Les derniers avis (48138 avis)

Par Canarde
Note: 3/5
Couverture de la série La Terre verte
La Terre verte

C'est l'histoire d'un guerrier mégalomane débarquant sur les terres du Groenland pour escorter un jeune évêque. L'album est inspiré du Roi Lear de Shakespeare, et cela semblait donc de bonne augure... mais ce que Shakespeare, dans sa langue étrange et ses chœurs ténébreux, réussit sur la scène, et finalement difficile à rendre en bande dessinée. Richard, prêt à toutes les bassesses pour s'approprier un pouvoir qu'il a perdu ailleurs, trouve de l'aide auprès de beaux seconds rôles qui finissent écrasés sous son pied. (Ingeborg la belle guerrière, son oncle Ingmar, Trunk-Trunk le géant, Kràka le fou...) Je ne suis pas une amatrice des scénarios de Ayroles, ni "De cap et de Crocs" ni Les Indes fourbes ne me font sauter de ma chaise. Il y a un je ne sais quoi qui me déplait très profondément. Peut-être l'intérêt pour les caractères mégalomanes, la fascination pour la fourberie. Même si l'ambivalence est toujours intéressante, (le diable n'est-il pas toujours double ?) je ne trouve pas, dans ces scénarios, d'outil pour lui faire face. C'est un peu comme lire un livre de sociologie qui nous montre tous les travers de notre société en nous laissant à la fin comme deux ronds de flan, dans l'attente d'être mangé. Contreproductif. Bref, ce qui m'a séduite c'est sans doute le trait franc de Tanquerelle que j'avais déjà apprécié pour d'autres BD (Racontars arctiques, Groenland Vertigo, Les voleurs de Carthage). J'ai particulièrement apprécié la caractérisation des personnages et la composition des couleurs (d'Isabelle Merlet) . En revanche l'expression des visages est un peu univoque. Et puis dans les dialogues le souffle du grand William transparait par moment. En résumé, c'est roboratif , bien construit mais c'est le fond de l'affaire , le message, qui me reste sur l'estomac.

21/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Contes de Noël du journal Spirou
Contes de Noël du journal Spirou

J’ai lu « Contes de Noël du journal Spirou 1955-1969 », bien plus épais que l’album « Contes de Noël » paru en 1978, et réunissant bien plus de participants (voir détails sur la fiche de la série). Disons-le tout de suite, malgré un casting impressionnant pour qui s’intéresse à la grande époque du journal Spirou, je n’attendais pas forcément grand-chose de cette compilation, craignant que le thème imposé ne bride la créativité des auteurs. Et je dois dire que la lecture a en partie confirmé mes craintes. En effet, surtout dans les premières années (la compilation commence en 1955), le côté édifiant et droit dans ses bottes chrétiennes ressort, et nombreux sont les auteurs à ne pas parvenir à transcender les contraintes. Même Franquin peine à placer des gags marrants – bon, son talent permet quand même de faire faire sourire, avec un Marsupilami survitaminé, et une chute un peu amusante dès sa première apparition (il a droit à plusieurs histoires). Plus on avance dans le temps (la compilation s’arrête en 1968 – contre 1976 pour l’album de 1978, pourtant bien plus fin), plus certains auteurs arrivent à s’affranchir un peu du carcan. Surtout, ça devient un peu moins convenu et planplan, les histoires s’écartent un peu plus de la naïveté contrite qui imbibait les premières. J’ai par contre zappé la totalité des passages en textes uniquement, des contes écrits par les grands auteurs de Spirou, mais je me suis concentré sur les histoires BD. Au final, c’est un ensemble qui est intéressant sociologiquement – pour comprendre certains pans de la société d’après-guerre, pour comprendre l’arrière-plan catholique impulsé par la famille Dupuis – et la période où Jijé dirigeait le journal en était imprégnée. Mais globalement, à part quelques gags qui font sourire, et le talent de la plupart des dessinateurs, c’est quelque chose qui a vieilli (pas toujours bien), et qui m’a laissé sur ma faim. Certains des participants de ces « contes de Noël », Franquin en tête, créeront dans les années 1970 au sein du journal Spirou quelque chose de plus créatif et moderne, avec « Le trombone illustré ». Une nouvelle génération était arrivée aussi. Un album à réserver aux amateurs et nostalgiques complétistes du Spirou de la grande époque. Note réelle 2,5/5.

21/09/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 3/5
Couverture de la série Amalia
Amalia

Une BD qui dénonce les défauts de notre société, tant professionnels que personnels. J'ai eu un peu de mal à entrer dans le récit, j'ai trouvé le début est un peu cucul la praline avec cette succession non stop de tout ce qui peut amener au burn-out. Et ça part dans tous les sens, de l'addiction aux réseaux sociaux à la culture intensive (ici celle du blé) en passant par la mal bouffe et le management professionnel qui ne laisse plus place à l'humain. Aude Picault veut trop bien faire en ajoutant des thèmes qui amenuisent la portée de son message et qui l'empêche d'approfondir son sujet principal. Par contre pas un mot sur le fait que nous ne sommes pas tous égaux pour supporter le syndrome d'épuisement. Heureusement, je me suis attaché à cette femme, Amalia, qui est la pierre angulaire de sa famille. Bref, un récit simpliste et superficiel sur un sujet d'actualité. Une lecture qui ne m'aura rien appris de plus. Le dessin ne fait vraiment pas partie de ceux qui m'attirent, le seul bon point c'est son expressivité. Pour le reste : bof, bof. Un album qui sera vite oublié. Un tout petit 3 étoiles.

21/09/2025 (modifier)
Par cac
Note: 3/5
Couverture de la série Éclipse humaine
Éclipse humaine

Je lui mettrai plutôt 2/5 mais n'ayant pas tout lu je lui laisse le bénéfice du doute, d'autant plus que je ne suis pas spécialement dans la tranche d'âge ciblée. Sur l'histoire, pourquoi pas, c'est un shonen avec 2 garçons principaux qui vont à l'école, disons qu'ils ont une dizaine d'années. Leur personnalité est très différente, l'un est très solaire et populaire, et signalons qu'il peut voir des morts. L'autre est plus renfermé et se fait un peu chahuter par les joueurs de foot de la cour. Mais ils deviennent bons amis. Greffons par dessus une mystérieuse épidémie qui transforme les gens en momie sans que leur entourage s'en rende vraiment compte. Ajoutons que la mère du second est alcoolique et à moitié barge, elle violente son fils. L'autre garçon va alors lui venir en aide mais y laisser son oeil. Le fantastique et l'horreur entrent rapidement en scène. Le dessin est correct avec une surenchère de scènes "frisson" mais la narration est parfois confuse ce qui m'a obligé à relire des passages.

20/09/2025 (modifier)
Par Spooky
Note: 3/5
Couverture de la série Peggy Sue et les fantômes
Peggy Sue et les fantômes

Assez vite dans la lecture j'ai senti que j'étais dans le haut du panier de la BD jeunesse avec cette adaptation d'un roman, premier d'une série, du prolifique Serge Brussolo. Le personnage de Peggy Sue est très travaillé, assez classique dans sa caractérisation. Par contre au niveau de ses réflexions, de ses réactions, c'est nettement plus réaliste que nombre de BD avec des héros et héroïnes de cette classe d'âge. L'intrigue elle-même est dense, un poil complexe pour un public de préadolescents. Le côté tourmenté de Peggy Sue est propice à de nouvelles histoires et on peut espérer que la série de Brussolo, qui compte 11 romans, sera bien adaptée. C'est Véronique Grisseaux qui s'est chargée de cette adaptation. Ne connaissant pas l'histoire d'origine, je n'ai pas de point de comparaison, mais vu son passif de scénariste, on peut espérer qu'elle a fait du bon boulot. Elodie Garcia, dont j'avais découvert le travail dans Le Silence de l'Ombre et Le Pêcheur de rêves, n'a pas encore atteint sa maturité graphique. Elle me semble encore timide dans son traitement des personnages, hormis pour Peggy Sue, qu'elle a particulièrement soignée. En revache ses atmosphères sont très réussies, ce qui me semble essentiel dans ce type d'histoire. En résumé c'est une adaptation de bonne facture, agréable, mais je laisse aux fans de Brussolo d'en juger de manière plus informée.

20/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Annie Sullivan & Helen Keller
Annie Sullivan & Helen Keller

Je ne connaissais pas du tout ces personnes et leur histoire – visiblement très connues aux États-Unis en tout cas. L’histoire en elle-même est intéressante. Histoire d’une rencontre, celle d’Anne Keller, jeune fille sourde et aveugle, et de la personne engagée par ses parents pour s’occuper d’elle Annie Sullivan, elle-même mal voyante. Cette dernière, avec des méthodes originales, et avec une force de caractère, une obstination et une volonté hors du commun, va parvenir à la faire sortir du néant, à lui apprendre à parler (langage des signes) et à écrire, lui laissant la possibilité de s’insérer dans la société, alors qu’elle est devenue une célébrité. L’essentiel de l’album tourne autour des premiers mois ou premières années de leur rencontre, on voit comment chacune va apprivoiser l’autre, c’est intéressant. On peut juste être frustré de ne pas avoir développé le reste de leur vie, alors qu’il est rappelé en quatrième de couverture que les deux femmes sont restées amies à vie. Car d’Anne Keller on ne voit et sait finalement pas tant que ça, on en apprend plus sur Annie Sullivan (sa jeunesse d’handicapée dans des asiles indignes, la façon dont elle s’est forgé son caractère, sa culture livresque). Quelques à-côtés rendent l’histoire un peu moins linéaire et centrée sur le duo : les parents d’Anne et son oncle (beau spécimen de crétin), le directeur de l’école qui a formé Annie (relation ambivalente entre les deux, même s’il l’a soutenue dans les coups durs). La lecture est intéressante, mais pas non plus captivante, du fait du rythme un peu monotone et lent du récit, mais aussi d’un dessin assez rigide et froid (détails et décors sont peu développés).

20/09/2025 (modifier)
Par pol
Note: 3/5
Couverture de la série Islander
Islander

Album repéré immédiatement à sa sortie pour deux raisons. Un, j'adore le dessin de Corentin Rouge, et deux j'avais vraiment beaucoup aimé la précédente collaboration des deux auteurs ("Sangoma"). Allez même trois raisons, le thème me parle et le pitch est séduisant. Bref nul doute que j'allais me régaler. Visuellement l'album est à la hauteur de mes attentes, avec ce grand format qui met en évidence le talent du dessinateur. Les belles planches s'enchainent, les décors détaillés sont légion, les visages expressifs sont au rendez-vous, les beaux paysages enneigés de l'Islande sont bien là. Bref du très bon. L'histoire commence de manière intéressante, ce futur proche avec ces problèmes de climat et ces réfugiés climatiques, c'est pas de la fiction c'est demain. Ca marche tout de suite et ça lance bien le récit. Mais malgré tous ces bons points, il m'a manqué un petit quelque chose. Ca décolle pas, ou pas assez en tout cas. On passe du nord au sud du pays, d'un camp de réfugiés (enfin de prisonniers) à des débats parlementaires. Ca bavarde, j'ai l'impression qu'on tourne un peu autour du pot et qu'on est pas encore dans le vif du sujet. Le petit grain de sel qui génèrerait un suspens du genre de ceux qui donnent envie de tourner les pages plus vite est pour moi absent, pour le moment en tout cas. 3,5 / 5 en attendant la suite, qui j'espère me fera monter ma note !

19/09/2025 (modifier)
Par pol
Note: 3/5
Couverture de la série Le Lion de Guantanamo
Le Lion de Guantanamo

Au départ on pense qu'on va suivre deux journalistes partis à Cuba pour interviewer Fidel Castro. Un vieux baroudeur aguerri qui prend sous son aile une jeune pigiste, avec l'idée derrière la tête de lui transmettre les ficelles du métier de chasseur de scoops. Surprise à l'atterrissage : Fidel est décédé pendant qu'ils étaient en vol. Notre bonhomme ne se démonte pas et un scoop pouvant en remplacer un autre, il va faire jouer sa malice et son réseau pour essayer de dénicher une info qu'il serait le seul à couvrir, alors que tous les journalistes du pays son en route pour Cuba. C'est ainsi que commence ce récit qui va ensuite se diversifier pour entrainer le lecteur sur des chemins surprenants et variés. Le périple de nos journalistes sera l'occasion de raconter la vie de Fidel Castro, son parcours militaire et politique. Une petite biographie en quelque sorte... mais le spectre va encore s'élargir plus en nous racontant une partie de l'histoire récente de l'ile. Notamment la période de la guerre froide, les conflits politiques avec les USA, les problèmes d'embargo. Ce sera encore l'occasion de parler de la culture populaire de l'ile. Bref plus on avance dans le récit plus le cadre s'élargit, mélangeant fiction et cours d'histoire. C'est un peu surprenant, mais au final cela se révèle plutôt intéressant et original. Si quelques longueurs se font sentir dans le dernier tiers du récit, la fin plutôt inattendue redonne un peu de peps et d'intérêt à cette dernière partie. Au final cet album se distingue par deux aspects : son coté historique assez didactique et son originalité.

19/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Asterios Polyp
Asterios Polyp

L’album avait fait du bruit à sa sortie, et obtenu pas mal de louanges et de prix. Je l’avais alors ouvert, rapidement feuilleté, et presque tout aussi rapidement reposé, et presque oublié depuis. En effet, le dessin m’avait paru extrêmement froid, et je subodorais une lecture pas assez fluide et agréable pour investir du temps dans cet album assez épais. L’occasion s’est présentée d’emprunter l’album, et donc de retenter ma chance. Et j’en suis sorti quelque peu sur ma faim. En fait, trop de choses m’ont empêché de pleinement apprécier cette histoire. Le dessin de Mazzucchelli est original et globalement intéressant et très lisible. Proche du dessin de presse parfois, il va à l’essentiel. Mais le rendu est trop « froid » (et les bichromies accentuent cette impression). Et du coup cette relative froideur ressentie m’a encore plus fait ressortir certains côtés « intellos » du scénario, et du personnage principal, cérébral qui sur un coup de tête – et plutôt sur le versant retour de sa vie, se lance dans un petit road trip, pour faire le point. Les questionnements autour de l’art, et l’attaque ironique représentée par le personnage fou-fou, égocentrique et prétentieux qui cherche à adapter Orphée peuvent être intéressant, mais ça ne contrebalance pas les aspects trop « secs » d’Asterios – et du scénario. Lors de son road trip, il se lie avec un couple étrange, un garagiste sympa et primaire (on se demande d’ailleurs si les nombreuses fautes d’expression qu’il commet ne renforcent pas le côté un peu « méprisant » et intello de la côte Est de l’ensemble ?) et sa femme vraiment loufoque – sans doute trop. Bref, je ne sais pas trop sur quel pied danser, mais je ne suis pas vraiment rentré dans le récit, trop froid, cérébral. Je salue quand même le travail de l’auteur, qui s’est quand même lancé dans un projet original et imposant.

19/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Québec - Un détroit dans le fleuve
Québec - Un détroit dans le fleuve

C'est le nom d'Emile Bravo qui m'a orienté vers cette lecture. Comme souvent avec les albums collectifs le niveau des scénarii et du graphisme est très différent. La série est construite autour de quatre récits présentés chronologiquement depuis la fondation de la ville jusqu'à aujourd'hui ( 2008). Les deux premiers récits ont une connotation historique et les deux derniers une thématique sociétale. Perso j'ai préféré les productions de Bravo puis Davodeau. En effet, le premier récit revient sur l'origine de l'emplacement de la ville de Québec à l'époque de Champlain. C'est traité sur un mode caricatural et cynique vis à vis des motivations du colonisateur français. C'est souvent drôle et grinçant comme sait très bien le faire Bravo. Toutefois comme souvent chez Bravo le récit semble bien renseigné et on y trouve une somme de petites informations qui enrichissent la narration. J'ai été un peu déçu de ne pas retrouver le graphisme de Bravo mais cela passe bien. Bien que plus classique, j'ai beaucoup aimé l'histoire autour de la catastrophe industrielle du pont de Québec qui couta la vie à 74 travailleurs sur ce chantier. Le récit est sobre pointant comme une fatalité annoncée une erreur de conception due à la vanité et qui n'a pas pu être rattrapée à temps. Il n'y a pas idée de polémique mais plutôt un final poétique pour rendre hommage aux ouvriers qui savaient se dépasser pour un travail très bien fait. Une lecture facile et intéressante dans sa première moitié.

19/09/2025 (modifier)