Un western en forme de road-movie, entre un vieux hors-la-loi décati et un jeune orphelin sourd et muet. Une chevauchée qui cache bien des surprises.
À commencer par le courrier de Calamity Jane.
Au scénario de cet album : Philippe Foerster (né en 1954) qui a fait ses classes à l'école belge aux côtés de Sokal, Schuiten, entre autres, avant de travailler auprès de Gotlib.
Au dessin, un autre Philippe, Philippe Berthet (né en 1956) : un 'frontalier' qui basculera rapidement du côté belge de la BD.
Les deux complices n'en sont pas à leur première collaboration : on leur doit notamment L'oeil du chasseur (1988) dans le bayou sudiste.
En 1996, ils avaient signé ce western paru initialement chez Delcourt : Chiens de prairie. Il s'agit donc d'une réédition (fort judicieuse).
L'album est étoffé d'un dossier réalisé par Charles-Louis Detournay (Chacma) qui fournit beaucoup d'éléments de contexte sur les auteurs et cet album.
Soyons clairs, les westerns en BD, ce n'est pas vraiment mon truc. Vraiment pas. Peut-être à cause d'une overdose à la télé de ma jeunesse. Mais ...
Mais il y a le scénario de Philippe Foerster !
On est d'abord intrigué par l'entrée en scène de Calamity Jane : la réalité s'invite dans ce récit de fiction.
C'est ce personnage devenu mythique qui va nous raconter l'histoire à travers quelques lettres : les fameuses lettres à sa fille, peut-être apocryphes, écrites vers 1880 mais qui ne seront publiées que beaucoup plus tard. Des lettres qu'elle n'a peut-être jamais envoyées.
Voilà vraiment de quoi démarrer un scénario !
Belle trouvaille, ces lettres feront office de voix off pour faire avancer la fiction qui s'appuiera sur d'autres éléments de réalité comme la rivière Little BigHorn, celle-là même de la célèbre bataille où périt le général Custer.
Et puis il y a cette errance improbable entre deux personnages qui ne devaient pas se rencontrer : un vieux cow-boy décati - « Une méchante douleur sous le bras, là ! ... Je me sens comme qui dirait tout vermoulu ! » - et un jeune orphelin mutique - « Celui-là c'est un sourd-muet un peu demeuré, je crois ... C'est pas vraiment un veinard. ».
Leur rencontre est plutôt musclée :
« [...] Fous-moi le camp, crétin ! J'ai pas besoin de toi ! »
Mais le lecteur espère bien qu'ils vont faire un bout de route ensemble !
Et déjà quelques pages plus loin, le vieux cow-boy commence à s'attendrir : « [...] T'es pas pire qu'un chien ... Tu serais même un peu plus humain, comme compagnon, à bien examiner la chose. »
JB Bone, c'est un hors-la-loi qui traîne, derrière son cheval, le cercueil de son complice ... un hold-up qui a mal tourné.
Quant au jeune Moïse, il ne parle peut-être pas mais il arrivera à nous rendre sympathique ce vieux bandit de JB.
Si l'on était au cinoche, on parlerait de road-movie. D'ailleurs au vu des dessins des scènes d'action (comme celle de la rivière ou celle des bisons) cette appellation convient finalement plutôt bien.
Et puis que serait un western sans des méchants à faire froid dans le dos ?
Et bien on a là tout ce qu'il faut : une bande de chasseurs de primes appâtés par le contrat sur la tête de JB Bone, et pire encore, un pasteur justicier et vengeur, l'incarnation du mal, accompagné de sa sœur, tous deux vêtus de noir.
Philippe Foerster a réuni tout ce dont il avait besoin pour nous raconter une sacrée histoire, pleine de ressources cachées : l'auteur a désormais pas mal de cartouches en main, de quoi maintenir l'attention tout au long de la chevauchée et surprendre le lecteur jusqu'au tout dernier moment.
Côté graphismes, Philippe Berthet s'en donne à cœur joie et alterne gros plans et décors grandioses, scènes intimistes autour du feu du camp et chevauchées épiques dans la plaine et les montagnes. Du grand western, avec des cow-boys, des indiens et des bisons.
Les dessins sont de belle qualité (rappelant ceux de L'oeil du chasseur) mais avec un côté très sombre, accentué par un tirage sur un papier épais très mat (façon papier dessin).
Personnellement, j'ai trouvé cela un peu trop sombre.
Et pendant ce temps, imperturbable, JB Bone taille sa route vers le Montana, traînant derrière lui le petit Moïse et le cercueil de son ami Ben.
Le titre est drôle, comme souvent dans cette collection, on voit que la couverture l'est aussi avec ces 2 caddies qui copulent. L'histoire se passe dans un supermarché où le narrateur fantasme sur une femme qui y travaille. Mais en fait cette même femme semble occuper plusieurs postes, ou du moins il a une telle obsession qu'il la voit partout. Le dessin est bon un peu style manga, avec une palette de couleurs réduite. En terme d'érotisme ce n'est pas ce qu'il y a de plus hot, c'est plutôt dans le comique et le narrateur est du genre plaisir solitaire.
Même si je serai un chouïa plus généreux dans ma notation, je me retrouve dans l’avis de NoirDesir.
Je n’ai lu que le tome 1 mais la suite n’est pas vraiment une priorité, je ne la lirais que si le frangin craque ;) Disons que l’univers développé n’est pas franchement ma came.
Pour autant, la série peut trouver son public (de niche), je lui reconnais certaines qualités.
Tout d’abord, un beau format et une belle édition, ensuite la découverte d’un auteur complet (il assure quand même un gros taf à la frontière Bd/comics/manga niveau graphique), ça se lit très facilement même si je bloque vraiment sur l’idée de fond.
Je n’adhère donc pas trop au pitch, toutefois je me suis laissé porter par les passions de l’auteur (sf et rock) et son investissement. L’univers me paraît encore assez flou, les persos un rien caricaturaux, les péripéties relativement classiques pour l’instant (à l’instar de la collection « Sept … », nous en sommes qu’à la phase de recrutement puis cohésion avec ce 1er tome) … mais je sens une certaine envie et soin.
Personnellement, ça ne me parle pas mais je ne déconseillerai pas aux fans absolus du film/clip Interstella 5555 de Daft Punk.
2,5
Une histoire qui se laisse lire agréablement. Commencée comme une classique histoire de guerre, avec sous-officier bourru et fâché avec la hiérarchie à qui on confie une mission importante, l’intrigue bascule rapidement – tout en gardant un fort ancrage militaire – dans un récit polar, avec une enquête sur un ou des tueurs en série.
L’histoire s’inspire de faits réels, les nombreux viols commis par des soldats américains sur des femmes en France lors de la libération (nous sommes ici dans les tous premiers jours suivant le débarquement de juin 1944, en Normandie, un contexte où la violence est exacerbée et le contrôle des soldats dispersés plus lâche).
Le duo d’enquêteurs est original, et quelque peu improbable, puisqu’au sous-officier déjà évoqué est adjoint un officier SS prisonnier (tous deux sont d’anciens policiers).
La narration est fluide et agréable, ménage les habituelles surprises et fausses pistes. Mais n’est pas avare de quelques facilités. Autour du fils du héros, ou même encore plus avec le retournement final. Mais aussi tout simplement avec ce rôle improbable du SS, tout juste fait prisonnier et qui est recruté comme enquêteur adjoint. A aucun moment la résistance n’apparait – et je me demande ce qu’elle aurait pensé et fait en croisant un officier SS (qui a gardé son uniforme !)…
Le dessin est lui aussi plaisant et accompagne bien le récit. Enfin, un intéressant dossier historique complète la lecture.
Je regrette juste que les auteurs aient négligé un détail : si durant la libération de nombreux soldats américains ont été poursuivis pour viol en France, l’immense majorité de ceux qui ont été condamnés étaient des Noirs (non combattants, mais particulièrement visés par la justice d’une armée fortement ségrégationniste !), les « Blancs » étant moins lourdement poursuivis et sanctionnés.
Ça reste néanmoins un petit polar historique globalement bien fichu.
C’est un album globalement plaisant, qui se laisse agréablement – et assez rapidement malgré une pagination relativement importante.
Le « dernier quai » en question, c’est celui atteint par les morts juste après leur trépas, avant le départ définitif pour « ailleurs ». Une sorte de purgatoire, puisque chaque « passant » doit se purger de ses derniers – mauvais – souvenirs, ce que tous ne réussissent pas.
L’originalité vient du fait que cette « dernière étape » se déroule dans un hôtel paumé, tenu par un type hyper maniaque, que nous allons apprendre à connaitre, surtout dans la deuxième partie, lorsque trois nouveaux « clients « de l’hôtel vont lui révéler les liens qu’ils entretiennent entre eux.
J’ai trouvé le début intéressant, parfois amusant, mais le reste m’a un peu moins captivé, il y avait certaines longueurs, certains passages moins intéressants, lorsque les personnages livrent leurs souvenirs – qui finissent par se recouper. Ou lorsque interviennent les fantômes à l’extérieur.
Surtout, si le dessin est très lisible et pas forcément désagréable, je trouve qu’aurait été plus adapté au sujet et au ton employé un dessin plus proche des univers développés par Tim Burton. Quelque chose de plus sombre, de plus tranchant que ces personnages un peu rondouillards.
Amir et Théo vivent dans la rue, sous un pont où chacun s'est construit sa cabane. Théo, le plus âgé, a pris Amir sous son aile alors qu'il n'était qu'un jeune réfugié perdu, et il lui a appris à survivre dehors, à se débrouiller, et à rendre cette vie un peu moins dure. Leur lien est fort, presque filial, même si Théo reste le guide. Il impose un jour la présence d'un petit chien abandonné, convaincu qu'il leur apportera un peu de chaleur. Mais pour Amir, c'est une blessure qui se rouvre : son passé est marqué par un drame lié aux chiens, et cette arrivée déclenche un profond désaccord entre les deux hommes.
Deux hommes et un canin. Ce one-shot joue presque sur le huis clos, centré sur cette relation qui vacille avec l'intrusion du nouvel arrivant. Les autres figures, les clients du marché, la police, les bourgeois du quartier et les jeunes dealers ne sont que des figurants en arrière-plan. Ces derniers apportent toutefois un peu d'action et de tension, heureusement résolue avec une touche d'humour revanchard. Le dessin de David Ratte y est très bon, et on sent bien qu'il a pris une vraie assurance dans son trait depuis ses premiers succès (Le Voyage des Pères en particulier).
C'est un album agréable, porté par des personnages attachants, mais dont l'intrigue reste au fond assez mineure. On passe un bon moment, on se demande un peu s'il est judicieux de considérer la vie de SDF comme une fin en soi sans chercher à y apporter une échappatoire, on est soulagé par une fin douce après quelques petites péripéties... et puis j'ai refermé l'album, avec le sentiment que je l'oublierai sans doute assez vite.
Dans une Égypte contemporaine semi fantasmée, les bouteilles magiques capables d'exaucer un vœu font partie du quotidien. Chaque vœu est lié à un djinn, classé selon la manière dont il interprète vos désirs. Ce système est régulé, intégré à une forme d'économie de marché, mais mal vu par les musulmans les plus pieux, qui y voient une tentation quasi blasphématoire. Shokry, vendeur dans un kiosque et musulman pratiquant, possède depuis des années trois vœux de première catégorie qu'il souhaite revendre. Finalement, trois personnes différentes en hériteront, chacune au cœur d'un des trois grands chapitres de l'album.
En attaquant ce pavé, j'ai cru tenir une vraie pépite. Le contexte égyptien, porté par une autrice locale, est à la fois dépaysant et éclairant sur certains aspects de la société. L'idée d'un fantastique intégré au quotidien, avec ces vœux qui transforment subtilement les rapports sociaux comme une technologie omniprésente, m'a tout de suite séduit. Le ton est également allégé par une touche d'humour bienvenue dès le prologue (l'âne parlant m'a bien fait rire), ce qui empêche le récit de virer au conte moralisateur. Le dessin, sans être marquant, est soigné et sert efficacement la narration.
Mais mon enthousiasme s'est émoussé au fil de la lecture. Chaque chapitre s'étire, les intrigues se perdent dans des digressions, et les monologues intérieurs, souvent pesants, alourdissent le rythme. Le second chapitre, en particulier, m'a franchement ennuyé. Le troisième relève un peu le niveau, en mêlant deux personnages au lieu d'un seul, Shokry et une vieille femme pleine de sagesse, mais là encore, j'ai trouvé que tout traînait en longueur. Malgré une construction solide et un univers crédible, j'ai décroché. J'ai fini par lire l'album en trois fois, tant je peinais à rester éveillé jusqu'à la fin.
J'ai aimé l'originalité de cet album, surtout de son cadre d'Egypte contemporaine mêlé de fantastique, mais il m'est apparu trop long et sa lecture un peu trop fastidieuse malgré ses nombreuses bonnes idées.
Une petite BD jeunesse à couverture souple, qui aborde avec tendresse le thème de la différence.
Gwendoline, une cane très attachée à sa routine bien ordonnée, voit débarquer un nouveau voisin, artiste fantasque au mode de vie chaotique. Pour elle, c'est sûr : ils ne seront jamais amis. Et pourtant, une passion commune va peu à peu les rapprocher, révélant des affinités inattendues malgré tout ce qui les oppose.
Derrière ses airs de petit album pour les moins de 10 ans, l'ouvrage surprend par son épaisseur et sa narration découpée en six chapitres. L'histoire prend le temps de s'installer, évitant le schéma des contes trop classiques pour petits enfants. Le dessin est simple et attendrissant, parfois structuré comme une vraie BD avec quelques cases, parfois davantage comme un livre illustré avec des dessins pleine page ou sur une double page.
C'est doux, intelligent, et le message passe bien : on peut trouver l'amitié et le réconfort là où on ne l'attend pas et cela nous permet de vivre comme on est.
Je voulais découvrir Servais depuis un moment et j'ai choisi cette histoire qui jouit d'une bonne réputation.
Pour résumer, oui Servais a un trait unique qui vaut le détour et avec un style qui correspond à ce que j'apprécie. Il dessine très bien la nature, les maisons de campagne...
Je voulais également voir ses dessins de femmes car il dénude un peu ses héroïnes parfois et c'est très bien de ce côté là aussi mais moins impressionnant que le reste.
Ses compositions de planches sont très réussies avec de grandes cases à admirer.
Le problème c'est l'implication du lecteur qui est absente. C'est une bd qui se "regarde". On n'est jamais plongé dans le récit (la manière de raconter l'histoire) qui est trop sommaire. Pourtant celle ci a vraiment du potentiel, c'est dommage.
On observe cette histoire se dérouler devant nos yeux comme on observe un joli décor de campagne.
Et c'est déjà pas mal mais pas suffisant pour un amateur de récits avec beaucoup de profondeur.
2.5
Un manga mettant en vedette une jeune femme timide qui se retrouve malgré tout avec un emploi parce que le patron est un peu étrange. Elle va tenter de s'intégrer tant bien que mal et sa vie amoureuse va prendre un tour nouveau lorsque deux hommes lui tournent autour.
C'est un manga pour les jeunes femmes et donc je ne fais pas parti du public cible. J'ai bien aimé découvrir l'environnement de travail de l'héroïne vu que ses collègues sont un peu hauts-en-couleurs. Malheureusement, petit à petit on glisse dans un récit dont le point central est la romance et c'est de la romance pour les jeunes femmes donc cela ne s'adresse pas à moi. Je n'ai pas trop été intéressé par la vie amoureuse de l'héroïne, en particulier parce que les deux amoureux potentiels m'ont paru plus toxiques qu'autre chose. Ce n'est pas pour moi, mais j'imagine que ces deux hommes sont un idéal pour certaines lectrices.
J'ai bien aimé le dessin qui selon moi à une certaine classe même si plusieurs cases sont vides au niveau du décor.
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Chiens de prairie
Un western en forme de road-movie, entre un vieux hors-la-loi décati et un jeune orphelin sourd et muet. Une chevauchée qui cache bien des surprises. À commencer par le courrier de Calamity Jane. Au scénario de cet album : Philippe Foerster (né en 1954) qui a fait ses classes à l'école belge aux côtés de Sokal, Schuiten, entre autres, avant de travailler auprès de Gotlib. Au dessin, un autre Philippe, Philippe Berthet (né en 1956) : un 'frontalier' qui basculera rapidement du côté belge de la BD. Les deux complices n'en sont pas à leur première collaboration : on leur doit notamment L'oeil du chasseur (1988) dans le bayou sudiste. En 1996, ils avaient signé ce western paru initialement chez Delcourt : Chiens de prairie. Il s'agit donc d'une réédition (fort judicieuse). L'album est étoffé d'un dossier réalisé par Charles-Louis Detournay (Chacma) qui fournit beaucoup d'éléments de contexte sur les auteurs et cet album. Soyons clairs, les westerns en BD, ce n'est pas vraiment mon truc. Vraiment pas. Peut-être à cause d'une overdose à la télé de ma jeunesse. Mais ... Mais il y a le scénario de Philippe Foerster ! On est d'abord intrigué par l'entrée en scène de Calamity Jane : la réalité s'invite dans ce récit de fiction. C'est ce personnage devenu mythique qui va nous raconter l'histoire à travers quelques lettres : les fameuses lettres à sa fille, peut-être apocryphes, écrites vers 1880 mais qui ne seront publiées que beaucoup plus tard. Des lettres qu'elle n'a peut-être jamais envoyées. Voilà vraiment de quoi démarrer un scénario ! Belle trouvaille, ces lettres feront office de voix off pour faire avancer la fiction qui s'appuiera sur d'autres éléments de réalité comme la rivière Little BigHorn, celle-là même de la célèbre bataille où périt le général Custer. Et puis il y a cette errance improbable entre deux personnages qui ne devaient pas se rencontrer : un vieux cow-boy décati - « Une méchante douleur sous le bras, là ! ... Je me sens comme qui dirait tout vermoulu ! » - et un jeune orphelin mutique - « Celui-là c'est un sourd-muet un peu demeuré, je crois ... C'est pas vraiment un veinard. ». Leur rencontre est plutôt musclée : « [...] Fous-moi le camp, crétin ! J'ai pas besoin de toi ! » Mais le lecteur espère bien qu'ils vont faire un bout de route ensemble ! Et déjà quelques pages plus loin, le vieux cow-boy commence à s'attendrir : « [...] T'es pas pire qu'un chien ... Tu serais même un peu plus humain, comme compagnon, à bien examiner la chose. » JB Bone, c'est un hors-la-loi qui traîne, derrière son cheval, le cercueil de son complice ... un hold-up qui a mal tourné. Quant au jeune Moïse, il ne parle peut-être pas mais il arrivera à nous rendre sympathique ce vieux bandit de JB. Si l'on était au cinoche, on parlerait de road-movie. D'ailleurs au vu des dessins des scènes d'action (comme celle de la rivière ou celle des bisons) cette appellation convient finalement plutôt bien. Et puis que serait un western sans des méchants à faire froid dans le dos ? Et bien on a là tout ce qu'il faut : une bande de chasseurs de primes appâtés par le contrat sur la tête de JB Bone, et pire encore, un pasteur justicier et vengeur, l'incarnation du mal, accompagné de sa sœur, tous deux vêtus de noir. Philippe Foerster a réuni tout ce dont il avait besoin pour nous raconter une sacrée histoire, pleine de ressources cachées : l'auteur a désormais pas mal de cartouches en main, de quoi maintenir l'attention tout au long de la chevauchée et surprendre le lecteur jusqu'au tout dernier moment. Côté graphismes, Philippe Berthet s'en donne à cœur joie et alterne gros plans et décors grandioses, scènes intimistes autour du feu du camp et chevauchées épiques dans la plaine et les montagnes. Du grand western, avec des cow-boys, des indiens et des bisons. Les dessins sont de belle qualité (rappelant ceux de L'oeil du chasseur) mais avec un côté très sombre, accentué par un tirage sur un papier épais très mat (façon papier dessin). Personnellement, j'ai trouvé cela un peu trop sombre. Et pendant ce temps, imperturbable, JB Bone taille sa route vers le Montana, traînant derrière lui le petit Moïse et le cercueil de son ami Ben.
Grande surfesse
Le titre est drôle, comme souvent dans cette collection, on voit que la couverture l'est aussi avec ces 2 caddies qui copulent. L'histoire se passe dans un supermarché où le narrateur fantasme sur une femme qui y travaille. Mais en fait cette même femme semble occuper plusieurs postes, ou du moins il a une telle obsession qu'il la voit partout. Le dessin est bon un peu style manga, avec une palette de couleurs réduite. En terme d'érotisme ce n'est pas ce qu'il y a de plus hot, c'est plutôt dans le comique et le narrateur est du genre plaisir solitaire.
The Prism
Même si je serai un chouïa plus généreux dans ma notation, je me retrouve dans l’avis de NoirDesir. Je n’ai lu que le tome 1 mais la suite n’est pas vraiment une priorité, je ne la lirais que si le frangin craque ;) Disons que l’univers développé n’est pas franchement ma came. Pour autant, la série peut trouver son public (de niche), je lui reconnais certaines qualités. Tout d’abord, un beau format et une belle édition, ensuite la découverte d’un auteur complet (il assure quand même un gros taf à la frontière Bd/comics/manga niveau graphique), ça se lit très facilement même si je bloque vraiment sur l’idée de fond. Je n’adhère donc pas trop au pitch, toutefois je me suis laissé porter par les passions de l’auteur (sf et rock) et son investissement. L’univers me paraît encore assez flou, les persos un rien caricaturaux, les péripéties relativement classiques pour l’instant (à l’instar de la collection « Sept … », nous en sommes qu’à la phase de recrutement puis cohésion avec ce 1er tome) … mais je sens une certaine envie et soin. Personnellement, ça ne me parle pas mais je ne déconseillerai pas aux fans absolus du film/clip Interstella 5555 de Daft Punk. 2,5
MP - Police Militaire
Une histoire qui se laisse lire agréablement. Commencée comme une classique histoire de guerre, avec sous-officier bourru et fâché avec la hiérarchie à qui on confie une mission importante, l’intrigue bascule rapidement – tout en gardant un fort ancrage militaire – dans un récit polar, avec une enquête sur un ou des tueurs en série. L’histoire s’inspire de faits réels, les nombreux viols commis par des soldats américains sur des femmes en France lors de la libération (nous sommes ici dans les tous premiers jours suivant le débarquement de juin 1944, en Normandie, un contexte où la violence est exacerbée et le contrôle des soldats dispersés plus lâche). Le duo d’enquêteurs est original, et quelque peu improbable, puisqu’au sous-officier déjà évoqué est adjoint un officier SS prisonnier (tous deux sont d’anciens policiers). La narration est fluide et agréable, ménage les habituelles surprises et fausses pistes. Mais n’est pas avare de quelques facilités. Autour du fils du héros, ou même encore plus avec le retournement final. Mais aussi tout simplement avec ce rôle improbable du SS, tout juste fait prisonnier et qui est recruté comme enquêteur adjoint. A aucun moment la résistance n’apparait – et je me demande ce qu’elle aurait pensé et fait en croisant un officier SS (qui a gardé son uniforme !)… Le dessin est lui aussi plaisant et accompagne bien le récit. Enfin, un intéressant dossier historique complète la lecture. Je regrette juste que les auteurs aient négligé un détail : si durant la libération de nombreux soldats américains ont été poursuivis pour viol en France, l’immense majorité de ceux qui ont été condamnés étaient des Noirs (non combattants, mais particulièrement visés par la justice d’une armée fortement ségrégationniste !), les « Blancs » étant moins lourdement poursuivis et sanctionnés. Ça reste néanmoins un petit polar historique globalement bien fichu.
Le Dernier Quai
C’est un album globalement plaisant, qui se laisse agréablement – et assez rapidement malgré une pagination relativement importante. Le « dernier quai » en question, c’est celui atteint par les morts juste après leur trépas, avant le départ définitif pour « ailleurs ». Une sorte de purgatoire, puisque chaque « passant » doit se purger de ses derniers – mauvais – souvenirs, ce que tous ne réussissent pas. L’originalité vient du fait que cette « dernière étape » se déroule dans un hôtel paumé, tenu par un type hyper maniaque, que nous allons apprendre à connaitre, surtout dans la deuxième partie, lorsque trois nouveaux « clients « de l’hôtel vont lui révéler les liens qu’ils entretiennent entre eux. J’ai trouvé le début intéressant, parfois amusant, mais le reste m’a un peu moins captivé, il y avait certaines longueurs, certains passages moins intéressants, lorsque les personnages livrent leurs souvenirs – qui finissent par se recouper. Ou lorsque interviennent les fantômes à l’extérieur. Surtout, si le dessin est très lisible et pas forcément désagréable, je trouve qu’aurait été plus adapté au sujet et au ton employé un dessin plus proche des univers développés par Tim Burton. Quelque chose de plus sombre, de plus tranchant que ces personnages un peu rondouillards.
Whisky (Duhamel/Ratte)
Amir et Théo vivent dans la rue, sous un pont où chacun s'est construit sa cabane. Théo, le plus âgé, a pris Amir sous son aile alors qu'il n'était qu'un jeune réfugié perdu, et il lui a appris à survivre dehors, à se débrouiller, et à rendre cette vie un peu moins dure. Leur lien est fort, presque filial, même si Théo reste le guide. Il impose un jour la présence d'un petit chien abandonné, convaincu qu'il leur apportera un peu de chaleur. Mais pour Amir, c'est une blessure qui se rouvre : son passé est marqué par un drame lié aux chiens, et cette arrivée déclenche un profond désaccord entre les deux hommes. Deux hommes et un canin. Ce one-shot joue presque sur le huis clos, centré sur cette relation qui vacille avec l'intrusion du nouvel arrivant. Les autres figures, les clients du marché, la police, les bourgeois du quartier et les jeunes dealers ne sont que des figurants en arrière-plan. Ces derniers apportent toutefois un peu d'action et de tension, heureusement résolue avec une touche d'humour revanchard. Le dessin de David Ratte y est très bon, et on sent bien qu'il a pris une vraie assurance dans son trait depuis ses premiers succès (Le Voyage des Pères en particulier). C'est un album agréable, porté par des personnages attachants, mais dont l'intrigue reste au fond assez mineure. On passe un bon moment, on se demande un peu s'il est judicieux de considérer la vie de SDF comme une fin en soi sans chercher à y apporter une échappatoire, on est soulagé par une fin douce après quelques petites péripéties... et puis j'ai refermé l'album, avec le sentiment que je l'oublierai sans doute assez vite.
Shubeik Lubeik
Dans une Égypte contemporaine semi fantasmée, les bouteilles magiques capables d'exaucer un vœu font partie du quotidien. Chaque vœu est lié à un djinn, classé selon la manière dont il interprète vos désirs. Ce système est régulé, intégré à une forme d'économie de marché, mais mal vu par les musulmans les plus pieux, qui y voient une tentation quasi blasphématoire. Shokry, vendeur dans un kiosque et musulman pratiquant, possède depuis des années trois vœux de première catégorie qu'il souhaite revendre. Finalement, trois personnes différentes en hériteront, chacune au cœur d'un des trois grands chapitres de l'album. En attaquant ce pavé, j'ai cru tenir une vraie pépite. Le contexte égyptien, porté par une autrice locale, est à la fois dépaysant et éclairant sur certains aspects de la société. L'idée d'un fantastique intégré au quotidien, avec ces vœux qui transforment subtilement les rapports sociaux comme une technologie omniprésente, m'a tout de suite séduit. Le ton est également allégé par une touche d'humour bienvenue dès le prologue (l'âne parlant m'a bien fait rire), ce qui empêche le récit de virer au conte moralisateur. Le dessin, sans être marquant, est soigné et sert efficacement la narration. Mais mon enthousiasme s'est émoussé au fil de la lecture. Chaque chapitre s'étire, les intrigues se perdent dans des digressions, et les monologues intérieurs, souvent pesants, alourdissent le rythme. Le second chapitre, en particulier, m'a franchement ennuyé. Le troisième relève un peu le niveau, en mêlant deux personnages au lieu d'un seul, Shokry et une vieille femme pleine de sagesse, mais là encore, j'ai trouvé que tout traînait en longueur. Malgré une construction solide et un univers crédible, j'ai décroché. J'ai fini par lire l'album en trois fois, tant je peinais à rester éveillé jusqu'à la fin. J'ai aimé l'originalité de cet album, surtout de son cadre d'Egypte contemporaine mêlé de fantastique, mais il m'est apparu trop long et sa lecture un peu trop fastidieuse malgré ses nombreuses bonnes idées.
Des canards trop bizarres
Une petite BD jeunesse à couverture souple, qui aborde avec tendresse le thème de la différence. Gwendoline, une cane très attachée à sa routine bien ordonnée, voit débarquer un nouveau voisin, artiste fantasque au mode de vie chaotique. Pour elle, c'est sûr : ils ne seront jamais amis. Et pourtant, une passion commune va peu à peu les rapprocher, révélant des affinités inattendues malgré tout ce qui les oppose. Derrière ses airs de petit album pour les moins de 10 ans, l'ouvrage surprend par son épaisseur et sa narration découpée en six chapitres. L'histoire prend le temps de s'installer, évitant le schéma des contes trop classiques pour petits enfants. Le dessin est simple et attendrissant, parfois structuré comme une vraie BD avec quelques cases, parfois davantage comme un livre illustré avec des dessins pleine page ou sur une double page. C'est doux, intelligent, et le message passe bien : on peut trouver l'amitié et le réconfort là où on ne l'attend pas et cela nous permet de vivre comme on est.
La Belle Coquetière
Je voulais découvrir Servais depuis un moment et j'ai choisi cette histoire qui jouit d'une bonne réputation. Pour résumer, oui Servais a un trait unique qui vaut le détour et avec un style qui correspond à ce que j'apprécie. Il dessine très bien la nature, les maisons de campagne... Je voulais également voir ses dessins de femmes car il dénude un peu ses héroïnes parfois et c'est très bien de ce côté là aussi mais moins impressionnant que le reste. Ses compositions de planches sont très réussies avec de grandes cases à admirer. Le problème c'est l'implication du lecteur qui est absente. C'est une bd qui se "regarde". On n'est jamais plongé dans le récit (la manière de raconter l'histoire) qui est trop sommaire. Pourtant celle ci a vraiment du potentiel, c'est dommage. On observe cette histoire se dérouler devant nos yeux comme on observe un joli décor de campagne. Et c'est déjà pas mal mais pas suffisant pour un amateur de récits avec beaucoup de profondeur.
First Job New Life!
2.5 Un manga mettant en vedette une jeune femme timide qui se retrouve malgré tout avec un emploi parce que le patron est un peu étrange. Elle va tenter de s'intégrer tant bien que mal et sa vie amoureuse va prendre un tour nouveau lorsque deux hommes lui tournent autour. C'est un manga pour les jeunes femmes et donc je ne fais pas parti du public cible. J'ai bien aimé découvrir l'environnement de travail de l'héroïne vu que ses collègues sont un peu hauts-en-couleurs. Malheureusement, petit à petit on glisse dans un récit dont le point central est la romance et c'est de la romance pour les jeunes femmes donc cela ne s'adresse pas à moi. Je n'ai pas trop été intéressé par la vie amoureuse de l'héroïne, en particulier parce que les deux amoureux potentiels m'ont paru plus toxiques qu'autre chose. Ce n'est pas pour moi, mais j'imagine que ces deux hommes sont un idéal pour certaines lectrices. J'ai bien aimé le dessin qui selon moi à une certaine classe même si plusieurs cases sont vides au niveau du décor.