Reprise en douceur dans le monde de la BD où je n'ai pu avaler un seul tome en l'espace d'1 an (Outch ! Sacrilège !) ; je choppe donc les 2 ouvrages qui composent cette saga à l'univers steampunk... et comment dire...
Si les planches aux coloris sombres nous plongent aisément dans cet univers méca complotiste avec des dessins parfois à couper le souffle (machines impressionnantes et visages tuméfiés), l'histoire parait par moment confuse, des dialogues brouillons bourrés de faute d'orthographe et de rédaction. BD initialement éditée dans une autre langue que le français ? Possible... mais cette rédaction hasardeuse avec des textes bancals nous empêche de basculer complètement dans l'univers fascinant des scénaristes. C'est dommage, comme la sensation d'une œuvre inachevée publiée dans la précipitation.
C'est avec cette BD que je me suis dit qu'il y a un vrai air de ressemblance entre les traits de Victor Pinel et celui de Aimée de Jongh. En tout cas, elle rentre en lien avec les nombreuses BD que j'ai vues récemment sur le troisième âge et leur condition.
L'histoire tourne autour d'un Ehpad avec la venue d'une nouvelle de 80 ans qui a dû quitter sa maison pour aller vivre désormais avec tous les autres vieux. C'est une BD mélancolique sur la fin de vie. On sent que la BD se veut pas trop sombre, mais elle reste sur une note amère au global. La fin de vie, ces EHPAD que certains assimilent à des contraintes seulement, la solitude qu'on comble difficilement, l'éloignement d'un monde qui se désintéresse de ces vieux... C'est assez triste mais sans doute réaliste de la façon dont on s'occupe de nos vieux.
Bien sur, la BD n'est pas une réflexion profonde sur les vieux où la fin de vie. Elle reste légère malgré son sujet sérieux, et je trouve que c'est un peu le hic. C'est "juste" une BD mignonne et sympathique. Il manquerait le fond plus concret, plus développé sur le sujet. En l'état c'est une histoire d'une femme âgée avec des bons moments. Personnellement je ne suis pas intéressé par une relecture, par manque de fond. Dommage, j'ai apprécié la lecture mais je ne la garderais sans doute pas en mémoire.
Même si ce n'est pas officiellement une série, cette histoire complète fait suite au diptyque Arsène Lupin contre Sherlock Holmes. A la fin de celui-ci, librement inspiré de l'oeuvre de Maurice Leblanc et empruntant à celle de Conan Doyle, le gentleman cambrioleur se voyait contraint de remplacer le célèbre détective de Baker Street suite à son suicide. Ce nouvel album se déroule quelques temps plus tard, alors qu'Arsène Lupin joue le rôle de Sherlock Holmes et qu'il reçoit la visite de l'ancien amour de celui-ci, Irène Adler, qui lui demande de partir avec elle à la recherche d'un trésor bien caché : la date de la fin du monde. Un ancien peintre qui aurait reçu cette information suite à une séance de voyance l'aurait en effet dissimulée dans un code secret au sein de ses tableaux et le Vatican fait tout pour mettre la main dessus.
Véritable chasse au trésor, cette histoire tient un peu de la Comtesse de Cagliostro mais s'éloigne des classiques de Maurice Leblanc. Hormis au tout début, on n'y verra quasiment jamais Arsène Lupin déguisé, et à part une brève infiltration, il ne jouera jamais non plus son rôle de cambrioleur. On l'y voit davantage comme un enquêteur et décrypteur d'énigmes. La découverte et la résolution de celles-ci ont un côté artificiel, téléphoné. On imagine en effet mal le fameux peintre mettre en place un circuit aussi compliqué pour cacher une date et supposer que quelqu'un aurait le même cheminement de pensée biscornu que lui. Par exemple, qui irait trouver le mot Sion d'abord et ensuite aller dans cette Sion là plutôt que la ville Suisse plus connue ? Sans parler de la coïncidence d'y avoir la résidence de la fille de Lupin juste à côté... De même, le personnage d'Irène Adler est transformé en une sorte de Catwoman repentie qui se dévoue tout à coup entièrement à la religion créant un personnage nouveau certes intéressant mais peu crédible.
Si l'intrigue est dense, elle pêche également en terme de rythme. Certaines scènes sont abruptes et certains passages clés sont même carrément éludés (comme le moment de la découverte du trésor). Le lecteur a parfois l'impression d'assister à une histoire trop vite racontée aux personnages distants, en se demandant si ce qu'il se déroule est bien vrai ou si cela fait partie des machinations d'un Lupin qui manque de finesse.
Quant au dessin, il est de bonne facture : les personnages sont un peu basiques mais j'aime beaucoup certains décors.
En définitive, il y a un côté un peu forcé dans cette aventure mélangeant trop librement les univers d'Arsène Lupin et de Sherlock Holmes pour les transformer en une chasse au trésor façon Da Vinci Code. C'est divertissant mais on a du mal à y croire et à s'attacher.
La biographie de Raoul Villain, l'homme qui tua Jean Jaurès en 1914.
Les auteurs insistent sur l'aspect lunaire et ultra catholique du personnage. Cette folie, il la répercute dans leur narration, en particulier leur longue introduction narrée par un ange qui débite des envolées lyriques pas toujours très compréhensibles. On découvre ainsi un enfant puis un homme décalé, ne trouvant jamais sa place dans le monde, persuadé d'être le défenseur élu de la foi chrétienne, de la tradition, des arts et de la patrie française mais en réalité minable dans tout ce qu'il entreprend.
La BD permet de découvrir le parcours de cet homme peu attachant, dont on ne peut que regretter qu'il ait eu un tel impact sur l'histoire de France par son acte déboussolé envers Jean Jaurès. On découvre aussi son procès après la première guerre mondiale et son verdict aberrant mais sans qu'aucune explication n'y soit donné, puisque a priori personne n'en a réellement même de nos jours hormis peut-être un nationalisme aveugle.
La biographie d'un con, racontée de manière relativement originale mais malgré tout pas très passionnante.
Une série jeunesse par Lewis Trondheim.
Le scénario est simple et efficace: un orc débarque dans une école et curieusement seulement l'héroïne s'aperçoit que ce n'est pas normal. Le premier tome raconte comment l'orc découvre notre monde et le deuxième se passe en partie dans le monde d'origine de l'orc ce qui permet de renouveler les situations.
Trondheim raconte son histoire en format gag en une page et parfois la chute fonctionne et d'autres fois non. Comme le public ciblé est la jeunesse, l'humour est plus tout public que dans d'autres séries de Trondheim et fait surtout sourire un lecteur adulte. On retrouve l'imagination débordante de l'auteur et il y a des surprises dans le scénario. La fin du tome 2 se termine avec une révélation qui semble expliquer pourquoi Aurore était la seule qui remarque que l'orc est un un orc et cela me donne envie de lire la suite
C’est le genre d’album que je ne relirai jamais mais ma lecture fut tout de même bien honnête.
On va dire que si j’ai aimé en découvrir plus sur cette célèbre joueuse, sa vie ne m’a pas non plus subjugué.
Ça reste un bel hommage, bien réalisé et d’une belle fluidité mais c’est juste un peu mou à suivre. En fait, c’est pas des plus passionnants et je suis surtout un peu sur la réserve niveau révolution des codes, je m’attendais à plus marquant ou atypique (et je n’arrive pas à déterminer si c’est simplement les faits ou la manière de les amener).
Heureusement la partie graphique est très agréable et homogène, ça m’a amusé d’ailleurs de voir que c’est un Anglais qui adapte la vie de notre frenchie. Après un album sur Einstein, l’auteur a l’air de se spécialiser dans les biographies.
L’objet est soigné, comme d’hab de la part d’Ankama, préface, petit dossier final … d’ailleurs petite surprise je n’attendais pas l’éditeur sur ce sujet.
Au final, pas vraiment désagréable mais pas bien marquant. Un peu dans le même style, j’ai préféré nettement Joe la Pirate.
Cette série a été abandonnée après deux tomes alors qu'elle présentait plusieurs qualités. Toutefois je ne serais pas aussi louangeur que l'avis précédent après ma lecture de ces deux tomes. Au niveau qualité, la plus évidente est le graphisme très soigné de jean marc Stalner.
L'auteur travaille sur plusieurs ambiances (urbain, campagne, intérieurs bourgeois ou bureaux) avec la même maîtrise de ces intérieurs ou extérieurs. Comme les personnages dans un mode réaliste sont expressifs et très détaillés cela procure une narration visuelle de très bonne qualité. Ensuite les scénaristes ont soigné leurs dialogues ainsi que la recherche psychologique des personnages en prenant le temps de bien les installer.
Malheureusement le scénario est bien trop complexe à mes yeux. Buendia et Fraioli partent sur un scénario à trois enquêtes où le juge est impliquée sans que l'on sache vraiment pourquoi sauf à l'enquête principale. On se retrouve avec une enquête londonienne type ruban moucheté avec un inspecteur Lestrade au commande, une histoire de type loup-garou dans la campagne et un suicide/meurtre dans la bourgeoisie/noblesse de Villefranche sur Saône en 1876. C'est cette dernière enquête qui sera le plus développée avec parfois des sauts à Londres sans vraiment savoir pourquoi. J'aurais aimé que l'imbrication des trois histoires où le passé du juge joue un rôle soit bien plus mis en valeur. A la fin du tome 2 on a pas beaucoup de clés sur les deux premières enquêtes ce qui rend la narration peu fluide et parfois la compréhension difficile.
Dommage pour ces maladresses car il y avait du talent.
J'ai beau faire, je ne peux m'empêcher de m'intéresser à cette histoire. Le fait que j'habite à 300 m de leur maison n'y est pas pour rien je pense.
Ce docu-BD propose une plongée bien renseignée dans cette affaire non résolue, qui oscille entre faits bruts et zones d’ombre.
Ce qui est intéressant ici, est que l'album ne se contente pas de relater les faits. Il les replace dans leur contexte, en intégrant les fausses pistes, les mystères qui entourent la cavale de Ligonnès, et les différents témoignages qui, au fil des ans, continuent de relancer l’enquête. Le récit parvient à maintenir une tension palpable, tout en restant fidèle aux événements réels, une alternance bien maîtrisée entre moments denses et passages plus explicatifs.
Visuellement, le travail de Philippe Valette fonctionne bien en apportant forcément une dimension assez sombre à cette histoire. Le trait est à la fois simple et efficace.
Les auteurs n’hésitent pas à explorer les aspects les plus complexes de l’affaire, en plongeant dans la psychologie de XDDL, son passé et les différentes hypothèses qui ont été formulées au fil des années.
Une BD efficace, bien documentée, qui revisite avec sérieux et suspense une affaire qui continue de hanter les esprits, en tous cas dans mon quartier.
Une plongée dans une Révolution française complètement décalée, avec un antihéros à l’opposé des figures héroïques classiques. L’humour, omniprésent, repose sur des situations absurdes et des dialogues pleins de malice. Cela fonctionne bien dans l’ensemble, mais l’insistance sur la lubricité du personnage finit par devenir répétitive et un peu lourde. Pierre-Marie Dragon, lâche et obsédé, magouille plus qu’il ne se bat, ce qui le rend à la fois attachant et irritant.
Le dessin vif et caricatural de Simon Spruyt apporte un dynamisme qui colle parfaitement à cette ambiance loufoque. L’absurde et le décalage entre la grandeur des événements historiques et la petitesse des personnages créent un contraste vraiment intéressant, notamment dans les scènes avec Danton ou les batailles rocambolesques.
Ce qui fonctionne bien ici, c’est la capacité de l’album à jouer entre Histoire et comédie sans jamais se prendre trop au sérieux. La revisite irrévérencieuse de moments clés comme Valmy donne un vrai souffle à l'ensemble. Il reste à voir si la série saura éviter la redondance, notamment sur le ressort comique lié aux frasques sexuelles du dragon Dragon.
Un bon moment de lecture, pour ceux qui aiment l’Histoire détournée avec humour, mais il faudra que la série évite de s’enliser dans les mêmes gags pour maintenir l’intérêt.
Emblématique
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Ce tome comprend une histoire complète et indépendante de toute autre, qui ne nécessite pas de connaissance préalable de Superman ou de l'univers partagé DC. Il comprend les 16 épisodes initialement parus en 2018/2019 dans des magazines vendus dans les magasins Walmart, puis réédités en comics 1 à 6 en 2019/2020, écrits par Tom King, dessinés par Andy Kubert, encrés par Sandra Hope, et mis en couleurs par Brad Anderson, avec des couvertures de Kubert, au nombre de 19 rassemblées en fin de tome.
À Metropolis, Superman est en train de régler son sort à un robot géant qui s'est attaqué à l'étage supérieur d'un gratte-ciel. Puis il rejoint Batman sur un autre gratte-ciel. Celui-ci lui parle de l'assassinat d'un couple, de leurs quatre enfants adoptifs, une qui est à l'hôpital et qui voudrait voir Superman pour lui parler de sa sœur qui a disparu. Superman va rendre visite à la fillette qui lui raconte à sa manière la disparition de sa sœur Alice, emmenée par quelqu'un là-haut dans le ciel. Le lendemain, Lois Lane et Clark Kent sont en réunion face à Perry White, l'éditeur en chef du Daily Planet. Kent essaye de suggérer qu'il pourrait couvrir la disparition d'Alice : il se fait rembarrer séance tenante. Plus tard il est en train de battre contre un tyrannosaure dans les rues de Metropolis, avec l'aide de Green Lantern (Hal Jordan). Il en profite pour lui demander s'il peut retrouver la trace de l'utilisation d'un rayon Zeta. Green Lantern répond que non, mais qu'il a demandé à tous les Lantern du corps d'être en alerte s'ils entendent parler de l'enlèvement d'Alice. Superman continue de se battre contre tous les criminels qui se manifestent cette semaine-là, tout en repensant à Alice, au fait qu'il était son héros préféré et qu'elle avait une figurine de lui, et qu'il ne peut pas quitter la Terre comme ça, juste pour sauver une enfant.
Finalement, Clark Kent retourne à Smallville et en parle avec son père Jonathan. Ce dernier hésite entre deux possibilités : les Green Lanterns finiront bien par la retrouver, ou la pauvre Alice attendra son sauveur en pensant à Superman. Le lendemain, Batman prévient Superman que la petite fille à l'hôpital est décédée de ses blessures. Le soir, Superman en parle à Lois Lane, alors qu'ils sont assis sur la sphère du Daily Planet, la sculpture sur le toit des bureaux. Il finit par prendre la décision de se lancer à la recherche d'Alice pour la sauver. Le lendemain matin, il se tient dans un parc de Metropolis et il s'élance d'un bond vers le ciel. Sa première étape l'amène sur la planète Rann : il vient consulter l'ingénieur expert en rayon Zeta pour retrouver la trace du kidnappeur. L'ingénieur l'informe qu'ils ont mis un Computo 3 sur le traitement des données et que l'intelligence artificielle a fini par se suicider en cours de traitement, du fait de la trop grande masse d'informations. Superman n'hésite pas très longtemps. Il demande à être branché sur la base de données : il va en faire le traitement lui-même. Quelque temps auparavant, sur Terre, Logan Kinny, un jeune garçon, a mis son teeshirt de Superman, s'est attaché une cape autour du cou et s'est élancé dans le vide depuis le toit du pavillon de ses parents. Il est mort des suites de sa chute.
Tom King a écrit la série Batman de 2016 à 2019, avec un rythme de parution bimensuel, soit 85 numéros et deux annuels. En 2018, Brian Michael Bendis commence à écrire les séries Superman et Action Comics pour l'éditeur DC Comics. En 2019, ils décident donc d'intervertir leur personnage pour chacun une histoire complète hors continuité, disponible dans les magasins Walmart. Tout comme Bendis, King en profite pour mettre en scène plusieurs éléments emblématiques du personnage dans leur récit. Au fil des chapitres, le lecteur peut apercevoir, souvent juste le temps d'une case ou d'un dessin en pleine page des personnages de la mythologie de Superman : Perry White, Atomic Skull, Metallo, Doomsday, Mongul, Toyman (Winslow Schott). S'il connaît un peu les principales histories du personnage, le lecteur relève aussi un passage à la Forteresse de Solitude, le fait qu'il bondisse par-dessus les immeubles d'un bond unique. Il sourit en voyant que le scénariste a réussi à insérer une course contre la montre, en faisant plusieurs fois le tour de la planète, pour déterminer qui est le plus rapide entre Flash et Superman. En outre, le match de boxe contre Mighto semble être comme un écho de celui de Superman contre Mohamed Ali (1942-2016) dans Superman vs. Muhammad Ali (1978) de Dennis O'Neil & Neal Adams. Au fil de ses pérégrinations, Superman croise le chemin d'autres superhéros comme Batman, Green Lantern, Flash. Le scénariste consacre un peu plus de temps à deux personnages en double L : Lois Lane, Lex Luthor. Il montre plusieurs aspects de la relation de couple entre Lois et Clark, à la fois comme un soutien et une écoute de Lois pour Clark, à la fois en tournant en dérision l'habitude de Lois de servir de demoiselle en détresse en tombant des fenêtres à des moments inopportuns, un clin d'œil au rôle dans lequel elle était cantonnée dans les années 1950. La relation avec Lex Luthor est forcément de nature antagoniste, l'existence même de Superman étant insupportable au magnat industriel. King ne renouvelle pas ces deux dynamiques, mais il sait les mettre en œuvre avec intelligence et émotion.
Dans la mesure où il s'agit d'une histoire distribuée dans des points de vente inhabituels pour attirer le chaland, le scénariste prend bien soin d'imaginer des situations spectaculaires tout du long de son récit, et l'artiste s'en donne à cœur jour pour en mettre plein les yeux. Le lecteur prend donc grand plaisir à voir Superman donner la mesure de sa puissance dans de dessins en pleine page : en train de démanteler un robot en plein ciel, en train de soutenir à bout de bras une rame entière de métro alors que l'ouvrage d'art en poutrelles métalliques s'est effondré, en train de décocher un direct du droit contre Doomsday qui trébuche sous l'impact, étendu sur le sol au cours du match de boxe, ou assis dans une salle d'attente en amphithéâtre pour pouvoir passer un appel interstellaire, etc. Kubert n'y va pas avec le dos de la cuillère, représentant un Superman musculeux avec une sacrée carrure. Il insiste également sur les expressions de visage et sur les regards. Le lecteur se souviendra longtemps de celui de Lex Luthor assis sur le banc des accusés dans une salle d'audience. L'artiste donne son interprétation de plusieurs poses iconiques, que ce soit Clark Kent ouvrant en grand sa chemise révélant le blason du S en dessous, ou Superman et Flash courant côte à côte dans une épreuve autour du monde.
Comme souvent dans les comics de superhéros, les dessins s'inscrivent dans un registre descriptif et réaliste. Le lecteur constate rapidement qu'Andy Kubert a dû disposer d'un temps raisonnable car il soigne la plupart de ses décors avec un bon niveau de détails : l'architecture des différents immeubles de Metropolis, le panneau d'affichage derrière le bureau de Perry White, la salle de rédaction du Daily Planet, les nombreuses races extraterrestres, les différents endroits de la planète par lesquels passent les deux coureurs, la salle d'audience, la flotte de robots humanoïdes. Sandra Hope effectue un travail très méticuleux, très respectueux des traits de Kubert, avec une grande précision dans le tracé. La mise en couleurs de Brad Anderson est riche et sophistiquée, sans écraser les traits de Kubert, tout en nourrissant chaque surface détourée avec des nuances rehaussant le relief, et des effets spéciaux lors de l'usage de superpouvoirs. Le lecteur se laisse donc emmener dans les aventures de Superman dans l'espace, grâce à une narration visuelle spectaculaires à souhait, bien calibrée, le dessinateur sachant très bien à quel moment il peut s'affranchir de représenter les arrière-plans. La dynamique du récit est simple : Superman quitte la Terre pour retrouver la petite Alice et la sauver.
Pourtant le récit ne s'avère pas linéaire : les séquences ne se suivent pas avec Superman enchaînant une épreuve après l'autre. Le scénariste joue avec l'écoulement du temps, ce qui incite le lecteur à rester concentré pour comprendre la logique de certains enchaînements. À la fin du premier chapitre, Superman se trouve sur la planète Rann, et à la première page du chapitre 2 il est à nouveau sur Terre, sans que King n'explique s'il y est retourné suite à la localisation d'Alice pour dire au revoir (hypothèse la plus probable) ou s'il s'agit d'un souvenir datant de quelques jours (pas impossible non plus). Le même phénomène de rupture se produit entre le chapitre 5 et le chapitre 6 : d'une page à l'autre, Superman passe d'une salle d'attente sur une planète extraterrestre à un champ de bataille de la seconde guerre mondiale, sans aucune explication. Même hiatus entre le chapitre 6 et le 7. Le lecteur en vient même à se demander s'il ne s’agit pas de bouche-trou dans l'histoire, ce qui n'a aucun sens puisqu'il s'agit du même scénariste et du même dessinateur. Il lui faut à chaque fois prendre un peu de recul pour comprendre le lien logique. D'un autre côté, Tom King ne se contente pas d'enfiler des aventures spectaculaires, il met aussi Superman dans des dilemmes cornéliens. Doit-il quitter la Terre en abandonnant ses habitants et sa femme à toutes les menaces incessantes, juste pour sauver une petite fille qui croit en lui ? Peut-il se montrer à la hauteur de l'espoir qu'Alice entretient dans le fait qu'il la sauvera ? Doit-il vraiment refuser de capituler même quand il sait qu'il n'a aucune chance, que les probabilités sont contre lui ? Au fur et à mesure que Superman est confronté à ces évidences qui sont contre lui, son caractère se dessine plus précisément, montrant ce qui fait de lui un héros.
Pour un récit servant à attirer de nouveaux lecteurs, ses caractéristiques sont un peu déconcertantes. D'un côté, Andy Kubert, Sandra Hope et Brad Anderson assurent le spectacle avec l'emphase attendue pour un récit de superhéros, avec des séquences conçues pour impressionner. De l'autre côté, Tom King fait preuve d'une ambition plus élevée en brossant le portrait psychologique d'un individu refusant de décevoir une fillette qui croit en lui, de revoir ses exigences à la baisse. Mais il a aussi choisi de privilégier les effets de surprise, aux dépends parfois de l'intelligibilité des transitions.
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Clockwerx
Reprise en douceur dans le monde de la BD où je n'ai pu avaler un seul tome en l'espace d'1 an (Outch ! Sacrilège !) ; je choppe donc les 2 ouvrages qui composent cette saga à l'univers steampunk... et comment dire... Si les planches aux coloris sombres nous plongent aisément dans cet univers méca complotiste avec des dessins parfois à couper le souffle (machines impressionnantes et visages tuméfiés), l'histoire parait par moment confuse, des dialogues brouillons bourrés de faute d'orthographe et de rédaction. BD initialement éditée dans une autre langue que le français ? Possible... mais cette rédaction hasardeuse avec des textes bancals nous empêche de basculer complètement dans l'univers fascinant des scénaristes. C'est dommage, comme la sensation d'une œuvre inachevée publiée dans la précipitation.
Le Plongeon
C'est avec cette BD que je me suis dit qu'il y a un vrai air de ressemblance entre les traits de Victor Pinel et celui de Aimée de Jongh. En tout cas, elle rentre en lien avec les nombreuses BD que j'ai vues récemment sur le troisième âge et leur condition. L'histoire tourne autour d'un Ehpad avec la venue d'une nouvelle de 80 ans qui a dû quitter sa maison pour aller vivre désormais avec tous les autres vieux. C'est une BD mélancolique sur la fin de vie. On sent que la BD se veut pas trop sombre, mais elle reste sur une note amère au global. La fin de vie, ces EHPAD que certains assimilent à des contraintes seulement, la solitude qu'on comble difficilement, l'éloignement d'un monde qui se désintéresse de ces vieux... C'est assez triste mais sans doute réaliste de la façon dont on s'occupe de nos vieux. Bien sur, la BD n'est pas une réflexion profonde sur les vieux où la fin de vie. Elle reste légère malgré son sujet sérieux, et je trouve que c'est un peu le hic. C'est "juste" une BD mignonne et sympathique. Il manquerait le fond plus concret, plus développé sur le sujet. En l'état c'est une histoire d'une femme âgée avec des bons moments. Personnellement je ne suis pas intéressé par une relecture, par manque de fond. Dommage, j'ai apprécié la lecture mais je ne la garderais sans doute pas en mémoire.
Arsène Lupin et le dernier secret de Nostradamus
Même si ce n'est pas officiellement une série, cette histoire complète fait suite au diptyque Arsène Lupin contre Sherlock Holmes. A la fin de celui-ci, librement inspiré de l'oeuvre de Maurice Leblanc et empruntant à celle de Conan Doyle, le gentleman cambrioleur se voyait contraint de remplacer le célèbre détective de Baker Street suite à son suicide. Ce nouvel album se déroule quelques temps plus tard, alors qu'Arsène Lupin joue le rôle de Sherlock Holmes et qu'il reçoit la visite de l'ancien amour de celui-ci, Irène Adler, qui lui demande de partir avec elle à la recherche d'un trésor bien caché : la date de la fin du monde. Un ancien peintre qui aurait reçu cette information suite à une séance de voyance l'aurait en effet dissimulée dans un code secret au sein de ses tableaux et le Vatican fait tout pour mettre la main dessus. Véritable chasse au trésor, cette histoire tient un peu de la Comtesse de Cagliostro mais s'éloigne des classiques de Maurice Leblanc. Hormis au tout début, on n'y verra quasiment jamais Arsène Lupin déguisé, et à part une brève infiltration, il ne jouera jamais non plus son rôle de cambrioleur. On l'y voit davantage comme un enquêteur et décrypteur d'énigmes. La découverte et la résolution de celles-ci ont un côté artificiel, téléphoné. On imagine en effet mal le fameux peintre mettre en place un circuit aussi compliqué pour cacher une date et supposer que quelqu'un aurait le même cheminement de pensée biscornu que lui. Par exemple, qui irait trouver le mot Sion d'abord et ensuite aller dans cette Sion là plutôt que la ville Suisse plus connue ? Sans parler de la coïncidence d'y avoir la résidence de la fille de Lupin juste à côté... De même, le personnage d'Irène Adler est transformé en une sorte de Catwoman repentie qui se dévoue tout à coup entièrement à la religion créant un personnage nouveau certes intéressant mais peu crédible. Si l'intrigue est dense, elle pêche également en terme de rythme. Certaines scènes sont abruptes et certains passages clés sont même carrément éludés (comme le moment de la découverte du trésor). Le lecteur a parfois l'impression d'assister à une histoire trop vite racontée aux personnages distants, en se demandant si ce qu'il se déroule est bien vrai ou si cela fait partie des machinations d'un Lupin qui manque de finesse. Quant au dessin, il est de bonne facture : les personnages sont un peu basiques mais j'aime beaucoup certains décors. En définitive, il y a un côté un peu forcé dans cette aventure mélangeant trop librement les univers d'Arsène Lupin et de Sherlock Holmes pour les transformer en une chasse au trésor façon Da Vinci Code. C'est divertissant mais on a du mal à y croire et à s'attacher.
Villain, l'homme qui tua Jaurès
La biographie de Raoul Villain, l'homme qui tua Jean Jaurès en 1914. Les auteurs insistent sur l'aspect lunaire et ultra catholique du personnage. Cette folie, il la répercute dans leur narration, en particulier leur longue introduction narrée par un ange qui débite des envolées lyriques pas toujours très compréhensibles. On découvre ainsi un enfant puis un homme décalé, ne trouvant jamais sa place dans le monde, persuadé d'être le défenseur élu de la foi chrétienne, de la tradition, des arts et de la patrie française mais en réalité minable dans tout ce qu'il entreprend. La BD permet de découvrir le parcours de cet homme peu attachant, dont on ne peut que regretter qu'il ait eu un tel impact sur l'histoire de France par son acte déboussolé envers Jean Jaurès. On découvre aussi son procès après la première guerre mondiale et son verdict aberrant mais sans qu'aucune explication n'y soit donné, puisque a priori personne n'en a réellement même de nos jours hormis peut-être un nationalisme aveugle. La biographie d'un con, racontée de manière relativement originale mais malgré tout pas très passionnante.
Aurore et l'Orc
Une série jeunesse par Lewis Trondheim. Le scénario est simple et efficace: un orc débarque dans une école et curieusement seulement l'héroïne s'aperçoit que ce n'est pas normal. Le premier tome raconte comment l'orc découvre notre monde et le deuxième se passe en partie dans le monde d'origine de l'orc ce qui permet de renouveler les situations. Trondheim raconte son histoire en format gag en une page et parfois la chute fonctionne et d'autres fois non. Comme le public ciblé est la jeunesse, l'humour est plus tout public que dans d'autres séries de Trondheim et fait surtout sourire un lecteur adulte. On retrouve l'imagination débordante de l'auteur et il y a des surprises dans le scénario. La fin du tome 2 se termine avec une révélation qui semble expliquer pourquoi Aurore était la seule qui remarque que l'orc est un un orc et cela me donne envie de lire la suite
Suzanne
C’est le genre d’album que je ne relirai jamais mais ma lecture fut tout de même bien honnête. On va dire que si j’ai aimé en découvrir plus sur cette célèbre joueuse, sa vie ne m’a pas non plus subjugué. Ça reste un bel hommage, bien réalisé et d’une belle fluidité mais c’est juste un peu mou à suivre. En fait, c’est pas des plus passionnants et je suis surtout un peu sur la réserve niveau révolution des codes, je m’attendais à plus marquant ou atypique (et je n’arrive pas à déterminer si c’est simplement les faits ou la manière de les amener). Heureusement la partie graphique est très agréable et homogène, ça m’a amusé d’ailleurs de voir que c’est un Anglais qui adapte la vie de notre frenchie. Après un album sur Einstein, l’auteur a l’air de se spécialiser dans les biographies. L’objet est soigné, comme d’hab de la part d’Ankama, préface, petit dossier final … d’ailleurs petite surprise je n’attendais pas l’éditeur sur ce sujet. Au final, pas vraiment désagréable mais pas bien marquant. Un peu dans le même style, j’ai préféré nettement Joe la Pirate.
Le Juge sans Terre
Cette série a été abandonnée après deux tomes alors qu'elle présentait plusieurs qualités. Toutefois je ne serais pas aussi louangeur que l'avis précédent après ma lecture de ces deux tomes. Au niveau qualité, la plus évidente est le graphisme très soigné de jean marc Stalner. L'auteur travaille sur plusieurs ambiances (urbain, campagne, intérieurs bourgeois ou bureaux) avec la même maîtrise de ces intérieurs ou extérieurs. Comme les personnages dans un mode réaliste sont expressifs et très détaillés cela procure une narration visuelle de très bonne qualité. Ensuite les scénaristes ont soigné leurs dialogues ainsi que la recherche psychologique des personnages en prenant le temps de bien les installer. Malheureusement le scénario est bien trop complexe à mes yeux. Buendia et Fraioli partent sur un scénario à trois enquêtes où le juge est impliquée sans que l'on sache vraiment pourquoi sauf à l'enquête principale. On se retrouve avec une enquête londonienne type ruban moucheté avec un inspecteur Lestrade au commande, une histoire de type loup-garou dans la campagne et un suicide/meurtre dans la bourgeoisie/noblesse de Villefranche sur Saône en 1876. C'est cette dernière enquête qui sera le plus développée avec parfois des sauts à Londres sans vraiment savoir pourquoi. J'aurais aimé que l'imbrication des trois histoires où le passé du juge joue un rôle soit bien plus mis en valeur. A la fin du tome 2 on a pas beaucoup de clés sur les deux premières enquêtes ce qui rend la narration peu fluide et parfois la compréhension difficile. Dommage pour ces maladresses car il y avait du talent.
La Traque - L'Affaire de Ligonnès
J'ai beau faire, je ne peux m'empêcher de m'intéresser à cette histoire. Le fait que j'habite à 300 m de leur maison n'y est pas pour rien je pense. Ce docu-BD propose une plongée bien renseignée dans cette affaire non résolue, qui oscille entre faits bruts et zones d’ombre. Ce qui est intéressant ici, est que l'album ne se contente pas de relater les faits. Il les replace dans leur contexte, en intégrant les fausses pistes, les mystères qui entourent la cavale de Ligonnès, et les différents témoignages qui, au fil des ans, continuent de relancer l’enquête. Le récit parvient à maintenir une tension palpable, tout en restant fidèle aux événements réels, une alternance bien maîtrisée entre moments denses et passages plus explicatifs. Visuellement, le travail de Philippe Valette fonctionne bien en apportant forcément une dimension assez sombre à cette histoire. Le trait est à la fois simple et efficace. Les auteurs n’hésitent pas à explorer les aspects les plus complexes de l’affaire, en plongeant dans la psychologie de XDDL, son passé et les différentes hypothèses qui ont été formulées au fil des années. Une BD efficace, bien documentée, qui revisite avec sérieux et suspense une affaire qui continue de hanter les esprits, en tous cas dans mon quartier.
Les Mémoires du Dragon Dragon
Une plongée dans une Révolution française complètement décalée, avec un antihéros à l’opposé des figures héroïques classiques. L’humour, omniprésent, repose sur des situations absurdes et des dialogues pleins de malice. Cela fonctionne bien dans l’ensemble, mais l’insistance sur la lubricité du personnage finit par devenir répétitive et un peu lourde. Pierre-Marie Dragon, lâche et obsédé, magouille plus qu’il ne se bat, ce qui le rend à la fois attachant et irritant. Le dessin vif et caricatural de Simon Spruyt apporte un dynamisme qui colle parfaitement à cette ambiance loufoque. L’absurde et le décalage entre la grandeur des événements historiques et la petitesse des personnages créent un contraste vraiment intéressant, notamment dans les scènes avec Danton ou les batailles rocambolesques. Ce qui fonctionne bien ici, c’est la capacité de l’album à jouer entre Histoire et comédie sans jamais se prendre trop au sérieux. La revisite irrévérencieuse de moments clés comme Valmy donne un vrai souffle à l'ensemble. Il reste à voir si la série saura éviter la redondance, notamment sur le ressort comique lié aux frasques sexuelles du dragon Dragon. Un bon moment de lecture, pour ceux qui aiment l’Histoire détournée avec humour, mais il faudra que la série évite de s’enliser dans les mêmes gags pour maintenir l’intérêt.
Superman - Up in the Sky
Emblématique - Ce tome comprend une histoire complète et indépendante de toute autre, qui ne nécessite pas de connaissance préalable de Superman ou de l'univers partagé DC. Il comprend les 16 épisodes initialement parus en 2018/2019 dans des magazines vendus dans les magasins Walmart, puis réédités en comics 1 à 6 en 2019/2020, écrits par Tom King, dessinés par Andy Kubert, encrés par Sandra Hope, et mis en couleurs par Brad Anderson, avec des couvertures de Kubert, au nombre de 19 rassemblées en fin de tome. À Metropolis, Superman est en train de régler son sort à un robot géant qui s'est attaqué à l'étage supérieur d'un gratte-ciel. Puis il rejoint Batman sur un autre gratte-ciel. Celui-ci lui parle de l'assassinat d'un couple, de leurs quatre enfants adoptifs, une qui est à l'hôpital et qui voudrait voir Superman pour lui parler de sa sœur qui a disparu. Superman va rendre visite à la fillette qui lui raconte à sa manière la disparition de sa sœur Alice, emmenée par quelqu'un là-haut dans le ciel. Le lendemain, Lois Lane et Clark Kent sont en réunion face à Perry White, l'éditeur en chef du Daily Planet. Kent essaye de suggérer qu'il pourrait couvrir la disparition d'Alice : il se fait rembarrer séance tenante. Plus tard il est en train de battre contre un tyrannosaure dans les rues de Metropolis, avec l'aide de Green Lantern (Hal Jordan). Il en profite pour lui demander s'il peut retrouver la trace de l'utilisation d'un rayon Zeta. Green Lantern répond que non, mais qu'il a demandé à tous les Lantern du corps d'être en alerte s'ils entendent parler de l'enlèvement d'Alice. Superman continue de se battre contre tous les criminels qui se manifestent cette semaine-là, tout en repensant à Alice, au fait qu'il était son héros préféré et qu'elle avait une figurine de lui, et qu'il ne peut pas quitter la Terre comme ça, juste pour sauver une enfant. Finalement, Clark Kent retourne à Smallville et en parle avec son père Jonathan. Ce dernier hésite entre deux possibilités : les Green Lanterns finiront bien par la retrouver, ou la pauvre Alice attendra son sauveur en pensant à Superman. Le lendemain, Batman prévient Superman que la petite fille à l'hôpital est décédée de ses blessures. Le soir, Superman en parle à Lois Lane, alors qu'ils sont assis sur la sphère du Daily Planet, la sculpture sur le toit des bureaux. Il finit par prendre la décision de se lancer à la recherche d'Alice pour la sauver. Le lendemain matin, il se tient dans un parc de Metropolis et il s'élance d'un bond vers le ciel. Sa première étape l'amène sur la planète Rann : il vient consulter l'ingénieur expert en rayon Zeta pour retrouver la trace du kidnappeur. L'ingénieur l'informe qu'ils ont mis un Computo 3 sur le traitement des données et que l'intelligence artificielle a fini par se suicider en cours de traitement, du fait de la trop grande masse d'informations. Superman n'hésite pas très longtemps. Il demande à être branché sur la base de données : il va en faire le traitement lui-même. Quelque temps auparavant, sur Terre, Logan Kinny, un jeune garçon, a mis son teeshirt de Superman, s'est attaché une cape autour du cou et s'est élancé dans le vide depuis le toit du pavillon de ses parents. Il est mort des suites de sa chute. Tom King a écrit la série Batman de 2016 à 2019, avec un rythme de parution bimensuel, soit 85 numéros et deux annuels. En 2018, Brian Michael Bendis commence à écrire les séries Superman et Action Comics pour l'éditeur DC Comics. En 2019, ils décident donc d'intervertir leur personnage pour chacun une histoire complète hors continuité, disponible dans les magasins Walmart. Tout comme Bendis, King en profite pour mettre en scène plusieurs éléments emblématiques du personnage dans leur récit. Au fil des chapitres, le lecteur peut apercevoir, souvent juste le temps d'une case ou d'un dessin en pleine page des personnages de la mythologie de Superman : Perry White, Atomic Skull, Metallo, Doomsday, Mongul, Toyman (Winslow Schott). S'il connaît un peu les principales histories du personnage, le lecteur relève aussi un passage à la Forteresse de Solitude, le fait qu'il bondisse par-dessus les immeubles d'un bond unique. Il sourit en voyant que le scénariste a réussi à insérer une course contre la montre, en faisant plusieurs fois le tour de la planète, pour déterminer qui est le plus rapide entre Flash et Superman. En outre, le match de boxe contre Mighto semble être comme un écho de celui de Superman contre Mohamed Ali (1942-2016) dans Superman vs. Muhammad Ali (1978) de Dennis O'Neil & Neal Adams. Au fil de ses pérégrinations, Superman croise le chemin d'autres superhéros comme Batman, Green Lantern, Flash. Le scénariste consacre un peu plus de temps à deux personnages en double L : Lois Lane, Lex Luthor. Il montre plusieurs aspects de la relation de couple entre Lois et Clark, à la fois comme un soutien et une écoute de Lois pour Clark, à la fois en tournant en dérision l'habitude de Lois de servir de demoiselle en détresse en tombant des fenêtres à des moments inopportuns, un clin d'œil au rôle dans lequel elle était cantonnée dans les années 1950. La relation avec Lex Luthor est forcément de nature antagoniste, l'existence même de Superman étant insupportable au magnat industriel. King ne renouvelle pas ces deux dynamiques, mais il sait les mettre en œuvre avec intelligence et émotion. Dans la mesure où il s'agit d'une histoire distribuée dans des points de vente inhabituels pour attirer le chaland, le scénariste prend bien soin d'imaginer des situations spectaculaires tout du long de son récit, et l'artiste s'en donne à cœur jour pour en mettre plein les yeux. Le lecteur prend donc grand plaisir à voir Superman donner la mesure de sa puissance dans de dessins en pleine page : en train de démanteler un robot en plein ciel, en train de soutenir à bout de bras une rame entière de métro alors que l'ouvrage d'art en poutrelles métalliques s'est effondré, en train de décocher un direct du droit contre Doomsday qui trébuche sous l'impact, étendu sur le sol au cours du match de boxe, ou assis dans une salle d'attente en amphithéâtre pour pouvoir passer un appel interstellaire, etc. Kubert n'y va pas avec le dos de la cuillère, représentant un Superman musculeux avec une sacrée carrure. Il insiste également sur les expressions de visage et sur les regards. Le lecteur se souviendra longtemps de celui de Lex Luthor assis sur le banc des accusés dans une salle d'audience. L'artiste donne son interprétation de plusieurs poses iconiques, que ce soit Clark Kent ouvrant en grand sa chemise révélant le blason du S en dessous, ou Superman et Flash courant côte à côte dans une épreuve autour du monde. Comme souvent dans les comics de superhéros, les dessins s'inscrivent dans un registre descriptif et réaliste. Le lecteur constate rapidement qu'Andy Kubert a dû disposer d'un temps raisonnable car il soigne la plupart de ses décors avec un bon niveau de détails : l'architecture des différents immeubles de Metropolis, le panneau d'affichage derrière le bureau de Perry White, la salle de rédaction du Daily Planet, les nombreuses races extraterrestres, les différents endroits de la planète par lesquels passent les deux coureurs, la salle d'audience, la flotte de robots humanoïdes. Sandra Hope effectue un travail très méticuleux, très respectueux des traits de Kubert, avec une grande précision dans le tracé. La mise en couleurs de Brad Anderson est riche et sophistiquée, sans écraser les traits de Kubert, tout en nourrissant chaque surface détourée avec des nuances rehaussant le relief, et des effets spéciaux lors de l'usage de superpouvoirs. Le lecteur se laisse donc emmener dans les aventures de Superman dans l'espace, grâce à une narration visuelle spectaculaires à souhait, bien calibrée, le dessinateur sachant très bien à quel moment il peut s'affranchir de représenter les arrière-plans. La dynamique du récit est simple : Superman quitte la Terre pour retrouver la petite Alice et la sauver. Pourtant le récit ne s'avère pas linéaire : les séquences ne se suivent pas avec Superman enchaînant une épreuve après l'autre. Le scénariste joue avec l'écoulement du temps, ce qui incite le lecteur à rester concentré pour comprendre la logique de certains enchaînements. À la fin du premier chapitre, Superman se trouve sur la planète Rann, et à la première page du chapitre 2 il est à nouveau sur Terre, sans que King n'explique s'il y est retourné suite à la localisation d'Alice pour dire au revoir (hypothèse la plus probable) ou s'il s'agit d'un souvenir datant de quelques jours (pas impossible non plus). Le même phénomène de rupture se produit entre le chapitre 5 et le chapitre 6 : d'une page à l'autre, Superman passe d'une salle d'attente sur une planète extraterrestre à un champ de bataille de la seconde guerre mondiale, sans aucune explication. Même hiatus entre le chapitre 6 et le 7. Le lecteur en vient même à se demander s'il ne s’agit pas de bouche-trou dans l'histoire, ce qui n'a aucun sens puisqu'il s'agit du même scénariste et du même dessinateur. Il lui faut à chaque fois prendre un peu de recul pour comprendre le lien logique. D'un autre côté, Tom King ne se contente pas d'enfiler des aventures spectaculaires, il met aussi Superman dans des dilemmes cornéliens. Doit-il quitter la Terre en abandonnant ses habitants et sa femme à toutes les menaces incessantes, juste pour sauver une petite fille qui croit en lui ? Peut-il se montrer à la hauteur de l'espoir qu'Alice entretient dans le fait qu'il la sauvera ? Doit-il vraiment refuser de capituler même quand il sait qu'il n'a aucune chance, que les probabilités sont contre lui ? Au fur et à mesure que Superman est confronté à ces évidences qui sont contre lui, son caractère se dessine plus précisément, montrant ce qui fait de lui un héros. Pour un récit servant à attirer de nouveaux lecteurs, ses caractéristiques sont un peu déconcertantes. D'un côté, Andy Kubert, Sandra Hope et Brad Anderson assurent le spectacle avec l'emphase attendue pour un récit de superhéros, avec des séquences conçues pour impressionner. De l'autre côté, Tom King fait preuve d'une ambition plus élevée en brossant le portrait psychologique d'un individu refusant de décevoir une fillette qui croit en lui, de revoir ses exigences à la baisse. Mais il a aussi choisi de privilégier les effets de surprise, aux dépends parfois de l'intelligibilité des transitions.