Je pense que les auteurs auraient dû s’arrêter après les deux premiers tomes, qui forment un cycle cohérent. La suite s’écarte de l’intrigue précédente – au niveau géographique (Tanatos intervient dans une base secrète au Canada) et au niveau de l’histoire, puisqu’on quitte Paris et qu’on s’écarte trop de l’ambiance à la Fantômas des albums précédents.
Ces deux premiers albums se laissent lire, plutôt agréablement. A condition d’avaler quelques couleuvres, d’accepter pas mal de facilités scénaristiques. En effet, Tanatos – dont on n’apprend finalement presque rien, possède une fortune colossale, dirige une véritable armée, contrôle des bases secrètes, a développé et conduit des engins en avance de quelques dizaines d’années sur tout le monde, le tout au nez et la barbe des autorités militaires et policières françaises. Il possède aussi le don de se faire passer pour n’importe quelle personnalité, en enfilant un masque imitant parfaitement le visage des personnes (savants, hommes politiques ou industriels) dont il prend la place après les avoir éliminés. Ce tour de passe-passe est même réalisé de façon on ne plus improbable au début du troisième tome ! C’est d’ailleurs à une surenchère à laquelle se livre Convard, puisque Tanatos s’est bâti une base sous-marine, avec sous-marin ultra moderne et poste de commandement digne des plus grandes puissances.
On le voit, Convard s’est énormément inspiré de Fantômas (presque plus de la version filmée de Hunebelle que de l’originelle des romans de Souvestre et Allain d’ailleurs). Il surjoue le côté malfaisant, Tanatos étant ici à l’origine de l’assassinat de Jaurès, du déclenchement de la première guerre mondiale, du torpillage du Lusitania, etc !
C’est aussi l’occasion pour Delitte de s’en donner à cœur joie pour les engins, et plus généralement dans les décors : son coup de crayon est vraiment chouette. Les personnages sont aussi intéressants, même si ses visages sont parfois un peu trop « carrés » et tous sur le même moule (et, comme Hermann d’ailleurs, les visages féminins sont moins réussis – même s’il n’y a pas beaucoup de rôles féminins importants ici).
Quelques détails m’ont encore plus chiffonné que les nombreuses facilités évoquées plus haut : un drapeau avec une croix gammée dans la chambre de Vilain dans le tome 2, l’évocation, puis l’utilisation d’une arme nucléaire en 1917 dans les deux tomes suivants, ou, dans le troisième tome, l’utilisation par Tanatos d’une machine Enigma pour crypter ses messages… Mais bon, ça fait sans doute aussi partie du charme de cette série, je ne sais pas ? Quant au symbole anarchiste qui figure sur les pages de garde (et au dos de la cagoule de Tanatos), je n’ai pas trop compris, vu que le bonhomme, dans sa personnalité, ses actes et leurs motivations, n’a vraiment rien à voir avec l’anarchisme !
Ma note vaut essentiellement pour le premier cycle (je ne mettrais que deux étoiles pour les deux albums suivants, dont vous pouvez vous dispenser je pense).
Note réelle 2,5/5.
Deux intrigues amoureuses désuètes mais avec un charme.
Des personnages qui se croisent, qui se ratent, qui se retrouvent et qui se perdent.
J'ai suivi le récit sans déplaisir mais sans jamais être accroché. On est souvent proche de la banalité du quotidien.
Le dessin de Juillard est très bon mais je le préfère dans un cadre historique.
Voici une BD parfaitement "atta-chiante" !
Pour les plus jeunes, donc pas avare en bons sentiments, bien au-delà de l'overdose. La présentation de la famille du héros, entre humour déjà-vu et tendresse dégoulinante, est assez représentative de l'ensemble.
Côté fable écologique, le discours est à la fois bienvenu et heureux, mais totalement creux dans ses revendications et condamnations. Inattaquable donc, et possiblement opportuniste.
Les illustrations et la mise en page concentrent les excès les plus contradictoires. La rondeur et l'expressivité des personnages évoquent les plus insupportables Disney et autres superproductions jeunesses répétées au kilomètre ; l'explosion de couleurs réalisée à la palette graphique est si excessive qu'elle engendre un formalisme tout à fait intrigant ; enfin la mise en page multiplie les effets expérimentaux audacieux inattendus et appréciés (contours des cases souvent générés par le décor, duplication occasionnelle des personnages, horizontalité géométrique plus que bousculée par des diagonales et triangulations totalement folles).
Quant à la conduite de l'intrigue, c'est à la fois dynamique, lisible, et capable de réserver ses mini-surprises... mais dégoulinant de bons sentiments.
Bref, mon aigreur d'adulte est à la fois légitimée et bien malmenée. De jeunes lecteurs pourraient ne pas s'offusquer des défauts ici listés, ma sévérité apparaît alors bien déplacée : c'est un bon 3 !
La première BD de Mirion que j’apprécie vraiment , j’avais eu beaucoup de mal avec la narration de "C'est comme ça que je disparais'.
Malgré ce que je considère comme certains défauts, la BD vaut vraiment la lecture : elle parle d’une héroïne qui veut apaiser la haine et la colère qu’elle éprouve depuis avoir été victime de viol, associées à une souffrance qu’elle ressent à cause des violences faites aux femmes. Elle va en groupes de soutien et on s’attache à cette femme qui évolue et va aller mieux, elle sait aussi très bien s’entourer et c’est agréable de la suivre dans la bonne direction pour sa vie en paix avec elle même et le monde (le mieux qu’elle peut).
Les défauts pour moi sont :
J’ai été agacée par ces excuses permanentes que les personnes se font, à chaque question ou remarque un peu «virulente » (même pas d’ailleurs) , c’est des « désolées d’avoir pu heurter tes sentiments », « pardon ma biche pour ma question si tu veux pas y répondre surtout ne te sens pas obligée » etc…(c’est pas les vrais dialogues mais vous voyez le genre) . Je sais que c’est important de nos jours de faire attention à ne pas être agressif ou sans gêne dans ses propos pour ne pas braquer les gens et les vexer, n’empêche que ça donne une impression de répétition dans les dialogues et de prudence permanente même entre amies, surtout que parfois les protagonistes le disent pour des questions pas du tout déplacées.
Ensuite les dialogues font quand même parfois assez « pauvres » et bêtes, pourtant on peut parler en argot et avoir des dialogues de qualité (je pense aux dialogues de South Park par exemple), différences culturels sans doute mais le franglais et les JTM et autre langage internet retranscrit directement n’aident vraiment pas.
Enfin le dessin manque quand même de maîtrise, c’est pas le style que ça pêche mais sur des approximations qui aurait méritées selon moi de retravailler le dessin tout en gardant ce côté « vivace »
Bref je recommande la lecture même si ça aurait pu être un peu mieux sur la forme.
J’ai lu la série dans l’intégrale, assez rapidement. L’histoire se laisse lire, est captivante et intrigante. Rodolphe arrive à instiller du mystère, avec une intrigue qui fait un peu old school (comme le dessin de Marchal d’ailleurs), mais dans laquelle on entre aisément.
Le problème dans ces histoires qui joue surtout sur l’ambiance, sur un mystère qui s’épaissit, mêlant SF et fantastique, c’est de conclure sans frustrer le lecteur. Sur ce genre de récit, j’accepte – si c’est bien fait – que l’on ne me livre pas toutes les clés.
Mais c’est justement la conclusion qui m’a déçu. Rodolphe prend le parti d’expliquer cette « Memphis » bloquée dans les années 1960 (au passage Marchal a bien retranscrit les décors d’une ville américaine des sixties), dans les dix dernières pages. Mais c’est à la fois bien trop brutal, et absolument pas crédible (soit ne rien expliquer, soit donner des explications plausibles, puisque bien sûr ça n’est pas « réaliste »). Et puis, du coup, je n’ai pas compris les premiers indices au début du premier album, autour du sosie » de la copine du héros (et du portail de la résidence – et même cette résidence ? – dans laquelle elle a disparu).
Enfin, j’ai trouvé que certaines scènes présentant des femmes dénudées ne se justifiaient pas vraiment (si ça passe pour les relations entre Kate et nos deux journalistes fouineurs, c’est un peu ridicule dans les premières pages du troisième tome).
Bon, ceci étant, ça reste une lecture distrayante, à emprunter éventuellement.
Je suis un peu mitigé face à cette série.
L'anecdote historique est intéressante, mais le problème est que le scénario est tout de même prévisible si on lit juste le résumé du premier tome. On va donc voir comment ce qui était censé être un paradis pour les mutins va tourner à la catastrophe. Il y a théoriquement un peu de tension vu qu'on ne sait pas qui va survire à ce cauchemar, mais comme la plupart des personnages n'ont pas de noms (ou alors ils sont tellement peu mentionnés que j'ai oublié) c'est un peu difficile de s'attacher à eux ou bien de se rappeler qui est qui.
Je n'ai pas trop aimé le dessin sur les deux premiers tomes, notamment au niveau des visages des personnages. Heureusement, le dessinateur s'est amélioré et les deux tomes suivants sont bien mieux au niveau du dessin et la mise en scène est très bonne par moment. Je suis bien content parce que je pense que cela a fait en sorte que je n'ai pas fini par décrocher et que j'ai lu le tout jusqu'à la fin.
Une série historique correcte qui se laisse lire, sans plus.
Ce diptyque de David Ratte est sympathique mais sans plus. Il faut dire que l'auteur avait mis la barre haut avec ses deux séries Le Voyage des Pères qui étaient à la fois originales et drôles. Ici, on a toujours un fond d'originalité, mais l'humour est nettement moins présent et on a au final plutôt droit à une sorte de roman graphique léger empli de trop de bons sentiments.
Le concept initial est ce qui fait la force de l'intrigue. Le dérèglement climatique est tel que les pays du Sud de l'Europe sont inondés et leur population doit se réfugier vers d'autres pays, notamment la France. Et là, les habitations sont réquisitionnées par le gouvernement pour que chaque foyer ayant une chambre de libre accueille au moins un réfugié, qu'il le veuille ou non, sans séparer les familles si possible.
Cependant, ce contexte de départ aboutit finalement à une histoire relativement classique de cohabitation forcée entre deux protagonistes que tout oppose. D'un côté un jeune homme de bonne famille, gentil mais assez névrosé et agoraphobe, et de l'autre une grand-mère espagnole bonne vivante, discrète mais entreprenante, et veillant sur sa famille comme une mère poule. Le récit ne décolle jamais vraiment. On a droit à la mise face au fait accompli de cette vie forcée à plusieurs, aux désagréments que cela implique pour le héros, toutefois légèrement compensés par les visites régulières de la charmante petite-fille de sa colocataire. On a droit aussi à quelques quiproquos, à beaucoup de personnages stéréotypés et à une critique très caricaturale de l'esprit égoïste bourgeois. Mais pas de véritable développement de l'intrigue, pas plus que de vraie communication entre le jeune homme et la vieille dame même jusqu'à la fin.
Donc je reste un peu circonspect suite à cette lecture qui est certes plaisante mais qui présente trop de clichés moralisateurs et ne marque ni par son originalité ni par son impact émotionnel ou humoristique.
Note : 2,5/5
Derrière les apparences d'un simple roman graphique, cette BD raconte l'histoire romancée d'une figure authentique de Lausanne : un doux excentrique passionné de trolleybus, au point d'organiser toute sa vie autour de cette obsession. Dans les rues de la ville, il poussait ses faux trolleys bricolés comme des caddies, jouant au conducteur de ligne, s'arrêtant aux arrêts prévus, et respectant même les horaires qu'il s'était imposés. Personnage local attachant, apprécié de la population, il s'est pourtant retrouvé un jour interné contre son gré, déclenchant un débat sur les frontières entre folie et différence inoffensive.
La BD le dépeint avec tendresse et justesse. D'enfant fasciné par les transports, il est devenu un adulte qui n'a jamais quitté sa passion, l'incarnant dans la rue à défaut de pouvoir l'exercer comme métier. Il joue ses rôles avec une méthode presque professionnelle, tout en restant conscient de la fiction dans laquelle il évolue. S'il n’est pas réellement conducteur, il incarne ce personnage avec rigueur, dans une sorte de mise en scène quotidienne qu'il assume pleinement. Loin d'être dans le déni, il semble au contraire parfaitement conscient de la nature ludique de sa démarche, mais il en a besoin pour se sentir à sa place. Et lorsqu'il est interné, il fait preuve d'une lucidité surprenante, expliquant sa situation avec calme, comme s'il savait jauger sa propre singularité. C'est là que réside la force du récit : interroger les limites entre excentricité, passion, marginalité et pathologie, et surtout défendre le droit à la différence lorsqu'elle ne nuit à personne.
Le sujet est fort, mais la BD reste finalement assez sage. C'est un joli hommage à un personnage atypique et au droit d’être simplement différent. Graphiquement, le style est personnel, tendre, avec des couleurs un peu passées qui collent bien à l’ambiance. La narration est fluide, le rythme posé, et l’ensemble dégage une vraie humanité. Mais il manque un petit élan, une profondeur supplémentaire pour vraiment marquer. Le personnage est attachant, on comprend son univers, mais j'aurais aimé que le propos aille un peu plus loin. Reste une œuvre sensible, humaine, et pleine de respect pour une figure à part.
En voyant la couverture, j'ai pensé à un album de Jason. Eh non, juste de jazz. Et fait par Ben que je ne connaissais pas mais qui a réalisé d'autres albums sur des thèmes musicaux. Ici le personnage principal est un animal indéfini qui trompette plus qu'il ne parle. Il fait la rencontre d'une dame, ils parlent peu, chantent surtout, en anglais dans des bouges un peu sordides. Ils passent la nuit ensemble. Petit éditeur, petit format, petit nombre de minutes pour le lire. Un petit 3/5.
Un polar exotique plutôt bien fichu et qui ne s’étire pas outre mesure, voilà un diptyque sympathique.
Le scénario utilise très bien le contexte historique et géographique : les tout-débuts de la première guerre mondiale à Tahiti, avec des autorités (politiques et militaires) françaises qui se déchirent face à des navires allemands plus ou moins menaçant (il y a pas mal de grotesque dans les mesures défensives prises : ce sont les Français eux-mêmes qui mettent le feu – inutilement on le verra – à leurs réserves de charbon, ceci détruisant une partie du port de Papeete).
Les personnages sont divers et bien campés, et le côté polar est bien fichu, les indices sont distillés au fur et à mesure, et rien ne fait trop facile ou téléphoné – même si la fin m’est apparu un chouia abrupte.
Le dessin est dynamique et très lisible (alors que pas forcément ma tasse de thé), et la colorisation donne un rendu lumineux, proche de ce qu’on imagine de la région, au travers de reportages ou des tableaux de Gauguin.
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Tanatos
Je pense que les auteurs auraient dû s’arrêter après les deux premiers tomes, qui forment un cycle cohérent. La suite s’écarte de l’intrigue précédente – au niveau géographique (Tanatos intervient dans une base secrète au Canada) et au niveau de l’histoire, puisqu’on quitte Paris et qu’on s’écarte trop de l’ambiance à la Fantômas des albums précédents. Ces deux premiers albums se laissent lire, plutôt agréablement. A condition d’avaler quelques couleuvres, d’accepter pas mal de facilités scénaristiques. En effet, Tanatos – dont on n’apprend finalement presque rien, possède une fortune colossale, dirige une véritable armée, contrôle des bases secrètes, a développé et conduit des engins en avance de quelques dizaines d’années sur tout le monde, le tout au nez et la barbe des autorités militaires et policières françaises. Il possède aussi le don de se faire passer pour n’importe quelle personnalité, en enfilant un masque imitant parfaitement le visage des personnes (savants, hommes politiques ou industriels) dont il prend la place après les avoir éliminés. Ce tour de passe-passe est même réalisé de façon on ne plus improbable au début du troisième tome ! C’est d’ailleurs à une surenchère à laquelle se livre Convard, puisque Tanatos s’est bâti une base sous-marine, avec sous-marin ultra moderne et poste de commandement digne des plus grandes puissances. On le voit, Convard s’est énormément inspiré de Fantômas (presque plus de la version filmée de Hunebelle que de l’originelle des romans de Souvestre et Allain d’ailleurs). Il surjoue le côté malfaisant, Tanatos étant ici à l’origine de l’assassinat de Jaurès, du déclenchement de la première guerre mondiale, du torpillage du Lusitania, etc ! C’est aussi l’occasion pour Delitte de s’en donner à cœur joie pour les engins, et plus généralement dans les décors : son coup de crayon est vraiment chouette. Les personnages sont aussi intéressants, même si ses visages sont parfois un peu trop « carrés » et tous sur le même moule (et, comme Hermann d’ailleurs, les visages féminins sont moins réussis – même s’il n’y a pas beaucoup de rôles féminins importants ici). Quelques détails m’ont encore plus chiffonné que les nombreuses facilités évoquées plus haut : un drapeau avec une croix gammée dans la chambre de Vilain dans le tome 2, l’évocation, puis l’utilisation d’une arme nucléaire en 1917 dans les deux tomes suivants, ou, dans le troisième tome, l’utilisation par Tanatos d’une machine Enigma pour crypter ses messages… Mais bon, ça fait sans doute aussi partie du charme de cette série, je ne sais pas ? Quant au symbole anarchiste qui figure sur les pages de garde (et au dos de la cagoule de Tanatos), je n’ai pas trop compris, vu que le bonhomme, dans sa personnalité, ses actes et leurs motivations, n’a vraiment rien à voir avec l’anarchisme ! Ma note vaut essentiellement pour le premier cycle (je ne mettrais que deux étoiles pour les deux albums suivants, dont vous pouvez vous dispenser je pense). Note réelle 2,5/5.
Le Cahier bleu
Deux intrigues amoureuses désuètes mais avec un charme. Des personnages qui se croisent, qui se ratent, qui se retrouvent et qui se perdent. J'ai suivi le récit sans déplaisir mais sans jamais être accroché. On est souvent proche de la banalité du quotidien. Le dessin de Juillard est très bon mais je le préfère dans un cadre historique.
Etincelle
Voici une BD parfaitement "atta-chiante" ! Pour les plus jeunes, donc pas avare en bons sentiments, bien au-delà de l'overdose. La présentation de la famille du héros, entre humour déjà-vu et tendresse dégoulinante, est assez représentative de l'ensemble. Côté fable écologique, le discours est à la fois bienvenu et heureux, mais totalement creux dans ses revendications et condamnations. Inattaquable donc, et possiblement opportuniste. Les illustrations et la mise en page concentrent les excès les plus contradictoires. La rondeur et l'expressivité des personnages évoquent les plus insupportables Disney et autres superproductions jeunesses répétées au kilomètre ; l'explosion de couleurs réalisée à la palette graphique est si excessive qu'elle engendre un formalisme tout à fait intrigant ; enfin la mise en page multiplie les effets expérimentaux audacieux inattendus et appréciés (contours des cases souvent générés par le décor, duplication occasionnelle des personnages, horizontalité géométrique plus que bousculée par des diagonales et triangulations totalement folles). Quant à la conduite de l'intrigue, c'est à la fois dynamique, lisible, et capable de réserver ses mini-surprises... mais dégoulinant de bons sentiments. Bref, mon aigreur d'adulte est à la fois légitimée et bien malmenée. De jeunes lecteurs pourraient ne pas s'offusquer des défauts ici listés, ma sévérité apparaît alors bien déplacée : c'est un bon 3 !
Clémence en colère
La première BD de Mirion que j’apprécie vraiment , j’avais eu beaucoup de mal avec la narration de "C'est comme ça que je disparais'. Malgré ce que je considère comme certains défauts, la BD vaut vraiment la lecture : elle parle d’une héroïne qui veut apaiser la haine et la colère qu’elle éprouve depuis avoir été victime de viol, associées à une souffrance qu’elle ressent à cause des violences faites aux femmes. Elle va en groupes de soutien et on s’attache à cette femme qui évolue et va aller mieux, elle sait aussi très bien s’entourer et c’est agréable de la suivre dans la bonne direction pour sa vie en paix avec elle même et le monde (le mieux qu’elle peut). Les défauts pour moi sont : J’ai été agacée par ces excuses permanentes que les personnes se font, à chaque question ou remarque un peu «virulente » (même pas d’ailleurs) , c’est des « désolées d’avoir pu heurter tes sentiments », « pardon ma biche pour ma question si tu veux pas y répondre surtout ne te sens pas obligée » etc…(c’est pas les vrais dialogues mais vous voyez le genre) . Je sais que c’est important de nos jours de faire attention à ne pas être agressif ou sans gêne dans ses propos pour ne pas braquer les gens et les vexer, n’empêche que ça donne une impression de répétition dans les dialogues et de prudence permanente même entre amies, surtout que parfois les protagonistes le disent pour des questions pas du tout déplacées. Ensuite les dialogues font quand même parfois assez « pauvres » et bêtes, pourtant on peut parler en argot et avoir des dialogues de qualité (je pense aux dialogues de South Park par exemple), différences culturels sans doute mais le franglais et les JTM et autre langage internet retranscrit directement n’aident vraiment pas. Enfin le dessin manque quand même de maîtrise, c’est pas le style que ça pêche mais sur des approximations qui aurait méritées selon moi de retravailler le dessin tout en gardant ce côté « vivace » Bref je recommande la lecture même si ça aurait pu être un peu mieux sur la forme.
Memphis
J’ai lu la série dans l’intégrale, assez rapidement. L’histoire se laisse lire, est captivante et intrigante. Rodolphe arrive à instiller du mystère, avec une intrigue qui fait un peu old school (comme le dessin de Marchal d’ailleurs), mais dans laquelle on entre aisément. Le problème dans ces histoires qui joue surtout sur l’ambiance, sur un mystère qui s’épaissit, mêlant SF et fantastique, c’est de conclure sans frustrer le lecteur. Sur ce genre de récit, j’accepte – si c’est bien fait – que l’on ne me livre pas toutes les clés. Mais c’est justement la conclusion qui m’a déçu. Rodolphe prend le parti d’expliquer cette « Memphis » bloquée dans les années 1960 (au passage Marchal a bien retranscrit les décors d’une ville américaine des sixties), dans les dix dernières pages. Mais c’est à la fois bien trop brutal, et absolument pas crédible (soit ne rien expliquer, soit donner des explications plausibles, puisque bien sûr ça n’est pas « réaliste »). Et puis, du coup, je n’ai pas compris les premiers indices au début du premier album, autour du sosie » de la copine du héros (et du portail de la résidence – et même cette résidence ? – dans laquelle elle a disparu). Enfin, j’ai trouvé que certaines scènes présentant des femmes dénudées ne se justifiaient pas vraiment (si ça passe pour les relations entre Kate et nos deux journalistes fouineurs, c’est un peu ridicule dans les premières pages du troisième tome). Bon, ceci étant, ça reste une lecture distrayante, à emprunter éventuellement.
Pitcairn - L'île des Révoltés du Bounty
Je suis un peu mitigé face à cette série. L'anecdote historique est intéressante, mais le problème est que le scénario est tout de même prévisible si on lit juste le résumé du premier tome. On va donc voir comment ce qui était censé être un paradis pour les mutins va tourner à la catastrophe. Il y a théoriquement un peu de tension vu qu'on ne sait pas qui va survire à ce cauchemar, mais comme la plupart des personnages n'ont pas de noms (ou alors ils sont tellement peu mentionnés que j'ai oublié) c'est un peu difficile de s'attacher à eux ou bien de se rappeler qui est qui. Je n'ai pas trop aimé le dessin sur les deux premiers tomes, notamment au niveau des visages des personnages. Heureusement, le dessinateur s'est amélioré et les deux tomes suivants sont bien mieux au niveau du dessin et la mise en scène est très bonne par moment. Je suis bien content parce que je pense que cela a fait en sorte que je n'ai pas fini par décrocher et que j'ai lu le tout jusqu'à la fin. Une série historique correcte qui se laisse lire, sans plus.
Réfugiés climatiques & castagnettes
Ce diptyque de David Ratte est sympathique mais sans plus. Il faut dire que l'auteur avait mis la barre haut avec ses deux séries Le Voyage des Pères qui étaient à la fois originales et drôles. Ici, on a toujours un fond d'originalité, mais l'humour est nettement moins présent et on a au final plutôt droit à une sorte de roman graphique léger empli de trop de bons sentiments. Le concept initial est ce qui fait la force de l'intrigue. Le dérèglement climatique est tel que les pays du Sud de l'Europe sont inondés et leur population doit se réfugier vers d'autres pays, notamment la France. Et là, les habitations sont réquisitionnées par le gouvernement pour que chaque foyer ayant une chambre de libre accueille au moins un réfugié, qu'il le veuille ou non, sans séparer les familles si possible. Cependant, ce contexte de départ aboutit finalement à une histoire relativement classique de cohabitation forcée entre deux protagonistes que tout oppose. D'un côté un jeune homme de bonne famille, gentil mais assez névrosé et agoraphobe, et de l'autre une grand-mère espagnole bonne vivante, discrète mais entreprenante, et veillant sur sa famille comme une mère poule. Le récit ne décolle jamais vraiment. On a droit à la mise face au fait accompli de cette vie forcée à plusieurs, aux désagréments que cela implique pour le héros, toutefois légèrement compensés par les visites régulières de la charmante petite-fille de sa colocataire. On a droit aussi à quelques quiproquos, à beaucoup de personnages stéréotypés et à une critique très caricaturale de l'esprit égoïste bourgeois. Mais pas de véritable développement de l'intrigue, pas plus que de vraie communication entre le jeune homme et la vieille dame même jusqu'à la fin. Donc je reste un peu circonspect suite à cette lecture qui est certes plaisante mais qui présente trop de clichés moralisateurs et ne marque ni par son originalité ni par son impact émotionnel ou humoristique. Note : 2,5/5
Voie de garage
Derrière les apparences d'un simple roman graphique, cette BD raconte l'histoire romancée d'une figure authentique de Lausanne : un doux excentrique passionné de trolleybus, au point d'organiser toute sa vie autour de cette obsession. Dans les rues de la ville, il poussait ses faux trolleys bricolés comme des caddies, jouant au conducteur de ligne, s'arrêtant aux arrêts prévus, et respectant même les horaires qu'il s'était imposés. Personnage local attachant, apprécié de la population, il s'est pourtant retrouvé un jour interné contre son gré, déclenchant un débat sur les frontières entre folie et différence inoffensive. La BD le dépeint avec tendresse et justesse. D'enfant fasciné par les transports, il est devenu un adulte qui n'a jamais quitté sa passion, l'incarnant dans la rue à défaut de pouvoir l'exercer comme métier. Il joue ses rôles avec une méthode presque professionnelle, tout en restant conscient de la fiction dans laquelle il évolue. S'il n’est pas réellement conducteur, il incarne ce personnage avec rigueur, dans une sorte de mise en scène quotidienne qu'il assume pleinement. Loin d'être dans le déni, il semble au contraire parfaitement conscient de la nature ludique de sa démarche, mais il en a besoin pour se sentir à sa place. Et lorsqu'il est interné, il fait preuve d'une lucidité surprenante, expliquant sa situation avec calme, comme s'il savait jauger sa propre singularité. C'est là que réside la force du récit : interroger les limites entre excentricité, passion, marginalité et pathologie, et surtout défendre le droit à la différence lorsqu'elle ne nuit à personne. Le sujet est fort, mais la BD reste finalement assez sage. C'est un joli hommage à un personnage atypique et au droit d’être simplement différent. Graphiquement, le style est personnel, tendre, avec des couleurs un peu passées qui collent bien à l’ambiance. La narration est fluide, le rythme posé, et l’ensemble dégage une vraie humanité. Mais il manque un petit élan, une profondeur supplémentaire pour vraiment marquer. Le personnage est attachant, on comprend son univers, mais j'aurais aimé que le propos aille un peu plus loin. Reste une œuvre sensible, humaine, et pleine de respect pour une figure à part.
Ils iront au jazz
En voyant la couverture, j'ai pensé à un album de Jason. Eh non, juste de jazz. Et fait par Ben que je ne connaissais pas mais qui a réalisé d'autres albums sur des thèmes musicaux. Ici le personnage principal est un animal indéfini qui trompette plus qu'il ne parle. Il fait la rencontre d'une dame, ils parlent peu, chantent surtout, en anglais dans des bouges un peu sordides. Ils passent la nuit ensemble. Petit éditeur, petit format, petit nombre de minutes pour le lire. Un petit 3/5.
Papeete 1914
Un polar exotique plutôt bien fichu et qui ne s’étire pas outre mesure, voilà un diptyque sympathique. Le scénario utilise très bien le contexte historique et géographique : les tout-débuts de la première guerre mondiale à Tahiti, avec des autorités (politiques et militaires) françaises qui se déchirent face à des navires allemands plus ou moins menaçant (il y a pas mal de grotesque dans les mesures défensives prises : ce sont les Français eux-mêmes qui mettent le feu – inutilement on le verra – à leurs réserves de charbon, ceci détruisant une partie du port de Papeete). Les personnages sont divers et bien campés, et le côté polar est bien fichu, les indices sont distillés au fur et à mesure, et rien ne fait trop facile ou téléphoné – même si la fin m’est apparu un chouia abrupte. Le dessin est dynamique et très lisible (alors que pas forcément ma tasse de thé), et la colorisation donne un rendu lumineux, proche de ce qu’on imagine de la région, au travers de reportages ou des tableaux de Gauguin.