J’ai trouvé cette relecture des Quatre Fantastiques vraiment intéressante, mais aussi assez déroutante. James Sturm ne cherche pas à raconter une aventure de super-héros classique : il imagine plutôt qui auraient pu être les “vraies personnes” derrière ces figures mythiques. Le résultat, c’est un récit ancré dans l’Amérique des années 50, plein de frustrations, de non-dits et de tensions familiales.
Ce que j’ai aimé, c’est la façon dont chaque personnage est traité avec réalisme : Reed obsédé par la maîtrise, Sue étouffée dans son rôle de femme parfaite, Johnny en quête d’identité, et Ben, figure un peu perdue entre colère et solitude. C’est plus une étude de caractères qu’un comics d’action, mais ça fonctionne bien si on aime les récits lents et introspectifs.
Le dessin de Guy Davis colle parfaitement à cette ambiance : un trait un peu rugueux, expressif, avec une atmosphère rétro qui rend bien l’époque. On sent le soin apporté à la mise en scène, aux décors, à la lumière. Visuellement, ça donne une vraie personnalité à l’album.
En revanche, je trouve que le lien avec l’univers Marvel paraît parfois un peu artificiel. On sent que le concept des Quatre Fantastiques sert de point de départ, mais l’histoire aurait presque pu exister sans eux. Et comme le rythme est assez lent, il faut vraiment accrocher à cette approche plus “humaine” pour apprécier l’ensemble.
Au final, Molécules Instables m’a plu pour son ton adulte et sa réflexion sur les origines du mythe, même si j’en ressors avec un léger sentiment de distance. C’est une lecture intelligente, bien écrite, mais pas forcément pour tout le monde.
Note : 3,5/5
J’avais mis 4/5 suite à la lecture des 2 premiers tomes, mais je descends à 3/5 après la lecture de l’intégralité des 4 tomes.
J’ai beaucoup aimé le début, et surtout le dernier tome, je trouve le dénouement bien amené et intéressant… mais entre les deux, j’ai dû me coltiner des pages de batailles rangées confuses et pas bien passionnantes – la thématique principale étant le partage des femmes. J’ai eu beaucoup de mal à identifier les nombreux personnages, et du coup je m’y suis assez peu attaché.
Bon, ça reste une lecture sympathique, l’histoire est authentique et donc plutôt édifiante, et la mise en image est réussie. Pas mal, sans plus.
Une chouette BD jeunesse.
L'histoire d'une jeune fille, Victoria, et de sa chienne Bajka dans un monde post-apocalyptique. Un animal de compagnie qui possède le don de la parole.
De petits chapitres sur quelques planches vont se succéder où on découvre leur quotidien, ils développent des thèmes qui parleront à un jeune public tant sur le fond que dans sa forme. Un récit initiatique accessible où les bons sentiments sont de mise avec des personnages attachants.
Un dessin aux couleurs lumineuses, aux lignes rondes et lisibles, dans un style jeunesse très agréable à regarder. Je tiens à souligner le soin apporté aux décors.
Je recommande pour les enfants de 6 à 10 ans.
Quiproquos est un album de gags en une planche de 4 cases que l'auteure avait initialement dessiné pour les publier sur son compte Instagram. Il y a sans doute eu un petit succès sur la toile qui a attiré le regard de l'éditeur et amené Delcourt à publier les meilleurs sous forme d'album.
Tous ces gags se basent globalement sur le même concept, celui qui donne son titre au recueil : le malentendu. En effet le ressort comique qui est utilisé ici tourne autour d'une incompréhension entre les protagonistes et ces quiproquos amènent la chute du gag. La recette est déclinée sur pleins de thèmes : la médecine, les relations humaines, l'entretien d'embauche, etc...
Pour mettre en image ces gags, le dessin adopte un style minimaliste souvent dépourvu de décor, avec des poses très figées. Certaines cases sont parfois de simple copiées-collées les unes des autres. Ca rappelle un peu l'esprit absurde de Fabcaro, mais aucune comparaison n'est en fait possible. Nous avons ici un dessin froid et très informatisé qui est un peu anecdotique et n'apporte pas de plus particulier au propos.
Une fois qu'on a dit tout ça : des dessins tirés de post Instagram, un dessin informatisé sans charme particulier, on pourrait se méfier un peu... Et pourtant ! Car en fait, c'est plutôt rigolo. On sourit de bon coeur, assez souvent, voire même on rigole bien, de temps en temps.
- Je dois t'avouer quelque chose, parfois je ne supporte pas mes enfants
- Ne t'inquiètes pas ça m'arrive aussi
- C'est vrai ?
- Oui je ne supporte pas tes enfants non plus
Ca me fait rire. Et ça tient la longueur sur les 100 pages de l'album. Evidement comme tous les recueils tirés de gags publiés unitairement sur des blogs ou autres réseau sociaux, c'est pas toujours heureux d'en enchaîner la lecture de 60 à la suite. Mais en plusieurs fois ça passe bien et au final on a ici plutôt une bonne surprise.
Je m'attendais à mieux.
Urban Comics collabore avec DC Comics pour nous proposer cet album féministe en associant deux femmes diamétralement opposées : l'incorructible Wonder Woman et la psychopathe Harley Quinn. Une association qui fonctionne moyennement du fait d'un scénario faiblard. D'abord le traitement des personnages me laisse perplexe, pas de reproches majeurs pour Wonder Woman, par contre Harley Quinn tient plus de faire-valoir que de pièce maitresse au récit. Ensuite je n'ai pas accroché à cette rébellion qui couve dans le royaume des Amazones, sur l'île de Themyscira, le pouvoir de la reine peut être remis en cause ainsi que les règles qui le régissent trop facilement. Une vision européenne innovante, mais l'intrigue est trop légère et simpliste, elle soulève pourtant des thèmes forts sur la place de la femme dans nos sociétés modernes tels que la violence physique et psychologique faites à celles-ci, la maternité ou les pressions qu'elles subissent. Hélas, pas suffisant pour en faire une lecture marquante.
La bonne surprise vient du travail de Miki Montlló, il apporte sa touche européenne tout en gardant un style comics. Le dessin est expressif et dynamique, j'ai aimé l'ambiance qu'il dégage. Colorisation et mise en page sont au diapason.
Du bon boulot.
Une curiosité.
On a là l’adaptation en bande dessinée d’un texte d’Alan Moore prévu au départ pour être lu, mais qu’Eddie Campbell (le compère de Moore sur From Hell) a souhaité reprendre et illustrer.
On ne s’étonnera pas de lire un petit texte élogieux de Neil Gaiman en quatrième de couverture, puisque la construction (ou la déconstruction ?) est très éloignée du gaufrier traditionnel. Des dessins au styles différents, des photos ou autres documents, ça part dans tous les sens !
La narration est elle aussi décousue, avec des passages déclamatoires et poétiques (on se rappelle que le texte était au départ conçu pour être lu). Mais Moore le rend intéressant, ajoutant de nombreux détails biographiques, des réflexions sur la mémoire, le passé, etc.
Ça n’est pas forcément l’album le plus accessible de Moore, et ses fans ou les amateurs du style de Gaiman y trouveront sans doute davantage leur compte. Ma lecture n’a pas été désagréable, mais je n’y reviendrai pas.
A noter que l’éditeur a fait du beau travail, avec papier et couverture épais, filet marque-pages, etc.
Voilà une sympathique nouvelle série à destination des préadolescent(e)s qui se cherchent et qui parfois font telle ou telle activité pour plaire à leurs parents. Pour Colette cela se double d'un traumatisme familial, la perte de la sœur jumelle préférée, celle qui attirait la lumière.
La BD est centrée sur le problème relationnel entre la mère et la fille, le reste de la famille est un peu effacé dans cette histoire, ce qui est un peu dommage. Le reste de l'histoire est assez classique, ça ressemble un peu au film Billy Elliott dans un renversement des sports et des sexes, la dimension sociale en moins. C'est assez crédible dans l'ensemble, je suis curieux de voir ce que va donner la suite de l'histoire. J'aime bien le trait de Carole Maurel, ce style semi-réaliste très expressif, plein de vie et de mouvement.
Sympa, à suivre.
Après avoir fait de Shiro Kuroi un de ses auteurs coups de coeur (Leviathan, Dragon Hunt Tribe), la maison Ki-oon nous propose un recueil de ses histoires de jeunesse, jusque-là inédites en "vraie" publication. Leur point commun est l'évocation d'une maison située dans les Limbes, au sein de laquelle les morts peuvent prendre un peu de repos avant de traverser la rivière qui les sépare de la mort. L'occasion pour eux de s'y arrêter, de réfléchir (à revenir, qui sait ?) ou de faire des rencontres parfois inattendues.
Comme l'indique l'auteur en postface, c'étaient des récits de jeunesse, sans véritable ambition, et d'une qualité peut-être un peu basse. On a un peu l'impression que certains sont inachevés, inaboutis, qu'ils manquent un peu d'écriture parfois. Mais il s'en dégage néanmoins une atmosphère un peu particulière, pas du tout éthérée, mais tout de même suspendue, hors du temps, comme on peut s'imaginer que sont les Limbes, quand on y croit ou qu'on les évoque. Cette atmosphère est renforcée par le traitement en couleurs, avec des tons doux, qui imprègnent fortement les histoires.
Graphiquement Kuroi avait déjà un sacré niveau, un style assez réaliste et pas du tout figé. Par la suite il s'est éloigné de ce style natif, mais je pense que s'il y revenait dans de futurs projets, ce serait vraiment beau.
Bref, un bon moment de lecture, assez émouvant au final.
Après Beastars, Paru Itagaki propose un nouveau manga un brin déjanté, cette fois-ci sur un format court, puisque Ki-oon l'a publié en un seul volume.
Le concept est simple : Mako est une jeune femme qui souffre d'une misophobie un peu particulière : son nez se met à saigner abondamment lorsqu'elle touche quelque chose de sale, et ce depuis son enfance. Un problème qui l'empêche d'embrasser un homme ou de coucher avec, à son grand désespoir. Le récit nous la fait suivre dans sa quête de l'homme idéal, tel que l'a défini sa mère et à condition que son nez le supporte...
C'est un peu tordu, Itagaki est spécialiste de ce genre d'idées, mais elle nous livre une histoire relativement sobre, finalement, avec des situations certes un peu cocasses, mais pas si spectaculaires, si on excepte celle où l'on voit Mako entièrement nue, couverte de sang et portant par exemple un homme évanoui. Pas de créature fantastique, pas de déviance sexuelle particulière, tout juste voit-on Mako rencontrer un homme incapable d'aimer. Une autre affection qui existe réellement (je ne sais pas si celle dont souffre la jeune femme existe, par contre). Ce n'est pas palpitant, mais relativement sympathique. Itagaki a un style de dessin un peu particulier, le visage de Mako est très rond, avec d'énormes yeux un peu déstabilisants. Il y a un peu de folie dans la composition, certains regards, mais rien de bien méchant.
Ah oui, le titre ! Botabota ou potapota est, en japonais, l'onomatopée correspondant au bruit du clapotis de l'eau. Ici c'est le sang qui coule, donc l'association est vite faite.
A noter que le volume se clôt sur une histoire courte, plus ancienne, mettant en scène une prostituée et le Père Noël. Pas bien folichonne, ma foi.
Tout le sujet est dans le titre : l'album est une succession de génèses, de récits des origines du monde et de l'humanité, qui se termineront systématiquement de manière tragique ou déprimante (ou au mieux mystérieuse dans le cas du récit sur le secret de la mort).
Chaque génèse présentée se centre sur un nouveau sujet : la quête de l'héroïsme, les questionnements métaphysiques, les constructions sociales, ... Mais tous ces récits sont unis par cette même narration pessimiste teintée de comique, par ce même dessin minimaliste ne servant qu'à illustrer les paraboles qui nous sont racontées.
Intéressant, mais finalement assez oubliable. Je ne sais pas, je n'ai pas été transcendée par ma lecture. Mis à part le récit sur la mort et le philosophe et quelques jolies tournures de phrases par moment j'ai trouvé la lecture assez quelconque. Pas de grande prise de risque dans ces génèses, pas de discours novateurs non plus. J'ai vraiment eu l'impression d'avoir déjà/vu lu ce genre d'idées, ce genre de propos. Nul doute que Trondheim a placé ici ses pensées noires et pessimistes sur la nature humaine, et que les propos qu'il présente ici lui sont chers, mais je dois avouer qu'ils me paraissent également bien communs. Pas un mal en soi, mais si le but était de présenter une pensée originale, tenir un discours qui s'entend malgré tout très souvent n'est pas la meilleure manière.
L'album reste bon, hein, mais pas transcendant pour autant.
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Fantastic Four - Molécules instables
J’ai trouvé cette relecture des Quatre Fantastiques vraiment intéressante, mais aussi assez déroutante. James Sturm ne cherche pas à raconter une aventure de super-héros classique : il imagine plutôt qui auraient pu être les “vraies personnes” derrière ces figures mythiques. Le résultat, c’est un récit ancré dans l’Amérique des années 50, plein de frustrations, de non-dits et de tensions familiales. Ce que j’ai aimé, c’est la façon dont chaque personnage est traité avec réalisme : Reed obsédé par la maîtrise, Sue étouffée dans son rôle de femme parfaite, Johnny en quête d’identité, et Ben, figure un peu perdue entre colère et solitude. C’est plus une étude de caractères qu’un comics d’action, mais ça fonctionne bien si on aime les récits lents et introspectifs. Le dessin de Guy Davis colle parfaitement à cette ambiance : un trait un peu rugueux, expressif, avec une atmosphère rétro qui rend bien l’époque. On sent le soin apporté à la mise en scène, aux décors, à la lumière. Visuellement, ça donne une vraie personnalité à l’album. En revanche, je trouve que le lien avec l’univers Marvel paraît parfois un peu artificiel. On sent que le concept des Quatre Fantastiques sert de point de départ, mais l’histoire aurait presque pu exister sans eux. Et comme le rythme est assez lent, il faut vraiment accrocher à cette approche plus “humaine” pour apprécier l’ensemble. Au final, Molécules Instables m’a plu pour son ton adulte et sa réflexion sur les origines du mythe, même si j’en ressors avec un léger sentiment de distance. C’est une lecture intelligente, bien écrite, mais pas forcément pour tout le monde. Note : 3,5/5
Pitcairn - L'île des Révoltés du Bounty
J’avais mis 4/5 suite à la lecture des 2 premiers tomes, mais je descends à 3/5 après la lecture de l’intégralité des 4 tomes. J’ai beaucoup aimé le début, et surtout le dernier tome, je trouve le dénouement bien amené et intéressant… mais entre les deux, j’ai dû me coltiner des pages de batailles rangées confuses et pas bien passionnantes – la thématique principale étant le partage des femmes. J’ai eu beaucoup de mal à identifier les nombreux personnages, et du coup je m’y suis assez peu attaché. Bon, ça reste une lecture sympathique, l’histoire est authentique et donc plutôt édifiante, et la mise en image est réussie. Pas mal, sans plus.
Bajka
Une chouette BD jeunesse. L'histoire d'une jeune fille, Victoria, et de sa chienne Bajka dans un monde post-apocalyptique. Un animal de compagnie qui possède le don de la parole. De petits chapitres sur quelques planches vont se succéder où on découvre leur quotidien, ils développent des thèmes qui parleront à un jeune public tant sur le fond que dans sa forme. Un récit initiatique accessible où les bons sentiments sont de mise avec des personnages attachants. Un dessin aux couleurs lumineuses, aux lignes rondes et lisibles, dans un style jeunesse très agréable à regarder. Je tiens à souligner le soin apporté aux décors. Je recommande pour les enfants de 6 à 10 ans.
Quiproquos
Quiproquos est un album de gags en une planche de 4 cases que l'auteure avait initialement dessiné pour les publier sur son compte Instagram. Il y a sans doute eu un petit succès sur la toile qui a attiré le regard de l'éditeur et amené Delcourt à publier les meilleurs sous forme d'album. Tous ces gags se basent globalement sur le même concept, celui qui donne son titre au recueil : le malentendu. En effet le ressort comique qui est utilisé ici tourne autour d'une incompréhension entre les protagonistes et ces quiproquos amènent la chute du gag. La recette est déclinée sur pleins de thèmes : la médecine, les relations humaines, l'entretien d'embauche, etc... Pour mettre en image ces gags, le dessin adopte un style minimaliste souvent dépourvu de décor, avec des poses très figées. Certaines cases sont parfois de simple copiées-collées les unes des autres. Ca rappelle un peu l'esprit absurde de Fabcaro, mais aucune comparaison n'est en fait possible. Nous avons ici un dessin froid et très informatisé qui est un peu anecdotique et n'apporte pas de plus particulier au propos. Une fois qu'on a dit tout ça : des dessins tirés de post Instagram, un dessin informatisé sans charme particulier, on pourrait se méfier un peu... Et pourtant ! Car en fait, c'est plutôt rigolo. On sourit de bon coeur, assez souvent, voire même on rigole bien, de temps en temps. - Je dois t'avouer quelque chose, parfois je ne supporte pas mes enfants - Ne t'inquiètes pas ça m'arrive aussi - C'est vrai ? - Oui je ne supporte pas tes enfants non plus Ca me fait rire. Et ça tient la longueur sur les 100 pages de l'album. Evidement comme tous les recueils tirés de gags publiés unitairement sur des blogs ou autres réseau sociaux, c'est pas toujours heureux d'en enchaîner la lecture de 60 à la suite. Mais en plusieurs fois ça passe bien et au final on a ici plutôt une bonne surprise.
Wonder Woman/Harley Quinn - La Souffrance et le Don
Je m'attendais à mieux. Urban Comics collabore avec DC Comics pour nous proposer cet album féministe en associant deux femmes diamétralement opposées : l'incorructible Wonder Woman et la psychopathe Harley Quinn. Une association qui fonctionne moyennement du fait d'un scénario faiblard. D'abord le traitement des personnages me laisse perplexe, pas de reproches majeurs pour Wonder Woman, par contre Harley Quinn tient plus de faire-valoir que de pièce maitresse au récit. Ensuite je n'ai pas accroché à cette rébellion qui couve dans le royaume des Amazones, sur l'île de Themyscira, le pouvoir de la reine peut être remis en cause ainsi que les règles qui le régissent trop facilement. Une vision européenne innovante, mais l'intrigue est trop légère et simpliste, elle soulève pourtant des thèmes forts sur la place de la femme dans nos sociétés modernes tels que la violence physique et psychologique faites à celles-ci, la maternité ou les pressions qu'elles subissent. Hélas, pas suffisant pour en faire une lecture marquante. La bonne surprise vient du travail de Miki Montlló, il apporte sa touche européenne tout en gardant un style comics. Le dessin est expressif et dynamique, j'ai aimé l'ambiance qu'il dégage. Colorisation et mise en page sont au diapason. Du bon boulot. Une curiosité.
La Coiffe de naissance
On a là l’adaptation en bande dessinée d’un texte d’Alan Moore prévu au départ pour être lu, mais qu’Eddie Campbell (le compère de Moore sur From Hell) a souhaité reprendre et illustrer. On ne s’étonnera pas de lire un petit texte élogieux de Neil Gaiman en quatrième de couverture, puisque la construction (ou la déconstruction ?) est très éloignée du gaufrier traditionnel. Des dessins au styles différents, des photos ou autres documents, ça part dans tous les sens ! La narration est elle aussi décousue, avec des passages déclamatoires et poétiques (on se rappelle que le texte était au départ conçu pour être lu). Mais Moore le rend intéressant, ajoutant de nombreux détails biographiques, des réflexions sur la mémoire, le passé, etc. Ça n’est pas forcément l’album le plus accessible de Moore, et ses fans ou les amateurs du style de Gaiman y trouveront sans doute davantage leur compte. Ma lecture n’a pas été désagréable, mais je n’y reviendrai pas. A noter que l’éditeur a fait du beau travail, avec papier et couverture épais, filet marque-pages, etc.
Mi-Mouche
Voilà une sympathique nouvelle série à destination des préadolescent(e)s qui se cherchent et qui parfois font telle ou telle activité pour plaire à leurs parents. Pour Colette cela se double d'un traumatisme familial, la perte de la sœur jumelle préférée, celle qui attirait la lumière. La BD est centrée sur le problème relationnel entre la mère et la fille, le reste de la famille est un peu effacé dans cette histoire, ce qui est un peu dommage. Le reste de l'histoire est assez classique, ça ressemble un peu au film Billy Elliott dans un renversement des sports et des sexes, la dimension sociale en moins. C'est assez crédible dans l'ensemble, je suis curieux de voir ce que va donner la suite de l'histoire. J'aime bien le trait de Carole Maurel, ce style semi-réaliste très expressif, plein de vie et de mouvement. Sympa, à suivre.
L'Hôtel de l'autre monde
Après avoir fait de Shiro Kuroi un de ses auteurs coups de coeur (Leviathan, Dragon Hunt Tribe), la maison Ki-oon nous propose un recueil de ses histoires de jeunesse, jusque-là inédites en "vraie" publication. Leur point commun est l'évocation d'une maison située dans les Limbes, au sein de laquelle les morts peuvent prendre un peu de repos avant de traverser la rivière qui les sépare de la mort. L'occasion pour eux de s'y arrêter, de réfléchir (à revenir, qui sait ?) ou de faire des rencontres parfois inattendues. Comme l'indique l'auteur en postface, c'étaient des récits de jeunesse, sans véritable ambition, et d'une qualité peut-être un peu basse. On a un peu l'impression que certains sont inachevés, inaboutis, qu'ils manquent un peu d'écriture parfois. Mais il s'en dégage néanmoins une atmosphère un peu particulière, pas du tout éthérée, mais tout de même suspendue, hors du temps, comme on peut s'imaginer que sont les Limbes, quand on y croit ou qu'on les évoque. Cette atmosphère est renforcée par le traitement en couleurs, avec des tons doux, qui imprègnent fortement les histoires. Graphiquement Kuroi avait déjà un sacré niveau, un style assez réaliste et pas du tout figé. Par la suite il s'est éloigné de ce style natif, mais je pense que s'il y revenait dans de futurs projets, ce serait vraiment beau. Bref, un bon moment de lecture, assez émouvant au final.
Bota Bota
Après Beastars, Paru Itagaki propose un nouveau manga un brin déjanté, cette fois-ci sur un format court, puisque Ki-oon l'a publié en un seul volume. Le concept est simple : Mako est une jeune femme qui souffre d'une misophobie un peu particulière : son nez se met à saigner abondamment lorsqu'elle touche quelque chose de sale, et ce depuis son enfance. Un problème qui l'empêche d'embrasser un homme ou de coucher avec, à son grand désespoir. Le récit nous la fait suivre dans sa quête de l'homme idéal, tel que l'a défini sa mère et à condition que son nez le supporte... C'est un peu tordu, Itagaki est spécialiste de ce genre d'idées, mais elle nous livre une histoire relativement sobre, finalement, avec des situations certes un peu cocasses, mais pas si spectaculaires, si on excepte celle où l'on voit Mako entièrement nue, couverte de sang et portant par exemple un homme évanoui. Pas de créature fantastique, pas de déviance sexuelle particulière, tout juste voit-on Mako rencontrer un homme incapable d'aimer. Une autre affection qui existe réellement (je ne sais pas si celle dont souffre la jeune femme existe, par contre). Ce n'est pas palpitant, mais relativement sympathique. Itagaki a un style de dessin un peu particulier, le visage de Mako est très rond, avec d'énormes yeux un peu déstabilisants. Il y a un peu de folie dans la composition, certains regards, mais rien de bien méchant. Ah oui, le titre ! Botabota ou potapota est, en japonais, l'onomatopée correspondant au bruit du clapotis de l'eau. Ici c'est le sang qui coule, donc l'association est vite faite. A noter que le volume se clôt sur une histoire courte, plus ancienne, mettant en scène une prostituée et le Père Noël. Pas bien folichonne, ma foi.
Genèses Apocalyptiques
Tout le sujet est dans le titre : l'album est une succession de génèses, de récits des origines du monde et de l'humanité, qui se termineront systématiquement de manière tragique ou déprimante (ou au mieux mystérieuse dans le cas du récit sur le secret de la mort). Chaque génèse présentée se centre sur un nouveau sujet : la quête de l'héroïsme, les questionnements métaphysiques, les constructions sociales, ... Mais tous ces récits sont unis par cette même narration pessimiste teintée de comique, par ce même dessin minimaliste ne servant qu'à illustrer les paraboles qui nous sont racontées. Intéressant, mais finalement assez oubliable. Je ne sais pas, je n'ai pas été transcendée par ma lecture. Mis à part le récit sur la mort et le philosophe et quelques jolies tournures de phrases par moment j'ai trouvé la lecture assez quelconque. Pas de grande prise de risque dans ces génèses, pas de discours novateurs non plus. J'ai vraiment eu l'impression d'avoir déjà/vu lu ce genre d'idées, ce genre de propos. Nul doute que Trondheim a placé ici ses pensées noires et pessimistes sur la nature humaine, et que les propos qu'il présente ici lui sont chers, mais je dois avouer qu'ils me paraissent également bien communs. Pas un mal en soi, mais si le but était de présenter une pensée originale, tenir un discours qui s'entend malgré tout très souvent n'est pas la meilleure manière. L'album reste bon, hein, mais pas transcendant pour autant.