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Couverture de la série Dans la forêt - d'après le roman de Jean Hegland
Dans la forêt - d'après le roman de Jean Hegland

Je serai un brin moins enthousiasmé que les aviseurs précédents concernant cette adaptation graphique du roman de Jean Hegland paru en 1996. Si cette œuvre a le mérite de sortir des sentiers battus en traitant un peu différemment le thème du monde post-apocalypse, maintes fois abordés en livres, BD et films, j'ai été gêné par plusieurs points. Tout d'abord, bien que je souscrive au constat global de la déconnexion de l'être humain avec la nature qui l'entoure, la plupart des gens ne sachant même plus différencier une espèce d'arbre d'une autre, j'ai trouvé que la forêt et la nature en général étaient un brin idéalisées dans cette BD. Le retour de nos deux héroïnes, très jeunes et peu expérimentées à une vie digne de l'Homo Sapiens suite au départ (et à l'incendie) de leur maison, reste peu crédible. La rapidité avec laquelle est amenée la décrépitude de cette dernière l'est tout autant. Enfin, j'ai également été gêné par les nombreuses scène de sexe, pas toujours utiles, présentes tout au long de l'histoire. La palme étant décernée à cette relation incestueuse entre les deux sœurs, sensée être le point de départ de la guérison de l'une d'entre elle du viol qu'elle a subi. Je ne dois pas avoir tout saisi mais peut-être qu'il fallait y voir un renforcement de la sororité entre ces deux sœurs... Reste une œuvre tout de même agréable à lire, dont la narration avec des flashbacks récurrents est fluide et attise la curiosité du lecteur sur l'issue finale. Le dessin, au trait peu appuyé et dépouillé de toute couleur, colle parfaitement avec l'ambiance générale de l'histoire. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 6/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation, mise en page) : 7/10 NOTE GLOBALE : 13/20

12/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Bottled
Bottled

L’album est assez épais (pas loin de 300 pages), mais il se lit vite (peu de cases ou de textes), et globalement plutôt agréablement. Le travail éditorial des éditions Huber est, comme toujours, excellent. Mais je ne peux m’empêcher de ressentir un goût de trop peu quand même en le refermant. Dans le dessin déjà. Très lisible et pas désagréable, il est minimaliste. Dans l’intrigue ensuite. Elle bascule peu à peu vers du polar un peu noir, sur la base d’une vengeance assez classique. Mais le rythme est un peu mollasson, et l’histoire est un peu trop linéaire. Du coup les personnages et l’histoire ne sont pas suffisamment creusés, ce qui est frustrant. Pas mal de réserves donc, mais c’est tout de même une histoire qui se laisse lire. Une fois, pas plus. Note réelle 2,5/5.

11/10/2025 (modifier)
Couverture de la série La Blonde
La Blonde

J’ai lu l’album « Coup double », réédité il y a quelques années par Tabou (les éditions originales sont difficiles à trouver). Je n’ai pas été surpris par le travail de Saudelli, même si je pensais a priori y trouver quelque chose de bien plus « adulte ». En effet, il n’y a aucune scène réelle de sexe, ni même quoi que ce soit d’explicite. Reste qu’un érotisme latent innerve le récit. Un érotisme constamment entretenu par Saudelli, qui use ici d’une imagerie SM prononcée. Du shibari bien sûr, puisque les femmes sont toutes saucissonnées plusieurs fois. Mais aussi, quelque chose de récurrent chez lui, le fétichisme des pieds, le plus souvent habillés de chaussures à talons aiguilles (un fétichisme qu’il partage avec sa compagne Casotto). Mais ce fétichisme, cet arrière-plan SM, ne sert que de décor à une histoire qui mélange un peu de SF et une intrigue parodiant quelque peu les polars noirs américains, à base d’enlèvement, d’enquête menée par un privé nonchalant et borderline (tous les personnages étant ici féminins, tendance bombasse, mini-jupe et talon hauts donc !). Les péripéties sont improbables, et la surenchère de rebondissements, de ficelages, de gros plans sur les pieds donnent un rendu amusant, grotesque, même si ça finit un peu par tourner en rond, avec une fin un peu embrouillée. On se lasse au bout d’un moment, ce qui me fait dire que Saudelli a intérêt à bien se renouveler pour les tomes suivants – que je ne connais pas. En l’état, c’est de l’humour érotique et SM qui passe bien, un petit défouloir plaisant. Surtout que le dessin de Saudelli est vraiment très agréable, et le Noir et Blanc lui convient très bien.

11/10/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 3/5
Couverture de la série Le Dernier Vol de Dan Cooper
Le Dernier Vol de Dan Cooper

On a peu de chances de le retrouver vivant, mais sait-on jamais… - Ce tome contient une histoire complète inspirée d’un fait réel, qui ne nécessite pas de connaissance préalable. Son édition originale date de 2025. Il a été réalisé par Jean-Luc Cornette pour le scénario, et par Renaud Garreta pour les dessins, avec Cyril Saint-Blancat pour les couleurs. Il comprend quatre-vingts pages de bande dessinée. Il se termine par un article de deux pages, intitulé : Mais qui est Dan Cooper ? Est-il vivant et si oui… où se trouve-t-il ? Article de deux pages, rédigé par le scénariste, agrémenté par le portrait-robot de Dan Cooper. Dans la nuit du vingt-quatre novembre 1971, un homme a ouvert la porte-escalier du Boeing 727-051 de la compagnie Northwest Orient Airlines. Il porte un parachute dorsal, et il saute dans le vide en plein vol. L’avion continue son vol, alors qu’il chute vers le sol, sous la pluie, un sac de sport accroché relié à sa ceinture par une longe. Portland, le dix-huit novembre 1971, Dan Cooper, lunettes de soleil sur le nez, avance la chaise de Sally qui vient de s’assoir à la table du restaurant. Elle lui indique qu’elle ne se lasse pas de la vue, ni du Pink Lady de l’établissement. Il s’assoit à son tour et commande un Pink Lady pour elle et un Bourbon-7 Up pour lui. Il se retourne vers la jeune femme et lui demande si elle a bien compris ce qu’elle va devoir faire. Elle lui répond que ce n’est pas très compliqué. Il insiste : Ce n’est pas compliqué, mais cette opération est une mécanique de précision. Il continue en allumant une cigarette : La moindre erreur, aussi minime soit-elle, aurait des conséquences dramatiques, pour lui… et peut-être même pour elle. Dan Cooper donne ses instructions à Sally : elle doit bien tout répéter dans sa tête pour que chaque instant soit naturel. Elle doit surtout ne jamais le regarder, lui parler. Aucune interaction entre eux, il faut qu’elle demande une place à l’avant de l’appareil. Il lui explique ensuite la raison pour laquelle c’est elle qui doit amener le sac dans l’avion : il doit avoir son attaché-case avec lui, cependant il a absolument besoin du contenu du sac, sans quoi ce serait du suicide. Il préfère laisser croire qu’il commet un acte de folie et qu’il a de grandes chances de se tuer. Personne ne saura que, dans l’avion, il y a tout le matériel pour échapper à la mort. Il termine en lui rappelant qu’elle devra patienter plusieurs semaines, plusieurs mois peut-être, car il doit disparaître. Enfin, il écrit les coordonnées du vol Seattle – Tacoma sur un bout de papier. À l’issue du repas, il lui appelle un taxi, et lui remet le sac. Quelques jours plus tard, il lit un album de Dan Cooper dans son salon, au milieu des cartons. Enfin le déménageur arrive. Il s’en va, et il laisse les clés aux déménageurs, leur demandant de fermer derrière eux, et de ramener les clés à l’agence. Puis il prend un taxi pour se rendre à l’aéroport de Portland. De son côté, Sally a bien le sac, et elle dit au revoir à Angie, sa copine, en lui demandant de venir la chercher le lendemain au Jet Inn Motel de Seattle. La quatrième de couverture résume la première partie de la bande dessinée, ou plutôt explicite le fait divers qui sert de point de départ à l’histoire, un pirate de l’air qui s’est enfui avec deux cent mille dollars (soit un peu plus de un million et demi de dollar en valeur actualisée à 2025), sans aucune violence sur autrui, et qui n’a jamais été retrouvé. Ce texte complète avec la précision : le douze juillet 2016, le FBI abandonne officiellement la plus longue enquête de son histoire près quarante-cinq ans de recherches infructueuses, sans avoir jamais pu identifier le responsable de ce détournement d’avion devenu mythique. Les auteurs optent bien sûr pour une narration de type réaliste et détaillée : une solide reconstitution historique, pour les lieux, les tenues vestimentaires, les véhicules (à commencer par le Boeing 727 et sa porte escalier), les différents accessoires. S’il se montre tatillon, le lecteur peut être surpris par le modèle de calculatrice dont disposent le jeune garçon et la femme pour effectuer le change de dollars en pesos. Le scénariste a choisi une trame très linéaire (à part pour la scène d’introduction) : suivre Dan Cooper depuis le dîner de préparation des derniers détails avec Sally, jusqu’à une forme de résolution satisfaisante. Il ne s’agit donc pas d’un dossier exhaustif sur l’affaire. En particulier il laisse de côté les recherches ultérieures et les suspects potentiels : Richard McCoy jr., Duane Weber, John List, ou encore la création et la mise en œuvre de l’aile de Cooper, un mécanisme aérodynamique empêchant l’escalier arrière d’être abaissé pendant le vol. La couverture s’avère très efficace, avec cet homme en chute libre sur fond blanc, et la promesse de tous ces dollars : il est riche, il a réussi son coup. Les auteurs ont choisi une scène d’introduction très spectaculaire, en deux pages, sans un seul mot. Trois cases dans la première planche, le lecteur se tient dans l’avion, et il voit devant lui Dan Cooper sauter dans le vide, avec un gros sac relié à sa ceinture. Deuxième planche : la reprise du dessin de couverture en pleine planche, sans les billets et avec un ciel d’orage. Ils attirent l’attention du lecteur sur ce moment qu’ils mettent ainsi en avant : le courage et la détermination qu’il faut pour sauter d’un avion en plein vol, avec une solide dose d’optimisme que tout se déroulera comme prévu. Plus loin, pendant quatre pages (vingt-cinq à vingt-huit), ils montrent le pirate à l’œuvre dans l’avion, alors qu’il se prépare à sauter, puis la descente en parachute, avec un unique phylactère dans une case consacrée à Sally. L’album comprend encore d’autres pages sans texte, où la narration est entièrement réalisée par les dessins : Dan Cooper reprenant ses esprits en pleine forêt, le même au volant d’une voiture sur une highway déserte et pénétrant en Californie, deux autres pages pour faire disparaître la voiture, encore une page muette où cette fois-ci Sally est au volant pour rallier Mexico. Ainsi, cette bande dessinée s’inscrit dans le registre du roman, le lecteur appréciant pleinement la narration visuelle. Du fait de la nature du récit, l’artiste a fort à faire pour la reconstitution historique. Il emmène le lecteur dans une restaurant avec vue panoramique à Portland, et il est visible qu’il était autorisé de fumer à table. En page neuf, le personnage principal est dans son pavillon, au milieu des cartons en train de lire une bande dessinée : Le secret de Dan Cooper (1965). Il s’agit d’une série Dan Cooper (1957 à 1992, 41 albums) d’Albert Weinberg (1922-2011), à laquelle le pirate aurait peut-être pu emprunter son nom. Il retrouve le même album dans un commerce de Mexico en page soixante. Vient ensuite l’arrivée à l’aéroport, l’achat d’un billet à un comptoir de la Northwest Orient, les uniformes des pilotes et des hôtesses de l’air, les rangées de siège avant la montée des passagers. Le lecteur peut apprécier le calme de Dan Cooper, alors qu’il montre la bombe à une hôtesse, en plein vol, la maîtrise de celle-ci. La mise en scène s’avère plausible et convaincante pour ce chantage à la bombe qui n’a rien de spectaculaire, très pragmatique. L’artiste s’avère être un excellent metteur en scène pour les moments de tension psychologique. Le lecteur se rend compte qu’il scrute le visage et les gestes du couple de paysans qui a recueilli Dan Cooper pour essayer de deviner les menaces sous-jacentes, le jeu de prise d’ascendant en train de se dérouler dans la tête de chacun. Le face à face entre Cooper et Sally le tient également en haleine, pour savoir ce qui l’emportera des émotions, de la raison, de la conviction. À partir de ce fait divers singulier, le scénariste s’interroge sur ce qu’il a pu advenir de ce Dan Cooper. Son approche apparaît singulière. Il ne dit rien de cet homme, aucune information sur son passé ou sa vie personnelle, aucune remarque qui puisse permettre de se faire une idée de sa personnalité. Le lecteur en est réduit à faire ses propres déductions à partir de ce que les auteurs ont choisi de montrer : un homme rigoureux dans sa planification, astucieux pour pouvoir tirer parti de la possibilité d’ouvrir la porte-escalier en vol, capable d’apprendre par lui-même (par exemple pour la technologie du Boeing 727), capable d’anticiper (comment faire pour déjouer les deux chasseurs à la poursuite du Boeing 727), privilégiant la non-violence, confiant dans ses capacités physiques pour réaliser un saut en parachute au milieu de nulle part, réglo à sa manière puisqu’il fait tout pour honorer son engagement financier auprès de sa complice Sally. Pour autant, du fait de l’absence d’émotion de sa part, le lecteur ne s’y attache pas vraiment. Il se concentre plus alors sur les réactions qu’il suscite chez les autres. Indubitablement Sally a été séduite : elle indique à Angie qu’elle le trouve beau et charmant, mais pas assez stable pour envisager une relation amoureuse. Le couple de paysans est certainement impressionné par l’efficacité avec laquelle il a mené son arnaque. Les autres rôles secondaires ne voient qu’un individu de passage sans beaucoup de personnalité. Au travers de la réalisation de ce coup et de la suite inventée, le scénariste met incidemment en scène d’autres thèmes. Ce Dan Cooper se trouve face à des individus prêts à saisir l’occasion de se faire du blé rapidement et donc de manière illicite, que ce soit Sally, ou les paysans, ou encore les changeurs de rue. Mine de rien, les différents services de police apparaissent comme efficaces et bien organisés : mise en place d’un dispositif de recherche très rapidement, avec une méthodologie éprouvée, même s’il n’est pas possible de retrouver une aiguille dans une meule de foin. Une fois que Cooper a passé la frontière, le Mexique ressort comme le pays de la débrouille, et aussi comme une sorte de territoire où les Américains disposent d’un avantage économique ce qui fait d’eux des gens riches et au-dessus des lois. Enfin, le lecteur observe l’effet produit par la promesse d’un enrichissement facile grâce à un pactole mal acquis : sur les paysans, sur Sally, et par contraste sur Cooper lui-même. Les auteurs ont choisi un traitement original de cette affaire célèbre de pirate de l’air aux États-Unis : reconstituer le vol en lui-même, et imaginer ce qui a pu se passer par la suite, sans rien dire sur Dan Cooper lui-même. La narration visuelle montre bien une époque, des lieux précis, et sait aussi bien raconter les événements de manière plausible, que faire apparaître la tension psychologique entre les personnages. Au lieu de révélations fracassantes et sujettes à caution, le lecteur se retrouve à se questionner ce que représente cette somme d’argent (entre il fait le bonheur et bien mal acquis) et la force de caractère de ce Dan Cooper. Surprenant.

11/10/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série Le Secret de Scarecrow
Le Secret de Scarecrow

Un manga de fantasy assez sympathique pour le moment. Certes, l'univers créé par l'autrice n'est pas des plus originaux : il y a des monstres qui théorisent le monde, de la discrimination entre les humains et les animaux humanoïdes, il y a un vieux secret... Cela n'est pas un gros problème parce qu'il y a de bonnes idées et c'est bien fait. Le scénario possède plusieurs sous-intrigues alors on ne fait pas que suivre l'héroïne-princesse et l'épouvantail dans leurs quêtes pour vaincre les terribles crows. En fait, je dois dire que j'ai surtout apprécié suivre les aventures de ce pauvre garçon bête voleur qui se retrouve avec des ennuis à cause de la princesse. Le scénario est un peu lent pour bien poser les bases du récit et je dois dire que ça m'a surpris parce que je m'attendais à un manga avec de la baston toutes les 5 pages. Le dessin est dynamique et j'aime bien le design des personnages. C'est un shonen de fantasy qui ne tombe pas trop dans les défauts récurrents de ce type de manga. Je ne pense pas lire au bout si ça se termine avec des dizaines de tomes, mais au moins j’ai bien aimé lire les 3 premiers tomes et je vais lire la suite si je tombe sur les tomes suivants à la bibliothèque.

10/10/2025 (modifier)
Par kanibal
Note: 3/5
Couverture de la série Tokyo confidentiel
Tokyo confidentiel

J'aurai pu mettre 4 étoiles à cette série, mais certains clichés reviennent trop souvent dans la série,mais hormis ce point noir on tient une bonne série qui s'adresse à un public adulte avec son lot de situations cocasses. Nous ne sommes pas juste dans une succession de scènes de sexes , même si l'intrigue reste légère les auteurs ont pris le temps de bien installer les protagonistes et d'étoffer leur background au fil des albums , ce qui leur donne une certaine épaisseur. Au cours de ma lecture certains passages m'ont fait penser à Lone Cub and Wolf concernant le quotidien des petites gens , mais la comparaison s'arrête là . Le dosage est bien équilibré entre les ébats des protagonistes ,les séquences d'actions et une bonne dose d'humour que se soit pour les dialogues ou les mimiques des protagonistes. Le dessinateur a un beau coup de crayon , les femmes sont très bien dessinées surtout au niveau des seins, en ce qui concerne les parties intimes femme ou homme les zones sont blanches. Les scènes de combats par contre elle sont brèves , on sent que c'est pas dans ce domaine qu'il excelle. Tout ça pour dire que j'ai passé un très très bon moment de lecture.

10/10/2025 (modifier)
Couverture de la série L'Hermione
L'Hermione

En lisant cet album, j’ai immédiatement pensé à la collection des Grandes batailles navales, que Delitte dirige – et dans laquelle il s’occupe des dessins, et souvent aussi des scénarios. En effet, comme dans cette collection (publiée chez le même éditeur) – dont cet album pourrait presque être le premier tome putatif, on a une longue exposition, qui occupe l’essentiel de l’album, puis vers la fin le cœur du sujet – du moins celui annoncé dans le titre apparait. De fait, la frégate Hermione est mise de côté, et l’intrigue se concentre sur terre, avec les machinations d’un espion travaillant pour les Anglais et souhaitant saboter l’expédition en préparation et/ou tuer Lafayette. Ça peut donc être frustrant pour ceux qui s’attendaient à ce que la célèbre frégate monopolise le récit. Comme pour la collection des Grandes batailles navales, un court dossier complète la lecture en fin d’album. Je connais assez bien ce navire, pour avoir visité il y a quelques années sa réplique dans le port de Rochefort, peu de temps après qu’elle ait fait son aller-retour entre la France et les États-Unis. L’Hermione mise en retrait, le récit se laisse lire quand même, c’est de l’aventure historique globalement bien menée, rythmée. Le point fort de l’album reste quand même le dessin de Delitte, très bien mis en valeur par le très grand format de l’album. Comme à son habitude, tout ce qui touche aux navires est excellent, minutieux – et les décors en général sont aussi très réussis. Comme à son habitude aussi, les visages sont trop souvent ressemblants, avec cet aspect « carré » et massif reconnaissable. A noter que le personnage de la série éponyme de Delitte Black Crow apparait comme badaud sur plusieurs planches en milieu d’album. Un album qui se laisse lire, même s’il a un peu dévié de son sujet affiché. A noter que les amateurs de cette période pourront compléter avec l’album Chesapeake, du même Delitte, dans la collection évoquée plus haut…

10/10/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 3/5
Couverture de la série Le Chapeau mystérieux de Monsieur Pinon
Le Chapeau mystérieux de Monsieur Pinon

Un conte moderne. L'histoire d'un vieux bonhomme qui n'a, a priori, plus toute sa tête. Il recherche un magicien pour entrer dans le chapeau haut de forme d'un certain monsieur Pinon. Celui-ci était un prestidigitateur reconnu au début de la seconde guerre mondiale. Deux temporalités, l'une au présent et l'autre sous l'occupation nazis, elles forment un tout pour comprendre le comportement de ce vieil homme. Je dois avouer avoir eu du mal à entrer dans le récit, c'est un peu confus au début et malgré le sujet de la déportation des juifs, je suis resté de marbre devant ce petit enfant qui appelé de l'aide. Par contre, l'ambiguïté de Pinon est très bien travaillée. La lecture rapide de l'album ne joue pas en faveur du récit. Une BD qui doit beaucoup au talent de Grazia La Padula. L'italienne utilise deux styles graphiques différents. L'un pour la partie fantastique avec son dessin sans contour et aux couleurs vives. Et l'autre dans un style réaliste avec deux colorisations différentes, terne dans les tons bleus/gris pour la période sous l'occupation et plus lumineuse pour le présent. J'aime beaucoup son coup de crayon, il est original et il apporte une ambiance singulière à chaque époque. Du très bon boulot. Une curiosité.

10/10/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Deryn Du
Deryn Du

Au début du XXe siècle, un petit port de pêche devient le théâtre d’une série de meurtres aux allures surnaturelles. Un couple est retrouvé piétiné dans son lit comme si une horde de chevaux les avait écrasés, un homme est déchiré par une bête invisible, un autre encore brûle vif sans que rien autour de lui ne prenne feu. Tandis que la population sombre dans la panique et que la police piétine, un vacancier de passage affirme avoir aperçu une étrange fillette, surgie de nulle part, rôdant près des lieux du drame. Nous sommes ici en plein dans le domaine de prédilection de Guillaume Sorel : un fantastique brumeux et inquiétant, proche de l’univers d’Algernon Woodcock. Une fois de plus, il y déploie tout son talent graphique. La couverture comme les planches, entièrement peintes, sont d'une beauté saisissante. Les décors côtiers sont somptueux, les atmosphères denses et immersives, les personnages expressifs et crédibles. Sorel atteint ici une forme de virtuosité picturale : chaque planche se savoure comme une toile. Je n'ai que quelques réserves mineures sur l'allure empâtée, presque masculine, de la petite fille, sur certaines scènes fantastiques parfois confuses, et sur le relief un peu artificiel du port, qui semble posé sur une dalle de pierre plate. Mais cela n'enlève rien à la splendeur visuelle de l’ensemble, véritable bijou d'illustration. Et c'est justement parce que la partie graphique est si remarquable que ça me fend le cœur de devoir tant critiquer le scénario. Malgré un cadre historique et géographique prometteur, l'intrigue reste d’une prévisibilité désarmante. Elle évoque tant de classiques du film d'horreur que plus rien n'y parvient à surprendre ou à émouvoir. Les meurtres se succèdent sans véritable tension, la mystérieuse fillette apparaît trop tôt pour entretenir le mystère, et sa rencontre avec le héros dévoile presque tout en quelques dialogues énigmatiques. Elle-même manque de charisme et ses motivations, fondées sur une méprise naïve, paraissent à la fois disproportionnées et forcées. Le dernier acte, attendu, confirme une impression de déjà-vu. Même les passages oniriques, censés plonger le lecteur dans un trouble poétique, peinent à convaincre et confinent parfois à la confusion. Je ressors de cette lecture partagé entre admiration et frustration. Admiratif devant la beauté de l’ouvrage, frustré par la pauvreté d’un récit qui ne rend pas justice à tant de talent visuel. J'aurais aimé que cette somptueuse mise en scène serve une intrigue plus forte, plus troublante, à la hauteur du dessin. Reste un album splendide à feuilleter, dont la seule beauté plastique suffit à justifier qu'on le garde précieusement dans sa bibliothèque.

10/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Malanotte - La Malédiction de la Pantafa
Malanotte - La Malédiction de la Pantafa

Malanotte s’inspire du folklore italien et de la légende de la Pantafa, un esprit nocturne qui hante les dormeurs. L’idée de mêler mythe, horreur et drame psychologique est intéressante, et l’ambiance générale de la BD est plutôt réussie : sombre, brumeuse, parfois presque suffocante. On sent une vraie volonté de créer une tension progressive, sans recourir au gore ni aux effets faciles. Cependant, le récit souffre de quelques lenteurs et zones floues. L’histoire reste parfois trop énigmatique, au point de perdre un peu le lecteur, et les personnages manquent de profondeur émotionnelle. Le dessin, bien que très atmosphérique, peut aussi sembler un peu monotone à la longue. C’est une BD visuellement soignée, avec une belle ambiance et de bonnes intentions, mais qui peine à vraiment captiver sur la durée.

09/10/2025 (modifier)