Malgré l’aspect un peu – beaucoup – fouillis (ou à cause de ça, je ne sais pas), j’ai bien aimé cet album. Pas exempt de défauts, et un peu brinquebalant (au niveau de la narration et du dessin), mais globalement je l’ai trouvé intéressant.
Lili Sohn a emménagé dans un immeuble ancien et atypique de Marseille, surnommé le « grand domaine ». Elle va ensuite essayer d’en dresser le portrait, dans présenter la généalogie.
On a donc au départ une histoire de cet immeuble. Mais ce travail élargit assez vite le sujet d’origine. En effet, au fil de ses recherches et de ses rencontres, l’auteur dresse un peu le portrait des occupants, tout en faisant une petite histoire de Marseille, puis du quartier dans lequel se trouve cet immeuble.
Ville cosmopolite s’il en est, Marseille se prête à ce type d’étude. Et l’immeuble est un catalyseur de cet aspect cosmopolite. C’est ainsi que les personnes qui témoignent, les voisins, donnent chair et cœur à une petite histoire urbaine. Sans être historienne ni sociologue, Lili Sohn réalise quand même un travail intéressant.
L’album mélange simples dessins, textes explicatifs et passages plus BD avec phylactères. L’ensemble se marie plutôt bien.
Un travail personnel et sociologique intéressant, qui donne à voir une facette de Marseille moins souvent traitée dans les médias, qui se focalisent plus facilement sur divers trafics, et plus généralement sur ce qui « va mal ».
Je découvre cet auteur italien avec cet album. Le moins qu’on puisse dire est qu’il nous propose quelque chose d’original.
Le dessin est un peu figé, les visages ne sont pas très expressifs. Mais je dois dire que ça participe de l’ambiance étrange qui est ici développée. Car c’est cette ambiance mystérieuse, onirique – on ne sait jamais si c’est la réalité ou le rêve, le passé ou le présent, que nous avons sous les yeux.
Erasme Deer vit avec son cuisinier et confident isolé et détesté des villageois alentour, dans une sorte de forteresse, de laquelle il peut secrètement sortir par un passage souterrain : au sortir, le passé revient au premier plan, un tigre se promène, et Erasme, qui essaye quand il est dans son château, d’échapper au passé en écrivant un conte, est rattrapé par son passé (ou alors c’est son imagination qui s’invite ?).
Une histoire qui ne livre pas tout – en tout cas des questions restent sans réponse. Mais la lecture est agréable, intrigante, et plaisante.
L'album m'avait été grandement recommandé par une collègue, il était classifié dans les "coups de cœur" de ma bibliothèque, les avis ici semblaient plus que positifs, je m'attendais donc à une très bonne lecture.
Malheureusement, bien qu'elle fut sympathique, j'avoue avoir été plutôt déçue par ladite lecture.
La faute à des attentes trop grande ou bien était-ce mon sincère ressenti ? Pour en être sûre, j'ai laissé mariner ma réflexion pendant deux mois. Au final je reste sur mon avis initial : l'album est bon mais ne m'a pas plu plus que ça.
La raison principale de ce ressenti c'est le personnage principal. J'avoue n'avoir pas réussi à m'intéresser à lui et à ses tourments durant la quasi-totalité de l'album. Sa relation désastreuse avec son père, son envie de faire de la photographie pour les mauvaises raisons, son hésitation entre la nécessité du travail qui lui est demandé et son envie d'aider les gens, tout ça est très bon sur le papier. Pour une raison qui m'échappe encore un peu, je suis restée totalement hermétique à son histoire.
L'album n'est pourtant pas mauvais non plus.
Déjà les dessins sont beaux. Les décors désertiques sont magnifiquement retranscris. S'il ne s'agissait que des graphismes et de l'ambiance désolée qu'ils installent, j'aurais sans aucun doute augmenté ma note.
Le sujet, ensuite, est intéressant. Je ne connaissais que de loin le sujet de ce Dust Bowl (tout ce que j'en savais venait des Raisins de la colère) mais j'ai trouvé la mise en image de cette catastrophe et de la misère humaine qu'elle a causée plus qu'intéressante.
Encore une fois, si l'album n'avait été qu'un documentaire ou que l'histoire personnelle du héros m'avait plus convaincue, nul doute que j'aurais pu être conquise.
Seule l'une des scènes finales m'a vraiment beaucoup marquée et ce n'est malheureusement qu'à partir de là que je me suis également attachée au protagoniste. Il s'agit juste d'un drame terre à terre, une personne mourant dans la misère face à un personnage incapable de la sauver et se sentant impuissant. Simple, efficace, j'ai pleuré.
Vraiment, si le personnage principal avait été rendu plus intéressant (en rajoutant un chouïa de je ne sais quoi), j'aurais sans doute mis un quatre étoiles.
Là, présentement, je ne peux en mettre que trois.
C'est le 3e manga de JP Nishi que je lis. Après celui où il racontait son propre séjour de japonais en France, et avant celui où il raconte sa vie de couple avec une française, cet album là raconte la vie de celle qui va devenir sa femme, une journaliste française venue vivre au Japon. C'est donc la vision du Japon par une française qui nous est offerte ici, une vision qui s'étale des années 90 à 2019 avec une découverte de plus en plus approfondie tandis que la narratrice, Karen, s'imprègne de la culture locale et parle de mieux en mieux la langue.
Les visions d'un français au Japon ne sont plus très originales de nos jours tant j'ai pu en lire mais comme j'aime ce pays, je suis toujours attiré par le sujet.
Le dessin de JP Nishi est reconnaissable dans sa simplicité. Il est efficace et arrive à son but, raconter une histoire et faire passer des idées, mais ce n'est pas vraiment pour le dessin que je conseillerais cette lecture. Ce qui surprend, c'est que c'est JP Nishi qui retranscrit la vie et les paroles de sa femme. Tout donne donc l'impression que c'est la femme qui parle, voire même qui se dessine, et qui montre elle-même la vision qu'elle a de son mari, le fameux JP Nishi, alors que son nom n'est même pas cité au scénario. La mise en abîme est un peu déstabilisante par moment.
L'album est structuré en chapitres qui sont visiblement des épisodes prépubliés séparément puisqu'on a souvent droit à une même introduction en guise de rappel du contexte sur les premières cases de chacun. Et du coup, ça leur permet d'aborder des thèmes différents, et aussi de se situer à des moments différents dans la biographie de Karen.
Les premiers épisodes m'ont laissé un peu froid. Il faut dire que la spécialité de l'héroïne quand elle est arrivée au Japon était la technologie et la narration se focalise trop sur ces sujets là, vantant la technologie japonaise de l'époque et notamment des éléments qui parleront peu aux lecteurs français comme le façon I-mode qui servaient au téléphones mobiles japonais. Ce n'est pas passionnant.
Heureusement, à partir du moment où il lui a été proposé d'écrire un livre sur les japonais eux-mêmes et non plus leur technologie, les sujets deviennent plus intéressants et vivants. On sent clairement la passion de la narratrice pour le Japon, et inversement elle n'hésite pas à mettre en avant les défauts de la France qui semblent lui sauter encore plus aux yeux après de nombreuses années de vie à Tokyo. C'est parfois un peu partial mais comme c'est une opinion, ça passe.
Je n'ai pas été complètement captivé cette lecture mais je l'ai trouvée intéressante et elle a réussi à m'apprendre des choses que je ne savais pas encore sur le Japon et ses habitants.
Hmm, l'avis sera peut-être compliqué.
Compliqué parce que, d'une part j'aime beaucoup l'artiste derrière l'album et suis son travail sur internet depuis plusieurs années, d'autre part parce, bien que l'oeuvre ne soit pas dépourvue de qualité, je n'ai pas autant aimé que ce que j'aurais voulu.
L'histoire est simple, à savoir celle d'une comtesse se faisant passer pour un comte afin de jouir de son héritage et qui tombe éperduement amoureuse de la princesse du royaume, elle-même l'aimant en retour mais ignorant qu'il s'agit d'une femme. Ça ne cherche pas à révolutionner le genre de la comédie romantique aux allures de Vaudeville mais ce n'est pas grave, l'intrigue tient la route.
Voilà, j'aime beaucoup les histoires d'amour (particulièrement saphiques), j'aime le travail de l'autrice et je ne boude pas les Vaudeville ; normalement j'aurais du bien apprécier l'album.
Et pourtant, j'en suis ressortie après mes deux lectures avec un sentiment de déception.
J'ai beau aimer l'idée de l'histoire, son exécution ne m'a pas convaincue.
Problème de ton, je pense. L'histoire essaie la moitié du temps d'être légère et fantasque (avec les noms fromagers, les références modernes fréquentes et les personnages qui rient bien souvent des situations et de leur propre malheur) et l'autre moitié essaie de se prendre au sérieux dans un récit d'époque avec des enjeux graves (l'hétéronormativité, la pression sociale, une pincée d'enjeux politiques à la fin).
Sur le papier, un mélange de ces tons pourrait marcher, en faisant attention aux dosages et à l'utilisation de ces idées. Là, le résultat m'a semblé à moitié réussi. J'aurais sans doute été plus convaincue si cela était partie davantage dans le fantasque ou le sérieux.
Je n'ai pas non plus été convaincue par la forme un peu trop mièvre du récit, qu'il s'agisse des dialogues ou de la colorisation pastel des dessins. Mais là il s'agit plus d'une affaire de goût personnel.
Et puis le ton mièvre est revendiqué dès l'ouverture de l'album puisque l'autrice le dédie à sa femme et à leur histoire d'amour "un peu tarte à la crème".
Il n'empêche que le récit n'est pas complètement mauvais non plus, il est juste passable alors qu'il avait le potentiel d'être au moins bon.
Je lui donne la note neutre par excellence : 2,5.
Une lecture sympathique.
Jalil est le champion d'un jeu télévisé intitulé "Comme tout le monde". Il peut deviner ce que pense la majorité des gens quelque soit le sujet. Cette particularité va donner des idées à une société de sondages. Ladite société va engager une jeune comédienne, Claire, pour le séduire et lui faire tester, à son insu, un très grand nombre de produits et ainsi en tirer des bénéfices.
Une lecture agréable qui pointe du doigt notre société de consommation et ses travers, nos hommes politiques ne sont pas épargnés. Mais c'est avant tout une histoire d'amour, et elle ne sera pas un long fleuve tranquille.
Le scénario est intéressant, après une premiere partie qui met en place l'histoire de belle manière, la suite est moins surprenante, elle rentre dans le rang. En effet, on devine assez rapidement comment va se terminer ce récit.
Tous les personnages, premiers et seconds rôles, sont très bien campés et apportent de la crédibilité au récit. J'ai aimé le côté garce de Claire, tout en restant très attachante.
Le dessin de Rudy Spiesser a du charme, son trait fin, lisible et légèrement caricatural est très expressif. Claire dégage de la sensualité et Jalil de la bonhomie.
Du bon travail.
Une intégrale recommandable.
C’est à la fois une sorte de saga familiale, mais aussi une histoire du Brésil depuis un siècle, dans lesquelles s’est lancé Matthias Lehmann. J’ai trouvé dans ces deux trajectoires parallèles quelques accointances avec Deux Frères - y compris pour ce qui est de tout ce qui sépare les deux frères Severino et Ramires.
Je ne connaissais pas les liens familiaux que Lehmann entretient avec le Brésil. Mais on sent bien qu’ils sont forts, et qu’il s’intéresse à l’histoire récente de ce pays. C’est d’ailleurs cette partie historique, cette vision de la dictature (de son avènement à son mode de fonctionnement) qui sont les aspects les plus intéressants dans cet album.
Car j’ai moins accroché à l‘évolution des relations familiales au sein du clan Wallace. Les femmes en particulier ne sont pas très captivantes en tant que « personnages ». Si le destin de Severino est central, il reste quand même un peu falot. Quant à son frangin, Ramires, il est extrêmement pathétique (il apporte une touche d’humour involontaire pas désagréable, mais on ne s’attache pas à lui). Peut-être Ramires met-il aussi en avant l’opportunisme, l’absence de scrupules et le cynisme qui ont permis à la dictature de perdurer, je ne sais pas.
L’album se laisse lire agréablement, même si je lui reproche quelques longueurs. Mais Lehmann rend fluide sa narration, en y plaçant des publicités, et j’aime bien son travail en Noir et Blanc.
Karibou est un auteur assez inégal, qui alterne – me concernant en tout cas – réussites et déceptions. Cet album se situe entre les deux.
L’histoire se déroule aux enfers. Avant leur « inauguration. Lucifer vient d’emménager, tout est encore en travaux, et le premier « client », Caïn, arrive, et tout n’est pas encore prêt. Du coup Lucifer fait visiter les lieux, et présente à Caïn démons et horreurs qui vont prochainement accueillir ceux dont le paradis n’a pas voulu.
Il y a une histoire complète, mais beaucoup de pages se finissent par une « chute ». L’ensemble est inégal, certains passages m’ont laissé froid. Surtout, il n’y a pas autant d’humour, en tout cas d’humour con et/ou noir que je l’attendais, venant de Karibou.
Mais ça se laisse quand même lire, en donnant une vision un peu décalée et étonnante des enfers, Lucifer peinant à impressionner un Caïn un peu blasé.
Note réelle 2,5/5.
Je ne suis pas un fan hardcore des tuniques bleues mais je considère la série comme un classique. Ça fait pratiquement 3 décennies que je ne m’en suis pas approché mais j’en garde d’excellents souvenirs.
Cet album me faisait de l’œil depuis sa sortie, bien content de le découvrir enfin.
Je n’en garderai pas un grand souvenir mais le résultat est plutôt sympathique. L’ensemble du casting s’applique pour rendre un bel hommage à nos 2 héros.
J’ai apprécié les différentes pattes graphiques. Par contre la globalité des récits laissent un peu sur la faim, trop courts et peu marquants.
Niveau copie conforme à l’univers, l’histoire avec les snipers s’en tire le mieux mais j’avoue avoir nettement préféré les propositions « plus osées » d’Aimée De Jongh et du duo Frasier/Chamblain, elles amènent un beau supplément d’âme.
Ça ne m’a pas donné envie de me replonger dans la série mère, mais très chouette de renouer de cette façon avec des héros de son enfance. Exercice réussi.
Les strips en 8 cases d'un chauffeur qui voit passer dans son taxi tous les stéréotypes de la société moderne mais aussi plusieurs personnalités françaises, et qui ne se fait pas prier pour leur dire leurs quatre vérités, quitte à les envoyer chier voire les insulter sans vergogne. On est dans le cadre d'un gars qui dit tout fort ce que chacun pense tout bas, ou du moins n'oserait pas dire à ces gens là. Et chaque saynète est suivie d'une page de texte issue du blog de l'auteur où il développe davantage sa pensée et ce qu'il reproche à la société et aux gens sur tels ou tels sujets.
Du coup, ça défoule, ça dénonce, ça dit beaucoup de choses vraies, ça fait sourire et ça amène même à quelques réflexions.
Peut-être pas forcément des réflexions très poussées toutefois car autant le personnage critique toutes les franges de la société (sauf les prostituées... ainsi que les bobos, j'ai noté) mais il n'apporte pas de solution ou d'alternative. Il y a aussi beaucoup de politique dont certaines actualités ou personnages en particulier qui étaient sur le devant de la scène il y a quelques années et sont un peu dépassées actuellement et donc font moins mouche.
A noter que tout n'est pas que critique des passagers puisqu'on a aussi droit à intervalles réguliers à des moments où le chauffeur transporte une pute dont il est secrètement amoureux, ou bien sa nièce qui a la langue bien pendue malgré son jeune âge. Ces moments donnent un peu d'humanité au personnage et permettent de ne pas voir en lui qu'un rageux.
Côté dessin, c'est du strip comique sympa, plutôt soigné malgré plusieurs réutilisations des mêmes dessins du visage du chauffeur de taxi pour se simplifier un peu le travail. A propos de celui-ci, je trouve aussi son visage souvent trop narquois voire agressif : cela réduit la portée et la finesse de ses interventions qui auraient gagné à être plus insidieuses.
Même si le message politique de ces gags est très marqué et parfois un peu lourd sur un album complet, l'aspect défouloir et les piques acerbes et régulièrement justes font sourire et leurs cibles sont suffisamment variées pour ne pas ennuyer le lecteur.
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Chroniques du grand domaine
Malgré l’aspect un peu – beaucoup – fouillis (ou à cause de ça, je ne sais pas), j’ai bien aimé cet album. Pas exempt de défauts, et un peu brinquebalant (au niveau de la narration et du dessin), mais globalement je l’ai trouvé intéressant. Lili Sohn a emménagé dans un immeuble ancien et atypique de Marseille, surnommé le « grand domaine ». Elle va ensuite essayer d’en dresser le portrait, dans présenter la généalogie. On a donc au départ une histoire de cet immeuble. Mais ce travail élargit assez vite le sujet d’origine. En effet, au fil de ses recherches et de ses rencontres, l’auteur dresse un peu le portrait des occupants, tout en faisant une petite histoire de Marseille, puis du quartier dans lequel se trouve cet immeuble. Ville cosmopolite s’il en est, Marseille se prête à ce type d’étude. Et l’immeuble est un catalyseur de cet aspect cosmopolite. C’est ainsi que les personnes qui témoignent, les voisins, donnent chair et cœur à une petite histoire urbaine. Sans être historienne ni sociologue, Lili Sohn réalise quand même un travail intéressant. L’album mélange simples dessins, textes explicatifs et passages plus BD avec phylactères. L’ensemble se marie plutôt bien. Un travail personnel et sociologique intéressant, qui donne à voir une facette de Marseille moins souvent traitée dans les médias, qui se focalisent plus facilement sur divers trafics, et plus généralement sur ce qui « va mal ».
Dans les contes, il ne pleut jamais
Je découvre cet auteur italien avec cet album. Le moins qu’on puisse dire est qu’il nous propose quelque chose d’original. Le dessin est un peu figé, les visages ne sont pas très expressifs. Mais je dois dire que ça participe de l’ambiance étrange qui est ici développée. Car c’est cette ambiance mystérieuse, onirique – on ne sait jamais si c’est la réalité ou le rêve, le passé ou le présent, que nous avons sous les yeux. Erasme Deer vit avec son cuisinier et confident isolé et détesté des villageois alentour, dans une sorte de forteresse, de laquelle il peut secrètement sortir par un passage souterrain : au sortir, le passé revient au premier plan, un tigre se promène, et Erasme, qui essaye quand il est dans son château, d’échapper au passé en écrivant un conte, est rattrapé par son passé (ou alors c’est son imagination qui s’invite ?). Une histoire qui ne livre pas tout – en tout cas des questions restent sans réponse. Mais la lecture est agréable, intrigante, et plaisante.
Jours de sable
L'album m'avait été grandement recommandé par une collègue, il était classifié dans les "coups de cœur" de ma bibliothèque, les avis ici semblaient plus que positifs, je m'attendais donc à une très bonne lecture. Malheureusement, bien qu'elle fut sympathique, j'avoue avoir été plutôt déçue par ladite lecture. La faute à des attentes trop grande ou bien était-ce mon sincère ressenti ? Pour en être sûre, j'ai laissé mariner ma réflexion pendant deux mois. Au final je reste sur mon avis initial : l'album est bon mais ne m'a pas plu plus que ça. La raison principale de ce ressenti c'est le personnage principal. J'avoue n'avoir pas réussi à m'intéresser à lui et à ses tourments durant la quasi-totalité de l'album. Sa relation désastreuse avec son père, son envie de faire de la photographie pour les mauvaises raisons, son hésitation entre la nécessité du travail qui lui est demandé et son envie d'aider les gens, tout ça est très bon sur le papier. Pour une raison qui m'échappe encore un peu, je suis restée totalement hermétique à son histoire. L'album n'est pourtant pas mauvais non plus. Déjà les dessins sont beaux. Les décors désertiques sont magnifiquement retranscris. S'il ne s'agissait que des graphismes et de l'ambiance désolée qu'ils installent, j'aurais sans aucun doute augmenté ma note. Le sujet, ensuite, est intéressant. Je ne connaissais que de loin le sujet de ce Dust Bowl (tout ce que j'en savais venait des Raisins de la colère) mais j'ai trouvé la mise en image de cette catastrophe et de la misère humaine qu'elle a causée plus qu'intéressante. Encore une fois, si l'album n'avait été qu'un documentaire ou que l'histoire personnelle du héros m'avait plus convaincue, nul doute que j'aurais pu être conquise. Seule l'une des scènes finales m'a vraiment beaucoup marquée et ce n'est malheureusement qu'à partir de là que je me suis également attachée au protagoniste. Il s'agit juste d'un drame terre à terre, une personne mourant dans la misère face à un personnage incapable de la sauver et se sentant impuissant. Simple, efficace, j'ai pleuré. Vraiment, si le personnage principal avait été rendu plus intéressant (en rajoutant un chouïa de je ne sais quoi), j'aurais sans doute mis un quatre étoiles. Là, présentement, je ne peux en mettre que trois.
Ivre du Japon
C'est le 3e manga de JP Nishi que je lis. Après celui où il racontait son propre séjour de japonais en France, et avant celui où il raconte sa vie de couple avec une française, cet album là raconte la vie de celle qui va devenir sa femme, une journaliste française venue vivre au Japon. C'est donc la vision du Japon par une française qui nous est offerte ici, une vision qui s'étale des années 90 à 2019 avec une découverte de plus en plus approfondie tandis que la narratrice, Karen, s'imprègne de la culture locale et parle de mieux en mieux la langue. Les visions d'un français au Japon ne sont plus très originales de nos jours tant j'ai pu en lire mais comme j'aime ce pays, je suis toujours attiré par le sujet. Le dessin de JP Nishi est reconnaissable dans sa simplicité. Il est efficace et arrive à son but, raconter une histoire et faire passer des idées, mais ce n'est pas vraiment pour le dessin que je conseillerais cette lecture. Ce qui surprend, c'est que c'est JP Nishi qui retranscrit la vie et les paroles de sa femme. Tout donne donc l'impression que c'est la femme qui parle, voire même qui se dessine, et qui montre elle-même la vision qu'elle a de son mari, le fameux JP Nishi, alors que son nom n'est même pas cité au scénario. La mise en abîme est un peu déstabilisante par moment. L'album est structuré en chapitres qui sont visiblement des épisodes prépubliés séparément puisqu'on a souvent droit à une même introduction en guise de rappel du contexte sur les premières cases de chacun. Et du coup, ça leur permet d'aborder des thèmes différents, et aussi de se situer à des moments différents dans la biographie de Karen. Les premiers épisodes m'ont laissé un peu froid. Il faut dire que la spécialité de l'héroïne quand elle est arrivée au Japon était la technologie et la narration se focalise trop sur ces sujets là, vantant la technologie japonaise de l'époque et notamment des éléments qui parleront peu aux lecteurs français comme le façon I-mode qui servaient au téléphones mobiles japonais. Ce n'est pas passionnant. Heureusement, à partir du moment où il lui a été proposé d'écrire un livre sur les japonais eux-mêmes et non plus leur technologie, les sujets deviennent plus intéressants et vivants. On sent clairement la passion de la narratrice pour le Japon, et inversement elle n'hésite pas à mettre en avant les défauts de la France qui semblent lui sauter encore plus aux yeux après de nombreuses années de vie à Tokyo. C'est parfois un peu partial mais comme c'est une opinion, ça passe. Je n'ai pas été complètement captivé cette lecture mais je l'ai trouvée intéressante et elle a réussi à m'apprendre des choses que je ne savais pas encore sur le Japon et ses habitants.
La Princesse et le croque-monsieur
Hmm, l'avis sera peut-être compliqué. Compliqué parce que, d'une part j'aime beaucoup l'artiste derrière l'album et suis son travail sur internet depuis plusieurs années, d'autre part parce, bien que l'oeuvre ne soit pas dépourvue de qualité, je n'ai pas autant aimé que ce que j'aurais voulu. L'histoire est simple, à savoir celle d'une comtesse se faisant passer pour un comte afin de jouir de son héritage et qui tombe éperduement amoureuse de la princesse du royaume, elle-même l'aimant en retour mais ignorant qu'il s'agit d'une femme. Ça ne cherche pas à révolutionner le genre de la comédie romantique aux allures de Vaudeville mais ce n'est pas grave, l'intrigue tient la route. Voilà, j'aime beaucoup les histoires d'amour (particulièrement saphiques), j'aime le travail de l'autrice et je ne boude pas les Vaudeville ; normalement j'aurais du bien apprécier l'album. Et pourtant, j'en suis ressortie après mes deux lectures avec un sentiment de déception. J'ai beau aimer l'idée de l'histoire, son exécution ne m'a pas convaincue. Problème de ton, je pense. L'histoire essaie la moitié du temps d'être légère et fantasque (avec les noms fromagers, les références modernes fréquentes et les personnages qui rient bien souvent des situations et de leur propre malheur) et l'autre moitié essaie de se prendre au sérieux dans un récit d'époque avec des enjeux graves (l'hétéronormativité, la pression sociale, une pincée d'enjeux politiques à la fin). Sur le papier, un mélange de ces tons pourrait marcher, en faisant attention aux dosages et à l'utilisation de ces idées. Là, le résultat m'a semblé à moitié réussi. J'aurais sans doute été plus convaincue si cela était partie davantage dans le fantasque ou le sérieux. Je n'ai pas non plus été convaincue par la forme un peu trop mièvre du récit, qu'il s'agisse des dialogues ou de la colorisation pastel des dessins. Mais là il s'agit plus d'une affaire de goût personnel. Et puis le ton mièvre est revendiqué dès l'ouverture de l'album puisque l'autrice le dédie à sa femme et à leur histoire d'amour "un peu tarte à la crème". Il n'empêche que le récit n'est pas complètement mauvais non plus, il est juste passable alors qu'il avait le potentiel d'être au moins bon. Je lui donne la note neutre par excellence : 2,5.
Comme tout le monde
Une lecture sympathique. Jalil est le champion d'un jeu télévisé intitulé "Comme tout le monde". Il peut deviner ce que pense la majorité des gens quelque soit le sujet. Cette particularité va donner des idées à une société de sondages. Ladite société va engager une jeune comédienne, Claire, pour le séduire et lui faire tester, à son insu, un très grand nombre de produits et ainsi en tirer des bénéfices. Une lecture agréable qui pointe du doigt notre société de consommation et ses travers, nos hommes politiques ne sont pas épargnés. Mais c'est avant tout une histoire d'amour, et elle ne sera pas un long fleuve tranquille. Le scénario est intéressant, après une premiere partie qui met en place l'histoire de belle manière, la suite est moins surprenante, elle rentre dans le rang. En effet, on devine assez rapidement comment va se terminer ce récit. Tous les personnages, premiers et seconds rôles, sont très bien campés et apportent de la crédibilité au récit. J'ai aimé le côté garce de Claire, tout en restant très attachante. Le dessin de Rudy Spiesser a du charme, son trait fin, lisible et légèrement caricatural est très expressif. Claire dégage de la sensualité et Jalil de la bonhomie. Du bon travail. Une intégrale recommandable.
Chumbo
C’est à la fois une sorte de saga familiale, mais aussi une histoire du Brésil depuis un siècle, dans lesquelles s’est lancé Matthias Lehmann. J’ai trouvé dans ces deux trajectoires parallèles quelques accointances avec Deux Frères - y compris pour ce qui est de tout ce qui sépare les deux frères Severino et Ramires. Je ne connaissais pas les liens familiaux que Lehmann entretient avec le Brésil. Mais on sent bien qu’ils sont forts, et qu’il s’intéresse à l’histoire récente de ce pays. C’est d’ailleurs cette partie historique, cette vision de la dictature (de son avènement à son mode de fonctionnement) qui sont les aspects les plus intéressants dans cet album. Car j’ai moins accroché à l‘évolution des relations familiales au sein du clan Wallace. Les femmes en particulier ne sont pas très captivantes en tant que « personnages ». Si le destin de Severino est central, il reste quand même un peu falot. Quant à son frangin, Ramires, il est extrêmement pathétique (il apporte une touche d’humour involontaire pas désagréable, mais on ne s’attache pas à lui). Peut-être Ramires met-il aussi en avant l’opportunisme, l’absence de scrupules et le cynisme qui ont permis à la dictature de perdurer, je ne sais pas. L’album se laisse lire agréablement, même si je lui reproche quelques longueurs. Mais Lehmann rend fluide sa narration, en y plaçant des publicités, et j’aime bien son travail en Noir et Blanc.
L'Enfer c'est les hôtes
Karibou est un auteur assez inégal, qui alterne – me concernant en tout cas – réussites et déceptions. Cet album se situe entre les deux. L’histoire se déroule aux enfers. Avant leur « inauguration. Lucifer vient d’emménager, tout est encore en travaux, et le premier « client », Caïn, arrive, et tout n’est pas encore prêt. Du coup Lucifer fait visiter les lieux, et présente à Caïn démons et horreurs qui vont prochainement accueillir ceux dont le paradis n’a pas voulu. Il y a une histoire complète, mais beaucoup de pages se finissent par une « chute ». L’ensemble est inégal, certains passages m’ont laissé froid. Surtout, il n’y a pas autant d’humour, en tout cas d’humour con et/ou noir que je l’attendais, venant de Karibou. Mais ça se laisse quand même lire, en donnant une vision un peu décalée et étonnante des enfers, Lucifer peinant à impressionner un Caïn un peu blasé. Note réelle 2,5/5.
Les Tuniques Bleues - Des histoires courtes par...
Je ne suis pas un fan hardcore des tuniques bleues mais je considère la série comme un classique. Ça fait pratiquement 3 décennies que je ne m’en suis pas approché mais j’en garde d’excellents souvenirs. Cet album me faisait de l’œil depuis sa sortie, bien content de le découvrir enfin. Je n’en garderai pas un grand souvenir mais le résultat est plutôt sympathique. L’ensemble du casting s’applique pour rendre un bel hommage à nos 2 héros. J’ai apprécié les différentes pattes graphiques. Par contre la globalité des récits laissent un peu sur la faim, trop courts et peu marquants. Niveau copie conforme à l’univers, l’histoire avec les snipers s’en tire le mieux mais j’avoue avoir nettement préféré les propositions « plus osées » d’Aimée De Jongh et du duo Frasier/Chamblain, elles amènent un beau supplément d’âme. Ça ne m’a pas donné envie de me replonger dans la série mère, mais très chouette de renouer de cette façon avec des héros de son enfance. Exercice réussi.
Journal de bord d'un taxi parisien
Les strips en 8 cases d'un chauffeur qui voit passer dans son taxi tous les stéréotypes de la société moderne mais aussi plusieurs personnalités françaises, et qui ne se fait pas prier pour leur dire leurs quatre vérités, quitte à les envoyer chier voire les insulter sans vergogne. On est dans le cadre d'un gars qui dit tout fort ce que chacun pense tout bas, ou du moins n'oserait pas dire à ces gens là. Et chaque saynète est suivie d'une page de texte issue du blog de l'auteur où il développe davantage sa pensée et ce qu'il reproche à la société et aux gens sur tels ou tels sujets. Du coup, ça défoule, ça dénonce, ça dit beaucoup de choses vraies, ça fait sourire et ça amène même à quelques réflexions. Peut-être pas forcément des réflexions très poussées toutefois car autant le personnage critique toutes les franges de la société (sauf les prostituées... ainsi que les bobos, j'ai noté) mais il n'apporte pas de solution ou d'alternative. Il y a aussi beaucoup de politique dont certaines actualités ou personnages en particulier qui étaient sur le devant de la scène il y a quelques années et sont un peu dépassées actuellement et donc font moins mouche. A noter que tout n'est pas que critique des passagers puisqu'on a aussi droit à intervalles réguliers à des moments où le chauffeur transporte une pute dont il est secrètement amoureux, ou bien sa nièce qui a la langue bien pendue malgré son jeune âge. Ces moments donnent un peu d'humanité au personnage et permettent de ne pas voir en lui qu'un rageux. Côté dessin, c'est du strip comique sympa, plutôt soigné malgré plusieurs réutilisations des mêmes dessins du visage du chauffeur de taxi pour se simplifier un peu le travail. A propos de celui-ci, je trouve aussi son visage souvent trop narquois voire agressif : cela réduit la portée et la finesse de ses interventions qui auraient gagné à être plus insidieuses. Même si le message politique de ces gags est très marqué et parfois un peu lourd sur un album complet, l'aspect défouloir et les piques acerbes et régulièrement justes font sourire et leurs cibles sont suffisamment variées pour ne pas ennuyer le lecteur.