Curieuse lecture.
Je suis assez mitigée, entre d'un côté mon appréciation de l'idée et du sous-texte de l'histoire et de l'autre le rythme et la narration souvent un peu mous.
Commençons par le positif : l'histoire.
Dans Fish Girl, nous suivons... Fish Girl. Oui, la malheureuse sirène enfermée dans cette étrange maison aquarium n'a pas de nom (du moins au début). Elle n'existe pas vraiment en dehors de sa relation avec la pieuvre, son amie de toujours, et Neptune, dieu des mers et père de la jeune fille. Son existence jusque là se résume à répéter inlassablement la même journée, à se cacher du regard des visiteur-euse-s et à récolter des pièces pour son père.
Sauf que tout change lorsque Livia, une jeune fille venue visiter avec sa mère, décide de sortir du chemin de la visite et rencontre la sirène. Les deux décident de devenirs amies, chacune étant fascinée par l'autre. Livia lui donne un nom, l'envie de voir le monde au delà de l'aquarium et lui fait réaliser que son monde n'est peut-être pas vraiment celui qu'elle croyait jusqu'à présent.
Voilà, une bonne petite histoire sur la liberté, l'équilibre et le lien avec la nature, sur la conscience de l'être aussi, le tout avec des allures de La Petite Sirène. Vraiment, l'histoire est sympathique.
Malheureusement, comme dit en introduction, le découpage de l'action, de la narration, est assez lent et étrangement saccadé. Il y a plusieurs passages contemplatifs bienvenus, mais certains m'ont surtout semblés plomber l'ambiance, casser le rythme et la narration entretenus jusqu'à présent.
Le récit reste beau et intéressant, encore une fois, mais son rythme étrange gâche un peu la forme selon moi.
Suite au succès de leur album précédent, Le Royal Fondement, Philippe Charlot et Eric Hübsch renouvellent l'expérience avec un nouveau roi, cette fois Henri IV, et une nouvelle affliction médicale que ce dernier subit, tout aussi intime et honteuse que celle de Louis XIV. Du fait de ses multiples frasques sexuelles, le bon roy Henri souffrait en effet de problèmes d'urètre et d'un rétrécissement d’origine blennorragique qui l'empêchait de... pisser sereinement. Pour le dire plus crûment, il n'arrivait à pisser quelques gouttes par-ci par-là et devait être en permanence suivi d'un porte-pot pour se soulager en toute occasion. Et cette BD nous raconte comment son médecin a fini par trouver une solution, non sans aide extérieure.
Si la recette est la même, il y a quelque chose qui marche un peu moins bien dans cet album que dans Le Royal Fondement.
Ça ne tient pas au dessin qui est toujours très bon. La mise en scène est bonne et claire, les décors sont soignés, les personnages sont vivants et agréables, et j'ai même trouvé que le roi Henri IV affichait ici et là une bouille qui n'est pas sans rappeler certains personnages de Gotlib.
L'histoire pour sa part est bien rythmée et plutôt amusante, tout en donnant le ton de l'ambiance qui pouvait régner à Paris sous Henri IV.
Mais voilà, elle n'est que gentiment amusante.
Le Royal Fondement avait un aspect instructif sur la médecine de l'époque et sur l'affliction de Louis XIV qui est ici un peu plus léger avec Henri IV. J'ai notamment été embrouillé par cette histoire de chandelle qui est en réalité une canule. Quant à l'histoire d'hypnose qui vient s'y ajouter, j'ai bien l'impression qu'on est en pleine fiction et ça rend plus burlesque et moins crédible le sujet historique. De même, le complot de l'abbé ainsi que la romance entre la jolie campagnarde et le romantique hypnotiseur sont assez cousus de fil blanc.
Rien n'est mauvais dans cet album qui se lit avec plaisir et un certain intérêt, mais il marque moins la mémoire que son prédécesseur des mêmes auteurs. Le souci vient peut-être de la comparaison ou de la perte de l'effet de surprise, car il est très possible que si j'avais lu cet album là seulement je l'aurais trouvé très bien.
Chroniques de l'île perdue, c'est une histoire d'aventure horrifique jeunesse qui cherche à aborder le sujet des traumas et des relations familiales compliquées d'un point de vue de jeune enfant.
En effet, l'île éponyme est en réalité la métaphore, la représentation des peurs et des traumas d'un enfant, perdu entre son espoir et ses pensées destructrices. Beaucoup de personnages ou d'éléments de l'île marquent une partie de la psyché enfantine.
Le fond de l'histoire est intéressant mais j'avoue que certaines partie restent floues, comme le rôle concret que joue lae gardien-ne de l'île. J'ai compris qu'iel gardait et protégeait l'endroit, donc par conséquent l'enfant, mais je n'arrive pas à mettre le doigt sur sa symbolique concrète. Ce petit côté flou sur la fin (et sur quelques autres aspects du récit) est d'ailleurs ce qui m'empêche de monter la note davantage.
Le dessin d'Anne Montel est joli, assez doux. Elle joue bien avec le contraste entre les designs très mignons des personnages et les horreurs de la situation.
Joli concept en théorie, belles illustrations en noir et blanc, mais l'essai n'est pas transformé !
Un sens de lecture tient bien davantage la route que l'autre, l'autre est même assez bancal. Le concept d'un point de vue narratif est donc relativement mis en échec.
Côté illustrations, la juxtaposition des sens de lecture est relativement peu propice à la création de formes hybrides, que l'on rêvait volontiers monstrueuses, susceptibles de créer au détour d'un contraste merveilleux sur un trait de crayon polysémique, une figure inattendue qui ne serait pas gratuite, mais à même de mettre en perspective l'ensemble, de créer du vertige, de l'inattendu. On voulait du Francis Bacon, du David Cronenberg ou du David Lynch, et l'on ne nous propose que le trait appliqué et assez scolaire d'un gentil premier de la classe. Les frontières ne sont nullement poreuses, encore moins vaporeuses, mais au mieux élégantes, le plus souvent platement hermétiques.
L'originalité conceptuelle si sympathique est malheureusement vide de sens, demeure alors un polar assez classique d'une plutôt belle tenue, mais à la conclusion peu enthousiasmante.
S'offre aussi au lecteur cet étonnant arrière plan d'émeute populaire dont les tenants et aboutissements nous échappent comme ils semblent échapper aux protagonistes ; cette émeute irrigue l'intrigue, s'impose peu à peu, fascine et effraie simultanément, semble susceptible de basculer dans d'infinies directions, selon qu'elle soit conduite par les militants les plus beaux ou les brutes les plus nauséabondes. L'auteur Lozes ne pose pas véritablement de regard sur elle, sans non plus que cela devienne un début de point de vue sur les mouvements sociaux contemporains, ni une mise en perspective des conflits armés ou une réflexion sur l'engagement. La naïveté de cette présence est pourtant belle.
Un one-shot que j'ai du relire deux fois pour être certain d'avoir bien compris l'intrigue, vu que c'est le genre de récit à relire lorsqu'on a lu la fin.
Je ne suis pas certain si j'ai bien tout compris correctement, parce qu'il y a des détails qui sont surtout survolés. En fait, pour moi ce récit montre les forces et les faiblesses du défunt scénariste Tome. Il y a une bonne idée de départ, j'aime bien les dialogues et il montre bien les contradictions de la société américaine...sauf que je trouve que le scénario va un peu trop vite et n'approfondit pas certains éléments et il y aussi quelques facilités.
Cela reste tout de même un one-shot globalement sympathique à lire si on est fan de polar/thriller, et le dessin est très bon.
Tout semble immuable à Douarnenez en 1824. Tout tourne autour de l'industrie de la pêche à la sardine : un homme est un pêcheur, une femme travaille à l'usine de traitement et de mise en conserve. Mais il suffit d'un petit grain de sale pour tout faire dérailler : une chanson un brin provocatrice, le sentiment grandissant d'être surexploitée... C'est comme ça que les ouvrières commencent à se rebiffer, à faire grève, tenir tête aux gendarmes, aux casseurs de grèves, jusqu'au jour où survient un drame. Mona et ses amies décident d'aller au bout, pas comme leurs devancières 20 ans plus tôt, qui avaient craqué face à l'urgence économique. La montée des syndicats, la prise de conscience féministe, à un stade primitif, tout cela les amène à faire plier leurs patrons, avec l'aide des édiles de la ville, et même du ministre du Travail de l'époque.
Léah Touitou nous rappelle donc que la lutte des classes ne date pas d'hier, mais d'il y a 200 ans au moins (sans compter la Révolution et d'autres évènements marquants de notre Histoire, bien sûr), et nous raconte tout cela sans fioriture, avec fraicheur, au travers des yeux de Mona, une mère de famille qui connaît ses limites financières mais décide d'aller au bout, malgré les fortes réticences de son mari. Elle ajoute donc à cet épisode historique un peu d'intimisme, pour donner plus de chair à l'anecdote historique.
Max Lewka se charge de la partie graphique, dans u style semi-réaliste qui manque encore de maturité. J'avais parfois du mal à être sûr d'être en présence de Mona, heureusement les dialogues étaient là.
Un épisode important, qui peut être inspirant pour celles qui se battent encore pour l'égalité salariale, le respect des travailleuses dans certaines branches. A ce titre la dernière séquence, avec les quatre femmes de l'histoire, assume son côté prophétique.
L’album m’a permis de découvrir un certain nombre de choses sur le fonctionnement de la cour et du harem d’un empereur Moghol du XVIIème siècle. Car Emilio Ruiz semble bien documenté – en tout cas son récit et sa présentation des personnages clés (l’empereur lui-même n’apparait pas encore) est tout à fait crédible.
Il est donc dommageable que la série ait été abandonnée, car on s’arrête presque à la présentation. Les bases sont en place, mais la mécanique de l’intrigue n’est pas encore vraiment activée, les relations entre les membres de la cour et du harem sont juste esquissées, et on en restera là.
Ça se laisse lire agréablement, avec intérêt pour le sujet. Mais c’est aussi très lent, et il ne se passe finalement pas grand-chose (sans doute quelques complots et rivalités de cour, entre les femmes du harem, mais aussi autour des fils de l’empereur, étaient-ils prévus pour dynamiser l’intrigue ?).
Le dessin d’Ana Miralles est à la fois bon et beau. J’ai bien aimé aussi la colorisation, très lumineuse.
Bref, une lecture globalement plaisante, mais qui nous laisse sur notre faim avec l’abandon de la série.
Note réelle 2,5/5.
C’est une lecture que j’ai trouvée instructive, intéressante, mais qui m’a un peu laissé sur ma faim au niveau de la forme.
Je ne connaissais pas grand-chose de la vie du nouveau dirigeant chinois, ni des étapes lui ayant permis d’accéder au sommet du pouvoir. Je me disais juste que cet itinéraire devait probablement être un minimum sinueux.
C’est le principal mérite de cet album de m’éclairer – et plutôt bien – là-dessus. En effet, c’est clair et complet. Comme je le subodorait un peu, Xi Jinping n’est pas sorti de nulle-part. c’est le fils d’un haut dirigeant de l’époque Mao, et il a ainsi pu fréquenter les meilleures écoles des enfants de dignitaires du Parti, côtoyer la fine fleur de la Nomenklatura très jeune. Mais son parcours a été quand même pas mal ballotté, puisque son père – et sa famille par contrecoup – est tombé en disgrâce. Il a ainsi goûté aux méthodes répressives (durant les vingt dernières années du pouvoir maoïste), tout en ayant finalement toujours été relativement protégé par certains caciques en souvenir de son père.
Sa lente ascension est ensuite bien expliquée.
Un sujet intéressant, mais qui peut être rébarbatif et aride. Et je trouve que le traitement appuie un peu là où ça fait mal. En effet, j’ai trouvé que la narration, claire au demeurant, manquait singulièrement de souffle. C’est assez scolaire et il manque sans doute certains à côtés qui auraient pu rendre l’ensemble moins sec.
D’autant plus que le dessin – lui aussi très clair et précis – est assez froid. Un trait fin, du Noir et Blanc efficace, mais qui manque de « personnalité ».
Mais bon, je suis sorti quand même satisfait de ce que j’ai appris. Plus du contenu que de la forme en fait.
Sans être exceptionnel, cet album est quand même très agréable à lire. Et à regarder d’ailleurs.
Le dessin n’est jamais très détaillé. Mais j’ai bien aimé le rendu, qui joue souvent sur des fonds brumeux, avec une colorisation assez douce, qui amène à la rêverie, au voyage.
Finalement bien plus que l’histoire elle-même. Il est pourtant question d’un des grands voyages mythiques, celui de Marco Polo, raconté ici – ou fantasmé – par bribes. Mais sans que le grandiose ne s’invite. Quelques passages où le merveilleux médiéval apparaît, aux airs d’affabulations poétiques. Mais ça reste trop souvent trop sage.
Mais ça se laisse quand même lire. Si aucun personnage n’est réellement captivant, le beau dessin et quelques aventures du bout du monde, même parfois seulement esquissées, font qu’on ne s’ennuie pas. Et le mystère relatif entretenu sur la fin autour du narrateur n’est pas déplaisant.
Bon pastiche.
Contrairement au reste de la collection "Lucky Luke vu par...", ici on retrouve assez bien l'ambiance et le type de récits des aventures de la série mère. Certes, au niveau de la mise en scène et du dessin on voit la différence (même si Blutch utilise essaye ici de de vraiment se rapprocher du dessin de Morris, ne serait-ce que sur les couleurs), mais vraiment je trouve qu'en terme de ton la série colle bien avec Lucky Luke.
Mais au delà de la fidélité au matériau de base, l'album est surtout bon pour son humour. On retrouve tout du long un mélange d'humour con et de blagues à froid (les gags autour de l'incompétence absolue du shérif m'ont particulièrement faite rire). La famille de criminel-le-s avec les enfants intenables est sans conteste le point fort de l'album (il faut dire aussi qu'il s'agit du sujet central).
Oui, franchement bonne lecture.
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Fish girl
Curieuse lecture. Je suis assez mitigée, entre d'un côté mon appréciation de l'idée et du sous-texte de l'histoire et de l'autre le rythme et la narration souvent un peu mous. Commençons par le positif : l'histoire. Dans Fish Girl, nous suivons... Fish Girl. Oui, la malheureuse sirène enfermée dans cette étrange maison aquarium n'a pas de nom (du moins au début). Elle n'existe pas vraiment en dehors de sa relation avec la pieuvre, son amie de toujours, et Neptune, dieu des mers et père de la jeune fille. Son existence jusque là se résume à répéter inlassablement la même journée, à se cacher du regard des visiteur-euse-s et à récolter des pièces pour son père. Sauf que tout change lorsque Livia, une jeune fille venue visiter avec sa mère, décide de sortir du chemin de la visite et rencontre la sirène. Les deux décident de devenirs amies, chacune étant fascinée par l'autre. Livia lui donne un nom, l'envie de voir le monde au delà de l'aquarium et lui fait réaliser que son monde n'est peut-être pas vraiment celui qu'elle croyait jusqu'à présent. Voilà, une bonne petite histoire sur la liberté, l'équilibre et le lien avec la nature, sur la conscience de l'être aussi, le tout avec des allures de La Petite Sirène. Vraiment, l'histoire est sympathique. Malheureusement, comme dit en introduction, le découpage de l'action, de la narration, est assez lent et étrangement saccadé. Il y a plusieurs passages contemplatifs bienvenus, mais certains m'ont surtout semblés plomber l'ambiance, casser le rythme et la narration entretenus jusqu'à présent. Le récit reste beau et intéressant, encore une fois, mais son rythme étrange gâche un peu la forme selon moi.
La Chandelle du bon roy Henri
Suite au succès de leur album précédent, Le Royal Fondement, Philippe Charlot et Eric Hübsch renouvellent l'expérience avec un nouveau roi, cette fois Henri IV, et une nouvelle affliction médicale que ce dernier subit, tout aussi intime et honteuse que celle de Louis XIV. Du fait de ses multiples frasques sexuelles, le bon roy Henri souffrait en effet de problèmes d'urètre et d'un rétrécissement d’origine blennorragique qui l'empêchait de... pisser sereinement. Pour le dire plus crûment, il n'arrivait à pisser quelques gouttes par-ci par-là et devait être en permanence suivi d'un porte-pot pour se soulager en toute occasion. Et cette BD nous raconte comment son médecin a fini par trouver une solution, non sans aide extérieure. Si la recette est la même, il y a quelque chose qui marche un peu moins bien dans cet album que dans Le Royal Fondement. Ça ne tient pas au dessin qui est toujours très bon. La mise en scène est bonne et claire, les décors sont soignés, les personnages sont vivants et agréables, et j'ai même trouvé que le roi Henri IV affichait ici et là une bouille qui n'est pas sans rappeler certains personnages de Gotlib. L'histoire pour sa part est bien rythmée et plutôt amusante, tout en donnant le ton de l'ambiance qui pouvait régner à Paris sous Henri IV. Mais voilà, elle n'est que gentiment amusante. Le Royal Fondement avait un aspect instructif sur la médecine de l'époque et sur l'affliction de Louis XIV qui est ici un peu plus léger avec Henri IV. J'ai notamment été embrouillé par cette histoire de chandelle qui est en réalité une canule. Quant à l'histoire d'hypnose qui vient s'y ajouter, j'ai bien l'impression qu'on est en pleine fiction et ça rend plus burlesque et moins crédible le sujet historique. De même, le complot de l'abbé ainsi que la romance entre la jolie campagnarde et le romantique hypnotiseur sont assez cousus de fil blanc. Rien n'est mauvais dans cet album qui se lit avec plaisir et un certain intérêt, mais il marque moins la mémoire que son prédécesseur des mêmes auteurs. Le souci vient peut-être de la comparaison ou de la perte de l'effet de surprise, car il est très possible que si j'avais lu cet album là seulement je l'aurais trouvé très bien.
Chroniques de l'île perdue
Chroniques de l'île perdue, c'est une histoire d'aventure horrifique jeunesse qui cherche à aborder le sujet des traumas et des relations familiales compliquées d'un point de vue de jeune enfant. En effet, l'île éponyme est en réalité la métaphore, la représentation des peurs et des traumas d'un enfant, perdu entre son espoir et ses pensées destructrices. Beaucoup de personnages ou d'éléments de l'île marquent une partie de la psyché enfantine. Le fond de l'histoire est intéressant mais j'avoue que certaines partie restent floues, comme le rôle concret que joue lae gardien-ne de l'île. J'ai compris qu'iel gardait et protégeait l'endroit, donc par conséquent l'enfant, mais je n'arrive pas à mettre le doigt sur sa symbolique concrète. Ce petit côté flou sur la fin (et sur quelques autres aspects du récit) est d'ailleurs ce qui m'empêche de monter la note davantage. Le dessin d'Anne Montel est joli, assez doux. Elle joue bien avec le contraste entre les designs très mignons des personnages et les horreurs de la situation.
L'Orfèvre (Lozes)
Joli concept en théorie, belles illustrations en noir et blanc, mais l'essai n'est pas transformé ! Un sens de lecture tient bien davantage la route que l'autre, l'autre est même assez bancal. Le concept d'un point de vue narratif est donc relativement mis en échec. Côté illustrations, la juxtaposition des sens de lecture est relativement peu propice à la création de formes hybrides, que l'on rêvait volontiers monstrueuses, susceptibles de créer au détour d'un contraste merveilleux sur un trait de crayon polysémique, une figure inattendue qui ne serait pas gratuite, mais à même de mettre en perspective l'ensemble, de créer du vertige, de l'inattendu. On voulait du Francis Bacon, du David Cronenberg ou du David Lynch, et l'on ne nous propose que le trait appliqué et assez scolaire d'un gentil premier de la classe. Les frontières ne sont nullement poreuses, encore moins vaporeuses, mais au mieux élégantes, le plus souvent platement hermétiques. L'originalité conceptuelle si sympathique est malheureusement vide de sens, demeure alors un polar assez classique d'une plutôt belle tenue, mais à la conclusion peu enthousiasmante. S'offre aussi au lecteur cet étonnant arrière plan d'émeute populaire dont les tenants et aboutissements nous échappent comme ils semblent échapper aux protagonistes ; cette émeute irrigue l'intrigue, s'impose peu à peu, fascine et effraie simultanément, semble susceptible de basculer dans d'infinies directions, selon qu'elle soit conduite par les militants les plus beaux ou les brutes les plus nauséabondes. L'auteur Lozes ne pose pas véritablement de regard sur elle, sans non plus que cela devienne un début de point de vue sur les mouvements sociaux contemporains, ni une mise en perspective des conflits armés ou une réflexion sur l'engagement. La naïveté de cette présence est pourtant belle.
La Mort à lunettes
Un one-shot que j'ai du relire deux fois pour être certain d'avoir bien compris l'intrigue, vu que c'est le genre de récit à relire lorsqu'on a lu la fin. Je ne suis pas certain si j'ai bien tout compris correctement, parce qu'il y a des détails qui sont surtout survolés. En fait, pour moi ce récit montre les forces et les faiblesses du défunt scénariste Tome. Il y a une bonne idée de départ, j'aime bien les dialogues et il montre bien les contradictions de la société américaine...sauf que je trouve que le scénario va un peu trop vite et n'approfondit pas certains éléments et il y aussi quelques facilités. Cela reste tout de même un one-shot globalement sympathique à lire si on est fan de polar/thriller, et le dessin est très bon.
Le Chœur des sardinières
Tout semble immuable à Douarnenez en 1824. Tout tourne autour de l'industrie de la pêche à la sardine : un homme est un pêcheur, une femme travaille à l'usine de traitement et de mise en conserve. Mais il suffit d'un petit grain de sale pour tout faire dérailler : une chanson un brin provocatrice, le sentiment grandissant d'être surexploitée... C'est comme ça que les ouvrières commencent à se rebiffer, à faire grève, tenir tête aux gendarmes, aux casseurs de grèves, jusqu'au jour où survient un drame. Mona et ses amies décident d'aller au bout, pas comme leurs devancières 20 ans plus tôt, qui avaient craqué face à l'urgence économique. La montée des syndicats, la prise de conscience féministe, à un stade primitif, tout cela les amène à faire plier leurs patrons, avec l'aide des édiles de la ville, et même du ministre du Travail de l'époque. Léah Touitou nous rappelle donc que la lutte des classes ne date pas d'hier, mais d'il y a 200 ans au moins (sans compter la Révolution et d'autres évènements marquants de notre Histoire, bien sûr), et nous raconte tout cela sans fioriture, avec fraicheur, au travers des yeux de Mona, une mère de famille qui connaît ses limites financières mais décide d'aller au bout, malgré les fortes réticences de son mari. Elle ajoute donc à cet épisode historique un peu d'intimisme, pour donner plus de chair à l'anecdote historique. Max Lewka se charge de la partie graphique, dans u style semi-réaliste qui manque encore de maturité. J'avais parfois du mal à être sûr d'être en présence de Mona, heureusement les dialogues étaient là. Un épisode important, qui peut être inspirant pour celles qui se battent encore pour l'égalité salariale, le respect des travailleuses dans certaines branches. A ce titre la dernière séquence, avec les quatre femmes de l'histoire, assume son côté prophétique.
Muraqqa'
L’album m’a permis de découvrir un certain nombre de choses sur le fonctionnement de la cour et du harem d’un empereur Moghol du XVIIème siècle. Car Emilio Ruiz semble bien documenté – en tout cas son récit et sa présentation des personnages clés (l’empereur lui-même n’apparait pas encore) est tout à fait crédible. Il est donc dommageable que la série ait été abandonnée, car on s’arrête presque à la présentation. Les bases sont en place, mais la mécanique de l’intrigue n’est pas encore vraiment activée, les relations entre les membres de la cour et du harem sont juste esquissées, et on en restera là. Ça se laisse lire agréablement, avec intérêt pour le sujet. Mais c’est aussi très lent, et il ne se passe finalement pas grand-chose (sans doute quelques complots et rivalités de cour, entre les femmes du harem, mais aussi autour des fils de l’empereur, étaient-ils prévus pour dynamiser l’intrigue ?). Le dessin d’Ana Miralles est à la fois bon et beau. J’ai bien aimé aussi la colorisation, très lumineuse. Bref, une lecture globalement plaisante, mais qui nous laisse sur notre faim avec l’abandon de la série. Note réelle 2,5/5.
Xi Jinping - L'Empereur du silence
C’est une lecture que j’ai trouvée instructive, intéressante, mais qui m’a un peu laissé sur ma faim au niveau de la forme. Je ne connaissais pas grand-chose de la vie du nouveau dirigeant chinois, ni des étapes lui ayant permis d’accéder au sommet du pouvoir. Je me disais juste que cet itinéraire devait probablement être un minimum sinueux. C’est le principal mérite de cet album de m’éclairer – et plutôt bien – là-dessus. En effet, c’est clair et complet. Comme je le subodorait un peu, Xi Jinping n’est pas sorti de nulle-part. c’est le fils d’un haut dirigeant de l’époque Mao, et il a ainsi pu fréquenter les meilleures écoles des enfants de dignitaires du Parti, côtoyer la fine fleur de la Nomenklatura très jeune. Mais son parcours a été quand même pas mal ballotté, puisque son père – et sa famille par contrecoup – est tombé en disgrâce. Il a ainsi goûté aux méthodes répressives (durant les vingt dernières années du pouvoir maoïste), tout en ayant finalement toujours été relativement protégé par certains caciques en souvenir de son père. Sa lente ascension est ensuite bien expliquée. Un sujet intéressant, mais qui peut être rébarbatif et aride. Et je trouve que le traitement appuie un peu là où ça fait mal. En effet, j’ai trouvé que la narration, claire au demeurant, manquait singulièrement de souffle. C’est assez scolaire et il manque sans doute certains à côtés qui auraient pu rendre l’ensemble moins sec. D’autant plus que le dessin – lui aussi très clair et précis – est assez froid. Un trait fin, du Noir et Blanc efficace, mais qui manque de « personnalité ». Mais bon, je suis sorti quand même satisfait de ce que j’ai appris. Plus du contenu que de la forme en fait.
Le Livre des merveilles
Sans être exceptionnel, cet album est quand même très agréable à lire. Et à regarder d’ailleurs. Le dessin n’est jamais très détaillé. Mais j’ai bien aimé le rendu, qui joue souvent sur des fonds brumeux, avec une colorisation assez douce, qui amène à la rêverie, au voyage. Finalement bien plus que l’histoire elle-même. Il est pourtant question d’un des grands voyages mythiques, celui de Marco Polo, raconté ici – ou fantasmé – par bribes. Mais sans que le grandiose ne s’invite. Quelques passages où le merveilleux médiéval apparaît, aux airs d’affabulations poétiques. Mais ça reste trop souvent trop sage. Mais ça se laisse quand même lire. Si aucun personnage n’est réellement captivant, le beau dessin et quelques aventures du bout du monde, même parfois seulement esquissées, font qu’on ne s’ennuie pas. Et le mystère relatif entretenu sur la fin autour du narrateur n’est pas déplaisant.
Lucky Luke - Les Indomptés
Bon pastiche. Contrairement au reste de la collection "Lucky Luke vu par...", ici on retrouve assez bien l'ambiance et le type de récits des aventures de la série mère. Certes, au niveau de la mise en scène et du dessin on voit la différence (même si Blutch utilise essaye ici de de vraiment se rapprocher du dessin de Morris, ne serait-ce que sur les couleurs), mais vraiment je trouve qu'en terme de ton la série colle bien avec Lucky Luke. Mais au delà de la fidélité au matériau de base, l'album est surtout bon pour son humour. On retrouve tout du long un mélange d'humour con et de blagues à froid (les gags autour de l'incompétence absolue du shérif m'ont particulièrement faite rire). La famille de criminel-le-s avec les enfants intenables est sans conteste le point fort de l'album (il faut dire aussi qu'il s'agit du sujet central). Oui, franchement bonne lecture.