J'attendais certainement plus de cette lecture. En fait le sous titre résume assez bien l'histoire. C'est l'histoire du soldat Diop en 1917. A travers lui il y a bien un hommage aux soldats d'outre-mer impliqués malgré eux dans cette boucherie. Mais c'est traité de façon assez expéditive à travers l'assaut meurtrier du tristement célèbre Chemin des Dames. Même si un vieux lecteur comme moi n'y apprend pas grand chose, ce petit rappel historique ne fait pas de mal à ceux qui voudraient oublier cette dette que la France garde pour les enfants de ces pays. La construction du récit est linéaire et sans surprise avec un final presque en Happy End sympa mais un peu convenu.
Le graphisme est un peu inégal en fonction des scènes. J'ai beaucoup aimé la scène de l'assaut très dynamique dans une atmosphère assez fantastique avec ce choix de mettre beaucoup de brouillard et d'obscurité dans l'histoire. J'ai aussi apprécié la scène finale africaine avec ses très belles couleurs ocres.
Une bonne lecture simple sans polémique ni jugement accessible à un large public ( dès le collège).
C’est un ouvrage pétri de qualités, plutôt exigeant, et qui fera fuir tous les lecteurs recherchant de l’action, ou qui sont réfractaires à la mélancolie, aux longs espaces imprégnés d’ennui, aux questionnements existentiels qui dominent ici.
C’est vraiment du roman graphique pur. Un aspect accentué par les nombreux passages très littéraires, avec uniquement du texte, qui entrecoupent les différents chapitres.
J’ai eu du mal à entrer dans « l’intrigue ». Y en a-t-il véritablement une d’ailleurs ? C’est une somme d’histoires, de plusieurs personnages indépendants les uns des autres, et j’ai longtemps attendu que toutes les pièces du puzzle se rassemblent. Pour compliquer le tout, quatre grandes parties sont introduites par une histoire où nous suivons une sorte d’enfant sauvage – ou un gamin préhistorique – dans des aventures n’ayant a priori aucun lien avec l’histoire ou les histoires principales.
Pedrosa use de divers style ou colorisation, ce qui concourt à dérouter le lecteur, même si cela donne aussi une touche agréable au récit.
Je n’ai sans doute pas tout compris. Mais globalement la lecture a été plaisante.
Note réelle 3,5/5.
Un polar qui se laisse lire. Et qui a le mérite de nous faire visiter Barcelone, et pas mal d’œuvres de Gaudi (on peut d’ailleurs aussi lire cet album comme une déclaration d’amour des auteurs à Gaudi).
Mais, si l’intrigue est parsemée de meurtres et de cadavres, elle n’est pas si dynamique et rythmée que ça. La faute à l’inspecteur, plus cérébral qu’homme d’action. La faute aussi au scénario, qui peine à densifier l’histoire et à ménager des surprises (et les nombreux passages quasi didactiques autour de Gaudi ralentissent un peu la narration parfois). J’ai aussi eu du mal à accepter ces « visions » ou illusions d’optique donnant naissance au « fantôme ».
Le dessin est agréable et très lisible.
Au final, une lecture sympathique, sans plus, sur laquelle je ne reviendrai pas.
Comme beaucoup de monde je connais le roman de Jane Austen par le biais de son adaptation par Joe Wright en 2005 avec Keira Knightley et Mathew Mc Fadyen. Un film assez beau, mais également fade au regard de la puissance de satire sociale de l'œuvre originale. Ici l'adaptation est réalisée par une scénariste allemande et une dessinatrice néerlandaise.
J'ai l'impression que la scénariste est bel et bien repartie du roman d'Austen pour construire son histoire, car les hésitations, les non-dits, les moments de silence sont bien présents dans cet album. Quelques croquis présents en annexes montrent le travail de recherche sur les vêtements, surtout féminins, et on voit un souci de construire des décors vraisemblables bien que sans génie. Idem la mise en scène est sage, trop sage, trop à l'image de cette société aristocratique anglaise, engoncée dans ses contradictions. Je note le talent de Tara Spruit pour faire de jolis visages, mais j'ai trouvé qu'ils se ressemblaient souvent. Ainsi quatre des filles de Mr et Mme Bennet ont-elles EXACTEMENT la même tête, la même coupe et couleur de cheveux. Heureusement qu'Elizahbeth se détache assez vite. Mais par exemple je n'ai jamais compris qui est cette femme qui contre toute attente épouse M. Collins, tant elle ressemblait à plusieurs autres personnages...
Ces petits défauts m'empêchent hélas de mettre une note plus élevée à cette BD, qui bénéficie toutefois d'une attention éditoriale toute particulière de la part de Jungle, avec une belle couverture et l'ouverture d'une nouvelle collection qui annonce d'autres titres du même tonneau.
Avec sa couverture attirante, son grand format, son dois toilé, et sa pagination élevée, on a entre les mains un bel objet qui ne demande qu'à être lu. Cette histoire nous emmènera au 12e siècle dans le royaume de Gris, une région où la vie est rude. Les taxes sont importantes, les maladies courantes, les percepteurs ont le coup de fouet facile, et les brigands n'hésitent pas à voler tout ce qu'ils peuvent. Dans ce climat, le fils du seigneur local, Pierre de Brume, réapparait après des années passées à la guerre. Il retrouve Marion, son amour de jeunesse devenue une sorcière guérisseuse, mais qui ne voit pas vraiment son retour d'un bon oeil.
Visuellement l'album est agréable. Les couleurs sont un peu ternes, mais c'est raccord avec l'ambiance. Il y a quelques cases pleine planche plutôt remarquables. Le récit démarre calmement, l'avantage de raconter une histoire en 240 pages, c'est que l'auteur prend le temps de planter le décor, de présenter les personnages, ce qu'ils sont aujourd'hui, les liens qu'ils avaient par le passé. On découvre des personnages qui ont grandi dans la violence et dont les blessures ne sont pas refermées. La mise en place est solide et laisse entrevoir pas mal de potentiel pour ce récit.
Quelques longueurs se font ressentir dans le développement. Le recours aux flashbacks est très fréquent, on alterne continuellement le passé et le présent. La narration est basée la dessus, c'est comme ça qu'on découvre progressivement les secrets du passé. C'est parfois au détriment de l'action dans le présent, qui tarde à offrir des péripéties.
Pierre qui renie son père, s'entoure de Will, de Jean et ils volent aux riches pour donner aux pauvres. Le parallèle avec Robin des Bois est très clair, mais il n'y a pas le petit twist qui revisite le mythe. C'est simplement une partie au service de l'histoire principale. Celle-ci à une très légère touche fantastique qui n'est pas déplaisante et donne un coté mystique à Marion. La fin est elle un peu prévisible, plus on avance dans le récit, plus on sent que ça va finir comme ça. Avec une violence latente du début à la fin, on ne pouvait pas vraiment attendre autre chose.
Au final on a une histoire plaisante qui se distingue par ses personnages forts. Elle contient juste ce qu'il faut d'embuscade, de châteaux, de combat à l'arc et à l'épée, de jalousie et de trahison pour plaire aux amateurs du genre.
J'ai apprécié ce one shot Manga pour les jeunes lecteurs. Shin'ya Komatsu nous entraîne avec le jeune Mitsuru dans un récit fantastique et écologique au milieu du jardin botanique où travaille son père. Comme le jeune homme possède un don avec les plantes, cela lui permet d'accéder à un monde parallèle très surprenant. Le récit est un peu long à se mettre en place et la tension dramatique n'apparait que sur la fin de l'histoire. Malgré ces petites réserves, la narration est fluide d'un bon niveau pour des jeunes lecteurs et sans aucune violence. Cela procure une lecture apaisante bien sympa surtout si vous aimez la flore.
Dans un tel contexte le graphisme est surtout intéressant par la multiplicité et la profusion des formes végétales très détaillés et soignées. J'ai aussi apprécié que l'auteur n'abuse pas des SD propres au genre. Comme souvent en manga les personnages sont lisses mais cela ne gène pas le bon visuel proposé.
Une lecture agréable pour la jeunesse.
Après la lecture de quelques albums parmi les derniers numéros, j'ai trouvé un certain plaisir à cette lecture(?) humoristique un peu (beaucoup) absurde. Je ne suis pas un grand connaisseur de Kid et donc je peux difficilement faire les liens entre les deux série. Toutefois j'aime bien le côté exercices de style à la Raymond Queneau de la série. Bien sûr 23 albums à ce jour, cela sent la vache à lait commerciale mais comme je me suis contenté d'une faible partie de ces 23, je ne me suis pas lassé des gags muets qui sont tous sur le même schéma. Les différents auteurs s'en sortent pas mal de réussir à proposer une page qui tienne le suspens jusqu'à la dernière ligne alors que l'on sait comment cela finit. Le fait que le petit barbare ou la princesse échouent systématiquement si près du but fait partie du sentiment de frustration qui donne une partie de son sel à la série. Comme j'ai bien aimé le graphisme qui mixte l'humour du début de page avec le gore de la dernière case.
Une lecture qui m'a fait sourire de nombreuses fois.
J’ai été intrigué par le pitch. Mais surtout, moi qui suis grand amateur du travail de Schuiten sur Les Cités obscures, je n’ai pu qu’être accroché par les déclarations d’admiration de Blake pour Schuiten, et l’entretien croisé entre les deux en fin d’album.
Et du coup je suis resté sur ma faim, j’en attendais sans doute autre chose, ou quelque chose « meilleur » ? En tout cas, s’il y a bien ici certains points communs – lointains selon moi – avec les architectures oniriques de Schuiten, j’ai trouvé le rendu beaucoup plus et beaucoup trop froid. Il n’y a pas ici la poésie évanescente des Cités obscures (le contexte est aussi différent cela dit).
Surtout, j’ai vraiment eu beaucoup de mal à entrer dans l’histoire. Les premiers chapitres ne sont pas d’une clarté folle. Puis, petit à petit, j’ai vu où Blake voulait en venir, et cette quête de la jeune femme, qui cherche à retrouver ses parents « disparus » dans un monde parallèle, est un peu plus facile à suivre. Même si au final on n’a pas d’explication « technique », ni d’ailleurs de conclusion réellement claire, ça reste à ce niveau aussi contemplatif, à la libre appréciation du lecteur. Pourquoi pas ?
Mais pas mal de choses m’ont échappé. Les types tirant au lance-roquette sur Staden par exemple, ou tout simplement l’intérêt de ce monde parallèle. Et rien n’est dit du monde de « départ » (et pourquoi l’avoir situé dans plus de 2000 ans).
De nombreuses planches muettes et belles entrainent un récit planant, un peu abscons. Pas désagréable, mais il ne m’a pas captivé comme je l’aurais espéré.
Second récit consacré à la survie en milieu hostile imaginé par Chrisophe Bec. Après la haute montagne, direction la prison la plus dangereuse du Brésil pour cet opus.
Bec a mis en scène ses personnages dans ce qui doit probablement être un des pires endroits sur terre. Une prison dont le contrôle a totalement échappé aux surveillants. Les trafics en tout genre (drogue, prostitution) sont omniprésent dans chaque allée. Le tout est accompagné d'affrontements entre plusieurs gangs de narco trafiquants et de néo-nazis. On à l'impression d'être moins en sécurité derrière les barreaux, que dehors. Au milieu de tout ce monde, deux personnages aux buts différents vont essayer de profiter d'une émeute pour se faire la belle.
Les personnages secondaires sont assez nombreux, il n'est pas toujours facile de les reconnaitre, mais cela ne pénalise pas vraiment la compréhension. Au milieu des coups de poings, de couteaux, de flingues, il ne restera de toute façon pas grand monde à la fin. Du coup c'est pas dramatique de ne pas savoir qui a provoqué qui, ou qui a magouillé avec qui. C'est un pur récit d'action, violent, dans lequel ça bastonne régulièrement. Un peu trop même. C'est le genre d'histoire pas prise de tête, ça fonctionne, si bien sur on est ok avec ce type de récit un peu bourrin.
Le cahier des charges est rempli, mais ça n'aurait pas été mal si il y avait eu quelques subtilités et quelques surprises supplémentaires dans l'intrigue.
Lire la série des Franvals c’est se replonger dans l’atmosphère du journal Tintin des années 60/70. Une série d’aventure classique, ou le héros Marc Franval n’est pas un journaliste mais un cameraman qui parcourt le monde avec sa femme et son fils en quête de reportages. Évidemment tout cela n’est qu’un prétexte pour vivre de grandes aventures autour du monde. Les scénarios de Duval sont très solides même s’il ne faut pas espérer y trouver une grande originalité. On se situe ici dans le pur style des récits d’aventure de l’époque. Graphiquement Édouard Aidans cherche encore son style. Il n’a pas encore le coup de crayon qui sera le sien avec « Tounga ». Initialement publiée dans la collection « Jeune Europe », Cette série était un peu tombée dans l’oubli mais les éditions BD Must ont eu la bonne idée de la rééditer dans une intégrale de 12 tomes.
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Demba Diop
J'attendais certainement plus de cette lecture. En fait le sous titre résume assez bien l'histoire. C'est l'histoire du soldat Diop en 1917. A travers lui il y a bien un hommage aux soldats d'outre-mer impliqués malgré eux dans cette boucherie. Mais c'est traité de façon assez expéditive à travers l'assaut meurtrier du tristement célèbre Chemin des Dames. Même si un vieux lecteur comme moi n'y apprend pas grand chose, ce petit rappel historique ne fait pas de mal à ceux qui voudraient oublier cette dette que la France garde pour les enfants de ces pays. La construction du récit est linéaire et sans surprise avec un final presque en Happy End sympa mais un peu convenu. Le graphisme est un peu inégal en fonction des scènes. J'ai beaucoup aimé la scène de l'assaut très dynamique dans une atmosphère assez fantastique avec ce choix de mettre beaucoup de brouillard et d'obscurité dans l'histoire. J'ai aussi apprécié la scène finale africaine avec ses très belles couleurs ocres. Une bonne lecture simple sans polémique ni jugement accessible à un large public ( dès le collège).
Les Equinoxes
C’est un ouvrage pétri de qualités, plutôt exigeant, et qui fera fuir tous les lecteurs recherchant de l’action, ou qui sont réfractaires à la mélancolie, aux longs espaces imprégnés d’ennui, aux questionnements existentiels qui dominent ici. C’est vraiment du roman graphique pur. Un aspect accentué par les nombreux passages très littéraires, avec uniquement du texte, qui entrecoupent les différents chapitres. J’ai eu du mal à entrer dans « l’intrigue ». Y en a-t-il véritablement une d’ailleurs ? C’est une somme d’histoires, de plusieurs personnages indépendants les uns des autres, et j’ai longtemps attendu que toutes les pièces du puzzle se rassemblent. Pour compliquer le tout, quatre grandes parties sont introduites par une histoire où nous suivons une sorte d’enfant sauvage – ou un gamin préhistorique – dans des aventures n’ayant a priori aucun lien avec l’histoire ou les histoires principales. Pedrosa use de divers style ou colorisation, ce qui concourt à dérouter le lecteur, même si cela donne aussi une touche agréable au récit. Je n’ai sans doute pas tout compris. Mais globalement la lecture a été plaisante. Note réelle 3,5/5.
Le Fantôme de Gaudi
Un polar qui se laisse lire. Et qui a le mérite de nous faire visiter Barcelone, et pas mal d’œuvres de Gaudi (on peut d’ailleurs aussi lire cet album comme une déclaration d’amour des auteurs à Gaudi). Mais, si l’intrigue est parsemée de meurtres et de cadavres, elle n’est pas si dynamique et rythmée que ça. La faute à l’inspecteur, plus cérébral qu’homme d’action. La faute aussi au scénario, qui peine à densifier l’histoire et à ménager des surprises (et les nombreux passages quasi didactiques autour de Gaudi ralentissent un peu la narration parfois). J’ai aussi eu du mal à accepter ces « visions » ou illusions d’optique donnant naissance au « fantôme ». Le dessin est agréable et très lisible. Au final, une lecture sympathique, sans plus, sur laquelle je ne reviendrai pas.
Orgueil et préjugés
Comme beaucoup de monde je connais le roman de Jane Austen par le biais de son adaptation par Joe Wright en 2005 avec Keira Knightley et Mathew Mc Fadyen. Un film assez beau, mais également fade au regard de la puissance de satire sociale de l'œuvre originale. Ici l'adaptation est réalisée par une scénariste allemande et une dessinatrice néerlandaise. J'ai l'impression que la scénariste est bel et bien repartie du roman d'Austen pour construire son histoire, car les hésitations, les non-dits, les moments de silence sont bien présents dans cet album. Quelques croquis présents en annexes montrent le travail de recherche sur les vêtements, surtout féminins, et on voit un souci de construire des décors vraisemblables bien que sans génie. Idem la mise en scène est sage, trop sage, trop à l'image de cette société aristocratique anglaise, engoncée dans ses contradictions. Je note le talent de Tara Spruit pour faire de jolis visages, mais j'ai trouvé qu'ils se ressemblaient souvent. Ainsi quatre des filles de Mr et Mme Bennet ont-elles EXACTEMENT la même tête, la même coupe et couleur de cheveux. Heureusement qu'Elizahbeth se détache assez vite. Mais par exemple je n'ai jamais compris qui est cette femme qui contre toute attente épouse M. Collins, tant elle ressemblait à plusieurs autres personnages... Ces petits défauts m'empêchent hélas de mettre une note plus élevée à cette BD, qui bénéficie toutefois d'une attention éditoriale toute particulière de la part de Jungle, avec une belle couverture et l'ouverture d'une nouvelle collection qui annonce d'autres titres du même tonneau.
Mémoires de Gris
Avec sa couverture attirante, son grand format, son dois toilé, et sa pagination élevée, on a entre les mains un bel objet qui ne demande qu'à être lu. Cette histoire nous emmènera au 12e siècle dans le royaume de Gris, une région où la vie est rude. Les taxes sont importantes, les maladies courantes, les percepteurs ont le coup de fouet facile, et les brigands n'hésitent pas à voler tout ce qu'ils peuvent. Dans ce climat, le fils du seigneur local, Pierre de Brume, réapparait après des années passées à la guerre. Il retrouve Marion, son amour de jeunesse devenue une sorcière guérisseuse, mais qui ne voit pas vraiment son retour d'un bon oeil. Visuellement l'album est agréable. Les couleurs sont un peu ternes, mais c'est raccord avec l'ambiance. Il y a quelques cases pleine planche plutôt remarquables. Le récit démarre calmement, l'avantage de raconter une histoire en 240 pages, c'est que l'auteur prend le temps de planter le décor, de présenter les personnages, ce qu'ils sont aujourd'hui, les liens qu'ils avaient par le passé. On découvre des personnages qui ont grandi dans la violence et dont les blessures ne sont pas refermées. La mise en place est solide et laisse entrevoir pas mal de potentiel pour ce récit. Quelques longueurs se font ressentir dans le développement. Le recours aux flashbacks est très fréquent, on alterne continuellement le passé et le présent. La narration est basée la dessus, c'est comme ça qu'on découvre progressivement les secrets du passé. C'est parfois au détriment de l'action dans le présent, qui tarde à offrir des péripéties. Pierre qui renie son père, s'entoure de Will, de Jean et ils volent aux riches pour donner aux pauvres. Le parallèle avec Robin des Bois est très clair, mais il n'y a pas le petit twist qui revisite le mythe. C'est simplement une partie au service de l'histoire principale. Celle-ci à une très légère touche fantastique qui n'est pas déplaisante et donne un coté mystique à Marion. La fin est elle un peu prévisible, plus on avance dans le récit, plus on sent que ça va finir comme ça. Avec une violence latente du début à la fin, on ne pouvait pas vraiment attendre autre chose. Au final on a une histoire plaisante qui se distingue par ses personnages forts. Elle contient juste ce qu'il faut d'embuscade, de châteaux, de combat à l'arc et à l'épée, de jalousie et de trahison pour plaire aux amateurs du genre.
Un été à Tsurumaki
J'ai apprécié ce one shot Manga pour les jeunes lecteurs. Shin'ya Komatsu nous entraîne avec le jeune Mitsuru dans un récit fantastique et écologique au milieu du jardin botanique où travaille son père. Comme le jeune homme possède un don avec les plantes, cela lui permet d'accéder à un monde parallèle très surprenant. Le récit est un peu long à se mettre en place et la tension dramatique n'apparait que sur la fin de l'histoire. Malgré ces petites réserves, la narration est fluide d'un bon niveau pour des jeunes lecteurs et sans aucune violence. Cela procure une lecture apaisante bien sympa surtout si vous aimez la flore. Dans un tel contexte le graphisme est surtout intéressant par la multiplicité et la profusion des formes végétales très détaillés et soignées. J'ai aussi apprécié que l'auteur n'abuse pas des SD propres au genre. Comme souvent en manga les personnages sont lisses mais cela ne gène pas le bon visuel proposé. Une lecture agréable pour la jeunesse.
Game Over
Après la lecture de quelques albums parmi les derniers numéros, j'ai trouvé un certain plaisir à cette lecture(?) humoristique un peu (beaucoup) absurde. Je ne suis pas un grand connaisseur de Kid et donc je peux difficilement faire les liens entre les deux série. Toutefois j'aime bien le côté exercices de style à la Raymond Queneau de la série. Bien sûr 23 albums à ce jour, cela sent la vache à lait commerciale mais comme je me suis contenté d'une faible partie de ces 23, je ne me suis pas lassé des gags muets qui sont tous sur le même schéma. Les différents auteurs s'en sortent pas mal de réussir à proposer une page qui tienne le suspens jusqu'à la dernière ligne alors que l'on sait comment cela finit. Le fait que le petit barbare ou la princesse échouent systématiquement si près du but fait partie du sentiment de frustration qui donne une partie de son sel à la série. Comme j'ai bien aimé le graphisme qui mixte l'humour du début de page avec le gore de la dernière case. Une lecture qui m'a fait sourire de nombreuses fois.
Horizons obliques
J’ai été intrigué par le pitch. Mais surtout, moi qui suis grand amateur du travail de Schuiten sur Les Cités obscures, je n’ai pu qu’être accroché par les déclarations d’admiration de Blake pour Schuiten, et l’entretien croisé entre les deux en fin d’album. Et du coup je suis resté sur ma faim, j’en attendais sans doute autre chose, ou quelque chose « meilleur » ? En tout cas, s’il y a bien ici certains points communs – lointains selon moi – avec les architectures oniriques de Schuiten, j’ai trouvé le rendu beaucoup plus et beaucoup trop froid. Il n’y a pas ici la poésie évanescente des Cités obscures (le contexte est aussi différent cela dit). Surtout, j’ai vraiment eu beaucoup de mal à entrer dans l’histoire. Les premiers chapitres ne sont pas d’une clarté folle. Puis, petit à petit, j’ai vu où Blake voulait en venir, et cette quête de la jeune femme, qui cherche à retrouver ses parents « disparus » dans un monde parallèle, est un peu plus facile à suivre. Même si au final on n’a pas d’explication « technique », ni d’ailleurs de conclusion réellement claire, ça reste à ce niveau aussi contemplatif, à la libre appréciation du lecteur. Pourquoi pas ? Mais pas mal de choses m’ont échappé. Les types tirant au lance-roquette sur Staden par exemple, ou tout simplement l’intérêt de ce monde parallèle. Et rien n’est dit du monde de « départ » (et pourquoi l’avoir situé dans plus de 2000 ans). De nombreuses planches muettes et belles entrainent un récit planant, un peu abscons. Pas désagréable, mais il ne m’a pas captivé comme je l’aurais espéré.
Survival - Aparecida Prison
Second récit consacré à la survie en milieu hostile imaginé par Chrisophe Bec. Après la haute montagne, direction la prison la plus dangereuse du Brésil pour cet opus. Bec a mis en scène ses personnages dans ce qui doit probablement être un des pires endroits sur terre. Une prison dont le contrôle a totalement échappé aux surveillants. Les trafics en tout genre (drogue, prostitution) sont omniprésent dans chaque allée. Le tout est accompagné d'affrontements entre plusieurs gangs de narco trafiquants et de néo-nazis. On à l'impression d'être moins en sécurité derrière les barreaux, que dehors. Au milieu de tout ce monde, deux personnages aux buts différents vont essayer de profiter d'une émeute pour se faire la belle. Les personnages secondaires sont assez nombreux, il n'est pas toujours facile de les reconnaitre, mais cela ne pénalise pas vraiment la compréhension. Au milieu des coups de poings, de couteaux, de flingues, il ne restera de toute façon pas grand monde à la fin. Du coup c'est pas dramatique de ne pas savoir qui a provoqué qui, ou qui a magouillé avec qui. C'est un pur récit d'action, violent, dans lequel ça bastonne régulièrement. Un peu trop même. C'est le genre d'histoire pas prise de tête, ça fonctionne, si bien sur on est ok avec ce type de récit un peu bourrin. Le cahier des charges est rempli, mais ça n'aurait pas été mal si il y avait eu quelques subtilités et quelques surprises supplémentaires dans l'intrigue.
Les Franval
Lire la série des Franvals c’est se replonger dans l’atmosphère du journal Tintin des années 60/70. Une série d’aventure classique, ou le héros Marc Franval n’est pas un journaliste mais un cameraman qui parcourt le monde avec sa femme et son fils en quête de reportages. Évidemment tout cela n’est qu’un prétexte pour vivre de grandes aventures autour du monde. Les scénarios de Duval sont très solides même s’il ne faut pas espérer y trouver une grande originalité. On se situe ici dans le pur style des récits d’aventure de l’époque. Graphiquement Édouard Aidans cherche encore son style. Il n’a pas encore le coup de crayon qui sera le sien avec « Tounga ». Initialement publiée dans la collection « Jeune Europe », Cette série était un peu tombée dans l’oubli mais les éditions BD Must ont eu la bonne idée de la rééditer dans une intégrale de 12 tomes.