Les derniers avis (48252 avis)

Couverture de la série Épouvantail
Épouvantail

L’histoire concoctée par Pelaez se laisse lire agréablement, même si elle n’est pas toujours facile à « cerner ». En effet, elle mélange et alterne différents « genres », commençant sur du roman graphique, avec cette petite fille qui, ayant perdu sa mère, se réfugie dans ses rêves, et commence à parler avec un épouvantail. Puis, peu à peu, le fantastique s’invite, en même temps que le polar, tout tournant autour de cet épouvantail. C’est un peu déroutant, mais on s’y fait quand même au bout d’un moment, même si l’aspect polar semble un peu se greffer artificiellement (ça n’est pas la partie qui m’a le plus plu). C’est que la narration est assez fluide et plaisante, plutôt avare de mots, assez légère – dans tous les sens du terme. Mais j’ai surtout aimé le dessin de Sénégas, lui aussi très léger. Parfois minimaliste, parfois fourmillant de détails (même si les décors sont souvent escamotés), avec un rendu proche de la gravure parfois. Un Noir et Blanc usant de hachures plus ou moins rageuses, j’ai bien apprécié ce travail, qui accompagne bien les êtres écorchés, les situations ambiguës, l’ambivalence de certains personnages. Note réelle 3,5/5.

19/10/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série Une nuit avec toi
Une nuit avec toi

2.5 Une autre BD qui dénonce la violence faite aux femmes, un thème décidément à la mode ces temps-ci. Le fait que ce thème a déjà été abordé par d'autres auteurs fait en sorte que cela devient tout de même un peu dur de renouveler le thème et il y a la compétition avec les meilleurs œuvres du genre. L'impression que j'ai eue en lisant l'album est que le scénario ne fait pas trop le poids contre d'autres bandes dessinées qui dénonçaient mieux la condition de la femme. Le scénario se lit trop vit et il est trop léger pour être mémorable. Le scénario est cousu de fil blanc et je n'ai pas réussi à m'attacher au personnage principal. C'est pas vraiment mauvais, ça se laisse lire, mais elle souffre de la comparaison avec des œuvres plus puissantes qui approfondissaient plus le sujet de la violence faite aux femmes. Là j'ai pratiquement eu l'impression d'avoir lu la première partie d'un scénario et qu'ensuite on passait direct à la fin. Le dessin est pas trop mal sans plus. Une BD qui ne sort pas du lot.

19/10/2025 (modifier)
Couverture de la série L'Ile de Lorose
L'Ile de Lorose

Des histoires de bras-cassés, de personnages loin de l'image glorieuse des héros, de rejetés, normalement ça me parle. J'ai grandi avec l'univers du Krosmoz, je connais le lore et tout le toutim, normalement je devrais passer un bon moment (ou à la rigueur un petit moment nostalgique). Dans les faits je n'ai pas été pleinement convaincue. Déjà je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages. Trop simples, pas assez développés au delà de leur gimmick - et par là j'entends qu'iels sont tous résumé-e-s à leur aspect contradictoire. Un guerrier sanguinaire hématophobe, une soigneuse pacifiste et bonne enfant arrondissant ses fins de mois en tant que pole danseuse, un enutrof (peuple caractérisé par son avarice) prêchant une vision plus égalitaire du monde, ... Bref, on comprend très vite que l'on suit des personnages ne rentrant pas dans les cases dans lesquelles on s'attendrait à les trouver. Mais le problème que j'ai avec ça c'est que finalement ces personnages ne sont réduits qu'à ça, ne se développent pas vraiment. À l'exception de deux qui ont véritablement une évolution narrative à savoir le chien fantômatique sarcastique et la sadida (peuple très fusionnel avec la nature)... grosse. Détail notable de ce personnage parce qu'on va nous le répéter à tire la rigot. Ça et le fait qu'elle soit moche (lol). Et potentiellement gay aussi (mais ça je ne suis pas sûre d'avoir bien compris si c'est ce qui était sous entendu). Ce personnage en prend pour son grade tout du long, et même si on peut relativiser ça sur le fait que les personnages ne sont pas des modèles à suivre, j'avoue que la voir se faire insulter en boucle sans vraiment que qui ce soit remette ça en question est plus que lassant. Que le chien ne la lâche pas sur le sujet, pourquoi pas, il est présenté comme un petit con cynique d'entrée de jeu et il y a un pseudo-rapprochement émotionnel entre les deux sur la fin, mais le fait que cela soit constant et jamais contredit m'a personnellement génée. Ensuite, le texte. L'histoire est classique au possible mais pas nécessairement mauvaise. La base est bonne et je reconnais de bons passages (comme la rencontre avec le Maître Bolet ou encore tout le conflit avec les pirates sur la fin), mais les dialogues en eux-mêmes sont vraiment pauvres je trouve. Trop d'exposition maladroite, trop de dialogues artificiels. J'ai même noté un oubli : les wabbits, peuple de lapins humanoïde ne sachant pas prononcer les R, voient l'un de leur représentant ici prononcer un "sur" sans problème. Bref, une histoire pas mauvaise sur son concept mais qui m'a parue être écrite un peu par dessus la jambe. Le dessin est vraiment loin d'être ma came. Je ne le qualifierai pas de laid, il a un style suffisamment marqué pour que je me doute qu'il sache toucher des gens, mais moi il me laisse profondément de marbre. Je n'irais pas jusqu'au "mauvais", je peux accepter ne pas avoir été la cible de l'œuvre, en tout cas j'ai survolé cette lecture et n'en garderai pas grand souvenir. (Note réelle 2,5)

19/10/2025 (modifier)
Par cac
Note: 3/5
Couverture de la série Orignal
Orignal

J'ai lu la version d'origine en noir et blanc. N'ayant pas lu de quoi ça parlait avant, j'ai été surpris de voir qu'il s'agissait de harcèlement scolaire. Joe se fait brutaliser et racketter par un autre garçon Jason. On ne sait pas trop pourquoi, à cause des parents un peu particuliers de Joe ? En tout cas Joe ne se confie à personne de ces brimades ce qui est étonnant. Pour éviter de croiser son harceleur dans le bus scolaire, il coupe par la forêt et tombe un jour sur un orignal majestueux. La fin se révèle aussi cruelle envers Jason et on ne sait trop quoi penser. Qu'aurait-on fait dans pareille situation ? Le dessin est simple et rapidement exécuté, peu de textes, dans un format assez petit comme un manga. Un bon ouvrage de Max de Radiguès.

19/10/2025 (modifier)
Par cac
Note: 3/5
Couverture de la série Endroll back
Endroll back

« End roll » est un mot wasei-eigo qui signifie « générique de fin » m'apprend Google. Kantetsu le scénariste est parti visiblement sur des idées similaires à Prison Lab qu'il a fait précédemment. C'est une histoire de harcèlement scolaire qui conduit une jeune fille au suicide. Effectivement le manga commence "par la fin" avec le suicide et les obsèques de la fille, son frère est présent. Un ange lui apparait soudainement et lui propose un marché pour retrouver ceux qui ont poussé sa soeur vers la mort et en contre-partie la ressusciter. Une sorte de pacte faustien. Il va alors revivre une boucle temporelle en tant que professeur sous un pseudonyme dans l'école de sa soeur et tenter de comprendre qui est responsable du suicide parmi les élèves. Sauf que s'il se trompe dans son enquête, on repart sur une nouvelle boucle et il perd un peu d'espérance de vie au passage. L'ange lui permet aussi d'avoir certains pouvoirs ou jokers comme dans un jeu vidéo. Je ne connais pas cet éditeur qui semble récent. Quelques fautes d'orthographe dans le premier tome. Même dans le résumé j'ai du corriger plusieurs fautes dans un si petit texte. Ça ne fait pas sérieux. Si on fait abstraction du postulat de départ avec l'ange etc. cela se laisse lire et en 3 tomes seulement on a une histoire complète.

19/10/2025 (modifier)
Par Blue boy
Note: 3/5
Couverture de la série La Mise à mort du tétras lyre
La Mise à mort du tétras lyre

Quand le bouquin (« petit » pavé de 288 pages…) nous arrive dans les mains, la première réaction est proche de l’émerveillement. Un titre intrigant (qui s’expliquera à la lecture), une couverture réussie, un beau travail éditorial de Glénat, et un graphisme tout en explosion de couleurs, souvent proche de l’art pictural (évoquant David Hockney dont il revendique l’influence dans le récit). Encore jeune dessinateur de trente ans et quelques, David Combet signe ici sa première œuvre (semi-autobiographique ?) en tant qu’auteur complet. La narration se déploie autour de deux axes narratifs parallèles : le quotidien d’artiste du jeune Pierre, natif des Alpes, écumant les soirées lyonnaises en quête de reconnaissance », et ses souvenirs d’enfance centrés sur les parties de chasse avec son père, qui visiblement ont laissé des traces peu confortables dans sa psyché d’artiste. C'est ainsi que le lecteur va suivre Pierre enfant (« Caillou ») sous la houlette de papa et son collègue Edouard dans des randonnées alpines (en mode chasse-pêche-nature et tradition), où il se sentait écartelé entre son admiration pour la flore et la faune alpines et sa réticence d’avoir à empoigner un fusil pour viser des proies sous la pression du paternel. On devine que sa sensibilité d’artiste ne s’accordait guère avec les injonctions viriles et culpabilisantes d’un père (« tu seras un vrai bonhomme, mon fils, ou tu ne seras pas ») dont les certitudes vont se fissurer au fil du récit, en raison d'une mauvaise passe conjugale. Et ce passé amer continue à hanter sa vie d’adulte à Lyon (cette cité très plaisante que l’on reconnaît facilement à travers les nombreuses références graphiques) où l’on assiste aux errances du gamin devenu grand, décidé à vivre sa vie d’artiste gay dans l’anonymat de la grande ville, espérant pourquoi pas provoquer le début d’une carrière couronnée de succès… mais le poids d’une enfance brimée dans ses aspirations peut-il vraiment s’alléger dans un milieu où priment l’apparence et l’arrogance, bien symbolisées par le personnage de Simon Chevalier ? Côté dessin, c’est un feu d’artifice sous le signe de l’arc-en-ciel – ce qui, vu la thématique, est pour le moins approprié… David Combet aime les couleurs, ça se voit et c’est joli quand on aime ça. La référence à David Hockney est explicite, et en effet, l’auteur a opté pour une approche très picturale. La représentation de Lyon et des paysages alpins est très plaisante, même si on sera peut-être un peu moins convaincu par les visages à l’expressivité très appuyée. Mais globalement, le rendu visuel est plaisant, et on sent une certaine gourmandise de la part de Combet à croquer la vie comme le monde environnant. Quant au récit, il a clairement une fonction exutoire, celle d’évoquer les blessures morales de l’auteur, ce qu’il fait à travers le personnage de Pierre. On ressent également cette volonté d’être exhaustif, de représenter toute l’échelle des émotions chez ses personnages, qu’il s’agisse des visages et des postures. Cette particularité a pour inconvénient d’étirer la narration, ce qui donne lieu à quelques longueurs dont on ne saisit pas toujours la pertinence. On peut également regretter le traitement psychologique un peu superficiel des autres personnages, l’action étant centrée uniquement autour de Pierre. En résumé, « La Mise à mort du tétras lyre » se lit comme la quête initiatique d’un homme, qu’il soit le double ou non de l’auteur, pour trouver les clés de sa libération et de son épanouissement. Avec ce récit très personnel et authentique, David Combet peut être satisfait du travail accompli, même si la narration, un rien inaboutie, aurait mérité davantage de rigueur. On ne peut nier qu’il y a chez lui un potentiel à raconter les choses, mais ce livre est peut-être arrivé un peu tôt. L’impression finale est d’avoir dégusté un vin un peu jeune qui n’aurait pas eu le temps de vieillir.

18/10/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Hors les murs - Journal d'un voyage immobile
Hors les murs - Journal d'un voyage immobile

Hors les murs est une bande dessinée publiée par la Réunion des Musées Nationaux, issue d'une collaboration entre le musée du Grand Palais, une vingtaine de commissaires, conservateurs et artistes, le Centre pénitentiaire Sud Francilien, et plusieurs détenus volontaires. Ensemble, ils ont imaginé une exposition artistique au sein même de la prison. Sous la direction d'un commissaire d'exposition, un comité de détenus a choisi les œuvres à présenter et défini le message qu'ils souhaitaient transmettre : celui du voyage et de l'ouverture sur le monde, en contraste avec leur enfermement. Le projet s'est accompagné de rencontres avec des artistes, conférenciers et restaurateurs venus partager leurs savoirs sur l'art et le fonctionnement des musées. Cendrine Borzycki, invitée à assister à plusieurs de ces séances, en a tiré ce récit documentaire. Elle y montre que la culture peut franchir les murs, tout en dévoilant les coulisses concrètes d'une exposition, bien loin de la simple installation de tableaux. L'ouvrage se veut avant tout instructif. Il documente à la fois le milieu carcéral, la démarche muséale et l'état d'esprit des participants. Le dessin de Borzycki, proche du croquis, privilégie la spontanéité à la virtuosité. Son trait simple et ses teintes sobres confèrent à l'ensemble une élégance discrète, mais le graphisme peut paraître sommaire. En revanche, la lecture reste fluide et les dialogues, vivants, donnent de l'épaisseur aux détenus, souvent curieux et réfléchis. Ils rappellent d'ailleurs eux-mêmes qu'ils ne représentent qu'une minorité : la plupart des prisonniers n'ont montré aucun intérêt pour le projet, et ceux-là ne figurent pas dans le livre. Malgré son intérêt documentaire, le récit perd un peu de souffle après son introduction. Les comptes rendus de réunions et les visites de musées manquent de dynamisme, et la frustration s'accentue lorsque l'exposition finale n'est jamais montrée. La bande dessinée se conclut en renvoyant à une page web que je n'ai pas trouvée, sans doute disparue il y a quelques années, laissant le lecteur sans image du résultat si ce n'est quelques planches de la BD montrant les prototypes visuels de ce à quoi elle pourrait ressembler lors de sa préparation. Hors les murs est un témoignage sincère et instructif sur la rencontre entre art et détention, mais dont la lecture reste un peu aride et inachevée. Une belle idée, plus enrichissante que réellement captivante. Note : 2.5/5

18/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Electric Miles
Electric Miles

Au sortir de ce tome introductif, je ne sais pas trop quoi penser. D’abord parce que certaines choses m’ont clairement échappé, des passages sont restés obscurs, comme l’histoire elle-même. Je ne sais pas où elle va nous mener, si le polar, un certain fantastique ésotérique vont prendre le dessus. Pour le moment, Nury est aussi mystérieux que son personnage principal, auteur putatif d’un livre que quasiment personne n’a lu ou vu, mais qui attire les convoitises, jusqu’aux producteurs vénaux d’Hollywood (au passage Nury caricature – à peine – les techniques marketing et publicitaires, avec un passage savoureux lorsque deux producteurs envisagent leur campagne de lancement de l’adaptation du bouquin – qu’ils n’ont pourtant pas lu !). Du coup, entre ces mystères entretenus et les passages un peu obscurs (le rôle du clébard, les digressions religieuses, etc.), je reste pour le moment réservé. Mais la lecture n’en a pas pour autant été désagréable, en grande partie grâce au travail graphique de Brüno. En effet, je trouve que son dessin se bonifie avec le temps. Toujours aussi épuré, le rendu est ici très chouette. A voir donc ce que ça donnera par la suite.

18/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Hors-saison
Hors-saison

Le Jour du Marché du même auteur m’avait clairement laissé sur ma faim. Je me réconcilie un peu avec lui avec cet album qui, sans être hyper emballant, se révèle quand même plaisant à lire, vraiment plus intéressant. Déjà le format à l’italienne et plus globalement le travail éditorial de Delcourt me conviennent, c’est un format que j’apprécie, et qui est adapté au récit, dans lequel nous suivons durant quelques semaines (mais des flash-backs densifient le récit et l’étendent) la vie de Mark. Mark, qui se débat alors que sa vie se délite, alors que tout s’éparpille auteur de lui, alors que ses certitudes se fragilisent. Son couple périclite et le divorce s’annonce – de moins en moins à l’amiable. Au niveau boulot ça ne va pas mieux, il est escroqué par son patron. Il se débat en tant que nouveau célibataire avec ses enfants lorsqu’il en a la garde, alors que sa mère souffre d’un cancer. En arrière-plan, les incertitudes se multiplient aussi, nous sommes en pleine campagne électorale, entre Hillary Clinton et Donald Trump… Le récit est traité de façon légère, doux-amer, sans surjouer empathie ou trop impliquer le lecteur, observateur décalé du verni qui craque. Les personnages animaliers et la colorisation usant de divers gris plutôt ternes accentuent une certaine langueur, une certaine tristesse, jusqu’aux dernières cases, où l’optimisme semble vouloir retenter sa chance.

18/10/2025 (modifier)
Par Cleck
Note: 3/5
Couverture de la série Murmures des sous-bois
Murmures des sous-bois

Voilà un album délicat, accessible aux plus jeunes, distillant progressivement sa touchante émotion. Autour d'un propos écolo sur la réouverture au monde, aux autres, l'auteur développe une non-intrigue : des promenades dans la forêt permettant de prendre le temps d'observer la faune sauvage, le ciel, d'entendre cette vie fragile que nos sociétés connectées et individualisées oublient. On découvre peu à peu une relation mère-fille emplie de silences, mais non-dénuée d'attentions ; la thématique du deuil s'invite alors et donne de l'ampleur à l'ensemble. Avec son format à l'italienne, son noir et blanc teinté de brun, la rareté du texte, un style à la lisière du manga et de la ligne claire, un découpage "façon storyplay" de cinéma, cette manière occasionnellement de créer du mouvement en démultipliant les personnages sur une même case, associé à un crescendo narratif plutôt réussi, l'auteur parvient à déployer une histoire dramatique et pleine d'espoir qui étonnamment nous fait passer de l'anecdotique aux douleurs intimes les plus belles. Surprenant de constater combien l'indéniable maladresse des ficelles narratives et dialogues aboutit à un sentiment général de délicatesse poétique. Beau comme un bébé qui pleure.

18/10/2025 (modifier)