Cette série mélange les genres, en partie polar, en partie historique, pour au final nous offrir un récit d'aventure dans un cadre original : la ville de San Francisco en 1906.
L'héroïne est une jeune femme de chambre qui se retrouve malgré elle embringuée dans une histoire de mafieux avec la mort aux trousses. Ayant récupéré une peinture trafiquée de Gustav Klimt, elle attire la mort autour d'elle tandis que les gangs tentent de récupérer le tableau et qu'effrayée elle le ramène à la personne qui souhaite le plus s'en débarrasser, à savoir le chanteur d'opéra Caruso. A sa suite, on découvre différents aspects de la ville de San Francisco à l'époque, notamment l'influence importante de la pègre, qu'il s'agisse de la mafia italienne ou des tongs chinois, mais aussi le chef corrompu de la garnison militaire. Et tout cela s'écroule brutalement en même temps que les murs de la cité lors du terrible tremblement de terre de cette année là, ce qui va paradoxalement peut-être sauver la vie de l'héroïne.
Le graphisme de Fabrice Meddour met tout cela en valeur. Ses planches en couleurs directes, majoritairement en teintes sépia avant de se colorer soudainement suite au séisme, font honneur aux décors et costumes du San Francisco de l'époque. Si ses personnages masculins sont un peu moins beaux car souvent caricaturaux, ce n'est pas le cas des protagonistes féminines qui sont très jolies. J'aime beaucoup également le tableau de Klimt inédit qu'il imagine, ainsi que les quelques scènes mythologiques en lien avec Judith et Holopherne.
L'intrigue a le mérite de nous faire découvrir la ville à une époque charnière, avec toute la richesse de sa faune urbaine, ses marginaux, ses clans, ses zones d'ombre. Suivre le destin du tableau et de l'héroïne malgré elle se révèle plaisant, même si ce fil narratif n'est pas d'une originalité renversante : le thème de l'innocent happé malgré lui dans un affrontement entre mafias a déjà été largement exploré. Mais l'arrivée du séisme à la fin du premier tome redistribue brutalement les cartes. Le deuxième tome prend alors un virage beaucoup plus radical, encore plus brutal. À vrai dire, il va peut-être trop loin. Le cataclysme et les tentatives désespérées des habitants pour sauver ce qui peut l'être sont relégués au second plan derrière une déferlante de violence et de folie qui frôle parfois la surenchère. On en vient à se demander si tout cela était nécessaire, tant l'intensité dramatique était déjà bien suffisante. Cette escalade dans l'excès a un peu terni mon enthousiasme pour une œuvre qui, jusque-là, m'avait pourtant séduit par son regard singulier et son approche originale.
Tome 3 : Manhattan Trauma
Après l’excentrique diptyque se déroulant dans les quartiers interlopes de San Francisco, les auteurs emmènent cette fois leur héroïne dans Big Apple, de façon inattendue. En effet, celle-ci a été mandatée par la NYPD pour organiser la protection du candidat démocrate à la Maison blanche. Sans grosse surprise puisque l’histoire commence par son assassinat en public, le reste du livre détaillant les événements antérieurs au drame. Alors que les deux premiers volets portaient sur une enquête dans les milieux satanistes de Frisco, ce tome 3 (qui apparemment n’aura pas de suite) se situe dans le registre du thriller politique, avec une fiction librement inspirée par l’ « affaire Kennedy bis » (le meurtre de Bob Kennedy, frère de John, qui s’apprêtait à être nommé par son parti pour les présidentielles). Et même si les noms ont été modifiés, on pourra facilement reconnaître Richard Nixon (davantage que Robert K., d’ailleurs), le candidat républicain qui, comme on le sait, allait être élu en novembre 68.
Ce récit donne une fois de plus l’occasion à Hervé Bourhis de nous immerger dans l’atmosphère U.S. de la fin des années 60, avec quelques références culturelles de l’époque. Curieusement, l’auteur, expert accompli en matière de rock, a abandonné le filigrane radiophonique intégrant des extraits de chansons et se contente d’allusions davantage en lien avec l’art ou la littérature, notamment avec une course poursuite ayant pour cadre le musée Guggenheim ou cette rencontre avec Andy Warhol, rebaptisé pour l’occasion « Angus Warsaw ». On pourra également s’étonner de la ressemblance entre le directeur de campagne de Cavendish, Tom Persons, et le romancier Truman Capote…
Cet épisode en fera voir de toutes les couleurs à la pauvre Tyler, qui semble une fois de plus confrontée au mépris et à la morgue d’un milieu globalement très misogyne, et se trouve ici aux prises avec un inquiétant mercenaire russe. Notre femme-flic va pourtant prouver qu’elle a du répondant et qu’il ne vaut mieux pas se fier à sa corpulence. Mais si elle n’a pas froid aux yeux, cette héroïne manque encore un tout petit peu de substance pour vraiment accéder au statut d’héroïne « culte » du neuvième art.
Lucas Varela quant à lui ne faillit pas dans le traitement de la partie graphique. Son trait méticuleux et stylisé (bien qu’un peu froid pour ce type de registre) reste un régal pour les yeux, avec toujours ce « code couleur » en phase avec la fameuse bannière étoilée.
Plus conforme aux standards narratifs du genre, « Manhattan Trauma » réussit davantage à convaincre par son intrigue que le diptyque précédent, lesté par son dénouement un rien saugrenu. On pourra juste s’étonner du fait que ce troisième volet semble être une histoire complète, mais peut-être notre amie Tyler est-elle déjà partie vers d’autres horizons d’investigation… A voir…
Tome 2
Même si c’est un peu à contrecœur, je dois l’admettre, la seconde partie de ce diptyque est une déception. La fin du premier volet m’avait pourtant laissé dans de bonnes dispositions, mais celles-ci se sont quelque peu effilochées à la lecture, jusqu'à ce dénouement un peu ridicule.
Tout d’abord, on ne reviendra pas sur la qualité du dessin, et c’est assurément le point fort d’ « American Parano ». L’atmosphère du San Francisco des sixties est toujours aussi plaisante, et on continue à prendre plaisir à admirer le trait moderne et stylisé de Lucas Varela, agrémenté d’une bichromie à dominante rouge terracotta et bleu horizon. Alors forcément, on se demande pourquoi ça n’a pas aussi bien fonctionné qu’avec « Le Labo », la précédente collaboration des auteurs, réjouissante comédie vintage sur la genèse des ordinateurs individuels.
Car en effet, l’ouvrage pêche davantage par son scénario. Celui-ci s’essouffle assez vite, à l’image de l’enquête de Kimberly Tyler qui piétine… L’intrigue a tendance à partir un peu dans tous les sens, avec moult détails qui, s’ils tentent probablement de restituer une certaine réalité de l’époque, ne paraissent à première vue ni vraiment indispensables ni significatifs. Au fil des pages, les personnages ont l’air de se comporter de manière automatique, y compris Kimberly qui apparaît de moins en moins concernée par son affaire et qui pourtant s’était montrée potentiellement attachante dans le premier épisode, du fait de sa personnalité bien campée. Alors certes, cette froideur peut être en partie due à la ligne claire, qui, si séduisante soit-elle, demeure un peu lisse.
On évitera d’enfoncer le clou avec ce dénouement qui sombre assez platement dans le grand-guignol, et cette révélation finale, un brin incongrue, sur le passé du père de la jeune enquêtrice, qui, on l’imagine, aurait dû nous arracher une larme. L’impression qui domine est que Bourhis semble avoir lâché en cours de route son axe narratif. Malgré un certain potentiel, il survole le sujet et retombe assez vite dans le clichetonneux et le superficiel. Mes attentes concernant ce deuxième chapitre étaient-elles trop fortes pour ma part ? Par tous les diables, c’est loin d’être impossible !
Tome 1
Sous les dehors d’une enquête assez classique, « American Parano », premier volet d’un diptyque policier, nous emmène dans les bas fonds du Frisco de la fin des sixties, ces années où la jeunesse beatnik revendiquait de nouvelles formes de liberté, où les vieilles bâtisses victoriennes se paraient de couleurs psychédéliques. Le scénario d’Hervé Bourhis est plutôt abouti, avec des personnages bien campés, à commencer par celui de Kimberly Tyler, jeune inspectrice un peu coincée et fraîche émoulue de l’académie du Michigan, qui va devoir jouer des coudes dans un milieu très masculine et faire abstraction des regards lubriques et des blagues potaches. En parallèle, elle sera amenée à assumer le deuil de son ex-flic de père mystérieusement décédé, dont elle a décidé d’occuper le modeste logement dans le quartier du Castro.
Ce tome 1 ne révèle rien de sa relation avec ce père qu’elle ne voyait plus guère, constituant une zone d’ombre dans la psyché de la jeune femme, comme on le verra à la fin lors de sa confrontation avec le gourou sataniste Yeval, autre personnage de premier plan. Référence inconsciente ou pas, on pense beaucoup à Hannibal Lecter face à Clarice Starling dans une scène mythique du "Silence des agneaux".
En contrepoint ironique de ce contexte de messes noires, chaque chapitre du livre s’ouvre sur les messages d’une radio locale pop, assénant à l’envi sa propagande « feel good », comme si Jésus (le sauveur toujours vivant dans les cœurs !) avait soudainement épousé la cause hippie…
Le véritable point fort de l’ouvrage est le dessin de Lucas Varela, talentueux auteur argentin dont on a plaisir à admirer la belle ligne claire très graphique, et qui reconstitue à merveille l’ambiance sixties de San Francisco.
Que ce soit pour l’élucidation de ce crime mystérieux ou les révélations concernant la relation compliquée de Tyler avec son père, cet épisode distille suffisamment de mystère pour nous donner envie de découvrir la suite. On relèvera l’excellente playlist, très variée, qui accompagne l’album via QR code, avec quelques tubes mythiques d’une époque bénie en matière de créativité musicale (Scott Mc Kenzie, The Beach Boys, Jefferson Airplane, Otis Redding, The Mamas and The Papas et beaucoup d’autres…).
L'éponyme Aliénor Mandragore n'est pas n'importe qui, il s'agit de la fille du plus grand druide de tous les temps : Merlin. Problème (et surtout élément déclencheur de l'intrigue), elle a un beau jour causé la mort de ce dernier à cause d'une mandragore. Normalement pas de quoi paniquer pour la petite famille, Merlin connait plein de façons diverses de revenir à la vie, sauf que là l'Ankou, l'incarnation même de la mort, semble être venu recupérer son âme. Aliénor, aidée de son ami Lancelot, va chercher par tous les moyens à ramener son papa chéri à la vie.
C'est une jolie petite série d'aventure tout public sur fond de mythes arthuriens, les personnages sont attachants (même si j'aurais pu me passer des "blagounettes" où Merlin harcèle Viviane), le dessin est vif et sait donner des bouilles adorables à ses protagonistes (et des designs variés à ses créatures fantastiques), l'action est prenante, les récits entrainants et les sujets abordés (deuil, amour familial, désir de choisir sa voie, ...) sont bons. Bref, c'est une très bonne série.
Une très bonne série pas parfaite pour autant car j'avoue que sur la deuxième moitié de la série l'intrigue de fond m'a souvent semblée trop cousue de fil blanc, trop expédiée aussi parfois (le dernier album, pas inintéressant sur le papier, m'a vraiment semblé vouloir aller à cent à l'heure pour tenter de tout clôturer, je n'aurais pas dit non à ce que l'on donne plus de temps à l'histoire pour respirer).
C'est vraiment con, parce que ces quelques problèmes de rythme mis à part j'aurais sans doute pu monter ma note. Honnêtement, sur les deux premiers albums, je me voyais bien augmenter ma note à quatre étoiles, la suite promettait beaucoup mais n'a malheureusement pas su pleinement répondre à mes attentes.
Raah, je suis toujours bougonne j'ai l'impression !
Quoi qu'il en soit la série reste bonne, agréable à lire et même un peu rigolote par moment (pas directement comique mais plutôt "gentiment loufoque", comme avec le journal fictif local "l'Echo de Broceliande" disponible à chaque fin d'album).
Ce nouveau recueil d'histoires courtes signées Toppi nous plonge dans un Far West très particulier : celui des terres âpres et solitaires du Nord-Ouest américain, entre chercheurs d'or fiévreux, pionniers endurcis et hors-la-loi aussi sombres que les nuits sans lune. À travers ces récits aux allures de contes ou de légendes, Toppi continue d'explorer ce que le western a de plus mythologique, voire de plus spectral. L'or est omniprésent, en filigrane ou en obsession frontale, mais il n'éclipse jamais la présence pesante de la mort, ni surtout celle des grands espaces : vastes, silencieux, désolés. Le vide, ici, a une voix.
L'un des récits, Une visite pour John Colter, m'a même laissé une étrange impression de déjà-vu : je suis à peu près sûr de l'avoir lu ailleurs, ou sous une autre forme, mais impossible de retrouver où.
Comme toujours avec Toppi, le ton est contemplatif, lent, presque hypnotique. C'est une narration qui ne cherche pas l'efficacité, encore moins l'action, mais plutôt une forme de gravité intemporelle. Il y a quelque chose de mélancolique, parfois légèrement funèbre, dans la manière dont il met en scène ces figures solitaires, perdues dans l'immensité du monde ou dans leur propre destinée.
Graphiquement, on retrouve son trait caractéristique : un noir et blanc extrêmement travaillé, saturé de hachures, de textures, de motifs. C'est superbe, virtuose même, mais je dois admettre que l'effet commence à s'user sur moi. À force d'être si riche et travaillé, son dessin finit par manquer d'élan. Les personnages, souvent campés comme des statues, paraissent raides, comme figés dans des postures d'illustration plus que dans un mouvement narratif. Cette tension entre image et récit crée une ambiance à part, très singulière, mais qui peut aussi lasser si on n'est pas pleinement embarqué.
Je ne peux pas dire que cette lecture m'ait vraiment emporté. Elle m'a davantage tenu à distance, fascinante sur le plan visuel, élégante dans son écriture, mais émotionnellement un peu froide. Reste une forme d'élégance rétro, classe, entre les récits d'aventure de Jack London et les échos lointains des légendes amérindiennes.
Godefroi et Jeanne-Baptiste, couple d’aristocrates fauchés, mènent une vie paisible et un brin hors du temps dans leur vieux manoir décrépi, entre balades à cheval sur leurs terres et quotidien campagnard avec leurs deux grands enfants. Assez reclus sans être totalement coupés du monde, ils voient leur tranquillité menacée quand Godefroi découvre qu’un promoteur compte bétonner le champ d’à côté. Pour s’y opposer, ils font appel à des voisins militants bien plus ancrés dans le combat anti-système… et montent ensemble une improbable petite ZAD.
La Dernière CroiZAD est une satire politique légère, aux allures de vaudeville champêtre. Le récit repose sur une galerie de personnages hauts en couleur, et s’amuse à faire se rencontrer deux mondes que tout oppose : noblesse ringarde et militants alternatifs, unis ici pour une même cause. Le message reste bon enfant : il faut de tout pour faire un monde.
Le cœur du récit, c’est Godefroi Valence de Terney d’Argence, un aristocrate aussi ruiné qu’attachant, qui s’exprime dans un français suranné truffé d’imparfaits du subjonctif. Un Don Quichotte à la sauce provinciale, rigide dans ses manières mais fondamentalement bienveillant. Le voir interagir avec des zadistes militants et autres baba-cools donne lieu à des scènes savoureuses, pleines de décalage et de bonne humeur.
Graphiquement, c’est soigné : les personnages sont vivants, expressifs, les décors bucoliques bien campés, et l’ensemble respire la légèreté.
On est dans l’esprit d’un bon téléfilm de fin d’après-midi, avec ses exagérations assumées et son petit parfum de vacances.
Évidemment, il ne faut pas chercher trop de réalisme. Les stéréotypes abondent mais restent sympathiques : le méchant promoteur est caricatural, la ZAD se monte un peu trop facilement, et certains rebondissements (comme l’histoire des amphores) tombent à plat ou sont trop prévisibles. La fin, bien que cohérente, manque elle aussi d’un vrai souffle.
Mais malgré tout, j’ai passé un bon moment. Ce n’est pas renversant, ni très crédible, mais c’est drôle, rythmé, et porté par des personnages suffisamment bien écrits pour qu’on les suive avec plaisir. Une lecture divertissante et sans prétention.
J'ai l'impression que si cette histoire ne s'adresse pas qu'aux mamans, elle risque surtout de plaire aux parents qui risquent de se reconnaitre dans certaines situations.
J'ai trouvé, l'histoire moyenne, en particulier parce que je n'ai pas trouvé intéressante le récit d'Élise qui se retrouve seul après qu'enfants et mari sont partis et qui ne sait quoi faire. J'ai été plus passionné par le récit des jeunes parents qui se retrouvent avec un bébé né trop tôt et qui a besoin de beaucoup de soins pour survivre, mais même là je trouvais ça sympathique sans plus. Il y a un cotée feel good qui va séduire des lecteurs, mais cela n'a pas trop fonctionné pour moi. J'ai trouvé qu'on tirait trop sur la corde sensible et qu'on voulait absolument que je me mets à pleurer ou un truc du genre. La surprise à la fin qui relit les deux histoires ne m'a pas surprit parce que j'avais déjà vu se procédé dans d'autres œuvres de fictions.
Le dessin est agréable à l'œil.
Bon, je me sens obligée de commencer par ça : je n'aime pas Molière.
Comme beaucoup j'ai étudié en long en large et en travers son œuvre, j'ai même joué de ses pièces, mais malgré le consensus apparent de mes pair-e-s je me dois d'être honnête : je trouve ses créations terriblement plates.
Pas mauvaises, la grande majorité des prémisses sont très bonnes et il est capable de-ci de-là de pondre des répliques et des échanges que je reconnais bien trouvés. Mais rien n'y fait je trouve toujours le résultat final plat. Des évolutions d'intrigues sans finesses, des formules parfois lourdes là où elles auraient dû /pû être légères (et qu'on ne me sorte pas l'argument du langage ou de l'époque, je forme cette critique en considérant le contexte et en comparant avec d'autres créations contemporaines ou antérieures) et même sans ces défauts je trouve ses œuvres bien trop surfaites. Si elles n'étaient pas constamment portées en triomphe comme LES chefs d’œuvres littéraires français (la fameuse "langue de Molière") peut-être les trouverais-je simplement oubliables, je dois l'avouer.
Bon quoi qu'il en soit le boug' reste une figure importante de l'Histoire théâtrale et littéraire alors je comprends que l'étudier, lui et son œuvre, reste intéressant.
C'est donc pourquoi j'ai tenté la lecture de cette BD ayant pour grand projet de nous narrer la vie du sieur Poquelin, dans une forme simple d'accès et documentaire (sans aucun doute parfait pour un CDI, donc). On nous retrace sa vie dans son ensemble, de sa naissance à sa mort en passant par les déboires et les complications politiques de son époque sans oublier de conclure par son influence sur l'Histoire suite à son trépas.
L'album n'est pas mauvais, il aborde et explique de nombreux sujets utiles pour facilement comprendre l'époque qui est dépeinte, je suis sûre que l'album est une bonne aide de révision pour des collégien-ne-s (ou éventuellement des lycéen-ne-s). Après, je me dois d'être honnête, le tout m'a paru un peu trop rigide. En fait, ironiquement, la partie bande-dessinée m'a parue parasiter tout du long ma lecture. Le dessin un tantinet trop rigide et le rythme bien trop mou, bien qu'ayant visiblement le but de donner un corps à ces informations et anecdotes historiques, m'ont in fine gênée lors de la lecture des corpus de texte.
Encore une fois, pas nécessairement mauvais, comme entrée en matière sur le sujet de l'auteur et de son œuvre il est sans doute bon, mais pas un chef d’œuvre non plus. COMME CE QUE JE PENSE DE L’ŒUVRE DE MOLIÈRE, EN SOMME.
J'apprécie tout de même le propos final sur la difficulté de raconter la vie de figures historiques et populaires sans être parasité par les idées reçues, les on-dits et le Roman national.
Une série qui s'amuse bien avec le concept des sentais.
Les sentais combattent des kaijus, ces monstres géants qu'on voit dans plein de productions japonaises, mais qu'arrive-t-il lorsqu'un jour ces fameux kaijus ont disparu ? Des années après l'apparition du dernier kaiju, les sentais sont aux mains de compagnies privées et font des boulots minables. J'ai trouvé l'univers inventé et développé par les auteurs intéressant et reflète bien les problèmes du monde actuel.
Malgré cela, je n'ai pas trouvé que c'était une lecture passionnante. Il y a quelques longueurs et cela a pris un certain temps pour que je rentre complètement dans le récit. Je pense que cela vient du fait que je n'ai pas trouvé les personnages principaux particulièrement attachants et je dois dire qu'ils sont un peu trop clichés à mon goût. Peut-être que j'aurais mieux accroché si j'avais le même âge que les jeunes protagonistes. Quant au dessin, c'est inspiré des mangas et je trouve que les codes sont biens utilisés par le dessinateur contrairement à d'autres mangas faits en dehors du Japon que j'ai lus jusqu'à présent et qui sont souvent moches.
Un bon tome prometteur malgré tout et je vais sûrement lire la suite.
À Lahore, dans l’Inde coloniale britannique, un jeune métis aussi séduisant que jalousé se retrouve malgré lui entraîné dans une affaire d’espionnage qui coûtera la vie à sa maîtresse. Accusé à tort de ce meurtre, il perd tout et doit fuir. Avant de disparaître, il jure de se venger de ceux qui l’ont trahi. Grâce à son teint mat qui lui permet de passer pour un Indien, il s’enfonce jusqu’en Afghanistan, sur les traces du véritable assassin... et d’un ancien camarade mêlé à cette mission secrète.
Ce récit mêle aventure, élégance et exotisme dans un décor peu exploré en BD. L’influence de Rudyard Kipling et des romans du XIXe siècle se fait clairement sentir. Le dessin de Micheluzzi, d’une grande finesse, évoque les illustrations classiques avec une retenue toute en distinction. Il s’en dégage une ambiance un peu surannée, presque précieuse, malgré une narration en voix off qui n’hésite pas à interpeller les personnages, brisant parfois le quatrième mur.
Le cadre historique et géographique est original et immersif. L’intrigue, en revanche, n’est pas toujours limpide. Le héros reste longtemps opaque, ses motivations mal cernées, ce qui crée une certaine distance émotionnelle. On a du mal à s’attacher à lui, tant ses pensées nous sont tenues à l’écart. Certaines zones d’ombre demeurent, notamment autour des événements de Kaboul : on perçoit une tension, des mercenaires frustrés, mais on ne comprend pas pourquoi les britanniques semblent s'en fiche tandis que les afghans y voient là leur action volontaire méritant la mort. Il y a là un loupé au niveau des explications et de la narration.
Au final, j’ai pris un plaisir certain à la lecture, comme face à une œuvre d’un autre âge : un peu datée sur le plan narratif, mais remarquable par son dessin et par l’atmosphère singulière qu’elle déploie.
Le succès de Junji Ito aidant, certains éditeurs sortent des placards les reliques du manga horrifique. Hideshi Hino est de la génération de Kazuo Umezu (L'école emportée - 1972), soit un des pionniers du genre. Le chat noir (1979) est inspiré du roman Je suis un chat de Natsume Soseki.
Le manga est un recueil de 4 histoires courtes façon Contes de la crypte traversées par la figure symbolique du chat noir. A l'instar du chien du film Baxter, le félin pose un regard impartial sur les travers de l'espèce humaine. Toujours en retrait, il observe et s'interroge sur la nature sordide de ses maîtres. Si les histoires contées n'effraient plus aujourd'hui, force est de constater que l'auteur sait manier l'art de la chute. L'ambiance baigne dans un quotidien blafard, emprunt d'une profonde solitude. Ici, un minable clown alcoolique ; là, un enfant livré à lui-même.
Hino, dans une naïveté toute japonaise, installe peu à peu le malaise au gré de situations banales, presque anodines, s'enfonçant toujours plus dans le glauque jusqu'au point de non-retour. Pas de fantastique à proprement parler ici, mais plutôt l'inquiétante étrangeté à l'abri des regards, dans l'intimité sombre du foyer.
Le trait de l'auteur est la grande force du titre. Si le dessin reste dans les canons rondouillards de son époque, Hino sait jouer de la difformité et du cadrage pour mieux atteindre le grotesque. L'encrage, gras et massif, témoigne d'une grande maîtrise dans la composition. De lourds aplats noirs jouxtés à un blanc immaculé confèrent une dimension expressionniste à l'univers graphique. Les pleines pages et autres grandes cases happant le lecteur dans la psyché tourmentée des protagonistes. Si Hino ira plus loin dans l'horreur par la suite, ce recueil reste un témoin précieux de ce que fût le genre à ses débuts.
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San Francisco 1906
Cette série mélange les genres, en partie polar, en partie historique, pour au final nous offrir un récit d'aventure dans un cadre original : la ville de San Francisco en 1906. L'héroïne est une jeune femme de chambre qui se retrouve malgré elle embringuée dans une histoire de mafieux avec la mort aux trousses. Ayant récupéré une peinture trafiquée de Gustav Klimt, elle attire la mort autour d'elle tandis que les gangs tentent de récupérer le tableau et qu'effrayée elle le ramène à la personne qui souhaite le plus s'en débarrasser, à savoir le chanteur d'opéra Caruso. A sa suite, on découvre différents aspects de la ville de San Francisco à l'époque, notamment l'influence importante de la pègre, qu'il s'agisse de la mafia italienne ou des tongs chinois, mais aussi le chef corrompu de la garnison militaire. Et tout cela s'écroule brutalement en même temps que les murs de la cité lors du terrible tremblement de terre de cette année là, ce qui va paradoxalement peut-être sauver la vie de l'héroïne. Le graphisme de Fabrice Meddour met tout cela en valeur. Ses planches en couleurs directes, majoritairement en teintes sépia avant de se colorer soudainement suite au séisme, font honneur aux décors et costumes du San Francisco de l'époque. Si ses personnages masculins sont un peu moins beaux car souvent caricaturaux, ce n'est pas le cas des protagonistes féminines qui sont très jolies. J'aime beaucoup également le tableau de Klimt inédit qu'il imagine, ainsi que les quelques scènes mythologiques en lien avec Judith et Holopherne. L'intrigue a le mérite de nous faire découvrir la ville à une époque charnière, avec toute la richesse de sa faune urbaine, ses marginaux, ses clans, ses zones d'ombre. Suivre le destin du tableau et de l'héroïne malgré elle se révèle plaisant, même si ce fil narratif n'est pas d'une originalité renversante : le thème de l'innocent happé malgré lui dans un affrontement entre mafias a déjà été largement exploré. Mais l'arrivée du séisme à la fin du premier tome redistribue brutalement les cartes. Le deuxième tome prend alors un virage beaucoup plus radical, encore plus brutal. À vrai dire, il va peut-être trop loin. Le cataclysme et les tentatives désespérées des habitants pour sauver ce qui peut l'être sont relégués au second plan derrière une déferlante de violence et de folie qui frôle parfois la surenchère. On en vient à se demander si tout cela était nécessaire, tant l'intensité dramatique était déjà bien suffisante. Cette escalade dans l'excès a un peu terni mon enthousiasme pour une œuvre qui, jusque-là, m'avait pourtant séduit par son regard singulier et son approche originale.
American Parano
Tome 3 : Manhattan Trauma Après l’excentrique diptyque se déroulant dans les quartiers interlopes de San Francisco, les auteurs emmènent cette fois leur héroïne dans Big Apple, de façon inattendue. En effet, celle-ci a été mandatée par la NYPD pour organiser la protection du candidat démocrate à la Maison blanche. Sans grosse surprise puisque l’histoire commence par son assassinat en public, le reste du livre détaillant les événements antérieurs au drame. Alors que les deux premiers volets portaient sur une enquête dans les milieux satanistes de Frisco, ce tome 3 (qui apparemment n’aura pas de suite) se situe dans le registre du thriller politique, avec une fiction librement inspirée par l’ « affaire Kennedy bis » (le meurtre de Bob Kennedy, frère de John, qui s’apprêtait à être nommé par son parti pour les présidentielles). Et même si les noms ont été modifiés, on pourra facilement reconnaître Richard Nixon (davantage que Robert K., d’ailleurs), le candidat républicain qui, comme on le sait, allait être élu en novembre 68. Ce récit donne une fois de plus l’occasion à Hervé Bourhis de nous immerger dans l’atmosphère U.S. de la fin des années 60, avec quelques références culturelles de l’époque. Curieusement, l’auteur, expert accompli en matière de rock, a abandonné le filigrane radiophonique intégrant des extraits de chansons et se contente d’allusions davantage en lien avec l’art ou la littérature, notamment avec une course poursuite ayant pour cadre le musée Guggenheim ou cette rencontre avec Andy Warhol, rebaptisé pour l’occasion « Angus Warsaw ». On pourra également s’étonner de la ressemblance entre le directeur de campagne de Cavendish, Tom Persons, et le romancier Truman Capote… Cet épisode en fera voir de toutes les couleurs à la pauvre Tyler, qui semble une fois de plus confrontée au mépris et à la morgue d’un milieu globalement très misogyne, et se trouve ici aux prises avec un inquiétant mercenaire russe. Notre femme-flic va pourtant prouver qu’elle a du répondant et qu’il ne vaut mieux pas se fier à sa corpulence. Mais si elle n’a pas froid aux yeux, cette héroïne manque encore un tout petit peu de substance pour vraiment accéder au statut d’héroïne « culte » du neuvième art. Lucas Varela quant à lui ne faillit pas dans le traitement de la partie graphique. Son trait méticuleux et stylisé (bien qu’un peu froid pour ce type de registre) reste un régal pour les yeux, avec toujours ce « code couleur » en phase avec la fameuse bannière étoilée. Plus conforme aux standards narratifs du genre, « Manhattan Trauma » réussit davantage à convaincre par son intrigue que le diptyque précédent, lesté par son dénouement un rien saugrenu. On pourra juste s’étonner du fait que ce troisième volet semble être une histoire complète, mais peut-être notre amie Tyler est-elle déjà partie vers d’autres horizons d’investigation… A voir… Tome 2 Même si c’est un peu à contrecœur, je dois l’admettre, la seconde partie de ce diptyque est une déception. La fin du premier volet m’avait pourtant laissé dans de bonnes dispositions, mais celles-ci se sont quelque peu effilochées à la lecture, jusqu'à ce dénouement un peu ridicule. Tout d’abord, on ne reviendra pas sur la qualité du dessin, et c’est assurément le point fort d’ « American Parano ». L’atmosphère du San Francisco des sixties est toujours aussi plaisante, et on continue à prendre plaisir à admirer le trait moderne et stylisé de Lucas Varela, agrémenté d’une bichromie à dominante rouge terracotta et bleu horizon. Alors forcément, on se demande pourquoi ça n’a pas aussi bien fonctionné qu’avec « Le Labo », la précédente collaboration des auteurs, réjouissante comédie vintage sur la genèse des ordinateurs individuels. Car en effet, l’ouvrage pêche davantage par son scénario. Celui-ci s’essouffle assez vite, à l’image de l’enquête de Kimberly Tyler qui piétine… L’intrigue a tendance à partir un peu dans tous les sens, avec moult détails qui, s’ils tentent probablement de restituer une certaine réalité de l’époque, ne paraissent à première vue ni vraiment indispensables ni significatifs. Au fil des pages, les personnages ont l’air de se comporter de manière automatique, y compris Kimberly qui apparaît de moins en moins concernée par son affaire et qui pourtant s’était montrée potentiellement attachante dans le premier épisode, du fait de sa personnalité bien campée. Alors certes, cette froideur peut être en partie due à la ligne claire, qui, si séduisante soit-elle, demeure un peu lisse. On évitera d’enfoncer le clou avec ce dénouement qui sombre assez platement dans le grand-guignol, et cette révélation finale, un brin incongrue, sur le passé du père de la jeune enquêtrice, qui, on l’imagine, aurait dû nous arracher une larme. L’impression qui domine est que Bourhis semble avoir lâché en cours de route son axe narratif. Malgré un certain potentiel, il survole le sujet et retombe assez vite dans le clichetonneux et le superficiel. Mes attentes concernant ce deuxième chapitre étaient-elles trop fortes pour ma part ? Par tous les diables, c’est loin d’être impossible ! Tome 1 Sous les dehors d’une enquête assez classique, « American Parano », premier volet d’un diptyque policier, nous emmène dans les bas fonds du Frisco de la fin des sixties, ces années où la jeunesse beatnik revendiquait de nouvelles formes de liberté, où les vieilles bâtisses victoriennes se paraient de couleurs psychédéliques. Le scénario d’Hervé Bourhis est plutôt abouti, avec des personnages bien campés, à commencer par celui de Kimberly Tyler, jeune inspectrice un peu coincée et fraîche émoulue de l’académie du Michigan, qui va devoir jouer des coudes dans un milieu très masculine et faire abstraction des regards lubriques et des blagues potaches. En parallèle, elle sera amenée à assumer le deuil de son ex-flic de père mystérieusement décédé, dont elle a décidé d’occuper le modeste logement dans le quartier du Castro. Ce tome 1 ne révèle rien de sa relation avec ce père qu’elle ne voyait plus guère, constituant une zone d’ombre dans la psyché de la jeune femme, comme on le verra à la fin lors de sa confrontation avec le gourou sataniste Yeval, autre personnage de premier plan. Référence inconsciente ou pas, on pense beaucoup à Hannibal Lecter face à Clarice Starling dans une scène mythique du "Silence des agneaux". En contrepoint ironique de ce contexte de messes noires, chaque chapitre du livre s’ouvre sur les messages d’une radio locale pop, assénant à l’envi sa propagande « feel good », comme si Jésus (le sauveur toujours vivant dans les cœurs !) avait soudainement épousé la cause hippie… Le véritable point fort de l’ouvrage est le dessin de Lucas Varela, talentueux auteur argentin dont on a plaisir à admirer la belle ligne claire très graphique, et qui reconstitue à merveille l’ambiance sixties de San Francisco. Que ce soit pour l’élucidation de ce crime mystérieux ou les révélations concernant la relation compliquée de Tyler avec son père, cet épisode distille suffisamment de mystère pour nous donner envie de découvrir la suite. On relèvera l’excellente playlist, très variée, qui accompagne l’album via QR code, avec quelques tubes mythiques d’une époque bénie en matière de créativité musicale (Scott Mc Kenzie, The Beach Boys, Jefferson Airplane, Otis Redding, The Mamas and The Papas et beaucoup d’autres…).
Aliénor Mandragore
L'éponyme Aliénor Mandragore n'est pas n'importe qui, il s'agit de la fille du plus grand druide de tous les temps : Merlin. Problème (et surtout élément déclencheur de l'intrigue), elle a un beau jour causé la mort de ce dernier à cause d'une mandragore. Normalement pas de quoi paniquer pour la petite famille, Merlin connait plein de façons diverses de revenir à la vie, sauf que là l'Ankou, l'incarnation même de la mort, semble être venu recupérer son âme. Aliénor, aidée de son ami Lancelot, va chercher par tous les moyens à ramener son papa chéri à la vie. C'est une jolie petite série d'aventure tout public sur fond de mythes arthuriens, les personnages sont attachants (même si j'aurais pu me passer des "blagounettes" où Merlin harcèle Viviane), le dessin est vif et sait donner des bouilles adorables à ses protagonistes (et des designs variés à ses créatures fantastiques), l'action est prenante, les récits entrainants et les sujets abordés (deuil, amour familial, désir de choisir sa voie, ...) sont bons. Bref, c'est une très bonne série. Une très bonne série pas parfaite pour autant car j'avoue que sur la deuxième moitié de la série l'intrigue de fond m'a souvent semblée trop cousue de fil blanc, trop expédiée aussi parfois (le dernier album, pas inintéressant sur le papier, m'a vraiment semblé vouloir aller à cent à l'heure pour tenter de tout clôturer, je n'aurais pas dit non à ce que l'on donne plus de temps à l'histoire pour respirer). C'est vraiment con, parce que ces quelques problèmes de rythme mis à part j'aurais sans doute pu monter ma note. Honnêtement, sur les deux premiers albums, je me voyais bien augmenter ma note à quatre étoiles, la suite promettait beaucoup mais n'a malheureusement pas su pleinement répondre à mes attentes. Raah, je suis toujours bougonne j'ai l'impression ! Quoi qu'il en soit la série reste bonne, agréable à lire et même un peu rigolote par moment (pas directement comique mais plutôt "gentiment loufoque", comme avec le journal fictif local "l'Echo de Broceliande" disponible à chaque fin d'album).
Colt Frontier
Ce nouveau recueil d'histoires courtes signées Toppi nous plonge dans un Far West très particulier : celui des terres âpres et solitaires du Nord-Ouest américain, entre chercheurs d'or fiévreux, pionniers endurcis et hors-la-loi aussi sombres que les nuits sans lune. À travers ces récits aux allures de contes ou de légendes, Toppi continue d'explorer ce que le western a de plus mythologique, voire de plus spectral. L'or est omniprésent, en filigrane ou en obsession frontale, mais il n'éclipse jamais la présence pesante de la mort, ni surtout celle des grands espaces : vastes, silencieux, désolés. Le vide, ici, a une voix. L'un des récits, Une visite pour John Colter, m'a même laissé une étrange impression de déjà-vu : je suis à peu près sûr de l'avoir lu ailleurs, ou sous une autre forme, mais impossible de retrouver où. Comme toujours avec Toppi, le ton est contemplatif, lent, presque hypnotique. C'est une narration qui ne cherche pas l'efficacité, encore moins l'action, mais plutôt une forme de gravité intemporelle. Il y a quelque chose de mélancolique, parfois légèrement funèbre, dans la manière dont il met en scène ces figures solitaires, perdues dans l'immensité du monde ou dans leur propre destinée. Graphiquement, on retrouve son trait caractéristique : un noir et blanc extrêmement travaillé, saturé de hachures, de textures, de motifs. C'est superbe, virtuose même, mais je dois admettre que l'effet commence à s'user sur moi. À force d'être si riche et travaillé, son dessin finit par manquer d'élan. Les personnages, souvent campés comme des statues, paraissent raides, comme figés dans des postures d'illustration plus que dans un mouvement narratif. Cette tension entre image et récit crée une ambiance à part, très singulière, mais qui peut aussi lasser si on n'est pas pleinement embarqué. Je ne peux pas dire que cette lecture m'ait vraiment emporté. Elle m'a davantage tenu à distance, fascinante sur le plan visuel, élégante dans son écriture, mais émotionnellement un peu froide. Reste une forme d'élégance rétro, classe, entre les récits d'aventure de Jack London et les échos lointains des légendes amérindiennes.
La Dernière CroiZAD
Godefroi et Jeanne-Baptiste, couple d’aristocrates fauchés, mènent une vie paisible et un brin hors du temps dans leur vieux manoir décrépi, entre balades à cheval sur leurs terres et quotidien campagnard avec leurs deux grands enfants. Assez reclus sans être totalement coupés du monde, ils voient leur tranquillité menacée quand Godefroi découvre qu’un promoteur compte bétonner le champ d’à côté. Pour s’y opposer, ils font appel à des voisins militants bien plus ancrés dans le combat anti-système… et montent ensemble une improbable petite ZAD. La Dernière CroiZAD est une satire politique légère, aux allures de vaudeville champêtre. Le récit repose sur une galerie de personnages hauts en couleur, et s’amuse à faire se rencontrer deux mondes que tout oppose : noblesse ringarde et militants alternatifs, unis ici pour une même cause. Le message reste bon enfant : il faut de tout pour faire un monde. Le cœur du récit, c’est Godefroi Valence de Terney d’Argence, un aristocrate aussi ruiné qu’attachant, qui s’exprime dans un français suranné truffé d’imparfaits du subjonctif. Un Don Quichotte à la sauce provinciale, rigide dans ses manières mais fondamentalement bienveillant. Le voir interagir avec des zadistes militants et autres baba-cools donne lieu à des scènes savoureuses, pleines de décalage et de bonne humeur. Graphiquement, c’est soigné : les personnages sont vivants, expressifs, les décors bucoliques bien campés, et l’ensemble respire la légèreté. On est dans l’esprit d’un bon téléfilm de fin d’après-midi, avec ses exagérations assumées et son petit parfum de vacances. Évidemment, il ne faut pas chercher trop de réalisme. Les stéréotypes abondent mais restent sympathiques : le méchant promoteur est caricatural, la ZAD se monte un peu trop facilement, et certains rebondissements (comme l’histoire des amphores) tombent à plat ou sont trop prévisibles. La fin, bien que cohérente, manque elle aussi d’un vrai souffle. Mais malgré tout, j’ai passé un bon moment. Ce n’est pas renversant, ni très crédible, mais c’est drôle, rythmé, et porté par des personnages suffisamment bien écrits pour qu’on les suive avec plaisir. Une lecture divertissante et sans prétention.
Les Moments doux
J'ai l'impression que si cette histoire ne s'adresse pas qu'aux mamans, elle risque surtout de plaire aux parents qui risquent de se reconnaitre dans certaines situations. J'ai trouvé, l'histoire moyenne, en particulier parce que je n'ai pas trouvé intéressante le récit d'Élise qui se retrouve seul après qu'enfants et mari sont partis et qui ne sait quoi faire. J'ai été plus passionné par le récit des jeunes parents qui se retrouvent avec un bébé né trop tôt et qui a besoin de beaucoup de soins pour survivre, mais même là je trouvais ça sympathique sans plus. Il y a un cotée feel good qui va séduire des lecteurs, mais cela n'a pas trop fonctionné pour moi. J'ai trouvé qu'on tirait trop sur la corde sensible et qu'on voulait absolument que je me mets à pleurer ou un truc du genre. La surprise à la fin qui relit les deux histoires ne m'a pas surprit parce que j'avais déjà vu se procédé dans d'autres œuvres de fictions. Le dessin est agréable à l'œil.
Molière - Le théâtre de sa vie
Bon, je me sens obligée de commencer par ça : je n'aime pas Molière. Comme beaucoup j'ai étudié en long en large et en travers son œuvre, j'ai même joué de ses pièces, mais malgré le consensus apparent de mes pair-e-s je me dois d'être honnête : je trouve ses créations terriblement plates. Pas mauvaises, la grande majorité des prémisses sont très bonnes et il est capable de-ci de-là de pondre des répliques et des échanges que je reconnais bien trouvés. Mais rien n'y fait je trouve toujours le résultat final plat. Des évolutions d'intrigues sans finesses, des formules parfois lourdes là où elles auraient dû /pû être légères (et qu'on ne me sorte pas l'argument du langage ou de l'époque, je forme cette critique en considérant le contexte et en comparant avec d'autres créations contemporaines ou antérieures) et même sans ces défauts je trouve ses œuvres bien trop surfaites. Si elles n'étaient pas constamment portées en triomphe comme LES chefs d’œuvres littéraires français (la fameuse "langue de Molière") peut-être les trouverais-je simplement oubliables, je dois l'avouer. Bon quoi qu'il en soit le boug' reste une figure importante de l'Histoire théâtrale et littéraire alors je comprends que l'étudier, lui et son œuvre, reste intéressant. C'est donc pourquoi j'ai tenté la lecture de cette BD ayant pour grand projet de nous narrer la vie du sieur Poquelin, dans une forme simple d'accès et documentaire (sans aucun doute parfait pour un CDI, donc). On nous retrace sa vie dans son ensemble, de sa naissance à sa mort en passant par les déboires et les complications politiques de son époque sans oublier de conclure par son influence sur l'Histoire suite à son trépas. L'album n'est pas mauvais, il aborde et explique de nombreux sujets utiles pour facilement comprendre l'époque qui est dépeinte, je suis sûre que l'album est une bonne aide de révision pour des collégien-ne-s (ou éventuellement des lycéen-ne-s). Après, je me dois d'être honnête, le tout m'a paru un peu trop rigide. En fait, ironiquement, la partie bande-dessinée m'a parue parasiter tout du long ma lecture. Le dessin un tantinet trop rigide et le rythme bien trop mou, bien qu'ayant visiblement le but de donner un corps à ces informations et anecdotes historiques, m'ont in fine gênée lors de la lecture des corpus de texte. Encore une fois, pas nécessairement mauvais, comme entrée en matière sur le sujet de l'auteur et de son œuvre il est sans doute bon, mais pas un chef d’œuvre non plus. COMME CE QUE JE PENSE DE L’ŒUVRE DE MOLIÈRE, EN SOMME. J'apprécie tout de même le propos final sur la difficulté de raconter la vie de figures historiques et populaires sans être parasité par les idées reçues, les on-dits et le Roman national.
Shin Zero
Une série qui s'amuse bien avec le concept des sentais. Les sentais combattent des kaijus, ces monstres géants qu'on voit dans plein de productions japonaises, mais qu'arrive-t-il lorsqu'un jour ces fameux kaijus ont disparu ? Des années après l'apparition du dernier kaiju, les sentais sont aux mains de compagnies privées et font des boulots minables. J'ai trouvé l'univers inventé et développé par les auteurs intéressant et reflète bien les problèmes du monde actuel. Malgré cela, je n'ai pas trouvé que c'était une lecture passionnante. Il y a quelques longueurs et cela a pris un certain temps pour que je rentre complètement dans le récit. Je pense que cela vient du fait que je n'ai pas trouvé les personnages principaux particulièrement attachants et je dois dire qu'ils sont un peu trop clichés à mon goût. Peut-être que j'aurais mieux accroché si j'avais le même âge que les jeunes protagonistes. Quant au dessin, c'est inspiré des mangas et je trouve que les codes sont biens utilisés par le dessinateur contrairement à d'autres mangas faits en dehors du Japon que j'ai lus jusqu'à présent et qui sont souvent moches. Un bon tome prometteur malgré tout et je vais sûrement lire la suite.
Khyber (L'Homme du Khyber)
À Lahore, dans l’Inde coloniale britannique, un jeune métis aussi séduisant que jalousé se retrouve malgré lui entraîné dans une affaire d’espionnage qui coûtera la vie à sa maîtresse. Accusé à tort de ce meurtre, il perd tout et doit fuir. Avant de disparaître, il jure de se venger de ceux qui l’ont trahi. Grâce à son teint mat qui lui permet de passer pour un Indien, il s’enfonce jusqu’en Afghanistan, sur les traces du véritable assassin... et d’un ancien camarade mêlé à cette mission secrète. Ce récit mêle aventure, élégance et exotisme dans un décor peu exploré en BD. L’influence de Rudyard Kipling et des romans du XIXe siècle se fait clairement sentir. Le dessin de Micheluzzi, d’une grande finesse, évoque les illustrations classiques avec une retenue toute en distinction. Il s’en dégage une ambiance un peu surannée, presque précieuse, malgré une narration en voix off qui n’hésite pas à interpeller les personnages, brisant parfois le quatrième mur. Le cadre historique et géographique est original et immersif. L’intrigue, en revanche, n’est pas toujours limpide. Le héros reste longtemps opaque, ses motivations mal cernées, ce qui crée une certaine distance émotionnelle. On a du mal à s’attacher à lui, tant ses pensées nous sont tenues à l’écart. Certaines zones d’ombre demeurent, notamment autour des événements de Kaboul : on perçoit une tension, des mercenaires frustrés, mais on ne comprend pas pourquoi les britanniques semblent s'en fiche tandis que les afghans y voient là leur action volontaire méritant la mort. Il y a là un loupé au niveau des explications et de la narration. Au final, j’ai pris un plaisir certain à la lecture, comme face à une œuvre d’un autre âge : un peu datée sur le plan narratif, mais remarquable par son dessin et par l’atmosphère singulière qu’elle déploie.
Le Chat noir
Le succès de Junji Ito aidant, certains éditeurs sortent des placards les reliques du manga horrifique. Hideshi Hino est de la génération de Kazuo Umezu (L'école emportée - 1972), soit un des pionniers du genre. Le chat noir (1979) est inspiré du roman Je suis un chat de Natsume Soseki. Le manga est un recueil de 4 histoires courtes façon Contes de la crypte traversées par la figure symbolique du chat noir. A l'instar du chien du film Baxter, le félin pose un regard impartial sur les travers de l'espèce humaine. Toujours en retrait, il observe et s'interroge sur la nature sordide de ses maîtres. Si les histoires contées n'effraient plus aujourd'hui, force est de constater que l'auteur sait manier l'art de la chute. L'ambiance baigne dans un quotidien blafard, emprunt d'une profonde solitude. Ici, un minable clown alcoolique ; là, un enfant livré à lui-même. Hino, dans une naïveté toute japonaise, installe peu à peu le malaise au gré de situations banales, presque anodines, s'enfonçant toujours plus dans le glauque jusqu'au point de non-retour. Pas de fantastique à proprement parler ici, mais plutôt l'inquiétante étrangeté à l'abri des regards, dans l'intimité sombre du foyer. Le trait de l'auteur est la grande force du titre. Si le dessin reste dans les canons rondouillards de son époque, Hino sait jouer de la difformité et du cadrage pour mieux atteindre le grotesque. L'encrage, gras et massif, témoigne d'une grande maîtrise dans la composition. De lourds aplats noirs jouxtés à un blanc immaculé confèrent une dimension expressionniste à l'univers graphique. Les pleines pages et autres grandes cases happant le lecteur dans la psyché tourmentée des protagonistes. Si Hino ira plus loin dans l'horreur par la suite, ce recueil reste un témoin précieux de ce que fût le genre à ses débuts.