BD importante s'il en est. Retour sur le procès Pelicot et sur les dramatiques questions sociétales que cette sordide affaire de viols par soumission chimique nous crache à la figure.
Cette œuvre collective se propose via de multiples récits essentiellement documentaires, réalisés par des auteurs généralement différents, de rendre compte de l'importantissime procès des viols de Mazan. Après cette affaire, il n'est plus tenable de réfuter la réalité de la culture du viol dans nos sociétés patriarcales. Oui, cela choque, heurte bien des hommes, mais c'est une réalité idéologique et surtout sociologique. Cela n'équivaut pas à prétendre que tous les hommes sont des "crocodiles" violeurs en puissance, mais déclare simplement et tristement que de multiples pans de notre culture, que les lois de nos sociétés, etc. instaurent une norme comportementale empreinte de sexisme et de misogynie ayant de multiples conséquences, toutes minimisées et excusées, dont les plus dramatiques sont les féminicides et viols.
Loin d'être indigeste, ce volumineux pavé se lit d'une traite le souffle coupé : cette affaire happe l'attention tant elle bouscule notre croyance en l'homme. Egalement parce que la BD, certes souvent dans la paraphrase ou "l'anecdotique", parvient à recréer le sentiment alors dominant chez les féministes s'étant emparées du sujet, que cette fois, la situation bougerait, que la honte changerait de camp !
Non, il ne s'agissait généralement pas de monstres : les coupables n'étaient que des hommes, de simples routiers, pompiers, ouvriers..., parfois de bons pères de famille, des conjoints aimant, de bons employés appréciés de leurs collègues et patrons, des hommes pour nombre d'entre soutenus durant le procès par leurs proches et notamment leur conjointe.
Cette BD malheureusement met peu en perspective les choses, la faute aussi au projet initial, à ce souhait de construire une œuvre collective offrant modérément la possibilité de développer un point de vue, de synthétiser une pensée. Les brefs propos sur l'inceste et la culture du viol font entrevoir ce qu'aurait pu être cette BD, mais le projet ne souhaitait visiblement pas l'ampleur, plutôt dégager le sentiment d'une prise de conscience collective pouvant laisser espérer des jours meilleurs. Sur ce point, c'est réussi.
J’ai acheté cet album de James Tynion IV (The Department of Truth, Something is Killing the Children) pour lire un soir d’Halloween (en 2022, en VO), aguiché par la superbe couverture aux tons horrifiques, et à ce titre je ressors déçu de ma lecture.
On comprend en effet assez rapidement que les cauchemars de Jamie sont des manifestations de problèmes finalement assez terre-à-terre, à savoir les engueulades de ses parents. L’album propose certes une réflexion intéressante et pertinente sur les effets néfastes de nos comportements, nous parents, sur nos progénitures. Mais disons qu’il faut aussi s’enfiler des pages d’élucubrations d’un protagoniste un peu mou et pas toujours très attachant.
La mise en image de Gavin Fullerton (inconnu au bataillon) est en tout cas réussie.
Une lecture sympathique dans le genre roman graphique relationnel, mais passez votre chemin si vous êtes à la recherche d’une histoire horrifique. Je note que Urban fait aussi coïncider la sortie de l’album avec le mois d’Halloween… oui, je suis cynique.
Cette série est étrange, et je ne dis pas ça seulement parce que c'est une série fantastique. C'est surtout qu'elle oscille en permanence entre diverses histoires principales qui se croisent, dans une histoire de fantômes.
Difficile de décrire la série dans son ensemble, mais tout est articulé autour du personnage de Rose, jeune femme dont le père vient de mourir et qui peut sortir de son corps et parler aux fantômes. C'est assez lent dans le récit bien que les trois tomes embrassent une histoire assez touffue au final. Il y a des questions de famille, d'entreprises pharmaceutique méchante (référence à peine dissimulée du scandale du médiator), de sorcière, de lieux hantés... Mine de rien la densité des sujets est importante, même si je dois dire qu'au sortir du tome 2 je m'attendais à ce que toutes les résolutions ne soient pas satisfaisantes. Ce qui a effectivement été le cas, puisque l'enquête principale n'est pas le point final du récit, étrangement, avec une façon un peu molle de conclure cet arc narratif.
Dans l'ensemble c'est une série qui exploite l'idée des fantômes d'une manière originale, en effet, mais pas forcément extraordinaire non plus. A mon goût, ça manque de développement au vu de tout ce qui est présent et des nombreuses thématiques non entièrement développées. Une bonne série mais étrange, vraiment étrange. Elle a une atmosphère unique et se tient, même si je ne la trouve pas formidablement bien.
2.5
Un documentaire qui raconte la vraie histoire d'un réfugié afghan qui a fini ado à Paris dans une famille de juive venue de Tunisie.
La première partie montre la vie quotidienne de Lateef dans son nouvel environnement et c'est pas très captivant de le voir faire la fête avec sa famille d'accueil et ses nouveaux copains, mais au moins c'est sympathique de voir qu'il est capable d'être heureux après tout ce qu'il a vécu. Ensuite, on va voir comment il est passé de l'Afghanistan à la France avec tous les dangers que cela comporte. Il ne faut pas s'attendre à un truc qui creuse le sujet en profondeur comme ''L'Odyssée d'Hakim''. Sur une page on voit les problèmes du voyage, la page suivant Lateef est dans un autre pays, la page d'après on voit un autre problème et ensuite deux-trois cases plus loin il est dans un autre pays, etc et etc....La partie la plus intéressante est lorsque notre pauvre Lateef doit se faire reconnaitre comme réfugié mineur et bonne chance pour faire ça rapidement devant l'administration française qui bien sur prends ses décisions de manière arbitraire.
Au final, ça se laisse lire et le dessin est sympa, mais ayant déjà lu d'autres bandes dessinés sur le sujets des migrants, je n'ai pas appris grand chose en dehors de ce qui touche les mineurs, le documentaire portant pour une fois sur un ado et non un adulte. C'est un album intéressant si on veut un résumé rapide sur ce qui vit ses humains qui traversent des pays et des pays pour arriver à leur destination, mais si on n'a pas peur de grosses lectures, je conseil plus la lecture de L'Odyssée d'Hakim qui est vraiment la meilleur série sur le sujet.
Je découvre en mettant cet avis que l’album fait partie d’un édifice plus vaste, dont il est la deuxième pierre. Je n’ai pas lu le précédent album, mais chacun semble pouvoir se lire indépendamment. Du moins, si j’en crois Mac Arthur le premier n’éclaire pas forcément l’intrigue de celui-ci.
Car c’est un peu le reproche que je peux faire à cet album, si la lecture n’est jamais déplaisante ou ennuyeuse, j’en suis sorti en me demandant où Lemire voulait en venir. De la même façon – mais peut-être ne suis-je pas suffisamment connaisseur de l’auteur – je n’ai pas forcément retrouvé la patte de Lovecraft, pourtant visiblement revendiquée, si ce n’est une certaine ambiance morbide et angoissante, et la menace latente de « monstres » encore mal identifiés.
Un fin mot de l’histoire obscur donc, ce qui entraine un peu de frustration (en particulier autour de la « disparition » de l’une des héroïnes). Mais cela dit la lecture n’est pas désagréable. Les différents lieux /époques (le passé durant l’enfance des deux héroïnes, le présent pas mal d’années plus tard, et un monde parallèle illustrant l’univers fantasy d’un livre que les deux adolescentes étaient en train d’inventer/écrire) s’imbriquent assez bien, les allers-retours entre ces moments ne hachent pas trop le récit.
Mise en page et narration, mais aussi le dessin, sont aussi pour beaucoup dans le côté fluide de la lecture (qui est assez rapide, car il n’y a pas beaucoup de texte).
Une lecture plaisante donc, très noire, mais qui laisse pas mal de choses en suspens.
Une insatiable envie de douceur est une BD documentaire consacrée au sucre : son histoire dans la civilisation humaine, ses effets sur le corps et la santé, et sa place dans nos sociétés actuelles. Réalisée par Fiammetta Ghedini, chercheuse et dessinatrice, elle met en scène son propre parcours de recherche et ses voyages pour approfondir le sujet.
C'est un thème intéressant. À l'image d'un album comme Cigarettes - Le Dossier sans filtre, on y apprend de nombreux éléments instructifs : l'introduction relativement récente du sucre dans notre consommation quotidienne à l'échelle de l'Histoire, ses effets sur le corps humain comparables à ceux d'une drogue, son impact sur la civilisation humaine et son omniprésence actuelle. Et comme pour le tabac, on retrouve le poids des lobbys qui l'imposent au monde tout en étouffant les études sur ses effets nocifs.
L'autrice rencontre ainsi des scientifiques et des médecins, se rend dans une région de production de betteraves et visite une usine sucrière, ou encore voyage à Saint-Domingue pour observer la culture et l'exploitation de la canne à sucre. Elle aborde donc de multiples facettes du sujet, toutes très instructives.
Cependant, l'ensemble souffre d'un manque de structure et de maîtrise narrative. Le dessin, bien que fonctionnel, reste faible techniquement et peu engageant, tandis que le lettrage très manuscrit complique parfois la lecture. La mise en scène et la succession des chapitres paraissent improvisées, se contentant de suivre le cheminement de l'autrice sans véritable effort de construction ni de clarté dans le message. Elle insiste par ailleurs trop sur sa propre mise en scène, multipliant les passages anecdotiques et autobiographiques qui parasitent le documentaire et donnent une impression d'ego envahissant. Le même problème se retrouve dans la présentation de certaines personnes interrogées : elle ajoute des détails inutiles sur leurs origines ou leur parcours, qui n'apportent rien à la compréhension du sujet. On a l'impression que l'autrice hésite entre réaliser un roman graphique et livrer un véritable documentaire. Rien de cela n'est rédhibitoire, mais cela brouille le propos et rend la lecture moins fluide. Les informations essentielles sont bien présentes, mais elles se trouvent diluées dans un excès de mise en scène qui alourdit l'ensemble.
Au final, une BD riche en informations mais affaiblie par une narration trop éclatée, qui laisse un goût à la fois instructif et brouillon.
J’aime bien ce que nous propose ces deux auteurs argentins d’habitude, c’est donc avec plaisir et envie que je me suis plongé dans cet album. Au final, la lecture a été très plaisante, mais elle laisse un petit goût d’inachevé.
D’abord parce que, comme Ro, j’aurais très bien vu le récit se poursuivre, pour voir comment notre bonimenteur aux airs de télévangéliste allait, grâce à son bagout et ses techniques managériales offensives, modifier le fonctionnement des enfers, ici présentés comme un monde parallèle, régi par les lois capitalistes.
Autre frustration, au vu des premières pages, et de la personnalité clivante du héros – avec son sourire carnassier et forcé que l’on a envie de claquer (en tout cas pour moi c’est une tête à claque) – je m’imaginais une histoire plus caustique, où l’humour noir corrosif ferait davantage d’étincelles.
Mais bon, si j’en attendais un peu plus – ou autre chose, je ne sais pas – c’est quand même une lecture très sympathique. Il est amusant de voir l’esprit capitaliste dominer les enfers, l’intrigue pouvant aussi se lire comme une transposition de certaines luttes sociales. Et puis, malgré ce que j’ai écrit plus haut, il y a quand même de l’humour – dans certaines réparties et le comportement du héros, mais aussi dans la description des différentes « formules » proposées aux condamnés aux enfers.
Le dessin d’Ippoliti est lui aussi plaisant et fluide, même si la colorisation informatique lisse trop les détails et donne un rendu un peu trop artificiel. Une lecture recommandée en tout cas.
Deuxième album documentaire signé par Hugo Clément et Vincent Ravalec, et illustré par Dominique Mermoux après Le Théorème du vaquita, cette BD aborde cette fois l'urgence écologique à travers le prisme de la surexploitation agricole et de l'érosion des sols. Structurée en courts chapitres, elle alterne enquêtes de terrain, témoignages et exposés documentaires. Le dessin, coloré et efficace, crée une ambiance visuelle engageante, même s'il sert souvent davantage de support illustratif que de véritable récit en bande dessinée.
C'est un travail documentaire utile et d'intérêt public, mais fragilisé par plusieurs faiblesses : un ton manichéen, des généralisations rapides, des conclusions hâtives et un manque de nuances. La structure en chapitres se révèle aussi un peu confuse, avec une construction pas toujours claire et quelques redites. L'ouvrage privilégie parfois le spectaculaire et l'émotionnel au détriment de la cohérence et de la profondeur de l'analyse. Certains sujets sont abordés trop superficiellement, là où j'avais trouvé des analyses bien plus abouties et agréables à lire dans des ouvrages comme Sous Terre ou Algues vertes - L'Histoire interdite. Quelques passages tombent aussi dans l'excès documentaire, accumulant données et chiffres sans réelle mise en scène, ce qui les rend un peu indigestes, voire laborieux à parcourir. Il s'attarde aussi étrangement sur des sujets qui paraissent moins cruciaux comme ces nombreuses pages sur le choix de vaches spécifiques pour obtenir un bon fromage de terroir. Et à plusieurs moments, dont notamment la conclusion, on a l'impression de lire un tract politique au ton simpliste et univoque.
En définitive, c'est une lecture imparfaite mais stimulante, qui suscite à la fois intérêt et agacement. Si l'ouvrage prêche souvent des convaincus dont je fais partie, il peut aussi irriter par le ton légèrement condescendant de sa narration. Il a toutefois le mérite de vulgariser des enjeux essentiels et de sensibiliser un large public, à condition de l'aborder avec un regard critique.
Je découvre Jacky Schwartzmann avec cette série et je ne sais pas trop quoi penser.
L'humour fonctionne bien et on ne s'ennuie pas, mais en même temps le scénario n'est pas des plus originaux et il est un peu trop léger. Le plus gros défaut selon moi est qu'il y a un peu trop de facilités dans le scénario. Je comprends que cette série a un côté satirique et que c'est pour rire que notre bandit se fait facilement passer pour un prêtre, mais cela m'a semblé trop gros et peu crédible. Il y a aussi d'autres moments où je trouvais que ça devenait un peu trop gros pour que j'accepte tout ce qui arrive au personnage principal sans me poser des questions.
Sinon, j'ai bien aimé le dessin qui est dynamique et expressif comme je l'aime. Sylvain Vallée continue d'être une valeur sûre lorsqu'il s'agit d'un dessin réaliste de qualité.
Je ne connaissais pas la série mère (Tough), mais cela n'a pas l'air d'être dérangeant pour attaquer ce nouveau cycle avec un nouveau personnage : Ryusei. Mais par contre on reste dans la baston. BAM !
Car oui, ça envoie de la mornifle et du steak de phalanges ! Ryusei qui se pensait invincible, va tomber sur (beaucoup) plus fort que lui en enquêtant sur son père qu'il aimerait bien retrouver. L'occasion d'apprendre une nouvelle technique martiale auprès d'un nouveau mentor, le frère de son père.
Bon, ba oui, on est dans le manga bien bourrin, mais qui donne dans le bien fait. Le dessin est plutôt soigné et les séquences de combat bien rendues.
Après, faut aimer, moi c'est pas plus que ça ma came, même si ça fait le taff.
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BD importante s'il en est. Retour sur le procès Pelicot et sur les dramatiques questions sociétales que cette sordide affaire de viols par soumission chimique nous crache à la figure. Cette œuvre collective se propose via de multiples récits essentiellement documentaires, réalisés par des auteurs généralement différents, de rendre compte de l'importantissime procès des viols de Mazan. Après cette affaire, il n'est plus tenable de réfuter la réalité de la culture du viol dans nos sociétés patriarcales. Oui, cela choque, heurte bien des hommes, mais c'est une réalité idéologique et surtout sociologique. Cela n'équivaut pas à prétendre que tous les hommes sont des "crocodiles" violeurs en puissance, mais déclare simplement et tristement que de multiples pans de notre culture, que les lois de nos sociétés, etc. instaurent une norme comportementale empreinte de sexisme et de misogynie ayant de multiples conséquences, toutes minimisées et excusées, dont les plus dramatiques sont les féminicides et viols. Loin d'être indigeste, ce volumineux pavé se lit d'une traite le souffle coupé : cette affaire happe l'attention tant elle bouscule notre croyance en l'homme. Egalement parce que la BD, certes souvent dans la paraphrase ou "l'anecdotique", parvient à recréer le sentiment alors dominant chez les féministes s'étant emparées du sujet, que cette fois, la situation bougerait, que la honte changerait de camp ! Non, il ne s'agissait généralement pas de monstres : les coupables n'étaient que des hommes, de simples routiers, pompiers, ouvriers..., parfois de bons pères de famille, des conjoints aimant, de bons employés appréciés de leurs collègues et patrons, des hommes pour nombre d'entre soutenus durant le procès par leurs proches et notamment leur conjointe. Cette BD malheureusement met peu en perspective les choses, la faute aussi au projet initial, à ce souhait de construire une œuvre collective offrant modérément la possibilité de développer un point de vue, de synthétiser une pensée. Les brefs propos sur l'inceste et la culture du viol font entrevoir ce qu'aurait pu être cette BD, mais le projet ne souhaitait visiblement pas l'ampleur, plutôt dégager le sentiment d'une prise de conscience collective pouvant laisser espérer des jours meilleurs. Sur ce point, c'est réussi.
Derrière la porte
J’ai acheté cet album de James Tynion IV (The Department of Truth, Something is Killing the Children) pour lire un soir d’Halloween (en 2022, en VO), aguiché par la superbe couverture aux tons horrifiques, et à ce titre je ressors déçu de ma lecture. On comprend en effet assez rapidement que les cauchemars de Jamie sont des manifestations de problèmes finalement assez terre-à-terre, à savoir les engueulades de ses parents. L’album propose certes une réflexion intéressante et pertinente sur les effets néfastes de nos comportements, nous parents, sur nos progénitures. Mais disons qu’il faut aussi s’enfiler des pages d’élucubrations d’un protagoniste un peu mou et pas toujours très attachant. La mise en image de Gavin Fullerton (inconnu au bataillon) est en tout cas réussie. Une lecture sympathique dans le genre roman graphique relationnel, mais passez votre chemin si vous êtes à la recherche d’une histoire horrifique. Je note que Urban fait aussi coïncider la sortie de l’album avec le mois d’Halloween… oui, je suis cynique.
Rose
Cette série est étrange, et je ne dis pas ça seulement parce que c'est une série fantastique. C'est surtout qu'elle oscille en permanence entre diverses histoires principales qui se croisent, dans une histoire de fantômes. Difficile de décrire la série dans son ensemble, mais tout est articulé autour du personnage de Rose, jeune femme dont le père vient de mourir et qui peut sortir de son corps et parler aux fantômes. C'est assez lent dans le récit bien que les trois tomes embrassent une histoire assez touffue au final. Il y a des questions de famille, d'entreprises pharmaceutique méchante (référence à peine dissimulée du scandale du médiator), de sorcière, de lieux hantés... Mine de rien la densité des sujets est importante, même si je dois dire qu'au sortir du tome 2 je m'attendais à ce que toutes les résolutions ne soient pas satisfaisantes. Ce qui a effectivement été le cas, puisque l'enquête principale n'est pas le point final du récit, étrangement, avec une façon un peu molle de conclure cet arc narratif. Dans l'ensemble c'est une série qui exploite l'idée des fantômes d'une manière originale, en effet, mais pas forcément extraordinaire non plus. A mon goût, ça manque de développement au vu de tout ce qui est présent et des nombreuses thématiques non entièrement développées. Une bonne série mais étrange, vraiment étrange. Elle a une atmosphère unique et se tient, même si je ne la trouve pas formidablement bien.
Lateef - Afghan chez les Cohen
2.5 Un documentaire qui raconte la vraie histoire d'un réfugié afghan qui a fini ado à Paris dans une famille de juive venue de Tunisie. La première partie montre la vie quotidienne de Lateef dans son nouvel environnement et c'est pas très captivant de le voir faire la fête avec sa famille d'accueil et ses nouveaux copains, mais au moins c'est sympathique de voir qu'il est capable d'être heureux après tout ce qu'il a vécu. Ensuite, on va voir comment il est passé de l'Afghanistan à la France avec tous les dangers que cela comporte. Il ne faut pas s'attendre à un truc qui creuse le sujet en profondeur comme ''L'Odyssée d'Hakim''. Sur une page on voit les problèmes du voyage, la page suivant Lateef est dans un autre pays, la page d'après on voit un autre problème et ensuite deux-trois cases plus loin il est dans un autre pays, etc et etc....La partie la plus intéressante est lorsque notre pauvre Lateef doit se faire reconnaitre comme réfugié mineur et bonne chance pour faire ça rapidement devant l'administration française qui bien sur prends ses décisions de manière arbitraire. Au final, ça se laisse lire et le dessin est sympa, mais ayant déjà lu d'autres bandes dessinés sur le sujets des migrants, je n'ai pas appris grand chose en dehors de ce qui touche les mineurs, le documentaire portant pour une fois sur un ado et non un adulte. C'est un album intéressant si on veut un résumé rapide sur ce qui vit ses humains qui traversent des pays et des pays pour arriver à leur destination, mais si on n'a pas peur de grosses lectures, je conseil plus la lecture de L'Odyssée d'Hakim qui est vraiment la meilleur série sur le sujet.
Le Mythe de l’ossuaire - Des milliers de plumes noires
Je découvre en mettant cet avis que l’album fait partie d’un édifice plus vaste, dont il est la deuxième pierre. Je n’ai pas lu le précédent album, mais chacun semble pouvoir se lire indépendamment. Du moins, si j’en crois Mac Arthur le premier n’éclaire pas forcément l’intrigue de celui-ci. Car c’est un peu le reproche que je peux faire à cet album, si la lecture n’est jamais déplaisante ou ennuyeuse, j’en suis sorti en me demandant où Lemire voulait en venir. De la même façon – mais peut-être ne suis-je pas suffisamment connaisseur de l’auteur – je n’ai pas forcément retrouvé la patte de Lovecraft, pourtant visiblement revendiquée, si ce n’est une certaine ambiance morbide et angoissante, et la menace latente de « monstres » encore mal identifiés. Un fin mot de l’histoire obscur donc, ce qui entraine un peu de frustration (en particulier autour de la « disparition » de l’une des héroïnes). Mais cela dit la lecture n’est pas désagréable. Les différents lieux /époques (le passé durant l’enfance des deux héroïnes, le présent pas mal d’années plus tard, et un monde parallèle illustrant l’univers fantasy d’un livre que les deux adolescentes étaient en train d’inventer/écrire) s’imbriquent assez bien, les allers-retours entre ces moments ne hachent pas trop le récit. Mise en page et narration, mais aussi le dessin, sont aussi pour beaucoup dans le côté fluide de la lecture (qui est assez rapide, car il n’y a pas beaucoup de texte). Une lecture plaisante donc, très noire, mais qui laisse pas mal de choses en suspens.
Une insatiable envie de douceur - Enquête sur le sucre
Une insatiable envie de douceur est une BD documentaire consacrée au sucre : son histoire dans la civilisation humaine, ses effets sur le corps et la santé, et sa place dans nos sociétés actuelles. Réalisée par Fiammetta Ghedini, chercheuse et dessinatrice, elle met en scène son propre parcours de recherche et ses voyages pour approfondir le sujet. C'est un thème intéressant. À l'image d'un album comme Cigarettes - Le Dossier sans filtre, on y apprend de nombreux éléments instructifs : l'introduction relativement récente du sucre dans notre consommation quotidienne à l'échelle de l'Histoire, ses effets sur le corps humain comparables à ceux d'une drogue, son impact sur la civilisation humaine et son omniprésence actuelle. Et comme pour le tabac, on retrouve le poids des lobbys qui l'imposent au monde tout en étouffant les études sur ses effets nocifs. L'autrice rencontre ainsi des scientifiques et des médecins, se rend dans une région de production de betteraves et visite une usine sucrière, ou encore voyage à Saint-Domingue pour observer la culture et l'exploitation de la canne à sucre. Elle aborde donc de multiples facettes du sujet, toutes très instructives. Cependant, l'ensemble souffre d'un manque de structure et de maîtrise narrative. Le dessin, bien que fonctionnel, reste faible techniquement et peu engageant, tandis que le lettrage très manuscrit complique parfois la lecture. La mise en scène et la succession des chapitres paraissent improvisées, se contentant de suivre le cheminement de l'autrice sans véritable effort de construction ni de clarté dans le message. Elle insiste par ailleurs trop sur sa propre mise en scène, multipliant les passages anecdotiques et autobiographiques qui parasitent le documentaire et donnent une impression d'ego envahissant. Le même problème se retrouve dans la présentation de certaines personnes interrogées : elle ajoute des détails inutiles sur leurs origines ou leur parcours, qui n'apportent rien à la compréhension du sujet. On a l'impression que l'autrice hésite entre réaliser un roman graphique et livrer un véritable documentaire. Rien de cela n'est rédhibitoire, mais cela brouille le propos et rend la lecture moins fluide. Les informations essentielles sont bien présentes, mais elles se trouvent diluées dans un excès de mise en scène qui alourdit l'ensemble. Au final, une BD riche en informations mais affaiblie par une narration trop éclatée, qui laisse un goût à la fois instructif et brouillon.
Bienvenue à Pandemonia
J’aime bien ce que nous propose ces deux auteurs argentins d’habitude, c’est donc avec plaisir et envie que je me suis plongé dans cet album. Au final, la lecture a été très plaisante, mais elle laisse un petit goût d’inachevé. D’abord parce que, comme Ro, j’aurais très bien vu le récit se poursuivre, pour voir comment notre bonimenteur aux airs de télévangéliste allait, grâce à son bagout et ses techniques managériales offensives, modifier le fonctionnement des enfers, ici présentés comme un monde parallèle, régi par les lois capitalistes. Autre frustration, au vu des premières pages, et de la personnalité clivante du héros – avec son sourire carnassier et forcé que l’on a envie de claquer (en tout cas pour moi c’est une tête à claque) – je m’imaginais une histoire plus caustique, où l’humour noir corrosif ferait davantage d’étincelles. Mais bon, si j’en attendais un peu plus – ou autre chose, je ne sais pas – c’est quand même une lecture très sympathique. Il est amusant de voir l’esprit capitaliste dominer les enfers, l’intrigue pouvant aussi se lire comme une transposition de certaines luttes sociales. Et puis, malgré ce que j’ai écrit plus haut, il y a quand même de l’humour – dans certaines réparties et le comportement du héros, mais aussi dans la description des différentes « formules » proposées aux condamnés aux enfers. Le dessin d’Ippoliti est lui aussi plaisant et fluide, même si la colorisation informatique lisse trop les détails et donne un rendu un peu trop artificiel. Une lecture recommandée en tout cas.
Le Paradoxe de l'abondance
Deuxième album documentaire signé par Hugo Clément et Vincent Ravalec, et illustré par Dominique Mermoux après Le Théorème du vaquita, cette BD aborde cette fois l'urgence écologique à travers le prisme de la surexploitation agricole et de l'érosion des sols. Structurée en courts chapitres, elle alterne enquêtes de terrain, témoignages et exposés documentaires. Le dessin, coloré et efficace, crée une ambiance visuelle engageante, même s'il sert souvent davantage de support illustratif que de véritable récit en bande dessinée. C'est un travail documentaire utile et d'intérêt public, mais fragilisé par plusieurs faiblesses : un ton manichéen, des généralisations rapides, des conclusions hâtives et un manque de nuances. La structure en chapitres se révèle aussi un peu confuse, avec une construction pas toujours claire et quelques redites. L'ouvrage privilégie parfois le spectaculaire et l'émotionnel au détriment de la cohérence et de la profondeur de l'analyse. Certains sujets sont abordés trop superficiellement, là où j'avais trouvé des analyses bien plus abouties et agréables à lire dans des ouvrages comme Sous Terre ou Algues vertes - L'Histoire interdite. Quelques passages tombent aussi dans l'excès documentaire, accumulant données et chiffres sans réelle mise en scène, ce qui les rend un peu indigestes, voire laborieux à parcourir. Il s'attarde aussi étrangement sur des sujets qui paraissent moins cruciaux comme ces nombreuses pages sur le choix de vaches spécifiques pour obtenir un bon fromage de terroir. Et à plusieurs moments, dont notamment la conclusion, on a l'impression de lire un tract politique au ton simpliste et univoque. En définitive, c'est une lecture imparfaite mais stimulante, qui suscite à la fois intérêt et agacement. Si l'ouvrage prêche souvent des convaincus dont je fais partie, il peut aussi irriter par le ton légèrement condescendant de sa narration. Il a toutefois le mérite de vulgariser des enjeux essentiels et de sensibiliser un large public, à condition de l'aborder avec un regard critique.
Habemus Bastard
Je découvre Jacky Schwartzmann avec cette série et je ne sais pas trop quoi penser. L'humour fonctionne bien et on ne s'ennuie pas, mais en même temps le scénario n'est pas des plus originaux et il est un peu trop léger. Le plus gros défaut selon moi est qu'il y a un peu trop de facilités dans le scénario. Je comprends que cette série a un côté satirique et que c'est pour rire que notre bandit se fait facilement passer pour un prêtre, mais cela m'a semblé trop gros et peu crédible. Il y a aussi d'autres moments où je trouvais que ça devenait un peu trop gros pour que j'accepte tout ce qui arrive au personnage principal sans me poser des questions. Sinon, j'ai bien aimé le dessin qui est dynamique et expressif comme je l'aime. Sylvain Vallée continue d'être une valeur sûre lorsqu'il s'agit d'un dessin réaliste de qualité.
Tough - L'Héritier du dragon
Je ne connaissais pas la série mère (Tough), mais cela n'a pas l'air d'être dérangeant pour attaquer ce nouveau cycle avec un nouveau personnage : Ryusei. Mais par contre on reste dans la baston. BAM ! Car oui, ça envoie de la mornifle et du steak de phalanges ! Ryusei qui se pensait invincible, va tomber sur (beaucoup) plus fort que lui en enquêtant sur son père qu'il aimerait bien retrouver. L'occasion d'apprendre une nouvelle technique martiale auprès d'un nouveau mentor, le frère de son père. Bon, ba oui, on est dans le manga bien bourrin, mais qui donne dans le bien fait. Le dessin est plutôt soigné et les séquences de combat bien rendues. Après, faut aimer, moi c'est pas plus que ça ma came, même si ça fait le taff.