Joli concept en théorie, belles illustrations en noir et blanc, mais l'essai n'est pas transformé !
Un sens de lecture tient bien davantage la route que l'autre, l'autre est même assez bancal. Le concept d'un point de vue narratif est donc relativement mis en échec.
Côté illustrations, la juxtaposition des sens de lecture est relativement peu propice à la création de formes hybrides, que l'on rêvait volontiers monstrueuses, susceptibles de créer au détour d'un contraste merveilleux sur un trait de crayon polysémique, une figure inattendue qui ne serait pas gratuite, mais à même de mettre en perspective l'ensemble, de créer du vertige, de l'inattendu. On voulait du Francis Bacon, du David Cronenberg ou du David Lynch, et l'on ne nous propose que le trait appliqué et assez scolaire d'un gentil premier de la classe. Les frontières ne sont nullement poreuses, encore moins vaporeuses, mais au mieux élégantes, le plus souvent platement hermétiques.
L'originalité conceptuelle si sympathique est malheureusement vide de sens, demeure alors un polar assez classique d'une plutôt belle tenue, mais à la conclusion peu enthousiasmante.
S'offre aussi au lecteur cet étonnant arrière plan d'émeute populaire dont les tenants et aboutissements nous échappent comme ils semblent échapper aux protagonistes ; cette émeute irrigue l'intrigue, s'impose peu à peu, fascine et effraie simultanément, semble susceptible de basculer dans d'infinies directions, selon qu'elle soit conduite par les militants les plus beaux ou les brutes les plus nauséabondes. L'auteur Lozes ne pose pas véritablement de regard sur elle, sans non plus que cela devienne un début de point de vue sur les mouvements sociaux contemporains, ni une mise en perspective des conflits armés ou une réflexion sur l'engagement. La naïveté de cette présence est pourtant belle.
Un one-shot que j'ai du relire deux fois pour être certain d'avoir bien compris l'intrigue, vu que c'est le genre de récit à relire lorsqu'on a lu la fin.
Je ne suis pas certain si j'ai bien tout compris correctement, parce qu'il y a des détails qui sont surtout survolés. En fait, pour moi ce récit montre les forces et les faiblesses du défunt scénariste Tome. Il y a une bonne idée de départ, j'aime bien les dialogues et il montre bien les contradictions de la société américaine...sauf que je trouve que le scénario va un peu trop vite et n'approfondit pas certains éléments et il y aussi quelques facilités.
Cela reste tout de même un one-shot globalement sympathique à lire si on est fan de polar/thriller, et le dessin est très bon.
Tout semble immuable à Douarnenez en 1824. Tout tourne autour de l'industrie de la pêche à la sardine : un homme est un pêcheur, une femme travaille à l'usine de traitement et de mise en conserve. Mais il suffit d'un petit grain de sale pour tout faire dérailler : une chanson un brin provocatrice, le sentiment grandissant d'être surexploitée... C'est comme ça que les ouvrières commencent à se rebiffer, à faire grève, tenir tête aux gendarmes, aux casseurs de grèves, jusqu'au jour où survient un drame. Mona et ses amies décident d'aller au bout, pas comme leurs devancières 20 ans plus tôt, qui avaient craqué face à l'urgence économique. La montée des syndicats, la prise de conscience féministe, à un stade primitif, tout cela les amène à faire plier leurs patrons, avec l'aide des édiles de la ville, et même du ministre du Travail de l'époque.
Léah Touitou nous rappelle donc que la lutte des classes ne date pas d'hier, mais d'il y a 200 ans au moins (sans compter la Révolution et d'autres évènements marquants de notre Histoire, bien sûr), et nous raconte tout cela sans fioriture, avec fraicheur, au travers des yeux de Mona, une mère de famille qui connaît ses limites financières mais décide d'aller au bout, malgré les fortes réticences de son mari. Elle ajoute donc à cet épisode historique un peu d'intimisme, pour donner plus de chair à l'anecdote historique.
Max Lewka se charge de la partie graphique, dans u style semi-réaliste qui manque encore de maturité. J'avais parfois du mal à être sûr d'être en présence de Mona, heureusement les dialogues étaient là.
Un épisode important, qui peut être inspirant pour celles qui se battent encore pour l'égalité salariale, le respect des travailleuses dans certaines branches. A ce titre la dernière séquence, avec les quatre femmes de l'histoire, assume son côté prophétique.
L’album m’a permis de découvrir un certain nombre de choses sur le fonctionnement de la cour et du harem d’un empereur Moghol du XVIIème siècle. Car Emilio Ruiz semble bien documenté – en tout cas son récit et sa présentation des personnages clés (l’empereur lui-même n’apparait pas encore) est tout à fait crédible.
Il est donc dommageable que la série ait été abandonnée, car on s’arrête presque à la présentation. Les bases sont en place, mais la mécanique de l’intrigue n’est pas encore vraiment activée, les relations entre les membres de la cour et du harem sont juste esquissées, et on en restera là.
Ça se laisse lire agréablement, avec intérêt pour le sujet. Mais c’est aussi très lent, et il ne se passe finalement pas grand-chose (sans doute quelques complots et rivalités de cour, entre les femmes du harem, mais aussi autour des fils de l’empereur, étaient-ils prévus pour dynamiser l’intrigue ?).
Le dessin d’Ana Miralles est à la fois bon et beau. J’ai bien aimé aussi la colorisation, très lumineuse.
Bref, une lecture globalement plaisante, mais qui nous laisse sur notre faim avec l’abandon de la série.
Note réelle 2,5/5.
C’est une lecture que j’ai trouvée instructive, intéressante, mais qui m’a un peu laissé sur ma faim au niveau de la forme.
Je ne connaissais pas grand-chose de la vie du nouveau dirigeant chinois, ni des étapes lui ayant permis d’accéder au sommet du pouvoir. Je me disais juste que cet itinéraire devait probablement être un minimum sinueux.
C’est le principal mérite de cet album de m’éclairer – et plutôt bien – là-dessus. En effet, c’est clair et complet. Comme je le subodorait un peu, Xi Jinping n’est pas sorti de nulle-part. c’est le fils d’un haut dirigeant de l’époque Mao, et il a ainsi pu fréquenter les meilleures écoles des enfants de dignitaires du Parti, côtoyer la fine fleur de la Nomenklatura très jeune. Mais son parcours a été quand même pas mal ballotté, puisque son père – et sa famille par contrecoup – est tombé en disgrâce. Il a ainsi goûté aux méthodes répressives (durant les vingt dernières années du pouvoir maoïste), tout en ayant finalement toujours été relativement protégé par certains caciques en souvenir de son père.
Sa lente ascension est ensuite bien expliquée.
Un sujet intéressant, mais qui peut être rébarbatif et aride. Et je trouve que le traitement appuie un peu là où ça fait mal. En effet, j’ai trouvé que la narration, claire au demeurant, manquait singulièrement de souffle. C’est assez scolaire et il manque sans doute certains à côtés qui auraient pu rendre l’ensemble moins sec.
D’autant plus que le dessin – lui aussi très clair et précis – est assez froid. Un trait fin, du Noir et Blanc efficace, mais qui manque de « personnalité ».
Mais bon, je suis sorti quand même satisfait de ce que j’ai appris. Plus du contenu que de la forme en fait.
Sans être exceptionnel, cet album est quand même très agréable à lire. Et à regarder d’ailleurs.
Le dessin n’est jamais très détaillé. Mais j’ai bien aimé le rendu, qui joue souvent sur des fonds brumeux, avec une colorisation assez douce, qui amène à la rêverie, au voyage.
Finalement bien plus que l’histoire elle-même. Il est pourtant question d’un des grands voyages mythiques, celui de Marco Polo, raconté ici – ou fantasmé – par bribes. Mais sans que le grandiose ne s’invite. Quelques passages où le merveilleux médiéval apparaît, aux airs d’affabulations poétiques. Mais ça reste trop souvent trop sage.
Mais ça se laisse quand même lire. Si aucun personnage n’est réellement captivant, le beau dessin et quelques aventures du bout du monde, même parfois seulement esquissées, font qu’on ne s’ennuie pas. Et le mystère relatif entretenu sur la fin autour du narrateur n’est pas déplaisant.
Bon pastiche.
Contrairement au reste de la collection "Lucky Luke vu par...", ici on retrouve assez bien l'ambiance et le type de récits des aventures de la série mère. Certes, au niveau de la mise en scène et du dessin on voit la différence (même si Blutch utilise essaye ici de de vraiment se rapprocher du dessin de Morris, ne serait-ce que sur les couleurs), mais vraiment je trouve qu'en terme de ton la série colle bien avec Lucky Luke.
Mais au delà de la fidélité au matériau de base, l'album est surtout bon pour son humour. On retrouve tout du long un mélange d'humour con et de blagues à froid (les gags autour de l'incompétence absolue du shérif m'ont particulièrement faite rire). La famille de criminel-le-s avec les enfants intenables est sans conteste le point fort de l'album (il faut dire aussi qu'il s'agit du sujet central).
Oui, franchement bonne lecture.
Le concept de base est quand-même sacrément entrainant : le plus grand espion du monde devant se faire passer pour un père de famille lambda, il décide de se mettre en couple avec Yor, une jeune femme maladroite et un peu timide, et d'adopter Anya, une jeune fille très énergique grâce à laquelle il pense pouvoir infiltrer l'école la plus gradée du pays. Le hic ? Sa femme est en réalité la plus grande tueuse à gage à ce jour et sa fille est un ancien sujet d'expérience doué de télépathie et qui donc connait absolument tous les secrets de sa petite famille. Et c'est sans parler du chien qui voit l'avenir, du frère de Yor qui travaille pour les services secrets et qui ne supporte pas le mari de sa sœur (les relations quasi-incestueuses - je ne sais pas toujours à quel point c'est sérieux - sont étrangement monnaies courantes dans les manga comiques), et les innombrables espions, assassins et terroristes qui croiseront la route de cette troupe qui n'a que l'apparence d'une famille normal.
Chacun-e - exceptée Anya - ignore tout des secrets des autres et tente désespérément de réaliser ses petites affaires sans que son entourage s'en aperçoive.
C'est délirant, c'est imaginatif, c'est drôle, ça sait installer des moments de tensions (filatures, enquêtes, ...), le début tout particulièrement est un vent de fraîcheur, ...
Bref, la série est bien.
Bien, mais pas exempte de défauts.
Déjà, la fraîcheur des débuts s'essouffle un peu au bout d'un moment. Les développements de l'intrigue centrale ralentissent, sont parfois mis de côté, on a de plus en plus de mini arcs fillers, un passage est au contraire particulièrement long et fastidieux (l'arc de la croisière), ... Bref, la magie se perd un peu.
Ça reste bien, j'ai relu les derniers sortis et je retrouve encore les situations et dialogues improbables qui m'ont charmée, mais ça s'essouffle quand-même. C'est surtout que pour l'instant les intrigues de remplissages se répètent un peu, tant dans le fond que la mise en scène.
Je croise les doigts pour que le scénario central reprenne du poil de la bête.
Très étrange que ce manga.
Comme les autres avis je n'ai pas aimé le tome 1 qui était... chiant? Mais j'ai poursuivi et ça devient mieux par la suite. Le début était certes laborieux et je ne savais pas où ça allait, mais à partir du tome 7 ça devient bien, et le scénario s'emballe vers le tome 10, il y a même plein d'action? Vraiment un mélange étrange de plusieurs ambiances ; cela oscille entre shojo lycéen, humour, un côté ancestral avec des références très pointues, de l'action, des moments sombres, de l'amour, c'est probablement un des manga les plus étranges que j'ai lu. Paradoxalement je préfère quand les tomes se recentrent sur la romance alors que je suis toujours en train de demander et lire des shojo originaux qui sortent des sentiers battus, c'est cocasse.
Le problème avec ce manga et ce qui fait que mon avis est un gros point d'interrogation, c'est qu'aucun registre n'est traité à fond: on a de la romance mais pas trop, du folklorique mais pas trop, de l'action mais pas trop (Osakabe qui dit qu'elle a le pouvoir de détruire tout le lycée en entier si elle le veut dans le tome 7, ben vas-y je voulais voir ta puissance moi!), ce qui ressort c'est surtout le côté tranches de vies, cette oscillation constante entre plusieurs registres était donc sûrement voulue par l'autrice. Et bien lui en a pris car la série a eu le prix Shogakukan au Japon en 2009.
Donc, bilan mi-figue mi-raisin, il faudrait peut-être que je le relise pour me faire un avis définitif. Par contre j'aime bien le dessin que je trouve très mignon, surtout les illustrations couleur des couvertures (toujours dans le paradoxe, Iwamoto dessine une couverture ultra sinistre pour le tome 11 et je la trouve très marquante).
C'est bien mais pas transcendant.
C'est à peu près ce que je retire de ma lecture.
L'album est surtout intéressant pour l'amoncellement d'anecdotes sur la dure réalité des jeunes diplômé-e-s n'arrivant pas à décrocher un réel emploi, faisant face aux entreprises et à leur désirs d'exploiter - pardon - de sous-payer et de sous-valoriser les personnes qu'elles emploi. Emplois déguisés, stages sans fin, salaires ridicules et postes peu valorisants ; Yatuu nous présente ici une bonne vision du traitement désastreux des jeunes diplômé-e-s dans le monde de l'entreprise (malheureusement encore d'actualité).
Mais la mise en scène et l'humour ne m'ont pas marquée plus que ça. L'album reste bien, hein, mais sans plus pour moi.
Le dessin de Yatuu n'est pas vraiment mon style mais je lui reconnais un certain cachet.
Et puis j'apprécie tout de même son travail, j'ai gardé d'assez bons souvenirs de Hé ! Mademoiselle ! que j'avais lu à sa sortie.
(Note réelle 2,5)
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L'Orfèvre (Lozes)
Joli concept en théorie, belles illustrations en noir et blanc, mais l'essai n'est pas transformé ! Un sens de lecture tient bien davantage la route que l'autre, l'autre est même assez bancal. Le concept d'un point de vue narratif est donc relativement mis en échec. Côté illustrations, la juxtaposition des sens de lecture est relativement peu propice à la création de formes hybrides, que l'on rêvait volontiers monstrueuses, susceptibles de créer au détour d'un contraste merveilleux sur un trait de crayon polysémique, une figure inattendue qui ne serait pas gratuite, mais à même de mettre en perspective l'ensemble, de créer du vertige, de l'inattendu. On voulait du Francis Bacon, du David Cronenberg ou du David Lynch, et l'on ne nous propose que le trait appliqué et assez scolaire d'un gentil premier de la classe. Les frontières ne sont nullement poreuses, encore moins vaporeuses, mais au mieux élégantes, le plus souvent platement hermétiques. L'originalité conceptuelle si sympathique est malheureusement vide de sens, demeure alors un polar assez classique d'une plutôt belle tenue, mais à la conclusion peu enthousiasmante. S'offre aussi au lecteur cet étonnant arrière plan d'émeute populaire dont les tenants et aboutissements nous échappent comme ils semblent échapper aux protagonistes ; cette émeute irrigue l'intrigue, s'impose peu à peu, fascine et effraie simultanément, semble susceptible de basculer dans d'infinies directions, selon qu'elle soit conduite par les militants les plus beaux ou les brutes les plus nauséabondes. L'auteur Lozes ne pose pas véritablement de regard sur elle, sans non plus que cela devienne un début de point de vue sur les mouvements sociaux contemporains, ni une mise en perspective des conflits armés ou une réflexion sur l'engagement. La naïveté de cette présence est pourtant belle.
La Mort à lunettes
Un one-shot que j'ai du relire deux fois pour être certain d'avoir bien compris l'intrigue, vu que c'est le genre de récit à relire lorsqu'on a lu la fin. Je ne suis pas certain si j'ai bien tout compris correctement, parce qu'il y a des détails qui sont surtout survolés. En fait, pour moi ce récit montre les forces et les faiblesses du défunt scénariste Tome. Il y a une bonne idée de départ, j'aime bien les dialogues et il montre bien les contradictions de la société américaine...sauf que je trouve que le scénario va un peu trop vite et n'approfondit pas certains éléments et il y aussi quelques facilités. Cela reste tout de même un one-shot globalement sympathique à lire si on est fan de polar/thriller, et le dessin est très bon.
Le Chœur des sardinières
Tout semble immuable à Douarnenez en 1824. Tout tourne autour de l'industrie de la pêche à la sardine : un homme est un pêcheur, une femme travaille à l'usine de traitement et de mise en conserve. Mais il suffit d'un petit grain de sale pour tout faire dérailler : une chanson un brin provocatrice, le sentiment grandissant d'être surexploitée... C'est comme ça que les ouvrières commencent à se rebiffer, à faire grève, tenir tête aux gendarmes, aux casseurs de grèves, jusqu'au jour où survient un drame. Mona et ses amies décident d'aller au bout, pas comme leurs devancières 20 ans plus tôt, qui avaient craqué face à l'urgence économique. La montée des syndicats, la prise de conscience féministe, à un stade primitif, tout cela les amène à faire plier leurs patrons, avec l'aide des édiles de la ville, et même du ministre du Travail de l'époque. Léah Touitou nous rappelle donc que la lutte des classes ne date pas d'hier, mais d'il y a 200 ans au moins (sans compter la Révolution et d'autres évènements marquants de notre Histoire, bien sûr), et nous raconte tout cela sans fioriture, avec fraicheur, au travers des yeux de Mona, une mère de famille qui connaît ses limites financières mais décide d'aller au bout, malgré les fortes réticences de son mari. Elle ajoute donc à cet épisode historique un peu d'intimisme, pour donner plus de chair à l'anecdote historique. Max Lewka se charge de la partie graphique, dans u style semi-réaliste qui manque encore de maturité. J'avais parfois du mal à être sûr d'être en présence de Mona, heureusement les dialogues étaient là. Un épisode important, qui peut être inspirant pour celles qui se battent encore pour l'égalité salariale, le respect des travailleuses dans certaines branches. A ce titre la dernière séquence, avec les quatre femmes de l'histoire, assume son côté prophétique.
Muraqqa'
L’album m’a permis de découvrir un certain nombre de choses sur le fonctionnement de la cour et du harem d’un empereur Moghol du XVIIème siècle. Car Emilio Ruiz semble bien documenté – en tout cas son récit et sa présentation des personnages clés (l’empereur lui-même n’apparait pas encore) est tout à fait crédible. Il est donc dommageable que la série ait été abandonnée, car on s’arrête presque à la présentation. Les bases sont en place, mais la mécanique de l’intrigue n’est pas encore vraiment activée, les relations entre les membres de la cour et du harem sont juste esquissées, et on en restera là. Ça se laisse lire agréablement, avec intérêt pour le sujet. Mais c’est aussi très lent, et il ne se passe finalement pas grand-chose (sans doute quelques complots et rivalités de cour, entre les femmes du harem, mais aussi autour des fils de l’empereur, étaient-ils prévus pour dynamiser l’intrigue ?). Le dessin d’Ana Miralles est à la fois bon et beau. J’ai bien aimé aussi la colorisation, très lumineuse. Bref, une lecture globalement plaisante, mais qui nous laisse sur notre faim avec l’abandon de la série. Note réelle 2,5/5.
Xi Jinping - L'Empereur du silence
C’est une lecture que j’ai trouvée instructive, intéressante, mais qui m’a un peu laissé sur ma faim au niveau de la forme. Je ne connaissais pas grand-chose de la vie du nouveau dirigeant chinois, ni des étapes lui ayant permis d’accéder au sommet du pouvoir. Je me disais juste que cet itinéraire devait probablement être un minimum sinueux. C’est le principal mérite de cet album de m’éclairer – et plutôt bien – là-dessus. En effet, c’est clair et complet. Comme je le subodorait un peu, Xi Jinping n’est pas sorti de nulle-part. c’est le fils d’un haut dirigeant de l’époque Mao, et il a ainsi pu fréquenter les meilleures écoles des enfants de dignitaires du Parti, côtoyer la fine fleur de la Nomenklatura très jeune. Mais son parcours a été quand même pas mal ballotté, puisque son père – et sa famille par contrecoup – est tombé en disgrâce. Il a ainsi goûté aux méthodes répressives (durant les vingt dernières années du pouvoir maoïste), tout en ayant finalement toujours été relativement protégé par certains caciques en souvenir de son père. Sa lente ascension est ensuite bien expliquée. Un sujet intéressant, mais qui peut être rébarbatif et aride. Et je trouve que le traitement appuie un peu là où ça fait mal. En effet, j’ai trouvé que la narration, claire au demeurant, manquait singulièrement de souffle. C’est assez scolaire et il manque sans doute certains à côtés qui auraient pu rendre l’ensemble moins sec. D’autant plus que le dessin – lui aussi très clair et précis – est assez froid. Un trait fin, du Noir et Blanc efficace, mais qui manque de « personnalité ». Mais bon, je suis sorti quand même satisfait de ce que j’ai appris. Plus du contenu que de la forme en fait.
Le Livre des merveilles
Sans être exceptionnel, cet album est quand même très agréable à lire. Et à regarder d’ailleurs. Le dessin n’est jamais très détaillé. Mais j’ai bien aimé le rendu, qui joue souvent sur des fonds brumeux, avec une colorisation assez douce, qui amène à la rêverie, au voyage. Finalement bien plus que l’histoire elle-même. Il est pourtant question d’un des grands voyages mythiques, celui de Marco Polo, raconté ici – ou fantasmé – par bribes. Mais sans que le grandiose ne s’invite. Quelques passages où le merveilleux médiéval apparaît, aux airs d’affabulations poétiques. Mais ça reste trop souvent trop sage. Mais ça se laisse quand même lire. Si aucun personnage n’est réellement captivant, le beau dessin et quelques aventures du bout du monde, même parfois seulement esquissées, font qu’on ne s’ennuie pas. Et le mystère relatif entretenu sur la fin autour du narrateur n’est pas déplaisant.
Lucky Luke - Les Indomptés
Bon pastiche. Contrairement au reste de la collection "Lucky Luke vu par...", ici on retrouve assez bien l'ambiance et le type de récits des aventures de la série mère. Certes, au niveau de la mise en scène et du dessin on voit la différence (même si Blutch utilise essaye ici de de vraiment se rapprocher du dessin de Morris, ne serait-ce que sur les couleurs), mais vraiment je trouve qu'en terme de ton la série colle bien avec Lucky Luke. Mais au delà de la fidélité au matériau de base, l'album est surtout bon pour son humour. On retrouve tout du long un mélange d'humour con et de blagues à froid (les gags autour de l'incompétence absolue du shérif m'ont particulièrement faite rire). La famille de criminel-le-s avec les enfants intenables est sans conteste le point fort de l'album (il faut dire aussi qu'il s'agit du sujet central). Oui, franchement bonne lecture.
Spy x Family
Le concept de base est quand-même sacrément entrainant : le plus grand espion du monde devant se faire passer pour un père de famille lambda, il décide de se mettre en couple avec Yor, une jeune femme maladroite et un peu timide, et d'adopter Anya, une jeune fille très énergique grâce à laquelle il pense pouvoir infiltrer l'école la plus gradée du pays. Le hic ? Sa femme est en réalité la plus grande tueuse à gage à ce jour et sa fille est un ancien sujet d'expérience doué de télépathie et qui donc connait absolument tous les secrets de sa petite famille. Et c'est sans parler du chien qui voit l'avenir, du frère de Yor qui travaille pour les services secrets et qui ne supporte pas le mari de sa sœur (les relations quasi-incestueuses - je ne sais pas toujours à quel point c'est sérieux - sont étrangement monnaies courantes dans les manga comiques), et les innombrables espions, assassins et terroristes qui croiseront la route de cette troupe qui n'a que l'apparence d'une famille normal. Chacun-e - exceptée Anya - ignore tout des secrets des autres et tente désespérément de réaliser ses petites affaires sans que son entourage s'en aperçoive. C'est délirant, c'est imaginatif, c'est drôle, ça sait installer des moments de tensions (filatures, enquêtes, ...), le début tout particulièrement est un vent de fraîcheur, ... Bref, la série est bien. Bien, mais pas exempte de défauts. Déjà, la fraîcheur des débuts s'essouffle un peu au bout d'un moment. Les développements de l'intrigue centrale ralentissent, sont parfois mis de côté, on a de plus en plus de mini arcs fillers, un passage est au contraire particulièrement long et fastidieux (l'arc de la croisière), ... Bref, la magie se perd un peu. Ça reste bien, j'ai relu les derniers sortis et je retrouve encore les situations et dialogues improbables qui m'ont charmée, mais ça s'essouffle quand-même. C'est surtout que pour l'instant les intrigues de remplissages se répètent un peu, tant dans le fond que la mise en scène. Je croise les doigts pour que le scénario central reprenne du poil de la bête.
Spiritual Princess
Très étrange que ce manga. Comme les autres avis je n'ai pas aimé le tome 1 qui était... chiant? Mais j'ai poursuivi et ça devient mieux par la suite. Le début était certes laborieux et je ne savais pas où ça allait, mais à partir du tome 7 ça devient bien, et le scénario s'emballe vers le tome 10, il y a même plein d'action? Vraiment un mélange étrange de plusieurs ambiances ; cela oscille entre shojo lycéen, humour, un côté ancestral avec des références très pointues, de l'action, des moments sombres, de l'amour, c'est probablement un des manga les plus étranges que j'ai lu. Paradoxalement je préfère quand les tomes se recentrent sur la romance alors que je suis toujours en train de demander et lire des shojo originaux qui sortent des sentiers battus, c'est cocasse. Le problème avec ce manga et ce qui fait que mon avis est un gros point d'interrogation, c'est qu'aucun registre n'est traité à fond: on a de la romance mais pas trop, du folklorique mais pas trop, de l'action mais pas trop (Osakabe qui dit qu'elle a le pouvoir de détruire tout le lycée en entier si elle le veut dans le tome 7, ben vas-y je voulais voir ta puissance moi!), ce qui ressort c'est surtout le côté tranches de vies, cette oscillation constante entre plusieurs registres était donc sûrement voulue par l'autrice. Et bien lui en a pris car la série a eu le prix Shogakukan au Japon en 2009. Donc, bilan mi-figue mi-raisin, il faudrait peut-être que je le relise pour me faire un avis définitif. Par contre j'aime bien le dessin que je trouve très mignon, surtout les illustrations couleur des couvertures (toujours dans le paradoxe, Iwamoto dessine une couverture ultra sinistre pour le tome 11 et je la trouve très marquante).
Moi, 20 ans, diplômée, motivée... Exploitée !
C'est bien mais pas transcendant. C'est à peu près ce que je retire de ma lecture. L'album est surtout intéressant pour l'amoncellement d'anecdotes sur la dure réalité des jeunes diplômé-e-s n'arrivant pas à décrocher un réel emploi, faisant face aux entreprises et à leur désirs d'exploiter - pardon - de sous-payer et de sous-valoriser les personnes qu'elles emploi. Emplois déguisés, stages sans fin, salaires ridicules et postes peu valorisants ; Yatuu nous présente ici une bonne vision du traitement désastreux des jeunes diplômé-e-s dans le monde de l'entreprise (malheureusement encore d'actualité). Mais la mise en scène et l'humour ne m'ont pas marquée plus que ça. L'album reste bien, hein, mais sans plus pour moi. Le dessin de Yatuu n'est pas vraiment mon style mais je lui reconnais un certain cachet. Et puis j'apprécie tout de même son travail, j'ai gardé d'assez bons souvenirs de Hé ! Mademoiselle ! que j'avais lu à sa sortie. (Note réelle 2,5)