ont beaucoup joué dans mon appréciation d’ensemble. Mais il n’y a pas que cette localisation pour susciter mon enthousiasme car, dans le genre polar noir, cet album tient la route. Certes, c’est très classique mais bien construit avec plusieurs points d’intérêt (l’histoire des deux personnages centraux, leur passé familial et comment celui-ci influence leur vie actuelle – l’histoire des combats clandestins – l’histoire de la mère et de son retour en quête de rédemption – les deux histoires d’amour naissantes). Comme Gaston, j’aurais aimé que les auteurs développent un peu plus certains aspects mais, globalement, c’est bien fait et très prenant. Seule la fin m’a semblé vraiment trop expédiée.
Au niveau du dessin, je le trouve bien adapté au sujet, avec un rendu un peu crasseux et des personnages souvent grimaçants. Ce n’est pas toujours très précis et je ne suis pas adeptes de certains effets mais ce trait dégage une brutalité qui cadre bien avec l’ambiance d’ensemble.
Vraiment pas mal, en résumé. Avec une meilleure fin, je serais très certainement monté jusqu’au 4/5. En l’état, c’est un récit dont je conseille la lecture à tous les amateurs de polars noirs.
Très sincèrement, j’ai lu ce récit d’un œil distrait. Toute la première partie de l’histoire se construit sur cette amitié qui va naitre et grandir entre deux jeunes filles puis jeunes femmes unies par leur désir de faire du manga. L’une est plutôt extravertie alors que l’autre ose à peine sortir de chez elle (elle suit même ses cours à distance). L’une se concentre sur les personnages, l’autre excelle dans les décors. Clairement, pendant toute cette partie (qui constitue les deux tiers du récit), il ne se passe pas grand-chose de notable. C’est du pur shojo avec, gros obstacle pour moi, des notes d’humour auxquelles je suis totalement insensible (l’une des deux jeunes filles réalise des strips à vocation humoristique… et je ne vois absolument pas ce qu’ils ont de drôle même si j’essaie de garder en tête qu’elles n’ont alors que 10 ou 11 ans).
Puis vient la dernière partie, qui bascule dans le drame et qui permet à l’auteur de développer une réflexion sur le sentiment de culpabilité. Il imagine alors un déroulement différent si, à un moment précis de cette histoire d’amitié, l’une des deux protagonistes avait effectué un autre choix. J’ai trouvé la réalisation technique confuse alors que l’idée était intéressante. Je ne savais plus trop si le récit avait basculé dans le fantastique ou s’il s’agissait juste de l’imagination d’un des personnages. Du coup, j’ai terminé ma lecture sans passion, sans émotion, plus focalisé sur l’aspect ‘technique narrative’ que sur l’aspect impact émotionnel du récit.
Entre le bof et le pas mal, pour ma part. Parce que l’idée dans la dernière partie m’a semblé intéressante, je vais dire ‘pas mal’, mais pour moi, il y a un problème de maîtrise dans la technique narrative.
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Les Voyages d'Ulysse
Je suis partagé après la lecture de cette série. Il y a incontestablement beaucoup d'intelligence dans le scénario de Sophie Michel qui transpose de nombreux épisodes de l'Odyssée dans une version contemporaine et féminine. Le défi d'Ulysse est de ne pas se perdre en route en oubliant d'où il vient . Pour la belle Salomé c'est l'image de la mère qui servira de quête au quatre coins de la Méditerranée. Toutefois j'ai peu adhéré aux aventures du couple. Déjà je ne suis pas un grand fan du personnage d'Ulysse , l'homme aux mille ruses, qui laisse un paquet de morts dans son sillage. Ensuite j'ai trouvé que l'autrice se dispersait trop dans son récit. Outre un Toulet assez transparent et un équipage très sage et assez cliché,(le second gentil géant Black protecteur),l'autrice s'aventure dans des thématiques très contemporaines qui alourdissent et éloignent le personnage de Salomé de son modèle antique. Ce faisant je me suis peu à peu détaché des aventures du couple Salomé/Toulet avec un final assez fade après les tempêtes traversées. Par contre j'ai beaucoup aimé le graphisme de Follet et Lepage. Ainsi les nombreuses œuvres picturales avec la mythologie pour thème sont d'un grande puissance et donne un beau fil rouge à la narration. Un trait très dynamique qui palie de temps en temps à la longueur de certaines scènes. Un très bel album graphique qui m'a moins séduit par le déroulé de son scénario. 3.5
L'Ombre des Lumières
Difficile d'évaluer cette nouvelle série d'Ayroles à la lecture de ce seul tome 1. L'intrigue rend dans un premier temps un hommage appuyé aux "Liaisons dangereuses", ce qui est loin de me déplaire tant j'estime ce roman. C'est très élégant, prenant, gentiment prévisible et malheureusement pas assez irrévérencieux. Le portrait façon "grandeur et décadence" bifurque ensuite fort (et trop) rapidement pour aborder la déchéance puis l'exil forcé du machiavélique Chevalier de Saint Sauveur. L'ensemble ne se tient pas encore véritablement, la faute je pense à un mauvais positionnement narratif : le récit épistolaire s'embourbe dans une mise en avant trop prononcé de personnages dont le statut évolue trop fortement. Au risque de nous perdre ou décevoir un peu quand Eunice de Clairefont disparaît à mi-album tandis que le marquis de Maurepas débarque. Mais il s'agissait d'une nécessité liée au souhait brillant d'évoquer d'abord indirectement le personnage de Saint-Sauveur, afin d'en façonner le mythe et non seulement le portrait. Un grand potentiel, de la belle ouvrage, qui une fois considéré dans son ensemble prendra peut-être tout son sens pour s'épanouir et sortir de l'ombre des "Liaisons dangereuses". En l'état, le lecteur intrigué par sa plaisante lecture demeure sur sa faim. Comme pour 1629, ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta, je mets un généreux 4 d'encouragement. ****************************** Avec le tome 2, le récit gagne en cohérence, mais perd peut-être un peu en finesse. Mon avis demeure en suspens, l'ensemble semble toujours aussi prometteur, mais je crains désormais que l'envolée espérée n'ait jamais lieu, qu'il faille se contenter d'un récit propre, à bien des égards habile, mais avec une perfidie contenue, un machiavélisme attendu. D'où cette note dévaluée à un fort honorable 3/5, plus en rapport avec le crédible horizon d'attente.
Macbeth Roi d'Écosse
Cette version de l’histoire de Macbeth, fortement influencée par la tragédie écrite par William Shakespeare, lui-même s’étant grandement inspiré des Chroniques de Raphael Holinshed (merci Wikipédia), cette version donc, donne la part belle à l’emphase et octroie à Gruoch (l’épouse de Macbeth) un rôle tellement essentiel que la série aurait sans peine pu être intégrée à la collection des reines de sang si les auteurs n’avaient pas laissé autant d’espace à l’aspect fantastique (faut que j’arrête d’écrire des phrases aussi longues, moi !) Ce qui marque en premier, bien entendu, c’est le dessin de Guillaume Sorel. Ses aquarelles très sombres, son trait riche, ses décors travaillés donnent à chaque planche l’aspect d’une peinture. Ce n’est pas toujours évident à lire mais quel boulot ! Ce qui marque en second, c’est l’écriture de Daniel Day,. Elle est très emphatique, très maniérée, fidèle à l’esprit de Shakespeare. C’est parfois lourdingue, parfois fatiguant mais dans l’ensemble j’ai bien accroché et ce style littéraire a le mérite d’être cohérent et avec le thème et avec le dessin. Ce qui marque en troisième, c’est le personnage de Gruoch, fascinante dans son arrivisme destructeur, sombrant progressivement dans la folie, rongée par les cauchemars des morts que son ambition a causés. Au final, je peux dire que j’ai bien aimé ce diptyque, même s’il est parfois un peu lourd à lire ou un peu trop sombre au niveau du dessin. Vraiment pas mal du tout.
J'veux pas oublier mon chat
J’veux pas oublier mon chat est un album sensible dans lequel l’auteur parle de son premier chat, des moments privilégiés qu’il a partagés avec lui, de leur complicité, de ces petits détails dont on se souvient lorsqu’un proche disparait (et pour un enfant, le premier ‘proche’ qui disparait est bien souvent un animal de compagnie). C’est vite lu, anecdotique, mais réalisé avec beaucoup de sincérité et de simplicité. La narration est peu envahissante, le dessin au trait charbonneux n’est pas des plus fignolés (le chat est par moments vraiment moche), la mise en page est des plus basique. Ce n’est pas un grand album mais il n’est pas déplaisant à lire. Il pousse en tous les cas le jeune lecteur à se remémorer les bons moments passés avec un proche plutôt que de s’apitoyer sur sa disparition. Pas mal, sans plus.
Scurry
Le dessin très léché de cette série et l’avis plutôt enthousiaste d’Alix m’ont incité à lire le triptyque. J’en ressors moyennement satisfait, trouvant l’histoire finalement assez enfantine alors que le dessin, s’il offre de très belles illustrations à l’occasion, me semble moins efficace à d’autres. Bien sûr la principale originalité de la série est de déplacer ce type de récit post-apocalyptique dans un univers animalier pas trop extravagant, mais cela reste quand même du déjà-vu à mes yeux. Les personnages sont très stéréotypés et je ne me suis pas attaché à eux. Je reste sur un petit « pas mal » et conseille plutôt cette lecture à un public adolescent (13, 14 ans). Enfin, si ce triptyque se suffit à lui-même, la fin demeure ouverte et une suite aurait très bien pu voir le jour. Mais bon, même si c’était le cas, je ne pense pas que je continuerais l’aventure.
Camélia - Face à la meute
D’un côté, j’ai envie de dire qu’il faut lire Camélia face à la meute. Ce genre d’album est malheureusement nécessaire à une époque où le harcèlement est devenu non seulement monnaie courante chez les adolescents mais surtout a gagné en efficacité grâce aux différents réseaux de diffusion et à la facilité d’accès à un appareil photographique. En décrivant certains mécanismes et en apportant des éléments de solution, cet album permet aux jeunes lecteurs de mieux appréhender le problème et peut-être d’y apporter une solution. D’un autre côté, je me suis quand même bien fait chier. Je n’ai pas spécialement ressenti d’empathie pour les personnages. Certaines scènes m’ont fait tiquer car je les trouve invraisemblables (notamment un cours de gymnastique au cours duquel la professeur trouve logique de faire pratiquer à des adolescent.e.s de la lutte en mode mixte, et de laisser à ses élèves la possibilité de photographier ou de filmer les combats alors qu’ils sont en plein cours). Enfin, les solutions me paraissent trop faciles (parents et professeurs à l’écoute, soutien facilement trouvé auprès de camarades de classe) et surtout les motivations de la méchante de service m’ont semblé totalement irréalistes. Peut-être suis-je trop éloigné du milieu scolaire, peut-être suis-je trop provincial… je ne saurais dire, mais cette histoire qui cherche à éclairer les jeunes lecteurs sur le fléau qu’est le harcèlement scolaire m’a semblé trop improbable lors de certains passages et trop simpliste lors d’autres. Du coup, ma note reste sur un petit « pas mal » mais surtout parce que ce genre d’album est nécessaire et non parce que je l’aurais trouvé spécialement bien fichu.
Un poulpe à la gorge
Première incursion dans l’univers de cet auteur pour ma part. J’y reviendrai sans doute car ce récit autobiographique m’a plutôt bien plu (sans que je crie au génie pour la cause). Ce récit a pour sujet principal les angoisses de l’auteur face à ses petites lâchetés, à ses mensonges qui ont à un moment de sa vie influencé celle-ci sans qu’il ne puisse jamais faire machine arrière (par lâcheté là encore, par peur du jugement des autres surtout). C’est plutôt bien vu et bien construit, même si la narration est parfois un peu confuse. Le récit prend du temps pour se mettre en place mais on sent progressivement où l’auteur veut en venir et, dans l’ensemble, ça fonctionne plutôt bien. Surtout, on sent combien le destin de certains personnages a été influencé par un détail stupide, par un mensonge que l’on aurait pu croire innocent mais qui se révèle destructeur en définitive. Le dessin de Zerocalcare est très expressif et apporte à sa narration une dimension comique qui n’est pas déplaisante. Là aussi, les planches manquent parfois de clarté mais dans l’ensemble, c’est agréable à lire. En résumé, ben je trouve cet album pas mal du tout.
Spirou chez les fous
Jul et Libon nous proposent un Spirou enfantin. L’histoire est assez simple, les rebondissements sont très prévisibles, le dessin va à l’essentiel, les références au 9ème art sont nombreuses. Dans l’ensemble, et à condition d’accepter le style graphique pour le moins naïf de Libon, je trouve que c’est pas si mal que ça mais c’est clairement une lecture que je conseillerais à un jeune lecteur plutôt qu’à un amateur de longue date des histoires de Spirou. En effet, les planches très épurées, avec des décors souvent inexistants, frustreront plus d’un ‘ancien’. De même que les dialogues très basiques (même si l’on peut s’amuser de l’un ou l’autre jeu de mot ou de l’une ou l’autre allusion) amuseront plus rapidement un enfant qu’un adulte. Notons enfin que ce récit semble n’être que le premier du duo et qu’un autre serait déjà en préparation. De quoi atteindre un public plus jeune ?
Marqués (Damian/Javier)
Avec Marqués, Damián et Javier Hernandez nous invitent à découvrir le côté obscur de Barcelone. Clairement, cette localisation géographique et le fait que cette ville hautement touristique nous soit montrée sous un angle très sombre ont beaucoup joué dans mon appréciation d’ensemble. Mais il n’y a pas que cette localisation pour susciter mon enthousiasme car, dans le genre polar noir, cet album tient la route. Certes, c’est très classique mais bien construit avec plusieurs points d’intérêt (l’histoire des deux personnages centraux, leur passé familial et comment celui-ci influence leur vie actuelle – l’histoire des combats clandestins – l’histoire de la mère et de son retour en quête de rédemption – les deux histoires d’amour naissantes). Comme Gaston, j’aurais aimé que les auteurs développent un peu plus certains aspects mais, globalement, c’est bien fait et très prenant. Seule la fin m’a semblé vraiment trop expédiée. Au niveau du dessin, je le trouve bien adapté au sujet, avec un rendu un peu crasseux et des personnages souvent grimaçants. Ce n’est pas toujours très précis et je ne suis pas adeptes de certains effets mais ce trait dégage une brutalité qui cadre bien avec l’ambiance d’ensemble. Vraiment pas mal, en résumé. Avec une meilleure fin, je serais très certainement monté jusqu’au 4/5. En l’état, c’est un récit dont je conseille la lecture à tous les amateurs de polars noirs.
Look Back
Très sincèrement, j’ai lu ce récit d’un œil distrait. Toute la première partie de l’histoire se construit sur cette amitié qui va naitre et grandir entre deux jeunes filles puis jeunes femmes unies par leur désir de faire du manga. L’une est plutôt extravertie alors que l’autre ose à peine sortir de chez elle (elle suit même ses cours à distance). L’une se concentre sur les personnages, l’autre excelle dans les décors. Clairement, pendant toute cette partie (qui constitue les deux tiers du récit), il ne se passe pas grand-chose de notable. C’est du pur shojo avec, gros obstacle pour moi, des notes d’humour auxquelles je suis totalement insensible (l’une des deux jeunes filles réalise des strips à vocation humoristique… et je ne vois absolument pas ce qu’ils ont de drôle même si j’essaie de garder en tête qu’elles n’ont alors que 10 ou 11 ans). Puis vient la dernière partie, qui bascule dans le drame et qui permet à l’auteur de développer une réflexion sur le sentiment de culpabilité. Il imagine alors un déroulement différent si, à un moment précis de cette histoire d’amitié, l’une des deux protagonistes avait effectué un autre choix. J’ai trouvé la réalisation technique confuse alors que l’idée était intéressante. Je ne savais plus trop si le récit avait basculé dans le fantastique ou s’il s’agissait juste de l’imagination d’un des personnages. Du coup, j’ai terminé ma lecture sans passion, sans émotion, plus focalisé sur l’aspect ‘technique narrative’ que sur l’aspect impact émotionnel du récit. Entre le bof et le pas mal, pour ma part. Parce que l’idée dans la dernière partie m’a semblé intéressante, je vais dire ‘pas mal’, mais pour moi, il y a un problème de maîtrise dans la technique narrative.