Les derniers avis (48263 avis)

Par Cleck
Note: 3/5
Couverture de la série Murmures des sous-bois
Murmures des sous-bois

Voilà un album délicat, accessible aux plus jeunes, distillant progressivement sa touchante émotion. Autour d'un propos écolo sur la réouverture au monde, aux autres, l'auteur développe une non-intrigue : des promenades dans la forêt permettant de prendre le temps d'observer la faune sauvage, le ciel, d'entendre cette vie fragile que nos sociétés connectées et individualisées oublient. On découvre peu à peu une relation mère-fille emplie de silences, mais non-dénuée d'attentions ; la thématique du deuil s'invite alors et donne de l'ampleur à l'ensemble. Avec son format à l'italienne, son noir et blanc teinté de brun, la rareté du texte, un style à la lisière du manga et de la ligne claire, un découpage "façon storyplay" de cinéma, cette manière occasionnellement de créer du mouvement en démultipliant les personnages sur une même case, associé à un crescendo narratif plutôt réussi, l'auteur parvient à déployer une histoire dramatique et pleine d'espoir qui étonnamment nous fait passer de l'anecdotique aux douleurs intimes les plus belles. Surprenant de constater combien l'indéniable maladresse des ficelles narratives et dialogues aboutit à un sentiment général de délicatesse poétique. Beau comme un bébé qui pleure.

18/10/2025 (modifier)
Par pol
Note: 3/5
Couverture de la série Les Sentiers d'Anahuac
Les Sentiers d'Anahuac

Edition soignée, grand format carré, couverture élégante, cet album attire indéniablement le regard. Les Sentiers d'Anahuac retrace un pan de la civilisation aztèque et sa colonisation par les espagnols. Commençons par souligner le travail graphique très intéressant. Le style est à la fois simple et précis, les personnages sont soignés et très reconnaissables. Les pages ne sont pas surchargées mais pourtant elles contiennent beaucoup d'informations et de détails. L'utilisation de la couleur avec parcimonie met l'accent sur des petits éléments par ci par là. C'est très esthétique. Mais ce qui est plus réussi encore c'est le découpage des planches. On sort régulièrement du traditionnel gaufrier, avec des dessins pleines pages qui représentent pourtant un enchainement que d'autres dessinateurs auraient découpé en cases successives. Ces mises en pages sont très esthétiques et en plus c'est toujours fluide, lisible et compréhensible. Visuellement c'est du beau boulot et l'album est très agréable. Sur le contenu, nous avons un récit très historique. Il retrace une civilisation, découverte par le prisme d'un jeune novice, né juste après la colonisation. Le jeune Antonio aide un missionnaire à traduire et écrire l'histoire. Il y est question de croyance, de dieux anciens, d'évangélisation par les colons qui font la chasse aux croyances anciennes qui façonnaient la civilisation aztèque. On apprend tout ça au travers du regard du jeune Antonio. C'est une quête qui va durer des décennies qui est relaté dans cet album. Tout cela est très bien documenté, très précis. Si le propos est globalement intéressant, il a eu du mal à me passionner sur la longueur de l'album. L'usage de termes nahuatl est omniprésent. Il peut y avoir des phrases avec 3 ou 4 mots issus de cette langue. Il y a bien un glossaire complet en fin d'album mais c'est un peu fastidieux de s'y référer toutes les pages.

18/10/2025 (modifier)
Couverture de la série The New World
The New World

Dessin et colorisation sont surprenants, et a priori pas forcément ma tasse de thé. Mais je m’y suis rapidement fait, au point qu’au bout d’un moment ils ont presque formé l’attrait principal de cet album. Des couleurs tapantes donc, presque psychédéliques, avec un dessin pas toujours facile à déchiffrer, mais qui est dynamique. L’histoire se laisse lire. Par les outrances mises en avant, elle dénonce la surveillance généralisée de la population via les moyens techniques modernes, une certaine forme de dictature, et les médias diffusant sous forme de surenchère comme si c’était un jeu télévisé (un peu de « Le prix du danger » ici). Comme je l’ai dit, ça se laisse lire, mais j’en suis quand même sorti moins enthousiaste que mes prédécesseurs. Du pas mal sans plus me concernant, même si je reconnais une certaine originalité graphique.

17/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Le Dernier Vol de Dan Cooper
Le Dernier Vol de Dan Cooper

En 1971, un braqueur intrépide pirate un avion US et s'enfuit en parachute avec un joli pactole. La police ne le retrouvera jamais ... Pour nous, Cornette et Garreta imaginent la suite, celle que même le FBI ne connait pas. Pour le scénario du Dernier vol de Dan Cooper, le belge Jean-Luc Cornette s'est emparé de l'histoire totalement vraie mais complètement folle d'un pirate de l'air étasunien qui en 1971 prend un avion de ligne en otage : il empoche 200.000 $, fait redécoller l'appareil et saute en parachute en plein ciel, façon Tom Cruise. Un braquage plutôt original. L'animal se faisait appeler Dan Cooper : un pseudo tiré d'une BD canadienne en vogue dans les années 50-60. Il ne sera jamais retrouvé même si le FBI n'abandonne les recherches qu'en 2016. Plusieurs imitateurs tenteront des braquages identiques au fil des années, mais tous seront attrapés ou abattus : le mystérieux Dan Cooper est le seul qui, sans doute, profita de son magot. Les dessins sont de Renaud Garreta, un garçon qui aime bien les voitures (Sébastien Loeb), les bateaux (Fastnet) et les avions (Tanguy et Laverdure) ! Le canevas et les personnages : La première partie de l'album reconstitue le braquage et le détournement de l'avion : Cornette imagine même une complice au mystérieux Dan Cooper, une jolie blonde. Après le fameux saut en parachute, le scénario invente une suite aux aventures de Dan Cooper : qu'est-il devenu ? a-t-il retrouvé sa complice ? coule-t-il des jours heureux au Mexique ? Vous le découvrirez bientôt en exclusivité, même le FBI ne le sait pas ! Le détournement d'avion de la première partie donne une histoire assez bluffante, on a du mal à réaliser qu'il s'agit d'une histoire vraie. La suite imaginée par les auteurs réservent quelques surprises, au lecteur comme à Dan Cooper, jusqu'à une fin qui laisse planer encore quelques mystères. Côté dessins, c'est peu la déception : le trait assez classique de Garreta reste dans l'esprit d'une BD comme Insiders, mais les visages nous ont semblé beaucoup moins précis, parfois grossiers en arrière-plan. Ce crayon rapide, cet aspect un peu brouillon, est peut-être là pour rappeler les anciens albums de Dan Cooper mais cela ne convient plus trop à nos grilles de lecture d'aujourd'hui.

17/10/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série Chroniques de l'île de l'éphémère
Chroniques de l'île de l'éphémère

2.5 Un album qui regroupe trois histoires se passant dans le même monde. Le résultat est pas trop mal, mais les scénarios m'ont laissé sur ma faim. Puis j'ai lu que ça sert de mise en place pour un film d'animation qui apparemment va se faire et ça explique tout. Les récits sont un survol d'un univers qui a le potentiel d'être très riche, d'où une certaine frustration d'en vouloir plus. Le ton est très influencé par les films de Miyazaki, avec notamment l'importance de l'environnement. Le dessin est très bon et me faisait penser à un storyboard et maintenant que j'ai appris qu'on veut faire de ce monde un film, ça explique tout. Au final, c'est pas mauvais, mais trop peu marquant ou passionnant pour que je recommande la lecture. Ça se laisse lire sans problème et comme je l'ai écrit les illustrations sont jolies, mais c'est à peu près tout.

16/10/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série Les Nations du Soleil sanglant
Les Nations du Soleil sanglant

2.5 Akata présente ce manga comme ambitieux et pour l'instant je ne sais pas trop quoi en penser. Il faut dire que pour l'instant je n'ai lu que deux des trois tomes parus en français et que le premier tome est une très longue introduction au rythme trop lent. Ce n'est pas trop grave lorsque c'est pour expliquer ce qui est arrivé au Japon pour que la société s'effondre, mais l'histoire personnel du héros est cliché pour n'importe qui ayant lu une œuvre se passant dans un monde post-apocalyptique. Le héros essai de vivre sa vie tranquille avec sa femme sauf que ceux qui ont du pouvoir en abuse et grosse surprise sa femme finit tuer de manière injuste (bon j'avoue que j'ai été surprise qu'elle ne se fasse pas en prime violer de manière gratuite juste pour qu'on comprenne bien que la vie est pas juste). Cela le motive à vouloir changer les choses et pour l'instant sa quête ne me passionne pas trop et je ne pense pas que j'ai envie de continuer de lire la série pour voir si je vais changer d'avis. Le dessin est correct.

16/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Les Poilus d'Alaska
Les Poilus d'Alaska

La Première guerre mondiale, voilà l’un des sujets passablement rebattus, avec lequel il est de plus en plus difficile de faire preuve d’originalité, pour surprendre et/ou intéresser les lecteurs. Eh bien les auteurs ont su au moins trouver un angle d’attaque original. Je ne connaissais pas du tout cet « anecdote », détaillée dans les dossiers qui concluent chaque album, à savoir que l’armée française ait sérieusement envisagé de faire venir en pleine guerre des chiens de traineaux d’Alaska, pour mieux ravitailler les premières lignes dans les zones montagneuses. Si les noms ont été légèrement modifiés, et si l’histoire a elle aussi subi quelques modifications marginales, les auteurs suivent la trame réelle, en y greffant une intrigue qui se laisse lire, avec un personnage principal pour le moment très ambivalent. Véritable héros (il a survécu à de multiples blessures, ne renonce jamais), c’est aussi un personnage sec et froid, misogyne. Son couple est fragilisé. Et aussi il a des relations très tendues avec celui qui devrait fournir les chiens, et avec lequel il s’est brouillé lorsqu’il vivait en Alaska, ce que nous devinons par quelques allusions. Hélas, si au moins un troisième album (« Scooty, été 1915 ») est annoncé (on a même droit aux premières pages en fin du deuxième album), je crains que la série ait été abandonnée, puisque rien n’est paru depuis dix ans, alors que l’intrigue revenait vers l’Alaska. Ce qui frustre les lecteurs d’une fin. C’est dommage, car la série, sans être hyper originale, s’avérait tout de même agréable à suivre.

16/10/2025 (modifier)
Par grogro
Note: 3/5
Couverture de la série Drogue - Une histoire mondiale
Drogue - Une histoire mondiale

La drogue et ses usages est un sujet qui me passionne depuis looooongtemps ! Alors quand j'ai vu que sortait cette BD doc, je ne pouvais raisonnablement que m'y intéresser. Si j'ai quelques réserves, il faut bien reconnaitre que les auteurs sont parvenus à compiler un bon nombre d'éléments épars. Mais commençons par le côté obscur de cette critique, et non des moindres puisqu'il porte sur le dessin. Plutôt mal barré pour une BD me direz-vous. Pas que ce soit mauvais, non. Au contraire, c'est même en réalité plutôt réussi et agréable à l'œil, dans un genre très "photographique" qui n'est pourtant pas mon gros kiff. Donc quoi ? Pour tout dire, il y a quelques années, j'avais essayé de lire La Cellule, également illustrée par Nicolas Otéro, mais j'avais rapidement été saoulé par le dessin dont l'auteur opérait bien souvent par copiés/collés. On retrouvait en effet les mêmes visages, les même plans, à divers endroits du récit, ce qui m'a rapidement mis le doute sur sa "méthode" graphique que je soupçonnais être non seulement infographiée mais aussi entièrement basée sur des copies de dessins existants piochés à droite et à gauche. Dans le cas qui nous intéresse, s'il n'y a pas de répétition, j'ai en revanche reconnu deux ou trois dessins que je connaissais parfaitement pour les avoir déjà croisés dans le passé, notamment dans la série La Vie Privée des Hommes, illustrée par Pierre Joubert, que j'ai lue et relue mille fois étant gamin. C'est un peu gênant car au-delà de la question de la légitimité, il y a celle du dessin en lui-même. En effet, je me dis que moi aussi, avec les bons outils informatiques, je peux composer ma BD. Autre chose : la fin m'a un peu laissé... sur ma faim. D'abord, dans l'avant dernier chapitre évoquant l'inquiétant phénomène des NPS (nouveaux produits de synthèse), alors que le propos s'attarde sur la rapidité et surtout la dangerosité de ces nouvelles drogues ravageuses, les auteurs reviennent sans transition sur l'histoire de Timothy Leary et le LSD, ce qui donne l'impression de rater une marche, sinon une bonne dizaine de pages. Pour qui connait les substances psychédéliques dont fait partie le LSD, nous sommes là dans quelque chose de complètement différent, ne serait-ce que parce que ces substances ne provoquent pas d'addiction, ce qui d'ailleurs rend tout à fait discutable le qualificatif de drogue à leur égard. L'histoire du LSD mériterait à elle seule une BD, car elle vaut vraiment d'être racontée. Alors bon, voire Leary, qui n'était certes pas un saint homme, assimilé soudain aux narcos sans vergogne qui diffusent sans cesse de nouvelles drogues hyper dangereuses, ça m'en bouche un coin. Et puis vient le dernier chapitre, et par la même occasion la conclusion de cet ouvrage, expédiée en 5 pages, et s'achevant sur l'évocation du scandale J.D. Vance et le conflit d'intérêts qui le liait à l'entreprise pharmaceutique Purdue Pharma. C'est bien vu, fort à propos, sauf que c'est envoyé trop rapidos et aurait mérité qu'on s'y attarde à peine plus. En l'état, ça donne l'impression de faire de l'anti-trumpisme bon teint. On pourra aussi regretter l'absence de quelques infos selon moi majeures, comme par exemple le fait que de nombreuses banques ont été fondées afin d'encadrer le trafic de drogues. C'est le cas de HSBC (Hongkong and Shanghai Banking Corporation) créée pour financer les échanges entre l'Europe, l'Inde et la Chine d'opium indien revendu en Chine. Les auteurs évoquent bien le cas des labos tels que Bayer, alors pourquoi passer sous silence le rôle majeur des banques ? Mais bref ! Laissons-là ces reproches qui peut-être ne sont que peccadilles, bien que mes soupçons pèsent lourd. Il y a par ailleurs des choses pas mal du tout. A commencer par son découpage en courts chapitres, peu fouillés certes, mais qui rendent la lecture aisée pour qui ne serait pas spécialiste du sujet, en plus de la rendre quasi-exhaustive. Oui, si plusieurs points restent discutables, n'en reste pas moins que le bouquin fait quand même largement le tour de la question, même rapidement, même à grand traits, et la charge de creuser le sujet appartient au lecteur. Au moins, les entrées sont là. Il y a même des choses que j'ignorais totalement. Il est par exemple fait mention d'un film (The Manchourian Candidate - Un crime dans la tête en français) dont j'ignorais le film original (avec Sinatra !) comme le remake (avec Denzel Washington) que je vais bien entendu essayer de me procurer. Ou, plus grave, j'ai appris que tout frais promu avocat, le jeune Richard Nixon parvint à faire en sorte que les Etats-Unis puissent continuer à s'approvisionner en opium pendant la deuxième guerre mondiale. Mais chutttt... Ha ! Et j'aime beaucoup l'usage parcimonieux des couleurs ! Plutôt une bonne lecture au final, mais mes trop grandes réserves quant au graphisme m'empêchent un peu d'attribuer une meilleure note à cette BD. J'aimerais rencontrer les auteurs pour en discuter et éventuellement évacuer mes soupçons. Le temps d'une dédicace au prochain festoche d'Angoulême, pourquoi pas ?...

16/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Pantapolis
Pantapolis

Le travail de Walter Trono est excellent techniquement, dans un style hyper réaliste et un dessin qui se focalise sur les personnages, au détriment des décors et arrière-plans, souvent escamotés. Ce parti-pris, ainsi que la couleur bleue qui sature les cases, accentuent la froideur de l’ensemble, le côté désespérant et apathique du régime dans lequel se déroule l’histoire. Prévue en cinq tomes, celle-ci nous dépeint une société dystopique et dictatoriale, qui, à l’instar de l’Église durant le moyen-âge, traque toute idée de plaisir, d’amour, toute relation sexuelle ne pouvant être acceptable que pour procréer. Les contrevenants et autres opposants sont persécutés et envoyés dans des camps de rééducations dans lesquels des sévices corporels – et sexuels – leur sont administrés. Face à cette dictature, certains résistent. Par le fait, en pratiquant des relations sexuelles sensuelles et uniquement tournées vers le plaisir, ou par la propagande, en tentant de diffuser des idées contraires à la doxa officielle. C’est le cas de Valentine, dont le père a été assassiné et dont la mère a été arrêtée par la police politique, ce qui l’a fait entrer en résistance. L’intrigue purement politique et thriller de Pistoia est classique, mais agréable à suivre (à voir ce que ça donnera par la suite), même si un peu « légère ». Mais, puisqu’on est chez Tabou, les auteurs nous gratifient de quelques scènes de sexe torrides, bien rendues – qui nous font encore plus regretter les interdictions que ces actes dénoncent. Une entame sans trop de surprise, mais plaisante à suivre et à regarder – pour un public averti bien entendu.

16/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Des vices et des os
Des vices et des os

Si Manolo Carot a surtout publié chez des éditeurs « érotiques », Dynamite et Tabou, j’avais aussi découvert une autre facette de ses talents avec l’intéressant El Boxeador, dans un tout autre registre ! On le retrouve ici chez Tabou avec un recueil d’histoires courtes, dont la plupart avaient été publiées dans le magazine « La Poudre aux Rêves », sous le nom d’auteur Man. Si toutes sont explicitement érotiques, voire pornographiques, Carot ménage la plupart du temps une petite chute amusante qui pimente chacun des récits – qui généralement jouent sur des relations sexuelles entre humains et femmes robot. Dans le dernier tiers du recueil, l’auteur se met même parfois en scène en auteur de BD, dans une mise en abime elle aussi amusante. Le dessin est fonctionnel, en tout cas très lisible, avec des décors quasi absents. Pas le style que je préfère, mais ça fait le boulot, et globalement la lecture est agréable.

16/10/2025 (modifier)