Un dessin réaliste mais statique, avec des traits de visages effacés ou inexpressifs, quelques itérations iconiques, et un humour très con et absurde jouant sur le décalage entre les situations et les répliques attendues : on est là en terrain connu et pas mal balisé. Surtout depuis que Fabcaro a utilisé ces ingrédients pour produire quelques petits chefs-d’œuvre.
Difficile donc de se démarquer dans ce style dont usent et abusent de plus en plus d’auteurs. J’ai été souvent déçu ces derniers temps par plusieurs lectures du genre.
Et je dois dire que celle-ci se situe plutôt dans une bonne moyenne de ce style rebattu. Rien d’exceptionnel, mais la lecture est plaisante, agréable, et il y a suffisamment de choses amusantes pour que j’en sois sorti satisfait.
Ce ne sont pas des strips/gags, on a là une histoire complète. Même si, bien sûr, beaucoup de passages loufoques font singulièrement dévier l’intrigue de base. Qui consiste en bâtir un scénario, un synopsis d’un film, d’une « comédie romantique française » donc. Chaque scène est ensuite commentée et disséquée par auteur et producteur.
Le résultat est souvent drôle. Totalement con, bien sûr, mais je suis amateur de ce type d’humour, et ici, c’est globalement réussi – même si c’est inégal et si tout ne m’a pas fait rire.
J’avais découvert – et apprécié – Rambaud avec Vaisseau spécial, mais j’avais ensuite été moins convaincu par ce qu’il m’avait proposé. Cet album me réconcilie avec lui.
Que voilà un joli conte, je sais que ce genre peut s'apprécier à tout âge, pourtant il m'a laissé sur le bord du chemin. Le trait tout en noir et blanc est très beau, d'une grande fluidité. L'histoire en elle même brasse des thèmes qui doivent parler aux plus jeunes, sans niaiserie, ce qui est un bon point.
Quelques notes d'humour viennent ponctuer le récit. Sans en faire trop, voilà un récit sympathique pour lequel je ne suis pas le public cible.
Je ne sais trop quoi penser de cet album, qui mélange plusieurs sujets, et qui le fait parfois de façon brouillonne.
En effet, c’est à la fois un album sur la guerre de Corée, mais aussi sur le travail – et plus généralement sur la personne même – d’Henri de Turenne, journaliste couvrant ce conflit pour l’AFP et Le Figaro. L’album sera suivi dans la même collection de plusieurs autres mettant en images de grands reportages ayant été récompensés par le prix Albert Londres.
Je connaissais assez bien le conflit, mais pas vraiment le journaliste (même si son nom me disait quelque chose, accolé à celui de Costelle pour des documentaires historiques télévisés – souffrant souvent de partialité).
Le travail de Turenne est bien montré, et plus généralement celui des reporters de guerres – plusieurs meurent et Turenne lui-même échappe de peu à la mort. Même si le plus souvent il n’arrive « qu’après » les combats, tenant alors une chronique un peu distanciée et ironique. Il faut dire qu’il accompagne les flux et reflux des deux premières années de la guerre, traversant plusieurs fois le pays du Nord au Sud et vice-versa.
Par contre, plusieurs choses m’ont un peu gêné. D’abord, au milieu du récit chronologique des combats, de plus ou moins longs passages sur la carrière future (parfois des années après cette guerre) s’insèrent, ce qui hache franchement le récit et surprend lorsque nous revenons brusquement en 1951 après nous en être éloignés. Ensuite, Turenne quittant la Corée en mars 1951, les deux dernières années du conflit sont finalement à peine évoquées en deux cases ! C’est brutal !
J’ai aussi trouvé que Turenne ne s’intéressait pas suffisamment dans ses articles aux populations civiles – qui pourtant payaient le plus lourd tribut à la guerre.
J’ai aussi trouvé que le dessin (réaliste, globalement bon, mais un peu figé et académique) et la narration manquaient à retranscrire la violence, la fureur de l’époque.
Un dossier documentaire final – lui aussi fourre-tout – est intéressant, retraçant la création du prix Albert Londres, la carrière de Turenne, puis l’histoire de la guerre de Corée.
Note réelle 2,5/5.
Une énième série sur la guerre de Sécession, mais qui arrive quand même à se démarquer des précédentes je trouve.
Je ne connais pas du tout le roman d’origine, que l’éditeur présente comme le roman « fondateur » de la littérature américaine moderne. Au vu de cette adaptation, je trouve l’expression plutôt exagérée. En effet, il m’a quand même manqué un certain souffle, la puissance que j’espérais y trouver, et l’histoire se développe sur un rythme quelque peu lancinant et monotone.
Reste que l’intrigue, si elle ne fait pas l’impasse sur la boucherie de cette guerre civile, fait le choix de se centrer sur un jeune soldat nordiste. Un jeune homme ordinaire, traversé par le doute, la peur, la lâcheté, pour ensuite se transcender et devenir un temps un héros malgré lui (son attitude est ambigüe, puisque le courage a ici la couleur du désespoir et son attitude est quasiment suicidaire, alors qu’il a au départ fui le champ de bataille, qu’il réintègre un peu malgré lui). Le combat dont il est question ici est tout autant intérieur que vis à vis d'ennemis qu'il ne peut haïr (voir la fraternisation possible lorsque, simple sentinelle, il croise un confédéré).
La fin est un peu abrupte, mais montre bien l’absurdité du conflit, puisque les soldats que nous suivions – du moins ceux qui ont survécu aux batailles – abandonnent le terrain conquis pour revenir sur leurs pas.
Quant au dessin de Cuzor, dans un trait réaliste agréable, il est toujours aussi plaisant, et accompagne très bien ce type de récit « militaire ». La colorisation est intéressante et originale, mais elle rend parfois difficile la reconnaissance des uniformes (seuls les drapeaux permettent parfois de discerner les différents camps).
King’s Game Origin offre un aperçu des origines du jeu macabre, avec une intrigue qui nous plonge dans les premiers événements de ce phénomène terrifiant. L’histoire est intéressante, mais elle manque parfois de profondeur dans ses rebondissements et ses personnages. Certains moments de suspense ne sont pas aussi percutants que dans la série principale.
Le développement des personnages est un peu superficiel, et on a du mal à s’attacher à eux, ce qui rend certaines scènes moins impactantes émotionnellement. Cela dit, le récit reste prenant et développe bien l’univers du King’s Game, en dévoilant des éléments importants pour comprendre le jeu et sa propagation.
En résumé, King’s Game Origin est une lecture plaisante pour les fans de la série, mais elle ne parvient pas à capturer la même intensité et l’impact que le premier King’s Game. Une bonne préquelle, mais sans réelle innovation.
Un thriller efficace au concept accrocheur : une classe de lycéens reçoit des ordres d’un mystérieux « Roi » qu’ils doivent exécuter sous peine de mort. L’intrigue démarre fort, avec une tension bien maîtrisée et un rythme haletant.
Cependant, si le suspense fonctionne, certains rebondissements sont un peu prévisibles, et les réactions des personnages manquent parfois de profondeur. Le dessin est dynamique et sert bien l’ambiance, mais sans forcément se démarquer.
Un bon divertissement, prenant et sans temps mort, mais qui aurait gagné à être plus subtil dans son écriture. À tenter si vous aimez les survival games !
Une petite déception.
Certes, c'est une BD pour jeune public, mais j'en attendais plus quand même.
Le moyen-age, un temps où il ne fait pas bon être différent, c'est le cas de ce petit garçon : Martino, il est albinos. L'Église l'accusera de tous les maux qui affectent le village. Il va trouver refuge au milieu de la forêt chez une sorcière, la jolie Viviana et un lien fort va se tisser entre ces deux êtres rejetés.
Un récit sur les différences (dont la transidentité), le rejet et l'acceptation de soi. Mais un récit très (trop) léger, les bons sentiments sont de mise, les enchaînements des péripéties de Martino sont prévisibles et les thèmes ne sont traités que superficiellement. Ça manque de moelle et c'est un peu tiré par les cheveux.
La narration alerte permet de ne pas s'ennuyer, la lecture est rapide.
Visuellement, un beau rendu avec ce trait précis et lisible, dans un style jeunesse. Les couleurs sont belles et la mise en page est classique.
J'ai bien aimé.
Un album avant tout pour les 10/13 ans.
Voilà un album difficile à noter...
Ce serait mentir de dire que je ne me suis pas ennuyée en le lisant. J’ai dû m’y reprendre à 3 ou 4 fois étalées sur une bonne semaine pour venir à bout de ma lecture. Il faut dire qu’il ne se passe pas grand-chose dans cette BD, il s’agit essentiellement de suivre les déambulations du personnage principal qui cherche à cartographier le quartier d’Edo. C’est lent, très lent. C’est très contemplatif. Il est donc très facile de tomber dans l’ennui, et de se désintéresser de cet album.
Mais malgré cela, Taniguchi a un immense talent pour poser les décors, faire ressentir les atmosphères, initier des rencontres poétiques. La magie n’est jamais bien loin, et à de nombreux moments le charme opère. En fin de compte, de fut une lecture plutôt plaisante, agréable, comme une promenade printanière.
C’est clairement un album qu’il faut aborder en ayant à l’esprit qu’il ne s’y passe pas grand-chose, juste avec l’envie de se promener aux côtés du cartographe, et découvrir cette atmosphère du Japon du XIXe siècle.
C’est du feel good parfois un peu trop sirupeux (affaire de goûts certainement pour cette remarque), mais qui se laisse quand même lire très agréablement.
Si l’histoire commence par le suicide d’un vieil homme – mort qui alimente une très légère tension à propos de ces éventuelles causes – le reste de l’histoire transpire de la positive attitude, de belles relations entre tous les habitants de l’immeuble dans lequel se déroule la quasi-totalité de l’intrigue. Les rares sources de tensions sont désamorcées (comme lorsqu’il est question de détruire l’immeuble pour une « réhabilitation » du quartier).
Saint-Dizier explique dans un dossier final s’être inspiré du quartier, de l’immeuble de son enfance – et de pas mal de ses anciens voisins de l’époque pour les personnages. En tout cas tout est crédible et vivant, même si on se doute que toutes les cages d’escaliers ne bénéficient pas des mêmes relations apaisées et bienveillantes.
La narration est agréable, aérée, avec un certain nombre de pages muettes. Le dessin de Crosa aide à la fluidité. J’ai bien aimé ce trait plaisant, et cette colorisation elle aussi sympathique. Les pages présentant les différents appartements en coupe sont intéressantes.
Bref, un album vite lu, peut-être trop rempli de bons sentiments ? Je ne sais pas, mais par les temps qui courent, ça ne fait pas de mal.
Le début est intrigant. Une sorte de mélange de La Horde du contrevent et La Route, avec cet homme et ses deux filles, errant, patinant sur la glace d’une longue piste entre deux falaises de glace, dans un univers dangereux, hostile et froid (dans tous les sens du terme !).
Avec une économie de moyens, Lemire – qui décidément a l’imagination fertile ! – réussit à nous faire entrer dans cet univers et cette histoire en partie désespérante. La narration est minimaliste, mais elle nous embarque bien. J’ai juste un peu moins accroché au dernier tiers, qui nous ramène vers quelque chose de trop « commun » en SF (même si Lemire laisse volontairement certaines questions sans réponse). Le relatif happy end est un peu surprenant, il vient un peu à contre-courant d’un récit où le désespoir semblait prendre toute la place.
Le dessin de Jock (dont je découvre ici le travail) accompagne très bien l’histoire de Lemire. Lui aussi montre peu et suggère beaucoup. La noirceur du récit, les étendues neigeuses et glacées des décors, tout ceci est bien rendu.
Une lecture plaisante en tout cas.
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Une bonne comédie romantique française
Un dessin réaliste mais statique, avec des traits de visages effacés ou inexpressifs, quelques itérations iconiques, et un humour très con et absurde jouant sur le décalage entre les situations et les répliques attendues : on est là en terrain connu et pas mal balisé. Surtout depuis que Fabcaro a utilisé ces ingrédients pour produire quelques petits chefs-d’œuvre. Difficile donc de se démarquer dans ce style dont usent et abusent de plus en plus d’auteurs. J’ai été souvent déçu ces derniers temps par plusieurs lectures du genre. Et je dois dire que celle-ci se situe plutôt dans une bonne moyenne de ce style rebattu. Rien d’exceptionnel, mais la lecture est plaisante, agréable, et il y a suffisamment de choses amusantes pour que j’en sois sorti satisfait. Ce ne sont pas des strips/gags, on a là une histoire complète. Même si, bien sûr, beaucoup de passages loufoques font singulièrement dévier l’intrigue de base. Qui consiste en bâtir un scénario, un synopsis d’un film, d’une « comédie romantique française » donc. Chaque scène est ensuite commentée et disséquée par auteur et producteur. Le résultat est souvent drôle. Totalement con, bien sûr, mais je suis amateur de ce type d’humour, et ici, c’est globalement réussi – même si c’est inégal et si tout ne m’a pas fait rire. J’avais découvert – et apprécié – Rambaud avec Vaisseau spécial, mais j’avais ensuite été moins convaincu par ce qu’il m’avait proposé. Cet album me réconcilie avec lui.
Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler
Que voilà un joli conte, je sais que ce genre peut s'apprécier à tout âge, pourtant il m'a laissé sur le bord du chemin. Le trait tout en noir et blanc est très beau, d'une grande fluidité. L'histoire en elle même brasse des thèmes qui doivent parler aux plus jeunes, sans niaiserie, ce qui est un bon point. Quelques notes d'humour viennent ponctuer le récit. Sans en faire trop, voilà un récit sympathique pour lequel je ne suis pas le public cible.
Sur le front de Corée
Je ne sais trop quoi penser de cet album, qui mélange plusieurs sujets, et qui le fait parfois de façon brouillonne. En effet, c’est à la fois un album sur la guerre de Corée, mais aussi sur le travail – et plus généralement sur la personne même – d’Henri de Turenne, journaliste couvrant ce conflit pour l’AFP et Le Figaro. L’album sera suivi dans la même collection de plusieurs autres mettant en images de grands reportages ayant été récompensés par le prix Albert Londres. Je connaissais assez bien le conflit, mais pas vraiment le journaliste (même si son nom me disait quelque chose, accolé à celui de Costelle pour des documentaires historiques télévisés – souffrant souvent de partialité). Le travail de Turenne est bien montré, et plus généralement celui des reporters de guerres – plusieurs meurent et Turenne lui-même échappe de peu à la mort. Même si le plus souvent il n’arrive « qu’après » les combats, tenant alors une chronique un peu distanciée et ironique. Il faut dire qu’il accompagne les flux et reflux des deux premières années de la guerre, traversant plusieurs fois le pays du Nord au Sud et vice-versa. Par contre, plusieurs choses m’ont un peu gêné. D’abord, au milieu du récit chronologique des combats, de plus ou moins longs passages sur la carrière future (parfois des années après cette guerre) s’insèrent, ce qui hache franchement le récit et surprend lorsque nous revenons brusquement en 1951 après nous en être éloignés. Ensuite, Turenne quittant la Corée en mars 1951, les deux dernières années du conflit sont finalement à peine évoquées en deux cases ! C’est brutal ! J’ai aussi trouvé que Turenne ne s’intéressait pas suffisamment dans ses articles aux populations civiles – qui pourtant payaient le plus lourd tribut à la guerre. J’ai aussi trouvé que le dessin (réaliste, globalement bon, mais un peu figé et académique) et la narration manquaient à retranscrire la violence, la fureur de l’époque. Un dossier documentaire final – lui aussi fourre-tout – est intéressant, retraçant la création du prix Albert Londres, la carrière de Turenne, puis l’histoire de la guerre de Corée. Note réelle 2,5/5.
Le Combat d'Henry Fleming
Une énième série sur la guerre de Sécession, mais qui arrive quand même à se démarquer des précédentes je trouve. Je ne connais pas du tout le roman d’origine, que l’éditeur présente comme le roman « fondateur » de la littérature américaine moderne. Au vu de cette adaptation, je trouve l’expression plutôt exagérée. En effet, il m’a quand même manqué un certain souffle, la puissance que j’espérais y trouver, et l’histoire se développe sur un rythme quelque peu lancinant et monotone. Reste que l’intrigue, si elle ne fait pas l’impasse sur la boucherie de cette guerre civile, fait le choix de se centrer sur un jeune soldat nordiste. Un jeune homme ordinaire, traversé par le doute, la peur, la lâcheté, pour ensuite se transcender et devenir un temps un héros malgré lui (son attitude est ambigüe, puisque le courage a ici la couleur du désespoir et son attitude est quasiment suicidaire, alors qu’il a au départ fui le champ de bataille, qu’il réintègre un peu malgré lui). Le combat dont il est question ici est tout autant intérieur que vis à vis d'ennemis qu'il ne peut haïr (voir la fraternisation possible lorsque, simple sentinelle, il croise un confédéré). La fin est un peu abrupte, mais montre bien l’absurdité du conflit, puisque les soldats que nous suivions – du moins ceux qui ont survécu aux batailles – abandonnent le terrain conquis pour revenir sur leurs pas. Quant au dessin de Cuzor, dans un trait réaliste agréable, il est toujours aussi plaisant, et accompagne très bien ce type de récit « militaire ». La colorisation est intéressante et originale, mais elle rend parfois difficile la reconnaissance des uniformes (seuls les drapeaux permettent parfois de discerner les différents camps).
King's Game Origin
King’s Game Origin offre un aperçu des origines du jeu macabre, avec une intrigue qui nous plonge dans les premiers événements de ce phénomène terrifiant. L’histoire est intéressante, mais elle manque parfois de profondeur dans ses rebondissements et ses personnages. Certains moments de suspense ne sont pas aussi percutants que dans la série principale. Le développement des personnages est un peu superficiel, et on a du mal à s’attacher à eux, ce qui rend certaines scènes moins impactantes émotionnellement. Cela dit, le récit reste prenant et développe bien l’univers du King’s Game, en dévoilant des éléments importants pour comprendre le jeu et sa propagation. En résumé, King’s Game Origin est une lecture plaisante pour les fans de la série, mais elle ne parvient pas à capturer la même intensité et l’impact que le premier King’s Game. Une bonne préquelle, mais sans réelle innovation.
King's Game
Un thriller efficace au concept accrocheur : une classe de lycéens reçoit des ordres d’un mystérieux « Roi » qu’ils doivent exécuter sous peine de mort. L’intrigue démarre fort, avec une tension bien maîtrisée et un rythme haletant. Cependant, si le suspense fonctionne, certains rebondissements sont un peu prévisibles, et les réactions des personnages manquent parfois de profondeur. Le dessin est dynamique et sert bien l’ambiance, mais sans forcément se démarquer. Un bon divertissement, prenant et sans temps mort, mais qui aurait gagné à être plus subtil dans son écriture. À tenter si vous aimez les survival games !
Rebis
Une petite déception. Certes, c'est une BD pour jeune public, mais j'en attendais plus quand même. Le moyen-age, un temps où il ne fait pas bon être différent, c'est le cas de ce petit garçon : Martino, il est albinos. L'Église l'accusera de tous les maux qui affectent le village. Il va trouver refuge au milieu de la forêt chez une sorcière, la jolie Viviana et un lien fort va se tisser entre ces deux êtres rejetés. Un récit sur les différences (dont la transidentité), le rejet et l'acceptation de soi. Mais un récit très (trop) léger, les bons sentiments sont de mise, les enchaînements des péripéties de Martino sont prévisibles et les thèmes ne sont traités que superficiellement. Ça manque de moelle et c'est un peu tiré par les cheveux. La narration alerte permet de ne pas s'ennuyer, la lecture est rapide. Visuellement, un beau rendu avec ce trait précis et lisible, dans un style jeunesse. Les couleurs sont belles et la mise en page est classique. J'ai bien aimé. Un album avant tout pour les 10/13 ans.
Furari
Voilà un album difficile à noter... Ce serait mentir de dire que je ne me suis pas ennuyée en le lisant. J’ai dû m’y reprendre à 3 ou 4 fois étalées sur une bonne semaine pour venir à bout de ma lecture. Il faut dire qu’il ne se passe pas grand-chose dans cette BD, il s’agit essentiellement de suivre les déambulations du personnage principal qui cherche à cartographier le quartier d’Edo. C’est lent, très lent. C’est très contemplatif. Il est donc très facile de tomber dans l’ennui, et de se désintéresser de cet album. Mais malgré cela, Taniguchi a un immense talent pour poser les décors, faire ressentir les atmosphères, initier des rencontres poétiques. La magie n’est jamais bien loin, et à de nombreux moments le charme opère. En fin de compte, de fut une lecture plutôt plaisante, agréable, comme une promenade printanière. C’est clairement un album qu’il faut aborder en ayant à l’esprit qu’il ne s’y passe pas grand-chose, juste avec l’envie de se promener aux côtés du cartographe, et découvrir cette atmosphère du Japon du XIXe siècle.
Plein ciel
C’est du feel good parfois un peu trop sirupeux (affaire de goûts certainement pour cette remarque), mais qui se laisse quand même lire très agréablement. Si l’histoire commence par le suicide d’un vieil homme – mort qui alimente une très légère tension à propos de ces éventuelles causes – le reste de l’histoire transpire de la positive attitude, de belles relations entre tous les habitants de l’immeuble dans lequel se déroule la quasi-totalité de l’intrigue. Les rares sources de tensions sont désamorcées (comme lorsqu’il est question de détruire l’immeuble pour une « réhabilitation » du quartier). Saint-Dizier explique dans un dossier final s’être inspiré du quartier, de l’immeuble de son enfance – et de pas mal de ses anciens voisins de l’époque pour les personnages. En tout cas tout est crédible et vivant, même si on se doute que toutes les cages d’escaliers ne bénéficient pas des mêmes relations apaisées et bienveillantes. La narration est agréable, aérée, avec un certain nombre de pages muettes. Le dessin de Crosa aide à la fluidité. J’ai bien aimé ce trait plaisant, et cette colorisation elle aussi sympathique. Les pages présentant les différents appartements en coupe sont intéressantes. Bref, un album vite lu, peut-être trop rempli de bons sentiments ? Je ne sais pas, mais par les temps qui courent, ça ne fait pas de mal.
Snow angels
Le début est intrigant. Une sorte de mélange de La Horde du contrevent et La Route, avec cet homme et ses deux filles, errant, patinant sur la glace d’une longue piste entre deux falaises de glace, dans un univers dangereux, hostile et froid (dans tous les sens du terme !). Avec une économie de moyens, Lemire – qui décidément a l’imagination fertile ! – réussit à nous faire entrer dans cet univers et cette histoire en partie désespérante. La narration est minimaliste, mais elle nous embarque bien. J’ai juste un peu moins accroché au dernier tiers, qui nous ramène vers quelque chose de trop « commun » en SF (même si Lemire laisse volontairement certaines questions sans réponse). Le relatif happy end est un peu surprenant, il vient un peu à contre-courant d’un récit où le désespoir semblait prendre toute la place. Le dessin de Jock (dont je découvre ici le travail) accompagne très bien l’histoire de Lemire. Lui aussi montre peu et suggère beaucoup. La noirceur du récit, les étendues neigeuses et glacées des décors, tout ceci est bien rendu. Une lecture plaisante en tout cas.