J'avoue que je n'ai pas vraiment compris le pourquoi de cette réédition de cet album paru en 2012 avec ce sous titre déjà présent "Edition définitive"...
Peut-être est-ce à l'occasion du remake du film sorti l'an passé, mais pour le coup c'est pas vraiment synchro.
En tout cas, la première chose qui vient à l'esprit à la lecture de cette intégrale, c'est qu'elle fait datée. Pour le coup, cette BD est paru pour la première fois en 1995, et elle accuse bien ses 40 ans ; les personnages font très 80' et les nombreuses références (musicales entre autre) sont aussi datées. Mais après tout pourquoi.
C'est plutôt le scénario souffrant d'une triste linéarité qui est décevant. Ok, Eric et Sherry ont été sauvagement assassinés par un gang, il revient mystérieusement à la vie pour se venger, et se venge sauvagement. Voili, voilou... Pas bien épais de ce côté là.
Côté dessin James O'Barr a du talent, une patte, son noir et blanc en impose, surtout pour ce récit aux élans profondément gothiques, mais il manque quand même de régularité. Si certaines planches sont sublimes, d'autres font parfois un peu bâclées.
Il n'en reste pas moins intéressant de découvrir une oeuvre qui aura profondément marqué les esprits et inspirés des cinéastes.
Hinako est une jeune lycéenne tout ce qu'il y a de plus normal en apparence. En apparence seulement car personne ne parle réellement à Hinako, et Hinako ne cherche pas vraiment à parler aux autres non plus. Hinako est coupée des autres, Hinako ne semble presque plus rien ressentir, Hinako attend la mort. Si elle attend la mort c'est parce qu'elle l'a rencontrée il y a dix ans de cela lorsque toute sa famille est morte noyée dans un accident de la route, la laissant seule rescapée. Aux yeux du monde elle a survécu mais dans sa tête elle n'est jamais vraiment sortie de l'eau, elle n'a jamais vraiment quitté l'instant dramatique où sa vie à basculée et elle souhaite plus que tout rejoindre sa famille. Alors quand un jour une sirène vient la voir et lui propose de la manger, Hinako accepte.
Une jeune fille enfermée dans son deuil ne sachant choisir entre mettre fin à ses jours ou attendre sagement la mort, une sirène ne connaissant rien au monde humain mais cherchant sincèrement à rendre la jeune fille heureuse pour (lui dit-elle) rendre sa chair plus savoureuse et un renard au passé violent ayant renié sa nature monstrueuse et cherchant sincèrement à aider les gens qu'elle croise dont la jeune fille malheureuse (oui, je n'avais pas réussis à présenter la renarde jusque là, mea culpa je ne suis pas douée), voilà un trio parfait pour un récit mélangeant drame et réflexions sur la nature des liens humains.
La série est un yuri mais, même après lecture des 10 albums que j'ai eu sous la main jusqu'à présent, difficile de dire si elle rentre dans la catégorie "relation homosexuelle qui prend tout son temps pour s'instaurer" ou bien "récit traitant surtout d'une relation fusionnelle et intime entre deux jeunes femmes". Quoi qu'il en soit, qu'il s'agisse à proprement parlé de romance ou non, l'un des sujets centraux de l'histoire reste l'amour. L'amour propre tout d'abord, car l'enjeu premier reste de redonner le goût de vivre à une jeune fille qui pense ne plus rien avoir, mais aussi et surtout l'amour en tant que lien, les attaches que l'on créé avec les autres. Hinako s'est coupée des autres toutes ces années durant (sauf exception de la renarde qui a joué le rôle de sa meilleure amie depuis tout ce temps), elle n'a plus vraiment de liens concrets avec les autres si ce n'est une lointaine tante ; Shiori (la sirène) n'en a tout simplement jamais eu et découvre elle même petit à petit ce que l'on ressent lorsqu'on s'approche des autres sans désirer nécessairement les dévorer ; et enfin Miko (la renarde) fuit un passé cruel et cherche désespérément à savoir si elle a vraiment réussi à changer ou non, si elle a vraiment réussi à passer outre sa nature de prédatrice pour vivre parmi les humain-e-s. Tout tourne autour du rapport aux autres et je dois avouer que le traitement des doutes, des remises en questions, de la cruauté et des comportements égoïstes propres aux relations sociales affectives aussi, sonnent réels et concrets dans cette histoire.
Je déplore tout de même des résolutions de sous-intrigues pas toujours à la hauteur des promesses (notamment l'arc avec la jeune tanuki qui passe soudainement de fieffée manipulatrice à pleurnicharde) ou encore que certains enchaînements de chapitre aient l'effet de pétards mouillés lorsque l'un se termine par un cliffhanger et que l'autre commence par une évolution parfois trop artificielle.
Il y a aussi le fait que je n'apprécie pas vraiment le design "moe" des personnages. Qu'Hinako ait l'air d'une jeune fille toute mignonne est logique (elle doit avoir 16 ans à tout casser), que Shiori ait l'air d'avoir le même âge est logique aussi (elle a choisi cette apparence pour se rapprocher d'Hinako), pour Miko ça devient déjà plus bizarre parce qu'elle a visiblement l'apparence d'une jeune adolescente depuis des siècles lorsqu'elle prend une forme humaine, et à partir de la tanuki ça a commencé à devenir du grand n'importe quoi (elle a l'air encore plus jeune et j'hésiterais même à la catégoriser comme "loli"). S'il n'y avait pas les personnages tertiaires de la tante d'Hinako et la vieille Tanuki j'aurais pu finir par croire que l'autrice ne savait pas dessiner autre chose que des jeunes femmes.
Ce qui est bien dommage, justement, parce que l'autrice à un sacré coup de crayon, mine de rien. Qu'il s'agisse des designs travaillés des yôkais sous leur forme véritable, des très beaux décors pleins de détails parfois ou encore de la jolie métaphore graphique filée de la mer et des poissons engloutissant la vie d'Hinako je dois avouer que le travail graphique de cette série est on ne peut plus joli. J'en regrette davantage le caractère trop "mignon", trop "convenu" aussi, des personnages mis en comparaison.
L'histoire est bonne, intéressante aussi.
Il semble que le récit se dirige vers des enjeux un peu plus grands avec cette histoire de jeune fille mystérieuse, je ne suis pas sûre de ce que cela donnera, à voir.
PS : je précise que je n'ai pu lire que les quatre premiers tomes en français, seuls présents à ma bibliothèque de quartier ; le reste de ma lecture a été fait avec une traduction anglaise.
Mes précédentes expériences avec l’univers de Wakfu ont été plutôt malheureuses, mais j’ai retenté ma chance avec cet album, partant quand même avec un a priori négatif.
Au final, c’est sans doute l’album qui m’a le moins laissé de côté, celui que j’ai lu avec le moins de freins, même si je reste persuadé que cet univers et ses déclinaisons (je ne connais pas vraiment les jeux) ne sont pas vraiment ma came.
Je ne suis pas fan des jeux de mots lourds et redondants (noms de personnages par exemple, en verlan en particulier), qui lorgne plus sur Lanfeust que sur Donjon (le second univers m’attirant bien plus que le premier). Mais l’humour – même maladroit – et la volonté de ne pas trop se prendre au sérieux donnent un peu d’attrait à cette histoire, qui se laisse lire comme un divertissement sans conséquences, sans prise de tête – et qui se laisse oublier tout aussi vite je le crains.
Si l’intrigue elle-même ne m’a pas passionné plus que ça, la constitution de l’équipe – hétéroclite – est parfois amusante. Même si certains personnages – Jeanjean en particulier, inévitable gros balourd à la baffe et au coup d’épée faciles – manquent de profondeur (il est quasi muet en plus).
En introduction, on nous annonce que « la fin est naze ». Promesse hélas tenue, tant on reste quasiment sur une absence de conclusion – ou une conclusion brutale avec points de suspension.
Un album à réserver en priorité aux amateurs et connaisseurs de l’univers Dofus/Wakfu, qui saisiront davantage les subtilités autour des personnages (j’imagine importants dans l’univers, mais peu ou pas connus de moi).
Note réelle 2,5/5.
Voilà un album découvert par hasard, acheté pas cher après un feuilletage rapide (la bichromie, et la forte présence du fond orange m’avaient attiré).
Si le dessin de Marion Mousse, avec un trait gras, plutôt avare de détails est parfois minimaliste, il est globalement fluide et agréable. En tout cas il accompagne très bien une histoire assez légère, .
C’est de la SF décalée, avec un humour présent sans être non plus très percutant. Quelques personnages et dialogues amusants (j’aurais bien vu plus de loufoque chez Shluss, le dirigeant de la planète Prott, dictateur ubuesque et neuneu, même si quelques échanges avec son conseiller sont savoureux), et une intrigue qui se laisse lire.
Mais le rythme et l’intérêt sont inégaux, et hélas le second tome prévu manque à l’appel, nous privant d’une réelle conclusion. Nous ne saurons donc jamais si Everett, représentant interplanétaire en peignes (sic !) et la fille rebelle de Shluss vont former un vrai couple…
Note réelle 2,5/5.
Avec un titre pareil, chez cet éditeur, et avec à la baguette Lucques, je m’attendais clairement à quelque chose de très érotique, et ça n’est pas vraiment le cas. Pourtant, dans toutes les histoires – plus ou moins courtes – rassemblées ici, il est à chaque fois question d’amour, physique ou cérébral, de relations amoureuses en construction, de séduction.
Mais ici Lucques s’écarte le plus souvent de la gaudriole plus ou moins loufoque qui caractérise nombre de ses publications. L’humour est présent, pas toujours, et le plus souvent en retrait, même si l’une des histoires les plus longues – dans laquelle une jeune prof de lycée se fait draguer de façon surprenante – amène une chute – un peu prévisible, mais amusante.
Sinon, il y a pas mal de récits qui jouent sur un ton plus sérieux, une certaine amertume, de la dérision. Pas mal de registres assez inhabituels chez Lucques.
La lecture est globalement intéressante et agréable, les récits s’enchaînent plaisamment, et sont assez divers pour ne pas se répéter.
Lucques alterne dessin réaliste classique et trait semi caricatural – il est bon dans ces deux registres – en usant toujours très bien du Noir et Blanc.
Voilà un album ancien, mais qui mérite un petit détour. Les éditions du Fromage ont quand même publié pas mal d’albums originaux et intéressants, souvent injustement oubliés.
Note réelle 3,5/5.
Le projet de cette BD est inattaquable : évoquer le danger du contre-mouvement "masculiniste" se développant en réaction au légitime féminisme.
L'histoire déroule deux syntagmes en parallèle, d'un côté le quotidien des employées d'un salon de manucure, de l'autre la vie d'un célibataire trentenaire aigri par sa vie sentimentale et professionnelle. Des tranches de vie saisies à partir d'anecdotes, de simples conversations, faisant surgir l'incongru, l'incompris, mais aussi l'horreur du banal. La dramaturgie ainsi déstructurée évite de créer du sens, efface la causalité, dilue les motivations, pour demeurer dans le constat en se limitant à une simple juxtaposition d'événements, significative... ou pas ! La discussion sur le graffiti explicite métaphoriquement les intentions de l'autrice. Le procédé ainsi développé n'a certes pas l'élégance du film de Van Sant "Elephant", mais l'on ne peut reprocher à l'autrice de manquer de nuance, le sens n'étant créé que par les lecteurs le souhaitant ardemment.
Visuellement, c'est assez particulier, audacieux mais déroutant : autour d'un trait fin, rare et épuré, se limitant aux contours des corps et décors, s'organisent des aplats de couleurs souvent pâles ou ternes au sein de cases tantôt amples, tantôt multipliées jusqu'à la répétition industrielle warholienne sinon l'abstraction.
Cela dit, la BD déçoit un peu. Le refus de plaquer du sens n'implique pas nécessairement un manque de structure, de liant, de vie. Manque par ailleurs accentué par le style visuel. BD intéressante mais pas totalement réussie, pouvant sérieusement déplaire, notamment pour son apparent militantisme, dans les faits absent.
Décidemment je suis assez peu réceptif à l'œuvre de Nora Dasnes. Evidemment l'autrice norvégienne n'a pas visé le public que je représente. Toutefois en tant que parent je me sens concerner par les lectures ados qui forment l'esprit des futurs adultes que j'accompagne. Dasnes propose ici un récit sentimental dans une ambiance très rose guimauve. Sous la forme du journal intime de Emma nous découvrons les premiers émois sentimentaux de deux des trois filles du groupe: Linnéa et Emma élèves de 12 ans en cinquième. La construction est très enfantine voire simpliste. Toutefois cela ne manque pas d'efficacité avec une lecture très facile ( niveau primaire) et très rapide.
Même si l'autrice introduit la thématique de l'homosexualité cela reste très sage et superficiel.
De même je ne suis pas convaincu par le visuel proposé. Je le trouve trop simple voire simpliste. Cela correspond probablement à l'ambiance très 5-ème que veut faire vivre l'autrice. Enfin j'ai du mal avec le traitement des adultes proposé par Dasnes: insignifiance, transparence, copinage et parfois bêtise ( le père aux sentiments écolo qui ne fait que des lasagnes au dîner; Lol) . Une caricature qui n'est pas ma vision d'une relation parent-enfant constructive. Un petit 3
Je suis une femme queer simple : si en marchant dans ma bibliothèque de quartier je tombe par hasard sur une autobiographie de personne transgenre nous racontant son parcours opératoire et juridique je l'emprunte illico pour voir de quoi il s'agit.
Que voulez-vous, on ne se refait pas !
Le récit commence à la fin, lorsque Yuna Hirasawa, l'autrice, a enfin pu changer de genre et de nom à l'état civil. L'album est donc un retour en arrière, un récit sur tout le parcours qu'elle a suivi pour en arriver là, avec comme pièce centrale la fameuse opération de réassignement sexuel (celle qui semble obnubiler l'esprit des gens qui ne sont pas concerné-e-s). Ladite opération a été effectuée en Thaïlande et l'autrice va donc en profiter pour expliquer à tout son lectorat curieux pourquoi cette destination est-elle si prisée par les personnes transgenres du monde entier (MtF comme FtM, on aborde même au détour de quelques phrases le cas des personnes intersexe). En quoi consiste les opérations, quels sont les ressentis post-opératoires dont on parle rarement, quels sont les attentes et les résultats, à quoi sert chaque étape, ... L'album tout entier se révèle rapidement avoir pour but de vulgariser le sujet de la transidentité, de démystifier la plupart des idées que les personnes non-concernées se font dessus en utilisant l'expérience personnelle de l'autrice.
D'un point de vue d'initiation sur le sujet l'album est bon, chaque terme est expliqué, recontextualisé, et on a même ajouté quelques annotations pour signaler tel ou tel changement qui se serait produit depuis l'année de publication originale au Japon (2016). En revanche, d'un point de vue narratif, le récit est un peu trop ballant pour moi. L'autrice passe souvent du coq à l'âne, on a quelques allers-retours temporels, et malgré la bonne explication et vulgarisation du sujet j'ai tout de même trouvé que par moment certains aspects auraient pu être abordés plus en détails. Sur ce dernier point je chipote peut-être, je connaissais déjà le sujet des transitions hormonales, civiles et les opérations de réassignement sexuel (même si j'ai découvert plusieurs spécificités japonaises), alors j'ai regretté l'absence de certaines spécifications, de certains développements de sujets. Je n'aurais par exemple pas dit non à un discours critique sur les carcans et la pression sociale lié-e-s passing ou encore certaines démarches administratives parfois inutiles voire humiliantes dans ce genre de parcours (comme les questions invasives demandées lors des suivies psychiatriques imposés).
Après, cet aspect peut s'expliquer par le fait que l'autrice visait un récit des plus neutres possibles (nous dit-elle en fin d'album). Être neutre dans un récit autobiographique, surtout lorsqu'il est parsemé d'anecdotes de voyage et de petites remarques en coin de case, ça me paraît personnellement impossible, mais je lui reconnais de n'avoir pas laissé transparaître un quelconque avis sur le sujet de la transidentité, si ce n'est mine de rien une question à un moment : qu'est-ce que c'est le genre au final ? Une question ma foi complexe et passionnante mais qui n'était, malheureusement, pas le sujet présenté ici.
Raaah, voilà, c'est tout moi ça : jamais contente ! Même quand je tombe sur des petites autobiographies sans prétention et pleines de sincérités je retrouve toujours de quoi pinailler !
Ignorez donc un instant mes chipotages sur l'engagement politique de l'ambassadrice du Wokistan que je suis et repenchons-nous un instant sur la forme, voulez-vous ?
L'œuvre cherche à présenter son sujet de manière la plus détaillée possible à un public n'y connaissant peu ou rien et j'avoue que le résultat est bon. Le dialecte et les acronymes, le fonctionnement et l'intérêt de chaque procédure (physique comme juridique), tout est expliqué simplement et mis en contexte, en exemple avec les anecdotes de l'autrice. Non, vraiment, si j'ai pinaillé plus haut ce n'était que, étant déjà bien informée sur le sujet, j'attendais plus de développement, mais donc dans le cas présent je n'étais sans doute pas le public visé. Si vous cherchez à vous renseigner sur le sujet des procédures médicales et administratives liées à la transidentité car vous n'y connaissez pas grand chose, l'album sera probablement une très bonne entrée en matière.
Je regrette tout de même un dessin un peu trop laxe, pas assez maîtrisé par moment, un peu trop d'apartés et d'annotations aussi, quelques exagérations visuelles et passages comiques qui m'ont parus trop faciles (même si le passage avec l'infirmière ayant appris le japonais en regardant des animés m'a fait rire), …
Bon, je vais m'arrêter là parce que je recommence à pinailler !
Il n'empêche que, malgré mes regrets quant-à la nature sans doute un peu trop neutre du résultat, l'album est une sympathique découverte sur son sujet pour quiconque ne le connaîtrait pas (ou de loin), que sans être parfait dans sa construction il n'en reste pas moins agréable à la lecture et que ce récit reste, quoi qu'on en pense, le symbole d'un long chemin parcouru pour l'autrice et que sa joie finale fait chaud au cœur.
Tiens, je m’étonne qu’un album publié il y a plus de quarante ans et réunissant deux grands noms de la BD franco-belge n’ait pas été déjà référencé sur le site ! M’attaquant à certaines de mes piles à lire, je l’ai débusqué, et l’entre donc dans la base.
C’est sans doute une des toutes premières publications de Boucq, ça se sent un peu, même si son trait est déjà bien affirmé, pour accompagner d’un dessin plutôt réaliste et sérieux un récit qui ne l’est pas toujours !
Si retrouver Boucq dans ce type d’album déconne typique de la première grande époque Fluide Glacial n’est en rien étonnant, ça l’est quand même davantage pour Pierre Christin, qui se fond très bien dans le décor Fluide, et nous montre ici une facette de son talent peu mise en avant ailleurs.
Le principe est assez simple en soi. Un jeune homme en rupture de ban rencontre par hasard au gré de son errance un vieux monsieur – le "professeur Bourremou" donc – avec lequel il va faire route commune. Ça va être l’occasion pour Bourremou « d’instruire » son protégé, en lui donnant des « leçons de choses », au fil des rencontres que le duo va être amené à faire. Si Bourremou est hâbleur et volontiers sentencieux, sérieux, voire même rébarbatif dans ses propos, ces leçons tournent rapidement au ridicule (accentué en fin de chaque histoire par quelques questionnaires pseudo éducatifs souvent très cons et caricaturaux) ou au n’importe quoi, Bourremou n’hésitant pas à être cynique pour rouler dans la farine une honnête famille, un chauffeur routier, etc., l’ensemble des récits formant une sorte de road-trip soixante-huitard et décalé.
C'est un ensemble inégal, mais globalement amusant. Si le jeune homme est un faire-valoir, et parfois un souffre-douleur (comme dans l’histoire où Bourremou le travestit pour séduire un camionneur et le convaincre de les véhiculer), c’est Bourremou qui occupe le devant – et parfois toute la scène, avec son air faussement sérieux et sage.
Une lecture agréable. Pas d’éclat de rire, mais le sourire aux lèvres le plus souvent.
Cette nouvelle série série vient enrichir l'univers déjà bien garni des terres d'Arran. Cet arc est fortement marqué par une inspiration asiatique, et si on reste globalement dans un monde de fantasy, cette petite touche est plutôt agréable.
L'histoire ne brille pas par son originalité en nous proposant de suivre un duo de héros formé d'un guerrier samouraï qui accompagne une prêtresse dans ses exorcismes. Les rituels de plus en plus compliqué se succèdent au fil des pages et des chapitres pour terminer en apothéose. Si c'est un peu linéaire et prévisible, on peut quand même saluer le fait que l'intrigue avance sur un bon rythme, que l'action est présente et qu'on ne s'ennuie pas. Les bribes du passé de notre guerrier disséminées au cours du récit apportent un peu de background et d'épaisseur à l'intrigue.
Le point fort de ce premier tome est finalement son dessin très esthétique. Le trait de Vax est dynamique et lisible. Il offre de belles planches, tout est soigné : décors, personnages et créatures mystiques. Les scènes d'action ne sont jamais confuses et même lorsque les coups de katanas fusent, les scènes reste compréhensibles. Du bon travail.
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The Crow
J'avoue que je n'ai pas vraiment compris le pourquoi de cette réédition de cet album paru en 2012 avec ce sous titre déjà présent "Edition définitive"... Peut-être est-ce à l'occasion du remake du film sorti l'an passé, mais pour le coup c'est pas vraiment synchro. En tout cas, la première chose qui vient à l'esprit à la lecture de cette intégrale, c'est qu'elle fait datée. Pour le coup, cette BD est paru pour la première fois en 1995, et elle accuse bien ses 40 ans ; les personnages font très 80' et les nombreuses références (musicales entre autre) sont aussi datées. Mais après tout pourquoi. C'est plutôt le scénario souffrant d'une triste linéarité qui est décevant. Ok, Eric et Sherry ont été sauvagement assassinés par un gang, il revient mystérieusement à la vie pour se venger, et se venge sauvagement. Voili, voilou... Pas bien épais de ce côté là. Côté dessin James O'Barr a du talent, une patte, son noir et blanc en impose, surtout pour ce récit aux élans profondément gothiques, mais il manque quand même de régularité. Si certaines planches sont sublimes, d'autres font parfois un peu bâclées. Il n'en reste pas moins intéressant de découvrir une oeuvre qui aura profondément marqué les esprits et inspirés des cinéastes.
This Monster wants to eat me
Hinako est une jeune lycéenne tout ce qu'il y a de plus normal en apparence. En apparence seulement car personne ne parle réellement à Hinako, et Hinako ne cherche pas vraiment à parler aux autres non plus. Hinako est coupée des autres, Hinako ne semble presque plus rien ressentir, Hinako attend la mort. Si elle attend la mort c'est parce qu'elle l'a rencontrée il y a dix ans de cela lorsque toute sa famille est morte noyée dans un accident de la route, la laissant seule rescapée. Aux yeux du monde elle a survécu mais dans sa tête elle n'est jamais vraiment sortie de l'eau, elle n'a jamais vraiment quitté l'instant dramatique où sa vie à basculée et elle souhaite plus que tout rejoindre sa famille. Alors quand un jour une sirène vient la voir et lui propose de la manger, Hinako accepte. Une jeune fille enfermée dans son deuil ne sachant choisir entre mettre fin à ses jours ou attendre sagement la mort, une sirène ne connaissant rien au monde humain mais cherchant sincèrement à rendre la jeune fille heureuse pour (lui dit-elle) rendre sa chair plus savoureuse et un renard au passé violent ayant renié sa nature monstrueuse et cherchant sincèrement à aider les gens qu'elle croise dont la jeune fille malheureuse (oui, je n'avais pas réussis à présenter la renarde jusque là, mea culpa je ne suis pas douée), voilà un trio parfait pour un récit mélangeant drame et réflexions sur la nature des liens humains. La série est un yuri mais, même après lecture des 10 albums que j'ai eu sous la main jusqu'à présent, difficile de dire si elle rentre dans la catégorie "relation homosexuelle qui prend tout son temps pour s'instaurer" ou bien "récit traitant surtout d'une relation fusionnelle et intime entre deux jeunes femmes". Quoi qu'il en soit, qu'il s'agisse à proprement parlé de romance ou non, l'un des sujets centraux de l'histoire reste l'amour. L'amour propre tout d'abord, car l'enjeu premier reste de redonner le goût de vivre à une jeune fille qui pense ne plus rien avoir, mais aussi et surtout l'amour en tant que lien, les attaches que l'on créé avec les autres. Hinako s'est coupée des autres toutes ces années durant (sauf exception de la renarde qui a joué le rôle de sa meilleure amie depuis tout ce temps), elle n'a plus vraiment de liens concrets avec les autres si ce n'est une lointaine tante ; Shiori (la sirène) n'en a tout simplement jamais eu et découvre elle même petit à petit ce que l'on ressent lorsqu'on s'approche des autres sans désirer nécessairement les dévorer ; et enfin Miko (la renarde) fuit un passé cruel et cherche désespérément à savoir si elle a vraiment réussi à changer ou non, si elle a vraiment réussi à passer outre sa nature de prédatrice pour vivre parmi les humain-e-s. Tout tourne autour du rapport aux autres et je dois avouer que le traitement des doutes, des remises en questions, de la cruauté et des comportements égoïstes propres aux relations sociales affectives aussi, sonnent réels et concrets dans cette histoire. Je déplore tout de même des résolutions de sous-intrigues pas toujours à la hauteur des promesses (notamment l'arc avec la jeune tanuki qui passe soudainement de fieffée manipulatrice à pleurnicharde) ou encore que certains enchaînements de chapitre aient l'effet de pétards mouillés lorsque l'un se termine par un cliffhanger et que l'autre commence par une évolution parfois trop artificielle. Il y a aussi le fait que je n'apprécie pas vraiment le design "moe" des personnages. Qu'Hinako ait l'air d'une jeune fille toute mignonne est logique (elle doit avoir 16 ans à tout casser), que Shiori ait l'air d'avoir le même âge est logique aussi (elle a choisi cette apparence pour se rapprocher d'Hinako), pour Miko ça devient déjà plus bizarre parce qu'elle a visiblement l'apparence d'une jeune adolescente depuis des siècles lorsqu'elle prend une forme humaine, et à partir de la tanuki ça a commencé à devenir du grand n'importe quoi (elle a l'air encore plus jeune et j'hésiterais même à la catégoriser comme "loli"). S'il n'y avait pas les personnages tertiaires de la tante d'Hinako et la vieille Tanuki j'aurais pu finir par croire que l'autrice ne savait pas dessiner autre chose que des jeunes femmes. Ce qui est bien dommage, justement, parce que l'autrice à un sacré coup de crayon, mine de rien. Qu'il s'agisse des designs travaillés des yôkais sous leur forme véritable, des très beaux décors pleins de détails parfois ou encore de la jolie métaphore graphique filée de la mer et des poissons engloutissant la vie d'Hinako je dois avouer que le travail graphique de cette série est on ne peut plus joli. J'en regrette davantage le caractère trop "mignon", trop "convenu" aussi, des personnages mis en comparaison. L'histoire est bonne, intéressante aussi. Il semble que le récit se dirige vers des enjeux un peu plus grands avec cette histoire de jeune fille mystérieuse, je ne suis pas sûre de ce que cela donnera, à voir. PS : je précise que je n'ai pu lire que les quatre premiers tomes en français, seuls présents à ma bibliothèque de quartier ; le reste de ma lecture a été fait avec une traduction anglaise.
L'Ile de Lorose
Mes précédentes expériences avec l’univers de Wakfu ont été plutôt malheureuses, mais j’ai retenté ma chance avec cet album, partant quand même avec un a priori négatif. Au final, c’est sans doute l’album qui m’a le moins laissé de côté, celui que j’ai lu avec le moins de freins, même si je reste persuadé que cet univers et ses déclinaisons (je ne connais pas vraiment les jeux) ne sont pas vraiment ma came. Je ne suis pas fan des jeux de mots lourds et redondants (noms de personnages par exemple, en verlan en particulier), qui lorgne plus sur Lanfeust que sur Donjon (le second univers m’attirant bien plus que le premier). Mais l’humour – même maladroit – et la volonté de ne pas trop se prendre au sérieux donnent un peu d’attrait à cette histoire, qui se laisse lire comme un divertissement sans conséquences, sans prise de tête – et qui se laisse oublier tout aussi vite je le crains. Si l’intrigue elle-même ne m’a pas passionné plus que ça, la constitution de l’équipe – hétéroclite – est parfois amusante. Même si certains personnages – Jeanjean en particulier, inévitable gros balourd à la baffe et au coup d’épée faciles – manquent de profondeur (il est quasi muet en plus). En introduction, on nous annonce que « la fin est naze ». Promesse hélas tenue, tant on reste quasiment sur une absence de conclusion – ou une conclusion brutale avec points de suspension. Un album à réserver en priorité aux amateurs et connaisseurs de l’univers Dofus/Wakfu, qui saisiront davantage les subtilités autour des personnages (j’imagine importants dans l’univers, mais peu ou pas connus de moi). Note réelle 2,5/5.
From outer space
Voilà un album découvert par hasard, acheté pas cher après un feuilletage rapide (la bichromie, et la forte présence du fond orange m’avaient attiré). Si le dessin de Marion Mousse, avec un trait gras, plutôt avare de détails est parfois minimaliste, il est globalement fluide et agréable. En tout cas il accompagne très bien une histoire assez légère, . C’est de la SF décalée, avec un humour présent sans être non plus très percutant. Quelques personnages et dialogues amusants (j’aurais bien vu plus de loufoque chez Shluss, le dirigeant de la planète Prott, dictateur ubuesque et neuneu, même si quelques échanges avec son conseiller sont savoureux), et une intrigue qui se laisse lire. Mais le rythme et l’intérêt sont inégaux, et hélas le second tome prévu manque à l’appel, nous privant d’une réelle conclusion. Nous ne saurons donc jamais si Everett, représentant interplanétaire en peignes (sic !) et la fille rebelle de Shluss vont former un vrai couple… Note réelle 2,5/5.
Tombeur de haut
Avec un titre pareil, chez cet éditeur, et avec à la baguette Lucques, je m’attendais clairement à quelque chose de très érotique, et ça n’est pas vraiment le cas. Pourtant, dans toutes les histoires – plus ou moins courtes – rassemblées ici, il est à chaque fois question d’amour, physique ou cérébral, de relations amoureuses en construction, de séduction. Mais ici Lucques s’écarte le plus souvent de la gaudriole plus ou moins loufoque qui caractérise nombre de ses publications. L’humour est présent, pas toujours, et le plus souvent en retrait, même si l’une des histoires les plus longues – dans laquelle une jeune prof de lycée se fait draguer de façon surprenante – amène une chute – un peu prévisible, mais amusante. Sinon, il y a pas mal de récits qui jouent sur un ton plus sérieux, une certaine amertume, de la dérision. Pas mal de registres assez inhabituels chez Lucques. La lecture est globalement intéressante et agréable, les récits s’enchaînent plaisamment, et sont assez divers pour ne pas se répéter. Lucques alterne dessin réaliste classique et trait semi caricatural – il est bon dans ces deux registres – en usant toujours très bien du Noir et Blanc. Voilà un album ancien, mais qui mérite un petit détour. Les éditions du Fromage ont quand même publié pas mal d’albums originaux et intéressants, souvent injustement oubliés. Note réelle 3,5/5.
Rouge signal
Le projet de cette BD est inattaquable : évoquer le danger du contre-mouvement "masculiniste" se développant en réaction au légitime féminisme. L'histoire déroule deux syntagmes en parallèle, d'un côté le quotidien des employées d'un salon de manucure, de l'autre la vie d'un célibataire trentenaire aigri par sa vie sentimentale et professionnelle. Des tranches de vie saisies à partir d'anecdotes, de simples conversations, faisant surgir l'incongru, l'incompris, mais aussi l'horreur du banal. La dramaturgie ainsi déstructurée évite de créer du sens, efface la causalité, dilue les motivations, pour demeurer dans le constat en se limitant à une simple juxtaposition d'événements, significative... ou pas ! La discussion sur le graffiti explicite métaphoriquement les intentions de l'autrice. Le procédé ainsi développé n'a certes pas l'élégance du film de Van Sant "Elephant", mais l'on ne peut reprocher à l'autrice de manquer de nuance, le sens n'étant créé que par les lecteurs le souhaitant ardemment. Visuellement, c'est assez particulier, audacieux mais déroutant : autour d'un trait fin, rare et épuré, se limitant aux contours des corps et décors, s'organisent des aplats de couleurs souvent pâles ou ternes au sein de cases tantôt amples, tantôt multipliées jusqu'à la répétition industrielle warholienne sinon l'abstraction. Cela dit, la BD déçoit un peu. Le refus de plaquer du sens n'implique pas nécessairement un manque de structure, de liant, de vie. Manque par ailleurs accentué par le style visuel. BD intéressante mais pas totalement réussie, pouvant sérieusement déplaire, notamment pour son apparent militantisme, dans les faits absent.
L'Année où je suis devenue ado
Décidemment je suis assez peu réceptif à l'œuvre de Nora Dasnes. Evidemment l'autrice norvégienne n'a pas visé le public que je représente. Toutefois en tant que parent je me sens concerner par les lectures ados qui forment l'esprit des futurs adultes que j'accompagne. Dasnes propose ici un récit sentimental dans une ambiance très rose guimauve. Sous la forme du journal intime de Emma nous découvrons les premiers émois sentimentaux de deux des trois filles du groupe: Linnéa et Emma élèves de 12 ans en cinquième. La construction est très enfantine voire simpliste. Toutefois cela ne manque pas d'efficacité avec une lecture très facile ( niveau primaire) et très rapide. Même si l'autrice introduit la thématique de l'homosexualité cela reste très sage et superficiel. De même je ne suis pas convaincu par le visuel proposé. Je le trouve trop simple voire simpliste. Cela correspond probablement à l'ambiance très 5-ème que veut faire vivre l'autrice. Enfin j'ai du mal avec le traitement des adultes proposé par Dasnes: insignifiance, transparence, copinage et parfois bêtise ( le père aux sentiments écolo qui ne fait que des lasagnes au dîner; Lol) . Une caricature qui n'est pas ma vision d'une relation parent-enfant constructive. Un petit 3
Devenir enfin moi-même
Je suis une femme queer simple : si en marchant dans ma bibliothèque de quartier je tombe par hasard sur une autobiographie de personne transgenre nous racontant son parcours opératoire et juridique je l'emprunte illico pour voir de quoi il s'agit. Que voulez-vous, on ne se refait pas ! Le récit commence à la fin, lorsque Yuna Hirasawa, l'autrice, a enfin pu changer de genre et de nom à l'état civil. L'album est donc un retour en arrière, un récit sur tout le parcours qu'elle a suivi pour en arriver là, avec comme pièce centrale la fameuse opération de réassignement sexuel (celle qui semble obnubiler l'esprit des gens qui ne sont pas concerné-e-s). Ladite opération a été effectuée en Thaïlande et l'autrice va donc en profiter pour expliquer à tout son lectorat curieux pourquoi cette destination est-elle si prisée par les personnes transgenres du monde entier (MtF comme FtM, on aborde même au détour de quelques phrases le cas des personnes intersexe). En quoi consiste les opérations, quels sont les ressentis post-opératoires dont on parle rarement, quels sont les attentes et les résultats, à quoi sert chaque étape, ... L'album tout entier se révèle rapidement avoir pour but de vulgariser le sujet de la transidentité, de démystifier la plupart des idées que les personnes non-concernées se font dessus en utilisant l'expérience personnelle de l'autrice. D'un point de vue d'initiation sur le sujet l'album est bon, chaque terme est expliqué, recontextualisé, et on a même ajouté quelques annotations pour signaler tel ou tel changement qui se serait produit depuis l'année de publication originale au Japon (2016). En revanche, d'un point de vue narratif, le récit est un peu trop ballant pour moi. L'autrice passe souvent du coq à l'âne, on a quelques allers-retours temporels, et malgré la bonne explication et vulgarisation du sujet j'ai tout de même trouvé que par moment certains aspects auraient pu être abordés plus en détails. Sur ce dernier point je chipote peut-être, je connaissais déjà le sujet des transitions hormonales, civiles et les opérations de réassignement sexuel (même si j'ai découvert plusieurs spécificités japonaises), alors j'ai regretté l'absence de certaines spécifications, de certains développements de sujets. Je n'aurais par exemple pas dit non à un discours critique sur les carcans et la pression sociale lié-e-s passing ou encore certaines démarches administratives parfois inutiles voire humiliantes dans ce genre de parcours (comme les questions invasives demandées lors des suivies psychiatriques imposés). Après, cet aspect peut s'expliquer par le fait que l'autrice visait un récit des plus neutres possibles (nous dit-elle en fin d'album). Être neutre dans un récit autobiographique, surtout lorsqu'il est parsemé d'anecdotes de voyage et de petites remarques en coin de case, ça me paraît personnellement impossible, mais je lui reconnais de n'avoir pas laissé transparaître un quelconque avis sur le sujet de la transidentité, si ce n'est mine de rien une question à un moment : qu'est-ce que c'est le genre au final ? Une question ma foi complexe et passionnante mais qui n'était, malheureusement, pas le sujet présenté ici. Raaah, voilà, c'est tout moi ça : jamais contente ! Même quand je tombe sur des petites autobiographies sans prétention et pleines de sincérités je retrouve toujours de quoi pinailler ! Ignorez donc un instant mes chipotages sur l'engagement politique de l'ambassadrice du Wokistan que je suis et repenchons-nous un instant sur la forme, voulez-vous ? L'œuvre cherche à présenter son sujet de manière la plus détaillée possible à un public n'y connaissant peu ou rien et j'avoue que le résultat est bon. Le dialecte et les acronymes, le fonctionnement et l'intérêt de chaque procédure (physique comme juridique), tout est expliqué simplement et mis en contexte, en exemple avec les anecdotes de l'autrice. Non, vraiment, si j'ai pinaillé plus haut ce n'était que, étant déjà bien informée sur le sujet, j'attendais plus de développement, mais donc dans le cas présent je n'étais sans doute pas le public visé. Si vous cherchez à vous renseigner sur le sujet des procédures médicales et administratives liées à la transidentité car vous n'y connaissez pas grand chose, l'album sera probablement une très bonne entrée en matière. Je regrette tout de même un dessin un peu trop laxe, pas assez maîtrisé par moment, un peu trop d'apartés et d'annotations aussi, quelques exagérations visuelles et passages comiques qui m'ont parus trop faciles (même si le passage avec l'infirmière ayant appris le japonais en regardant des animés m'a fait rire), … Bon, je vais m'arrêter là parce que je recommence à pinailler ! Il n'empêche que, malgré mes regrets quant-à la nature sans doute un peu trop neutre du résultat, l'album est une sympathique découverte sur son sujet pour quiconque ne le connaîtrait pas (ou de loin), que sans être parfait dans sa construction il n'en reste pas moins agréable à la lecture et que ce récit reste, quoi qu'on en pense, le symbole d'un long chemin parcouru pour l'autrice et que sa joie finale fait chaud au cœur.
Les Leçons du professeur Bourremou
Tiens, je m’étonne qu’un album publié il y a plus de quarante ans et réunissant deux grands noms de la BD franco-belge n’ait pas été déjà référencé sur le site ! M’attaquant à certaines de mes piles à lire, je l’ai débusqué, et l’entre donc dans la base. C’est sans doute une des toutes premières publications de Boucq, ça se sent un peu, même si son trait est déjà bien affirmé, pour accompagner d’un dessin plutôt réaliste et sérieux un récit qui ne l’est pas toujours ! Si retrouver Boucq dans ce type d’album déconne typique de la première grande époque Fluide Glacial n’est en rien étonnant, ça l’est quand même davantage pour Pierre Christin, qui se fond très bien dans le décor Fluide, et nous montre ici une facette de son talent peu mise en avant ailleurs. Le principe est assez simple en soi. Un jeune homme en rupture de ban rencontre par hasard au gré de son errance un vieux monsieur – le "professeur Bourremou" donc – avec lequel il va faire route commune. Ça va être l’occasion pour Bourremou « d’instruire » son protégé, en lui donnant des « leçons de choses », au fil des rencontres que le duo va être amené à faire. Si Bourremou est hâbleur et volontiers sentencieux, sérieux, voire même rébarbatif dans ses propos, ces leçons tournent rapidement au ridicule (accentué en fin de chaque histoire par quelques questionnaires pseudo éducatifs souvent très cons et caricaturaux) ou au n’importe quoi, Bourremou n’hésitant pas à être cynique pour rouler dans la farine une honnête famille, un chauffeur routier, etc., l’ensemble des récits formant une sorte de road-trip soixante-huitard et décalé. C'est un ensemble inégal, mais globalement amusant. Si le jeune homme est un faire-valoir, et parfois un souffre-douleur (comme dans l’histoire où Bourremou le travestit pour séduire un camionneur et le convaincre de les véhiculer), c’est Bourremou qui occupe le devant – et parfois toute la scène, avec son air faussement sérieux et sage. Une lecture agréable. Pas d’éclat de rire, mais le sourire aux lèvres le plus souvent.
Terres d'Ynuma
Cette nouvelle série série vient enrichir l'univers déjà bien garni des terres d'Arran. Cet arc est fortement marqué par une inspiration asiatique, et si on reste globalement dans un monde de fantasy, cette petite touche est plutôt agréable. L'histoire ne brille pas par son originalité en nous proposant de suivre un duo de héros formé d'un guerrier samouraï qui accompagne une prêtresse dans ses exorcismes. Les rituels de plus en plus compliqué se succèdent au fil des pages et des chapitres pour terminer en apothéose. Si c'est un peu linéaire et prévisible, on peut quand même saluer le fait que l'intrigue avance sur un bon rythme, que l'action est présente et qu'on ne s'ennuie pas. Les bribes du passé de notre guerrier disséminées au cours du récit apportent un peu de background et d'épaisseur à l'intrigue. Le point fort de ce premier tome est finalement son dessin très esthétique. Le trait de Vax est dynamique et lisible. Il offre de belles planches, tout est soigné : décors, personnages et créatures mystiques. Les scènes d'action ne sont jamais confuses et même lorsque les coups de katanas fusent, les scènes reste compréhensibles. Du bon travail.