Le joueur de flûte de Hamelin est une adaptation d'un conte des frères Grimm.
Un récit qui évoque le désastre censé être survenu le 26 juin 1284 dans le village de Hamelin en Allemagne. Je ne vais pas vous faire l'affront d'un résumé de cette histoire.
Une adaptation qui va prendre quelques libertés avec le récit original. On va donc découvrir une histoire d'amour entre le musicien et une jeune fille de Hamelin. Elle est devenue sourde après un accident étant enfant. Et la fin du conte est légèrement modifiée.
Je trouve que le récit tire en longueur dans la première moitié de l'album. Certes, il faut planter l'intrigue et les personnages mais c'est mou et pas des plus passionnants. Et les protagonistes manquent de moelle. Par contre, sans être extraordinaire, la seconde partie est plus captivante et les personnages prennent enfin du poil de la bête.
La partie graphique est agréable à regarder, elle fait très comics, tout en empruntant au manga pour l'expressivité excessive de certains visages. J'ai aimé la colorisation. Une mise en page classique mais efficace.
Du bon boulot.
Une curiosité.
1915, l'armée française déploie ses bataillons de chasseurs alpins pour déloger les Allemands des sommets des Vosges. Censés être l'élite de l'armée française, leurs rangs contiennent pourtant nombre de jeunes recrues, à l'image d'Antoine Granet, ancien berger engagé pour sa patrie. Dans un décor de beauté sauvage et de montagnes, ces jeunes hommes vont être jetés contre les fortifications et les tirs de mitrailleuses des Allemands dans une bataille qui s'éternisera des mois et verra le massacre de beaucoup de soldats.
Cet album est un hommage au sacrifice de ces chasseurs alpins envoyés combattre dans l'absurdité d'une guerre où les hommes ne sont que des pions obéissant à des ordres irréfléchis. Victor Lepointe les met en image dans des décors de forêts enneigées, avec un dessin soigné et des couleurs toute en ambiance. C'est joli quoiqu'un peu répétitif puisque paysages et personnages resteront identiques tout au long de l'album.
De même, malgré les mois qui s'écoulent, l'intrigue donne l'impression qu'il ne s'y passe pas grand chose. Moments d'attente dans le froid, brèves discussions désabusées entre soldats, massacres abrupts et combats essentiellement passés à tenter de se cacher des balles qui fusent de partout. Tout ça pour rien. Certes l'absurdité et l'inutilité de ces batailles et de toutes ces morts finit par ressortir, mais aussi l'impression qu'il ne s'est rien passé. D'autant que malgré quelques tentatives de l'auteur de nous le rendre plus humain, le héros reste assez distant et le lecteur aura du mal à s'y attacher particulièrement.
Joli dessin et louable hommage aux soldats morts pour la France dans des circonstances navrantes, mais lecture un peu vaine et convenue.
Rah, c'est embêtant ... J'aurais voulu noter plus, j'aurais voulu dire que c'est excellent ! Mais ce n'est pas le cas et c'est frustrant parce qu'il y avait un énorme potentiel dans cette histoire.
Ça commence par une amourette de jeunesse entre une jeune femme dansant dans un cabaret et un jeune artiste dessinateur qui ne peuvent pas vivre, manquant d'argent. Le destin les sépare et très vite le récit embraye sur son réel sujet : le magazine Gentlemind et ce qu'il permet de dire de la société américaine. Et là, on a déjà un premier problème : la BD n'a pas eu assez le temps de se développer. Elle traitera, en vrac, de féminisme et d'émancipation des femmes, d'amour contrariés, de la presse, de son pouvoir, des nouvelles générations d'écrivains, du vrai et du faux, de la photographie et de son impact, de nazisme, de maccarthysme, de temps qui passe, de révolutions, d'appartenance ethnique ... Et je suis certain d'en avoir oublié plein ! C'est une véritable accumulation de sujets, parfois traités seulement en une ou deux pages, qui passent trop vite mais surtout noient un peu trop le propos. Parce qu'au sortir de cette BD, j'ai un réel doute sur le sujet central. C'est tellement éparpillé en tout sens qu'il est difficile de dire sur quoi les auteurs ont voulu se concentrer : si le personnage de Navit est clairement central au récit, je trouve que sa romance avec Arch est trop centrale pour l'intérêt réel qu'elle occupe. Il manque vraiment le fil rouge de l'ensemble, clair et net, pour qu'on s'y retrouve.
Si je dis ça, c'est que je suis assez frustré quand je vois ce que la BD propose. Il y a une réelle intention narrative qui me plait : parler des années 40 puis 50 sous le prisme de la modernité qui arrive mais aussi de tout ce qui change à ce moment-là : la question des femmes, des minorités latinos, les révolutions et l'hégémonie américaine, le pouvoir de la presse, les technologies qui débarquent, mais aussi l'évolution de la presse au fur et à mesure de l'évolution sociétale ! Il y a beaucoup de choses que j'ai apprécié dans le discours, mais aussi dans les personnages. Maggie, par exemple, est un personnage parfaitement bien campé, tout comme "Just Jo". Les hommes ne sont pas en reste, les gueules sont vites cernées et franchement sympathiques, leur évolution est intéressante tout comme l'évolution de leurs petites vies. C'est simple mais efficace et ça donne un aspect "bande" aux gens du journal qu'on voit évoluer ensemble avec plaisir.
Niveau graphisme, c'est assez difficile à dire pour l'appréciation. D'un côté le graphisme est net, il a une patte claire et le style atome rend bien. Surtout que ça fait aussi rétro que l'histoire, donc parfait niveau cohérence ! Cela dit, je dois quand même admettre que plusieurs fois j'étais incertain sur les personnages. Il m'a fallu revenir en arrière pour bien identifier chacun, reconnaitre le détail qui le différencie et même comme ça j'ai eu parfois du mal à m'assurer de qui parlait. C'est dommage, ça ralentit une lecture très appréciable du reste.
En fait, je ressors assez frustré de la BD parce que le potentiel est là, clair et palpable. Il y beaucoup (trop) de bonnes choses, des personnages attachants et des histoires intéressantes. La fin est amère, douce-amère, sur les regrets et les années passés, sur tout ce qui n'a pas pu se faire, mais elle a un côté émouvant qui est malheureusement noyé par la vitesse du deuxième volume. C'est ce qui est frustrant : ça aurait pu être excellent, c'est "seulement" bien.
Donc la lecture est chouette, agréable et même recommandée, mais elle ne sera pas non plus impérissable et c'est dommage. Pour le coup, je me dis qu'une adaptation en série pourrait être excellent !
Une BD sensible sur le sujet de la maladie et du deuil.
La mère de Charlotte est en phase terminale d'un cancer et, au-delà du soutien qu'elle lui apporte en venant la voir régulièrement à l'hôpital (utilisant cette occasion pour diffuser sur Youtube ses vidéos où elle maquille les yeux imberbes de malades qui ont perdu leurs cils et sourcils), elle doit surtout vivre cela avec sa famille qui essaie de garder le sourire autant qu'elle le peut. Sylvain, c'est le nom que la mère de Charlotte a donné à son cancer, dans le but de dédramatiser sa situation. Et la particularité de Charlotte, c'est que l'avatar tentaculaire de Sylvain la suit un peu partout, comme un ami imaginaire sarcastique et trop collant, et qu'ils discutent ensemble de la terrible ironie de la situation.
C'est une lecture qui attire son lot d'émotion puisqu'il s'agit de mettre en scène la perte d'une mère, mais elle n'en dégage pas vraiment plus que ce simple concept. Au delà des quelques discussions imaginaires entre l'héroïne et le cancer de sa mère, elle reste relativement basique sur la forme et aborde des sujets classiques sur le thème du deuil et de l'adolescence. Pas de surprise ni d'innovation. Elle porte toutefois un juste message, celui de la vie qui continue, et il saura probablement toucher ou parler à beaucoup de lecteurs. L'ouvrage n'a pas suffisamment d'impact pour véritablement marquer son lecteur mais il est honnête.
Je n'ai pas vraiment su cerner le public cible de cet album. Il se compose de courtes saynètes en BD plus ou moins humoristiques, ponctuées par la biographie d'écrivains célèbres ou de thèmes et informations littéraires du 19e siècle. Et autant les BD m'ont paru simplistes, presque enfantines dans leur ton, autant les parties en texte sont plus adultes, trop lourdes à lire pour un enfant même si intéressant pour un lecteur plus âgé et traité avec une touche humoristique pour les rendre plus attrayants. Et paradoxalement, mieux vaut connaitre un peu les auteurs mis en scène dans les BD pour comprendre les références et le sujet de leur humour.
J'imagine donc que cette BD pourrait convenir à un élève de Seconde ou de Première qui pourrait ainsi se faire avec légèreté et humour une idée des auteurs et du monde littéraire du 19e siècle en prévision du Bac de Français. Mais la partie BD lui paraitra probablement un peu trop immature pour son âge.
Toujours est-il que le graphisme de ces pages là est bien agréable, un peu mignon et joliment colorisé. Ça donne envie de les lire. Dommage que ce soit un peu trop enfantin à mon goût et du coup pas très drôle.
Sympathique BD qui a une histoire autour des Ojibwés, peuple amérindien, mais qui n'est ici présent que comme toile de fond (peu de marqueurs ethniques sont utilisés par le récit).
La BD a un style de dessin assez sympathique, parfois un peu brouillon mais globalement bien foutu. C'est surtout dans les paysages que l'auteur s'est fait plaisir, ainsi que dans les scènes de nuit. On sent un travail de la lumière dans les cases, c'est joli ! Mais je ne suis pas pour autant fan du style de dessin.
Niveau histoire, c'est assez disparate pour moi. D'un côté j'aime bien les côtés de l'histoire sur l'alcoolisme des amérindiens, la question de la violence familiale, les soucis que peuvent traverser les plus démunis dans l'Amérique profonde. Mais en même temps, je trouve que la question de ressouder brièvement les liens avec une figure de la famille qui revient en coup de vent pour ce dernier moment est un peu forcé. Dans le sens où je ne vois pas ce qu'un enfant doit par essence à des parents, et dans le cas présent c'est même assez difficile de se dire que le gamin lui doit quoi que ce soit. De fait, le message est étrange. Le père a eu une vie pas facile, je veux bien le croire, mais je n'aime pas cette façon de mettre l'enfant en lien forcé.
En fait, je trouve que l'histoire est assez banale dans le déroulé et qu'il y a des choses qui me dérangent sur le traitement de la famille. C'est une partie assez sensible de mon avis, mais personnelle. Et qui est sans doute à mettre en lien avec le roman dont la BD est adaptée. Elle est plaisante mais je ne suis pas plus emballé que ça !
2.5
Et ben je ne suis pas du même avis que Mac Arthur sur ce one-shot. Ça doit être le scénario de Mariko Tamaki qui m'a le plus convaincu jusqu'à présent.
L'histoire n'est pas parfaite. Il y a des longueurs même si le récit se lit rapidement pour un album avec autant de pages. Il y a plusieurs scènes qui ne semblent exister que pour montrer New York. Cela donne des pages très belles à voir, mais à force de voir des scènes de ce genre cela finit par être un peu ennuyeux.
J'ai un peu aimé suivre le voyage des trois héroïnes et l'évolution de leur caractère même si c'est vrai que par moment elles peuvent être insupportables. En fait, c'est surtout une des filles qui a un comportement souvent détestable qui peut tomber sur les nerfs du lecteur même si je pense que c'est voulu de la part des autrices.
Ça se laisse lire, mais ça ne m'a pas trop marqué.
La première fois que j’ai vu cet album, la couverture m’avait fait penser que c’était un nouveau tome d’Alix Senator (graphisme et ambiance y font fortement penser !).
Mais en fait non, c’est un one-shot qui est un polar, ou plutôt qui nous présente un procès à Rome au IIème siècle. Le héros est un « orateur » redouté, qui va ici jouer le rôle d’avocat pour sauver un jeune homme, accusé d’avoir assassiné son père.
L’intrigue et l’enquête sont menées sur un rythme pépère. Notre orateur est une sorte d’Hercule Poirot romain, qui nous fait régulièrement part (via des dialogues avec ses assistants) de ses hypothèses et déductions. Un whodunit antique, quoi.
Du polar très classique donc, avec ce petit plus du dépaysement dans la Rome de l’apogée de l’Empire. Même si les raisonnements me sont parfois apparus trop « modernes », et même si notre bonhomme semble trop facilement pouvoir vérifier ses hypothèses.
Enfin, je n’ai pas compris pourquoi les coupables avouaient si facilement en fin de volume, dispensant notre orateur de fournir des preuves plus solides. Une facilité scénaristique qui m’a un peu gêné.
Pour le reste, l’histoire se laisse lire, le dessin fait le boulot. Une lecture distrayante, mais qui ne m’a pas emporté.
8ème et dernier tome de la série concept "La grande évasion" dont chaque tome est élaboré par un duo ou un trio différent.
Après la lecture de l'ensemble de la série, force est de constater que la qualité de chaque ouvrage est très inégale, le premier tome La Grande évasion - Biribi et La Grande évasion - Tunnel 57 restant pour moi les deux meilleurs de la série et La Grande évasion - Void 01 et La Grande évasion - Le Labyrinthe les pires.
S'agissant de ce tome, je rejoins l'avis précédent de Noirdésir. C'est une BD honnête avec une histoire qui se lit bien et qui ménage un certain suspense. Le dessin et la mise en couleurs sont également plutôt jolis. Mais voilà, il manque quand même ce petit quelque chose selon moi pour en faire une œuvre dont on se souviendra.
Contrairement à certains, j'ai en revanche trouvé sympa l'idée que le personnage légendaire de Tilman Razine n'existe pas réellement mais son incarnation constituant une source d'inspiration et de courage pour les prisonniers. L'évasion reste en revanche peu crédible et trop facile selon moi.
Une BD dans la moyenne de la série mais qui ne me donnera pas forcément envie de m'y replonger.
SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 6/10
GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 7/10
NOTE GLOBALE : 13/20
Un petit ovni (ou plutôt un grand vu le format !) que cet album.
Quasiment muet (quelques dialogues épars apparaissent dans le dernier tiers de l’album), ce récit est original et déroutant.
Un Saint-Nicolas illuminé et quasi millénariste (il y a un peu de la Croisade des enfants dans le cortège de môme qu’il emmène loin des méfaits de la société) traverse l’ouvrage. Sorte d’extension de l’auteur, il nous livre une vision à la fois triste et engagée de notre société.
Il y a là une dénonciation, à la fois violente et poétique des violences policières, des violences symboliques (voir le « repas des puissants » autour de Macron, dispersé, le palais enflammé) des fortes inégalités sociales. La croix portée en slip par notre Saint-Nicolas ajoute l’anticléricalisme à cette charge contre les puissants, qui usent de leur puissance pour écrasés les pauvres, ou ceux qui ne voient pas le monde comme eux (l’album commence par la dispersion violente d’une ZAD).
Un peu défouloir parfois, et pas toujours très clair, le message passe quand même. Thierry Van Hasselt signe ici un ouvrage irrigué d’une saine révolte contre le monde tel qu’il va.
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Le Joueur de flûte de Hamelin
Le joueur de flûte de Hamelin est une adaptation d'un conte des frères Grimm. Un récit qui évoque le désastre censé être survenu le 26 juin 1284 dans le village de Hamelin en Allemagne. Je ne vais pas vous faire l'affront d'un résumé de cette histoire. Une adaptation qui va prendre quelques libertés avec le récit original. On va donc découvrir une histoire d'amour entre le musicien et une jeune fille de Hamelin. Elle est devenue sourde après un accident étant enfant. Et la fin du conte est légèrement modifiée. Je trouve que le récit tire en longueur dans la première moitié de l'album. Certes, il faut planter l'intrigue et les personnages mais c'est mou et pas des plus passionnants. Et les protagonistes manquent de moelle. Par contre, sans être extraordinaire, la seconde partie est plus captivante et les personnages prennent enfin du poil de la bête. La partie graphique est agréable à regarder, elle fait très comics, tout en empruntant au manga pour l'expressivité excessive de certains visages. J'ai aimé la colorisation. Une mise en page classique mais efficace. Du bon boulot. Une curiosité.
Le Tombeau des chasseurs (La Guerre des Loups - L'Enfer du Lingekopf)
1915, l'armée française déploie ses bataillons de chasseurs alpins pour déloger les Allemands des sommets des Vosges. Censés être l'élite de l'armée française, leurs rangs contiennent pourtant nombre de jeunes recrues, à l'image d'Antoine Granet, ancien berger engagé pour sa patrie. Dans un décor de beauté sauvage et de montagnes, ces jeunes hommes vont être jetés contre les fortifications et les tirs de mitrailleuses des Allemands dans une bataille qui s'éternisera des mois et verra le massacre de beaucoup de soldats. Cet album est un hommage au sacrifice de ces chasseurs alpins envoyés combattre dans l'absurdité d'une guerre où les hommes ne sont que des pions obéissant à des ordres irréfléchis. Victor Lepointe les met en image dans des décors de forêts enneigées, avec un dessin soigné et des couleurs toute en ambiance. C'est joli quoiqu'un peu répétitif puisque paysages et personnages resteront identiques tout au long de l'album. De même, malgré les mois qui s'écoulent, l'intrigue donne l'impression qu'il ne s'y passe pas grand chose. Moments d'attente dans le froid, brèves discussions désabusées entre soldats, massacres abrupts et combats essentiellement passés à tenter de se cacher des balles qui fusent de partout. Tout ça pour rien. Certes l'absurdité et l'inutilité de ces batailles et de toutes ces morts finit par ressortir, mais aussi l'impression qu'il ne s'est rien passé. D'autant que malgré quelques tentatives de l'auteur de nous le rendre plus humain, le héros reste assez distant et le lecteur aura du mal à s'y attacher particulièrement. Joli dessin et louable hommage aux soldats morts pour la France dans des circonstances navrantes, mais lecture un peu vaine et convenue.
Gentlemind
Rah, c'est embêtant ... J'aurais voulu noter plus, j'aurais voulu dire que c'est excellent ! Mais ce n'est pas le cas et c'est frustrant parce qu'il y avait un énorme potentiel dans cette histoire. Ça commence par une amourette de jeunesse entre une jeune femme dansant dans un cabaret et un jeune artiste dessinateur qui ne peuvent pas vivre, manquant d'argent. Le destin les sépare et très vite le récit embraye sur son réel sujet : le magazine Gentlemind et ce qu'il permet de dire de la société américaine. Et là, on a déjà un premier problème : la BD n'a pas eu assez le temps de se développer. Elle traitera, en vrac, de féminisme et d'émancipation des femmes, d'amour contrariés, de la presse, de son pouvoir, des nouvelles générations d'écrivains, du vrai et du faux, de la photographie et de son impact, de nazisme, de maccarthysme, de temps qui passe, de révolutions, d'appartenance ethnique ... Et je suis certain d'en avoir oublié plein ! C'est une véritable accumulation de sujets, parfois traités seulement en une ou deux pages, qui passent trop vite mais surtout noient un peu trop le propos. Parce qu'au sortir de cette BD, j'ai un réel doute sur le sujet central. C'est tellement éparpillé en tout sens qu'il est difficile de dire sur quoi les auteurs ont voulu se concentrer : si le personnage de Navit est clairement central au récit, je trouve que sa romance avec Arch est trop centrale pour l'intérêt réel qu'elle occupe. Il manque vraiment le fil rouge de l'ensemble, clair et net, pour qu'on s'y retrouve. Si je dis ça, c'est que je suis assez frustré quand je vois ce que la BD propose. Il y a une réelle intention narrative qui me plait : parler des années 40 puis 50 sous le prisme de la modernité qui arrive mais aussi de tout ce qui change à ce moment-là : la question des femmes, des minorités latinos, les révolutions et l'hégémonie américaine, le pouvoir de la presse, les technologies qui débarquent, mais aussi l'évolution de la presse au fur et à mesure de l'évolution sociétale ! Il y a beaucoup de choses que j'ai apprécié dans le discours, mais aussi dans les personnages. Maggie, par exemple, est un personnage parfaitement bien campé, tout comme "Just Jo". Les hommes ne sont pas en reste, les gueules sont vites cernées et franchement sympathiques, leur évolution est intéressante tout comme l'évolution de leurs petites vies. C'est simple mais efficace et ça donne un aspect "bande" aux gens du journal qu'on voit évoluer ensemble avec plaisir. Niveau graphisme, c'est assez difficile à dire pour l'appréciation. D'un côté le graphisme est net, il a une patte claire et le style atome rend bien. Surtout que ça fait aussi rétro que l'histoire, donc parfait niveau cohérence ! Cela dit, je dois quand même admettre que plusieurs fois j'étais incertain sur les personnages. Il m'a fallu revenir en arrière pour bien identifier chacun, reconnaitre le détail qui le différencie et même comme ça j'ai eu parfois du mal à m'assurer de qui parlait. C'est dommage, ça ralentit une lecture très appréciable du reste. En fait, je ressors assez frustré de la BD parce que le potentiel est là, clair et palpable. Il y beaucoup (trop) de bonnes choses, des personnages attachants et des histoires intéressantes. La fin est amère, douce-amère, sur les regrets et les années passés, sur tout ce qui n'a pas pu se faire, mais elle a un côté émouvant qui est malheureusement noyé par la vitesse du deuxième volume. C'est ce qui est frustrant : ça aurait pu être excellent, c'est "seulement" bien. Donc la lecture est chouette, agréable et même recommandée, mais elle ne sera pas non plus impérissable et c'est dommage. Pour le coup, je me dis qu'une adaptation en série pourrait être excellent !
Sylvain
Une BD sensible sur le sujet de la maladie et du deuil. La mère de Charlotte est en phase terminale d'un cancer et, au-delà du soutien qu'elle lui apporte en venant la voir régulièrement à l'hôpital (utilisant cette occasion pour diffuser sur Youtube ses vidéos où elle maquille les yeux imberbes de malades qui ont perdu leurs cils et sourcils), elle doit surtout vivre cela avec sa famille qui essaie de garder le sourire autant qu'elle le peut. Sylvain, c'est le nom que la mère de Charlotte a donné à son cancer, dans le but de dédramatiser sa situation. Et la particularité de Charlotte, c'est que l'avatar tentaculaire de Sylvain la suit un peu partout, comme un ami imaginaire sarcastique et trop collant, et qu'ils discutent ensemble de la terrible ironie de la situation. C'est une lecture qui attire son lot d'émotion puisqu'il s'agit de mettre en scène la perte d'une mère, mais elle n'en dégage pas vraiment plus que ce simple concept. Au delà des quelques discussions imaginaires entre l'héroïne et le cancer de sa mère, elle reste relativement basique sur la forme et aborde des sujets classiques sur le thème du deuil et de l'adolescence. Pas de surprise ni d'innovation. Elle porte toutefois un juste message, celui de la vie qui continue, et il saura probablement toucher ou parler à beaucoup de lecteurs. L'ouvrage n'a pas suffisamment d'impact pour véritablement marquer son lecteur mais il est honnête.
A l'école des lettres
Je n'ai pas vraiment su cerner le public cible de cet album. Il se compose de courtes saynètes en BD plus ou moins humoristiques, ponctuées par la biographie d'écrivains célèbres ou de thèmes et informations littéraires du 19e siècle. Et autant les BD m'ont paru simplistes, presque enfantines dans leur ton, autant les parties en texte sont plus adultes, trop lourdes à lire pour un enfant même si intéressant pour un lecteur plus âgé et traité avec une touche humoristique pour les rendre plus attrayants. Et paradoxalement, mieux vaut connaitre un peu les auteurs mis en scène dans les BD pour comprendre les références et le sujet de leur humour. J'imagine donc que cette BD pourrait convenir à un élève de Seconde ou de Première qui pourrait ainsi se faire avec légèreté et humour une idée des auteurs et du monde littéraire du 19e siècle en prévision du Bac de Français. Mais la partie BD lui paraitra probablement un peu trop immature pour son âge. Toujours est-il que le graphisme de ces pages là est bien agréable, un peu mignon et joliment colorisé. Ça donne envie de les lire. Dommage que ce soit un peu trop enfantin à mon goût et du coup pas très drôle.
Les Étoiles s'éteignent à l'aube
Sympathique BD qui a une histoire autour des Ojibwés, peuple amérindien, mais qui n'est ici présent que comme toile de fond (peu de marqueurs ethniques sont utilisés par le récit). La BD a un style de dessin assez sympathique, parfois un peu brouillon mais globalement bien foutu. C'est surtout dans les paysages que l'auteur s'est fait plaisir, ainsi que dans les scènes de nuit. On sent un travail de la lumière dans les cases, c'est joli ! Mais je ne suis pas pour autant fan du style de dessin. Niveau histoire, c'est assez disparate pour moi. D'un côté j'aime bien les côtés de l'histoire sur l'alcoolisme des amérindiens, la question de la violence familiale, les soucis que peuvent traverser les plus démunis dans l'Amérique profonde. Mais en même temps, je trouve que la question de ressouder brièvement les liens avec une figure de la famille qui revient en coup de vent pour ce dernier moment est un peu forcé. Dans le sens où je ne vois pas ce qu'un enfant doit par essence à des parents, et dans le cas présent c'est même assez difficile de se dire que le gamin lui doit quoi que ce soit. De fait, le message est étrange. Le père a eu une vie pas facile, je veux bien le croire, mais je n'aime pas cette façon de mettre l'enfant en lien forcé. En fait, je trouve que l'histoire est assez banale dans le déroulé et qu'il y a des choses qui me dérangent sur le traitement de la famille. C'est une partie assez sensible de mon avis, mais personnelle. Et qui est sans doute à mettre en lien avec le roman dont la BD est adaptée. Elle est plaisante mais je ne suis pas plus emballé que ça !
New York, New York
2.5 Et ben je ne suis pas du même avis que Mac Arthur sur ce one-shot. Ça doit être le scénario de Mariko Tamaki qui m'a le plus convaincu jusqu'à présent. L'histoire n'est pas parfaite. Il y a des longueurs même si le récit se lit rapidement pour un album avec autant de pages. Il y a plusieurs scènes qui ne semblent exister que pour montrer New York. Cela donne des pages très belles à voir, mais à force de voir des scènes de ce genre cela finit par être un peu ennuyeux. J'ai un peu aimé suivre le voyage des trois héroïnes et l'évolution de leur caractère même si c'est vrai que par moment elles peuvent être insupportables. En fait, c'est surtout une des filles qui a un comportement souvent détestable qui peut tomber sur les nerfs du lecteur même si je pense que c'est voulu de la part des autrices. Ça se laisse lire, mais ça ne m'a pas trop marqué.
L'Orateur
La première fois que j’ai vu cet album, la couverture m’avait fait penser que c’était un nouveau tome d’Alix Senator (graphisme et ambiance y font fortement penser !). Mais en fait non, c’est un one-shot qui est un polar, ou plutôt qui nous présente un procès à Rome au IIème siècle. Le héros est un « orateur » redouté, qui va ici jouer le rôle d’avocat pour sauver un jeune homme, accusé d’avoir assassiné son père. L’intrigue et l’enquête sont menées sur un rythme pépère. Notre orateur est une sorte d’Hercule Poirot romain, qui nous fait régulièrement part (via des dialogues avec ses assistants) de ses hypothèses et déductions. Un whodunit antique, quoi. Du polar très classique donc, avec ce petit plus du dépaysement dans la Rome de l’apogée de l’Empire. Même si les raisonnements me sont parfois apparus trop « modernes », et même si notre bonhomme semble trop facilement pouvoir vérifier ses hypothèses. Enfin, je n’ai pas compris pourquoi les coupables avouaient si facilement en fin de volume, dispensant notre orateur de fournir des preuves plus solides. Une facilité scénaristique qui m’a un peu gêné. Pour le reste, l’histoire se laisse lire, le dessin fait le boulot. Une lecture distrayante, mais qui ne m’a pas emporté.
La Grande évasion - La Balade de Tilman Razine
8ème et dernier tome de la série concept "La grande évasion" dont chaque tome est élaboré par un duo ou un trio différent. Après la lecture de l'ensemble de la série, force est de constater que la qualité de chaque ouvrage est très inégale, le premier tome La Grande évasion - Biribi et La Grande évasion - Tunnel 57 restant pour moi les deux meilleurs de la série et La Grande évasion - Void 01 et La Grande évasion - Le Labyrinthe les pires. S'agissant de ce tome, je rejoins l'avis précédent de Noirdésir. C'est une BD honnête avec une histoire qui se lit bien et qui ménage un certain suspense. Le dessin et la mise en couleurs sont également plutôt jolis. Mais voilà, il manque quand même ce petit quelque chose selon moi pour en faire une œuvre dont on se souviendra. Contrairement à certains, j'ai en revanche trouvé sympa l'idée que le personnage légendaire de Tilman Razine n'existe pas réellement mais son incarnation constituant une source d'inspiration et de courage pour les prisonniers. L'évasion reste en revanche peu crédible et trop facile selon moi. Une BD dans la moyenne de la série mais qui ne me donnera pas forcément envie de m'y replonger. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 6/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 7/10 NOTE GLOBALE : 13/20
La Véritable Histoire de Saint-Nicolas
Un petit ovni (ou plutôt un grand vu le format !) que cet album. Quasiment muet (quelques dialogues épars apparaissent dans le dernier tiers de l’album), ce récit est original et déroutant. Un Saint-Nicolas illuminé et quasi millénariste (il y a un peu de la Croisade des enfants dans le cortège de môme qu’il emmène loin des méfaits de la société) traverse l’ouvrage. Sorte d’extension de l’auteur, il nous livre une vision à la fois triste et engagée de notre société. Il y a là une dénonciation, à la fois violente et poétique des violences policières, des violences symboliques (voir le « repas des puissants » autour de Macron, dispersé, le palais enflammé) des fortes inégalités sociales. La croix portée en slip par notre Saint-Nicolas ajoute l’anticléricalisme à cette charge contre les puissants, qui usent de leur puissance pour écrasés les pauvres, ou ceux qui ne voient pas le monde comme eux (l’album commence par la dispersion violente d’une ZAD). Un peu défouloir parfois, et pas toujours très clair, le message passe quand même. Thierry Van Hasselt signe ici un ouvrage irrigué d’une saine révolte contre le monde tel qu’il va.