Les derniers avis (48270 avis)

Par Blue boy
Note: 3/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Le Paradoxe de l'abondance
Le Paradoxe de l'abondance

Ce n’est certes pas avec cet ouvrage qu’Hugo Clément va se faire de nouveaux amis à la FNSEA et chez les lobbyistes de l’agro-industrie. Il n’a pourtant pas vocation à créer la polémique mais à exposer une situation de manière très factuelle, mais qui ne convient pas à ceux pour qui la priorité est de faire passer leurs bénéfices au mépris de la santé du consommateur. Le paradoxe de l’abondance, comme le dit lui-même le journaliste et militant écologiste, c’est qu’ « on produit énormément de nourriture, ce qui est très bien parce qu’on a beaucoup de gens à nourrir, mais on la produit d’une manière qui n’est pas durable », selon « un modèle agricole qui n’est pas orienté vers les bonnes productions ». Surexploités, les sols sont de moins en moins fertiles et la biomasse (masse totale d'organismes vivants) se dégrade de façon inquiétante, concernant 89% des terres agricoles ! Et comme si cela ne suffisait pas, les pesticides et les engrais chimiques comme les nitrates se diffusent dans l’air et dans les nappes phréatiques, augmentant les risques de cancer. Pour mieux nous faire comprendre ce qui a créé cette situation, l’ouvrage remonte aux origines de l’agriculture, à partir du moment où les sociétés nomades de chasseurs-cueilleurs ont commencé à se sédentariser, puis aborde la question de l’eau, qui selon un rapport de la commission européenne, est contaminée à hauteur de 60 % dans les pays européens. Autre donnée inquiétante, même la filière bio est menacée par l’absence de volonté politique. Dans ce contexte où la rentabilité prime, nos laitages et nos fromages tendent à l’uniformisation des goûts, tandis que la vache de race Prim’Holstein (celle que l’on voit en couverture avec ses pis surdimensionnés) remplace peu à peu toutes les espèces régionales, dont certaines sont même en voie de disparition. Est également abordé la question de la souffrance animale liée à ce type de production, autre cheval de bataille d’Hugo Clément. Le livre se conclut sur du positif même si le combat est loin d’être gagné. Sont évoquées quelques initiatives porteuses notamment la réussite (encore trop rare) d’un maraîcher bio ou l’introduction du bio dans des cantines. Les auteurs nous livrent également des pistes pour nous permettre d’agir à notre niveau, car en tant que consommateur, nous avons aussi ce pouvoir d’infléchir les décisions politiques en privilégiant par exemple la production locale. « Le Paradoxe de l’abondance » est loin d’être un ouvrage déprimant, bien au contraire. Le dessin à l’aquarelle de Dominique Mermoux, qui a mis en image une autre BD parue récemment sur un thème très proche, « Et soudain le futur », est très appréciable et accompagne parfaitement ce type de contenu. Ce livre, porté par un des journalistes les plus populaires dont on ne peut mettre en cause le sérieux des enquêtes, a également le mérite d’être très accessible. Bénéficiant d’une narration bien structurée et extrêmement fluide, il ne fera que renforcer la conviction de ceux depuis longtemps sensibilisés par le sujet et pourrait toucher également un public habituellement moins concerné… On aimerait aussi qu’il puisse surtout réveiller les consciences de nos dirigeants, encore largement soumis aux diktats imposés par l’industrie agro-alimentaire et certains syndicats qui n’existent que pour défendre les intérêts de l’agriculture industrielle, au mépris des petits paysans qui s’efforcent de respecter la nature et l’assiette du consommateur.

22/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Le Crétin qui a gagné la guerre froide
Le Crétin qui a gagné la guerre froide

La période Reagan est celle de mon éveil à la politique, et je m’en souviens très bien. Que ce soit du bonhomme ou des événements importants de cette époque. Le Naour a pris le parti de centrer son récit sur le côté « crétin » de Reagan, en escamotant certains aspects de ses mandats, évoqués de façon trop superficiels selon moi : l’envolée de l’ultralibéralisme (en parallèle de ce que faisait Thatcher au Royaume-Uni), et l’interventionnisme autoritaire – sous couvert de guerre froide. Reagan est un acteur de seconde zone à Hollywood, dont le meilleur rôle a été celui de président de la République (un petit rappel sur son rôle de lâche délateur durant le Maccarthysme n’aurait pas été superflu je pense). Reste le personnage de Reagan comme clown. Et c’est sûr qu’à part sa capacité (émoussé dans son second mandat) à apprendre par cœur des éléments de langage, des discours, et celle de ressortir des anecdotes vaguement marrantes, il ne s’est pas distingué par son intelligence, ni par sa clairvoyance. Simple pantin des milieux d’affaires et de ses conseillers, Le Naour parvient à le rendre attachant par sa naïveté, qui peut confiner à l’imbécilité certes, mais qui lui permet aussi parfois – même s’il peut tout gâcher par un caprice ou une maladresse – de passer outre certains blocages, pour se lier avec Gorbatchev (qui a sans doute dû halluciner autant que Le Naour nous le montre lors des entretiens qu’ils ont eus tous les deux). Si Georges W Bush, parmi ses successeurs, s’est aussi distingué par une inculture et une crétinerie abyssales, Le Naour nous renvoie clairement à une comparaison avec Donald Trump – qui apparait, jeune entrepreneur militant pour la liberté des affaires, et plus ouvertement dans la dernière case, où Le Naour en fait un nouveau Reagan. Mais cette comparaison n’est pas forcément raison. Trump est plus raciste, misogyne et surtout haineux et assoiffé de pognon que ne l’était Reagan (W. Bush me parait plus comparable à Reagan). Reste un album qui se laisse lire, dans lequel nous suivons une marionnette souvent pathétique, grotesque, au point d’en être presque plus acceptable qu’il ne l’était en réalité. La narration est agréable – sans doute monocorde pour justifier le titre – et met en avant un type sans envergure, qui a pu jouer un rôle sans doute trop grand pour lui, même si le hasard a voulu que l’Histoire lui propose, pour une fois, pas mal d’années après sa retraite d’Hollywood, de jouer Le Premier rôle.

22/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Au nom du fils (Ciudad Perdida)
Au nom du fils (Ciudad Perdida)

Une histoire sympathique, de l’aventure à la Tintin, tendance Picaros ou Oreille cassée (l'un des personnages en est grand lecteur), en plus profond et émouvant, plus "adulte" je trouve. Nous suivons un père qui, ayant appris que son fils a été enlevé par des guérilleros en Colombie, part sur un coup de tête à sa recherche, lui qui n’a jamais pris l’avion ni voyagé hors de France. Animé de son espoir de retrouver son fils – vivant si possible – et plein de naïveté (il se retrouve fait pas mal balader et escroqué, et ne résiste pas à toutes les tentations), notre bonhomme ne va rien lâcher. La narration est légère et fluide, plutôt agréable. L’histoire, elle aussi légère, un peu linéaire, se laisse lire très plaisamment. C’est dépaysant, et finalement centré sur l’aventure humaine, les relations fortes nouées au hasard des rencontres, la violence politique restant en arrière-plan. Un sympathique diptyque en tout cas.

22/10/2025 (modifier)
Couverture de la série La Fleur au fusil
La Fleur au fusil

Les Italiens ont inventé le western spaghetti et renouvelé le genre aux États-Unis. Nous avons ici un peu l’inverse, avec une histoire se déroulant en Italie, mais qui ressemble pas mal à un western. La cadre historique n’a pas été souvent utilisé en BD, à savoir les luttes nationalistes à l’aube du Risorgimento, alors que les luttes sociales ne sont pas toujours solubles dans l’unité italienne. Un décor intéressant donc, et une intrigue globalement rythmée, même si finalement la petite histoire éclipse complètement la grande. Et si cette petite histoire manque un peu de fond. La lecture n’est pas désagréable, mais il m’a manqué quelque chose, un peu du souffle épique qui aurait sans doute pu magnifier cette histoire, inspirée de faits et de personnages réels. Idem pour le dessin, fluide et lisible, mais avec des visages qui ne me plaisent pas forcément.

22/10/2025 (modifier)
Par Lodi
Note: 3/5
Couverture de la série Jeremiah
Jeremiah

Autrefois, j'aurais mis quatre étoiles. Mais passant par ici, j'ai découvert que je n'étais pas la seule personne a avoir décroché ! Dommage, le dessin aérien qui n'en exprime pas moins la poussière collant aux personnages sur la route, et les potes sympas me plaisaient bien, mais tout a été dit sur le déclin de la série. C'est à cause de nombreux naufrages comme Jeremiah qu'on suspecte tout ce qui est un peu long. C'est triste, un camarade d'école qui s'y connaissait en bd me l'avait fait découvrir ! Ceci dit, puisqu'on est au chapitre gratitude, vive les médiathèques qui permettent de lire gratuitement et en ouvrant la focale sur ce qu'on n'aurait pas cherché tout seul ! Je comprends que d'anciens amateurs restent dans un univers où ils ont leurs marques, mais je pense qu'il vaut mieux déconseiller à de nouveaux d'embarquer pour une croisière qui devient vite si décevante !

22/10/2025 (modifier)
Couverture de la série La Belle et la Bête (Tabou)
La Belle et la Bête (Tabou)

Trif s’est fait une spécialité de l’adaptation des contes célèbres dans une version très érotique. Avec celle-ci, je me suis longtemps demandé s’il n’était pas devenu plus « sage » dans ses illustrations. En effet, la première scène de sexe n’apparait qu’après la quarantième page du premier tome – même si la « Belle » passe l’essentiel des pages quasiment nue. Plus de sensualité donc que de porno – même si les dernières pages de ce tome sont un peu plus corsées, et si quelques scènes – de masturbation essentiellement – se greffent au récit tout au long de son déroulé. Le second album joue sur le même registre. Car Trif livre là une version finalement soft, jouant davantage sur un érotisme latent, sur les désirs (de la Belle comme de la Bête) presque retenus. Le résultat est fluide et agréable, bien plus fin que la plupart des œuvres du genre. Le dessin de Trif – qui met l’accent sur les gros plans et les corps des personnages – est aussi pour beaucoup dans le plaisir de lecture. C’est plutôt une belle adaptation de cette histoire, dont je ne connaissais que les versions de Cocteau ou de Disney.

21/10/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 3/5
Couverture de la série Huck
Huck

Un récit feel-good, mais cette tonalité est poussée à l'extrême ici. Le personnage principal est légèrement niais, il a été élevé par une mère adoptive, sa mère biologique l'ayant abandonné à sa naissance. Il vit dans une petite ville reculée du Maine. Huck, c'est son nom, ça ressemble fortement à Hulk, il en a d'ailleurs la force herculéenne. Mais il a aussi le don de pouvoir retrouver tout être vivant où qu'il se cache. Mark Millar prend le parti pris de pousser à l'extème son idée de départ, et son récit en pâti. Il est simpliste et le déroulé de l'histoire manque cruellement de vraisemblance. Mais malgré cela, j'ai passé un moment agréable aux côtés de Huck, sa gentillesse, son innocence et la narration rythmée m'ont fait passer outre tous les défauts de ce comics. Une lecture rayon de soleil. J'ai connu Raphael Albuquerque plus inspiré, mais son dessin fait le job : dynamique, lisible et agréable à regarder. Comme Erik et Gaston, je me sens incapable de mettre moins que 3 étoiles.

21/10/2025 (modifier)
Par pol
Note: 3/5
Couverture de la série Jérusalem (Delcourt)
Jérusalem (Delcourt)

La proposition faite par cette trilogie est de raconter l'histoire de la ville de Jérusalem. Cette cité bâtie il y a plusieurs millénaires et qui constitue un carrefour prépondérant dans l'histoire des religions. Autant dire qu'il y a beaucoup à raconter. Notre récit commence non pas à la fondation de la ville, mais lorsque David en devint le roi. On découvre comment il a régné sur la ville, comment il l'a fait prospérer en dépit des complots et des guerres ambiantes. C'est le début de la légende de la ville. Puis David décline jusqu'à ce que son fils Salomon le remplace sur le trône. Lui aussi devra composer entre alliances, trahisons et prophéties pour gouverner la cité. Cela occupe une bonne première partie de l'album, et même si tout n'est pas approfondi et daté, cela donne une bonne vision des faits historiques marquants de l'époque. Par la suite le rythme s'accélère grandement et 40 ans de règne peuvent être expédiés en deux planches. Un mariage ou une alliance peut se sceller en une case. Les différents descendants du roi David se succèdent à vitesse grand V. En quelques cases on a droit aux principaux faits notables de leur mandat. Difficile d'aller dans les détails, les personnages s'enchainent un peu vite, et on n'a pas le temps de comprendre qui était le rival qu'on est déjà à la génération suivante. Le dessin sert efficacement le propos. Le trait est très lisible et il offre quelques belles vues de la cité. Résumer un millénaire d'Histoire en 180 planches impose forcément de faire des choix et prendre des raccourcis. Ce premier tome apporte, malgré cela, une vision synthétique et plutôt intéressante de ce pan de l'Histoire.

21/10/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série Sanda
Sanda

2,5 Le moins qu'on puisse dire est que le scénario est assez original et totalement délirant comme les auteurs japonais ont le secret ! C'est tellement délirant que pendant un bon moment j'étais tout de même un peu perdu à la lecture des trois premiers tomes. Le début est quand même pas trop clair. Je comprends que les mangakas subissent la pression des votes des lecteurs et qu'il faut attirer l'attention dès le départ, mais je pense qu'un premier chapitre qui explique un peu plus l'univers où vit les personnages auraient été le bienvenue. Pour l'instant, je trouve que c'est quand même un peu le bordel au niveau du scénario: il y a des bonnes idées, mais elles sont souvent introduites mal. Il y a pleins de trucs qui semblent sortir de nulle part. Les scènes de combats ne m'ont pas intéressé non plus, je pense que je devins trop vieux pour ce genre de shonen. Au moins le ton est plus original que 'machin veut devenir le plus fort dans tel domaine'. Parmi les qualités de la série, les personnages sont attachants et le dessin est dynamique et expressif comme je l'aime.

21/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Retour à l'Eden
Retour à l'Eden

Mouais. Je n’ai été que moyennement convaincu – en tout cas moyennement intéressé – par cet album. Pourtant j’aime bien ce format à l’italienne, et Roca est un auteur dont j’ai déjà pu apprécier plusieurs œuvres. Mais ici, j’ai trouvé que Roca n’avait pas forcément su retransmettre ce qui le touchait personnellement, dans ce récit qui s’intéresse à sa mère – et plus largement à la famille de celle-ci. En tout cas il n’est pas parvenu à dépasser ce regard filial pour faire du récit quelque chose de plus universel. Et ce récit/enquête, qui part de quelques photographies, s’il est pourtant lisible, ne m’a clairement pas captivé. Roca lui-même, ou d’autres auteurs espagnols (comme Jaime Martin) ont su retranscrire une époque lourde (l’Espagne franquiste) au travers d’un récit familial. Ici je reste sur ma faim. Note réelle 2,5/5.

21/10/2025 (modifier)