Clo et sa chouette Couette sont détectives. Depuis leur cabane, ils attendent les appels téléphoniques pour partir résoudre de drôles d'enquêtes. Cette fois, c'est le directeur du musée qui les appelle : on a volé... son incroyable sandwich.
C'est une série jeunesse d'enquête policière sur un ton farfelu et plein d'humour.
Le dessin, très épuré, repose sur une ligne claire et géométrique. S'il ne brille pas par sa technique, il s'avère efficace et attachant. L'expressivité des visages, notamment, apporte beaucoup au comique des situations. C'est cette expressivité, par exemple, qui m'a fait rire à la scène où la réceptionniste fait la tête parce que le directeur arrive avant même qu'elle ait fini de l'appeler.
Le ton et la simplicité de l'intrigue destinent clairement la série aux jeunes lecteurs, autour de huit ans je dirais, mais l'humour fonctionne aussi souvent très bien pour un adulte. On y trouve une galerie de personnages loufoques et des péripéties qui oscillent entre réalisme et absurde. Le rythme est excellent : aucun temps mort, et malgré un scénario minimaliste, on ne s'ennuie pas.
Une sympathique découverte, vive et pleine d'esprit. Dommage qu'elle soit passée si inaperçue : son ton espiègle méritait sans doute mieux, mais je soupçonne son graphisme singulier d'avoir rebuté certains lecteurs.
Les trois albums se laissent lire (les deux premiers forment une sorte de cycle), et plairont sans doute aux amateurs du genre ne cherchant pas trop à sortir de leur zone de confort.
Le premier album est assez classique, joue sur les personnages et ressorts habituels de l’Héroïc fantasy à la Tolkien, avec une histoire centrée sur un Nain et ses relations tendues avec des Hommes. Dans les tomes suivants, le fantastique est bien plus présent – parfois trop à mon goût – et Peru met plutôt en avant la mythologie scandinave.
L’ensemble se laisse lire, mais l’intrigue n’est finalement pas si fouillée que ça, et le fantastique et les bastons prennent au bout d’un moment trop le pas sur le reste je trouve. Ce côté baston dominant accentue le manque de profondeur de l’intrigue à mon avis, alors que le texte est parfois trop présent et pesant.
Le dessin est globalement agréable. Très bon pour les personnages, en tout cas pour les visages et gros plans, il est toutefois moins précis et détaillé pour les décors et les plans larges.
A emprunter à l’occasion.
Dans cet univers, une trêve fragile unit les anciens dieux et les hommes : les premiers ont accepté de ne plus se nourrir des âmes humaines qu'après leur mort. Depuis, deux ordres magiques veillent à préserver cet équilibre : les shamans et les sorciers. Duam, jeune apprentie shaman, rompt cet ordre établi lorsqu'elle entreprend de ramener à la vie son animal disparu en puisant dans les âmes des morts pour leur offrir de nouveaux corps.
Duam s'inscrit dans une veine de fantasy un peu rétro, avec des réminiscences de Métal Hurlant dans son esthétique et la construction de son monde. Son univers mystique, où les dieux dialoguent avec les hommes dans une tension permanente entre sacré et nature, évoque aussi Princesse Mononoke, que ce soit dans la figure des divinités, leur rapport ambigu aux humains ou certaines scènes visuellement proches du film.
Le dessin est soigné et coloré, parfois un peu kitsch, ce qui contribue autant à son charme qu'à une certaine distance émotionnelle. L'héroïne reste froide, la narration en voix-off (toujours au présent) accentue ce détachement, et l'intrigue, finalement assez simple, manque d'envergure. On peine à sentir l'ampleur de ce monde où n'évoluent qu'une poignée de personnages, et le récit se conclut sur une impression d'inachèvement, comme si d'autres tomes avaient été envisagés.
Malgré ces limites, la série reste plaisante à parcourir. C'est une lecture imparfaite, mais dépaysante et singulière.
Franquin est un génie du dessin d’humour, caricatural, et ici son talent graphique porte à lui seul cet album, que l’on pourrait situer à mi-chemin entre Idées Noires et Un monstre par semaine.
On y voit même apparaitre Gaston, dans une version Idées Noires, puisque torturé, condamné à être pendu.
Quelques histoires courtes, beaucoup de strips et surtout de crobars, comme si étaient regroupés ici des pages d’un carnet personnel, des fonds de tiroir gardés « au cas où ». C’est du coup inégal et très vite lu.
Mais le génie de Franquin (comme pour Gaston Lagaffe, Franquin est parfois aidé de potes, comme Delporte) éclate : quel coup de crayon ! Et quelle noirceur aussi chez ce Franquin – qui se dessine parfois regardant ses monstres/cauchemars.
Note réelle 3,5
Je serai un brin moins enthousiasmé que les aviseurs précédents concernant cette adaptation graphique du roman de Jean Hegland paru en 1996.
Si cette œuvre a le mérite de sortir des sentiers battus en traitant un peu différemment le thème du monde post-apocalypse, maintes fois abordés en livres, BD et films, j'ai été gêné par plusieurs points.
Tout d'abord, bien que je souscrive au constat global de la déconnexion de l'être humain avec la nature qui l'entoure, la plupart des gens ne sachant même plus différencier une espèce d'arbre d'une autre, j'ai trouvé que la forêt et la nature en général étaient un brin idéalisées dans cette BD. Le retour de nos deux héroïnes, très jeunes et peu expérimentées à une vie digne de l'Homo Sapiens suite au départ (et à l'incendie) de leur maison, reste peu crédible. La rapidité avec laquelle est amenée la décrépitude de cette dernière l'est tout autant.
Enfin, j'ai également été gêné par les nombreuses scène de sexe, pas toujours utiles, présentes tout au long de l'histoire. La palme étant décernée à cette relation incestueuse entre les deux sœurs, sensée être le point de départ de la guérison de l'une d'entre elle du viol qu'elle a subi. Je ne dois pas avoir tout saisi mais peut-être qu'il fallait y voir un renforcement de la sororité entre ces deux sœurs...
Reste une œuvre tout de même agréable à lire, dont la narration avec des flashbacks récurrents est fluide et attise la curiosité du lecteur sur l'issue finale. Le dessin, au trait peu appuyé et dépouillé de toute couleur, colle parfaitement avec l'ambiance générale de l'histoire.
SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 6/10
GRAPHISME (Dessin, colorisation, mise en page) : 7/10
NOTE GLOBALE : 13/20
L’album est assez épais (pas loin de 300 pages), mais il se lit vite (peu de cases ou de textes), et globalement plutôt agréablement. Le travail éditorial des éditions Huber est, comme toujours, excellent.
Mais je ne peux m’empêcher de ressentir un goût de trop peu quand même en le refermant.
Dans le dessin déjà. Très lisible et pas désagréable, il est minimaliste.
Dans l’intrigue ensuite. Elle bascule peu à peu vers du polar un peu noir, sur la base d’une vengeance assez classique. Mais le rythme est un peu mollasson, et l’histoire est un peu trop linéaire. Du coup les personnages et l’histoire ne sont pas suffisamment creusés, ce qui est frustrant.
Pas mal de réserves donc, mais c’est tout de même une histoire qui se laisse lire. Une fois, pas plus.
Note réelle 2,5/5.
J’ai lu l’album « Coup double », réédité il y a quelques années par Tabou (les éditions originales sont difficiles à trouver). Je n’ai pas été surpris par le travail de Saudelli, même si je pensais a priori y trouver quelque chose de bien plus « adulte ».
En effet, il n’y a aucune scène réelle de sexe, ni même quoi que ce soit d’explicite. Reste qu’un érotisme latent innerve le récit. Un érotisme constamment entretenu par Saudelli, qui use ici d’une imagerie SM prononcée. Du shibari bien sûr, puisque les femmes sont toutes saucissonnées plusieurs fois. Mais aussi, quelque chose de récurrent chez lui, le fétichisme des pieds, le plus souvent habillés de chaussures à talons aiguilles (un fétichisme qu’il partage avec sa compagne Casotto).
Mais ce fétichisme, cet arrière-plan SM, ne sert que de décor à une histoire qui mélange un peu de SF et une intrigue parodiant quelque peu les polars noirs américains, à base d’enlèvement, d’enquête menée par un privé nonchalant et borderline (tous les personnages étant ici féminins, tendance bombasse, mini-jupe et talon hauts donc !).
Les péripéties sont improbables, et la surenchère de rebondissements, de ficelages, de gros plans sur les pieds donnent un rendu amusant, grotesque, même si ça finit un peu par tourner en rond, avec une fin un peu embrouillée. On se lasse au bout d’un moment, ce qui me fait dire que Saudelli a intérêt à bien se renouveler pour les tomes suivants – que je ne connais pas.
En l’état, c’est de l’humour érotique et SM qui passe bien, un petit défouloir plaisant. Surtout que le dessin de Saudelli est vraiment très agréable, et le Noir et Blanc lui convient très bien.
On a peu de chances de le retrouver vivant, mais sait-on jamais…
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Ce tome contient une histoire complète inspirée d’un fait réel, qui ne nécessite pas de connaissance préalable. Son édition originale date de 2025. Il a été réalisé par Jean-Luc Cornette pour le scénario, et par Renaud Garreta pour les dessins, avec Cyril Saint-Blancat pour les couleurs. Il comprend quatre-vingts pages de bande dessinée. Il se termine par un article de deux pages, intitulé : Mais qui est Dan Cooper ? Est-il vivant et si oui… où se trouve-t-il ? Article de deux pages, rédigé par le scénariste, agrémenté par le portrait-robot de Dan Cooper.
Dans la nuit du vingt-quatre novembre 1971, un homme a ouvert la porte-escalier du Boeing 727-051 de la compagnie Northwest Orient Airlines. Il porte un parachute dorsal, et il saute dans le vide en plein vol. L’avion continue son vol, alors qu’il chute vers le sol, sous la pluie, un sac de sport accroché relié à sa ceinture par une longe. Portland, le dix-huit novembre 1971, Dan Cooper, lunettes de soleil sur le nez, avance la chaise de Sally qui vient de s’assoir à la table du restaurant. Elle lui indique qu’elle ne se lasse pas de la vue, ni du Pink Lady de l’établissement. Il s’assoit à son tour et commande un Pink Lady pour elle et un Bourbon-7 Up pour lui. Il se retourne vers la jeune femme et lui demande si elle a bien compris ce qu’elle va devoir faire. Elle lui répond que ce n’est pas très compliqué. Il insiste : Ce n’est pas compliqué, mais cette opération est une mécanique de précision. Il continue en allumant une cigarette : La moindre erreur, aussi minime soit-elle, aurait des conséquences dramatiques, pour lui… et peut-être même pour elle.
Dan Cooper donne ses instructions à Sally : elle doit bien tout répéter dans sa tête pour que chaque instant soit naturel. Elle doit surtout ne jamais le regarder, lui parler. Aucune interaction entre eux, il faut qu’elle demande une place à l’avant de l’appareil. Il lui explique ensuite la raison pour laquelle c’est elle qui doit amener le sac dans l’avion : il doit avoir son attaché-case avec lui, cependant il a absolument besoin du contenu du sac, sans quoi ce serait du suicide. Il préfère laisser croire qu’il commet un acte de folie et qu’il a de grandes chances de se tuer. Personne ne saura que, dans l’avion, il y a tout le matériel pour échapper à la mort. Il termine en lui rappelant qu’elle devra patienter plusieurs semaines, plusieurs mois peut-être, car il doit disparaître. Enfin, il écrit les coordonnées du vol Seattle – Tacoma sur un bout de papier. À l’issue du repas, il lui appelle un taxi, et lui remet le sac. Quelques jours plus tard, il lit un album de Dan Cooper dans son salon, au milieu des cartons. Enfin le déménageur arrive. Il s’en va, et il laisse les clés aux déménageurs, leur demandant de fermer derrière eux, et de ramener les clés à l’agence. Puis il prend un taxi pour se rendre à l’aéroport de Portland. De son côté, Sally a bien le sac, et elle dit au revoir à Angie, sa copine, en lui demandant de venir la chercher le lendemain au Jet Inn Motel de Seattle.
La quatrième de couverture résume la première partie de la bande dessinée, ou plutôt explicite le fait divers qui sert de point de départ à l’histoire, un pirate de l’air qui s’est enfui avec deux cent mille dollars (soit un peu plus de un million et demi de dollar en valeur actualisée à 2025), sans aucune violence sur autrui, et qui n’a jamais été retrouvé. Ce texte complète avec la précision : le douze juillet 2016, le FBI abandonne officiellement la plus longue enquête de son histoire près quarante-cinq ans de recherches infructueuses, sans avoir jamais pu identifier le responsable de ce détournement d’avion devenu mythique. Les auteurs optent bien sûr pour une narration de type réaliste et détaillée : une solide reconstitution historique, pour les lieux, les tenues vestimentaires, les véhicules (à commencer par le Boeing 727 et sa porte escalier), les différents accessoires. S’il se montre tatillon, le lecteur peut être surpris par le modèle de calculatrice dont disposent le jeune garçon et la femme pour effectuer le change de dollars en pesos. Le scénariste a choisi une trame très linéaire (à part pour la scène d’introduction) : suivre Dan Cooper depuis le dîner de préparation des derniers détails avec Sally, jusqu’à une forme de résolution satisfaisante. Il ne s’agit donc pas d’un dossier exhaustif sur l’affaire. En particulier il laisse de côté les recherches ultérieures et les suspects potentiels : Richard McCoy jr., Duane Weber, John List, ou encore la création et la mise en œuvre de l’aile de Cooper, un mécanisme aérodynamique empêchant l’escalier arrière d’être abaissé pendant le vol.
La couverture s’avère très efficace, avec cet homme en chute libre sur fond blanc, et la promesse de tous ces dollars : il est riche, il a réussi son coup. Les auteurs ont choisi une scène d’introduction très spectaculaire, en deux pages, sans un seul mot. Trois cases dans la première planche, le lecteur se tient dans l’avion, et il voit devant lui Dan Cooper sauter dans le vide, avec un gros sac relié à sa ceinture. Deuxième planche : la reprise du dessin de couverture en pleine planche, sans les billets et avec un ciel d’orage. Ils attirent l’attention du lecteur sur ce moment qu’ils mettent ainsi en avant : le courage et la détermination qu’il faut pour sauter d’un avion en plein vol, avec une solide dose d’optimisme que tout se déroulera comme prévu. Plus loin, pendant quatre pages (vingt-cinq à vingt-huit), ils montrent le pirate à l’œuvre dans l’avion, alors qu’il se prépare à sauter, puis la descente en parachute, avec un unique phylactère dans une case consacrée à Sally. L’album comprend encore d’autres pages sans texte, où la narration est entièrement réalisée par les dessins : Dan Cooper reprenant ses esprits en pleine forêt, le même au volant d’une voiture sur une highway déserte et pénétrant en Californie, deux autres pages pour faire disparaître la voiture, encore une page muette où cette fois-ci Sally est au volant pour rallier Mexico. Ainsi, cette bande dessinée s’inscrit dans le registre du roman, le lecteur appréciant pleinement la narration visuelle.
Du fait de la nature du récit, l’artiste a fort à faire pour la reconstitution historique. Il emmène le lecteur dans une restaurant avec vue panoramique à Portland, et il est visible qu’il était autorisé de fumer à table. En page neuf, le personnage principal est dans son pavillon, au milieu des cartons en train de lire une bande dessinée : Le secret de Dan Cooper (1965). Il s’agit d’une série Dan Cooper (1957 à 1992, 41 albums) d’Albert Weinberg (1922-2011), à laquelle le pirate aurait peut-être pu emprunter son nom. Il retrouve le même album dans un commerce de Mexico en page soixante. Vient ensuite l’arrivée à l’aéroport, l’achat d’un billet à un comptoir de la Northwest Orient, les uniformes des pilotes et des hôtesses de l’air, les rangées de siège avant la montée des passagers. Le lecteur peut apprécier le calme de Dan Cooper, alors qu’il montre la bombe à une hôtesse, en plein vol, la maîtrise de celle-ci. La mise en scène s’avère plausible et convaincante pour ce chantage à la bombe qui n’a rien de spectaculaire, très pragmatique. L’artiste s’avère être un excellent metteur en scène pour les moments de tension psychologique. Le lecteur se rend compte qu’il scrute le visage et les gestes du couple de paysans qui a recueilli Dan Cooper pour essayer de deviner les menaces sous-jacentes, le jeu de prise d’ascendant en train de se dérouler dans la tête de chacun. Le face à face entre Cooper et Sally le tient également en haleine, pour savoir ce qui l’emportera des émotions, de la raison, de la conviction.
À partir de ce fait divers singulier, le scénariste s’interroge sur ce qu’il a pu advenir de ce Dan Cooper. Son approche apparaît singulière. Il ne dit rien de cet homme, aucune information sur son passé ou sa vie personnelle, aucune remarque qui puisse permettre de se faire une idée de sa personnalité. Le lecteur en est réduit à faire ses propres déductions à partir de ce que les auteurs ont choisi de montrer : un homme rigoureux dans sa planification, astucieux pour pouvoir tirer parti de la possibilité d’ouvrir la porte-escalier en vol, capable d’apprendre par lui-même (par exemple pour la technologie du Boeing 727), capable d’anticiper (comment faire pour déjouer les deux chasseurs à la poursuite du Boeing 727), privilégiant la non-violence, confiant dans ses capacités physiques pour réaliser un saut en parachute au milieu de nulle part, réglo à sa manière puisqu’il fait tout pour honorer son engagement financier auprès de sa complice Sally. Pour autant, du fait de l’absence d’émotion de sa part, le lecteur ne s’y attache pas vraiment. Il se concentre plus alors sur les réactions qu’il suscite chez les autres. Indubitablement Sally a été séduite : elle indique à Angie qu’elle le trouve beau et charmant, mais pas assez stable pour envisager une relation amoureuse. Le couple de paysans est certainement impressionné par l’efficacité avec laquelle il a mené son arnaque. Les autres rôles secondaires ne voient qu’un individu de passage sans beaucoup de personnalité.
Au travers de la réalisation de ce coup et de la suite inventée, le scénariste met incidemment en scène d’autres thèmes. Ce Dan Cooper se trouve face à des individus prêts à saisir l’occasion de se faire du blé rapidement et donc de manière illicite, que ce soit Sally, ou les paysans, ou encore les changeurs de rue. Mine de rien, les différents services de police apparaissent comme efficaces et bien organisés : mise en place d’un dispositif de recherche très rapidement, avec une méthodologie éprouvée, même s’il n’est pas possible de retrouver une aiguille dans une meule de foin. Une fois que Cooper a passé la frontière, le Mexique ressort comme le pays de la débrouille, et aussi comme une sorte de territoire où les Américains disposent d’un avantage économique ce qui fait d’eux des gens riches et au-dessus des lois. Enfin, le lecteur observe l’effet produit par la promesse d’un enrichissement facile grâce à un pactole mal acquis : sur les paysans, sur Sally, et par contraste sur Cooper lui-même.
Les auteurs ont choisi un traitement original de cette affaire célèbre de pirate de l’air aux États-Unis : reconstituer le vol en lui-même, et imaginer ce qui a pu se passer par la suite, sans rien dire sur Dan Cooper lui-même. La narration visuelle montre bien une époque, des lieux précis, et sait aussi bien raconter les événements de manière plausible, que faire apparaître la tension psychologique entre les personnages. Au lieu de révélations fracassantes et sujettes à caution, le lecteur se retrouve à se questionner ce que représente cette somme d’argent (entre il fait le bonheur et bien mal acquis) et la force de caractère de ce Dan Cooper. Surprenant.
Un manga de fantasy assez sympathique pour le moment. Certes, l'univers créé par l'autrice n'est pas des plus originaux : il y a des monstres qui théorisent le monde, de la discrimination entre les humains et les animaux humanoïdes, il y a un vieux secret... Cela n'est pas un gros problème parce qu'il y a de bonnes idées et c'est bien fait.
Le scénario possède plusieurs sous-intrigues alors on ne fait pas que suivre l'héroïne-princesse et l'épouvantail dans leurs quêtes pour vaincre les terribles crows. En fait, je dois dire que j'ai surtout apprécié suivre les aventures de ce pauvre garçon bête voleur qui se retrouve avec des ennuis à cause de la princesse. Le scénario est un peu lent pour bien poser les bases du récit et je dois dire que ça m'a surpris parce que je m'attendais à un manga avec de la baston toutes les 5 pages. Le dessin est dynamique et j'aime bien le design des personnages.
C'est un shonen de fantasy qui ne tombe pas trop dans les défauts récurrents de ce type de manga. Je ne pense pas lire au bout si ça se termine avec des dizaines de tomes, mais au moins j’ai bien aimé lire les 3 premiers tomes et je vais lire la suite si je tombe sur les tomes suivants à la bibliothèque.
J'aurai pu mettre 4 étoiles à cette série, mais certains clichés reviennent trop souvent dans la série,mais hormis ce point noir on tient une bonne série qui s'adresse à un public adulte avec son lot de situations cocasses.
Nous ne sommes pas juste dans une succession de scènes de sexes , même si l'intrigue reste légère les auteurs ont pris le temps de bien installer les protagonistes et d'étoffer leur background au fil des albums , ce qui leur donne une certaine épaisseur.
Au cours de ma lecture certains passages m'ont fait penser à Lone Cub and Wolf concernant le quotidien des petites gens , mais la comparaison s'arrête là .
Le dosage est bien équilibré entre les ébats des protagonistes ,les séquences d'actions et une bonne dose d'humour que se soit pour les dialogues ou les mimiques des protagonistes.
Le dessinateur a un beau coup de crayon , les femmes sont très bien dessinées surtout au niveau des seins, en ce qui concerne les parties intimes femme ou homme les zones sont blanches.
Les scènes de combats par contre elle sont brèves , on sent que c'est pas dans ce domaine qu'il excelle.
Tout ça pour dire que j'ai passé un très très bon moment de lecture.
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Clo et sa chouette Couette sont détectives. Depuis leur cabane, ils attendent les appels téléphoniques pour partir résoudre de drôles d'enquêtes. Cette fois, c'est le directeur du musée qui les appelle : on a volé... son incroyable sandwich. C'est une série jeunesse d'enquête policière sur un ton farfelu et plein d'humour. Le dessin, très épuré, repose sur une ligne claire et géométrique. S'il ne brille pas par sa technique, il s'avère efficace et attachant. L'expressivité des visages, notamment, apporte beaucoup au comique des situations. C'est cette expressivité, par exemple, qui m'a fait rire à la scène où la réceptionniste fait la tête parce que le directeur arrive avant même qu'elle ait fini de l'appeler. Le ton et la simplicité de l'intrigue destinent clairement la série aux jeunes lecteurs, autour de huit ans je dirais, mais l'humour fonctionne aussi souvent très bien pour un adulte. On y trouve une galerie de personnages loufoques et des péripéties qui oscillent entre réalisme et absurde. Le rythme est excellent : aucun temps mort, et malgré un scénario minimaliste, on ne s'ennuie pas. Une sympathique découverte, vive et pleine d'esprit. Dommage qu'elle soit passée si inaperçue : son ton espiègle méritait sans doute mieux, mais je soupçonne son graphisme singulier d'avoir rebuté certains lecteurs.
Mjöllnir
Les trois albums se laissent lire (les deux premiers forment une sorte de cycle), et plairont sans doute aux amateurs du genre ne cherchant pas trop à sortir de leur zone de confort. Le premier album est assez classique, joue sur les personnages et ressorts habituels de l’Héroïc fantasy à la Tolkien, avec une histoire centrée sur un Nain et ses relations tendues avec des Hommes. Dans les tomes suivants, le fantastique est bien plus présent – parfois trop à mon goût – et Peru met plutôt en avant la mythologie scandinave. L’ensemble se laisse lire, mais l’intrigue n’est finalement pas si fouillée que ça, et le fantastique et les bastons prennent au bout d’un moment trop le pas sur le reste je trouve. Ce côté baston dominant accentue le manque de profondeur de l’intrigue à mon avis, alors que le texte est parfois trop présent et pesant. Le dessin est globalement agréable. Très bon pour les personnages, en tout cas pour les visages et gros plans, il est toutefois moins précis et détaillé pour les décors et les plans larges. A emprunter à l’occasion.
Duam
Dans cet univers, une trêve fragile unit les anciens dieux et les hommes : les premiers ont accepté de ne plus se nourrir des âmes humaines qu'après leur mort. Depuis, deux ordres magiques veillent à préserver cet équilibre : les shamans et les sorciers. Duam, jeune apprentie shaman, rompt cet ordre établi lorsqu'elle entreprend de ramener à la vie son animal disparu en puisant dans les âmes des morts pour leur offrir de nouveaux corps. Duam s'inscrit dans une veine de fantasy un peu rétro, avec des réminiscences de Métal Hurlant dans son esthétique et la construction de son monde. Son univers mystique, où les dieux dialoguent avec les hommes dans une tension permanente entre sacré et nature, évoque aussi Princesse Mononoke, que ce soit dans la figure des divinités, leur rapport ambigu aux humains ou certaines scènes visuellement proches du film. Le dessin est soigné et coloré, parfois un peu kitsch, ce qui contribue autant à son charme qu'à une certaine distance émotionnelle. L'héroïne reste froide, la narration en voix-off (toujours au présent) accentue ce détachement, et l'intrigue, finalement assez simple, manque d'envergure. On peine à sentir l'ampleur de ce monde où n'évoluent qu'une poignée de personnages, et le récit se conclut sur une impression d'inachèvement, comme si d'autres tomes avaient été envisagés. Malgré ces limites, la série reste plaisante à parcourir. C'est une lecture imparfaite, mais dépaysante et singulière.
Cauchemarrant
Franquin est un génie du dessin d’humour, caricatural, et ici son talent graphique porte à lui seul cet album, que l’on pourrait situer à mi-chemin entre Idées Noires et Un monstre par semaine. On y voit même apparaitre Gaston, dans une version Idées Noires, puisque torturé, condamné à être pendu. Quelques histoires courtes, beaucoup de strips et surtout de crobars, comme si étaient regroupés ici des pages d’un carnet personnel, des fonds de tiroir gardés « au cas où ». C’est du coup inégal et très vite lu. Mais le génie de Franquin (comme pour Gaston Lagaffe, Franquin est parfois aidé de potes, comme Delporte) éclate : quel coup de crayon ! Et quelle noirceur aussi chez ce Franquin – qui se dessine parfois regardant ses monstres/cauchemars. Note réelle 3,5
Dans la forêt - d'après le roman de Jean Hegland
Je serai un brin moins enthousiasmé que les aviseurs précédents concernant cette adaptation graphique du roman de Jean Hegland paru en 1996. Si cette œuvre a le mérite de sortir des sentiers battus en traitant un peu différemment le thème du monde post-apocalypse, maintes fois abordés en livres, BD et films, j'ai été gêné par plusieurs points. Tout d'abord, bien que je souscrive au constat global de la déconnexion de l'être humain avec la nature qui l'entoure, la plupart des gens ne sachant même plus différencier une espèce d'arbre d'une autre, j'ai trouvé que la forêt et la nature en général étaient un brin idéalisées dans cette BD. Le retour de nos deux héroïnes, très jeunes et peu expérimentées à une vie digne de l'Homo Sapiens suite au départ (et à l'incendie) de leur maison, reste peu crédible. La rapidité avec laquelle est amenée la décrépitude de cette dernière l'est tout autant. Enfin, j'ai également été gêné par les nombreuses scène de sexe, pas toujours utiles, présentes tout au long de l'histoire. La palme étant décernée à cette relation incestueuse entre les deux sœurs, sensée être le point de départ de la guérison de l'une d'entre elle du viol qu'elle a subi. Je ne dois pas avoir tout saisi mais peut-être qu'il fallait y voir un renforcement de la sororité entre ces deux sœurs... Reste une œuvre tout de même agréable à lire, dont la narration avec des flashbacks récurrents est fluide et attise la curiosité du lecteur sur l'issue finale. Le dessin, au trait peu appuyé et dépouillé de toute couleur, colle parfaitement avec l'ambiance générale de l'histoire. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 6/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation, mise en page) : 7/10 NOTE GLOBALE : 13/20
Bottled
L’album est assez épais (pas loin de 300 pages), mais il se lit vite (peu de cases ou de textes), et globalement plutôt agréablement. Le travail éditorial des éditions Huber est, comme toujours, excellent. Mais je ne peux m’empêcher de ressentir un goût de trop peu quand même en le refermant. Dans le dessin déjà. Très lisible et pas désagréable, il est minimaliste. Dans l’intrigue ensuite. Elle bascule peu à peu vers du polar un peu noir, sur la base d’une vengeance assez classique. Mais le rythme est un peu mollasson, et l’histoire est un peu trop linéaire. Du coup les personnages et l’histoire ne sont pas suffisamment creusés, ce qui est frustrant. Pas mal de réserves donc, mais c’est tout de même une histoire qui se laisse lire. Une fois, pas plus. Note réelle 2,5/5.
La Blonde
J’ai lu l’album « Coup double », réédité il y a quelques années par Tabou (les éditions originales sont difficiles à trouver). Je n’ai pas été surpris par le travail de Saudelli, même si je pensais a priori y trouver quelque chose de bien plus « adulte ». En effet, il n’y a aucune scène réelle de sexe, ni même quoi que ce soit d’explicite. Reste qu’un érotisme latent innerve le récit. Un érotisme constamment entretenu par Saudelli, qui use ici d’une imagerie SM prononcée. Du shibari bien sûr, puisque les femmes sont toutes saucissonnées plusieurs fois. Mais aussi, quelque chose de récurrent chez lui, le fétichisme des pieds, le plus souvent habillés de chaussures à talons aiguilles (un fétichisme qu’il partage avec sa compagne Casotto). Mais ce fétichisme, cet arrière-plan SM, ne sert que de décor à une histoire qui mélange un peu de SF et une intrigue parodiant quelque peu les polars noirs américains, à base d’enlèvement, d’enquête menée par un privé nonchalant et borderline (tous les personnages étant ici féminins, tendance bombasse, mini-jupe et talon hauts donc !). Les péripéties sont improbables, et la surenchère de rebondissements, de ficelages, de gros plans sur les pieds donnent un rendu amusant, grotesque, même si ça finit un peu par tourner en rond, avec une fin un peu embrouillée. On se lasse au bout d’un moment, ce qui me fait dire que Saudelli a intérêt à bien se renouveler pour les tomes suivants – que je ne connais pas. En l’état, c’est de l’humour érotique et SM qui passe bien, un petit défouloir plaisant. Surtout que le dessin de Saudelli est vraiment très agréable, et le Noir et Blanc lui convient très bien.
Le Dernier Vol de Dan Cooper
On a peu de chances de le retrouver vivant, mais sait-on jamais… - Ce tome contient une histoire complète inspirée d’un fait réel, qui ne nécessite pas de connaissance préalable. Son édition originale date de 2025. Il a été réalisé par Jean-Luc Cornette pour le scénario, et par Renaud Garreta pour les dessins, avec Cyril Saint-Blancat pour les couleurs. Il comprend quatre-vingts pages de bande dessinée. Il se termine par un article de deux pages, intitulé : Mais qui est Dan Cooper ? Est-il vivant et si oui… où se trouve-t-il ? Article de deux pages, rédigé par le scénariste, agrémenté par le portrait-robot de Dan Cooper. Dans la nuit du vingt-quatre novembre 1971, un homme a ouvert la porte-escalier du Boeing 727-051 de la compagnie Northwest Orient Airlines. Il porte un parachute dorsal, et il saute dans le vide en plein vol. L’avion continue son vol, alors qu’il chute vers le sol, sous la pluie, un sac de sport accroché relié à sa ceinture par une longe. Portland, le dix-huit novembre 1971, Dan Cooper, lunettes de soleil sur le nez, avance la chaise de Sally qui vient de s’assoir à la table du restaurant. Elle lui indique qu’elle ne se lasse pas de la vue, ni du Pink Lady de l’établissement. Il s’assoit à son tour et commande un Pink Lady pour elle et un Bourbon-7 Up pour lui. Il se retourne vers la jeune femme et lui demande si elle a bien compris ce qu’elle va devoir faire. Elle lui répond que ce n’est pas très compliqué. Il insiste : Ce n’est pas compliqué, mais cette opération est une mécanique de précision. Il continue en allumant une cigarette : La moindre erreur, aussi minime soit-elle, aurait des conséquences dramatiques, pour lui… et peut-être même pour elle. Dan Cooper donne ses instructions à Sally : elle doit bien tout répéter dans sa tête pour que chaque instant soit naturel. Elle doit surtout ne jamais le regarder, lui parler. Aucune interaction entre eux, il faut qu’elle demande une place à l’avant de l’appareil. Il lui explique ensuite la raison pour laquelle c’est elle qui doit amener le sac dans l’avion : il doit avoir son attaché-case avec lui, cependant il a absolument besoin du contenu du sac, sans quoi ce serait du suicide. Il préfère laisser croire qu’il commet un acte de folie et qu’il a de grandes chances de se tuer. Personne ne saura que, dans l’avion, il y a tout le matériel pour échapper à la mort. Il termine en lui rappelant qu’elle devra patienter plusieurs semaines, plusieurs mois peut-être, car il doit disparaître. Enfin, il écrit les coordonnées du vol Seattle – Tacoma sur un bout de papier. À l’issue du repas, il lui appelle un taxi, et lui remet le sac. Quelques jours plus tard, il lit un album de Dan Cooper dans son salon, au milieu des cartons. Enfin le déménageur arrive. Il s’en va, et il laisse les clés aux déménageurs, leur demandant de fermer derrière eux, et de ramener les clés à l’agence. Puis il prend un taxi pour se rendre à l’aéroport de Portland. De son côté, Sally a bien le sac, et elle dit au revoir à Angie, sa copine, en lui demandant de venir la chercher le lendemain au Jet Inn Motel de Seattle. La quatrième de couverture résume la première partie de la bande dessinée, ou plutôt explicite le fait divers qui sert de point de départ à l’histoire, un pirate de l’air qui s’est enfui avec deux cent mille dollars (soit un peu plus de un million et demi de dollar en valeur actualisée à 2025), sans aucune violence sur autrui, et qui n’a jamais été retrouvé. Ce texte complète avec la précision : le douze juillet 2016, le FBI abandonne officiellement la plus longue enquête de son histoire près quarante-cinq ans de recherches infructueuses, sans avoir jamais pu identifier le responsable de ce détournement d’avion devenu mythique. Les auteurs optent bien sûr pour une narration de type réaliste et détaillée : une solide reconstitution historique, pour les lieux, les tenues vestimentaires, les véhicules (à commencer par le Boeing 727 et sa porte escalier), les différents accessoires. S’il se montre tatillon, le lecteur peut être surpris par le modèle de calculatrice dont disposent le jeune garçon et la femme pour effectuer le change de dollars en pesos. Le scénariste a choisi une trame très linéaire (à part pour la scène d’introduction) : suivre Dan Cooper depuis le dîner de préparation des derniers détails avec Sally, jusqu’à une forme de résolution satisfaisante. Il ne s’agit donc pas d’un dossier exhaustif sur l’affaire. En particulier il laisse de côté les recherches ultérieures et les suspects potentiels : Richard McCoy jr., Duane Weber, John List, ou encore la création et la mise en œuvre de l’aile de Cooper, un mécanisme aérodynamique empêchant l’escalier arrière d’être abaissé pendant le vol. La couverture s’avère très efficace, avec cet homme en chute libre sur fond blanc, et la promesse de tous ces dollars : il est riche, il a réussi son coup. Les auteurs ont choisi une scène d’introduction très spectaculaire, en deux pages, sans un seul mot. Trois cases dans la première planche, le lecteur se tient dans l’avion, et il voit devant lui Dan Cooper sauter dans le vide, avec un gros sac relié à sa ceinture. Deuxième planche : la reprise du dessin de couverture en pleine planche, sans les billets et avec un ciel d’orage. Ils attirent l’attention du lecteur sur ce moment qu’ils mettent ainsi en avant : le courage et la détermination qu’il faut pour sauter d’un avion en plein vol, avec une solide dose d’optimisme que tout se déroulera comme prévu. Plus loin, pendant quatre pages (vingt-cinq à vingt-huit), ils montrent le pirate à l’œuvre dans l’avion, alors qu’il se prépare à sauter, puis la descente en parachute, avec un unique phylactère dans une case consacrée à Sally. L’album comprend encore d’autres pages sans texte, où la narration est entièrement réalisée par les dessins : Dan Cooper reprenant ses esprits en pleine forêt, le même au volant d’une voiture sur une highway déserte et pénétrant en Californie, deux autres pages pour faire disparaître la voiture, encore une page muette où cette fois-ci Sally est au volant pour rallier Mexico. Ainsi, cette bande dessinée s’inscrit dans le registre du roman, le lecteur appréciant pleinement la narration visuelle. Du fait de la nature du récit, l’artiste a fort à faire pour la reconstitution historique. Il emmène le lecteur dans une restaurant avec vue panoramique à Portland, et il est visible qu’il était autorisé de fumer à table. En page neuf, le personnage principal est dans son pavillon, au milieu des cartons en train de lire une bande dessinée : Le secret de Dan Cooper (1965). Il s’agit d’une série Dan Cooper (1957 à 1992, 41 albums) d’Albert Weinberg (1922-2011), à laquelle le pirate aurait peut-être pu emprunter son nom. Il retrouve le même album dans un commerce de Mexico en page soixante. Vient ensuite l’arrivée à l’aéroport, l’achat d’un billet à un comptoir de la Northwest Orient, les uniformes des pilotes et des hôtesses de l’air, les rangées de siège avant la montée des passagers. Le lecteur peut apprécier le calme de Dan Cooper, alors qu’il montre la bombe à une hôtesse, en plein vol, la maîtrise de celle-ci. La mise en scène s’avère plausible et convaincante pour ce chantage à la bombe qui n’a rien de spectaculaire, très pragmatique. L’artiste s’avère être un excellent metteur en scène pour les moments de tension psychologique. Le lecteur se rend compte qu’il scrute le visage et les gestes du couple de paysans qui a recueilli Dan Cooper pour essayer de deviner les menaces sous-jacentes, le jeu de prise d’ascendant en train de se dérouler dans la tête de chacun. Le face à face entre Cooper et Sally le tient également en haleine, pour savoir ce qui l’emportera des émotions, de la raison, de la conviction. À partir de ce fait divers singulier, le scénariste s’interroge sur ce qu’il a pu advenir de ce Dan Cooper. Son approche apparaît singulière. Il ne dit rien de cet homme, aucune information sur son passé ou sa vie personnelle, aucune remarque qui puisse permettre de se faire une idée de sa personnalité. Le lecteur en est réduit à faire ses propres déductions à partir de ce que les auteurs ont choisi de montrer : un homme rigoureux dans sa planification, astucieux pour pouvoir tirer parti de la possibilité d’ouvrir la porte-escalier en vol, capable d’apprendre par lui-même (par exemple pour la technologie du Boeing 727), capable d’anticiper (comment faire pour déjouer les deux chasseurs à la poursuite du Boeing 727), privilégiant la non-violence, confiant dans ses capacités physiques pour réaliser un saut en parachute au milieu de nulle part, réglo à sa manière puisqu’il fait tout pour honorer son engagement financier auprès de sa complice Sally. Pour autant, du fait de l’absence d’émotion de sa part, le lecteur ne s’y attache pas vraiment. Il se concentre plus alors sur les réactions qu’il suscite chez les autres. Indubitablement Sally a été séduite : elle indique à Angie qu’elle le trouve beau et charmant, mais pas assez stable pour envisager une relation amoureuse. Le couple de paysans est certainement impressionné par l’efficacité avec laquelle il a mené son arnaque. Les autres rôles secondaires ne voient qu’un individu de passage sans beaucoup de personnalité. Au travers de la réalisation de ce coup et de la suite inventée, le scénariste met incidemment en scène d’autres thèmes. Ce Dan Cooper se trouve face à des individus prêts à saisir l’occasion de se faire du blé rapidement et donc de manière illicite, que ce soit Sally, ou les paysans, ou encore les changeurs de rue. Mine de rien, les différents services de police apparaissent comme efficaces et bien organisés : mise en place d’un dispositif de recherche très rapidement, avec une méthodologie éprouvée, même s’il n’est pas possible de retrouver une aiguille dans une meule de foin. Une fois que Cooper a passé la frontière, le Mexique ressort comme le pays de la débrouille, et aussi comme une sorte de territoire où les Américains disposent d’un avantage économique ce qui fait d’eux des gens riches et au-dessus des lois. Enfin, le lecteur observe l’effet produit par la promesse d’un enrichissement facile grâce à un pactole mal acquis : sur les paysans, sur Sally, et par contraste sur Cooper lui-même. Les auteurs ont choisi un traitement original de cette affaire célèbre de pirate de l’air aux États-Unis : reconstituer le vol en lui-même, et imaginer ce qui a pu se passer par la suite, sans rien dire sur Dan Cooper lui-même. La narration visuelle montre bien une époque, des lieux précis, et sait aussi bien raconter les événements de manière plausible, que faire apparaître la tension psychologique entre les personnages. Au lieu de révélations fracassantes et sujettes à caution, le lecteur se retrouve à se questionner ce que représente cette somme d’argent (entre il fait le bonheur et bien mal acquis) et la force de caractère de ce Dan Cooper. Surprenant.
Le Secret de Scarecrow
Un manga de fantasy assez sympathique pour le moment. Certes, l'univers créé par l'autrice n'est pas des plus originaux : il y a des monstres qui théorisent le monde, de la discrimination entre les humains et les animaux humanoïdes, il y a un vieux secret... Cela n'est pas un gros problème parce qu'il y a de bonnes idées et c'est bien fait. Le scénario possède plusieurs sous-intrigues alors on ne fait pas que suivre l'héroïne-princesse et l'épouvantail dans leurs quêtes pour vaincre les terribles crows. En fait, je dois dire que j'ai surtout apprécié suivre les aventures de ce pauvre garçon bête voleur qui se retrouve avec des ennuis à cause de la princesse. Le scénario est un peu lent pour bien poser les bases du récit et je dois dire que ça m'a surpris parce que je m'attendais à un manga avec de la baston toutes les 5 pages. Le dessin est dynamique et j'aime bien le design des personnages. C'est un shonen de fantasy qui ne tombe pas trop dans les défauts récurrents de ce type de manga. Je ne pense pas lire au bout si ça se termine avec des dizaines de tomes, mais au moins j’ai bien aimé lire les 3 premiers tomes et je vais lire la suite si je tombe sur les tomes suivants à la bibliothèque.
Tokyo confidentiel
J'aurai pu mettre 4 étoiles à cette série, mais certains clichés reviennent trop souvent dans la série,mais hormis ce point noir on tient une bonne série qui s'adresse à un public adulte avec son lot de situations cocasses. Nous ne sommes pas juste dans une succession de scènes de sexes , même si l'intrigue reste légère les auteurs ont pris le temps de bien installer les protagonistes et d'étoffer leur background au fil des albums , ce qui leur donne une certaine épaisseur. Au cours de ma lecture certains passages m'ont fait penser à Lone Cub and Wolf concernant le quotidien des petites gens , mais la comparaison s'arrête là . Le dosage est bien équilibré entre les ébats des protagonistes ,les séquences d'actions et une bonne dose d'humour que se soit pour les dialogues ou les mimiques des protagonistes. Le dessinateur a un beau coup de crayon , les femmes sont très bien dessinées surtout au niveau des seins, en ce qui concerne les parties intimes femme ou homme les zones sont blanches. Les scènes de combats par contre elle sont brèves , on sent que c'est pas dans ce domaine qu'il excelle. Tout ça pour dire que j'ai passé un très très bon moment de lecture.